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Sénégalais, ancien journaliste sportif, il était devenu patron de l'OM. Il est décédé mardi 31 mars 2020.

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Sport
Transcription
00:00Quand tu es Sénégalais et noir, et que tu écrives, au départ, il est probable que les handicaps sont plus nombreux.
00:05Puisque là, on regarde à la loupe ce que ce Noir, ce Sénégalais, prétend écrire dans la langue qui n'est pas la sienne.
00:13Mais pareillement aussi, une fois qu'on a fait ses preuves, on a tendance à avoir l'indulgence des gens.
00:18Lorsque je suis arrivé à Marseille ce 25 avril 70, donc ça fait plutôt 39 ans...
00:24Il faisait beau ou il faisait pas beau ?
00:25Il y avait un mistral que je ne pouvais pas imaginer, je ne pensais pas que le vent pouvait souffler à ce point.
00:30Et puis il faisait un froid aussi, qui me glaçait.
00:33Et c'est vrai que j'ai été, je dirais, déraciné tout de suite.
00:37J'ai compris ce qu'était le mot de déracinement, vraiment.
00:39Est-ce que vous avez subi, à l'époque, des paroles, voire des actes discriminatoires, voire racistes ?
00:46Pas à vrai dire, mais en fait, on vivait avec ça.
00:49On vivait tout de suite avec la différence qu'on vous faisait sentir.
00:54Mais ce qui m'avait le plus frappé à l'époque, moi, si vous voulez, c'était de voir une société nouvelle.
01:00Une société où le blanc pouvait aussi être chauffeur de bus, où il pouvait être éboueur,
01:05où il pouvait être effectivement celui qui vend au marché.
01:08Alors que j'avais toujours vu le blanc, je dirais, en avant.
01:10En Afrique, il était toujours au cravatet, où il était le patron.
01:14Et là, je voyais que le blanc pouvait aussi faire, je dirais, des métiers subalternes.
01:18C'était assez frappant.
01:19Depuis que 35 ans vous êtes à Marseille, qu'est-ce qui vous reste d'africain ?
01:24Tout. Tout. Tout me reste africain.
01:26D'abord, il y a ma peau, je suis noir, ça se voit.
01:30Je suis très régulièrement au pays.
01:33Je reste, disons aujourd'hui, en contact téléphonique,
01:35puisqu'à l'époque que je suis arrivé, c'était très compliqué.
01:39Ma famille, je n'avais de nouvelles qu'une fois tous les 15 jours ou toutes les 3 semaines,
01:43puisque c'était plutôt le mode de la correspondance.
01:46Il n'y avait pas de portable, il n'y avait pas non plus de SMS.
01:50Et ce qui me reste, je dirais, ce sont là aussi des valeurs.
01:52Vous savez, moi, les valeurs, dans mon esprit, sont universelles.
01:55Et il y a des valeurs plus spécifiquement africaines,
01:59auxquelles, je dirais, aujourd'hui, j'ai ajouté celles que j'ai retrouvées ici aussi.

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