La maire Horizons du 5e arrondissement de Paris, Florence Berthout, parle de la demande d’expulsion d’un fauteur de troubles : «En droit, les maires ont très peu de pouvoirs à Paris».
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00:00Alors depuis de très très très longs mois, alors il faut rappeler qu'en droit, les maires ont très peu de pouvoir, à Paris n'en ont hélas aucun sur ce sujet-là,
00:09donc nous, nous jouons le rôle d'alerte, à condition d'ailleurs qu'on en soit informé.
00:15Et je savais qu'il y avait des problèmes dans cet immeuble, qui est un tout petit immeuble en plus, vous voyez, c'est pas un grand ensemble social,
00:22c'est un tout petit immeuble dans un joli quartier, et depuis des mois déjà, j'ai alerté à d'innombrables reprises le maire social en disant qu'il y avait des problèmes.
00:32Et là on se trouve, si vous voulez, dans un cas tout à fait extrême, avec un individu qui ne se contente pas d'embêter, entre guillemets, le voisinage,
00:41même si c'est répréhensible en faisant du tapage, il y a eu des menaces de mort, des menaces antisémites, racistes, enfin c'est extrêmement préoccupant.
00:52Et à chaque fois qu'il y a des difficultés, la loi est ainsi faite, et les comportements des bailleurs sociaux en règle générale sont ainsi faits,
01:04qu'il va y avoir une course de lenteur. Donc une course de lenteur entre le bailleur, avec une espèce de renversement de la charge de la preuve,
01:11c'est ceux qui sont, si vous voulez, victimes de ces violences, ou de ces menaces, qui doivent apporter la preuve qu'il y a violence.
01:19Alors vous me direz, c'est le droit, mais c'est évident, quand vous avez un voisin, deux voisins, on peut se dire que c'est des petites querelles de voisinage,
01:28mais là c'est tout un immeuble. Et après, on a une deuxième course de lenteur, qui est celle de la justice, parce qu'on ne peut pas excluter un individu comme ça.
01:38Alors là vous avez vu, c'est les cas les plus extrêmes. C'est-à-dire qu'il faut arriver à un doigt sectionné pour qu'enfin on bouge.
01:45Il faut que la loi oblige les bailleurs et le juge à intervenir beaucoup plus vite, et le juge à rendre des décisions beaucoup plus rapides.
02:00Parce qu'en plus, un HLM, vu ce que vous décrivez d'un petit immeuble du cinquième arrondissement de Paris, je pense qu'il y a une liste, mais longue comme le bras,
02:10pour obtenir un logement. C'est un avantage incroyable de bénéficier d'un tel logement.
02:18Bien sûr. Le taux, d'ailleurs, c'est tellement vrai qu'il y a des lieux, mon arrondissement en fait partie, où vous avez des taux de rotation.
02:28C'est une caractéristique d'ailleurs de la capitale. Ce qu'on appelle le taux de rotation du logement social est de l'ordre de 5%.
02:35C'est un des taux les plus faibles de France. Donc quand on a un logement social, ce n'est pas qu'un droit.
02:44Une fois qu'on l'a eu, il y a peut-être encore plus de raisons de bien se comporter.
02:50Surtout quand on connaît le coût des loyers singulièrement sur Paris et singulièrement dans certains quartiers.
03:02En plus, vous avez un voisinage qui ne comprend pas, qui a l'impression que des personnes bénéficient de pas droit.
03:09Et tout ça, ce n'est pas bon pour vivre ensemble.
03:12Les offices HLM ont l'obligation de reloger ce type d'individus. C'est ça qu'on a du mal à comprendre.
03:19Quand on bénéficie d'un logement social, on le dit, on le répète, mais on bénéficie de la solidarité nationale.
03:24Si c'est moins cher que dans le privé, ça ne tombe pas du ciel. Ce n'est pas un miracle.
03:29C'est parce qu'il y en a d'autres qui payent pour vous.
03:31On est obligé de reloger ceux qui se comportent mal.
03:34On ne peut pas simplement leur dire, écoutez, monsieur, merci d'être venu.
03:36Toutes choses étant égales par ailleurs, comme l'obligation de re-scolarisation.
03:41Il faut évidemment qu'ils se comprennent, parce qu'on ne peut pas laisser à la rue des enfants.
03:48À qui se comprend ? Il peut y avoir débat.
03:50C'est-à-dire que là, ça nuit à ceux qui se comportent bien.
03:53Et à l'école, c'est la même logique.
03:55Ça nuit aux bons élèves. Donc on privilégie les mauvais élèves.
03:59Bien sûr. Dans les logements sur nos territoires, nous avons des personnes qui arrivent qui ont déjà fait l'objet d'une expulsion.
04:10Ça arrive tous les jours en France. Donc ça n'est pas possible.
04:15Alors on nous objecte évidemment des situations humaines quand il y a des enfants.
04:20Mais là, en l'espèce, il n'y a même pas d'enfants.
04:22Alors vous avez un deuxième cas de figure. Ce sont les personnes qui relèvent de la psychiatrie.
04:26Et statistiquement, comme hélas partout, comme aussi dans le parc privé, vous avez des éléments qui relèveraient de la psychiatrie.
04:39Mais il faut aller beaucoup plus vite.
04:41Et quand il y a une expulsion, ce n'est pas possible qu'on remette dans un logement social.
04:52Sous-titrage Société Radio-Canada