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00:00Qu'avons-nous de plus sacré en tant qu'humain ?
00:02Parmi les multiples réponses que l'on pourrait donner, une semble plus évidente que les autres,
00:05et bien c'est notre corps.
00:06Mais en quoi le fait de détenir une corporalité est un bien ?
00:09En effet, le corps, c'est un vecteur de souffrance et de vieillesse.
00:13A travers lui, nous connaissons la faim, la soif, et il entretient nos plus bas instincts.
00:18Pourtant, l'on ne peut nier son importance et notre attachement à ce dernier.
00:21D'ailleurs, nos lois et nos institutions nous rappellent en permanence
00:23l'importance de la dignité et de l'intégrité de ceux qui nous portent en ce bas monde.
00:28Exemple de l'article 16-1 du code civil, qui précise que chacun a le droit au respect de son corps,
00:32que le corps humain est inviolable, et que le corps humain, ses éléments et ses produits
00:36ne peuvent faire l'objet d'un droit patrimonial.
00:39Et en parlant de parties de corps que l'on pourrait troquer,
00:41un manga illustre parfaitement cette idée.
00:43Je parle évidemment de Dororo de Osamu Tezuka, aka le dieu du manga,
00:47édite en France chez les éditions Delcourt-Tonkam,
00:50et bien évidemment disponible sur le catalogue de Mangaïo.
00:52Dans Dororo, un père fait un soir d'orage, un souhait dans un temple.
00:56Il troque l'intégralité du corps de son enfant à 48 démons courroussés
01:00en échange du pouvoir et de la possibilité de régner sur le Japon.
01:03Né deux jours après, un enfant mutilé dès la naissance.
01:07Sans bras ni jambes, mais aussi aveugle et muet,
01:09rien ne laisse à penser qu'il est humain et il sera bien évidemment abandonné.
01:12Recueilli par un chirurgien, il lui donnera des prothèses fonctionnelles qu'il ne manquera pas d'armer.
01:17L'enfant est au maudit, il attire bon nombre de yokai et de malins esprits.
01:21Mais dans son malheur, c'est une véritable chance,
01:23car c'est en noxiant les 48 démons qui détiennent les parties de son corps
01:27qu'il retrouvera l'intégralité de sa corporalité perdue.
01:29Il y fera par ailleurs la rencontre d'un enfant voleur qui s'appellera Dororo.
01:32Vous avez compris, Dororo, Dorobo en japonais qui veut dire voleur, voilà, ça s'écrit tout seul.
01:37Génie du manga au thème humaniste et d'après-guerre,
01:40Tezuka nous invite à nous rappeler du caractère sacré de notre corps.
01:43Même si ce dernier semble bien pratique avec ses armes et ses articulations,
01:46il n'en demeure pas moins artificiel.
01:48Et plus il le retrouvera, plus il le chérira,
01:51car ce dernier est sans lien avec ce monde physique.
01:54Un monde qui semble être un enfer d'apparence, mais qui est naturellement beau.
01:57Une revalorisation de la vie face aux idéaux,
01:59mais aussi du monde physique face à un monde flottant.
02:02Tezuka signe avec ce récit, comme avec Astro Boy d'ailleurs,
02:04qui ne manque pas d'être mentionné,
02:06il a compris le principe d'une autopromo.
02:07Un récit fort sur la puissance et la beauté de l'être humain,
02:10mais aussi de la nature et de la vie qui l'amènent à exister.
02:13En effet, quand il retrouvera ses yeux, il verra, il voit enfin des gens et leur beauté,
02:18et profitera de la douceur d'une rivière pour s'y laver.
02:20Mais une scène qui arrive très tôt dans le récit, semble très symbolique.
02:23Celle où il enterre son bras articulé.
02:26Après avoir embrassé sa vraie main, il enterre ce faux progrès qu'est le transhumanisme,
02:30et revalorise cette physiologie, certes imparfaite, mais si précieuse.
02:35Appelant cet acte un Tezuka, l'héritage est ainsi posé.
02:39Pour plus de philosophie dans les mangas, n'hésitez pas à vous retrouver dans mon ouvrage Mangafilo,
02:42et faire un petit tour sur Manga.io.
02:43C'était Gatsu-sensei, vous êtes la génération terrible,
02:46et n'oubliez pas, vous avez 4 heures.

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