Voici l'interview de Greg Crozier, champion du monde de parachutisme artistique. Il nous parle de sa passion dévorante et des sacrifices qu'il a dû faire pour arriver à pouvoir vivre de sa passion et arriver au sommet de son sport.
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00:00Je m'appelle Greg Crozier et je suis champion du monde de parachutisme artistique.
00:04Ça s'appelle le Freefly, on essaie d'utiliser l'appellation un peu française, c'est plus sympa.
00:08Il y a deux disciplines, donc soit le Freefly, c'est une équipe à trois, on voit deux personnes à l'écran,
00:13soit le Freestyle, c'est une équipe à deux et il y a une seule personne à l'écran.
00:16J'insiste pour dire équipe à trois ou équipe à deux parce que le videoman fait vraiment partie intégrante de l'équipe.
00:22Alors notre équipe qui s'appelle Airwax, elle est composée de trois personnes, donc il y a deux performeurs et un videoman.
00:28Comment ça fonctionne du coup les sauts en Freefly ?
00:30On va créer un saut à trois du coup, on va prendre le temps d'en discuter, on va essayer de mettre un petit peu de tout dedans.
00:35Donc c'est bien d'avoir du vol synchro, deux personnes qui font plus ou moins les mêmes choses.
00:39Je vais me prendre la comparaison à chaque fois avec la patrouille de France par exemple,
00:42donc des vols très serrés avec un maximum de vitesse.
00:44C'est bien aussi d'avoir des constructions, donc là on peut tenir la jambe ou faire un tête-tête,
00:49faire toutes sortes de constructions, c'est très joli aussi à faire.
00:52C'est sympa d'ailleurs de les faire en sortie d'avion ou à la fin du saut.
00:56Et puis aussi après il y a des mouvements à trois, donc là souvent on appelle ça des eagles, passer dessus-dessous.
01:02Donc là on va faire des tricks et pour finir il y a même du vol d'angle,
01:06donc on peut même partir sur des déplacements à 45 degrés.
01:09Donc voilà, on va prendre un petit peu tout ce qu'on aime bien parce qu'après chaque équipe aime avoir sa couleur, son style,
01:14mais on essaye de montrer qu'on sait faire un petit peu de tout.
01:17Et un saut ça dure 45 secondes, alors depuis peu les juges sont passés à 42 secondes,
01:24mais en tout cas de mon temps c'était 45, donc le chrono se déclenche au moment où l'équipe lâche la porte de l'avion.
01:30Donc il faut vraiment maîtriser ce timing-là, c'est beaucoup de répétition au sol, c'est de la musique, ça devient de la musique.
01:37Aujourd'hui c'est vraiment Tom Cruise qui représente bien ça, je dois dire qu'en tant que para c'est dingue,
01:43à chaque fois c'est très réaliste, c'est génial, c'est des vraies scènes de chute libre en plus,
01:47c'est pas des fonds verts, donc merci Tom Cruise.
01:50Je cite à chaque fois évidemment Point Break, mais il y avait aussi Terminal Velocity, il y avait Cutaway,
01:56il y avait beaucoup de films comme ça qui intégraient des scènes complètement dingues de chute libre.
02:01Et moi à 12-13 ans, je voyais ça et c'était bon, je savais que ça ferait partie de ma vie,
02:06je savais que dès que j'allais avoir 16 ans j'allais me former pour faire ça.
02:10Je savais pas encore si je deviendrais moniteur ou compétiteur, ça m'intéressait pas à ce moment-là,
02:15mais je voulais être parajoué, c'était sûr.
02:18Ça reste juste un sac à dos, alors il est très bien pli, mais on a un sac à dos, pouf, on le met,
02:22et puis avec ça c'est génial, on peut voler dans le ciel, se poser en sécurité,
02:26faire ça autant de fois qu'on veut, je trouvais ça dingue, donc je voulais acquérir cette compétence.
02:31Mon premier saut ? Ah ouais !
02:33Alors quand j'ai voulu faire ma formation, à l'époque c'était plus facile,
02:38ça coûtait beaucoup moins cher de faire la formation saut en automatique.
02:41Donc là on monte juste à 1000 mètres, et en fait c'est notre éloignement avec l'avion
02:44qui va déclencher la sortie de la voile.
02:47C'était la formation la moins chère, donc je me suis dit, ça sera ça, clairement,
02:51parce qu'à 16 ans on n'a pas beaucoup d'argent.
02:52Mes parents concénaient pas forcément non plus que j'ai cette idée un petit peu folle d'aller faire du para.
02:57Je passe toute la théorie évidemment, et on n'a pas pu le faire le soir même,
03:01mais le lendemain matin, on s'est équipés et on partait pour notre premier saut.
03:05Donc c'était un petit Cessna 185.
03:08C'est une porte qui vient s'ouvrir en se rabattant contre l'aile comme ça d'un coup,
03:11c'est pas une porte qui s'ouvre conventionnellement comme on peut avoir sur terre.
03:16Donc dès qu'on vient effleurer la poignée, paf, elle se plaque contre l'aile.
03:19D'un coup on a un visuel sur la roue qui tourne dans le vide,
03:22et surtout c'est à côté, c'est en face du pilote,
03:25donc le moniteur il peut même pas vous accompagner jusqu'au bout,
03:29et il est obligé de rester derrière le pilote.
03:31Et là vous êtes vraiment seul au monde.
03:33Vous avez vraiment le temps encore plus que d'habitude de dire, mais qu'est-ce que je fous là ?
03:37Et donc là c'était ça les premiers sauts en automatique.
03:40C'était bien et on était à 1000 mètres de hauteur.
03:42Aujourd'hui si vous allez vivre une expérience d'initiation,
03:46alors ce sera souvent à 90% du temps le saut en tandem,
03:51parce que là il y a juste un quart d'heure de briefing,
03:53vous êtes accroché à un moniteur qui fait 8 à 10 sauts par jour,
03:56donc là c'est très rodé, c'est très facile.
03:58Après si c'est la PAC, vous êtes directement à 4000 mètres,
04:01alors que nous on a dû faire à l'époque 1000 mètres,
04:03après 1500, après 2000, après 2500.
04:06Il a fallu franchir toutes les étapes avec compter jusqu'à 10 et ouvrir son parachute,
04:11après compter jusqu'à 20 et ouvrir son parachute.
04:13Donc ça, ça n'existe plus vraiment, sauf si vous voulez le faire.
04:15Donc il y a une prise en charge constante.
04:18Et voilà, vous découvrez directement la chute libre avec le timing de chute libre qu'on vit tous,
04:22c'est-à-dire presque une minute de chute libre.
04:24On a entre 45, 50, 55 secondes de chute libre.
04:27Donc c'est un tour entier de cadran, donc c'est long.
04:32Et voilà, on ouvre le parachute à la fin du saut
04:34et après, on a une prise en charge de la personne qui est au seul.
04:37Voilà, ça va bien, c'était bien, super saut, et bien tu vas faire tel circuit.
04:40Et quand je dis la PAC, en fait je veux dire la progression assistée en chute ou accompagnée en chute.
04:46Moi j'avais pris le choix de me mettre dans cette situation-là, de me dire ok,
04:49je vais faire ça un peu d'une façon militaire
04:51et je vais faire le choix d'avoir à vivre un peu moins d'émotions.
04:55Donc je m'étais fermé un petit peu à ça.
04:57Donc intérieurement, bien sûr, vraiment à l'intérieur, à l'intérieur,
04:59j'étais là, c'est trop bien, ça y est, c'est parti.
05:01Le compteur est lancé, premier saut, et puis bientôt il y aura le deuxième, troisième, etc.
05:05Mais j'avais mis un bouclier dessus en me disant, reste concentré, hyper concentré,
05:10on verra quand t'auras 10 sauts, 50 sauts.
05:13Donc on apprend à plavant déjà, à sauter à deux, puis à trois, puis à quatre,
05:17et puis faire des constructions plus ou moins élaborées.
05:20Ça demande déjà la maîtrise des inerties, la gestion des niveaux,
05:24ça prend déjà du temps en fait, et on se fait avoir plusieurs fois parce que
05:27on va sauter quelqu'un qui est un peu plus lourd, qui est un peu plus léger,
05:30et voilà, on se fait avoir sur des trucs un petit peu comme ça évidents,
05:33mais on arrive vite, à mon sens, à 500 sauts pour avoir
05:37une petite expérience de savoir un peu tout faire.
05:39Pas forcément un niveau de compétiteur, mais ça y est, on sait un petit peu tout faire,
05:43on a une bonne expérience, souvent on a une voile d'ailleurs qui commence à être un petit peu sportive,
05:46et de toute façon, la Fédération Française de Parachutisme a prévu
05:50de prendre les gens qui souhaitent rentrer dans le cycle des moniteurs à 1000 sauts.
05:55On a fait le choix de ne pas être moniteur justement des soixantaines d'initiation ou de la fameuse PAC,
06:03mais de se concentrer à faire que justement les disciplines artistiques,
06:07parce qu'on s'est lancé justement dans la compétition,
06:09et on a vite compris que pour passer un cran au-dessus, il fallait passer plus de temps à faire ça,
06:15il fallait même consacrer tout son temps idéalement à faire ça.
06:18Si on a des prétentions à faire des podiums à l'international,
06:21il faut vraiment mettre un maximum de choses dans l'entraînement,
06:25même de l'hygiène alimentaire, du coaching mental,
06:27prendre le temps de courir régulièrement, peut-être d'aller aussi dans des salles de sport de temps en temps
06:32pour faire justement un petit peu de tout.
06:33Ce sport-là, en tout cas, si on ne veut pas le pratiquer à haut niveau,
06:36tout le monde peut le faire sans problème.
06:38Il n'y a pas besoin d'avoir des compétences physiques très poussées pour faire du parachutisme d'une façon conventionnelle,
06:43c'est juste pour faire du haut niveau.
06:44Dans le ciel, on a tendance à l'oublier, mais on a tous 10, 12 kilos de matériel en plus.
06:50Et par contre, ça ne change pas, le ratio, on fait tous entre 1m60 et 1m80, la plupart des gens.
06:56Par contre, d'avoir 10, 12 kilos en plus, ça accélère énormément.
06:59Donc on est rapidement à 200 km heure en vol à plat dans le ciel
07:04et on va être entre 240 et 280 sur le vol freefly.
07:10On ne reste pas complètement droit en magazine de la vitesse.
07:13Là, on pourrait monter à 350 si on veut, mais ce n'est pas le but.
07:16On alterne justement avec plein de postures.
07:18Et en soufflerie, par contre, on va facilement voler avec 20 ou 30 km heure de moins.
07:22On n'a plus le parachute, on est plus léger.
07:25En plus, on est dans les couches atmosphériques un peu plus denses, donc ça vole facilement.
07:30Je voulais revenir aussi sur une image que les gens ont de ce parachute qui monte dans le ciel.
07:36On a souvent ça en résultat vidéo.
07:40C'est-à-dire qu'on voit d'un coup les ouvertures justement des gens qui font un baptême.
07:44C'est l'ensemble pilote tandem plus passager qui remonte d'un coup dans le ciel.
07:49C'est parce qu'en fait, le vidéomane reste en chute libre.
07:51Donc en fait, il y a juste un vol à 200 km heure qui décélère pour passer à un vol à 30 km heure.
07:57Mais comme il est filmé par quelqu'un qui reste lui à 200 km heure,
07:59on a l'impression d'une très, très forte décélération, voire même d'un arrêt net alors que non.
08:04En fait, si vous arrivez à 130 sur un péage et que vous faites un freinage pour arriver à 30 km heure
08:10sur seulement 300 mètres, on va dire, une bonne décélération, c'est ça, ni plus ni moins.
08:15C'est juste une forte décélération, mais il n'y a pas de choc brutal.
08:18Avec mes coéquipiers, on a gagné en 2012 une Coupe du Monde
08:21et on a gagné en 2018 le Championnat du Monde.
08:23Ma coéquipière Karine Joly et mon vidéomane, c'est Baptiste Welch.
08:27Donc lui, il est chef moniteur maintenant dans une soufflerie.
08:30En 2012, en fait, il y avait une équipe russe beaucoup plus forte que nous, plus ancienne, plus entraînée.
08:36On a sept sauts à présenter pendant une compétition.
08:39Ils ont commis sur leur cinquième saut une grosse erreur,
08:41mais vraiment une grosse erreur qui leur a fait perdre un tiers des points.
08:44Et en fait, on est passé devant, mais à peine.
08:46Et du coup, sur les deux derniers sauts, le saut numéro 6 et numéro 7,
08:50ça les a un petit peu émotionnellement atteints.
08:52Ils auraient pu encore remonter, mais du coup, ils étaient un peu trop tristes
08:55d'avoir fait cette grosse boulette et on est passé devant.
08:56C'était cette chance-là d'être costaud aussi mentalement pour nous,
09:00mais d'avoir eu la chance d'avoir une erreur en face de nous, de quelqu'un de plus fort.
09:04Et en 2018, là, par contre, on s'était vraiment beaucoup plus d'expérience.
09:09On voulait vraiment gagner.
09:11On avait vraiment mis le tout pour le tout.
09:12C'est-à-dire que le choix de notre première figure était vraiment très, très dangereux.
09:17Alors, pas physiquement, mais très dangereux au niveau stratégiquement,
09:20parce qu'en fait, cette figure-là qu'on présente au tout début de saut,
09:24si elle ne marche pas, on ne peut pas la récupérer.
09:26Donc, en fait, on fait une roue avec Karine.
09:29Moi, je lui tiens le sac.
09:30Donc moi, je fais vraiment, je suis filmé en plus latéralement
09:33pendant que Baptiste réalise un tonneau.
09:35Donc, on a vraiment l'impression que je suis en train de faire une roue dans le ciel.
09:37Karine, elle fait un compas horizontal dans lequel elle tourne.
09:40Et une fois qu'on a fini cette roue,
09:42moi, je viens mettre ma tête en tête en bas, en équilibre sur son parachute.
09:46Au seul endroit d'ailleurs où je peux le faire sur le parachute,
09:48c'est-à-dire entre le parachute principal et le parachute de secours,
09:51il y a un petit endroit un peu plus soft.
09:53Donc, je m'étais entraîné des heures à bien comprendre la taille
09:58et à la maîtriser parfaitement de son parachute à elle.
10:01Et donc, là, je suis en équilibre sur son dos,
10:03mais je n'ai plus vraiment de vent.
10:04Je n'ai plus beaucoup de vent, je suis vraiment en équilibre sur la tête.
10:08Et en fait, ça, si ça ne marche pas,
10:10comme moi, je suis en position très, très lourde d'accélération
10:12et elle en position à plat, très freinée.
10:15Et les fois d'ailleurs où ça a raté, parce qu'évidemment, au début, ça a raté,
10:17on se sépare violemment et c'est fini.
10:20Parce que là, du coup, il y en a un, voire deux qui sortent de l'écran.
10:24Et à savoir qu'on prend des fois des 0.3 de pénalité
10:26quand il y a une main ou un pied qui est coupé de l'écran.
10:29Alors là, il y en a un ou deux qui sortent de l'écran.
10:31Même le podium, c'est terminé.
10:33Donc, on avait fait ce choix-là de tenter le tout pour le tout.
10:37Et puis, on s'est entraîné comme des malades et ça a marché.
10:40Les juges, du coup, vont attendre cette fameuse vidéo
10:42qui va être ramenée par le vidéomane.
10:44Donc, ils vont attribuer une note technique et une note artistique
10:49sur les sept sauts qui vont être réalisés.
10:51À chaque fois qu'il y a une manche,
10:52ils vont installer dans l'avion le numéro de la manche.
10:55Et nous, il faut qu'on présente le nom de l'équipe à chaque fois
10:58et que le vidéomane filme le numéro de la manche qui est installé dans l'avion.
11:01Il n'a plus le droit de couper la vidéo
11:03jusqu'à ce qu'on soit posé,
11:05pour justement qu'on soit sûr que ce ne soit pas un saut d'entraînement
11:08ou un saut qui est réalisé à un autre moment.
11:09Il faut vraiment bien maîtriser ses sauts pour faire le moins d'erreurs possibles.
11:12Et sur les sept sauts, en fait,
11:14on va avoir cinq fois l'opportunité de présenter le saut libre
11:17justement qu'on a créé, qui du coup appartient à chaque équipe.
11:20Chaque équipe va créer son propre saut.
11:22Et il y a deux sauts d'un posé.
11:24Et ils ont été mis à des endroits très stratégiques dans la compétition.
11:28C'est le saut numéro 2 et le saut numéro 5.
11:30Le fameux saut que les Russes avaient raté en 2012.
11:33Et donc là, il y a quatre figures
11:36qui sont choisies par les juges.
11:39Et toutes les équipes doivent réaliser ces mêmes figures.
11:42Donc c'est une façon pour les juges
11:44de vraiment constater quelles sont les équipes
11:46les plus techniques et les plus compétentes.
11:49Et ça fait à la fin une moyenne sur six ou sept sauts.
11:52Sinon, dès qu'on sort du contexte parachutisme conventionnel,
11:55c'est-à-dire quand on doit faire des sauts de nuit,
11:57quand on doit faire des sauts sous oxygène
11:59ou des sauts très très nombreux,
12:01comme pour les records du monde quand on est 200.
12:04Ouais, ça fait bizarre.
12:06C'est une flotte de huit ou neuf avions
12:08pour le record du monde à Chicago.
12:10Et quand on sort, on découvre,
12:12c'est comme une volée d'oiseaux,
12:14ça fait un V dans le ciel.
12:15On a un visuel de quelques secondes où on voit
12:17ces huit ou neuf avions qui sont en train de s'éloigner dans le ciel
12:21et qui sont en train de déverser les 200 personnes
12:23et tout le monde en train de venir au même endroit.
12:26Et on était tous, pendant 50 minutes,
12:28assis à ne pas bouger pour ne pas gaspiller de l'air,
12:34tous sous oxygène.
12:35Ouais, ça, ça fait un petit peu peur.
12:37Mais sinon, voilà, ce n'est pas un sport,
12:40volontairement, je veux rassurer les gens,
12:42ce n'est pas un sport où on est censé se faire peur.
12:44Et la question qui reste, qui demeure évidemment et qui est naturelle,
12:48c'est si le parachute ne s'ouvre pas.
12:50Donc ça, ça n'est pas possible, heureusement.
12:53C'est-à-dire que nous, on a un petit parachute qui vient tirer le grand,
12:56donc il n'y a rien qui peut faire que ça ne se produise pas.
13:00C'est comme si je vous demandais,
13:01vous n'avez pas peur que quand vous appuyez sur les pédales de frein,
13:04il n'y a plus de frein ?
13:04Ben non, parce que tout a été doublé, triplé dans la mécanique,
13:07ça ne peut pas se produire.
13:09C'est un peu la même chose.
13:09Nous, ça va forcément s'ouvrir.
13:11Voilà, ce n'est pas un sport où on est censé avoir peur, en tout cas.
13:13L'accidentologie française et même européenne est très faible
13:17parce que justement, tout le monde a voulu réguler son sport le plus possible.
13:20Toutes les fédérations européennes ont fait en sorte
13:22d'avoir des brevets et puis des surveillances aussi
13:26pour que justement, cette espèce de bienveillance,
13:28pour que personne ne se fasse mal, ce n'est pas le but.
13:30Après, il y a les gens qui ont un assez haut niveau,
13:33qui peuvent quand même, avec du matériel un peu pointu,
13:36il y a quand même encore des accidents.
13:38C'est-à-dire que c'est comme les gens qui achètent des motos un peu sportives,
13:42il y a une phase un peu sensible au début
13:43où quand on arrive sur ce genre de matériel,
13:45il faut vraiment déjà faire très attention pendant longtemps,
13:49pendant l'utilisation de ce matériel-là
13:51et puis avoir toujours une petite veille à se dire
13:53« Ouais, j'ai quand même un matériel pointu,
13:55même si je m'y suis habitué, il faut faire attention. »
13:57Donc, les accidents qu'il peut y avoir aujourd'hui, c'est ça.
14:00C'est l'utilisation de matériel de pointe.
14:01Une fois, on a été invité à faire des sauts sur une plage au Kenya.
14:05Donc, c'était absolument incroyable.
14:08Et à la fin de ce stage, c'était un stage de cinq jours,
14:11il y a un monsieur qui arrive qu'on n'avait pas vu de la semaine,
14:12qui ne pouvait venir que le vendredi.
14:15Et vraiment, en plus, il vient pour le dernier saut
14:17et l'organisateur nous dit « C'est bon, je le connais,
14:19essayez de le prendre pour le dernier saut. »
14:21Et Karine avait déjà fait le briefing du saut,
14:24donc elle n'aime pas du tout quand quelqu'un arrive en dernière minute
14:26parce que justement, ça ne correspond pas aux marges de sécurité.
14:30Et puis, il nous dit « Mais ça serait sympa, machin et tout. »
14:32« Ah bon, d'accord. »
14:33Alors, on lui dit « Écoute, on va te faire un briefing un peu en accéléré,
14:35fais vraiment attention parce que là, on veut que tout se passe bien évidemment, tout ça. »
14:38Et il a fait évidemment super gaffe.
14:41Il s'est posé, il était aux anges
14:42parce que du coup, il a pu faire au moins un saut avec nous.
14:44Et il vient nous voir, mais vraiment, mais super heureux.
14:47Il nous dit « Alors, il faut que je vous dise,
14:49je voulais à tout prix sauter avec vous parce que je sais que vous êtes les champions du monde et tout ça.
14:52Et je voulais vous rencontrer.
14:53Et merci de m'avoir pris en plus dans votre saut, c'était génial. »
14:56Moi, il se trouve que je viens enfin d'avoir les autorisations
14:59pour sauter au-dessus des pyramides d'Egypte parce que je suis égyptien.
15:03Je suis à la Fédération égyptienne de parachutisme
15:05et j'aimerais vous inviter à sauter sur les pyramides.
15:07Et nous, on a dit « Il est sérieux ou quoi ?
15:09C'est possible de faire un truc comme ça ? »
15:11Alors, on a évidemment tout de suite, sans se concerter avec Karine,
15:15on a tout de suite dit « Bah oui, merci, ce serait incroyable. »
15:17Mais on n'y croyait pas.
15:18Et puis en fait, oui, six mois après, on avait les autorisations,
15:20enfin on avait les invitations officielles.
15:22On y est allé maintenant, on l'a fait cinq fois cette manip.
15:26On est allé cinq fois échanger avec du coup aussi l'armée égyptienne
15:30parce que c'est une manip qui se passe aussi avec le concours de l'armée.
15:34Ça reste un gouvernement militaire.
15:36Mais du coup, on fait ça maintenant régulièrement.
15:38On va avec eux et c'est un honneur incroyable,
15:42un privilège incroyable de pouvoir sauter sur les pyramides d'Egypte.
15:45J'espère que vous aurez la curiosité d'aller voir.
15:47On a eu la chance de sauter en Indonésie et en Polynésie.
15:50C'était il y a très longtemps.
15:52Et en fait, récemment, on a un ami qui est arrivé à nous faire sauter
15:57sur un archipel, Los Roques, au Venezuela.
16:00Et je ne connaissais pas, moi, avant.
16:02Et on est arrivé, on a vu le site.
16:04Et si vous êtes curieux, vous allez voir Los Roques au Venezuela,
16:06vous allez halluciner.
16:08Et on a dit, mais en fait, c'est presque aussi beau,
16:11voire plus beau que la Polynésie.
16:13Donc, c'est vraiment, je pense que la planète est remplie d'endroits de dingue.
16:17J'ai toujours vu les Bahamas, les images satellites.
16:20Je n'y suis jamais allé, mais j'imagine que c'est dingue aussi.
16:22Alors aujourd'hui, quelles sont quand même les deux façons
16:24pour expliquer plus concrètement de vivre du parachutisme ?
16:28Soit vous devenez justement moniteur PAC, tandem,
16:32et ou, parce que vous pouvez faire vos pouvoirs de compétences,
16:35c'est même bien de passer la qualification, justement,
16:37des pliages des parachutes de secours.
16:39Ça, c'est fait une fois par an par les gens qui ont fait ce stage-là de formation,
16:42qui est très pointu.
16:43Donc, si vous avez toutes ces casquettes-là,
16:45vous vivez bien du parachutisme et c'est vraiment moniteur.
16:49Et sinon, si vous faites le choix, comme nous,
16:51de faire plutôt la compétition et des démonstrations,
16:54dans ce cas-là, il faut passer les compétences moniteurs en soufflerie.
16:58Donc, en tout cas, c'est les deux schémas qu'on retrouve le plus
17:00dans le parachutisme sportif aujourd'hui,
17:02c'est ceux qui ont fait moniteur
17:04et ceux qui font l'alternance soufflerie et parachutisme sportif.
17:09En fait, je me suis épanoui dans ce sport
17:13grâce aux valeurs que ce sport véhicule et grâce à cette communauté.
17:17C'est pour ça que je trouve ça dingue, ce sport,
17:19et que plus je le pratique, plus ces émotions la montent,
17:25parce que c'est très soudé déjà.
17:28Je vais commencer par la communauté.
17:30La communauté parachutiste, elle est incroyable dans le monde entier.
17:33On est sans arrêt en train de faire preuve,
17:36à des échelles plus ou moins grandes, de courage,
17:38parce qu'il faut sortir de la zone de confort,
17:40il faut se faire confiance et du coup, il faut du courage.
17:42Et en fait, c'est un cercle virtueux, j'ai envie de dire,
17:45et qui n'arrête pas normalement de progresser
17:47pendant toute sa carrière parachutiste.
17:49Tant qu'on faisait la chance, comme moi, de bientôt arriver à 10 000 sauts,
17:53moi, c'est pour cette année, j'arrive enfin à 10 000 sauts,
17:56vous avez tout ça qui est devenu une énorme boule de bienveillance,
18:01de sortie de zone de confort, de courage, de confiance,
18:05de réseau, de bienveillance, de tout ça.
18:07Il y a quand même un coût, effectivement, à la pratique du parachutisme.
18:09Après, quand on va faire le parallèle avec plein d'autres sports,
18:12on est surpris de constater qu'il n'est pas si élevé que ça finalement.
18:15Alors, un saut en tandem, normalement, on est vers les 250 euros.
18:19Et une formation pour faire justement la PAC, on est sur du 1200 euros.
18:24Donc là, c'est les deux grosses valeurs qui vont faire peur.
18:27Waouh, ça coûte cher.
18:28Par contre, une fois qu'on a franchi cette étape,
18:32on va payer que sa place dans l'avion.
18:34Ça y est, on est formé.
18:35Donc, si on doit louer un parachute, c'est entre 8 et 10 euros.
18:38Et puis, un jour, on va acheter son propre parachute,
18:41c'est 2 000 euros d'occasion, mais c'est pour plus tard.
18:44Mais en tout cas, à coût de 8 ou 10 euros, on peut louer un parachute.
18:47Et la place dans l'avion, c'est entre 25 et 30 euros.
18:49Donc, ça ne coûte pas si cher que ça.
18:52Si vous prévoyez de faire, on va dire, 10 sauts par an,
18:56parce que c'est déjà bien.
18:57Moi, c'est ce que je faisais quand j'avais 16-17 ans.
19:00Je faisais 10-15 sauts par an parce que c'était compliqué de payer plus.
19:03Finalement, c'est le prix d'un tandem qu'on va répercuter à l'année.
19:07Il y a beaucoup de structures.
19:08On a entre 60 et 100 structures selon si on prend juste les sportifs ou même les parapro.
19:14Donc, une centaine d'endroits en France où on peut faire du parachutisme, c'est beaucoup.
19:17Allez sur Google et vous tapez parachutisme.
19:19Vous verrez, il y a forcément une structure pas loin de chez vous.
19:22Et puis, allez une après-midi boire un café, voir ces gens-là qui font des allers-retours,
19:25voir ces grands smiles avec lesquels tout le monde revient.
19:29Et puis, vous verrez qu'il y a tous les âges, qu'il y a toutes les morphologies, il y a tout le monde.
19:33Allez parler avec les gens, dites-leur que vous avez un peu peur.
19:36Osez partager ça, ils vont vous rassurer tout de suite.
19:38Et vous serez dans un avion en un rien de temps.