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Le plus âgé, Jean Augustin Jean-Baptiste, 71 ans, était poursuivi devant le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre pour sévices graves ou acte de cruauté envers un animal domestique, en l’occurrence un chat, ayant entrainé la mort de ce dernier. Le plus jeune, Ruben Guersaint, 22 ans, pour avoir filmé et diffuser largement la vidéo sur les réseaux sociaux. Les deux prévenus ont été respectivement condamnés hier (mercredi 19 février 2025) à dix mois et six mois d'emprisonnement. Deux peines aménagées en détention à domicile sous surveillance électronique. Compte rendu d’audience de -Richard GARNIER-.

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Transcription
00:00Le président américain Donald Trump avait fait scandale en affirmant qu'à Springfield les haïtiens mangent des chats et des chiens.
00:11Une communauté malheureusement stigmatisée une nouvelle fois, alors qu'elle n'a pourtant pas l'habitude de se faire remarquer de la sorte,
00:17car ce mercredi 19 février, devant le tribunal correctionnel Pointoua, c'est l'un de ses membres, Jean-Augustin Jean-Baptiste, 71 ans, né en Haïti,
00:25mais vivant au Guadeloupe de façon régulière depuis les années 80, qui était poursuivi pour services graves ou actes de cruauté envers un animal domestique,
00:33en l'occurrence un chat, apprivoisé ou captif, ayant entraîné la mort de ce dernier.
00:38Tout débute le 27 janvier, lorsque le commissariat central reçoit un signalement d'une association de défense des animaux qui dénonce des actes de cruauté commis sur un chat,
00:48en vue de le préparer et de le manger.
00:50Plusieurs vidéos avaient d'ailleurs été diffusées sur Snapchat et ont été projetées dans la salle d'audience à l'occasion de ce procès.
00:56Pour ces images insoutenables et devenues virales sur les réseaux, Ruben Gersin, Guadeloupéen de 22 ans et voisin de son co-prévenu,
01:04est élu poursuivi pour diffusion de ces séquences de torture de l'animal.
01:08L'auteur principal des faits, limité intellectuellement, n'a exprimé aucun remords, expliquant en créole, je le cite,
01:14« En Haïti, nous en mangeons, mais je ne savais pas que cela ne se faisait pas ici. »
01:18Pour l'avocate de la partie civile représentant l'association Lille des Quatre-Pattes, maître Nabila Belaidouni,
01:24la question était bien ailleurs et non dans la consommation ou non de cet animal.
01:29Effectivement, l'avocate de la défense a tenté de déporter le débat en voulant nous faire croire que le sujet était celui de « on a le droit de manger un chat ».
01:39Ce n'était absolument pas ça. On a le droit, effectivement, de manger un chat. Mais ce qui est interdit, c'est de torturer un chat.
01:44Comme c'était le cas en espèce, c'était quand même assez singulier. Vous vous dites pourquoi ?
01:47Parce qu'il a été diffusé une vidéo où on voit un chat qui se fait torturer pendant près de trois minutes,
01:53un chat auquel on porte des coups de marteau sur la tête, qui est encore vivant, qui se débat.
01:58Pourtant, le tortionnière, le mis en cause, va ensuite l'ébouillanter et il va ensuite tenter de le dépecer alors qu'il est encore vivant.
02:06Donc je suis satisfaite de la décision du tribunal qui est d'une sévérité certaine, compte tenu de l'âge du prévenu,
02:12mais qui montre justement que la cause animale est prise en compte aujourd'hui.
02:16C'est un message fort qui est envoyé pour tous ceux qui seraient tentés, en Guadeloupe, de porter atteinte à la cause animale.
02:21Certains vous diraient qu'on l'a su parce que ça a été filmé et diffusé. On ne l'aurait peut-être pas su, il n'y aurait jamais eu de ces témoins.
02:29Évidemment, évidemment. Et j'ai envie de dire que quand on est témoin de cruauté animale, de maltraitance, il faut le signaler.
02:37Le gouvernement m'a mis en place des plateformes de signalement. J'ai moi-même fait un signalement quand les associations m'ont contacté.
02:42J'ai fait un signalement sur Internet. Et après quoi, le commissariat de Pointe-à-Pitre m'a contacté pour ensuite démarrer une enquête.
02:49Donc il est important d'être vigilant et de signaler des actes et non pas, comme ça a été le cas dans cette affaire, de les filmer, de ricaner.
02:56Parce qu'on a un individu qui filme la vidéo, qui ricane et qui ensuite diffuse sur Snapchat.
03:01On n'est pas sûr que ça ne soit pas des rires rajoutés sur Snapchat, puisque c'est comme ça que ça fonctionne.
03:06Oui, c'est ce qu'il y a par la défense. Mais en tout cas, cet individu a diffusé sur Snapchat, mais n'a pas signalé aux autorités ce cas de maltraitance.
03:13Oui, parce que pour vous, bien évidemment, à la vue des images, elles sont insoutenables.
03:17Les images sont insoutenables. On a un chat qui hurle pendant 2 minutes 30, qui hurle à la mort.
03:22Et on a de l'autre côté un prévenu qui est complètement impassible, qui est complètement déconnecté de la souffrance animale
03:29et dont on a l'impression, et le président l'a dit lors du délibéré, qu'il n'a pas pris conscience.
03:34C'est ça qui est un petit peu désespérant et dramatique, qu'il n'a pas pris conscience qu'il faisait souffrir l'animal.
03:40Du côté de la défense, maître Annick Martial a plaidé le fait qu'il n'existait pas de code expliquant comment tuer un tel animal.
03:47Je dirais simplement qu'il est important de constater qu'on reproche d'avoir fait preuve de cruauté à cet homme
03:56par rapport au fait qu'il en est arrivé à ce que ce chat ait éprouvé, en tout cas selon ce qui lui est reproché,
04:03de la douleur avant son trépas. Simplement, forcer de constater aujourd'hui que nous n'avons pas de modus operandi qui ait été sacralisé,
04:16disant de quelle manière il faut en arriver à ce qu'un animal puisse passer de vie à trépas dans un but alimentaire.
04:24Nous n'avons pas de code particulier qui le dise. Est-ce qu'il faut utiliser un couteau ? Est-ce qu'il faut utiliser d'autres types d'ustensiles ?
04:34Est-ce que faire de telle ou telle manière est quelque chose de cruel ? C'est une appréciation qui est personnelle.
04:41Et c'est vrai qu'aujourd'hui, dire qu'un individu a fait preuve de cruauté pour pouvoir tuer un animal qu'il est censé ingérer,
04:49c'est se dire, et c'est raisonner non pas sur de l'abstrait, mais véritablement sur du concret, et dire que telle ou telle méthode utilisée
04:58viole la méthode qui est communément admise. Et la méthode communément admise, aujourd'hui, n'existe pas.
05:05Oui, mais sur les vidéos qui ont circulé, on entend quand même les gémissements longs du chat pendant de nombreuses minutes.
05:12Il est clair qu'un animal qui meurt, et je dirais tout être vivant qui passe de vie à trépas, émet des cris.
05:21Naturellement, dès que nous souffrons, dès que nous sommes blessés, sans pour cela que nous en arrivions à mourir, il y a nécessairement des cris de douleur.
05:31Est-ce que le simple fait d'entendre le chat dans sa manière de s'éteindre, est-ce que c'est ça la cruauté ?
05:41C'est en tout cas ce qu'il lui est reproché.
05:44Mais il est également reproché, la procureure l'a rappelé, d'avoir un chat qui se retrouve sur la planche à découper, qui n'est pas encore mort, qui agonise.
05:51Effectivement, en définitive, c'est ce qu'il lui est reproché.
05:56Mais en tout cas de l'argumentation, et en tout cas de sa version, c'est qu'il a essayé auparavant, par des coups de marteau, de tuer le chat.
06:05Il s'avère qu'au moment où il vient pour pouvoir échauder ce chat, pour pouvoir retirer les poils du chat, il s'avère qu'il constate que ce chat n'est pas encore mort.
06:17Donc on est d'accord sur ce point-là.
06:19Mais pour autant, qu'aurait-il dû faire ? Est-ce qu'il aurait dû arrêter à ce moment-là ?
06:24Parce que c'est une question aussi.
06:26Le but final est de manger cet animal.
06:29Ce qui n'est pas réprimé dans cette affaire.
06:32Oui, bien entendu.
06:33Mais finalement, il aurait dû faire quoi ?
06:36Parce que pour pouvoir dire qu'il n'a pas fait ce qu'il fallait, il faut pouvoir nous dire ce qu'il aurait dû faire.
06:44Lors de ces réquisitions, la procureure rappelait elle qu'il était important de préciser à nouveau que les animaux domestiques sont des êtres vivants, dotés de sensibilité,
06:53et que dans le cas d'espèce, après avoir reçu deux coups de marteau sur la tête, le chat s'est retrouvé sur la planche à découper, mais n'était pas encore mort.
07:00Pour le ministère public, cette succession matérialise les actes de cruauté,
07:04avant d'indiquer que celui qui a filmé ces images a déclaré à la barre avoir voulu dénoncer ces faits en les diffusant,
07:10alors qu'il a mis en scène la façon dont ce chat est arrivé dans l'assiette.
07:14Ces réquisitions ont d'ailleurs été suivies par les trois juges, qui, après en avoir délibéré,
07:18ont condamné Jean-Augustin Jean-Baptiste à dix mois d'emprisonnement sous bracelet électronique,
07:23mais avec maintien en détention, qu'il obligera à rester en détention provisoire pendant cinq jours,
07:28avant que sa peine ne soit aménagée en détention à domicile sous surveillance électronique.
07:32Ruben Gersin est copié de six mois d'emprisonnement également aménagé en détention à domicile sous bracelet,
07:38et de 2000 euros d'amende délictuelle.
07:40Chacun des deux condamnés devra par ailleurs s'acquitter du versement à la partie civile d'un euro symbolique.

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