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À partir de 1940, 80 000 femmes ont quitté la France pour partir travailler dans les usines de l'Allemagne nazie, enco | dG1fTnprN1lxX0o4Y1E
Transcript
00:00Printemps 1945, l'Allemagne nazie vient de signer la capitulation inconditionnelle, la guerre est terminée.
00:22Ce conflit mondial sanglant a déplacé des millions d'Européens, éloignés des hommes et des femmes de leur pays.
00:30Désormais, c'est le moment du grand retour.
00:35Prisonniers de guerre, travailleurs forcés et rescapés des camps de la mort, quittent l'Allemagne pour la France par tous les moyens possibles.
00:44Parmi ces voyageurs, il y a un groupe de femmes que personne n'attend à la gare.
00:50Habillées en civil et en bonnes conditions physiques, elles se font tout de suite remarquer.
01:01A Paris, à la gare d'Orsay, l'écrivaine Marguerite Thuras les observe.
01:06Ce jour-là, elle attend le retour de son mari, Robert Antelme.
01:12Je vois une dizaine de femmes installées par terre.
01:15Ce sont pour la plupart des ouvrières, elles ont les mains noircies par l'huile des machines allemandes.
01:22Si elles ont ce visage effrayé, c'est qu'elles viennent d'être huées par les femmes de prisonniers de guerre qui attendent.
01:31Ces femmes, ce sont des travailleuses volontaires. En réalité, elles étaient 80 000.
01:39Entre 1940 et 1944, elles sont parties de leur plein gré en Allemagne nazie pour travailler au cœur du territoire ennemi.
01:49À leur retour, la colère des Français s'est déversée sur elles.
01:53Il y avait des résistants qui nous traitaient de salopes.
01:58D'une certaine façon, je comprends ça.
02:03On était du mauvais côté du manche.
02:08Volontaires, elles auraient donc forcément collaboré et trahi la patrie.
02:14En guise de représailles, certaines ont même été tombées.
02:17Alors très vite après la guerre, ces femmes ont tenté de disparaître dans l'anonymat et de faire oublier leur passé pour refaire leur vie.
02:26Enfermées dans le silence et dans la honte, leur existence est restée inconnue pendant des décennies.
02:34Il y avait ce grand récit national d'une France résistante.
02:38Accusées de collaboration, les travailleuses civiles étaient exclues de ce récit héroïque.
02:46Voilà pourquoi elles se sont eues.
02:50Je suis restée 50 ans à la bouche fermée.
02:55C'était des choses que je n'avais jamais pensé.
03:00Je me suis dit que j'allais mourir.
03:02Je suis restée 50 ans à la bouche fermée.
03:07C'était des choses que... Il faut avoir vécu ça.
03:13Les gens ne peuvent pas comprendre ça si on ne l'a pas vécu.
03:19Rares sont celles qui, comme Chantal, ont osé sortir de l'ombre.
03:23Rares sont aussi les enfants ou petits-enfants qui ont décidé de se confronter au tabou et au non-dit qui ont pesé sur eux.
03:30J'aimerais pouvoir passer encore des moments avec elle et discuter beaucoup plus.
03:35Tu lui demanderais quoi ?
03:37Déjà de me dire pourquoi elle est partie en Allemagne.
03:44Qui étaient ces femmes ?
03:48Pourquoi ont-elles fait le choix d'aller travailler en Allemagne ?
03:53Doit-on les qualifier de collaboratrices ou sont-elles victimes de leur époque ?
04:00Pendant 80 ans, la France a choisi d'ignorer leur existence.
04:06Aujourd'hui, pour la première fois, un documentaire raconte l'histoire méconnue de ces femmes,
04:11parties travailler volontairement en Allemagne nazie.
04:15L'un des secrets les mieux gardés des familles françaises.

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