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Rémi Féraud et Emmanuel Grégoire vont se disputer le fauteuil de maire de Paris. Un face-à-face entre bandes rivales qui se prépare en toute discrétion dans les arcanes du Parti socialiste parisien, comme l'explique notre journaliste Antoine Oberdorff.

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00:00C'est un pugilat entre bandes rivales qui se prépare en toute discrétion dans les
00:04arcanes du Parti Socialiste parisien.
00:06Mais bientôt, à l'approche des municipales, vous entendrez parler de cette primaire qui
00:13opposera d'un côté le sénateur Rémi Féraud, le candidat intronisé adoubé par
00:18Anne Hidalgo, et de l'autre le député PS de Paris Emmanuel Grégoire, ex-premier
00:23adjoint d'Anne Hidalgo, tombé en disgrâce après avoir été pendant des années le
00:27dauphin d'Anne Hidalgo.
00:29Rémi Féraud et Emmanuel Grégoire, retenez bien ces deux noms, vont se discuter, le
00:33fauteuil de maire de Paris, dans les prochaines semaines.
00:36En apparence, ils se ressemblent en tout point, deux hommes de 50 ans ou presque, deux hommes
00:41surtout d'appareil, des apparatchiks du Parti Socialiste parisien, puisqu'ils ont
00:46en commun d'avoir tous les deux dirigé la Fédération de Paris.
00:49Dans une autre vie, ils auraient pu être des frères jumeaux, mais voilà, ils sont
00:53aujourd'hui des frères ennemis.
00:54Leur duel est annoncé pour le 3 avril prochain.
00:57Du moins, c'est ce que prévoit la circulaire nationale édictée par la direction du Parti
01:02Socialiste, car cette date reste très théorique.
01:05La chef du Parti Socialiste parisien, Lamia El Haraj, l'une des fidèles parmi les fidèles
01:10d'Anne Hidalgo, on pourrait même dire la dame de pic d'Anne Hidalgo, est en mesure
01:14de repousser cette date comme bon lui semble, sous réserve qu'elle soit suivie par son
01:18conseil fédéral.
01:19Ils sont comme ça les socialistes, ils aiment leur statut et les possibilités de dérogation
01:23qu'ils offrent.
01:24Ce que les prétextes pour repousser l'échéance du duel entre Grégoire et Ferrault ne manquent
01:30pas.
01:31Il y a l'incertitude sur la durée de vie du gouvernement Bayrou, la volonté réaffirmée
01:35du premier ministre de réformer le mode de scrutin des municipales à Paris, Lyon et
01:39Marseille, le congrès du Parti Socialiste prévu en juin, ou encore l'éventualité
01:44d'une nouvelle dissolution rendue possible à partir de juillet.
01:47Si bien qu'on dirait qu'il est urgent d'attendre, pour le clan Hidalgo, soudé
01:50derrière la candidature de Rémi Ferrault, l'argument officiellement invoqué, ne pas
01:55précipiter une primaire interne dans laquelle l'un comme l'autre risque de perdre des
02:00plus.
02:01Pour l'heure, la patronne de la Fédération de Paris, Lamia El Haraj, répète que tout
02:04le monde a intérêt à ce que cela se passe bien, que les socialistes ne peuvent pas s'offrir
02:08le luxe de la division et qu'il n'est pas question surtout d'amorcer une machine
02:12à perdre qui donnerait à Rachida Dati, la concurrente de droite, des raisons d'espérer
02:16la prise de l'hôtel de ville.
02:17Ce vote, par la médiatisation qui en sera faite, dit Lamia El Haraj à l'opinion,
02:22doit donner un coup de booster à notre candidat, afin que derrière lui, Rémi puisse enclencher
02:28une dynamique de victoire.
02:29On a donc compris que la défaite de Rémi Ferrault face à Emmanuel Grégoire n'est
02:32pas une option pour tous les membres de l'entourage d'Anne Hidalgo.
02:36Et c'est là que les vœux de rassemblement, derrière une tête de liste socialiste capable
02:41de fédérer, apparaissent comme des vœux pieux, parce que tout le monde sait, tout
02:45le monde, mais sans oser le dire, que Paris se conquiert à tout prix.
02:49Tôt ou tard, il y aura donc des coups bas, des jets de boules puantes et aussi pas mal
02:54de rumeurs.
02:55D'ailleurs, ça a commencé avec la folle rumeur d'un deal secret entre Olivier Faure,
03:00le premier secrétaire du parti socialiste, et l'ex-sénateur David Assouline, l'un
03:04des architectes de la candidature de Rémi Ferrault, qui connaît véritablement la fédération
03:09de Paris comme sa poche.
03:10Que les choses soient claires, ce deal n'a apparemment jamais existé et pourtant beaucoup
03:13de socialistes parisiens s'étaient laissés convaincre que David Assouline était allé
03:18proposer une forme de pacte de non-agression à Olivier Faure en vue d'être reconduit
03:23à son congrès, en échange de quoi Olivier Faure aurait retiré la candidature d'Emmanuel
03:29Grégoire.
03:30La réalité, c'est que personne n'est en mesure de débrancher personne dans cette
03:33affaire.
03:34Emmanuel Grégoire est bien décidé à en découdre et demande que l'on passe au vote
03:37sans plus attendre.
03:38Interrogé par l'opinion, ses conseillers sont formels.
03:40La dynamique de ralliement militant dans les arrondissements dont bénéficie Grégoire
03:45doit lui permettre de prendre l'ascendant sur son adversaire.
03:47Or, les calculs effectués dans l'équipe de Rémi Ferrault donnent une cartographie
03:51strictement inverse des rapports de force entre Emmanuel Grégoire et Rémi Ferrault.
03:55Ce sont des professionnels qui vous le disent, ils travaillent sur des tableurs Excel dans
03:59lesquelles ils recensent précisément le nombre d'adhérents, à jour de cotisation
04:03et pouvant revendiquer 6 mois d'ancienneté, ces fameuses cartes qui permettent in fine
04:08de l'emporter et d'être le candidat investi par le parti socialiste.
04:12Le fameux tableur de David Assouline donne ainsi une victoire à hauteur de 55% pour
04:18Rémi Ferrault contre 45% pour Emmanuel Grégoire.
04:20C'est ainsi que se déroulent les choses dans le grand système féodal parisien où
04:24à l'intérieur de chaque seigneurie, on prête une influence à tel ou tel classique
04:30en mesure d'influencer le résultat des votes par son emprise sur les militants.
04:35Mais ce qu'il y a de passionnant avec la course à l'hôtel de ville à Paris, c'est
04:38que ce n'est pas une science exacte, les maires d'arrondissement oeuvrent parfois
04:42en sous-main à faire campagne pour un candidat qu'ils ne soutiennent pas officiellement.
04:47Si l'on sort maintenant un instant de la cuisine interne socialiste parisien, du duel
04:50qui nous est vendu entre l'héritier et le félon, entre le moine-soldat du château
04:55et l'homme au masque de fer du palais Bourbon, la réalité c'est que les héritiers d'Anne
04:59Hidalgo courent un risque majeur, celui d'offrir un spectacle de division, de laisser un paysage
05:05derrière eux de désolation après cette primaire.
05:07Et à ce moment-là, ce sont leurs adversaires, ceux qui ne sont pas socialistes, je pense
05:12en particulier à Rachida Dati pour la droite et à Sophia Chikirou pour la France Insoumise
05:16qui n'auraient plus qu'à se baisser pour récolter les fruits de la division.
05:19L'une, Sophia Chikirou, en essayant de faire basculer des arrondissements du nord-est
05:24parisien du côté de la France Insoumise, l'autre, Rachida Dati, en se laissant largement
05:28en tête du premier taux.
05:29Reste donc à savoir si la gauche parisienne, faisant la démonstration qu'elle est la
05:33gauche la plus bête du monde, vavra le chemin de la victoire à la droite parisienne.

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