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Court métrageTranscription
00:00L'inconfort, c'est un endroit qui me plaît plus que le confort.
00:02Pas tout le temps, évidemment, c'est une image.
00:05Mais dans le travail, si je me sens trop confortable, ça ne m'intéresse pas.
00:10Excuse-moi, j'ai perdu les os.
00:11Comme tu m'avais dit que pour une heure ou deux...
00:14Moi, j'ai dit ça.
00:18Tu ne connais rien aux petits garçons.
00:19Tu n'as pas d'enfants ?
00:21Je viens de préparer.
00:22Qu'est-ce que je fais, moi ?
00:24Je ne sais pas.
00:25Tu veux faire un dessin ?
00:26Oui.
00:27Ça veut dire quoi, ça ? Oui ou non ?
00:31Il faut que je te dise quelque chose de très triste au sujet de maman.
00:34Elle est morte.
00:37Oui.
00:41J'ai l'impression que c'était une direction de travail que je n'avais pas encore beaucoup explorée,
00:47à savoir quelque chose d'un peu plus sobre,
00:49et qui me demandait d'aller dans des endroits de jeu.
00:53Je parle d'endroits qui sont plus liés au deuil,
00:56à un truc sentimental assez fort,
00:58à la reconstruction d'un individu.
01:00Un parcours qui nécessite peut-être un âge un peu plus avancé,
01:04un regard sur l'existence peut-être un peu plus fin.
01:06J'avais le sentiment que c'était le bon moment.
01:09J'avais envie de faire ça.
01:10Je ne savais pas trop quelle direction on allait prendre dans le jeu,
01:12mais je me suis dit que ce n'était pas gagné.
01:14Ça ne va pas être facile à faire.
01:16Et comme j'ai tendance à aller vers des projets qui ne me semblent pas rassurants à la lecture,
01:21où je me dis que ça va être une sacrée traversée,
01:24ça s'est vraiment révélé comme ça.
01:28C'est vraiment une sorte d'endroit d'abandon
01:31qui m'a beaucoup usé parce que ça demande beaucoup d'investissement.
01:34Je pense beaucoup à une sorte d'image,
01:36comme si j'avais une sorte de réservoir émotionnel
01:39qui, à la fin, était vide.
01:43Excuse-moi, je ne te retrouve plus, Eliott.
01:47Ah putain, ça fait une demi-heure qu'on cherche partout.
01:49Je l'ignorais, je suis désolée.
01:51Il y a cinq ans, on n'a même pas un enfant.
01:53On va s'en prévenir.
01:54Allez, viens, lève-toi.
01:56Viens avec moi, allez.
01:57C'est moi qui ai venu.
01:58Oui, je sais. Maintenant, on va arrêter d'embêter Sarah.
02:00Allez, on s'en va, merci.
02:01Désolé pour le dérangement.
02:02Bonne soirée.
02:10Pour la deuxième, on fait pareil que la première ?
02:12Pareil, pareil, exactement pareil.
02:14C'est un film qui est assez public, je trouve.
02:16On ne s'épand pas.
02:17En tout cas, il n'y a pas de larmoyance gratuite.
02:21Rien n'est gratuit.
02:22C'est très épuré.
02:23C'est un peu écorché à certains moments.
02:25Mais on ne rentre pas dans une espèce de mélopée
02:29et de chiant-lits explicatives.
02:31Au contraire, ce n'est pas âpre,
02:33mais c'est juste à l'essentiel.
02:34Karine, elle a vraiment une manière de travailler très,
02:37très, très bien.
02:38C'est un film qui est assez public, je trouve.
02:40On ne s'épand pas.
02:41Karine, elle a vraiment une manière de travailler
02:43très singulière.
02:44C'est-à-dire qu'en fait,
02:45elle n'est pas désagréable au fond.
02:47Parce que c'est une partition très précise
02:49en termes de langage.
02:50La langue était respectée.
02:53En tout cas, le scénario était respecté au mot près.
02:55C'était une sorte de chorégraphie très précise
02:57qu'il fallait incarner.
02:58Ce qui fait qu'au fond,
03:00je ne pouvais pas rentrer dans une espèce d'habitude de jeu
03:03que je peux avoir des petites béquilles.
03:05Des choses qui peuvent rassurer aussi les acteurs,
03:07que nous seuls connaissons à des moments.
03:10C'est des choses dont on n'est pas très à l'aise.
03:12C'est des petits tics de jeu.
03:13Là, il n'y avait aucune place pour le tic de jeu.
03:15Au contraire, c'était vraiment quelque chose
03:17de dépossédé quasiment.
03:18Il faut à la fois trouver une sorte de souplesse
03:20et d'inventivité, de liberté dans ce cadre.
03:22Ce qui, moi, ne me dérange pas.
03:23Je sais que ça peut faire chier
03:24beaucoup d'autres actrices et d'autres acteurs.
03:26Donc forcément, des fois,
03:27on se parlait.
03:28Enfin, je veux dire,
03:29c'était nourri dans nos échanges.
03:32Parce qu'il faut l'accepter aussi.
03:34Il y a des fois, on n'a pas envie
03:35toujours d'être retenu et tout le machin.
03:36Et en fait, au fond,
03:37elle avait tout à fait raison.
03:38C'est une manière de travailler
03:39que je n'avais jamais expérimenté,
03:41je dirais, à ce point-là.
03:42Parce qu'on a l'impression
03:43à la fois de jouer quelque chose,
03:46mais comme c'est tellement éloigné
03:47de ce qu'on peut être,
03:48de ce qu'on imagine pouvoir proposer,
03:51qu'on a l'impression
03:52d'être un peu dépossédé
03:53de la proposition en tant qu'acteur.
03:55Alors qu'en fait, non,
03:56ça reste toujours l'acteur,
03:57l'actrice, la situation,
03:58le scénario qui se joue.
03:59Mais il faut à la fois penser
04:01à énormément de petits détails,
04:02énormément de trajectoires différentes.
04:04Et en même temps,
04:05trouver de la finesse,
04:06de la liberté, de la jouissance,
04:07je ne sais pas comment dire,
04:08un moment de plaisir.
04:10Alors par exemple,
04:11si un chasseur tue un sanglier,
04:13il ne peut pas dire
04:14qu'il va manger un sanglier
04:15parce que selon toi,
04:16un sanglier, quand il est mort,
04:17ce n'est plus un sanglier.
04:19Sauf que le sanglier,
04:20ce n'est pas un insecte.
04:22Mais ça, c'est toi qui le dis.
04:23Qui a décrété un jour
04:24que le sanglier s'appelait sanglier
04:26et pas araignée ?
04:28L'araignée, ce n'est pas un insecte.
04:31Elle n'a vu pas de l'araignée.
04:33Alors Spiderman, c'est quoi ?
04:35C'est un sanglier.
04:40Avec Valéria,
04:42c'est des choses
04:43qu'on ne peut pas choisir.
04:45Des fois, ça fonctionne comme ça.
04:47Entre Valéria et moi,
04:48ça fonctionne toujours.
04:49Il y a une très bonne écoute.
04:51Et ce n'est pas un truc d'efficacité.
04:53Mais c'est plus quelque chose
04:54de l'écoute.
04:55Et comme elle propose
04:56beaucoup de choses,
04:57il y a toujours de l'accident
04:58et toujours des choses
04:59qui vont me surprendre.
05:00On n'est jamais dans une espèce
05:01de ressucer, de repomper
05:02une séquence qui est un peu
05:03installée, un peu figée.
05:04Même dans ce cadre-là
05:05où on était très tenus,
05:06il y avait quand même
05:07toujours de la fantaisie,
05:08de la drôlerie.
05:09Et puis elle est très généreuse.
05:10Ça, c'est quand même agréable
05:11quand tu bosses
05:12avec quelqu'un
05:13qui, en contre-champ,
05:14est généreux et te donne
05:15des trucs à jouer
05:16qui n'est pas dans la retenue.
05:17Ça fait trop du bien.
05:18Tu sais que la séquence
05:19ne va pas s'effondrer
05:20une fois que le champ
05:21sera fini.
05:22Au contraire,
05:23ça reste vif.
05:24Et je pense aussi
05:25à Raphaël Kenard,
05:26avec qui on a travaillé.
05:27Avis Malapont,
05:28c'est quand même
05:29ces quatre personnes
05:30qui ont beaucoup d'énergie,
05:31qui bouillonnent.
05:32Et c'est assez étonnant
05:33parce que c'est vrai
05:34que dans cette manière
05:35de travailler,
05:36je trouve que ça existe
05:37fort dans le film.
05:38On sent quand même
05:39ces quatre énergies
05:40vraiment fortes à l'image.
05:41Et pour autant,
05:42ce ne sont pas
05:43les mêmes personnes
05:44qu'on peut voir
05:45sur des films.
05:46Ce ne sont pas
05:47les mêmes trajectoires
05:48d'acteurs
05:49qu'on peut connaître
05:50de Vimala, de Ponce,
05:51de Valéria,
05:52de Raphaël ou de moi.
05:53Ce sont des choses
05:54qui sont très différentes.
05:55Moi, je trouve ça
05:56très agréable.
05:58Est-ce qu'Alex
05:59l'aimera plus que moi ?
06:00Un père,
06:01il a de la place
06:02pour tous ses enfants.
06:03Sais-tu que je ne suis pas
06:04son enfant ?
06:10T'as dormi ?
06:13Merci.
06:14Viens.
06:17L'enfant de Vimala
06:18est de retour !
06:19C'est ça,
06:20nous l'avons trouvé !
06:23C'est beaucoup trop tôt.
06:25Je pétine le passé.
06:26Ta mission,
06:27c'est d'être heureux.