Guerre en Ukraine : vers une hausse des dépenses de défense
Invités cette semaine:
- Léa Balage El-Maliky, députée groupe « Écologiste et Social » de Paris,
- Christian Cambon sénateur LR du Val-de-Marne.
Parlement Hebdo est au coeur de l'actualité politique pour vous faire vivre cette année parlementaire inédite.
Chaque vendredi c'est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions en séance ou en commission.
Cette saison, une nouvelle formule : un débat entre un député et un sénateur sur les grands sujets qui rythment la vie du Parlement.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux !
X : https://x.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Threads : https://www.threads.net/@lcp_an
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an
Newsletter : https://lcp.fr/newsletter
Retrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/
#LCP #assembleenationale #Politique
Invités cette semaine:
- Léa Balage El-Maliky, députée groupe « Écologiste et Social » de Paris,
- Christian Cambon sénateur LR du Val-de-Marne.
Parlement Hebdo est au coeur de l'actualité politique pour vous faire vivre cette année parlementaire inédite.
Chaque vendredi c'est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions en séance ou en commission.
Cette saison, une nouvelle formule : un débat entre un député et un sénateur sur les grands sujets qui rythment la vie du Parlement.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux !
X : https://x.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Threads : https://www.threads.net/@lcp_an
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an
Newsletter : https://lcp.fr/newsletter
Retrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/
#LCP #assembleenationale #Politique
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Générique
00:02...
00:08Bonjour à tous.
00:09Heureux de vous retrouver pour un nouveau numéro
00:12de Parlement hebdo.
00:13L'émission revient sur les temps forts de la semaine au Parlement.
00:17Nous vous proposons un débat entre un député et un sénateur.
00:20Une députée, nous accueillons Léa Ballagel-Mariqui.
00:23Vous êtes membre du groupe écologiste et social de Paris
00:27et vous faites partie de la commission des lois
00:29de l'Assemblée nationale.
00:31Vous débattez avec Christian Cambon.
00:33Sénateur LR du Val-de-Marne,
00:35envoyé spécial du président du Sénat
00:37pour les relations internationales.
00:39Vous êtes ancien président de la commission des affaires étrangères
00:43et de la défense du Sénat.
00:44Nous consacrerons une large partie de cette émission
00:47à la guerre en Ukraine et à la sécurité en Europe.
00:50Une urgence débattue au Parlement cette semaine
00:53pour faire face à la menace russe.
00:54Le président de la République, Emmanuel Macron.
00:57Et puis, le Sénat a débattu cette semaine
00:59d'une autre question internationale.
01:02Dans la crise diplomatique actuelle avec l'Algérie,
01:04la France doit-elle dénoncer les accords de 1968
01:07qui facilitent l'installation des immigrés algériens en France ?
01:12Mais d'abord, la question à la une,
01:14la réponse de la France face à la menace russe
01:17et au désengagement américain en Ukraine,
01:19le récit de Stéphanie Despierre.
01:22Dès lundi, le Premier ministre donne le ton.
01:25C'est la fin de la loi du plus juste.
01:29C'est le règne de la loi du plus fort.
01:32Le lendemain, même gravité devant le Sénat.
01:35Ces débats sur l'Ukraine et la sécurité en Europe
01:38étaient prévus de longue date,
01:39mais l'humiliation de Volodymyr Zelensky
01:42par Donald Trump et l'arrêt de l'aide américaine à Kiev
01:45ont changé la donne.
01:46Mercredi soir, le président de la République
01:48s'adresse sans détour aux Français.
01:51Nous entrons dans une nouvelle ère et la Russie est une menace.
01:54Que la paix en Ukraine soit acquise rapidement ou non,
01:57les Etats européens doivent,
01:59compte tenu de la menace russe que je viens de vous décrire,
02:03être capables de mieux se défendre
02:05et de dissuader toute nouvelle agression.
02:08Quoi qu'il advienne, il nous faut nous équiper davantage.
02:12Emmanuel Macron promet de le faire sans augmenter les impôts,
02:16ce qui réclame des réformes et du courage, dit-il.
02:19A l'Assemblée, les réactions à cette allocution sont contrastées.
02:23Le président de la République avait trouvé les mots justes,
02:26capacité à décrire la situation dans sa réalité,
02:28dans sa complexité et dans la difficulté qui est devant nous.
02:32C'est exactement ce que nous avons sous les yeux,
02:34c'est-à-dire la nécessité pour l'Europe de se constituer en puissance.
02:38À certains moments, on avait l'impression
02:40que les chars russes allaient arriver à Paris la semaine prochaine.
02:44Je ne pense pas qu'on en soit là.
02:46Vu la gravité de la situation,
02:47le président de la République a été trop alarmiste.
02:50Il a été à la hauteur.
02:51Il reste encore un certain nombre de flous
02:54qui méritent d'être levés.
02:55Quand le président de la République dit qu'il faudra faire des efforts,
02:59il ne dit pas qui, quand et comment.
03:02Il faut tout mettre en oeuvre pour qu'il y ait une paix équitable
03:05et durable, mais on ne peut pas demander aux Français
03:08de faire encore des efforts, c'est impossible.
03:11Face aux inquiétudes, François Bayrou précise
03:14que cette priorité à la défense n'implique pas l'abandon
03:17de notre modèle social.
03:18Commençons par une question d'actualité.
03:21Ce jeudi soir, ça y est, les Etats membres de l'Union européenne
03:24ont validé le plan de 800 milliards d'euros
03:27pour réarmer l'Europe sur le plan militaire.
03:29Est-ce que c'est le début d'une véritable défense européenne ?
03:34Je crois que là, ce que nous avons face à nous,
03:37c'est évidemment un défi immense,
03:39immense pour nos démocraties, pour l'Europe,
03:42mais d'abord pour l'Ukraine qui résiste depuis plus de trois ans
03:45à l'agression de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine,
03:48en réalité, commencée dès 2014.
03:50Nous avons besoin d'une réponse politique
03:52extrêmement forte en Europe, et donc ce plan,
03:55ce début de plan et de coordination autour d'une défense européenne
03:59est une première étape essentielle, et donc c'est positif,
04:02mais il faut aussi avoir à coeur de bâtir notre souveraineté,
04:06notamment notre souveraineté énergétique,
04:08notre souveraineté alimentaire, parce que nous dépendons
04:11encore de l'énergie fossile russe.
04:13Il faut réarmer l'Europe pour lui donner les missiles,
04:16les moyens de sa défense.
04:18Mais si on continue avec une main de réarmer l'Europe
04:21et de l'autre main de financer les Russes
04:24en continuant d'importer du gaz russe,
04:26de l'uranium enrichi, en réalité,
04:29tous les efforts que nous faisons d'un côté,
04:31nous allons les annuler de l'autre.
04:33Christian Cambon, est-ce qu'il faut à la fois
04:36se réarmer au niveau européen, avoir notre indépendance militaire,
04:40et être encore plus durs avec la Russie
04:42et arrêter de s'approvisionner en gaz russe ?
04:44Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on assiste
04:47à une accélération de l'histoire que nous n'avons jamais connue.
04:51On a basculé dans un monde en l'espace de huit jours
04:55qui aurait raconté la scène de vendredi dernier
04:59à la Maison-Blanche, il y a quelques jours.
05:03Je pense que le seul service que M. Trump a rendu à l'Europe,
05:07c'est qu'au moins, il y a eu une prise de conscience.
05:10On vient d'avoir trois sommets successifs,
05:13et notamment celui de Bruxelles hier,
05:15où le changement de ton est tout à fait notable,
05:19puisque maintenant, tout le monde,
05:21peut-être à l'exception de M. Orban en Hongrie,
05:25qui tient un langage un peu différent,
05:27mais tous les pays européens font preuve d'une forte volonté
05:31d'investir dans une défense européenne
05:34qui ne dépend moins, peut-être plus à terme,
05:38mais en tous les cas, beaucoup moins, des États-Unis.
05:40Je pense que c'est effectivement une volonté qui est positive.
05:44Et je rejoins ce que dit l'Air Barrage.
05:46Il faut bien évidemment que cette souveraineté,
05:49nous la retrouvions dans tous les domaines.
05:52Si dans le même temps, sous le tapis
05:54et par l'intermédiaire d'intermédiaires X ou Y,
05:57on continue à acheter du gaz russe
05:59ou des produits qui viennent de ce pays,
06:03on continue à alimenter la machine de guerre russe.
06:06Donc, il faut s'engager dans cette prise de conscience
06:09et faire les efforts qui vont être nécessaires.
06:11– Léa Balla, Jeanne-Marie, vos alliés communistes et insoumis,
06:15nous vous proposent l'air, disent que réarmer l'Europe,
06:18ça va entraîner une escalade militaire avec la Russie.
06:22Est-ce que réarmer l'Europe, c'est ça qui permet d'avoir la paix ?
06:26Ou au contraire, ça amène à l'escalade ?
06:28– Je crois que là, on a un impérialisme russe
06:32qui est extrêmement puissant et qui ne s'arrêtera pas
06:35aux frontières de l'Ukraine.
06:37La Russie essaie de faire des provocations,
06:41je pense à l'Estonie, la Pologne qui nous dit
06:43nous sommes en danger et nous sommes extrêmement dépendants
06:47des États-Unis, nous avons besoin de l'Europe
06:48pour construire une défense qui soit souveraine
06:51sur le continent européen.
06:52En réalité, ce n'est pas l'escalade dont il faut avoir peur,
06:56c'est de la Russie qui est une menace,
06:58une menace pour nos démocraties.
07:00Elle le fait aux frontières de l'Europe,
07:02mais elle le fait aussi dans nos propres frontières.
07:06Quand elle attaque notre système démocratique
07:08avec des fake news, avec une attention particulière…
07:11– Une attention de déstabilisation, des services publics…
07:13– Exactement, et donc nous avons besoin de réarmener…
07:15– À gauche, vous n'êtes pas du tout d'accord sur ce diagnostic ?
07:18– Si vous voulez, moi je comprends qu'on ait des appréhensions
07:21différentes de la manière dont on doit coordonner politiquement
07:24la défense au niveau européen.
07:26Mais nous avons la chance d'avoir, et vous venez de le dire,
07:29d'avoir un sursaut et de faire de l'Europe une entité politique
07:32capable d'avoir une souveraineté, qu'elle soit militaire,
07:36économique, industrielle, c'est extrêmement important.
07:39– Christian Cambon, la prise de conscience est là,
07:41face à la réalité de la menace.
07:44La Russie, c'est une menace pour la France,
07:47est-ce que c'est la bonne stratégie que de durcir le ton
07:50face à Vladimir Poutine ?
07:52– Il est évident que la tournure des événements incite la France,
07:57mais les pays européens d'une manière générale, à durcir le ton.
08:03Nous n'avons pas de temps suffisamment long
08:06pour reprendre toute cette histoire depuis les accords de Minsk
08:08jusqu'à aujourd'hui, ceci étant, ce que dit le président Poutine,
08:13parlant hier de Napoléon, mais enfin, qui a envahi qui ?
08:18Napoléon allait vers Moscou pour envahir Moscou.
08:21Je ne sache pas que les Français ou les Européens
08:23ont l'intention d'aller conquérir la Russie.
08:25En revanche, c'est bien la Russie qui a porté atteinte à un pays souverain
08:30dont l'intégrité des frontières était reconnue internationalement
08:35et qui a donc rompu un certain nombre d'accords internationaux
08:38d'une gravité extrême.
08:39Je rappelle que la Russie est signataire de la Charte des Nations Unies
08:42et membre du Conseil de sécurité.
08:44Donc face à cette escalade, face à ces menaces…
08:46– Un permanent du Conseil.
08:47– Oui, et la Russie, elle-même, monsieur Poutine,
08:51a à plusieurs reprises mentionné l'arme nucléaire.
08:56Et autour de lui, il y a des gens encore beaucoup plus violents
08:58qui disent qu'il faut casser et rompre l'épine dorsale de l'Europe
09:02en utilisant l'arme nucléaire.
09:04Donc je comprends tout à fait qu'à la fois nos opinions publiques
09:07soient très inquiètes, et c'est tout à fait normal,
09:09et je pense qu'éclairer l'opinion comme on essaye de le faire aujourd'hui,
09:12c'est très important, et que de la part de nos dirigeants,
09:15il y ait une réaction face à des discours qui sont éminemment bellicistes.
09:19– Alors sur le plan français, Emmanuel Macron a annoncé
09:21une hausse de nos dépenses militaires, l'éaballage et le maréquis.
09:25Est-ce que la défense doit devenir la nouvelle priorité
09:28dans nos dépenses publiques ?
09:31– Il y a une discussion qui doit avoir lieu sur la manière
09:34dont on finance cet effort.
09:36Cet effort, il ne peut pas reposer sur les classes moyennes,
09:39sur les classes populaires.
09:40Moi j'en appelle au patriotisme fiscal des plus riches.
09:43Les écologistes ont déposé un texte qui a été adopté
09:46à l'Assemblée nationale, une taxe, la taxe Zucman,
09:49qui permet d'avoir un rendement de près de 15 à 20 milliards d'euros.
09:53C'est une taxe sur les patrimoines des personnes
09:55qui ont plus de 100 millions d'euros.
09:57Ces personnes-là, il faut les mettre à contribution.
09:59Il faut aussi être moins dépendant, je le disais,
10:02des énergies fossiles, des engrais russes également que nous importons.
10:07– Alors est-ce que vous êtes d'accord avec l'éaballage et le maréquis
10:09qui appellent au patriotisme fiscal des plus riches ?
10:12Est-ce que ça pourrait être une bonne idée de faire contribuer
10:15ceux qui peuvent le plus pour cet effort nouveau et important
10:18qu'on va tous devoir faire ?
10:19– Je ne suis pas un fanatique des impôts nouveaux dans un pays
10:22qui a quand même les performances les plus importantes en manière de fiscalité.
10:28Ceci posé, je pense que c'est une idée à laquelle il faut réfléchir,
10:33mais qui ne réglera pas tous les problèmes
10:34égards aux sommes qui sont en jeu et dont on parle.
10:38Alors je crois qu'effectivement, si la fraction la plus riche,
10:42on a parlé des 1800 plus riches qui payent moins d'impôts
10:45proportionnellement que les classes moyennes,
10:47si ces gens-là ne contribuent pas, peut-être il faut regarder.
10:50Mais je ne pense pas qu'il faille systématiquement se tourner uniquement vers cela.
10:54Alors comment va-t-on couvrir des sommes pareilles ?
10:57– Oui, d'autant que ce vendredi, François Bayrou dit
11:00qu'il n'y aura pas de hausse d'impôts dans la foulée,
11:03comme l'avait dit Emmanuel Macron.
11:04Comment fait-on ?
11:06– Déjà, remettons les choses en perspective.
11:07Les forces armées, j'ai été rapporteur des deux lois de programmation militaire,
11:12donc je sais à peu près où on en est.
11:14Les forces armées représentent dans le budget français actuellement 2%
11:19lorsque les dépenses économiques, sociales, universales sont à 56%.
11:25Donc il ne faut pas dire, comme on peut le lire ici ou là,
11:28que brusquement, en faisant un effort de défense,
11:30on va déstabiliser, on va remettre en place,
11:32on remet en cause le modèle social.
11:33Non, bien évidemment, la France va rester ce qu'elle est
11:37et les Français vont vivre comme ils peuvent
11:39et dans le schéma qui est actuellement le schéma social qui est le nôtre.
11:45Alors, est-ce qu'il y a des moyens de financement ?
11:47Bien évidemment, il y a d'abord cet emprunt qui va être souscrit
11:52par l'Union européenne, 150 milliards d'euros,
11:57qui va être souscrit dans des conditions et dans des garanties
11:59qui vont être plus intéressantes que si chacun empruntait de son côté.
12:04Il y a les fonds structurels européens dont j'ai appris, du reste avec surprise,
12:07que près de 350 milliards n'étaient pas utilisés.
12:10Moi, il me semblait que les fonds structurels,
12:12Dieu sait si on en aurait besoin,
12:13je pense à tous nos maires et toutes les collectivités,
12:16mais enfin, s'il y a cet argent qui est disponible, utilisons-le.
12:19Et puis, il y aura effectivement un effort qui sera demandé,
12:23soit à des financements publics ou privés.
12:25Et je veux souligner à cet endroit que nous avons fait une proposition,
12:29mon collègue Pascal Alizar a déposé une proposition de loi.
12:32Nous avons demandé qu'on puisse, de manière volontaire,
12:36solliciter les Français qui pourraient vouloir investir
12:39une partie de leur épargne sur la défense.
12:41On investit sur Yoplait ou sur Carrefour.
12:45Pourquoi on n'investirait pas sur notre sécurité ?
12:47Ça concerne quand même nos enfants et les générations futures.
12:50Et orienter, par exemple, l'argent du livret A
12:52vers le financement des entreprises de défaut.
12:54Une partie, ce qui...
12:55On ne veut pas assécher non plus le logement social,
12:57mais une partie pour aller vers ces financements.
12:59Léa Balazs-El-Mareki,
13:01est-ce qu'il faut aussi geler les milliards d'euros d'avoirs russes,
13:05alors que pour l'instant, le droit international nous l'interdit ?
13:07On peut juste utiliser les intérêts de ces avoirs.
13:10Alors, il faut bien comprendre la situation.
13:13Il faut utiliser ces avoirs gelés.
13:14Nous avons des actifs, des avoirs russes,
13:17qui sont gelés dans les banques européennes,
13:20notamment en Belgique.
13:21Plusieurs pays européens ont déjà dit qu'ils étaient volontaires
13:25à l'idée de pouvoir saisir l'ensemble de ce capital,
13:29200 milliards d'euros,
13:30pour pouvoir financer l'effort à destination de l'Ukraine
13:33et la reconstruction de l'Ukraine.
13:35C'est tout à fait possible en droit européen.
13:37Les conventions internationales nous disent
13:39que si on commet un acte illégal,
13:41en l'espèce l'agression de la Russie vis-à-vis du territoire ukrainien,
13:45une réponse proportionnée peut être faite.
13:48Nous saisissons déjà les intérêts de ce capital
13:51qui est actuellement dans nos banques.
13:53Donc, c'est une forme d'hypocrisie
13:54que de dire que nous ne pouvons pas utiliser tout le capital.
13:57C'est aussi une obligation morale.
13:59Nous avons 140 prix Nobel qui se sont mobilisés
14:02pour nous dire d'aller saisir cet argent qui est disponible.
14:05200 milliards d'euros qui dorment dans les banques européennes
14:09et qui peuvent contribuer à reconstruire l'Ukraine
14:12dans la justice également.
14:13Est-ce que c'est la bonne voie, Christian,
14:15quand tous ces avoirs restent dedans ?
14:17Que l'on saisisse le produit de ces saisies, c'est une chose.
14:19Que l'on saisisse l'argent qui est déposé,
14:22ça a quand même une certaine limite,
14:23car il faut bien comprendre
14:25que d'autres pays déposent de l'argent en Europe, beaucoup.
14:28Le gouvernement n'est pas favorable.
14:30Il y a eu beaucoup de débats sur ça.
14:31Beaucoup d'autres pays déposent l'argent dans les banques européennes
14:35parce que l'euro est une monnaie forte, etc.
14:37Cela pourrait avoir beaucoup de conséquences à terme
14:40de ces pays qui se disent, si jamais un jour on est en difficulté
14:44ou on a un conflit avec l'Allemagne ou avec la France,
14:46un conflit commercial, ils vont nous saisir nos biens
14:49et donc on risque d'avoir un contre-effet
14:52qui risque d'être plus grave que l'argent que l'on peut tirer.
14:56Donc, il faut être très attentif à ça.
14:58Ça peut faire plaisir, bien sûr, de dire on va tous les saisir,
15:01les yachts, les maisons, etc.
15:02Très bien.
15:03Vous êtes d'accord.
15:04Les 200 milliards, c'est de l'argent public.
15:06Ça ne s'agit pas des Olympiards.
15:07J'entends bien.
15:08C'est pour ça que je pense qu'effectivement,
15:10les produits, à la moindre des choses,
15:11ceux qui doivent rembourser, c'est la Russie.
15:14C'est la Russie qui a attaqué,
15:15c'est la Russie qui détruit chaque jour l'Ukraine.
15:19Donc, si un jour il y a des dommages de guerre,
15:20comme on a parlé à d'autres périodes de notre histoire,
15:24c'est la Russie qui devra payer le mal qu'elle a fait.
15:27Alors, elle le fera sur ses moyens,
15:31mais je pense que là, on peut d'ores et déjà saisir les produits,
15:36mais sur les sommes, restons dans les règles internationales,
15:39car on pourrait avoir des retours
15:41qui seraient assez douloureux
15:42pour les économies de nos pays respectifs.
15:45Vous voulez répondre ?
15:46Oui, je ne suis pas tout à fait d'accord,
15:48parce qu'en réalité, quand on n'a pas une réponse
15:50extrêmement forte vis-à-vis d'un agresseur
15:53qui a une vision impérialiste,
15:54je crois que quand on ne défend pas notre système démocratique,
15:57c'est là où on fragilise notre économie.
15:59On fragilise notre économie
16:01parce que nous n'avons pas l'ensemble de notre arsenal
16:03à la disposition.
16:04Nous n'allons pas saisir l'argent qui est dans nos banques.
16:07Et nous l'avons déjà fait,
16:08des sanctions économiques, nous l'avons déjà fait.
16:10Là, c'est d'aller jusqu'au bout du processus.
16:13C'est possible en droit international.
16:14Le droit coutumier international nous le permet.
16:17C'est demandé d'un point de vue moral, éthique,
16:22par la communauté internationale.
16:23Plusieurs pays européens y sont favorables,
16:25et au sein de l'Assemblée nationale,
16:27nous avons été plusieurs familles politiques différentes
16:31à être favorables à cela.
16:32C'est la raison pour laquelle j'ai déposé
16:34une proposition de résolution signée par plusieurs groupes
16:37parlementaires pour demander à ce que le gouvernement
16:40s'exprime en faveur de cette saisie du capital des avocats.
16:43Ce qu'il n'a pas fait, c'est qu'il y a des raisons...
16:45On ne l'a pas encore convaincu, mais on va y arriver.
16:47On va parler de l'Algérie,
16:49puisque les sénateurs ont débattu cette semaine
16:51des accords migratoires de 1968 entre la France et l'Algérie,
16:54des accords que le Premier ministre, François Bayrou,
16:57a menacé la semaine dernière de dénoncer
16:59dans un contexte de crise diplomatique très forte
17:02entre Paris et Algiers.
17:03Flora Sauvage.
17:08La coupe est pleine pour la droite sénatoriale.
17:10Dans un contexte de vive tension entre Paris et Algiers,
17:13un débat a eu lieu le 4 mars au Sénat,
17:15à l'initiative du groupe Les Républicains,
17:17qui veulent en finir avec l'accord franco-algérien de 1968.
17:21Cet accord confère aux ressortissants algériens
17:23des conditions de séjour plus favorables
17:25qu'aux autres étrangers.
17:27Mais deux visions s'opposent au sein du gouvernement.
17:29Face à la ligne dure de Bruno Retailleau,
17:31le ministre délégué en charge de l'Europe
17:33a défendu une position plus mesurée.
17:35Vous avez mentionné une solution
17:38qui se ferait dans le bénéfice de nos deux peuples.
17:40C'est bien entendu tout l'objectif de ce que nous recherchons.
17:43C'est une renégociation pour défendre nos intérêts,
17:46pour pouvoir maîtriser notre immigration,
17:49mais bien sûr qui n'irait pas aussi à l'encontre du peuple algérien.
17:54Interrogé sur l'attentat au couteau à Mulhouse
17:56le 22 février dernier,
17:57commis par un Algérien sous le coup d'une obligation
17:59de quitter le territoire
18:01lors des questions d'actualité au gouvernement,
18:03le ministre de l'Intérieur a réitéré sa volonté de mettre fin
18:07à l'accord franco-algérien.
18:08Si l'Algérie avait respecté le droit,
18:11nos accords, ses obligations,
18:14il n'y aurait pas eu d'attentat islamiste à Mulhouse.
18:17Pour ma part, je l'ai toujours dit,
18:18c'est une position personnelle que je répète,
18:20nous ne devons pas écarter la discussion
18:23sur les accords de 68.
18:24Une remise en cause de l'accord de 1968
18:26que n'approuve pas le chef de l'État
18:28et qui a valu au Premier ministre un rappel à l'ordre,
18:31mais la droite sénatoriale ne veut pas en rester là.
18:33Je voudrais demander au président de la République,
18:35combien coûtent ces accords ?
18:37Est-il capable de nous donner aujourd'hui,
18:39ventilé par prestations,
18:40à quel montant s'élèvent ces accords ?
18:42Parce que je pense que le contribuable français
18:44doit le savoir.
18:45À gauche, on désapprouve le bras de fer
18:47engagé avec l'Algérie.
18:48On n'est pas obligé d'injurier, d'invectiver
18:50et d'essayer d'humilier son partenaire.
18:52Quand vous cherchez l'humiliation, vous avez l'effet contraire.
18:55L'accord franco-algérien a déjà été révisé trois fois
18:57depuis 1968.
18:59La droite, sous la houlette du ministre de l'Intérieur,
19:02Bruno Retailleau, réclame désormais son abrogation,
19:04pure et simple.
19:06Christian Cambon, dénoncer ces accords de 68,
19:08cela aggraverait fortement la crise diplomatique actuelle
19:11avec l'Algérie.
19:12Pourquoi mettre de l'huile sur le feu ?
19:14La crise entre l'Algérie et la France
19:18trouve ses origines, on le sait,
19:20au changement de position du président de la République,
19:23donc de la France, sur le Sahara occidental.
19:26A partir de là, on voit, de la part de l'Algérie,
19:29un certain nombre de mesures qui viennent soit humilier,
19:33soit agresser la France, ce que nous regrettons.
19:37Emmanuel Macron a reconnu la souveraineté du Maroc
19:40sur le Sahara occidental.
19:41J'ai eu l'honneur d'accompagner, la semaine dernière,
19:44le président du Sénat à Rabat,
19:46puis à la Hayoune, au Sahara occidental,
19:48au cours duquel, d'abord, il n'a jamais prononcé
19:51un seul mot contre la relation avec l'Algérie,
19:54et, deuxièmement, il a authentifié la position,
19:57il a donné son aval à la position
19:59que le président de la République avait.
20:01Ca, c'est le fait générateur qui a, j'allais dire,
20:03exacerbé la situation,
20:06qui n'était pas quand même extraordinaire
20:08depuis quelque temps.
20:09Il y avait eu cette affaire de M. Sansal,
20:13qui est emprisonné dans des conditions...
20:15Je rappelle que c'est un franco-algérien
20:17qui est emprisonné.
20:18Et puis, il y a eu cette histoire des OQTF
20:20qui ne sont pas réacceptés,
20:22alors même qu'ils sont titulaires de passeports algériens.
20:25Or, les obligations internationales,
20:27le droit international oblige tout pays
20:29à recevoir son ressortissant.
20:34Donc, il faut aller au bras de fer.
20:36Je pense que, maintenant, il faut un peu changer de régime
20:40et essayer de parler des choses
20:42qui peuvent, effectivement, aggraver la situation,
20:45mais faire en sorte qu'avec l'Algérie,
20:47le dialogue se renoue
20:50et que l'on puisse véritablement régler cette histoire
20:53du retour des OQTF.
20:54Et qu'à ce moment-là,
20:56un certain nombre de dispositions de ces accords...
20:58Les accords internationaux ne sont pas faits pour durer.
21:01Qu'est-ce qu'étaient les accords de 1968 ?
21:04C'était une époque où nous avions besoin de beaucoup de travailleurs.
21:08Les entreprises, pour ces 30 glorieuses,
21:10elles faisaient venir beaucoup d'Algériens
21:12qui sont venus travailler en France.
21:14La France doit leur être très reconnaissante
21:17de ce qui a été fait pour notre développement économique.
21:20Mais ça ne s'étale pas dans le temps
21:22et sans aucune condition.
21:24Là, nous avons créé un problème qui a des bases et des fondements,
21:28vous l'avez rappelé, historiques.
21:30Mais nous avons une aggravation du problème
21:32par les prises de parole un peu intempestives
21:35du ministre de l'Intérieur, qui fait de la politique intérieure
21:38à travers des relations diplomatiques
21:40qu'il tend inutilement avec l'Algérie.
21:42C'est une manœuvre de politique politicienne...
21:45Vous savez, vraiment, c'est parce qu'il y a une fébrilité
21:48entre la politique intérieure en Algérie et en France,
21:51et les deux Etats se servent aussi de ce conflit
21:55qui n'arrive pas à trouver une solution diplomatique.
21:58Il ne faut pas mettre de l'huile sur le feu.
22:00Bien sûr que non. Parlez des accords de 68.
22:03Excusez-moi, mais l'urgence,
22:04c'est de renouer le dialogue diplomatique,
22:07d'avoir une relation apaisée avec l'Algérie.
22:09Je pense aux millions de concitoyens français et algériens
22:14qui ont des relations de part et d'autre
22:17de la Méditerranée.
22:188 millions de Français ont des liens avec l'Algérie.
22:21Quand on parle de renoncer à ces accords,
22:24de les dénoncer ou bien de les transformer encore,
22:27ces accords de 68,
22:29on parle du quotidien de millions de Françaises et de Français...
22:33L'Algérie ne respecte pas ces engagements.
22:35Elle ne réadmet pas ceux qui sont exprimés par la France.
22:39C'est le pays qui réadmet le plus de personnes...
22:41Visiblement pas suffisamment.
22:43Mais vous voyez, on a besoin d'avoir...
22:45Non, mais vous voyez,
22:47nous avons besoin d'avoir une discussion apaisée,
22:50notamment parce qu'il y a d'autres sujets,
22:52notamment la culture, les étudiants.
22:54Nous avons besoin d'avoir ce dialogue apaisé
22:57pour que la France ait de nouveau une voix en Algérie
23:00qui soit crédible.
23:01Après, on parle de nos otages en Iran.
23:03Les mesures du ministre de l'Intérieur
23:05ne s'adressent pas au peuple algérien
23:07que nous respectons et à qui nous tendons la main.
23:10Elles s'adressent au gouvernement algérien
23:13parce qu'on fait un choix sur le Sahara occidental.
23:16Il n'est pas ministre des Affaires étrangères.
23:18L'immigration relève du ministre de l'Intérieur.
23:21Il est normal que sur un sujet
23:23sur lequel les Français sont extrêmement sensibilisés,
23:26le ministre de l'Intérieur sorte d'une espèce de silence
23:30dont on ne parlait plus.
23:32Comment se fait-il que des diplomates algériens
23:34viennent sans autorisation circuler
23:36ou des personnalités avec des passeports diplomatiques
23:39qui leur ont été donnés ?
23:41Aucun pays, y compris des pays amis,
23:43ne bénéficie de ce régime.
23:45Je ne suis pas pour la destruction de cet accord.
23:48Je dis qu'il peut être rediscuté
23:50pour que les engagements de chaque côté soient respectés.
23:53L'Algérie ne respecte pas aujourd'hui ses engagements.
23:56On finit par ce mot sur ces trois Français
23:59emprisonnés depuis 2022 par le régime iranien.
24:02Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Gondeau.
24:05La France les qualifie d'otages.
24:07Leurs proches ont été auditionnés au Sénat.
24:10L'inquiétude est très grande
24:11concernant leurs conditions de détention.
24:14Christian Cambon, vous étiez à cette audition.
24:17La sœur de Cécile Kohler a poussé un cri d'alarme.
24:20Ca a été un moment, j'allais dire, d'une immense émotion,
24:23pour ne pas dire un moment terrible,
24:25où nous avons eu à la fois la famille
24:27de cet otage Kohler
24:30qui est venu témoigner,
24:33ainsi qu'un ancien otage
24:35qui est revenu témoigner des conditions
24:38dans lesquelles il survit.
24:39C'est effroyable, c'est épouvantable.
24:42Aucun droit n'est respecté.
24:44Ils ne savent même pas s'ils seront jugés,
24:46s'ils seront exécutés, quand ils sortiront.
24:49L'ambassade de France n'a même pas le droit de les visiter.
24:52Ils ont le droit de téléphoner huit minutes
24:54une fois tous les deux mois
24:56en excluant de parler de leurs conditions de vie, etc.
24:59Il faut absolument qu'on se mobilise pour eux.
25:01Je suis très reconnaissant à Public Sénat
25:04et à la chaîne parlementaire
25:05d'afficher leurs photos comme on le faisait du temps des otages.
25:09On ne peut pas, malgré la crise internationale,
25:11oublier ces femmes et ces hommes.
25:13Pour l'instant, la France est impuissante
25:16dans leur libération.
25:17Rapidement.
25:18Je ne sais pas si elle est impuissante.
25:20Elle doit continuer à œuvrer de manière déterminée
25:23pour leur libération.
25:24Je pense aux familles de l'ensemble des otages français.
25:28Nous leur devons de tout faire.
25:30Il y a une unanimité politique.
25:32Il doit y avoir un renforcement de notre diplomatie.
25:36Ils ne peuvent pas être les victimes de notre réel politique.
25:39Merci. On se retrouve très vite sur notre antenne.
25:42Ciao, ciao.