A l'occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous avons rencontré trois femmes qui s'illustrent dans leur domaine. Dena Vahdani est une des étoiles montantes du stand-up bruxellois. Sur scène elle revendique avec fierté ses identités multiples, étant, entre autres, lesbienne et fille d’immigrés iraniens. Une intersectionnalité qui participe à diversifier le milieu du stand-up qu’elle considère comme avant-gardiste.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Moi c'est Déna, j'ai 33 ans et je fais du stand-up.
00:05C'était très bref !
00:09Je me suis mise à faire du stand-up un peu par hasard. C'était pas du tout un rêve.
00:15Moi je rêvais d'être médecin. Pendant mes études je me suis rendu compte que j'avais besoin de créer
00:20et donc j'ai arrêté mes études et
00:22j'ai fait un workshop de stand-up et je me suis lancée dans le vide. Mais ça m'a fait beaucoup de bien
00:27et j'ai jamais voulu arrêter de sauter dans le vide.
00:30Bonsoir à tous, je m'appelle Déna et je suis iranienne.
00:33Alors je ne sais pas si vous connaissez les femmes iraniennes, mais elles font partie des plus belles femmes au monde.
00:40Moi on me dit que je ressemble à Béa, l'infirmière dans la série H.
00:46L'intersectionnalité c'est quelque chose d'omniprésent dans ma vie parce que je suis dans l'intersectionnalité. Je suis une personne
00:52d'origine iranienne, LGBT,
00:54enfant d'immigré, qui a grandi dans un environnement flamand, donc il y a beaucoup de couches.
01:00Pour moi c'est une évidence, mais je sens bien que pour mon public c'est encore quelque chose de parfois difficile à cerner.
01:05J'ai l'impression que c'est déjà un effort d'absorber la première info qui est, ok donc c'est une fille
01:12d'immigré iranien, ok. Et en fait il leur faut un temps pour
01:15s'adapter à cette info que je débarque avec. Ah mais en fait je suis lesbienne et donc je sais que ça peut
01:22les rendre un peu confus, mais c'est là la force du stand-up où tu peux, avec trois vannes,
01:27tout désamorcer et en fait tout devient très très clair. Et ça j'adore.
01:32Ma mère elle est vraiment chill, elle a bien accepté mon changement de carrière, tu vois, elle a aussi bien réagi que quand je lui ai dit que je suis lesbienne.
01:41Lesbienne ? Iranienne ?
01:44Oui je sais, je sais, c'est une catégorie très très niche sur Pornhub, je sais.
01:49Et en fait j'ai reçu tellement de retours et tellement de réactions positives
01:53d'enfants d'immigrés, d'arrière-enfants, d'arrière-petits-enfants d'immigrés,
01:58de personnes LGBT ou qui se sont découvertes LGBT ou qui ont fait leur coming-out juste après le spectacle.
02:03Il y a eu tellement de réactions positives que je me suis rendu compte que, oh my god, en fait,
02:07que je le veuille ou non, quand on est dans l'œil des médias, on devient un
02:13porte-parole, on devient une représentation en fait de ce qu'on dit. Et ça je ne me rendais pas du tout compte.
02:19Je pense au moins à Rihanna
02:21qui disait, mais moi j'ai pas fait ce métier pour représenter qui que ce soit. Et je te comprends Rihanna,
02:27mais pour dire que
02:28c'était pas mon but numéro un, c'était pas en mode je vais faire du stand-up pour dire ça.
02:32Mais ça l'est devenu. Aujourd'hui je me rends compte d'autant plus de l'importance
02:36de la liberté en fait. Oui, on est inconsciemment conscient de l'importance de la liberté,
02:43mais j'ai dû m'intéresser encore de plus près à la culture iranienne,
02:48à la fragilité de la liberté, et j'ai vraiment compris ce que ça voulait dire pour ma mère de quitter l'Iran, de très très près.
02:54Et ça m'a ouvert les yeux en fait. Et je pense que cette ouverture de yeux,
02:59maintenant je veux la partager. Et j'aime bien expliquer aux gens, tout en les faisant rire, à quel point c'est
03:06beau et important
03:09de savourer chaque seconde de la liberté.
03:11Les parents, ils sont partis, ils ont fui pour trouver la liberté.
03:15Ils l'ont trouvée, ils me l'ont donnée.
03:16Et ça me permet d'être ici ce soir devant vous. Je pense que les stand-upers et le monde du stand-up est un peu en avance
03:21sur son temps.
03:24Si c'est le cas, et si ce que je dis est vrai, je pense qu'on avance vers le droit chemin, parce que
03:31les personnes qui m'entourent dans le stand-up
03:33sont très ouverts d'esprit finalement. Je pense que pour être stand-uper, tu dois être absolument ouvert d'esprit,
03:37tu dois être au courant du monde dans lequel tu vis.
03:41Et donc souvent, j'ai l'impression qu'on est un peu en avance sur notre temps, on est
03:46tolérant, ouvert d'esprit,
03:48beaucoup moins dans le jugement, même si on est des
03:51personnalités qu'on aime juger justement. Et c'est ça que les gens viennent voir, c'est on veut savoir ce que Déna pense sur tel sujet.
03:58Moi j'ai commencé le stand-up en Flandre, et il faut dire que le public flamand, il est
04:02flamand, tu vois. Il sourit, mais il te fait le sourire du flamand, que j'appelle aussi le sourire du collègue, c'est celui-là.
04:12Au niveau des profils présents dans le stand-up, ça se diversifie de plus en plus. Et ça, c'est tellement beau à voir,
04:20parce qu'il y a de moins en moins d'a priori auprès de nous stand-upeurs,
04:24mais l'a priori reste encore présent en dehors. Donc c'est souvent les médias en fait qui vont nous poser des questions
04:31qui me cringent en fait, en me disant mais on ne voit pas de femmes dans le stand-up. Et je dis bah juste
04:36faire des recherches, tu vas en trouver vraiment beaucoup qui sont extrêmement talentueuses.