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Pierre de Vilno reçoit le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dans #LeGrandRDV, en partenariat avec Europe 1 et Les Echos

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00:00Bonjour à tous, bienvenue au grand rendez-vous européen CNews, Les Echos.
00:06Notre invité ce matin est l'homme dont tout le monde parle,
00:09ancien élu devant des ex-présidents du groupe LR au Sénat.
00:14Il est pour de nombreux Français la révélation de ces six derniers mois.
00:18Il est aujourd'hui l'un des membres du gouvernement les plus populaires.
00:21Il y a deux ans de la présidentielle, il fait partie de ses responsables politiques.
00:25Très bien placé pour jouer les premiers rôles.
00:27Bonjour Bruno Retailleau.
00:29Bonjour Jacques Sauvé.
00:30Ministre de l'Intérieur et candidat déclaré à la présidence du Parti des Républicains,
00:35c'est votre grand rendez-vous jusqu'à 11h.
00:38C'est votre première interview sur Europe 1 et CNews depuis l'annonce de votre candidature.
00:42Insécurité, violence des mineurs, narcotrafic.
00:45Au-delà du constat, quelles sont vos solutions ?
00:48Quelle est votre vision ?
00:50Et puis au-delà de vos prérogatives ministérielles,
00:52quelle est votre ambition au sein des Républicains mais aussi pour la France ?
00:56A mes côtés, pour vous interroger, Mathieu Gbakouté pour CNews.
00:59Bonjour Mathieu.
01:00Bonjour.
01:01Et Stéphane Dupont du journal Les Echos.
01:02Bonjour Stéphane.
01:03Bonjour.
01:04Bruno Retailleau, ces derniers jours, encore la France, notre pays, a été marqué par l'ultra-violence.
01:10Elias allait avoir 15 ans.
01:12Ce lycéen a été tué dans les rues de Paris à coups de machette par deux jeunes de 16 et 17 ans,
01:17connus de la police et de la justice.
01:19Louise avait 11 ans.
01:21Alors qu'elle rentrait chez elle, cette collégienne a été assassinée d'une dizaine de coups de couteau
01:25par un jeune homme de 23 ans, lui aussi connu de la police et de la justice.
01:29Bruno Retailleau, ces deux meurtres auraient-ils pu, auraient-ils dû être évités ?
01:35Il n'y a jamais de fatalité.
01:37Je ne suis pas en train de vous dire que dans une société, d'ailleurs dans aucun pays au monde,
01:41il n'y a aucun risque.
01:42Mais on peut éviter le pire.
01:45Il y a le pire et il y a le pire du pire.
01:48C'est l'habitude au pire.
01:50Et moi, je ne veux pas m'y habituer.
01:52Les deux cas sont différents.
01:54C'est le cas du jeune Elias qui, pour moi, a une signification aussi politique.
01:59Pourquoi ? Parce que le présumé meurtrier avait déjà été condamné.
02:04Vol, vol avec extorsion, etc.
02:08Et en réalité, jamais de prison.
02:10C'est-à-dire qu'il y a une révolution pénale à faire en France, globale,
02:15mais d'abord pour les mineurs.
02:17Je le sais, en tant que ministre de l'Intérieur, de plus en plus de mineurs sont impliqués.
02:22Sont impliqués notamment dans des règlements de comptes sur le narcotrafic
02:26et dans des affaires d'hyperviolence.
02:28Que faut-il faire ?
02:29Ma solution, nos solutions, c'est sortir de l'impunité, réhabiliter la sanction.
02:35Aujourd'hui, que se passe-t-il ?
02:36La politique pénale des mineurs a pour effet d'enclencher un parcours de délinquance.
02:43On les enferme dans un parcours de délinquance faute de les punir.
02:47Ils ressentent l'impunité et il n'est pas rare d'avoir 10, 20, 30 antécédents
02:53sans qu'il y ait eu un seul jour de prison.
02:55Ce que je propose, ce sont des courtes peines, dès le premier délit très grave
03:01pour qu'il y ait une butée vis-à-vis d'adolescents.
03:04Maurice Berger, qui est un grand pédopsychiatre
03:07et qui a été pendant des années et des années au contact de ces hyperviolents,
03:11il sait très bien qu'ils n'ont plus d'empathie.
03:14Il faut absolument des mesures de contention.
03:16Est-ce à dire que la loi qui a été votée cette semaine à l'Assemblée,
03:20la proposition de loi qui a été portée par Gabriel Attal sur la justice des mineurs,
03:23doit être durcie au Sénat dans les semaines qui viennent ?
03:25Elle doit être durcie.
03:26Ça va dans le bon sens, elle doit être durcie.
03:28Parmi les mesures qu'il faut absolument prendre, je disais,
03:32des semaines, en tout cas des peines courtes de prison,
03:36dans des prisons dédiées, bien entendu, avec un encadrement spécifique,
03:40la comparution immédiate, là encore,
03:43faire en sorte que la fameuse césure devienne une exception et non pas une règle.
03:48Qu'est-ce que la césure aujourd'hui ?
03:50Vos auditeurs vont comprendre très vite.
03:52Aujourd'hui, il y a des mois qui séparent le moment où on reconnaît
03:56devant l'adolescent, par exemple le mineur, sa culpabilité.
04:00Des mois après, on va faire tomber la sanction.
04:03Pour ceux qui ont des enfants, est-ce que vous êtes arrivé un jour
04:06de dire à votre enfant, tu fais mal, tu es coupable,
04:10mais on verra dans trois mois ou six mois quelle est la sanction que je te donnerai.
04:15Pareil pour l'excuse de minorité.
04:17Il ne peut pas y avoir d'excuse, même de minorité,
04:20pour celui qui tue un autre enfant ou même un adulte.
04:25Donc l'excuse de minorité qui est aujourd'hui le principe,
04:28la règle doit devenir l'exception.
04:31Et quand on en sort, il doit y avoir une motivation spécifique du juge.
04:34Vous avez dit le pire du pire, c'est l'habitude du pire.
04:37Si on a un peu de mémoire de Crépole à Paris, sans oublier Marseille,
04:41sans oublier partout sur le territoire où de la violence la plus ordinaire,
04:45celle du quotidien, le harcèlement jusqu'à la violence de la drogue,
04:48est-ce qu'il y a un seul endroit en France où on peut se dire
04:51nous sommes à l'abri, ces problèmes sont à l'extérieur,
04:53ici nous sommes dans un territoire préservé?
04:56Non. Vous avez précisé que le cas de la grogue était spécifique.
05:00Mais aujourd'hui, c'est le constat que je fais,
05:03c'est celui qu'avait fait d'ailleurs la commission d'enquête
05:05que j'avais initiée au Sénat sur le narcotrafic.
05:08Aujourd'hui, les drogues les plus dures sont disponibles partout,
05:12tout le temps, partout, dans les grandes villes, dans les quartiers,
05:15partout, dans les villages, en ruralité.
05:18Et tout le temps, parce que désormais, bien sûr il y a des points de deal
05:21qu'il faut démanteler, mais ce n'est plus ça.
05:24C'est désormais la drogue qui va au consommateur par l'Uber Cheat.
05:28Et l'hyperviolence, elle peut surgir à n'importe quel moment.
05:31C'est pour ça qu'il faut des révolutions,
05:33notamment une révolution pénale,
05:35puisqu'on a eu pendant toutes ces années une culture du laxisme.
05:39Je me souviens très bien, je ne l'avais pas voté,
05:41de la loi de 2019 de Mme Belloubet,
05:43qui interdisait les courtes peines de moins d'un mois.
05:46Et après, il fallait réaménager.
05:48En réalité, il faut sortir d'une culture de l'excuse,
05:52d'une culture de la circonstance atténuante,
05:55où finalement, on regarde les droits de l'auteur,
05:58les droits individuels, et bien souvent,
06:00on ne considère pas suffisamment ceux de la victime
06:03et la protection de la société.
06:05Ce constat, les Français le partagent, Bruno Retailleau.
06:07Notre sondage ce matin, 81% des Français sont favorables
06:11justement à la suspension de l'excuse de minorité
06:14pour les mineurs qui participent à des crimes graves.
06:16Cette opinion des Français,
06:18comment pouvez-vous y répondre aujourd'hui ?
06:21Et 82% dans un autre sondage
06:23sont favorables à des peines de prison courtes
06:25pour les mineurs dès le 1er décembre.
06:27Et il faut présider ce que tout à l'heure,
06:29vous avez indiqué, c'est que désormais,
06:33une majorité de gauche consent à ce type de mesures.
06:38De même, pour les mesures de fermeté
06:40que j'ai proposées en matière d'immigration,
06:42il y a une partie majoritaire de l'électorat de gauche
06:45qui veut cette fermeté.
06:47Donc, on est en train de vivre une rupture
06:50et c'est, pour moi, quelque chose de neuf.
06:53Mais il nous permettra demain d'agir.
06:56Monsieur le ministre, vous parlez de rupture,
06:58mais quand on écoute notamment
07:00les responsables du Rassemblement national,
07:02ils disent que c'est de la communication
07:04et derrière la communication, il ne se passe rien,
07:07c'est de la mollesse.
07:08Qu'est-ce que vous répondez à ces attaques ?
07:10Ils en savent quelque chose.
07:11Leur privilège à eux, c'est de n'avoir jamais rien fait.
07:14Moi, je suis ministre de l'Intérieur depuis 4 mois.
07:17J'ai déjà les résultats.
07:186 mois.
07:19Pardon ?
07:206 mois.
07:21Octobre, novembre, décembre, janvier.
07:24J'ai appris de calcul.
07:26Je n'étais pas très bon en calcul mental,
07:28mais en m'aidant de mes doigts, j'y arrive.
07:32Écoutez, quelques résultats.
07:35Dans les trois derniers mois de l'année
07:37où j'étais ministre de l'Intérieur,
07:39on a diminué de moitié, par exemple,
07:42les premiers titres de séjour en primo délivrance.
07:45Avant, le rythme était de 32 000.
07:47Il est passé à 16 000.
07:49Pour les mesures d'expulsion sur arrêté ministériel,
07:53plus 182 %.
07:55Sur la sécurité.
07:57Vous parlez d'immigration.
07:59Où sont les résultats sur la sécurité ?
08:01Les choses viendront.
08:02Sur le narcotrafic, par exemple,
08:04on est en train de bouleverser totalement
08:06notre édifice législatif, l'organisation de l'État.
08:09La loi n'est pas votée.
08:10Celle qui a débouché, d'ailleurs,
08:12la conclusion de la commission d'enquête,
08:14c'est la loi qui a été votée à l'unanimité au Sénat.
08:16Elle doit passer à l'Assemblée nationale.
08:18Les résultats, parce que vous semblez ne pas y croire,
08:20les résultats qu'on a eus dans le terrorisme,
08:23puisqu'on a démantelé, on a déjoué l'an dernier
08:26neuf attentats terroristes avec un nouvel arsenal,
08:29nous les aurons aussi.
08:31Mais on ne peut pas les avoir en quelques semaines.
08:33Les Français ne sont pas fous.
08:34Ils savent que j'ai des contraintes.
08:36Ils savent qu'il faut du temps.
08:37Nous y arrivons, les contraintes.
08:39Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur,
08:41y a-t-il des actions que vous poseriez
08:43si vous étiez dans un gouvernement autre,
08:46disons ça ainsi, avec plus de marge de manœuvre
08:48pour une sensibilité comme la vôtre ?
08:49Et par ailleurs, est-ce que le cadre constitutionnel
08:51qui est le nôtre aujourd'hui vous empêche
08:53d'appliquer les mesures que vous jugez nécessaires
08:55pour la sécurité des Français ?
08:56Bien sûr. Le grand problème aujourd'hui,
08:59c'est une tension entre la démocratie
09:03et la tête de droit.
09:04Quand la règle, et j'avais suscité une polémique,
09:07mais je le dis, il y a des règles aujourd'hui
09:10qui protègent beaucoup plus les auteurs
09:12qui peuvent être dangereux que la société française.
09:15Alors il faut les changer.
09:16Je pense que ce que je choisirais d'abord
09:18et avant tout, c'est le référendum.
09:21C'est le référendum parce que la décision
09:23d'un référendum s'impose au juge,
09:25parce qu'aujourd'hui, notamment sur l'immigration,
09:27c'est la façon de renouer avec le peuple.
09:30C'est en quelque sorte le référendum,
09:32permettre au peuple de choisir
09:35et permettre à l'État d'avoir enfin un pouvoir d'agir.
09:38Nous avons, depuis des décennies,
09:41organisé notre propre impuissance.
09:44Je l'ai vu dans le cas Boualem, je le vois,
09:46mais chaque jour, on a des contraintes incroyables
09:49et il faudra que nous en sortions
09:51parce que la démocratie, c'est le peuple.
09:54Jacques Julliard avait eu un jour un bon mot en disant
09:57la démocratie, aujourd'hui, sans le peuple.
10:00La démocratie, c'est à la fois un État de droit
10:02que je respecte, la séparation des pouvoirs,
10:04une hiérarchie des normes, un contrôle juridictionnel,
10:07mais c'est aussi la souveraineté populaire.
10:10Et aujourd'hui, le mal démocratique en Occident
10:13c'est que les gouvernements ne suivent pas suffisamment
10:16l'aspiration de leur peuple.
10:19Est-ce que c'est possible, d'ici 2027,
10:22compte tenu de la composition de l'Assemblée nationale
10:25et du fait qu'Emmanuel Macron est président de la République,
10:27c'est quand même lui qui va convoquer le référendum,
10:29vous dites que c'est nécessaire,
10:31mais on a l'impression que, dans le même temps,
10:32vous dites que ça va être compliqué
10:34et qu'on ne va pas y arriver d'ici 2027.
10:35C'est un peu contradictoire ?
10:37Non, non, j'engage.
10:38Dans votre précédente déclaration,
10:40c'est un peu ce que vous disiez,
10:41que ça serait souhaitable, mais que ce n'était pas possible.
10:43Attendez, soyons précis.
10:46J'engage Emmanuel Macron à avoir recours au référendum.
10:50C'est une proposition qu'il a faite lorsqu'il a présenté
10:52ses voeux le 31 décembre dernier.
10:54Maintenant, le pire, ce sera un référendum pour rien.
10:57Ce sera un référendum comme une ruse, comme une habileté,
11:00parce que là, il y aurait un camouflet vis-à-vis des Français.
11:04Parce qu'on nous explique que le référendum est possible
11:05sauf sur l'immigration.
11:07Le référendum que vous désirez, c'est le référendum interdit.
11:09C'est faux.
11:10Il est possible, j'affirme qu'aujourd'hui,
11:13il est possible d'avoir un référendum sur des questions migratoires
11:17à condition que ces questions ressortissent de la question sociale.
11:21Et je prouve ce que je dis.
11:24Lorsque nous avons, ma famille politique,
11:26déposé un référendum d'initiative populaire,
11:29le Conseil concessionnel a rendu une décision.
11:31Considérant cette, c'était par exemple dans ses propositions,
11:35la question de savoir s'il fallait un délai de carence
11:37pour toucher ce qu'on appelle des prestations sociales non-contributives,
11:40par exemple les allocations familiales.
11:41On disait, nous, un étranger, notamment quand il ne travaille pas,
11:44il faut qu'il attende 5 ans avant de toucher les allocations familiales.
11:47Le Conseil concessionnel a dit non, 5 ans c'est trop long,
11:50mais c'est vrai que cette question-là peut être soumise
11:53par la voie de l'article 11 au référendum.
11:56Et ça, je pense que c'est important.
11:57Il pourrait y avoir d'autres questions
11:59qui ressortissent de la modification de la Constitution.
12:02Alors là, c'est l'article 89.
12:05On pourrait, nous l'avions fait voter avec Philippe Bas d'ailleurs,
12:08qui va devenir conseiller constitutionnel au Sénat.
12:11L'idée, l'ajout d'une phrase,
12:13nul ne peut exciper de ses origines, de ses croyances,
12:18pour échapper à la règle commune.
12:20Croyez-moi, vis-à-vis de l'islamisme, par exemple,
12:22ce serait une bonne chose.
12:23Donc, il y a des moyens.
12:24Je ne suis pas en train de dire qu'on est paralysé.
12:26Je suis en train de dire ce que je fais au ministère de l'Intérieur
12:29quand il y a une volonté politique.
12:31Croyez-moi, il y a un chemin.
12:33Et vous parlez du Conseil constitutionnel.
12:34On y revient dans un instant.
12:36On aimerait bien sûr avoir votre réaction
12:37à la proposition de nomination de Richard Ferrand
12:39à la tête du Conseil constitutionnel.
12:40On marque une courte pause.
12:42A tout de suite sur Europe 1 et CNews.
12:47La suite du grand rendez-vous Europe 1, CNews,
12:51les échos avec Bruno Retailleau,
12:53ministre de l'Intérieur et candidat à la présidence
12:56du parti Les Républicains.
12:58Bruno Retailleau, on évoquait avec vous
13:00la proposition de nomination du président Macron.
13:03Le président Macron souhaite nommer Richard Ferrand
13:06à la tête du Conseil constitutionnel.
13:09Richard Ferrand devra aller devant la commission des lois
13:13de l'Assemblée et du Sénat
13:15en tant que ministre de l'Intérieur,
13:17en tant qu'ex-président du groupe LR au Sénat.
13:19Quelle est votre position sur cette nomination ?
13:22Qu'en pensez-vous ?
13:23Je ne peux pas être à la fois ministre de l'Intérieur
13:26et président du groupe LR au Sénat.
13:29Il y a une séparation des pouvoirs et désormais
13:33c'est au Sénat, commission des lois,
13:36c'est à l'Assemblée nationale de déterminer si...
13:39Si vous étiez sénateur, vous voteriez quoi ?
13:42Écoutez, je ne me prononcerai pas,
13:44puisque si je me prononcerais,
13:46j'enfreindrais cette séparation des pouvoirs.
13:49Encore une fois, c'est au Parlement qui revient désormais
13:51de dire si Richard Ferrand...
13:53Mais il n'en demeure pas moins que la question
13:55qui est posée est légitime.
13:56Laurent Fabius, qui va quitter ses fonctions,
13:58s'est fait une fierté lorsqu'il fait le bilan
14:00de son passage au Conseil constitutionnel.
14:02A sa manière, on a verrouillé les référendums
14:04autant que possible.
14:05On a tout fait finalement pour que si jamais
14:07il y avait une pulsion populiste dans le pays,
14:09qu'elle ne puisse pas bousculer nos institutions.
14:12On a l'impression, pour ce qu'on en comprend,
14:14que le Conseil constitutionnel a pour fonction aujourd'hui,
14:16je prends le relais de ce qu'on se disait plus tôt,
14:18de radicaliser un État de droit dévoyé
14:20pour limiter la souveraineté populaire.
14:22De ce point de vue, c'est une question très politique.
14:25Mais quels que soient justement
14:27les membres du Conseil constitutionnel,
14:29il faudra justement que les parlementaires
14:31pèsent à ce trébuchet-là leurs décisions.
14:34Je m'explique très concrètement.
14:36Lorsque le Conseil constitutionnel
14:38a censuré 35 articles de la loi d'immigration,
14:41parce que selon lui, c'était des cavillers législatifs,
14:44c'est-à-dire qu'ils n'avaient aucun lien,
14:46pas même indirect, avec la question de l'immigration,
14:49là je pense que la décision n'était plus
14:51une décision juridique.
14:53Et voyez ce qui est terrible en termes de souveraineté.
14:55La souveraineté et notamment la décision des assemblées.
14:58Ce vote, en tout cas cette loi,
15:01était passée avec une très forte majorité au Sénat
15:04et pratiquement une majorité des deux tiers
15:06à l'Assemblée nationale, ce qu'on voit très peu souvent.
15:08Donc suivez mon raisonnement.
15:10La loi qui a été votée,
15:12qui a été soumise au Conseil constitutionnel,
15:14était le fruit des représentants
15:16de la volonté nationale.
15:18Et celle qui a été censurée,
15:20qui est devenue une loi, n'aurait jamais été votée.
15:23Donc la loi qui va être appliquée,
15:27en réalité, ne l'aurait jamais été votée au Sénat,
15:30c'est une certitude,
15:32et peut-être à l'Assemblée nationale,
15:34et pour autant elle était censurée,
15:36alors même qu'il y avait une révision constitutionnelle
15:38voulue par Nicolas Sarkozy en 2008,
15:40pour élargir l'initiative parlementaire
15:43par la voie de l'amendement,
15:45où on avait dit non, il faut absolument
15:47qu'un amendement pour être recevable
15:49ait un lien direct, mais même indirect.
15:51Et là, le Conseil constitutionnel a fait
15:53une autre électure, pour moi il est sorti
15:55même du texte de la Constitution.
15:57Ça pose un problème vis-à-vis,
15:59justement c'est cette tension
16:01entre ce qu'on appelle
16:03un état de droit
16:05et la souveraineté populaire.
16:07Justement, vous voyez les chiffres du JDD
16:09aujourd'hui sur la submersion migratoire,
16:11la question s'est imposée encore
16:13dans l'actualité, François Bayrou parle
16:15de sentiments de submersion migratoire,
16:17Jean-Luc Mélenchon se revendique du grand remplacement,
16:19vous l'avez probablement entendu dire ça.
16:21Bien sûr, mais Daniel Cole-Bendit a utilisé
16:23le mot grand remplacement pour la situation
16:25de Mayotte, et François Mitterrand avait indiqué
16:27que le seuil de tolérance
16:29sur le sujet était dépassé.
16:31Mais justement, est-ce qu'on est dans cette situation
16:33où d'un côté la France a un problème existentiel
16:35avec les vagues migratoires, et de l'autre côté
16:37ces institutions ne lui permettent pas de répondre
16:39à la question migratoire. Est-ce qu'on est dans cet écartèlement
16:41existentiel aujourd'hui?
16:43Il y a un écartèlement existentiel,
16:45il y a cet écartèlement entre la démocratie
16:47et une forme d'État de droit,
16:49et certains, c'est pour ça que
16:51encore une fois l'État de droit,
16:53séparation des pouvoirs, la démocratie,
16:55les normes, l'hiérarchie des normes,
16:57le contrôle juridictionnel, c'est ça l'État de droit.
16:59Mais certains voudraient nous vendre
17:01des règles comme faisant partie de l'État de droit,
17:03or ça n'est pas un cadre
17:05juridique qu'ils nous vendent, c'est un cadre
17:07idéologique. Et je pense que
17:09demain, mais ça ne peut être tranché
17:11qu'en 2027, la grande question
17:13c'est est-ce qu'on redonne à la
17:15souveraineté nationale populaire
17:17une vigueur, est-ce qu'on écoute
17:19notre peuple, ou est-ce
17:21qu'on fait comme avant et
17:23on se laisse finalement, on organise
17:25notre propre impuissance, je le vois tous les jours.
17:27Cet échafaudage juridique
17:29nous rend impuissants, ligote
17:31l'État régalien.
17:33On l'a vu à plusieurs reprises
17:35dans l'affaire Boulay, j'espère peut-être qu'on pourra en parler.
17:37Regardez aussi Robert Ménard
17:39qu'on conduit.
17:41Justement, j'allais vous poser une question à ce sujet concernant
17:43Robert Ménard. Robert Ménard donc qui
17:45mardi sera jugé pour avoir refusé
17:47de marier une femme de nationalité
17:49française avec un homme de nationalité
17:51algérien qui était sous OQTF.
17:53Vous soutenez Robert Ménard ?
17:55Mais on marche sur la tête.
17:57Il a raison, je crois que cette expression
17:59vient de lui. Mais il y a un
18:01OQTF défavorablement
18:03connu des services de police
18:05qui souhaitent se marier et on sait très bien que
18:07par la voie du mariage, on peut ensuite
18:09régulariser. Le maire soucieux
18:11lui de l'ordre
18:13public s'y oppose et
18:15c'est lui qui se retrouve devant le tribunal
18:17devant les juges et non pas l'individu
18:19qui est entré irrégulièrement.
18:21Il y a heureusement un texte de loi qui va être examiné
18:23dans quelques jours au Sénat.
18:25Gérald Darmanin d'ailleurs s'est exprimé
18:27cette semaine aux questions d'actualité.
18:29Je le soutiens et je pense que quand
18:31la règle est mal faite, il faut la
18:33modifier. Est-ce qu'à la place de Robert Ménard
18:35vous auriez fait la même chose, à savoir refuser de marier
18:37ces deux individus ? En tout cas je comprends
18:39et je pense qu'il faut changer cette règle.
18:41Voilà, c'est ce qui sera fait. Il y a une
18:43première tentative au Sénat dans quelques jours
18:45et elle sera soutenue par le gouvernement
18:47par la voie du garde des Sceaux.
18:49Je reviens juste deux secondes sur le Conseil constitutionnel.
18:51On en a beaucoup parlé. Vous disiez que le cadre
18:53juridique, le cadre constitutionnel est une entrave aujourd'hui
18:55et vous dites qu'il faut un rééquilibrage.
18:57Non, je ne dis pas que le cadre...
18:59Je ne dis pas que l'ensemble du cadre constitutionnel.
19:01Je pense qu'on a... Vous dites qu'il faut qu'il le cloche.
19:03On a une très bonne constitution. Ce que je souhaite
19:05c'est qu'elle soit vraiment
19:07appliquée exactement comme les traités européens.
19:09Il y a des juges européens...
19:11Et justement, est-ce que la nomination de Richard Ferrand,
19:13qui est un proche du chef de l'État, un très proche même,
19:15est-ce que vous pensez que ça peut faire évoluer
19:17des choses dans le bon sens ou est-ce qu'au contraire ?
19:19Parce que quand on écoute les députés
19:21ou les sénateurs LR,
19:23ils sont très réservés sur cette nomination.
19:25Vous ne voulez pas vous exprimer personnellement là-dessus
19:27mais ça pose quand même un problème.
19:29En tout cas, il reviendra au Conseil constitutionnel.
19:31Le Conseil constitutionnel, contrairement
19:33à d'autres cours, n'est pas une cour suprême.
19:35Ça n'est pas, si j'ose dire,
19:37la fusion du Conseil d'État,
19:39de la Cour de cassation et du Conseil constitutionnel.
19:41Ça n'est pas une cour suprême.
19:43Le général de Gaulle avait cette phrase,
19:45et moi je suis gaulliste,
19:47la seule cour suprême en France, c'est le peuple.
19:49On parle d'un État de droit dévoyé,
19:51je pense à une formule qui revient souvent.
19:53Est-ce qu'un autre aspect de cet État de droit dévoyé
19:55aujourd'hui, c'est le fait que lorsque quelqu'un
19:57tient un propos qui peut choquer les uns les autres,
19:59il soit immédiatement menacé de traîner devant les tribunaux ?
20:01Je pense ici à Nelly Garnier,
20:03une partie de votre famille politique,
20:05qui a attaqué sévèrement, mais politiquement,
20:07la mairie de Paris, et là on dit, ce sera devant
20:09les tribunaux, on va régler cette question-là,
20:11lorsqu'elle a dit que c'est finalement le système
20:13qui a armé le bras de celui qui a tué le jeune Elias.
20:15Écoutez, moi j'étais
20:17à Grenoble vendredi.
20:19J'ai eu un entretien serré, franc,
20:21direct, comme on dit, avec Éric Piolle,
20:23le maire de Grenoble, notamment sur
20:25la question de la sécurité. Je lui ai dit, écoutez,
20:27j'ai des désaccords avec vous. Le premier,
20:29c'est qu'évidemment, dans une commune,
20:31une municipalité, il faut avoir
20:33une police municipale, il faut qu'elle puisse se défendre,
20:35se protéger, elle doit être armée,
20:37il faut multiplier les caméras de vidéosurveillance,
20:39et je suis contre la légalisation
20:41du cannabis. Donc voilà, on a des
20:43systèmes, bien entendu, et des idéologies
20:45qui protègent moins que d'autres, ça c'est clair.
20:47Mais très clairement, pour répondre à cette
20:49question, à ces propos de Nelly Garnier en l'occurrence,
20:51mais plus généralement, en ce qui concerne la gauche,
20:53la gauche parisienne est dans le déni
20:55et le bras qui a porté un coup fatal au jeune
20:57Elias.
20:59En gros, c'est la conséquence
21:01du déni de votre idéologie, de l'excuse
21:03et de l'avoglement. Ces propos,
21:05le vêtre à corps avec ça...
21:07Le bras, compliqué, dire que
21:09c'est le bras qui a porté
21:11l'idéologie.
21:13En revanche, je pense que la gauche,
21:15globalement, a porté
21:17cette idéologie que j'ai dénoncée tout à l'heure,
21:19de l'atténuation de la responsabilité,
21:21cette culture de l'excuse.
21:23Il faut en sortir, de même que les idées 68.
21:25Pourquoi est-ce qu'on arrive à tant de violence
21:27aujourd'hui ? Posons-nous la question, quand même.
21:29C'est quand même cette gauche qui a déconstruit à l'école
21:31toute notion d'autorité,
21:33de hiérarchie. Le maître devait être
21:35l'égal de l'élève.
21:37Il ne devait y avoir aucun interdit.
21:39Et en déconstuisant ces savoirs,
21:41en déconstuisant l'autorité, la hiérarchie,
21:43c'est toute la société.
21:45Et c'est cette droite qui n'a pas reconstruit, ça l'a dit, pendant longtemps.
21:47Eh bien, c'est bien pour ça que je me
21:49porte candidat à la présidence des
21:51LR, parce que je pense, et je l'ai montré
21:53dans mon ministère,
21:55je pense qu'une droite qui accède aux responsabilités
21:57peut montrer qu'elle n'abdique pas
21:59ses responsabilités, mais
22:01surtout ses convictions, elle les applique.
22:03Justement, votre candidature à la présidence des LR,
22:05on en parle dans un instant,
22:07tout de suite, après une page de publicité.
22:09Restez bien sur Europe 1 et CNews.
22:15La suite du grand rendez-vous
22:17Europe 1, CNews, Les Echos, nous sommes
22:19ensemble jusqu'à 11h, avec
22:21Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur,
22:23ministre de l'Intérieur, et
22:25candidat à la présidence du
22:27parti Les Républicains, cette semaine,
22:29Bruno Retailleau, vous avez donc annoncé votre
22:31candidature face à
22:33Laurent Wauquiez, une question simple, pour quoi faire ?
22:35Pour faire en France
22:37un grand parti de droite,
22:39à la fois patriote, parce que moi, j'aime
22:41la France. J'aime la France.
22:43Tout ce qu'elle est, son héritage, qu'elle représente
22:45charnellement, et
22:47je veux aussi, et je l'ai vu,
22:49je vois bien que les Français
22:51plébiscitent, vous l'avez vu à travers
22:53des sondages, je le vois à travers d'autres sondages,
22:55la France est plutôt à droite aujourd'hui.
22:57Eh bien cet espoir, cette fierté
22:59d'être de droite, mais aussi
23:01une fierté pour des gens qui ne se
23:03définissent pas de droite, de se reconnaître
23:05dans nos idées, je veux la consolider.
23:07Je veux vraiment faire en sorte que
23:09ce parti devienne
23:11l'axe qui soit central,
23:13pas centriste, central de la vie politique
23:15française, pour mettre en avant nos
23:17solutions, nos propositions, nos
23:19convictions, et ce que je veux aussi,
23:21c'est que je veux
23:23que ça ne soit pas une sorte de syndicat des vieilles
23:25gloires, des chapeaux à plumes.
23:27Je veux vraiment que... C'est le cas aujourd'hui ?
23:29Je veux vraiment qu'en tout cas, nos militants
23:31ne soient pas considérés comme des
23:33figurants, comme des remplisseurs de salles,
23:35comme des colleurs d'affiches. Mais c'est le cas aujourd'hui ?
23:37Je pense qu'on a
23:39gouverné le parti
23:41par exemple sans faire trop de référendum.
23:43Je ne peux pas vous dire à l'instant que je suis
23:45pour référendum pour la nation,
23:47la souveraineté populaire, et la récuser.
23:49Et qu'est-ce qui vous distingue, monsieur le ministre,
23:51qu'est-ce qui vous distingue de Laurent Wauquiez ? Parce que
23:53sur le fond, quand on vous écoute l'un et l'autre,
23:55vos idées sont assez proches. Vous incarnez
23:57une droite dans ses bottes,
23:59une droite qui s'assume.
24:01Pourquoi êtes-vous candidat face à Laurent Wauquiez ?
24:03Alors, ça c'est clair que pour moi,
24:05ma droite,
24:07elle est fière. Elle n'est pas honteuse.
24:09Elle ne fléchit pas devant
24:11les injonctions
24:13du système médiatique,
24:15politique, parisien.
24:17Hors de question de respecter
24:19ce que cette gauche-là,
24:21intellectuelle, universitaire,
24:23médiatique, politique, définit comme étant
24:25un cadre de respectabilité.
24:27Je veux une droite qui soit fière.
24:29Alors, on a des lignes qui sont sans doute
24:31proches, mais on n'a pas les mêmes tempéraments.
24:33Il y a une question d'incarnation. Vous savez
24:35qu'à droite, cette question d'incarnation
24:37a toujours été le fil rouge,
24:39le fil conducteur finalement.
24:41Oui, mais aujourd'hui, vous êtes ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
24:43Ministre de l'Intérieur ?
24:45Vous n'avez pas assez de choses à gérer ?
24:47J'ai beaucoup de choses à gérer.
24:49J'ai plein de choses à gérer.
24:51Vous avez le temps de partir en campagne ?
24:53Jacques Chirac était Premier ministre
24:55quand il était président du RPR.
24:57Nicolas Sarkozy, ça ne l'a pas empêché
24:59d'avoir une progression fulgurante
25:01tout en prenant le parti et en exerçant
25:03de grandes responsabilités.
25:05François Bayrou, aujourd'hui,
25:07est à la fois Premier ministre, maire de Pau,
25:09et président du MoDem.
25:11Même la France, on ne compte pas,
25:13on ne ménage pas son énergie.
25:15Alors oui, c'est vrai, j'irai un petit peu moins en Vendée.
25:17Je vais essayer d'utiliser ce que j'ai appelé
25:19mon temps libre, parce que même quand
25:21le temps libre est réduit,
25:23j'aurai peut-être un peu moins de temps de lecture.
25:25Heureusement, je dors très peu.
25:27Est-ce qu'un ministre de l'Intérieur a du temps libre, Bruno Retailleau ?
25:29Et la reproche que va vous faire Laurent Wauquiez,
25:31c'est que si vous êtes président de LR,
25:33si vous êtes élu, est-ce que vous serez président
25:35de LR sur votre temps libre ?
25:37Ecoutez, vous pensez vraiment
25:39que le Premier ministre actuellement,
25:41qui est président du MoDem,
25:43n'est pas Premier ministre en même temps ?
25:45Il l'est, il est aussi maire de Pau.
25:47Je l'assumerai, évidemment.
25:49Laurent Wauquiez, il souhaite être
25:51président du parti, il est député,
25:53il est président du groupe à l'Assemblée nationale,
25:55il est président bis de sa région.
25:57On sait très bien que,
25:59mais on le voit aussi à une plus petite taille,
26:01dans une commune, les gens qui s'engagent
26:03dans une association, vous savez,
26:05on les retrouve souvent les responsables,
26:07ça c'est le sens de l'engagement.
26:09Et moi, si je pense que je veux porter
26:11mes convictions, qui sont de plus en plus
26:13largement partagées par la France
26:15et surtout par les Français,
26:17et surtout j'ai vu cette fierté
26:19de se dire de droite, se lever,
26:21et je ne veux pas qu'elle retombe,
26:23je veux vraiment l'entretien la consolider.
26:25Vous dites la fierté d'être de droite,
26:27on conviendra qu'il y a plusieurs lectures possibles
26:29de ce que veut dire la droite aujourd'hui.
26:31Vous êtes peut-être d'une droite qui a été
26:33longtemps laissée de côté, et qui aujourd'hui,
26:35vous avez eu un parcours depuis les années 90
26:37souverainiste, c'était le terme qu'on utilisait à l'époque,
26:39et aujourd'hui cette droite qui a été laissée de côté
26:41devient peut-être la droite de référence à droite,
26:43à la fois sur le plan culturel, je pense,
26:45au succès d'un de vos anciens compagnons de route,
26:47Philippe de Villiers, son livre, Mémoricide,
26:49Le Puy du Fou, son succès. De votre côté,
26:51vous êtes l'homme politique de l'heure en France.
26:53Quelle est cette part, cette droite en particulier,
26:55qui n'est pas nécessairement celle de Xavier Bertrand,
26:57pas nécessairement celle d'Edouard Philippe,
26:59pas nécessairement celle d'autres figures politiques,
27:01quelle est cette part de droite qui est la vôtre aujourd'hui ?
27:03C'est une droite qui est capable de s'élargir,
27:05c'est une droite qui est capable de séduire des Français
27:07au-delà même des clivages,
27:09on l'a vu d'ailleurs dans les sondages.
27:11Ma droite, elle est très simple.
27:13Ma droite, c'est une droite qui veut l'autorité,
27:15qui veut la fermeté, comme beaucoup de Français.
27:17C'est une droite qui veut que le travail paye plus
27:19que l'assistanat, que l'État arrête
27:21de faire la poche des Français,
27:23et c'est une droite qui veut que l'école
27:25transmette des savoirs,
27:27ne les déconstruise pas, mais qu'elle transmette aussi
27:29une fierté française.
27:31Ma droite à moi, elle n'est pas seulement matérialiste.
27:33On n'est pas seulement des hommes et des femmes
27:35liés par des relations de production,
27:37de consommation.
27:39Ma droite à moi,
27:41elle sait que la dimension immatérielle
27:43dans un être humain est importante
27:45et qu'on doit porter, nous les hommes
27:47et les femmes politiques, une dimension immatérielle
27:49parce que les questions qui secouent
27:51toute l'Europe, tous les peuples,
27:53notamment dans le camp occidental,
27:55ce sont des questions immatérielles,
27:57la question de la culture, est-ce que demain
27:59on trouvera étrangers chez soi,
28:01est-ce que demain on gardera nos codes culturels,
28:03notre civilisation ?
28:05C'est ma droite, c'est une droite qui n'oublie pas
28:07que, bien entendu, la richesse des peuples
28:09elle est matérielle, il faut du pouvoir d'achat,
28:11mais que la richesse des peuples,
28:13des nations, elle est aussi immatérielle
28:15parce que la France, c'est un héritage
28:17spirituel et c'est une œuvre,
28:19là encore, immatérielle qu'il nous faut prolonger
28:21dans l'avenir.
28:23Sur le plan politique, vous êtes déjà capable,
28:25des sympathistes manifestent à votre endroit,
28:27vous-même, je le note, et il y a aussi Marion Maréchal
28:29qui, de son côté, dit, avec Bruno Retailleau,
28:31j'ai aucun des accords fondamentaux,
28:33on n'a pas les mêmes choix politiques,
28:35mais nous n'avons aucun des accords fondamentaux.
28:37Est-ce que pour vous, de Xavier Bertrand à Marion Maréchal,
28:39il y a quelque chose comme la droite de demain
28:41que vous pourriez porter ?
28:43C'est moi ce que j'appelle, absolument,
28:45ce que le général de Gaulle, plutôt, restons modètes,
28:47appelait la majorité nationale.
28:49Ce que je viens de vous décrire pour une école méritocratique,
28:51pour un travail qui valorise,
28:53qui paye pour une autorité,
28:55c'est-à-dire une hiérarchie,
28:57qui fonctionne dans notre société,
28:59en fait, elle est partagée par beaucoup de Français.
29:01Même ceux qu'on a classés à l'extérieur
29:03du cordon sanitaire ?
29:05Mais écoutez, moi, je ne me donne
29:07aucune frontière.
29:09Non pas s'agissant des partis,
29:11s'agissant des électeurs.
29:13Et d'ailleurs, regardez la structure
29:15des sondages.
29:17Je suis l'un des seuls qui parviennent
29:19à séduire tout autant des électeurs
29:21qui ont voté Rassemblement national.
29:23Il est probable, d'ailleurs, que ces électeurs aient voté
29:25UMP ou RPR
29:27auparavant, et des électeurs qui aient voté
29:29Emmanuel Macron. Ils votaient Emmanuel Macron
29:31parce qu'ils pensaient qu'Emmanuel Macron
29:33incarnait la liberté,
29:35et ils votaient Rassemblement national
29:37ou Éric Zamour parce qu'ils pensaient
29:39qu'il incarnait une idée de la civilisation
29:41ou de la fermeté d'autorité.
29:43Moi, je pense que la politique,
29:45ce n'est pas de se rabougrir.
29:47La politique, c'est de s'élargir. Et c'est ce projet
29:49que je veux mener en refondant
29:51un grand parti de droite
29:53en France.
29:55Justement, Bruno Retailleau, vous parlez des sondages.
29:57Selon les sondages, justement, les Français voient en vous
29:59un homme sincère. Alors, dites-nous sincèrement,
30:01oui ou non,
30:03avez-vous des ambitions
30:05pour la prochaine présidentielle ?
30:07Chaque chose dans son temps, d'abord.
30:09Et je n'ai pas le virus de la prison. Je le dis sincèrement.
30:11Vous regarderez mon parcours politique.
30:13D'abord,
30:15l'INA, lorsque je suis arrivé
30:17au ministère de l'Intérieur, a compilé
30:19depuis 97, je crois,
30:21enfin, pratiquement depuis une trentaine d'années,
30:23mes déclarations sur des grands sujets que j'aborde.
30:25Et curieusement, ils n'ont pas trouvé
30:27de différence. De différence de tonalité,
30:29de différence de fond.
30:31Vous n'y pensez pas ?
30:33Je le dis toujours. Même quand c'était
30:35difficile à dire, je tiens
30:37des positions quand elles sont les miennes. Je crois que
30:39si, comment dirais-je,
30:41ma politique et ma personnalité
30:43rencontrent, comment dirais-je,
30:45un petit succès, en tout cas,
30:47c'est parce qu'il y a un alignement chez moi
30:49entre ce à quoi je crois
30:51et ce que je dis et ce que je fais.
30:53Voilà. Mais pensez-vous
30:55à la présidentielle ? Je n'y pense pas.
30:57Et je n'ai pas ce
30:59virus-là. Mais ce que je veux, moi,
31:01c'est un combat pour les idées.
31:03Parce que c'est toujours ce qui a guidé
31:05ma vie et dans tout mon trajet politique,
31:07vous pourrez l'observer, jamais je ne me suis
31:09demandé jusqu'où je vais monter.
31:11Toujours, je me suis demandé
31:13que puis-je faire pour être utile. Vous voyez,
31:15c'est en quoi
31:17il y a peut-être quelque chose en moi
31:19de désuet. Je suis
31:21habité par un sentiment qui
31:23aujourd'hui est totalement déclassé,
31:25qui est le sentiment de la gratitude. Depuis
31:27toujours, j'ai un sentiment d'avoir une dette
31:29vis-à-vis de mon pays. J'ai un grand-père
31:31qui a reçu une balle en 14
31:33qui lui a traversé la gorge, un père qui a fait
31:35la guerre d'Algérie. Et j'ai le sentiment
31:37justement de vivre en paix, avec
31:39cette liberté chèrement conquise.
31:41Et je me suis toujours dit, mais comment est-ce que je peux
31:43être utile à ma communauté humaine ?
31:45D'abord, la Vendée, mon village, la Vendée,
31:47j'ai créé mon école de musique,
31:49une commune de mille habitants,
31:51etc.
31:53Justement, Bruno Retailleau, Jean-Luc Mélenchon, ce matin,
31:55dans la tribune dimanche, dit que le surjouissement
31:57de M. Retailleau change la donne
31:59politique. Il dit que vous êtes même la meilleure
32:01chance de l'arc réactionnaire.
32:03Lui, il vous voit des ambitions
32:05présidentielles et il dit même que vous avez des bonnes chances
32:07d'y réaliser un très bon score, voire de l'emporter.
32:09C'est une critique à peine voilée,
32:11mais c'est une critique de M. Mélenchon.
32:13Pour moi, c'est comme une légion d'honneur.
32:15C'est intéressant parce que d'un côté,
32:17le NFP se fracture un peu aujourd'hui.
32:19On l'aura noté, mais la gauche est parvenue
32:21à s'unir parce qu'elle n'acceptait pas
32:23d'interdits moraux.
32:25Les socialistes s'entendent avec les filles
32:27lorsqu'il le faut au moment des élections.
32:29Est-ce que ce qui a tué la droite depuis si longtemps
32:31en France, c'est qu'elle subissait le terrorisme intellectuel
32:33de la gauche, pour reprendre la formule de Jean Sevilla ?
32:35Est-ce que de ce point de vue, ce qu'on a traité
32:37comme des parias, le RN reconquête,
32:39les partis, j'entends, ne méritent pas d'être considérés
32:41comme des partis légitimes, des partis respectables
32:43aujourd'hui ?
32:45Ça, c'est un débat qui est, je crois, dépassé.
32:47Ce que je sais, en tout cas, puisque
32:49j'ai une ligne et j'ai des convictions.
32:51Vous prenez le cas, par exemple,
32:53du Rassemblement national.
32:55Sans doute que sur des questions d'autorité
32:57et de fermeté, les choses peuvent se croiser.
32:59Et ce que je disais, par exemple,
33:01en 1997,
33:03c'est ce que je dis maintenant.
33:05M. Bardella avait deux ans en 1997.
33:07Marine Le Pen n'était pas encore entrée en politique.
33:09Ce ne sont pas eux qui m'inspirent. Ce sont mes convictions.
33:11Je ne dis pas qu'ils vous inspirent.
33:13Au niveau économique,
33:15Marine Le Pen, pour moi,
33:17c'est du socialisme.
33:19Quand il y a quelques jours,
33:21elle est interrogée sur un plateau
33:23pour lui demander, malheureusement, la masse salariale
33:25de l'État, les dépenses,
33:27elle balaissa d'un verre de main en disant
33:29que ce sont des trucs de droite. C'est qu'elle n'a rien compris.
33:31Quand je fais voter, moi, au Sénat,
33:33les 15 heures de contrepartie
33:35au RSA,
33:37parce que pour moi, une allocation sociale,
33:39ce n'est pas un dû. Ça se mérite aussi.
33:41Elle a fait voter contre
33:43à l'Assemblée nationale son parti.
33:45Encore une fois, je ne peux pas, moi,
33:47être sur une ligne de crête
33:49sur les convictions et consentir
33:51à des choses qui ne sont pas
33:53de l'ordre des convictions.
33:55Bruno Retailleau, nous sommes ensemble jusqu'à 11h
33:57sur Europe 1 et sur CNews.
33:59Dans un instant, on va parler
34:01de l'expulsion ratée de l'influenceur
34:03d'Oualem,
34:05de la détention
34:07de l'écrivain franco-algérien
34:09Boalem Sansal, mais aussi et surtout
34:11avec vous, Mathieu Boquecôté, du discours
34:13du vice-président américain J.D. Evans.
34:15A tout de suite sur Europe 1 et CNews.
34:19Le grand rendez-vous
34:21Europe 1, CNews,
34:23Les Echos, jusqu'à 11h
34:25avec Bruno Retailleau,
34:27avec Stéphane Dupont du journal Les Echos et Mathieu Boquecôté
34:29de CNews. Mathieu,
34:31je voulais interroger le ministre de l'Intérieur
34:33sur le discours prononcé
34:35par le vice-président des États-Unis,
34:37J.D. Evans, il y a quelques jours.
34:39J.D. Evans à Munich, je crois que c'était avant-hier,
34:41qui fait un discours avec deux grands axes.
34:43Il dit aux Européens, faites attention,
34:45votre propre civilisation est en train
34:47de se dévorer de l'intérieur. Il dit la censure
34:49progresse en Europe, le pluralisme politique
34:51n'est pas toujours respecté, on annule des élections
34:53en Roumanie, on menace d'en annuler ailleurs.
34:55Donc l'Europe, de son point de vue,
34:57elle renie sa propre tradition
34:59de liberté. Et de l'autre côté, il parle
35:01d'immigration, il dit jamais les Européens
35:03n'ont été consultés par rapport aux grands changements
35:05démographiques qu'ils connaissent aujourd'hui.
35:07Alors, plusieurs ont été scandalisés par ce discours,
35:09est-ce que c'est votre cas?
35:11Moi, je ne suis pas Américain, je suis Français.
35:13Je ne suis pas, comme disait Régis Debray,
35:15un galoriquin. Et je veux garder
35:17mes racines françaises, je suis fier,
35:19j'y tiens. Il y a à boire et à manger.
35:21Là où je ne suis
35:23absolument pas d'accord, c'est sur la Roumanie.
35:25Il est clair qu'il y a eu des ingérences,
35:27et si je le dis, c'est parce que
35:29j'ai un certain nombre d'instruments, la DGSI
35:31est reliée au ministère de l'Intérieur,
35:33je peux vous dire qu'il
35:35ne se passe pas de semaines sans qu'il y ait
35:37un certain nombre d'attaques,
35:39souvent en matière cyber,
35:41qui viennent de là-bas.
35:43Donc arrêtons d'être naïfs.
35:45Je veux, moi, que l'Europe sorte de sa naïveté.
35:47Et je veux que
35:49je respecte les peuples, les nations et les
35:51souverainetés. Donc rien ne m'est
35:53plus étranger, vous voyez, que les attaques
35:55contre la souveraineté d'un pays.
35:57Donc ça, franchement,
35:59ce n'est pas mon truc, comme dirait l'autre.
36:01En revanche, là où ce discours
36:03a en moi et pour moi
36:05un écho, c'est lorsqu'il dit
36:07que pour l'immigration, ce que je dis, ce que
36:09Marcel Gaucher a dit dans ce livre superbe,
36:11« Le malheur français »,
36:13Marcel Gaucher, on ne peut pas le classer comme un écrivain
36:15de droite, même s'il
36:17avait fait partie d'une liste
36:19d'un homme d'extrême-gauche,
36:21d'ailleurs. Mais en revanche,
36:23que dit-il ? Qu'est-ce que j'ai dit ?
36:25C'est que sur l'immigration, bien entendu,
36:27il n'y a pas un phénomène social
36:29qui ait autant bouleversé la société
36:31européenne et française, sans que
36:33jamais, jamais, jamais, les
36:35Européens, voire les Français, n'aient eu
36:37à en délibérer. Et il a raison.
36:39Et ce qui se passe aux États-Unis,
36:41écartons le côté
36:43fantasque de M. Trump pour
36:45s'attacher à sa victoire qui a été
36:47une victoire populaire. C'est parce qu'il veut renouer
36:49justement avec la souveraineté
36:51populaire. Alors, il le fait, on peut juger
36:53avec beaucoup de critiques
36:55la façon de le faire. Et
36:57en plus, c'est une
36:59question, la souveraineté populaire, de
37:01l'impuissance publique. Quand je disais tout à l'heure que
37:03plein de règles ligotent l'État,
37:05c'est que je crois que la démocratie va mal
37:07parce que les Français voient bien qu'on n'a pas trop de résultats.
37:09Si on n'a pas suffisamment de résultats,
37:11c'est tout simplement parce qu'on est ligotés
37:13et qu'on a organisé notre propre impuissance.
37:15Donc, de ce point de vue-là, le constat
37:17est juste. Un autre point,
37:19avec une divergence
37:21néanmoins sur l'Europe,
37:23ce que je reproche depuis longtemps à l'Europe,
37:25c'est de ne pas avoir défendu
37:27sa culture et sa civilisation.
37:29Quand la Commission européenne,
37:31franchement, subventionnait
37:33des campagnes de communication,
37:35la liberté dans le hijab,
37:37quand on sait que le hijab des
37:39femmes en Iran meurt pour avoir
37:41la liberté d'enlever le voile, et quand
37:43on sait que le hijab, notamment
37:45vis-à-vis de l'islamisme politique,
37:47c'est un étendard de cet islamisme.
37:49C'est ce qui marque un apartheid
37:51entre les croyants et les mécréants
37:53et surtout un apartheid
37:55entre les hommes et les femmes.
37:57Donc, trop longtemps, la Commission,
37:59l'Europe, en réalité,
38:01sous prétexte d'ouverture,
38:03s'est finalement vidée
38:05de ce qu'elle était. Eh bien, il n'y aura pas
38:07d'Europe puissance, moi je vous le dis.
38:09Il n'y aura pas d'Europe puissance
38:11si on ne récupère pas ces éléments
38:13de fierté immatérielle.
38:15C'est vain de vouloir
38:17une Europe si l'Europe
38:19ne campe pas en sachant qu'elle est
38:21son identité, sur quel mur
38:23fondateur la construction repose.
38:25Plus généralement, sur les
38:27débuts du président Trump, vous dites
38:29qu'il y a à boire et à manger, mais est-ce qu'il n'y a pas des choses,
38:31selon vous, dont il faudrait s'inspirer ?
38:33On pourrait reprendre un exemple, je pense notamment
38:35à la politique qu'il mène sur les dépenses publiques.
38:37Là, il est en train de tailler à la hache avec monsieur
38:39Musk. Est-ce qu'en France, on pourrait faire
38:41ce genre de choses ?
38:43De toute façon, là encore, il y a la façon
38:45de le faire, mais
38:47aujourd'hui, on est au bout de leur cycle.
38:49Le budget était déjà difficile,
38:51mais je peux vous annoncer que
38:53le budget pour 2026 exigera
38:55beaucoup plus d'économies.
38:57La Cour des comptes vient de dire la semaine dernière
38:59que la dépense publique en France est
39:01hors de contrôle.
39:03Que fait votre gouvernement
39:05pour lutter contre ça ?
39:07Le gouvernement, déjà, il y a eu
39:09une cinquantaine de milliards,
39:11avec un partage entre les dépenses
39:13et la fiscalité. Trop de fiscalité,
39:15mais le budget, le Premier ministre
39:17l'a dit lui-même, il est perfectif,
39:19il n'était pas parfait. Bien. Ce que je peux
39:21vous dire, et c'est sur le sens de tout cela,
39:23c'est qu'aujourd'hui,
39:25on est en bout de cycle. Pourquoi ?
39:27Parce qu'en France, qu'est-ce qu'on a fait ?
39:29À chaque fois qu'on avait un problème, pour l'école,
39:31pour la santé, pour la justice
39:33ou autre, on y répondait avec de la subvention,
39:35avec de la dépense publique.
39:37Aujourd'hui, quand vous mettez toujours plus
39:39de subventions dans un système qui ne fonctionne pas,
39:41le CICSien fonctionne encore moins bien.
39:43Ce qu'il faudra pour améliorer les services
39:45publics. Les Français sont scandalisés. Pourquoi ?
39:47Parce qu'ils payent de plus en plus
39:49et qu'ils constatent que leurs services publics,
39:51ça marche de moins en moins. Eh bien, il faudra
39:53des réformes, débureaucratiser l'hôpital.
39:55Ce n'est pas normal qu'on ait
39:57le pays où il y ait le plus
39:59d'administrations administrantes.
40:01Voilà. À l'hôpital,
40:03il faut libérer ses postes pour des postes de soignants.
40:05Sur l'école, c'est la même chose.
40:07Il faudra revoir des méthodes. Il faudra
40:09profondément changer un certain nombre de choses,
40:11mieux former les maîtres
40:13et puis avoir de la transmission, comme je le disais,
40:15des savoirs fondamentaux.
40:17Revenir, pour ce qui me concerne,
40:19à des règles qui nous permettent de maîtriser
40:21nos frontières, de maîtriser celles
40:23et ceux qu'on souhaite ou non voir sur notre territoire.
40:25Bruno Retailleau, nous sommes le 16 février.
40:27Cela fait trois mois.
40:29Trois mois, jour pour jour, que l'écrivain franco-algérien
40:31Boalem Sansal a été arrêté par la
40:33police algérienne. Avez-vous des informations
40:35le concernant ? C'est votre ami.
40:37Il y a trois semaines, sur ce plateau
40:39Europe 1C News, vous demandiez au régime
40:41algérien un geste humanitaire.
40:43Avez-vous eu, ne serait-ce qu'une réponse ?
40:45Rien.
40:47J'ai de moins en moins d'informations
40:49sur Boalem.
40:51Il est âgé
40:53et il est malade.
40:55C'est un scandale qu'il ait été arrêté
40:57et qu'il soit détenu.
40:59Ce que je veux dire aujourd'hui,
41:01c'est que je déplore
41:03que la France ait eu
41:05aussi peu de réactions.
41:07Je suis la bête noire.
41:09Ma tête est mise à prix,
41:11si j'ose dire, au sens figuré,
41:13dans toutes les unes d'un certain
41:15nombre de journaux liés au régime.
41:17Qui m'a défendu ?
41:19Jean-Pierre Chevènement.
41:21Ce que je veux dire, surtout,
41:23c'est que nous devons défendre Boalem
41:25comme une cause humanitaire.
41:27Souvent, la France se targue d'être...
41:29Pour vous, le prix d'Orsay ne réagit pas assez suffisamment.
41:31Il faut prendre des sanctions contre l'Algérie ?
41:33Il faut prendre des mesures ?
41:35Je pense que le monde a changé.
41:37Il est menaçant.
41:39On peut le déplorer ou non.
41:41Mais je pense qu'aujourd'hui,
41:43cette idée du rapport de force,
41:45quand on ne souhaite pas l'utiliser,
41:47on se condamne à la faiblesse.
41:49La France n'en fait pas assez.
41:51Est-ce que le gouvernement n'en fait pas assez ?
41:53Est-ce que le kit d'Orsay n'en fait pas assez ?
41:55Est-ce que le gouvernement pourrait
41:57en faire davantage ou autrement ?
41:59Je pense qu'on devrait poser sur la table
42:01l'accord de 68, l'accord de 2007,
42:03les visas sur les diplomates.
42:05Je pense qu'on a aussi un certain nombre
42:07de réponses individuelles.
42:09Mais moi, je n'en peux plus.
42:11Je n'en peux plus parce que ça n'avance pas.
42:13Écoutez-moi.
42:15On ne peut pas se dire que le pays
42:17représentant les droits de l'homme
42:19est finalement laissé faire.
42:21C'est intolérable.
42:23Boalem est un homme âgé et malade
42:25mais surtout Boalem
42:27est aussi le représentant de la francophonie.
42:29Son dernier livre, vous connaissez ?
42:31C'est sur le français.
42:33Nous sommes une patrie littéraire.
42:35Chez nous, la langue, c'est ce qui lit la nation.
42:37La patrie littéraire,
42:39ça veut dire que nous sommes la nation
42:41qui avons eu le plus de prix Nobel
42:43de littérature.
42:45Et c'est à ce titre-là.
42:47En défendant le français,
42:49Boalem défend la France.
42:51Il défend la France en défendant le français.
42:53Et nous, que faisons-nous ?
42:55C'est une réponse éloquente et émouvante
42:57de Boalem Sansal avec raison.
42:59Et je repose la question parce qu'elle me semble importante.
43:01Est-ce que vous avez l'impression
43:03que cette cause que vous portez
43:05est portée aussi par les autres membres du gouvernement
43:07avec la même passion ?
43:09Parce que je me trompe peut-être
43:11mais j'ai l'impression que plusieurs sont très discrets
43:13alors que ça pourrait être aisément une cause nationale.
43:15Je pense qu'il y a une tradition
43:17et sans doute une pensée
43:19qui considère que plus on est discret,
43:21plus on obtient de résultats.
43:23Au-delà de la complaisance aussi, monsieur le ministre ?
43:25Non, au-delà de la complaisance.
43:27L'idée est d'obtenir des résultats.
43:29Moi je pense que fondamentalement
43:31on doit transformer notre relation avec l'Algérie.
43:33Le président de la République
43:35a beaucoup donné, il a beaucoup
43:37tenu la main pour quelques autres partis.
43:39Je ne les vois pas.
43:41Donc aujourd'hui, il faut changer de pied.
43:43C'est au président de changer de pied à vous entendre.
43:45Non, non.
43:47Il a changé de pied cet été le président.
43:49Il faut poser un rapport de force.
43:51Il faut poser un rapport de force.
43:53Seul le résultat compte.
43:55La discrétion, moi je veux bien,
43:57mais au bout de trois mois,
43:59cette discrétion a-t-elle payé ?
44:01Pour l'instant, elle n'a pas payé.
44:03Moi je prêche
44:05depuis des semaines
44:07pour qu'il y ait un rapport de force,
44:09des signaux qui sont envoyés.
44:11Avec François-Xavier Bellamy,
44:13il a porté il y a 15 jours
44:15au Parlement européen, et j'en ai parlé
44:17à Roberta Mazzola cette semaine à Strasbourg,
44:19je pense qu'il faudra aussi sortir du face-à-face
44:21France-Algérie, et que,
44:23puisqu'il y a un gros accord qui est en train
44:25de négocier en Europe,
44:27j'espère que les chefs d'État européens
44:29s'opposeront à ce qu'un accord européen
44:31soit conclu avec l'Algérie
44:33tant que Boilem, son salle, n'aura pas été libérée.
44:35Mais la dimension France-Algérie pourtant centrale,
44:37parce qu'on a le grand récit public,
44:39d'un côté la France qui chante
44:41l'amitié franco-algérienne,
44:43qui continue de la chanter, mais l'Algérie
44:45manifestement semble assez étrangère à ce récit.
44:47C'est-à-dire qu'elle se comporte aujourd'hui comme un régime
44:49hostile à la France.
44:51Ce n'est pas le peuple algérien.
44:53Vous avez raison.
44:55Prenons des choses très concrètes.
44:57Boilem, son salle, est emprisonné.
44:59Ensuite, le français éradiqué
45:01de l'école primaire au profit de l'anglais.
45:03Ensuite, vient d'être rabilité
45:05il y a un an et demi
45:07un couplet très anti-français
45:09dans la marseillaise algérienne.
45:11Par ailleurs, nos entreprises sont de plus en plus
45:13blacklistées de la commande publique
45:15en Algérie. Des appels d'offres.
45:17Qu'est-ce qu'il nous faut ? Qu'est-ce qu'on va perdre
45:19de plus ? Qu'est-ce qu'on va perdre de plus
45:21en disant à l'Algérie
45:23respectez-nous, parce qu'alors, on utilisera
45:25tous les moyens de souveraineté qui sont
45:27à notre disposition. Qu'est-ce qu'on
45:29perdrait de plus ? Et au niveau européen,
45:31l'accord dont vous parliez, qui est en négociation,
45:33il faut le suspendre, l'arrêter ? Il faut arrêter les
45:35discussions avec l'Algérie ? Je dis qu'au
45:37niveau européen, tant que Boilem, son salle,
45:39n'est pas relâché, l'Europe doit
45:41stopper les négociations sur
45:43cet accord Europe-Algérie.
45:45C'était le grand rendez-vous
45:47européen CNews-Les Echos de
45:49Bruno Retailleau. Merci beaucoup Bruno
45:51Retailleau d'avoir accepté notre invitation.
45:53Très bon dimanche à l'écoute d'Europe 1
45:55et de CNews.