Hugo Vidal Rosset directeur de l'Ehpad résidence Saint Julien du Sault et Peggy Frattini, animatrice
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00:00Écoutez, ici au SR 8h13, les centenaires sont de plus en plus nombreux en France.
00:06Et ici, dans Lyon, cette population qui vieillit et qui est parfois très dépendante.
00:11On en parle justement ce matin avec Hugo Vidal-Rosset, directeur de l'EPA de résidence Saint-Julien à Saint-Julien-du-Saut,
00:17et Peggy Frattini qui est animatrice dans cet établissement.
00:20Bonjour Hugo Vidal-Rosset. Bonjour. Bonjour Peggy Frattini. Bonjour.
00:25On va commencer par le directeur avec cette question.
00:28Julien le disait, il y a de plus en plus de centenaires en France, il y en a de plus en plus dans Lyon,
00:33il y en a à peu près 150 dans notre département, augmentation de 50% en 10 ans.
00:40Qu'est-ce que ça change pour vos établissements ?
00:43Alors nous c'est vrai qu'on se spécialise un petit peu dans l'accueil de la grande dépendance,
00:47plus que du grand âge finalement, puisqu'on a des personnes de 100 ans qui se portent encore très bien,
00:52qui peuvent rester à domicile, et puis d'autres personnes qui sont moins âgées, mais qui sont plus dépendantes et qu'on accueille.
00:59Donc une fois que les personnes rentrent en EPAD, sur des critères plutôt de dépendance,
01:03ensuite on a un petit peu tous les âges, mais c'est vrai qu'il y a quand même la moitié de notre effectif qui a entre 90 et 100 ans.
01:09Est-ce que justement ces résidents nécessitent une aide, une prise en charge différente ?
01:16Oui c'est vrai qu'aujourd'hui les personnes préfèrent rester à domicile,
01:19donc les résidents qui arrivent en EPAD, ce sont des personnes qui ont des besoins très importants,
01:23qui ont des dépendances physiques importantes, donc qui nécessitent des rails de transfert, un accompagnement en binôme,
01:29et puis des dépendances cognitives importantes, et c'est pour ça qu'on est dans un groupement d'EPAD, le GPI,
01:35et avec ce groupement on réfléchit un petit peu à des initiatives innovantes,
01:38on est très accompagné par l'Agence Régionale de Santé là-dessus,
01:41sur des pôles d'activités de soins adaptés, des accueils de jour, des dispositifs qui conviennent vraiment aux personnes atteintes de troubles cognitifs.
01:47Ça veut dire que donc quand ces personnes arrivent, quand ces centenaires en tout cas sont résidents chez vous,
01:53très souvent ils ont des difficultés pour s'exprimer, pour échanger,
01:57ou alors il peut y avoir certains centenaires dépendants physiquement,
02:01mais qui peuvent s'exprimer et avoir une vie sociale parfaitement ou presque normale ?
02:07Oui tout à fait, vraiment ça dépend plus de l'âge, une fois que les personnes sont en EPAD,
02:11c'est vrai que dans la vie commune on se dit, tu avances en âge et finalement tu as les maladies qui vont avec,
02:16mais une fois que les personnes rentrent dans l'EPAD, souvent on est même surpris au décès des personnes,
02:20de se dire mais il avait 97 ans, ou au contraire c'était un jeune malade,
02:25puisqu'on a de jeunes malades souvent de la maladie d'Alzheimer.
02:28Peggy Fratini, vous vous occupez de l'animation au sein de cette EPAD à Saint-Julien-du-Saut,
02:33là aussi il y a une différence pour ces centenaires, est-ce qu'il y a des animations ciblées ?
02:39En fait les animations sont adaptées par rapport au plan d'accompagnement personnalisé,
02:45et les résidents, on essaie vraiment de suivre tous leurs désirs et répondre à leurs besoins,
02:51et effectivement les besoins sont différents par rapport aux centenaires et à ceux qui sont un peu plus jeunes,
02:57mais par contre ils participent tous à toutes les animations qui leur sont proposées,
03:03et à celles en tout cas qu'ils ont vraiment envie de participer, comme les sorties dans les bois,
03:08les plus jeunes où ils ont plutôt envie d'aller faire du shopping,
03:11et nos anciens, ils ont plutôt envie d'aller se promener.
03:14Ici au Serre, il est 8h17, Hugo Vidal-Ross est directeur de l'EPAD résident Saint-Julien à Saint-Julien-du-Saut,
03:19et Peggy Fratini, animatrice dans cet établissement, sont nos invités ce matin.
03:23Peggy Fratini, le plus âgé de vos résidents, à quel âge ?
03:27Elle a 106 ans.
03:28C'est une femme ?
03:29C'est une femme, et à 100 ans elle a fait un saut en parachute.
03:31D'accord.
03:32C'est pour vous dire comment elle est en forme, et tous les jours elle joue 30 minutes de piano dans son logement,
03:36et elle va se balader tous les jours.
03:39Donc au niveau cognitif tout va bien ?
03:40Tout va très bien.
03:41Pour 106 ans, il y a forcément un ralentissement, en tout cas des choses comme ça.
03:46C'est son anniversaire bientôt ?
03:48Oui, tout à fait.
03:49Vous préparez ça avec attention, vous préparez ça avec la famille ?
03:52Exactement, la famille, les amis, avec les personnes dont elle a envie d'accueillir en tout cas,
03:57et puis on fait les choses vraiment comme elle en a envie en tout cas.
04:02Est-ce que les familles sont plus anxieuses avec ces résidents dont la vie ne tient qu'à un fil ?
04:09Je ne sais pas si elles sont plus anxieuses, mais généralement les enfants eux aussi ont de l'âge.
04:14Parce que lorsque les parents ont 106 ans, les enfants en ont peut-être 80.
04:18Donc je pense que peut-être qu'il y a quelque chose qui se passe, mais ils ne le montrent pas forcément.
04:23Le directeur maintenant, il faut quand même lui poser quelques questions à Hugo Vidal-Rosset.
04:29On vieillit de mieux en mieux dans les EHPAD, on prend en charge de mieux en mieux ?
04:36Notre spécificité elle évolue un petit peu avec le temps.
04:39C'est vrai qu'autrefois on était vraiment lieu d'hébergement des résidents,
04:43maintenant aujourd'hui on parle plutôt d'habitat, on travaille cette notion de lieu de vie.
04:46Je dis souvent on est dans un lieu de vie dans lequel on soigne et pas dans un lieu de soins dans lequel on vit.
04:50C'est une formule qui est très représentative.
04:53Et puis on accompagne des parcours, plus que de faire de l'hébergement simplement.
04:57On essaye d'aller voir les gens à domicile, de créer des liens avec les services d'aide à domicile
05:02pour que les personnes s'habituent petit à petit à entrer un jour peut-être en EHPAD.
05:06Et puis on y vit très bien, on y vit assez longtemps puisqu'on parlait à l'instant de l'exemple de cette centenaire
05:12qui aujourd'hui a 106 ans, ça fait six ans qu'elle est là, tout va bien.
05:16Il y a j'imagine quand même peut-être une baisse cognitive, en tout cas des difficultés supplémentaires d'année en année ?
05:23Oui, on observe que les résidents malheureusement déclinent d'année en année,
05:27mais c'est vrai qu'on met en place tout un tas de choses pour que ça ne soit pas le cas.
05:30Et puis contrairement à l'idée reçue, quand les personnes arrivent en EHPAD,
05:33souvent, entre guillemets, elles se retapent un petit peu parce qu'elles retrouvent de la vie sociale,
05:36elles retrouvent de la stimulation et elles retrouvent tout un tas de choses que finalement elles n'avaient plus à domicile.
05:41Peggy Fatini, c'est un résident qui a entre 70 ans et 106 ans chez vous, c'est ça ?
05:48Oui.
05:49Donc pas forcément le même niveau de dépendance ?
05:54Tout à fait.
05:55Donc on cible forcément les activités pour que tout le monde ait quand même une vie sociale ?
06:00Tout à fait, effectivement.
06:02Ces centenaires qui sont chez vous sont un peu les vedettes de l'EHPAD ?
06:06Je ne dirais pas que ce sont les vedettes parce qu'on ne peut pas mettre d'âge sur les gens en fait.
06:12Réellement, je pense que les résidents, si vous rencontrez nos résidents,
06:15vous ne saurez pas dire celui qui a 100 ans et différencier celui qui en a 90 par exemple.
06:21Je ne sais pas si on peut... Non, ce ne sont pas les vedettes mais ils font partie de la vie de l'établissement.
06:27Est-ce que justement on s'intéresse au secret de leur longévité ?
06:32Vous leur avez posé des questions ?
06:34Oui.
06:35Ils nous répondent toujours qu'ils n'ont pas travaillé, ils se sont occupés de leurs enfants,
06:40ils ont bien profité de la vie et le dimanche ils prenaient l'apéritif et ils mangeaient très bien.
06:46Des femmes toujours pour ces centenaires ?
06:48Oui, souvent ce sont des dames.
06:49Je crois que c'est à 90% ou 88%. Dans Lyon, les 150 centenaires, 88% ce sont des femmes.
06:56C'est ce qu'on retrouve aussi dans l'EHPAD. On a très peu d'hommes, on n'a que 20% d'hommes
07:00et sur les personnes entre 90 et 100 ans, il y a seulement 4 hommes.
07:04Sinon tout le reste, donc plus de 30 personnes, ce sont des femmes.
07:06Donc longévité, on va résumer là parce que ça nous intéresse tous.
07:10Donc ne pas travailler, c'est raté.
07:13Voilà, malheureusement.
07:14Je vous l'avais dit Julien.
07:15Oui, c'est vrai.
07:17Sur l'alimentation, est-ce qu'il y a des points communs ?
07:20Est-ce qu'on retrouve des points communs à chaque fois ?
07:22Alimentation saine. Les légumes étaient produits dans leur jardin.
07:26C'était vraiment du fait maison.
07:28On y revient et beaucoup de gens y reviennent.
07:31Peut-être que justement, ça va nous permettre de vivre un peu plus longtemps.
07:34Et l'apéro continue maintenant.
07:35Et l'apéro continue tous les jeudis.
07:36L'apéro aussi, c'est un facteur de longévité, avec modération bien sûr.
07:40Merci Hugo Vidal-Rosset, directeur de l'EPAD de Saint-Julien-du-Sault.
07:44Merci Peggy Frattini, animatrice de cette établissante.
07:48Merci, bonne journée et longue vie.
07:50Merci à vous aussi.
07:51C'est exactement ce que j'allais dire aussi.
07:52Merci beaucoup.
07:53Merci.