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  • 13/03/2025
Nouvel épisode dans les menaces de guerre commerciale entre les États-Unis et l'Europe : Donald Trump menace la GFrance d'imposer de 200% les droits de douane sur les champagnes, vins et autres alcools. Écoutez la réaction de Charles Duval-Leroy, directeur général de la maison de champagne éponyme.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 13 mars 2025.

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Transcription
00:00Il est 18h42, bonsoir Charles Duval-Leroy, vous êtes directeur général de la maison
00:08qui porte votre nom, Duval-Leroy, célèbre maison de champagne tricolore.
00:12Nouvel épisode dans les menaces de guerre commerciale entre les Etats-Unis et l'Europe.
00:16Donald Trump nous menace d'imposer de 200% les droits de douane sur nos champagnes, vins
00:20et autres alcools.
00:21Est-ce que vous êtes inquiet ?
00:22Oui et non, on est forcément inquiet parce qu'on ne sait jamais ce que peut faire Donald
00:27Trump.
00:28Il était présent à plutôt un 25% ce qui avait été fait sur son premier passage
00:32à la Maison-Blanche.
00:33On verra aujourd'hui annoncer 200%, je ne dirais pas que c'est du Trump, une nouvelle
00:38version qu'on commence à subir depuis quelques mois, mais ça balance fort un peu sur tous
00:44les pays, un peu n'importe comment, donc on n'espère pas 200% évidemment parce que
00:47c'est le premier.
00:48Est-ce que vous pensez qu'il en est capable ? Quand vous parlez avec vos confrères et
00:52puis même vous avez des contacts aux Etats-Unis bien évidemment, est-ce qu'on vous dit
00:57« Oh oui, oui, il est capable de le faire » ?
00:58A priori, il est capable de tout.
01:00Après 200%, honnêtement, ça me paraît énorme, j'espère quand même qu'on va
01:06se réveiller, qu'on va avoir un gouvernement français, un gouvernement européen qui
01:09va pouvoir aller un peu nous défendre.
01:11200%, je n'y crois pas non plus.
01:14Mon frère, Julien Duval-Leroy est en ce moment au Texas en train de faire une tournée pour
01:18vendre nos champagnes au Texas, il est avec notre importateur et notre importateur lui
01:22rappelait que sur la première fois, il y a quand même un gros marché de travail
01:27aux Etats-Unis autour du vin et du champagne, et du vin en général, parce qu'ils ont
01:31un système assez spécial qui est un système qui s'appelle de trois tiers, donc on est
01:34obligé d'avoir un importateur, un distributeur et après il y a le détaillant.
01:38Mais donc cet importateur, il y a quand même un gros marché d'Américains qui importent
01:43et qui doivent revendre sur place et déjà la dernière fois avec des 25%, ça avait
01:48mis beaucoup de monde au chômage, à 200% ça bloquerait net l'ensemble du business
01:54aux Etats-Unis et j'espère quand même qu'un jour les Américains vont quand même se réveiller
01:57en se disant qu'on ne peut pas perdre nos emplois parce qu'on va mettre 200% de taxes
02:01sur les vins européens ou le champagne.
02:04Vous nous confirmez que pour l'instant, le champagne est peu taxé aux Etats-Unis,
02:08ça dépend des Etats, ça varie ce pourcentage ?
02:11Alors les Etats sont différents, c'est 50 Etats, c'est 50 pays.
02:15Il y a des pays où on va être comme dans nos pays nordiques en Europe ou comme au Canada
02:20où il va y avoir un monopole d'Etat, il y a quelques liqueurs stores.
02:22Après aujourd'hui, il n'y a pas des taxes énormes.
02:25La seule taxe réelle, c'est ce système de trois parties où on est obligé d'avoir
02:29un intermédiaire de plus que dans tous les autres pays, ce qui fait que mécaniquement
02:33on a une taxe déguisée par un intermédiaire supplémentaire.
02:36En fait, on parle d'une forme de TVA jusqu'ici relativement modérée, on vient de l'évoquer,
02:41que représente le marché américain pour le champagne français ?
02:44Alors pour le champagne, aujourd'hui, les Etats-Unis, pour le champagne et le vin,
02:49c'est le premier marché.
02:50Ah, les Amerloques ?
02:52C'est le premier marché, pour le champagne, c'est le premier en volume, maintenant c'est
02:56aussi le premier en valeur, c'était déjà en valeur, maintenant c'est en volume.
02:59En valeur, ça veut dire les sommes d'argent traitées ?
03:01Sur le prix de bouteilles achetées.
03:04Sur le vin en général, je crois que c'est le premier en valeur et le troisième en volume.
03:08Donc ils achètent plutôt des beaux vins, c'est ce qui est embêtant pour nos très
03:11beaux vins français.
03:12C'est un beau marché, c'est le premier marché.
03:16Donc oui, ça fait toujours peur, mais c'est 10% du marché.
03:19A l'heure actuelle, vous nous dites que les taxes sont plutôt raisonnables, tout dépend
03:23des Etats, on l'a bien compris, mais si on triple les droits de douane, très concrètement,
03:29est-ce que vous pouvez nous donner le prix d'une bouteille à l'arrivée ?
03:32En dollars, là-bas, ça ferait quoi ?
03:33En rayons, je pense qu'aujourd'hui, une Duale Leroy qu'on retrouve en rayons en France
03:40à 40 euros, je pense qu'aujourd'hui, on est entre 50 et 60 dollars aux Etats-Unis,
03:46suivant les points de vente.
03:47On passerait aux alentours de 80-90 dollars.
03:49C'est énorme.
03:50Oui.
03:51Il avait déjà menacé de le faire ça en 2017 ?
03:56Il l'avait fait, mais le champagne et le cognac étaient passés pour une fois à la
04:01trappe et c'était malheureusement les autres vins qui avaient plus subi.
04:04Mais il y avait une volonté à l'époque qui était une volonté de produire plus local.
04:08Il y avait des contournements où, avec un embouteillage, si vous embouteillez en local,
04:13il voulait faire du travail en local.
04:14Là, aujourd'hui, ce qu'il annonce, c'est une taxe toute bête et simple.
04:17Il n'y a rien pour essayer de dynamiser le local.
04:19Il ne faut pas oublier que, mine de rien, 75% de la consommation américaine de vin
04:24est du vin américain.
04:25C'est un gros marché déjà, le vin américain aux Etats-Unis.
04:29Est-ce que vous êtes soutenu par nos ministres commerces extérieurs ?
04:34Est-ce qu'on se préoccupe de vous en ce moment ?
04:36Est-ce que vous avez des contacts ?
04:37Alors, on a un problème et le problème, il n'est pas d'aujourd'hui.
04:40Il y a déjà des problèmes, surtout pour les gens du cognac avec la Chine.
04:43Ça remonte à plus de six mois.
04:46Le problème, c'est qu'en six mois, on a déjà pris trois gouvernements.
04:48Donc, à qui parler ? Comment leur parler ? Quel est le suivi ?
04:52Les Allemands ne sont pas meilleurs que nous en termes de gouvernement.
04:54Donc, aujourd'hui, il n'y a pas une voie européenne qui puisse répondre pour défendre une filière.
04:58Je ne dis pas qu'ils ne la défendent pas, mais c'est vrai que ce n'est pas simple aujourd'hui
05:02d'avoir une réponse cohérente sur toute une filière, sachant qu'en plus, en Europe,
05:06avec la vision européenne, oui, qui est touché aujourd'hui ?
05:08Les Français et les Italiens, s'il y a une partie sur le vin.
05:11Les Allemands, entre guillemets, s'en fichent.
05:13Donc, pas de réponse, ni en France, ni en Europe, par définition.
05:16Si, si, il y a des réponses.
05:17Il y a des réponses qui sont, on va prendre le dossier, on va le défendre.
05:20Mais c'est des réponses qui restent, somme toute, on suppose,
05:25et on est certains qu'ils travaillent fortement derrière.
05:27Mais le fait que le changement de gouvernement répété, qu'on a pu connaître,
05:32font que les dossiers avancent quand même moins vite.
05:35– Quand le marché américain est menacé, est-ce que vous pouvez compenser,
05:39entre guillemets, développer ailleurs ces ventes,
05:43que ce soit en Chine, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud ?
05:46– On aimerait, on aimerait, mais après, ça ne se fait pas,
05:48un marché ne se crée pas en cinq minutes, ça reste le premier marché.
05:52Et il rebelote, je ne vais pas taper sur l'État,
05:55mais on ne peut pas à la fois dire, il faut sauver l'agriculture
06:01et la viticulture française, aller l'exporter,
06:03et tout faire pour ne pas la faire consommer en France.
06:06D'avoir des ministres qui vont dire que le dry January c'est très bien,
06:08qu'on essaye de bloquer une consommation intérieure,
06:12alors que la consommation intérieure devrait être moteur.
06:15– Vous avez l'impression qu'elle ne l'est pas, moteur ?
06:17– On n'a pas l'impression d'être très aidé sur une consommation intérieure.
06:21On est toujours très fiers du vin en dehors de France,
06:23mais comme beaucoup, le succès français,
06:25on est ravis du succès français quand il est hors de France,
06:28et quand on est en France, je ne sais pas s'il y a une jalousie,
06:30s'il y a quelque chose,
06:30mais on n'a pas un sentiment d'être très épaulé en France.
06:34Mais je pense qu'on n'est pas le seul métier à avoir ça.
06:38– Hôtez-nous un doute, on vend de plus en plus de champagne dans le monde entier ?
06:41– Oui, c'est retombé l'année dernière.
06:44– Ah bon ?
06:46– Il y a eu deux facteurs, Covid, où les ventes sont tombées très très fortes,
06:50parce que le champagne c'est quand même le rassemblement,
06:51la célébration, le plaisir, le bonheur.
06:53Donc pendant le Covid…
06:54– Moi j'en bois tout seul.
06:56– Il faudrait plus de FKV dans le monde, oui.
07:00Non, il y a des vins, il y a des bières qui avaient plutôt fonctionné pendant le Covid,
07:04et c'est vrai que le champagne étant moteur de la célébration,
07:08c'était redescendu en 2020,
07:10et après on a eu une très très belle progression 2021-2022,
07:12avec des très beaux chiffres.
07:1323 c'est stabilisé, là ça redescend,
07:15parce que tout le monde a refait au moins une fois la fête.
07:18Les gens qui avaient des budgets, aujourd'hui tout a augmenté,
07:21et c'est vrai que chacun doit faire un peu attention à ses budgets,
07:24et la partie champagne peut baisser.
07:27Il y a aussi une partie voyage,
07:27à un moment les gens avaient consommé énormément,
07:29on l'avait vu sur Singapour pendant le Covid,
07:31et les gens ne voyaient en plus.
07:32Vous êtes à Singapour, vous pouvez aller en une heure et demie partout autour,
07:36sur toutes les plus belles plages paradisiaques,
07:38et ce budget qui n'était pas mis dans le voyage,
07:40avait été mis dans une consommation en se disant
07:42au lieu d'acheter une bouteille à 20 euros, j'achète une à 50,
07:44au lieu d'en acheter une à 50, je l'achète à 100.
07:46– On se fait plaisir autrement.
07:47– On se fait plaisir autrement, maintenant ils ont re-voyagé.
07:50Donc les budgets ont bougé,
07:52et pareil sur des personnes qui remangeaient à la maison,
07:54peut-être qu'aujourd'hui ils ressortent plus au restaurant,
07:56et tant mieux pour les restaurants,
07:57mais ce n'est plus la même consommation,
07:58et aujourd'hui le champagne est un peu redescendu.
08:01– Avant de nous séparer, le message ce soir c'est de dire à nos dirigeants,
08:04aidez-nous, on a besoin de vous en ce moment,
08:06en tout cas pour défendre le champagne vis-à-vis des Etats-Unis.
08:09– Mais pas que le champagne, non mais le vin, c'est vrai qu'il faut se défendre,
08:12mais il faut que l'Europe nous défende en entier,
08:14pas que le champagne et la viticulture.
08:16– Merci beaucoup Charles Duval-Leroy,
08:18directeur général de la maison de champagne Duval-Leroy.
08:21Dans un instant un homme qui ne bulle jamais,
08:22il pétille à chaque instant et n'en fait pas des caisses.
08:25Marc-Antoine Lebrel.
08:26– Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.

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