Retrouvez plus d'infos sur notre article « Nathanya Sion a réussi à couper les ponts avec famille toxique : elle nous raconte » : https://www.cosmopolitan.fr/nathanya-sion-a-reussi-a-couper-les-ponts-avec-famille-toxique-elle-nous-raconte,2127208.asp
Catégorie
🛠️
Style de vieTranscription
00:00Quand je suis grandie dans une famille aussi dysfonctionnelle que la mienne, aussi toxique, aussi malveillante,
00:04si moi ma normalité au final c'est la violence, c'est les insultes,
00:08à quel moment je suis censée me dire, quand je rencontre l'amour,
00:12qu'il n'est pas censé me battre ou m'insulter ?
00:16Bonjour tout le monde, je m'appelle Nathania Sion,
00:18j'ai écrit un livre qui s'appelle L'enfant oublié, avec Hugo Publishing.
00:21On parle de toxicité familiale, on parle de dysfonctionnement de l'aide sociale à l'enfance,
00:25on parle aussi de violence conjugale.
00:27Merci beaucoup à Cosmon pour la confiance.
00:29Ma maman elle s'est suicidée quand j'avais un an et demi,
00:33et je ne connaissais pas du tout qui était mon papa,
00:35je n'avais pas de papa biologique.
00:37Aucun frère et soeur de ma mère ne s'est proposé pour me garder,
00:40et visiblement la décision du juge a été de me laisser avec ma soeur.
00:43Je n'ai pas subi beaucoup de violence physique de la part de ma soeur,
00:45ça a été beaucoup mental.
00:46Ça a été depuis petite, beaucoup de culpabilisation sur la mort de ma maman,
00:50en me disant qu'après tout c'était un peu de ma faute tout ça,
00:53qu'aujourd'hui elle devait payer le prix d'avoir un enfant à la maison,
00:57que c'était trop dur, que j'étais trop dure, que la vie était trop dure,
01:01que du coup je devais me faire plus petite, faire le ménage depuis petite.
01:04Et je trouvais ça normal parce qu'au final je me disais,
01:06à la raison de la pauvre, elle doit ramener de l'argent à la maison,
01:08et moi je dois juste assurer à la maison et faire mon travail de petite femme,
01:12alors qu'au final je n'étais qu'une enfant.
01:13J'étais tout le temps coupée du monde,
01:14je n'avais pas le droit par exemple de faire venir des copines à la maison,
01:16c'était quelque chose que je n'ai jamais connu.
01:18Ma soeur fumait de la drogue etc,
01:20donc compliqué de faire venir des enfants dans un tel contexte.
01:22J'ai toujours su que c'était étrange.
01:25Je pense que j'ai eu plusieurs déclics.
01:26Le premier déclic, c'était le jour de mes 8 ans,
01:28qu'elle m'a expliqué que ma mère s'était suicidée,
01:30et qu'à la suite de ça, elle m'a proposé qu'on se suicide ensemble.
01:34C'est quelque chose qui m'a vraiment marquée,
01:35de me dire que ma soeur me demande qu'on me prenne des cachets
01:38pour qu'on meure ensemble parce que le monde est trop dur.
01:40Ou par exemple, la seule fois où j'ai eu vraiment besoin d'elle dans ma vie,
01:44la fois où je suis tombée sur un homme qui me frappait alors que j'avais 15 ans,
01:48qu'il en avait 21.
01:49Elle s'est liguée contre moi avec lui.
01:51Elle est restée, je crois, peut-être 4 ans avec son frère en couple.
01:55Elle a entretenu une relation avec lui aussi,
01:57jusqu'à l'aider pour ma séquestration.
01:58J'ai été séquestrée pendant 9 jours.
02:00Je rêvais vraiment du grand prince charmant qui viendrait me délivrer de cette famille.
02:03Et puis, je rencontre ce garçon à l'âge de 15 ans.
02:05Je sors de plusieurs opérations douloureuses pour mes reins.
02:08Lui a l'air assez inquiet pour ma santé, donc ça me touche,
02:11parce qu'à ce moment-là, personne ne l'est en fait.
02:13Je m'y suis jetée dans cette relation,
02:15et lui m'a frappée.
02:17Au bout de 3 semaines, il m'a levé la main dessus.
02:19C'est là où tu entends souvent « Mais alors pourquoi t'es restée ? »
02:21Parce que je n'avais pas le choix.
02:22Parce que c'est ce que je pensais mériter.
02:24Après tout, des coups.
02:26Pourquoi pas ? Parce qu'au moins, je compte à ses yeux.
02:28C'est terrible de se dire que je suis prête à accepter de la terreur,
02:32de la douleur, de la souffrance,
02:34pour être perçue aux yeux de quelqu'un qui est néfaste.
02:36Il y a même des retours de plaintes que je lis.
02:39Et je sors de l'hôpital.
02:41J'ai je ne sais pas combien d'échymose.
02:43Et je dis « Oui, mais je ne veux pas qu'il aille en prison,
02:46parce que ça me fait de la peine. »
02:48C'était horrible de lire ça.
02:49Tu arrives dans un foyer d'urgence.
02:51On te sort de situation d'urgence.
02:53Après, j'ai atterri dans le foyer où j'y suis restée pendant un an et demi.
02:55Par rapport à ce qu'on m'avait raconté, je me suis dit
02:57« Bon, ça ne peut pas être pire que la maison. »
02:59Dans l'idée, c'est quand même des gens qui sont censés être protégés.
03:01Et au fur et à mesure, je me suis rendue compte
03:03que c'était une sorte de prison.
03:05Où les enfants sont juste blessés.
03:07On les entasse là, en attendant leur majorité.
03:09Puis un jour, j'ai connu l'amour.
03:11Le vrai.
03:12Quelqu'un qui a vraiment pris soin de moi,
03:13qui m'a fait sentir comme une petite princesse.
03:15J'ai rencontré ses parents, puis sa famille.
03:17Je me suis dit « En quel honneur devrais-je rester dans une famille qui me torture,
03:20me fait du mal, m'utilise ? »
03:22Les traumas transgénérationnels sont réels.
03:24Quand tu grandis dans un environnement toxique,
03:26ça devient une normalité.
03:27J'ai quand même un frère qui est condamné pour agression sexuelle sur mineurs.
03:30Et tout était normal.
03:33Tout le monde cautionne des trucs qui sont tellement graves.
03:36Des choses qu'on voit à la télé.
03:37Là, ça va faire trois ans que j'ai coupé avec ma famille.
03:39Ça a été très dur de ne plus avoir de problèmes.
03:42De ne plus avoir d'insultes.
03:43Je sais que ça peut paraître très bizarre.
03:45Mais quand tu retrouves ta normalité sans insultes,
03:47sans drame tous les jours,
03:49je me suis dit « Mais en fait, à quoi je sers ? »
03:51D'ailleurs, c'est un truc que j'ai retrouvé dans mon dossier d'ASE,
03:53mon tête sociale à l'enfance.
03:54Il dit que Nathania est dévouée à sa famille.
03:57J'étais quelqu'un qui servait aux autres.
03:59Et c'est quelque chose qui est encore compliqué pour moi aujourd'hui,
04:02de me revaloriser en tant que personne,
04:04et de poser ses limites.
04:05Parce que du coup, ton seuil de tolérance, c'est catastrophe.
04:08Quand tu as à supporter autant d'insultes, autant de violences,
04:10autant de drames,
04:11forcément, tu cautionnes des choses dans tes relations privées.
04:14Combien de fois je me suis dit « Mais je me sens tellement seule,
04:16et je rêverais tellement d'avoir une famille. »
04:17Et Dieu m'a donné une récompense incroyable.
04:19C'est que j'ai retrouvé mon papa,
04:21et toute une nouvelle famille à découvrir.
04:23J'ai saisi ma chance.
04:24Mais les bras ouverts, le cœur ouvert,
04:26je fonce dedans parce que je suis hyper reconnaissante.
04:28Et ça fait du bien d'avoir des gens juste sains et bons avec soi.
04:32Je ne pense pas que les événements déterminent qui tu es.
04:34Tu peux avoir des épreuves extrêmement compliquées
04:36et être une très bonne personne.
04:38Et c'est de casser justement ce schéma transgénérationnel.
04:42Et c'est ce que je souhaite d'ailleurs pour mes enfants.
04:44Et c'est pour ça que j'ai fait 10 ans de thérapie,
04:46pour pouvoir construire ma famille à moi.