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  • 25/03/2025
Sous-effectif, manque de moyens, violences contre le personnel hospitalier… Eric est infirmier anesthésiste. Il raconte ses difficultés, au quotidien.
Transcription
00:00Dans les hôpitaux, on n'en peut plus. Les soignants n'en peuvent plus.
00:16Quand vont-ils stopper cette casse du service public ?
00:20Un infirmier qui sort de l'école et qui rentre à l'hôpital, il va toucher 1480 euros net mensuel.
00:30Moi, je suis infirmier spécialisé en anesthésie. Il me faut 4 semestres supplémentaires pour être spécialisé en anesthésie.
00:36Je sors de l'école, je gagne 1900 euros alors que j'ai la responsabilité du patient que je suis en train d'endormir.
00:42On est dans une échelle qui est complètement tronquée et qui est complètement laurée parce qu'on nous dit
00:47« Vous êtes des fonctionnaires, vous êtes des nantis, vous êtes protégés par le service public. »
00:51Ce n'est pas vrai. J'aime bien faire ce parallèle avec les infirmiers anesthésistes que je suis.
00:57C'est comme un copilote dans un avion. Vous avez le commandant de bord et vous avez le copilote.
01:01Est-ce qu'actuellement, chez Air France, il y a un copilote qui toucherait 1900 euros mensuel ?
01:06Oui, mais il n'a pas le même nombre de responsabilités parce qu'il a tout un avion avec plusieurs passagers.
01:14Mais que ce soit une vie ou 200 vies, la vie, elle est importante.
01:18Moi, j'ai la responsabilité. Je vais dans ce sens. J'essaie de travailler correctement.
01:23Les infirmiers qui sont aux urgences, ils ont des responsabilités.
01:27Parce que quand vous avez quelqu'un qui arrive aux urgences, c'est violent les urgences.
01:31On ne se rend pas compte, mais c'est le reflet de notre société.
01:34Ce n'est pas anodin que depuis des années maintenant, le nombre de faits de violence envers les personnels soignants ne cesse d'augmenter.
01:43Parce qu'encore une fois, quand vous arrivez en tant que patient ou accompagnant de votre patient, quelqu'un de votre famille aux urgences,
01:52et qu'on vous laisse poireauter pendant 4 heures, maintenant pendant 6 heures, voire même plus,
01:57bien sûr que vous êtes énervé, bien sûr que vous êtes stressé, bien sûr que vous êtes en colère.
02:01Et cette colère, vous la traduisez comment ? En étant violent avec le personnel.
02:05Et parce que le personnel, comme il est en sous-effectif et que lui-même subit des pressions et subit des violences,
02:11on se retrouve avec une confrontation de violences.
02:14On est en sous-effectif constant dans tous les services de soins, que ce soit pour prendre en charge les bébés,
02:20pour prendre en charge les petits, pour prendre en charge les adultes, pour prendre en charge les personnes âgées.
02:25Il manque des effectifs partout. Je vais vous donner un exemple.
02:27Par exemple, à l'hôpital Henri-Mondor, pour pouvoir travailler correctement, il manque 20 infirmiers et 20 aides-soignants.
02:35Quand vous dites ça, c'est criant. Quel est le patron ?
02:39Parce que là, on nous oppose efficience, productivité, lean management, binge-parking et tout ça.
02:45Quel est le patron qui aurait une entreprise et qui dirait « Moi, pour faire de la productivité, je vais rendre des emplois ».
02:51On se marche sur la tête. Non. Nous, on ne fait pas de la productivité parce qu'on ne peut pas produire une richesse telle.
02:57La seule richesse que l'on produit, c'est de remettre les gens, de les soigner,
03:01et pour qu'ils puissent, eux, repartir chez eux dans les bonnes conditions.
03:04On ne nous donne pas les moyens de faire ça. On ne nous donne plus les moyens de soigner.
03:07L'hôpital, actuellement, l'hôpital français, en l'occurrence là, l'APHP, on ne lui donne pas les moyens de s'exprimer.
03:14Moi, je loge à Créteil, j'habite Créteil, j'ai besoin d'un hôpital qui réponde à mes problèmes cardiaques si j'en ai,
03:20à mes problèmes digestifs si j'en ai, à mes problèmes vasculaires si j'en ai, à mes problèmes neurologiques si j'en ai,
03:24à mes problèmes neurologiques si j'en ai et à mes problèmes cardiaques.
03:27J'ai besoin d'un hôpital qui réponde à ces missions-là.
03:30Là, Macron et compagnie répondent en disant « Nous, on vous offre des soins ».
03:35Mais c'est mensonge. C'est mensonge parce que ça veut dire qu'on va fermer des institutions,
03:39on va fermer des hôpitaux pour pouvoir les regrouper en suprastructures.
03:42Mais ce n'est pas ça. Moi, je n'ai pas envie de faire 10 km ou 20 km le matin aux heures de pointe pour aller me faire soigner.
03:48Moi, ce que je veux, c'est à proximité. Parce que là, on parle de Paris, mais ce qu'on est en train de faire sur Paris,
03:53ça a été fait en province. Ça fait la lune des journaux et tout le monde s'enlève les mains.
03:58Vous avez des femmes qui accouchent dans une voiture, qui accouchent à un arrêt de bus, qui accouchent dans le taxi.
04:03Ce n'est pas son système de santé en France.

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