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À l'automne 1944, alors que les Alliés se montrent optimistes car ils sont parvenus à libérer les trois-quarts du territoire, du côté des civils, l'euphorie est vite retombée. La vie quotidienne des Français s'améliore peu : ils vivent toujours dans le chaos de la guerre. La France rationnée et appauvrie attend avec une impatience grandissante le retour des absents. Cette France meurtrie mais libre côtoie une France occupée où des millions de civils des régions de l'Est et d'une partie de l'Ouest connaissent toujours un sort dramatique. Ils devront attendre de longs mois les libérateurs. Le 8 mai 1945, la réconciliation semble encore impossible avec ceux qui ont collaboré. Comment reconstruire la France dans un climat d'amertume, de mensonge et parfois de haine ?

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00:00À l'automne 1944, alors que les Alliés se montrent optimistes car ils sont parvenus à libérer les trois quarts du territoire, du côté des civils, l'euphorie est vite retombée.
00:16La vie quotidienne des Français s'améliore peu. Ils vivent toujours dans le chaos de la guerre.
00:25La France, rationnée et appauvrie, attend avec une impatience grandissante le retour des absents.
00:32Cette France meurtrie mais libre côtoie une France occupée, où des millions de civils des régions de l'Est et d'une partie de l'Ouest connaissent toujours un sort dramatique.
00:44Ils devront attendre de longs mois les libérateurs.
00:49Le 8 mai 1945, la réconciliation semble encore impossible avec ceux qui ont collaboré.
00:56Comment reconstruire la France dans un climat d'amertume, de mensonges et parfois de haine ?
01:18Dans les territoires libérés depuis l'été 1944, comme à Marseille, la vie reprend peu à peu.
01:33On avait des lampes encore couvertes de papier ou de tissu, c'était la recommandation de la défense passive.
01:45Et mon père avait enlevé, et je me rappelle ses paroles, il m'a dit ça y est maintenant c'est bien fini, c'est bien terminé, on peut enlever le linge qui recouvre la lampe.
01:56Et je me rappelle avoir vu la lampe resplendir.
02:03J'ai eu ce sentiment que quelque chose de très grave était fini.
02:09Si pour la majeure partie des Français, la guerre est finie, ceux de l'Est vivent, selon la classification nazie, dans une zone fermée de peuplement.
02:31Si pour la majeure partie des Français, la guerre est finie, ceux de l'Est vivent, selon la classification nazie, dans une zone fermée de peuplement.
02:41L'Alsace et une partie de la Lorraine ayant été annexées au Reich, la langue française est interdite dans l'administration, les écoles et les églises.
02:52Les services publics ont été intégrés à ceux de l'Allemagne nazie.
03:01Tout était allemand.
03:04Tout a été transformé en allemand.
03:08Ben oui, il n'y avait pas d'école française, évidemment.
03:11On n'apprenait pas le français pendant l'occupation allemande, ça n'existait pas.
03:18Vous savez, en 40, je ne parlais pas un mot allemand.
03:21Et moi, peu de temps après, je savais que l'allemand n'est plus le français.
03:27À l'école, il fallait se mettre en garde à bout.
03:30« Heil Hitler », c'était comme ça.
03:33Et on nous a distribué aussi une photo, carte postale d'Hitler.
03:38Alors il disait qu'il fallait mettre cette photo quelque part à la maison et qu'on serait surveillés, que quelqu'un passerait.
03:45Alors je la mets au-dessus du lavabo.
03:48Et alors chaque jour, avec un torchon, comme ça, quand je lavais la vaisselle, je faisais comme ça, une tape comme ça.
03:55Et un jour, les SS sont arrivés.
03:58Alors je lui ai dit, mais oui, il est un peu sale, mais vous savez, je suis petite, il faut que je me mette sur le tabouret.
04:05Et je l'aime beaucoup, alors je le caresse avec le torchon.
04:09Et on n'a rien eu.
04:14Depuis 1942, la plupart des Alsaciens sont contraints d'accepter la nationalité allemande.
04:21Cette mesure vise à incorporer de force 130 000 hommes dans la Wehrmacht et les Waffen-SS.
04:29On les appelle les « malgré-noms ».
04:32Certains Alsaciens s'automutilent pour échapper à la conscription.
04:41On était incorporés de force dans l'armée allemande le 14 octobre 1942.
04:47On était rassemblés ici, à Strasbourg, et on a quitté la ville à pied pour rejoindre la gare des marchandises à Cronenbourg.
04:56Et en traversant le pont royal, il y en a un qui a entamé à chanter la marseillaise, et tout le monde commençait à chanter la marseillaise.
05:05Et puis écoutez, garçons, arrêtez, sinon vous allez avoir des problèmes.
05:10Ceux qui tentent de fuir sont internés dans le camp de redressement de Chirmek, situé à côté de Strasbourg.
05:18La majorité des malgré-noms est envoyée sur le front russe.
05:2235 000, soit plus d'un quart, ne reviendront pas.
05:32À l'automne 1944, en Alsace, la situation se tend.
05:36Le territoire du Reich est menacé pour la première fois à l'ouest.
05:41Les Alliés sont au pied du massif des Vosges, où les combats vont être particulièrement violents.
05:47Les Allemands ont construit une ceinture de défense fortifiée dans ces montagnes, qu'ils considèrent comme la nouvelle frontière du Reich.
05:55Au cœur de la forêt se trouve Mousset, village héroïque et martyr dont l'histoire tragique est tombée dans l'oubli.
06:01Des innocents y seront sacrifiés, comme à Tulle ou à Auradour-sur-Glane.
06:10Depuis l'occupation allemande, les villageois ont organisé une filière d'exfiltration pour tous ceux qui fuient l'Alsace.
06:17Les paysans soutiennent également le Maquis.
06:20À Mousset, résistants et civils préparent le terrain pour l'arrivée des Alliés.
06:25Ils doivent traverser le massif des Vosges pour rejoindre la plaine d'Alsace.
06:32Ils avaient déjà connu la guerre de 70, la guerre de 14.
06:36C'est la troisième fois qu'ils avaient les boches, comme on dit, si bien, sur le palteau.
06:44Donc ils avaient aussi un certain sens de la guerre.
06:48La seule chose qui restait, c'était de rester vivant et de rester libre.
07:03En août 1944, du fait de l'arrivée planifiée des Alliés, les britanniques ont largué matériel et parachutistes pour soutenir les Maquisards.
07:11Du fait de l'arrivée planifiée des Alliés, les britanniques ont largué matériel et parachutistes pour soutenir les Maquisards et faciliter le contact avec leurs soldats.
07:25Un soir, un anglais est tombé sur le toit de notre maison.
07:30J'étais une jolie petite fille.
07:33Et puis je montais là les escaliers, je lève la trappe et je vois un anglais de la Royal Air Force là, avec son revolver qui pointait vers moi, parce que le pauvre, il ne savait pas où il était tombé.
07:46Alors moi qui lève la trappe, je lui dis « I love you ».
07:50C'était, si vous voulez, le Messie.
07:52C'était, il était tombé du ciel, c'est comme s'il nous apportait déjà la paix.
07:59Une paix qu'il faudra attendre encore pendant des mois.
08:03Le 17 août 1944, Himmler décide d'anéantir la résistance vosgienne.
08:09Il lance l'opération Waldfest, la sordide fête de la forêt.
08:15Les Allemands multiplient les perquisitions et les arrestations à Mousset,
08:18puis dans les villages avoisinants.
08:21Les troupes américaines ne sont toujours pas arrivées.
08:24Des résistances sont exécutées, et des villages incendiés.
08:28Les Allemands ont ouvert chaque maison, ouvert les portes.
08:34Certains, plus énervés que d'autres, ont ouvert les portes de granges, d'écuries et tout ça.
08:41Sur les onze hommes figurant sur la photographie de Marengo,
08:43cinq ont été déportés, dont son père, son grand-père et son oncle.
08:50La Wehrmacht organise trois vagues de déportations.
08:541020 civils partent pour Auschwitz et Dachau.
08:58Les deux tiers ne rentreront pas.
09:02Mousset perd un dixième de sa population,
09:05et le reste de l'Allemagne.
09:07Les deux tiers ne rentreront pas.
09:11Mousset perd un dixième de sa population,
09:14et continue de vivre dans la terreur pendant de longs mois.
09:19Jusqu'au jour où les Alliés libèrent la région, en novembre 1944.
09:24Mon grand-père, le matin du 22 novembre, a senti que là, il se passe quelque chose.
09:31Et par précaution, le Vosgien, il avait sa fiole de gouttes,
09:35donc d'eau de vie, de mirabelles ou de prunes.
09:40Ils ont fait un coup de feu,
09:43ils ont fait un coup de feu,
09:46ils ont fait un coup de feu,
09:49ils ont fait un coup de feu,
09:52ils ont fêté ça à leur façon, c'est tout.
10:01Il y a eu un sentiment de soulagement, oui, les Boches ne sont plus là.
10:08Et puis, mais nos hommes,
10:11voilà, les Alliés qui ont posé la question jusqu'à la fin de leur jour,
10:17et nos hommes,
10:19voilà, bon.
10:24Même si la Wehrmacht a bloqué les cols qui permettent de rejoindre la plaine d'Alsace,
10:29les Français parviennent à traverser les Vosges, réputés infranchissables.
10:35On est passé dans la forêt où les Allemands ont toujours dit
10:40qu'une division blindée ne passerait pas.
10:44Là, on a construit une route,
10:46avec les ruines d'un village,
10:49pour empierrer la route de forêt pour que les chars puissent passer.
10:54Une colonne blindée,
10:57toutes sirènes hurlantes,
10:59parce que les sirènes, ça a un effet psychologique.
11:02On bousculait l'armée allemande en déroute
11:06et on les faisait tomber dans les ravins.
11:16Les Vosges franchis, la bataille la plus meurtrière de l'histoire de la Libération peut commencer.
11:22Les 16 000 hommes de la 2e DB de Leclerc,
11:25rattachés à la 7e Armée américaine,
11:28et les 344 000 soldats de De Lattre,
11:31doivent libérer l'Alsace et sa ville symbole, Strasbourg.
11:35Aux Américains, le nord, aux Français, le sud.
11:39La 1re Armée libère le 15 novembre Montbéliard, Érycourt, Belfort.
11:43Le 21, Mulhouse.
11:49Les combats sont particulièrement éprouvants des deux côtés.
11:53Les conditions de vie des soldats sont épouvantables.
11:56Amaigris, endurcis, ils dorment dehors et vivent dans la boue et l'eau glacée.
12:08La démobilisation des troupes coloniales a déjà commencé.
12:1120 700 soldats d'Afrique sont progressivement retirés du front.
12:15Pour De Gaulle, il faut blanchir la 1re Armée,
12:18avant la fin de la Libération et l'arrivée de l'hiver.
12:29Plusieurs fois j'ai vu le général De Gaulle.
12:33Non, ça passait pas.
12:36C'était... c'était...
12:38Ça passait pas.
12:40C'était... c'était pas quelqu'un de sympathique.
12:44Non.
12:46Il n'y avait pas un mot, il n'y avait pas un mot pour, je sais pas,
12:49il n'y avait pas un mot pour la piétaille.
12:51Nous, on était la piétaille, nous.
12:53On était les combattants, les petits.
12:59A l'automne 1944,
13:02le général De Gaulle a fait une tournée triomphale dans toute la France,
13:05suscitant l'enthousiasme des foules.
13:08Quelques jours plus tôt,
13:10il a dissous les forces françaises de l'intérieur
13:12pour rétablir l'ordre républicain.
13:18114 000 résistants
13:21choisissent alors d'intégrer l'armée régulière.
13:24Les militaires se méfient de ces non-professionnels
13:27soupçonnés de ne savoir ni manier les armes,
13:30ni obéir à l'autorité.
13:34On nous a...
13:36instruits un peu militairement,
13:38et puis on est montés en Alsace,
13:41110e régiment d'infanterie.
13:43On était rattachés à un deuxième DB.
13:47Il est heureux que la discipline règne ici,
13:50car les FFI n'en ont guère,
13:52mais ils se battent admirablement.
13:55En fin de journée,
13:57j'aurai évacué 32 FFI,
13:598 Zouaves et 3 Sapeurs.
14:02Ce ne sont plus des blessés qui arrivent,
14:03mais des hommes malades de faim et de froid,
14:06à demi gelés.
14:12Et pourtant,
14:14la bataille d'Alsace est loin d'être terminée.
14:17Le 13 novembre 1944,
14:19le général Leclerc lance une offensive sur Strasbourg
14:23dont la libération a une signification particulière.
14:27Elle a commencé pour lui dès 1941 en Libye,
14:30à Koufra,
14:31où il s'adresse à ses soldats.
14:33Jurer,
14:35de ne déposer les armes
14:37que lorsque nos couleurs,
14:39nos belles couleurs,
14:41flotteront sur la cathédrale de Strasbourg.
14:44Ce serment unira les hommes de Leclerc
14:47tout au long de leur épopée.
14:50La ville libérée,
14:52le premier geste des strasbourgeois
14:54est d'arracher les symboles de l'occupation nazie.
15:02Ils sont redevenus français
15:05grâce à la libération.
15:08Le drapeau tricolore flotte dans le ciel d'Alsace.
15:16Il est venu,
15:18il est arrivé,
15:20alors c'est
15:22chapeau bas.
15:24J'ai pleuré de joie,
15:26j'ai pleuré de joie,
15:28j'ai pleuré de joie,
15:29j'ai pleuré de joie.
15:31C'est beau, non ?
15:33D'être libérée.
15:35Vous savez, j'ai vu Leclerc debout sur son char.
15:39C'est magnifique.
15:41C'est magnifique.
15:43À Paris,
15:45les députés de l'Assemblée consultative se lèvent
15:47et entonnent la Marseillaise.
15:50Leclerc vient de réussir son deuxième exploit.
15:53Après Paris,
15:55Strasbourg.
15:57La deuxième DB
15:59entre dans la légende.
16:02Il l'impressionnait,
16:04parce que c'était quand même un monsieur.
16:06Il l'impressionnait.
16:08Il avait un sourire.
16:10On se demandait d'où on venait,
16:12de nos origines,
16:14de nos familles si elles étaient en France.
16:16Il fallait être quand même assez...
16:18Il ne fallait pas...
16:20Il ne fallait pas bégayer.
16:22On sentait ça.
16:24Mais c'était un chef chaleureux.
16:26On était bien vus en Alsace.
16:27On nous apportait du vin et des gâteaux.
16:30C'est là que j'ai appris à boire le vin d'Alsace,
16:34qui était un peu raide.
16:36Après, on l'appréciait beaucoup.
16:48On est fou de joie,
16:50mais on ne peut pas l'exprimer.
16:52Il y a encore tant de Boches
16:54et d'alsaciens Boches autour de vous
16:55qu'on ne peut pas les voir de de travers.
16:57Mais moi, je suis tranquille
16:59et mettrai quand même ce petit nœud tricolore dans mes chevaux.
17:06Les libérateurs sont surpris par l'accueil réservé
17:09d'une minorité d'alsaciens suspectés de s'être assimilés aux Allemands.
17:14Pour beaucoup de Français,
17:16ils sont considérés comme des Boches.
17:21Oh, qu'est-ce qu'on n'a pas pu pleurer avec ce mot, Boches !
17:26On était des Boches.
17:31La libération, c'était la délivrance.
17:35Ça veut tout dire.
17:37Ça veut dire qu'on est Français.
17:40Parce que de cœur, on est toujours restés Français.
17:44Et s'il y a des Français en France,
17:48c'est bien nous qui méritons le mot Français.
17:53C'est nous.
17:56À peine trois semaines après la libération de Strasbourg,
18:00pour faire face à l'ultime contre-offensive du Reich dans les Ardennes,
18:04les Américains déclenchent l'opération Undertone.
18:09Ils abandonnent la capitale de l'Alsace pour tenir au nord le Nouveau Front.
18:19La ville est bombardée par les Allemands qui sont à quelques kilomètres.
18:22Cette fois-ci, c'est la première armée de De Lattre qui défendra Strasbourg jusqu'au repli allemand.
18:45Le 25 novembre 1944, l'armée américaine alerte les Allemands
18:49découvre au cœur du massif vosgien une double enceinte de barbelés,
18:54l'immérador, le camp du Struthof.
19:01Eh bien, nous nous sommes retrouvés en pleine nuit
19:05devant la porte du camp de concentration du Struthof.
19:10Nart ou Nebel, je me rappelle encore.
19:13Nart ou Nebel.
19:15Nuit et brouillard.
19:16Cette porte en bois fermée.
19:20Pas un homme qui vive dans le camp.
19:23Il n'y avait plus d'Allemands.
19:30Les Allemands ont évacué le camp et transféré les déportés à Dachau.
19:36Le Struthof est le premier camp de concentration découvert à l'ouest de l'Europe.
19:40Lieu d'expérimentation médicale sur les humains,
19:43les nazis essaieront d'y constituer une collection anatomique de squelettes juives.
19:49Vingt mille déportés y sont assassinés.
20:00Quatre mois après le débarquement en Provence,
20:04les soldats de l'armée américaine débarquent à Strasbourg.
20:07Après le débarquement en Provence,
20:10les soldats de De Lattre libèrent les villages de la plaine d'Alsace,
20:13les uns après les autres.
20:16Ils découvrent des civils traumatisés par la guerre.
20:20La première armée se heurte à une forte résistance ennemie.
20:24Elle a été rejointe par une poignée de malgré-nous
20:27qui a déserté le front russe, comme Raymond Lanz.
20:31On a traversé des villages comme Riquevire,
20:34il y avait des vaches qui étaient tuées, traînées par terre,
20:38des maisons qui étaient détruites par les bombardements.
20:52On a vu l'Alsace démolie.
20:55Beaucoup de villages étaient écrasés par les bombardements.
21:00L'Alsace a souffert de la guerre.
21:05De nombreux Alsaciens ont dû quitter leur foyer.
21:08Certains fêteront Noël dans les campements de fortune installés par la Croix-Rouge,
21:12entourés de sapins enneigés.
21:18Des sapins décorés partout en France
21:21par les familles qui se préparent à fêter le premier Noël libre depuis quatre ans,
21:25comme à Marseille ou à Paris.
21:28Les familles des soldats de De Lattre
21:31Je sais qu'un de mes oncles m'avait fait cadeau d'une batterie de jazz.
21:35Et c'était des cadeaux qui venaient des Américains ou des Canadiens.
21:39Les Américains et les Canadiens avaient fait distribuer des joujoux comme ça,
21:44et des livres aussi, des livres d'enfants.
22:01On a fait le mur et on a passé Noël et Nouvel An à Paris,
22:08au grand jeu qui était une boîte de nuit à Pigalle.
22:13Voilà.
22:15On nous avait adoptés, nous les libérateurs, par le patron.
22:20Donc on a passé Noël où on a été arrêté par la police militaire américaine
22:25pour vérification d'identité,
22:27parce qu'on s'était échappé de l'hôpital où on était soigné.
22:36Avec mon GI, nous avons réveillonné tous les deux chez moi.
22:40Cadeaux, champagne, poulet, et pour finir, une demande en mariage.
22:46Je lui parle de mon pays que brusquement j'adore.
22:50L'Amérique s'éloigne, comme un vaisseau qui a débarqué ses richesses,
22:54et je retrouve ma solitude de petite île.
22:58On a plus facilement froid au cœur quand le corps est glacé.
23:02Cette libération dure trop longtemps.
23:05Je voudrais me coucher et dormir jusqu'au printemps, jusqu'à la paix.
23:13À 400 kilomètres, à l'est de Paris,
23:16les soldats de Delattre combattent dans la neige et le froid
23:20pour achever la libération du territoire.
23:25Après deux mois et demi de lutte acharnée,
23:28ils entrent dans Colmar le 2 février 1945.
23:33Les civils peinent à croire que le moment tant attendu est enfin arrivé.
23:39Puis la joie jaillit sur les visages
23:42et une reconnaissance infinie.
23:55La bataille de l'Est s'achève un mois plus tard.
23:59Elle aura coûté la vie à 13 400 soldats français et à 8 000 G.I.s.
24:18De Gaulle se rend à Strasbourg pour saluer l'armée française de libération
24:22sous les ordres de Delattre et de Leclerc dont la mission a été accomplie.
24:27Elle aura largement participé à la libération du pays.
24:32De Gaulle doit désormais s'atteler à reconstruire la France
24:36et à rétablir la souveraineté de l'État.
24:53Au printemps 1945, pour la majorité des français,
24:57il semble qu'il fait bon vivre dans ce pays enfin libéré.
25:02Les civils s'apprêtent à connaître des jours heureux.
25:06Il reste cependant toujours des îlots de résistance allemande sur les côtes de l'Atlantique.
25:11Et les traces de l'occupation nazie comme de la guerre sont tenaces dans les campagnes,
25:16les villes et les bords de mer.
25:19Dans les régions les plus bombardées, du Nord-Pas-de-Calais à la Bretagne,
25:23en passant par la Normandie, les civils vivent dans les villes en ruines.
25:28Quand l'école était terminée à 4h30, on allait dans les ruines,
25:34on s'assoyait et on faisait nos devoirs.
25:39Figurez-vous que dans les ruines de camp, il y avait des lapins, des lapins sauvages.
25:44Et donc, de temps en temps, on attrapait un lapin.
25:46Je ramenais le lapin et puis on mangeait le lapin.
25:49Mon père faisait du pâté de lapin.
25:52Ceux qui habitent à la campagne s'en sortent mieux que ceux qui vivent en ville.
25:57Les civils sont obsédés par la faim.
26:00Les tickets de rationnement sont toujours en vigueur et le pain blanc n'a pas réapparu.
26:06Les Français imaginaient que les pénuries résultaient seulement du pillage des Allemands.
26:10En réalité, la France est sinistrée.
26:13Je suis sorti de la libération avec le gros ventre par la malnutrition.
26:19Si même dans une poubelle, je voyais une pomme qui était dans une poubelle, je mangeais la pomme.
26:25La seule chose qu'on avait, des fois, il y avait des camions américains qui passaient,
26:29qui nous envoyaient des friandises, mais sans plus.
26:33On ne peut pas s'imaginer ce que ça peut être quand on a faim et qu'on a mal.
26:39Et quand on vous donne tout d'un coup un morceau de pain avec quelque chose dessus, c'est fabuleux.
26:47Ça ne peut pas s'expliquer, c'est merveilleux.
26:52C'est le plus beau cadeau que je peux retenir de cette guerre, ce morceau de pain pour manger.
27:03Les Allemands sont en train d'agir.
27:06Les Alliés fournissent du matériel pour déblayer les vestiges des bombardements et des combats.
27:12Le Havre, Caen, Rouen vont mettre des décennies à se redresser.
27:22Il y a ceux qui doivent continuer à vivre dans leurs maisons détruites,
27:27et ceux, plus chanceux, qui sont relogés par les Alliés.
27:31On se croirait au Far West.
27:34Il y a eu des barraquements provisoires qui ont été faits rapidement.
27:39Il y a eu toute une cité qui a été construite par les Américains.
27:43C'était des maisons qui étaient en bois, mais bien.
27:46Il y avait des salles de bain, c'était confortable,
27:49mais ça n'a été que des sinistrés qui ont été relogés là-dedans.
27:52La reconstruction passe aussi par une réorganisation politique.
27:57De Gaulle, à la tête du gouvernement provisoire,
27:59organise dès avril 1945 les élections municipales alors que l'Allemagne n'a toujours pas capitulé.
28:08C'est un grand moment pour la République et pour les femmes.
28:12Elles ont pour la première fois le droit de voter.
28:18Cette victoire démocratique n'est toutefois pas totale.
28:22Il manque une partie des électeurs.
28:242,5 millions de prisonniers, déportés, travailleurs forcés.
28:30Un commissariat aux prisonniers, déportés et réfugiés a la difficile tâche d'assurer leur retour en France.
28:38Inquiets, sans nouvelles, les Français ne savent pas quel sort a été réservé à ceux dont le retour se fait tant attendre.
28:46Et un beau jour de mai 1945, le miracle a lieu.
28:52Les premiers prisonniers rentrent.
28:54Les mères retrouvent leur fils, les femmes leur mari, les pères leurs enfants.
29:02Les premiers prisonniers rentrent.
29:15Les mères retrouvent leurs fils.
29:18Les femmes, leurs maris.
29:21Les pères, leurs enfants.
29:23On les fête, on les accueille en fanfare.
29:34Tout le village est là, rassemblés autour des gars du pays.
29:41Dans l'anonymat des villes, les familles attendent avec angoisse les prisonniers qui arrivent par milliers.
29:47Mon père, il était fait prisonnier au début de 40.
29:52Et ma mère s'est retrouvée avec les trois enfants à charge.
30:00Ils avaient un numéro, parce que quand il est descendu, ma mère ne l'a pas reconnu.
30:04Puis après, forcément, c'était la joie, moi tout surpris de voir ce personnage que je voyais mille fois plus beau, mille fois mieux.
30:23C'est comme ça, c'est l'imagination d'un gosse.
30:28C'était des jours d'or, c'était la fête à la maison.
30:33D'ailleurs, le soir, on a passé la soirée sans dormir.
30:39On ne s'est couché qu'au petit matin, parce que c'était la fête.
30:48On est parti avec mon père chercher son frère qui revenait.
30:56Et mon père, il sifflait un air qu'ils connaissaient tous les deux.
31:02Et on est allé et on l'a vu.
31:06Il nous a entendus et on l'a récupéré.
31:14Il a fallu plus de 48 heures avant qu'il parle.
31:18Il ne parlait pas.
31:20Alors là, c'était le mutisme le plus complet.
31:23Jamais il ne s'est étendu sur ce qu'il avait fait, ce qu'il avait subi, quoi que ce soit.
31:29La suite est catastrophique, quoi.
31:33Ma pauvre mère, elle a subi quelque chose d'inimaginable.
31:42Après, il est devenu violent, mais extrêmement violent.
31:46C'était la folie humaine, après.
31:49Ma mère, je sais qu'elle m'a toujours dit
31:52qu'ils étaient d'où comme tout avant de partir, d'être prisonniers,
31:55et qu'il est revenu traumatisé, mais traumatisé, je sais, traumatisé.
32:01Et puis, le troisième, quatrième jour, il a commencé à dire à mon père,
32:06je vais retourner, moi, là-bas.
32:09Qu'est-ce que tu vas faire ?
32:12Je vais retourner dans la ferme où j'étais.
32:15On a compris qu'il avait une copine, là-bas, allemande.
32:21Il était beau, le troisième frère, c'est vrai.
32:25Et ma famille lui a dit non.
32:28C'est assez soudé, quand même, un peu, les Arméniens, à l'époque.
32:35De retour des camps d'internement, des fermes et des usines allemandes,
32:40soldats et travailleurs réquisitionnés
32:43arrivent tous les jours par train, par camion et par bus,
32:47notamment Gare d'Orsay, à Paris.
32:51Les mains tendues rappellent l'accueil des libérateurs.
32:57Et un soir, on a sonné à la porte.
33:01Ma mère est allée ouvrir, il y a eu un silence,
33:05et puis elle a crié, il est mort, n'est-ce pas ?
33:09Elle a éclaté en sanglots.
33:12Moi, je... Vous savez, c'est...
33:15Je sais pas...
33:18J'y croyais pas vraiment.
33:21J'avais toujours tellement cru qu'il rentrerait.
33:24Toujours.
33:26Mon frère est mort déporté à Mauthausen,
33:29le 25 août 1944.
33:33Voilà.
33:35Alors, bien entendu, mon père a eu des grands chagrins,
33:39puisqu'il est décédé plusieurs années plus tard,
33:42mais enfin, je pense que ça lui a apporté quelque chose
33:48à l'intérieur de lui.
33:51La libération des camps de concentration
33:54est un épisode majeur de la libération.
33:57En France, si 70 000 résistants ont été déportés,
34:0150 % d'entre eux ont été sauvés,
34:04comme Charlotte Delbault, qui évoque son retour à la vie.
34:12Je regardais mes camarades se transformer sous mes yeux,
34:16devenir transparentes, devenir floues, devenir spectres.
34:21Si je confonds les mortes et les vivantes,
34:24avec lesquelles suis-je, moi ?
34:28Et soudain, je me suis sentie seule.
34:32Seule, au creux d'un vide,
34:35où je suffoquais.
34:37Par un effort, j'ai essayé
34:39de me souvenir des gestes qu'on doit faire
34:43pour reprendre la forme d'un vivant dans la vie.
34:46Marcher, parler, répondre aux questions,
34:50dire où l'on veut aller, y aller.
34:53J'avais oublié.
34:58Lorsque les rescapés sont rapatriés,
35:01les Français pensent qu'ils reviennent de camps de travail.
35:04Ils ignorent pour la plupart l'existence des camps d'extermination
35:07où 76 000 Juifs ont été déportés depuis la France.
35:12Moins de 3 % d'entre eux ont survécu.
35:15Et nous, qui nous s'étaient mis dans la tête,
35:19quand on va arriver en France,
35:21une douche chaude ou un bain, peu importe,
35:24et une tasse de café.
35:26Le médecin et l'infirmière de la Croix-Rouge qui étaient là
35:30nous ont regardés comme si on était des pestiférés.
35:33On était maigres comme des clous.
35:34On était sales,
35:37puisque ça faisait 10 jours qu'on traînait, qu'on marchait, etc.
35:41On pensait qu'une chose, c'est vivre, survivre et rentrer.
35:47Yvette Lévy a fait partie du dernier convoi de déportation de Juifs.
35:51Le convoi 77,
35:53qui a quitté Drancy le 31 juillet 1944,
35:57quelques semaines avant la libération de Paris.
36:01Sur les 1 309 personnes déportées,
36:04des deux tiers sont exterminées dès leur arrivée.
36:07Seulement 251 personnes de ce convoi ont survécu.
36:13A Paris, les déportés sont pris en charge à l'hôtel Lutetia,
36:17réquisitionnés et transformés en centres d'accueil.
36:21Ceux qui espèrent retrouver leurs proches
36:24consultent les listes affichées dans le hall.
36:27Il y avait plein de monde devant la porte de l'hôtel Lutetia
36:31avec des photos et des noms.
36:32Un tel nom, telle date d'arrestation,
36:35vous l'avez connu, vous l'avez connu, non, non, non, non.
36:39Puis on se faisait toutes petites puisque nous, on était là, on rentrait.
36:42On a ressenti, c'était d'abord que quelqu'un ait pitié de nous
36:47pour qu'on devienne des êtres humains.
36:51On n'avait plus de nouvelles des grands-parents juifs.
36:54Du tout, du tout, du tout.
36:56On ne sait pas qui est vivant, qui est mort.
36:58Donc, même si on vous dit que la personne est morte,
37:00on va attendre.
37:02Et on sait bien que c'est une situation de guerre, ça.
37:06Donc, ma mère est quand même allée attendre à l'hôtel Lutetia.
37:10Une pesanteur absolue s'était tendue sur nous.
37:13C'était le deuil.
37:15Et un deuil très difficile à faire en l'absence de corps.
37:20Ça a déterminé ma vie de A à Z, cette histoire-là.
37:24Et maman est arrivée à l'hôtel Lutetia.
37:26Je n'ai pas reconnu maman, elle avait maigri.
37:28Maman était brune, elle avait les cheveux tout blancs.
37:31Une dame qui était très maigre, des pommettes saillantes,
37:35qui cherchait, qui parlait, qui cherchait.
37:38Et à un moment donné, je me suis rapprochée d'un groupe.
37:42J'ai dit qui c'est.
37:44Il m'a dit c'est une dame qui cherche sa fille.
37:46Je regarde la dame et avec mon doigt, je fais,
37:49maman, elle me regarde, elle se met à pleurer.
37:52C'était bien maman, je ne l'avais pas reconnue.
37:55Tellement elle était méconnaissable.
37:56Et alors, les larmes, on a pleuré et tout.
37:59Et elle m'a dit, viens, on sort, on rentre.
38:02Et je me suis tue.
38:04J'ai décidé dans ma tête de plus en parler,
38:07et je n'ai plus raconté, je ne voulais pas les faire souffrir une nouvelle fois.
38:14Le ressentiment des Français s'est aggravé
38:17depuis que les récits des tortures et des exactions de la Gestapo et de la milice
38:20sont sortis au grand jour.
38:22Comme les premières images des camps d'extermination.
38:27Les prisonniers et les déportés manifestent pour que justice soit faite.
38:37Les règlements de comptes se sont multipliés dans de nombreuses villes
38:41les semaines qui ont suivi leur libération.
38:56L'épuration extrajudiciaire aura provoqué 8 000 à 10 000 victimes
39:01et aboutit à la tonte de 20 000 femmes.
39:07Je suis sûre que dans ces femmes qui ont été tendues,
39:11quelques-unes ont dû être tendues par vengeance.
39:16Quand on était occupé par les Allemands,
39:19on s'entraidait un peu, et puis à la fin c'était la haine.
39:27Il nous est resté la haine.
39:31Il nous en est resté cette fureur qui nous brûle l'âme
39:34au souvenir de certaines images et de certains visages.
39:42Il faut guérir ces cœurs empoisonnés.
39:46Et demain, la plus difficile victoire que nous ayons à remporter,
39:50c'est en nous-mêmes qu'elle doit se faire.
39:52La plus difficile victoire que nous ayons à remporter,
39:55c'est en nous-mêmes qu'elle doit se livrer.
39:57Avec cet effort supérieur qui transformera notre appétit de haine
40:01en désir de justice.
40:09Nous, on a eu de la chance,
40:13de ne pas être inquiétés ni tendus,
40:20mais on était très protégés.
40:22On avait des voisins extrêmement gentils,
40:24des voisins paisibles,
40:26des gens qui ont plutôt pris pitié pour ma mère.
40:35À partir de mai 1945,
40:37les cours de justice jugent et condamnent
40:40les grands et les petits collaborateurs.
40:43Les figures politiques sont jugées par la haute cour de justice.
40:47Philippe Pétain défend son bilan
40:49lors d'un procès très médiatisé en juillet 1945.
40:53Condamné à mort,
40:55sa peine est commuée en détention à perpétuité
40:57par le général de Gaulle.
41:00Laval, chef du gouvernement,
41:02condamné à mort pour haute trahaison,
41:04est fusillé, comme Joseph Darnan,
41:06chef de la milice française,
41:08en octobre 1945.
41:12Parmi les grandes figures de la collaboration,
41:14Jacques Doriot, président du Parti populaire français,
41:17est mort en Allemagne.
41:19C'est son bras droit, Albert Begras,
41:20qui fait l'objet d'un procès.
41:23Il a choisi de rentrer
41:25et d'expliquer son cas.
41:27Et il était persuadé que tout le monde allait le croire,
41:30c'est-à-dire aller croire dans son espèce de...
41:33de franchise, de patriote,
41:36qu'il a fait tout ça pour le bien de la France.
41:39Je n'ai pas assisté au procès,
41:41parce que, bon, j'étais quand même un peu jeunette,
41:44mais je me souviens absolument de ces jours-là
41:48où il y a eu des journaux,
41:50il y a eu des...
41:52À mort, Begras.
41:54Après le procès, tout le monde sautait de joie,
41:56parce qu'il était qu'on allait à perpétuité,
41:59et pas à mort.
42:01Il était vivant.
42:10La capitulation de l'Allemagne
42:12est signée le 8 mai 1945.
42:14C'est la fin de la guerre.
42:15Près d'une année après le débarquement en Normandie.
42:18Dans les villes, les villages, les campagnes,
42:20ce ne sont plus des soldats,
42:22mais des civils qui défilent.
42:26Tout le monde délirait, c'était beaucoup de flirte.
42:29Tout le monde dansait, tout le monde chantait.
42:32On chantait des chansons
42:34que les Anglais nous avaient laissées.
42:37It's a long way to Tipperary
42:41It's a long way to Tipperary
42:45It's a long way to go
42:48Bye bye
42:52Désormais, dans toutes les régions de France,
42:55c'est une joie collective qui saisit le cœur des Français.
43:04Pourtant, l'Ouest du pays affronte une situation ahurissante.
43:09Malgré l'armistice,
43:11la guerre continue à Saint-Nazaire,
43:13La Rochelle, Royan et Lorient.
43:16Dans ces poches de l'Atlantique réputées imprenables,
43:20des Allemands sont toujours retranchés.
43:23En août 1944,
43:25les Alliés avaient renoncé à tenir ces fronts,
43:28préférant avancer vers l'Est.
43:31À Lorient, basse sous-marine du mur de l'Atlantique,
43:3420 000 FFI continuent de lutter contre les nazis
43:37qui y ont construit le plus grand bâtiment militaire hors d'Allemagne.
43:41Le 8 mai 1945,
43:43la nouvelle de la capitulation
43:45n'est pas parvenue au général Farnbacher
43:47et à ses 25 000 soldats
43:49qui tiennent toujours le siège.
43:52Coupés du reste de la France,
43:54les Lorient n'ont plus d'électricité,
43:56ni de radio.
44:00Ils devront attendre encore deux jours
44:02pour qu'un message émis depuis l'Allemagne
44:04intime aux places fortes de Saint-Cliné.
44:07La reddition sans précédent
44:09de Lorient est enfin signée.
44:20Le général Farnbacher
44:22remet symboliquement son arme
44:24au général américain Cramer.
44:27Saint-Nazaire, La Rochelle,
44:29Royan et Lorient sont enfin libres.
44:32Le front des oubliés vient de tomber.
44:39Août 1945.
44:42L'été arrive enfin
44:44dans cette France entièrement libérée.
44:46Après des années de séparation,
44:48les familles se retrouvent.
44:50Comme si après la déflagration,
44:52il fallait oublier les malheurs et les trahisons,
44:55seuls les épisodes épiques
44:57entreront dans l'histoire.
45:00Il faudra des décennies
45:02pour que les Français acceptent
45:04que toutes les victimes n'ont pas enduré les mêmes épreuves
45:06et que tous les Français n'ont pas résisté.
45:09De Gaulle, le grand libérateur,
45:11claque la porte du pouvoir
45:13en janvier 1946.
45:16Son départ scelle la fin d'une époque,
45:18celle des libérations.
45:26Pour les Français,
45:28c'est une nouvelle ère qui commence.
45:31La Rochelle,
45:33la Rochelle,
45:35la Rochelle,
45:36la Rochelle commence.
45:38La reconstruction d'un nouveau monde.
45:42La mort de mon frère m'a mûri.
45:45Tout compte fait,
45:47ce n'est pas dans l'aventure humaine de la libération
45:49qu'il me faut chercher ma propre délivrance.
45:52Il me faut une issue plus intérieure,
45:54moins anecdotique.
45:56La libération, on l'oubliera vite.
45:59Chacun la vivra comme il voudra,
46:01avec des trompettes ou des billets de banque,
46:03ou bien encore,
46:04avec des larmes.
46:06Ma propre libération,
46:08il n'y a que moi qui peut la faire,
46:10tout seul.
46:12Ça viendra.
46:34...
47:04...

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