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00:00Je pense que c'était un dessin important d'être son propre patron, sa propre patronne même,
00:04parce que pour moi c'était synonyme de liberté.
00:05Bonjour, je suis Sarah Poniatowski, créatrice de la maison Sarah Lavoine et architecte d'intérieur.
00:10Je ne sais pas si j'ai toujours su que je voulais travailler dans ce domaine-là.
00:13En tout cas, ce qui est sûr, c'est que j'ai été élevée dans un univers
00:17où l'esthétisme avait une place importante, que ce soit avec ma mère qui est décoratrice d'intérieur
00:22ou avec mon père qui était patron de presse, effectivement.
00:25Et donc forcément, ton œil se forge et se construit grâce à ça.
00:29En revanche, les études, je n'ai pas fait vraiment d'études.
00:32Ce n'est pas au moment des études où je me suis dit, tiens, je veux être archi d'intérieur
00:35ou créer une marque de décoration.
00:39Donc, ça s'est fait assez naturellement.
00:41Je pense que ça s'est plus dessiné par palier, même si peut-être forcément,
00:45quelque part au fond de moi, j'avais cette envie de créer cette marque.
00:47Étape par étape, ça s'est imposé.
00:49Et puis, on a commencé à développer l'immobilier, les arts de la table,
00:54des peintures murales, du textile, du prêt-à-porter après,
00:58du maroquinerie, de faire en sorte que ça soit une maison de lifestyle globale.
01:02Dans les grandes étapes, il y a eu évidemment quand on a gagné le concours de L'Oréal Luxe
01:06qui nous a fait passer un step énorme pour le studio d'archi et en visibilité aussi.
01:10Quand tu fais le Restaurant Victoria ou L'Oréal ou ce genre de chantier,
01:15ça fait beaucoup parler et il y a une grosse visibilité.
01:18Les étapes aussi pour la marque, c'est quand tu passes d'un petit showroom,
01:22rue Saint-Roch, sans prétention ou j'ai mon bureau là,
01:26et puis comment tu commences à ouvrir la rue du Bac qui est plus statutaire
01:29puisque c'est le quartier, on est à côté de Liègre, à côté de marques très fortes de maisons.
01:33Et puis, quand tu commences à développer la marque et les boutiques,
01:35c'est vrai qu'il y a eu des étapes comme ça assez fortes.
01:39Le digital aussi, c'est notre plus grosse boutique, Leeshop.
01:43Puis, c'est une marque très incarnée.
01:45Je crée et je donne beaucoup de temps, je parle beaucoup, je porte la marque en fait.
01:48Vraiment, ce qui est très important pour nous, c'est de renforcer,
01:51d'être encore plus fort sur le digital.
01:53Donc là, on a fait toute une refonte de Leeshop qui est beaucoup plus intuitive,
01:59qui est beaucoup plus vacule, tout ce qu'il faut faire.
02:01C'est parce que finalement, on ne se rend pas compte,
02:03mais l'acte d'achat sur Internet, il peut être facilité selon tes outils.
02:07Après, il faut être capable d'exporter partout.
02:10Il y a plein d'étapes importantes.
02:12Et freiner un peu le développement sur le retail, parce qu'en physique,
02:15pour nous, c'est plus notre stratégie d'aller sur le digital.
02:18La reconnaissance vient, par exemple, du prix Imbol de Valve Clicquot,
02:22qui est vraiment un prix très important pour les femmes.
02:25Ça a changé le regard des gens, quand tu gagnes le prix de la femme d'affaires.
02:28À l'époque, en 2017, ça s'appelait le prix de la femme d'affaires de l'année.
02:31Et d'un coup, on se dit, ah ben oui, on se retrouve dans les pages économiques des journaux.
02:36C'est plus un petit baston comme ça.
02:39Vraiment, on se rend compte que c'est un vrai job.
02:41Ça fait du bien forcément, parce qu'ils vous prennent plutôt au sérieux.
02:45Et comme moi, je suis autodidacte en plus,
02:47c'est un drôme un peu de l'imposteur dont on parle souvent.
02:51Et chef d'entreprise, ce n'est pas forcément être libre.
02:53Il y a plein de contraintes.
02:55Et surtout, quand une entreprise grandit,
02:57personne n'est vraiment libre à 100 % jamais.
03:00Tu dois toujours rendre des comptes à quelqu'un.
03:02Donc, on n'y pense pas forcément quand on se dit,
03:04ouais, génial, je vais créer une entreprise.
03:06C'est très enrichissant d'avoir plusieurs casquettes, c'est sûr.
03:09Je préfère malgré tout celle de créatrice.
03:12Et après, celle de chef d'entreprise.
03:15Il y a beaucoup de contraintes, donc c'est assez schizophrénique parfois,
03:18parce que je rêve moi, en tant que créatrice,
03:20de pouvoir aller chercher le bon fabricant
03:24que je vais trouver dans un pays avec un savoir-faire précis.
03:27Je ne sais pas, je dis par exemple, d'aller en Inde pour des broderies.
03:29Et que de l'autre côté, on dit, bah non, en fait,
03:32tu ne vas pas aller ni en Inde pour des broderies,
03:34ni au Mexique pour de la vannerie,
03:37parce que la rentabilité, parce que plein de choses.
03:39Donc franchement, ce n'est pas facile d'avoir les deux casquettes.
03:41Après, je suis très entourée aussi.
03:43J'ai des associés, j'ai des G.
03:46Donc, ils me protègent quand même assez souvent de ça.
03:49C'est très important d'avoir le bon associé.
03:51Et j'ai eu la chance de le rencontrer.
03:52Après, il faut que ça vous arrive.
03:54Parce qu'au départ, quand il est arrivé,
03:55je ne pensais pas du tout qu'on créerait forcément une marque importante
03:59ou qu'il grandirait autant.
04:01On était six quand il est arrivé.
04:02Donc, c'est vrai qu'on a structuré,
04:04il a vraiment structuré l'entreprise
04:06et on a développé ensemble la création de la marque.
04:07L'important du binôme, c'est d'être très complémentaire,
04:09de pouvoir se protéger ou de se remonter quand le lien ne va pas bien,
04:12quand il y a du stress.
04:13Seule, je n'aurais jamais réussi à faire la même chose.
04:15Moi, je ne suis pas très bonne manageuse, je pense.
04:17Je n'ai pas appris.
04:18Donc, heureusement, j'ai Édouard qui est bien meilleur que moi.
04:22Parce que moi, parfois, je peux un peu partir dans les tours
04:25ou être fatigué ou dire trop ce que je pense.
04:27Et je ne pense pas qu'on puisse le faire aujourd'hui.
04:29C'est là où c'est intéressant d'être un binôme.
04:31C'est-à-dire qu'on a chacun nos compétences.
04:34Et sur le management, j'apprends tous les jours.
04:36Parfois, on va faire des coachings aussi, des séminaires.
04:40On dit, il faut se féliciter.
04:42C'est souvent plus facile de dire ce qui ne va pas que ce qui va.
04:45Et donc, j'essaye de progresser là-dessus.
04:47Je pense que le tablisme familial a fait que j'ai confiance en moi,
04:50quand même plus que si j'avais eu des modèles de femmes
04:53qui restaient à la maison et qui étaient plus dépendantes.
04:57Ma sœur est chef d'entreprise aussi.
05:00On a été finalement nourris de ça.
05:03Ça ne paraît pas surmonter une montagne quand tu te lances.
05:06Et c'est une vraie chance.
05:07J'ai un univers assez large.
05:09Je prends, j'écoute et j'observe un peu tout le monde.
05:13Je suis très curieuse.
05:15Je peux écouter des podcasts sur d'autres patrons qui vivent la même chose que nous.
05:20Il y a plein de choses à apprendre chez tout le monde.
05:22Et j'ose, je pense, appeler quand j'ai besoin d'un conseil ou de demander.
05:27Je n'ai pas peur de demander parce que je n'ai pas fait les grandes écoles.
05:31Donc, tu as besoin quand même,
05:33quand ça va bien ou quand ça ne va pas bien dans les deux sens, de conseils.
05:37Et il faut oser, je pense, demander.
05:40Moi, je réponds par exemple à tout le monde.
05:41Quand on me pose des questions sur Instagram ou sur les réseaux, sur LinkedIn, en message privé.
05:47Et je prends le temps de répondre parce que je pense que c'est très important.
05:51Quand les gens font l'effort et font la démarche et ce n'est pas simple de demander,
05:55le minimum, c'est de répondre.
05:57Il y a eu aussi les lauréates.
05:58J'étais marraine d'un autre prix, les lauréates.
06:00Je voyais toutes ces femmes qui ont besoin d'échanger, qui ont des questions.
06:05Cette sororité, du coup, qui nous porte, c'est très important.
06:09Ça les renforce beaucoup et ça les met en lumière.
06:13Donc, après, c'est plus accessible et plus facile peut-être pour aller,
06:16une fois que tu gagnes ça, pour aller lever des fonds, pour aller voir des banquiers.
06:20Donc oui, c'est important.
06:22Si j'avais un conseil pour atténuer ce syndrome de l'imposteur, c'est très personnel.
06:27Mais je pense qu'il y a plein de bouquins aussi de développement personnel,
06:29de choses qui peuvent te renforcer, de croyance en soi.
06:32Il faut essayer au maximum de se faire confiance.
06:34Moi, je pense que j'ai une qualité, c'est l'optimisme qui est importante,
06:40même si parfois, tu abandonnes un peu.
06:42Mais il faut se remonter et rester optimiste parce que sinon,
06:46on ne croit plus à rien et on arrête.
06:48Sur le sujet de la charge mentale, de pouvoir mener de fond votre vie professionnelle,
06:52votre vie de mère, votre vie de femme, votre vie tout court.
06:55Je pense que malgré tout, je reste assez privilégiée.
06:58C'est-à-dire que je pense vraiment sincèrement qu'il y a des femmes
07:01qui ont des travaux beaucoup plus durs que moi.
07:02Jamais je ne me suis posé la question de comment faire.
07:05De toute façon, on n'a pas le choix, on doit faire.
07:07Tu te lèves le matin, tu t'occupes de tes enfants, tu fais ton boulot.
07:10Je ne suis pas rentière ni héritière, donc tu n'as pas le choix.
07:13Malgré tout, je travaille dans un univers très agréable.
07:16Je ne me lève pas tous les matins en me disant, oh là là, je n'ai pas envie d'y aller.
07:18Bien sûr, c'est beaucoup de boulot, mais ça reste quand même un boulot assez passionnant
07:26quand on a la chance de pouvoir faire ce qu'on aime.
07:28Mes envies pour la suite de la marque ?
07:30La marque, oui, bien sûr, c'est de développer à l'international.
07:33Après, il faut être très solide.
07:34Je pense que maintenant, la marque est vraiment connue en France.
07:37Maintenant, il faut réussir à la faire connaître un peu plus loin, au-delà des frontières.
07:40C'est plus compliqué parfois quand même de faire voyager des canapés et des meubles
07:44à travers le monde que des vêtements.
07:46Donc, il faut trouver le bon axe.
07:48On réfléchit à comment l'emmener.
07:51Moi, mon rêve, c'est le Japon, la Corée.
07:55C'est vraiment des pays que j'adore et j'adorerais être présente là-bas.
07:59C'est pas luxe et chahuté, à cause de la Chine.
08:02Et les marques ultra-accessibles aussi.
08:04Finalement, on est tous chahutés en ce moment.
08:06Donc, il faut tenir le cap.
08:07Pourquoi surconsommer ? Pourquoi continuer à acheter ?
08:09À part si on vit une expérience différente ou une émotion ou quelque chose.
08:13Aujourd'hui, les marques qui marchent sont celles qui vous offrent ça, je pense.
08:17Quelque chose où on ressent une émotion à voir, regarder, à toucher.
08:21Moi, j'essaie dans mes créations de faire un peu rêver, de faire du bien,
08:25que quand on rentre chez soi, on soit content.
08:27Il faut qu'il y ait du sens derrière les choses, je pense, en ce moment,
08:30en période de crise, et offrir autre chose que d'un simple produit.
08:34Comment définir mon style ?
08:36Je pense qu'il est, j'espère en tout cas, rassurant, réconfortant,
08:41intemporel, raffiné, élégant, mais accessible aussi.
08:45C'est pas prétentieux, c'est pas ostentatoire.
08:47C'est vraiment des choses pour accueillir, pour rassembler,
08:52pour se sentir bien tous autour d'une table.
08:55Il faut réussir à se renouveler en termes de créativité,
08:57mais ça, on le fait constamment.
08:59C'est assez frustrant parfois, parce que les gens peuvent s'arrêter.
09:02Le fait d'avoir une marque identitaire assez forte, avec cette couleur assez forte,
09:06ça nous enferme aussi, et les gens ne voient pas forcément tout ce qu'on fait de nouveau.
09:09Oui, mais le bleu… Non, mais maintenant, il n'y a pas que le bleu,
09:11il y a plein d'autres choses.
09:13On fait deux collections par an, les prêt-à-porter, les accessoires, l'immobilier,
09:18et vraiment, il y a un renouveau permanent.
09:20Il y a plein de nouveaux clients à aller chercher,
09:22il y a des clients plus jeunes, il y a des clients étrangers,
09:25donc il y a plein de marchés encore à ouvrir.
09:27On essaie, oui, d'être une marque globale de l'univers,
09:29mais bien sûr qu'il y a des envies, mais ça fait longtemps que j'ai des envies d'hospitality.
09:32Ça serait intéressant de créer nos propres hôtels, ça aurait du sens.
09:36Ça rassemblerait tous nos savoir-faire, de l'architecture, du retail,
09:40et de création globale, donc on y réfléchit.

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