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Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des Droits de l'Homme.

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Transcription
00:00C'est qu'on est espionné par nos assistants vocaux,
00:03en tout cas notre assistant vocal.
00:05Tout à fait, ce n'est pas seulement espionner, c'est enregistrer.
00:08Parce qu'il n'y a pas seulement l'écoute,
00:09mais il y a l'enregistrement et il y a même la diffusion
00:12puisque tous ces enregistrements sont envoyés pour être transcrits
00:17et il y a des salariés qui sont chargés de vérifier la transcription.
00:22Mais ça veut dire, pardon, juste pour qu'on comprenne bien,
00:25et quand on donne un ordre ou on a une demande à cet assistant vocal,
00:30ça enregistre ce qu'on est en train de lui dire et donc ça capte les données.
00:34Si par exemple vous dites, il faut appeler ou il faut envoyer un SMS
00:39à tel numéro ou à tel contact,
00:41ça va enregistrer et le contact et tout ce que vous dites.
00:46Mais ce qu'on a découvert grâce à M. Lebonia,
00:48qui est le lanceur d'alerte qui nous a saisis,
00:51on a découvert que c'était non seulement lorsque vous utilisez l'assistant vocal,
00:57mais également, on pense de façon aléatoire.
01:00En fait, on ne sait pas exactement, tout ce qu'on a,
01:02ce sont les captures d'écran que ce lanceur d'alerte
01:05qui travaillait pour un sous-traitant en Irlande d'Apple,
01:09il nous a fourni des preuves que les personnes ont été enregistrées à l'heure insue.
01:14C'est-à-dire pendant qu'on a une conversation.
01:17Donc ce qui voudrait dire que l'impression qu'on a tous eu,
01:21la sensation d'évoquer un sujet,
01:23je ne sais pas, on parlait d'une tondeuse à gazon avec sa famille ou ses amis,
01:26et quelques minutes plus tard, on a une pub ciblée sur une tondeuse à gazon.
01:30Alors ça, c'est encore autre chose parce qu'on se pose la question de
01:34ce pourquoi Apple enregistre autant de données.
01:38Parce qu'il y a à la fois les enregistrements des atteintes à la vie privée,
01:42puisque les personnes ne savent pas qu'elles sont enregistrées,
01:44surtout si ça se déclenche à l'heure insue.
01:46Mais en plus de ça, il y a effectivement les données personnelles qui sont aspirées
01:50et on se pose la question, à quelle fin ?
01:52Ça, on ne peut pas vous dire à quelle fin.
01:54On ne le sait pas aujourd'hui.
01:55Personnellement, je ne le sais pas.
01:56Et c'est la raison aussi pour laquelle nous saisissons
01:59la procureure du tribunal judiciaire de Paris
02:01pour pouvoir faire des investigations plus poussées.
02:03Alors, à l'origine de cette plainte,
02:06il y a donc, on en parlait, un lanceur d'alerte qui s'appelle Thomas Leboniac,
02:08ancien salarié de ce sous-traitant d'Apple.
02:11Qu'est-ce qu'il est arrivé ?
02:12Il vous a dit quoi ? Qu'est-ce qu'il a vu et qu'est-ce qu'il a entendu ?
02:14Il nous a dit qu'il avait été assez choqué
02:17parce qu'il y avait un grand nombre de transcriptions d'enregistrements
02:21puisque lui, il devait vérifier en écoutant,
02:23il devait vérifier que la transcription était exacte
02:25et il s'est rendu compte qu'il y avait un grand nombre
02:27qui était soit de la part d'enfants,
02:30alors que les enfants sont censés être beaucoup plus protégés,
02:32parce qu'on est quand même soumis au RGPD de l'Union européenne,
02:36dire le règlement pour la protection des données personnelles.
02:38Et les enfants sont censés être plus protégés.
02:41C'est pareil pour les données de santé
02:42qui sont considérées comme des données particulièrement sensibles.
02:46Or, il y avait des propos qui étaient tenus sur des grossesses,
02:50sur des maladies spécifiques.
02:53Et bon, déjà, il a été assez choqué de ça.
02:57Mais en plus de cela, il s'est rendu compte
02:59qu'il y avait même des moments intimes qui étaient enregistrés.
03:03Donc, a priori, les personnes n'étaient pas au courant.
03:05C'est ça.
03:06Et il faisait partie, si j'ai bien compris, d'un programme
03:08qui permettait d'améliorer la version de l'assistant virtuel.
03:14C'est ce que dit Apple,
03:16puisqu'il y a eu une action collective aux États-Unis.
03:20Et la réponse est de dire,
03:23nous avons fait, nous faisons ces enregistrements
03:26pour améliorer le service.
03:28Pour améliorer l'assistant et pour améliorer,
03:29davantage protéger la vie privée.
03:31Ça, c'est la réaction d'Apple.
03:33C'est paradoxal, puisqu'ils sont en train d'écouter.
03:36Donc, autrement dit, il y a des personnes
03:38qui violent l'intimité de notre vie privée
03:41et c'est pour améliorer la vie privée.
03:42Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
03:45Ce que dit Apple, en tout cas, ce que dit le co-créateur de Siri,
03:47qui s'appelle Luc Julia,
03:49il n'a plus de lien avec Apple depuis 2007.
03:51Il dit que selon lui, la firme n'a aucun intérêt
03:53à enregistrer ses conversations et en faire quelque chose,
03:57même si techniquement, ce serait possible.
03:58Il dit ça aussi.
03:59Donc, on parle de l'objectif et des buts.
04:03Mais ça, encore une fois, c'est la plainte
04:06pour saisir le procureur, la procureure,
04:08pour qu'il y ait une enquête effective.
04:10Donc ça, je n'en sais rien.
04:11Mais au-delà de la finalité,
04:13il y a de toute façon l'enregistrement à l'insu des personnes
04:15et ça, c'est une infraction.
04:17Et d'autre part, il y a du fait qu'on est protégé par le RGPD,
04:21la violation du RGPD, c'est-à-dire
04:23le fait qu'on n'ait pas donné notre consentement éclairé
04:26pour qu'il y ait cette aspiration des données personnelles.
04:28Eh bien, ça aussi, c'est une infraction.
04:30Ce sont deux délits.
04:32C'est pourquoi nous portons plainte.
04:33Et cette plainte, elle fait écho à une autre action
04:36qui a lieu, on l'évoquait, aux États-Unis.
04:38Des usagers accusés de la firme d'avoir enregistré,
04:40traité et conservé à leur insu
04:42leur conversation privée pendant dix ans.
04:45Hier, la justice devait se prononcer
04:47puisque Apple a proposé un accord
04:49à débloquer 95 millions de dollars pour empêcher la procédure.
04:54Pour qu'il y ait indemnisation.
04:56Bon, après, ce sera en fonction du nombre de personnes.
04:59C'est à peu près 20 dollars par personne.
05:00Ce n'est pas une somme importante,
05:02mais c'était pour que ça s'arrête aussi.
05:05Et en fait, toute la communication d'Apple consiste justement,
05:08vous l'avez dit, consiste à dire
05:10mais nous, nous essayons de protéger votre vie privée.
05:13Vos données ne sortent pas de cet appareil.
05:15Nous faisons en sorte, alors qu'en fait, ce n'est pas vrai.
05:17Ils sont en train d'aspirer ces données
05:20et de les envoyer, comme je vous disais,
05:21à des sous-traitants un peu partout.
05:24En tout cas, là, on connaît pour l'Irlande
05:26et peut-être qu'il y en a même en France.
05:27On n'en sait rien, en réalité.
05:29Mais tout cela, ça doit être déterminé par les investigations.
05:32On ne peut pas, à l'heure actuelle, on n'en sait rien.
05:34Donc la suite, vous attendez quoi ?
05:36Qu'il y ait des usagers aussi qui viennent,
05:37qui s'adressent à vous et qui se fédèrent autour des actions ?
05:41Alors ça, c'est encore autre chose.
05:44Mais en tout cas, qu'ils viennent vers nous
05:46parce que pour la protection des données personnelles,
05:49nous pouvons agir directement.
05:50En revanche, pour la violation de l'intimité à la vie privée,
05:54si on doit continuer, c'est-à-dire si le procureur
05:56ne déclenche pas lui-même des poursuites,
05:58nous, nous pourrons nous constituer partie civile.
06:00Mais à ce moment-là, il faut qu'il y ait l'accord
06:03au moins d'une victime pour qu'on puisse le faire.
06:05En fait, c'est une question de principe pour nous.
06:07Nous protégeons les données personnelles et la vie privée.
06:11Donc c'est une question de principe.
06:12Merci beaucoup, Nathalie Tailliau, d'être venue nous voir.
06:14Je pense que hier, Apple n'avait pas officiellement réagi
06:17à l'épaule de cette plainte.
06:18Merci beaucoup.
06:19Merci beaucoup.

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