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Les auditeurs de "ici Béarn Bigorre" ont réagi à l'affaire Bétharram ce jeudi 13 février 2025. Des membres du collectif de victimes ont témoigné.

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00:00On s'en parle, ici Matin.
00:05Et on s'en parle avec vous, Notre-Dame de Bétarame, qui a toujours eu la réputation
00:10d'être un établissement à la dure, qu'est-ce que vous, vous saviez ? Est-ce que vous êtes
00:13des anciens élèves de Notre-Dame de Bétarame ? Dites-nous, comment s'est passé votre scolarité
00:18là-bas ? On en parle avec vous aussi sur Facebook, il y a beaucoup de messages de soutien,
00:21de solidarité, notamment Julien qui nous dit qu'il était temps que ça bouge, Mathias.
00:25Et on en parle justement avec des victimes qui nous ont appelés ce matin, qui souhaitent
00:29témoigner, comme Alexandre qui habite à Pau.
00:32Bonjour Alexandre.
00:33Bonjour.
00:34Aujourd'hui, comment vous réagissez quand François Bayrou dit qu'il n'était pas au
00:38courant à l'Assemblée de jour de suite, quand Mediapart sort des éléments là-dessus
00:43également, quand on sait qu'il y a une centaine de plaintes déposées dans ce dossier ? Qu'est-ce
00:49que ça vous fait ? Qu'est-ce que ça remue en vous Alexandre ?
00:51Ça remue beaucoup de choses, évidemment, mais j'ai l'impression qu'on se trompe,
00:59et je ne suis pas l'avocat de François Bayrou, mais j'ai l'impression qu'on se trompe de
01:04sujets.
01:05Moi, en tant que victime, je veux parler de l'affaire Béfarin, je ne veux pas parler
01:08de l'affaire Bayrou, et quand je vois que même moi, avant les événements avancés
01:14par Alain Esquerre fin 2023, je n'étais pas au courant de l'ampleur, ma mère n'était
01:20pas au courant de l'ampleur non plus, beaucoup de parents n'étaient pas au courant, et j'ai
01:24du mal à penser que d'autres personnes, même des élus, soient au courant de l'ampleur de
01:31ce qui se passait à Béfarin quand on y était.
01:33Moi, j'y étais de 89 à 93, et même en en parlant à des anciens élèves, toujours
01:42amis aujourd'hui, même concernant l'affaire Caricat, ils n'y croient pas, encore aujourd'hui
01:48en 2025.
01:49On rappelle que l'affaire Caricat, ça concerne ce père Caricat, ce prêtre qui a été mis
01:56en examen pour viol sur un enfant à Bétharame et qui s'était suicidé, ensuite l'affaire
02:01s'était refermée.
02:03Alexandre, quand on entendait tout à l'heure, à 7h30, une victime dire « François Bayrou
02:07est peut-être un menteur », vous, vous n'iriez pas jusque-là, aujourd'hui ?
02:11Non, en ce cas-là, tous nos parents seraient des menteurs et tous nos parents auraient
02:17couvert ça, et je n'y crois pas, et aujourd'hui, pour depuis plus d'un an être au contact
02:23de beaucoup de victimes, je rappelle qu'on est 112 à avoir déposé plainte, je peux
02:27vous dire qu'il y avait une omerta, il y a des dégâts extraordinaires qui ont été
02:35faits.
02:36Je ne sais pas si c'est le bon mot, « extraordinaires », mais quand vous recevez les témoignages
02:39comme je peux en recevoir quelques fois pour secondaire à l'ISCAR, je me suis retrouvé
02:45à pleurer sur mon canapé à découvrir ces choses-là, je n'avais pas confiance de l'ampleur
02:50de ce qui se passait, évidemment, quand on disait, comme tout le monde dit, « Ah, si
02:54t'es un mauvais élève, tu vas aller avec ta rame », et puis on prenait parce que dans
02:57ces années-là, et c'est tout à fait anormal, mais on prenait des gifles, et on nous a tellement
03:04dit que c'était normal, qu'on l'a cru, et ce n'est pas normal, c'est pour ça qu'aujourd'hui
03:08on est là.
03:09Alors, pour compléter votre témoignage, on va accueillir Pascal sur cette antenne.
03:14Bonjour Pascal.
03:15Oui, bonjour.
03:16Vous aussi, vous faites partie des victimes de Betarame, comment vous réagissez aujourd'hui ?
03:21Alors, en fait, pour me situer, moi je suis quasiment au tout début, en fait, avec Alain
03:31Esquerre, au début nous étions neufs, et avec Alain, nous sommes tous les jours, en
03:37fait, et puis Alexandre, et puis Alexandre Dizotre, on est tous ensemble, en fait, pour
03:43se soutenir, mais quand il y a un an et demi, parce que ça ne sort pas que maintenant,
03:48parce que François Bayrou est Premier ministre, quand on n'était que neuf, on ne se douterait
03:53pas qu'on était 112, et on découvre, en fait, si vous voulez, une pieuvre avec plusieurs
03:58tentacules, et on avance pas à pas, et on découvre, en fait, l'horreur de Betarame,
04:03et donc vous avez différentes étapes, la première, en fait, c'est la sidération,
04:07et on se dit mais, non mais, enfin, je veux dire, ce n'est pas possible, et en fait, je
04:11voudrais dire à celles et ceux qui nous écoutent que tout est vrai, et que les gendarmes,
04:15en fait, ont fait un travail extraordinaire d'écoute, et de vérification, que ce ne
04:21soit pas un complot, et nous racontons tous la même histoire, à des époques différentes,
04:26avec des noms différents, et dans les mêmes lieux, et dans les mêmes endroits, et il
04:31n'y a pas de doute, en fait, tout est vrai, et donc il faut écouter attentivement ce
04:38message qui est pour tout le monde, et je parle parce que ça ne concerne pas, nous,
04:43le jeu politique, ce n'est pas là qu'est notre combat, notre combat, nous, en fait,
04:49c'est l'ouverture d'une information judiciaire pour que nos agresseurs soient condamnés,
04:53on a besoin de tout le monde pour être constructif, et pour rejoindre ce que dit Alexandre, et
04:58ce que dit Monsieur Bayrou, est-ce que vous croyez que nos parents auraient mis leurs
05:04enfants, s'ils avaient su ? Bien sûr que non, il n'y a aucun parent qui va mettre
05:08ses enfants dans une école dans laquelle il y a des prédateurs pédocriminels de 1957,
05:18sur chaque décade, jusqu'en 2010, je vous donne juste un exemple, hier soir, j'étais
05:24avec une nouvelle victime, qui a 64 ans, et qui a été agressée sexuellement en 1971,
05:33par un prêtre, et envoyée par l'abbé de la famille, à Bétarame, pour aider, encore
05:39une fois, un profil qui est très nombreux dans les victimes, de mamans qui sont célibataires
05:45ou de mamans qui sont divorcées, et donc ils reçoivent une aide comme ça de Bétarame
05:49pour accueillir les enfants, et les enfants sont devenus en fait des victimes, alors moi
05:54il y a 30 ans, je ne sais pas la connaissance qu'on avait sur les profils des pédocriminels,
06:00il ne va pas s'arrêter à trois victimes, en moyenne c'est 30, et vous avez des cas
06:05d'agressions sexuelles, entre 1957 et 2010, alors ça peut paraître étourdissant, mais
06:13une fois qu'on a repris son équilibre, maintenant il faut écouter comment ça fait mal, écouter
06:19notre douleur, et vraiment croire que c'est vrai, ça j'insiste.
06:27Et donc vous attendez Pascal, on l'entend bien, la réponse judiciaire maintenant plus
06:31que les conséquences politiques de cette affaire, merci beaucoup Pascal, le temps presse
06:36évidemment, on n'a plus le temps, merci à vous, merci bonne journée à vous, merci
06:41de nous avoir appelé Pascal, merci à Alexandre également, remercie évidemment aussi le
06:45juge Christian Mirand d'avoir été en ligne avec nous ce matin sur votre radio, ici Bernevigore.

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