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La dernière projection du film « Disco Afrika : une histoire malgache », a eu lieu, mardi 25 février dans l’auditorium de la mairie centrale de Ouagadougou. Réalisé en 2022 par Luck Razanajaona, ce film plonge le spectateur dans une quête identitaire à Tamatave, une ville portuaire de Madagascar, un pays en pleine crise politico-économique.
Transcription
00:00Moi, je suis un cinéaste qui est vraiment dans ce qu'on appelle le néo-réalisme.
00:06C'est un mouvement où on est vraiment entre le documentaire et la fiction.
00:11Et c'est beaucoup plus intéressant pour moi d'être dans cette frontière-là
00:18parce que moi, je suis aussi quelqu'un qui observe toujours la fête titienne et tout ça.
00:25Madagascar a connu beaucoup de crises politiques.
00:29Et celui de 2002, que j'avais choisi de mettre un peu dans ce film, est le plus violent.
00:36Donc moi, j'étais dans les rues, je voyais le désarroi de la jeunesse à cette époque.
00:41Et donc l'idée de ce film est vraiment d'arriver comme ça.
00:46C'est que si tu es un jeune qui n'a rien du tout, comment tu trouves ta place dans la société ?
00:52Donc la réflexion a déjà commencé à cette époque-là.
00:56Après, j'étais parti vers l'école de cinéma à Marrakech.
01:01Et en revenant en 2012, j'avais déjà écrit la première page du film.
01:07Vraiment, c'est juste la première page.
01:11Il n'y a que des personnes qui essaient de chercher quelque chose sur l'autre.
01:15Après, ce qui s'est passé, c'est qu'à Madagascar, le gouvernement,
01:19le ministère de la Culture ne supporte pas le cinéma, ne donne rien du tout.
01:25Donc si tu es un cinéaste, soit tu as déjà du matériel et tu tournes ta propre film comme ça,
01:33ou tu choisis d'essayer d'avoir tes financements.
01:37Et pour ça, il faut que tu te déplaces dans un autre pays.
01:41Donc moi, j'ai fait un peu tous les workshops et les ablis.
01:45J'étais allé en Afrique du Sud qui est à côté, la Réunion qui est à côté,
01:51Berlin, Rotterdam et tout ça dans des programmes, des workshops.
01:56Et tout ça, ça a déjà pris beaucoup de temps avant de trouver un producteur en 2016.
02:03Et à partir de là, il faut recommencer l'écriture et tout ça.
02:07Il faut commencer la recherche de financement.
02:12Après, il y avait eu le Covid.
02:15Parce que normalement, le film devait retourner en 2020.
02:18Mais Covid, donc on a perdu deux ans.
02:21Tous les acteurs sont des non-professionnels.
02:25C'est des gens de la rue et tout ça.
02:27Parista Kishun Kwame, c'est un conducteur de Cyclopus dans la ville de Damadaf.
02:34Il a fait le casting, il a été retenu.
02:37Et après le film, il est revenu.
02:40Conducteur de Cyclopus, conducteur de Tuk Tuk.
02:44Et l'année dernière, il a travaillé dans le station-service
02:48où il y a les camions qui partent, les pompistes et tout ça.
02:52Et que tout le monde n'a jamais trouvé de film.
02:58Et donc, c'est un peu ça aussi le challenge.
03:04C'est intéressant pour moi.
03:06Parce qu'à Madagascar, il n'y a presque rien du tout.
03:09C'est une équipe technique.
03:11Il faut vraiment construire le décor, les autorisations.
03:16C'est vraiment nouveau.
03:18Un tournage de long métrage à Madagascar.
03:21Et donc, on a fait ce qu'on a pu.
03:24Et il y avait ce film qui est meilleur.
03:28En plus, il faut aussi faire attention.
03:31Parce que c'est un film qui est très engagé.
03:34Et dans un pays comme Madagascar, si tu écris,
03:38t'en arrives, ouvre les yeux.
03:41Tu prends cinq ans de prison avec sursis.
03:44Donc, c'est cette atmosphère-là
03:47qui a été un peu la construction de ce film.
03:53Pour le film, franchement,
03:56d'abord, j'ai entendu parler du film.
03:59Et j'ai tenu à le regarder.
04:02C'est vrai qu'à cette heure.
04:04Mais c'était d'abord pour te féliciter
04:07et profiter de l'occasion
04:10pour te poser deux questions.
04:13La première question, c'est...
04:16C'est vrai que moi, je me croyais dans un documentaire.
04:20Tellement que c'était fluide, c'était cool.
04:23Mais j'aimerais bien savoir comment vous avez pu le faire.
04:28C'est-à-dire, le mettre entre la fiction et le documentaire.
04:31Et ma deuxième question, j'ai entendu dire
04:34que vous avez pris huit ans pour réaliser le film.
04:38Pourquoi huit ans?
04:41Et comment ça s'est passé?
04:44Moi, ça m'a pris au moins huit ans pour faire ce film-là.
04:47Donc, vraiment, je les encourage à croire en eux.
04:52Je les encourage aussi à vraiment aller jusqu'au bout
04:56de leurs réflexions.
04:59Parfois, dans le cinéma, dans certains pays,
05:02c'est un peu difficile de faire du cinéma.
05:05Il y a de la censure et tout ça.
05:08Mais il faut toujours savoir que c'est dans le cinéma
05:12qu'on voit le reflet de la société.
05:15C'est dans le cinéma qu'on voit un peu le futur d'un pays.
05:19Et c'est le cinéma aussi qui permet à un pays de réunir.
05:24Bravo pour ce chef-d'oeuvre.
05:27Ça fait beaucoup plaisir d'échanger aussi avec vous.
05:33Merci beaucoup.
05:35Et bon point encore au film.
05:37C'est qui va voyager.
05:39Merci beaucoup.
05:41Merci à tout le groupe.

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