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Kyan Khojandi était l'invité de Sonia Devillers ce jeudi sur France Inter, à l'occasion de la sortie de la saison 2 de "Bref", disponible sur Disney +. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-13-fevrier-2025-4337729

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00:00Sonia De Villers, votre invitée, joue, écrit et co-réalise, bref, deux séries à voir
00:06sur Disney+.
00:07La saison 1 est devenue culte, des épisodes d'une minute trente racontés à la première
00:11personne, montage cut, voix-off ultra-rapide, la vie tristement banale donc universelle
00:16d'un trentenaire lambda.
00:18Le gars dit ses potes, ses marades, ses galères, succès fulgurant il y a à peu près 15 ans.
00:23Depuis, il a fait d'autres séries, du stand-up, et puis il a vieilli.
00:27Bref, il a maintenant 40 ans.
00:29Salut à toi Ken Kojandi.
00:31Comment ça va ?
00:32Ça va bien, de nos jours, tout va plus vite dans la vie, tout s'accélère, tout, sauf
00:37la série de mon invitée qui rallonge alors qu'elle s'intitule « Bref », les épisodes
00:41passent d'une minute quarante à trente-huit minutes.
00:43Comment c'est possible ça ?
00:45On avait plus de choses à raconter, ça tenait pas assez, déjà on est arrivé avec dix
00:51ans d'idées, de réflexions, d'envie, et on sortait de mon spectacle « Une bonne
00:57soirée » avec mon pote Bruno, Bruno Muschio, le très talentueux, de Naveau, et on a eu
01:05envie de raconter des histoires plus longues, on a pris goût aussi au développement des
01:09idées, et puis on a ce fantasme des grandes séries américaines qu'on adore comme « Friends »
01:14ou « Fleabag ».
01:15C'est ça, parce que là, ça ressemble à des formats de sitcom.
01:17C'est ça, exactement.
01:18À quoi on reconnaît qu'on a 40 ans ?
01:20Déjà, on fait plus des soirées, on fait des dîners, c'est la première chose.
01:25On a mal aux genoux quand il fait froid et qu'il fait humide dehors, c'est une deuxième
01:30chose.
01:31On scrolle de plus en plus, quand on s'inscrit à une application sur Internet, on doit aller
01:35plus loin, de plus en plus loin pour aller trouver sa date de naissance pour s'inscrire.
01:37On met plusieurs soirées à regarder un film, ça c'est aussi une vraie remarque.
01:43On s'assoupit, ça c'est un truc aussi, c'est un nouveau truc ça.
01:47Le nez qui tombe vers le ventre, ça c'est un nouveau truc.
01:49C'est vous, cet anti-héros, qui n'a pas de nom ? Il n'avait pas de nom dans « Bref
01:53» ? Il n'a toujours pas de nom ? Il n'a toujours pas de nom, pourquoi lui en donner ?
01:56C'est vous ?
01:57C'est 50-50, le personnage est créé avec nos travers, avec Bruno.
02:03Parce qu'il est bedonnant, il a une calvitie négligée, vous avez des tocs de vérification
02:09dans la vie ?
02:10Ah oui, ça c'est moi à 100%.
02:11Ça c'est pas Bruno, c'est moi.
02:12C'est ça, je me suis demandé pourquoi fabriquer un double qui a toujours plus de défauts
02:18et surtout toujours plus d'angoisse ?
02:19Alors ça, je ne me suis pas posé la question, c'est vrai.
02:22Maintenant, il faut que je trouve un élément de réponse parce qu'il est 7h49 et que le
02:26temps est compté.
02:27Mais non, je n'ai pas de réponse.
02:29Est-ce qu'être heureux, c'est faire des choix ?
02:31Oui.
02:32Alors ça, c'est la première chose qu'on s'est demandé dans notre vie même avec Bruno,
02:35c'est qu'est-ce qui fait qu'on est un peu plus heureux qu'avant ? C'est parce qu'on
02:39a choisi.
02:40Et choisir, c'est difficile.
02:41Et c'est parce que c'est difficile que c'est un choix.
02:43C'est ça, et c'est surtout que c'est un formidable ressort dramatique, c'est même votre levier
02:48d'acteur, déjà dans Bref 1, dans Bref 2, dans le spectacle que vous venez de citer
02:51« Une bonne soirée », c'est-à-dire à chaque fois que vous figez les personnages
02:54au moment où ils sont face à des choix, explorez le choix 1, explorez le choix 2,
02:58c'est comme une arborescence la vie, et puis ça vous permet aussi de remonter dans l'enfance,
03:04de retrouver la racine du choix, le bon choix ou le mauvais choix ?
03:07Oui, exactement, absolument.
03:08Puis scénaristiquement, c'est imparable, c'est le chemin qui se croise.
03:11Mais si je peux apporter une solution qu'on a compris, c'est qu'on peut faire des choix
03:16dans la vie, on peut faire des mauvais choix dans la vie, mais on peut toujours revenir
03:18en arrière.
03:19C'est pas un problème.
03:20Et ça, justement, ça nous déculpabilise sur le mauvais choix.
03:22Alors justement, c'est pas toujours drôle d'avoir 40 ans, je dis ça pour ceux qui
03:28pensent que Bref 2 n'est qu'un enchaînement de vannes, alors il y en a beaucoup, mais
03:31moi je vous le dis, j'ai pleuré deux fois.
03:33Il y a aussi beaucoup d'émissions, deux d'émissions, c'est la déformation de la radio, il y a
03:38aussi beaucoup d'émotions, parce que c'est l'heure des bilans.
03:42Donc c'est une nouvelle saison qui est entièrement tournée vers la recherche de l'amour, du
03:47couple, de la paternité, en fait c'est l'idée à chaque fois de passer d'une espèce d'ado
03:52attardé à l'âge adulte.
03:54Oui, oui, c'est le côté aussi un peu doux-amère de la vie, c'est-à-dire qu'on peut avoir
04:01une interprétation marrante de la vie tous les jours, de se dire « ça va être drôle,
04:04ça va être drôle », mais on est souvent rattrapé par quelque chose de plus mélancolique.
04:08C'est quoi le Malacompaniax 3000 ? Malacompaniax 3000, c'est qu'on a matérialisé le fait
04:14de fuir la solitude par un médicament.
04:16Les gens qui prennent du Malacompaniax 3000, dont j'ai fait partie aussi dans ma vie,
04:19c'est le côté de dire « bon ben voilà, je ne veux pas être seul, mais je prends
04:24du Malacompaniax 3000, grâce à ça je ne suis plus seul ».
04:27Mais ça ne donne que des histoires d'amour foireuses.
04:29Exactement, il y a plein d'effets secondaires, il y a l'insomnie, il y a l'irritabilité.
04:36Nicolas Demorand rigole ! Il y a aussi cette très belle séquence d'explications entre
04:40deux personnages, Billy et Ben, sur ce que ne devrait jamais être l'amour.
04:45Là, il y a Zérovanne, c'est très finement écrit, Laura Felpin est une sacrée actrice,
04:51je le dis à ce micro.
04:52Ça signifie que dans Bref 2, il y a ce qu'il n'y avait pas dans Bref 1, des dialogues,
04:57des vrais dialogues sur la longueur.
04:58C'est vrai qu'on a pu développer les dialogues justement, c'est ça, quand on a plus le
05:01temps, on peut arriver et même creuser dans ces personnages et trouver cette drôlerie.
05:06Vous savez, quand on est sorti de Bref 1, on a fait beaucoup de mise en scène.
05:10Bref, c'est énormément de montage et tout.
05:11Et on est passé sur Bloqué, Bloqué, là, on a pu travailler justement le dialogue,
05:15le programme court avec Aurélien Saint-Denis Gringe, on a vraiment travaillé la science
05:18du dialogue.
05:19Et ensuite, on a fait Serge Lemitho, on a fait ce truc-là et on a pu ouvrir un peu
05:22notre univers.
05:23Et en fait, c'est le résultat de tout ça.
05:24Donc Bref 3, ce sera un long métrage, le long bref ou un bref long, c'est ça ? Avec
05:29des silences ?
05:30En tout cas, c'est une bonne idée, c'est une bonne idée.
05:33Vous pensez que je suis mûr ? Je prends comme un compliment, justement.
05:35Non mais c'est ça, en fait, la vraie question, c'est est-ce que vous allez continuer cette
05:39espèce de journal intime d'une génération ? En réalité, vous êtes bien parti pour.
05:43Je n'ai jamais pris le drapeau de la génération dans mes mains parce que je ne suis pas cette
05:50personne.
05:51Par contre, si parler de mon intimité, déjà, ça peut m'aider, moi, à aller mieux et
05:57à comprendre des choses et des mécanismes sur ma psyché, c'est ce qui se passe généralement
06:01dans mon écriture.
06:02Plus j'avance, plus ça va et je règle un peu les choses par l'écriture.
06:07Je me suis demandé, dans le genre « grosse histoire à régler », si la mort du père,
06:12dans Bref 2, c'était la mort de votre père.
06:15C'est assez similaire, c'est assez proche.
06:17Parce que c'est déjà dans le spectacle, il y a déjà votre père, Aziz, iranien,
06:21qui a grandi sans son propre père et là, ça revient, à la fois de façon totalement
06:27déconnante, c'est-à-dire que vous imaginez des espèces de Starship Troopers, avec des
06:33énormes Kalachnikovs qui luttent contre des aliens, c'est ça le qu'on sert à peu près ?
06:37C'est ça, oui.
06:38Sauf que dans la vie, ça ne se passe jamais comme dans les films.
06:40Exactement, ça ne se passe pas comme dans les films, c'est très long, c'est très
06:44long, c'est très douloureux, c'est très ennuyeux aussi, il y a beaucoup d'ennuis
06:48dans la maladie.
06:49Et puis, il y a peu d'espoir, donc on essaie de rendre ça, mon cerveau essaie de rendre
06:55ça plus divertissant.
06:56Et puis, je me suis posé la question si ça faisait aussi partie des rites de passage.
07:00Parce qu'en fait, vous ne prenez pas l'emblème d'une génération, mais vous vous appropriez
07:04plein de rites de passage, de l'âge adolescent à l'âge adulte, en réalité.
07:08Et en fait, voir ses parents vieillir, voir ses parents mourir, d'une certaine manière,
07:13il y a une sorte de rite initiatique.
07:15Oui, il y a un inversement, je trouve, il y a une sorte de bascule, exactement.
07:20Alors, la bascule, quand même.
07:22Comptez sur Ken Kojandi pour toujours revenir à l'enfance.
07:25Qu'est-ce que vous avez avec les jouets ?
07:27Ah, mais les jouets !
07:28Mais les jouets !
07:29Mais les jouets !
07:30Il y a cette capsule temporelle permanente de revenir à l'instant T.
07:34On parle des jouets de l'enfance, les jouets de l'enfance, c'est le meilleur moyen pour
07:38se dire, même de voir la boîte des jouets de son enfance, c'est de se dire, c'est le
07:41moment où j'étais au supermarché, où peut-être j'allais avoir le cadeau.
07:45Il y a toute une poésie autour de ce packaging rempli de plastique et de carton.
07:50Et cette odeur de supermarché autour de nous, ça sent le pain au chocolat, ça sent la teinturie,
07:54ça sent la coiffure, le salon de coiffeur.
07:56Tout ça, ça ramène un truc d'inquiétude.
07:59Il n'y avait pas de loyer, il n'y avait pas de problème.
08:00Tiens, Nico Jendy, quel lien vous unit à Dragon Ball ?
08:04À Dragon Ball ?
08:05Oui.
08:06À Végéta.
08:07À Végéta, carrément.
08:08La calvitie déjà, je pense.
08:11C'était le premier symbole de « mais j'aimerais trop avoir cette coupe plus tard ».
08:14Et après, on est là genre « mais je ne veux pas du tout cette coupe de cheveux ! ».
08:16Non, mais il y a un amour pour ces personnages.
08:19Bon, évidemment, je ne vous spoil rien, mais comment dire, Bref 2 va tout entier vers la
08:25maturité et tout entier vers les jouets de l'enfance.
08:28C'est très réussi.
08:296 épisodes de 38 minutes, c'est à voir sur Disney+.
08:32Et si vous voulez voir une bonne soirée ce spectacle absolument génial que vous avez
08:36joué pendant 4 ans, je crois qu'on peut le voir gratuitement sur Dailymotion.
08:39Enfin, moi je l'ai revu du coup.
08:40Ah ouais, je ne savais même pas.
08:41Super.
08:42Je le dis.
08:43Allez, à bientôt !

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