[#Reportage] Gabon : le pays mise-t-il sur le tout sécuritaire au détriment de l'éducation et la santé ?
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00:00Alors que le Gabon traverse une période de transition politique et économique, les choix
00:07budgétaires du gouvernement suscitent de vives interrogations. Avec un budget de 207
00:12milliards de francs CFA alloués au ministère de la Défense nationale en 2025, en augmentation
00:18de 13 milliards de francs CFA par rapport à l'année précédente, l'État semble privilégier
00:22une approche sécuritaire au détriment de secteurs essentiels comme l'éducation et
00:28la santé. Une orientation qui alimente le débat sur les véritables priorités nationales.
00:33Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le ministère de la Défense demeure le premier employeur
00:37de la fonction publique, avec 32 089 postes budgétaires en 2025, contre 25 557 pour l'éducation
00:45nationale. En clair, l'armée et les forces de sécurité continuent d'absorber une part
00:50colossale de la masse salariale de l'État, soit 25% des dépenses en personnel pour un
00:55total de 199 milliards de francs CFA. A cela s'ajoute l'intégration prévue de 3 000 nouveaux
01:01militaires alors que l'État peine à recruter 900 enseignants pour combler le déficit dans
01:06les matières scientifiques. Ce déséquilibre interroge comment justifier de tels investissements
01:11sécuritaires alors que le système éducatif souffre d'un cruel manque d'infrastructures
01:16et d'enseignants qualifiés. Outre l'éducation, le secteur de la santé demeure également en
01:21souffrance. Hôpitaux sous-équipés, pénurie de personnel médical, retard dans le versement des
01:27bourses aux étudiants en médecine. Autant de problématiques recurrentes qui semblent reléguées
01:31au second plan. Malgré des besoins pressants, l'éducation et la santé ne reçoivent qu'une
01:35enveloppe budgétaire cumulée de 30 milliards de francs CFA, soit un montant à peine supérieur à
01:41la hausse du budget de la Défense et de la Sécurité. Ce choix politique pose question.
01:45L'investissement dans le capital humain est pourtant le principal levier du développement
01:49économique et social. Former une main-d'œuvre qualifiée, garantir un accès à des soins de
01:54qualité et soutenir la recherche scientifique sont des conditions indispensables pour diversifier
02:00l'économie et réduire durablement le chômage. Depuis plusieurs années, le recrutement massif
02:05dans les corps militaires et policiers semble être une réponse à la crise du chômage plutôt
02:09qu'une stratégie de défense nationale structurée. Cette approche, bien que compréhensible sur le
02:13court terme, ne favorise pas une croissance durable ni l'émergence d'une économie
02:17diversifiée. Plutôt que de concentrer ses efforts sur une militarisation accrue,
02:21le Gabon gagnera à investir davantage dans l'éducation et la santé, qui constituent
02:27les véritables moteurs d'une société prospère. La jeunesse gabonaise, qui représente plus de
02:3160% de la population, mérite un accès à une formation de qualité et à un marché du travail
02:36dynamique. Alors que le gouvernement prône l'excellence et la performance, il semble
02:41urgent de réajuster les priorités budgétaires. Investir dans l'éducation et la santé,
02:46c'est garantir un avenir meilleur au pays. A défaut, le Gabon risque de s'enfermer dans
02:51un cycle où le tout sécuritaire ne résout ni les problèmes structurels
02:55ni les aspirations profondes de la population.