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  • 25/03/2025
Alors que l'Égypte compte 60 000 prisonniers politiques, Emmanuel Macron a reçu son président Abdel Fattah al-Sissi.

Le mari de Céline Lebrun-Shaath est l'un d'eux. Enlevé sous ses yeux dans la nuit du 4 au 5 juillet 2019, elle ne l'a plus revu depuis. Elle raconte.

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Transcription
00:00On est stupéfaits, aujourd'hui, que la France déroule le tapis rouge à un dictateur.
00:09Aujourd'hui, toute personne qui critique le régime peut se retrouver emprisonnée.
00:19Ils sont venus au milieu de la nuit, dans la nuit du 4 au 5 juillet 2019, à notre domicile.
00:33Il était minuit et demi passé.
00:34Ils ont fait irruption, cagoulés, lourdement armés, sans présenter le mandat, sans expliquer
00:41pourquoi ils étaient là.
00:43Ils ont commencé à chercher, à fouiller l'appartement, à réunir les ordinateurs,
00:49les disques durs, les téléphones, au milieu du salon, en nous demandant de nous asseoir
00:54dans un coin.
00:55Et au moment où ils ont voulu saisir tout ça et les embarquer, je me suis opposée
01:00à ce qu'ils prennent mes affaires et j'ai demandé à ce moment-là de pouvoir appeler
01:05mon consulat étant ressortissante française.
01:08La réponse qui m'a été faite à ce moment-là par les autorités égyptiennes, c'est
01:13« Ecoute, puisque tu veux appeler ton consulat, tu as 10 minutes pour faire tes valises et
01:19on t'emmène à l'aéroport.
01:20Et si tu ne veux pas, on te prend telle que tu es et on t'emmène à l'aéroport aussi.
01:25»
01:26En me menaçant très directement d'utiliser la force, j'ai effectivement pris quelques
01:33affaires que j'ai mises dans un sac, comme j'ai pu.
01:35Et c'est au moment de dire au revoir à mon mari qu'ils lui ont fait signe en lui
01:41disant « Tu viens avec nous.
01:43»
01:44Et donc, on a compris en se regardant dans les yeux qu'il était arrêté aussi puisque
01:48jusqu'à ce moment-là, en fait, on n'avait aucune idée.
01:49Est-ce qu'ils étaient juste en train de fouiller l'appartement et qu'ils allaient
01:53partir ou est-ce qu'ils allaient l'emmener avec lui ?
01:56Donc, voilà, quelques minutes plus tard, en bas de l'immeuble, je l'ai regardé
02:01monter dans un fourgon alors que moi, je montais dans un autre et c'est la dernière image
02:08que j'ai de lui.
02:09Voilà.
02:10Et je ne l'ai pas vu depuis et ça fait 519 jours aujourd'hui.
02:12Ceux à qui on a affaire, ce sont des hommes vêtus de noir, cagoulés, armés, qui ne
02:17se présentent pas, qui ne disent pas qui ils sont, qui ne présentent aucun mandat.
02:21Et donc, on ne sait pas à qui on a affaire.
02:24On ne peut qu'imaginer qu'il s'agit là des agents de l'Agence nationale de sécurité.
02:31Aujourd'hui, mon mari, mais comme tous les défenseurs des droits humains, les avocats,
02:40les militants politiques qui sont les membres de la société civile égyptienne qui sont
02:45aujourd'hui emprisonnés, sont accusés de charges en lien avec la lutte antiterroriste.
02:52Donc, ils sont accusés d'appartenir à un groupe terroriste.
02:56Il n'a pas été jugé du tout.
02:57Aujourd'hui, il est détenu dans l'attente des résultats d'une enquête.
03:02Ça veut dire que, tout simplement, sa détention préventive est renouvelée automatiquement
03:10par un juge.
03:11Elle a été renouvelée en 17 mois, 19 fois, sans qu'à aucun moment de preuves tangibles
03:17ne soient présentées contre lui pour justifier d'une telle détention.
03:20Il a bien sûr des avocats qui font tout ce qu'ils peuvent pour le défendre.
03:26Mais comme on le voit bien, la décision d'arrêter mon mari et de le maintenir en
03:31détention est une décision politique.
03:33Et la décision de l'en faire sortir sera aussi une décision politique.
03:51Nous avons échangé sur des listes de noms et nous continuons de pousser, ce qui je crois
03:54est la manière la plus efficace, à des libérations et à suivre avec bienveillance
03:59certains cas.
04:00J'ai évoqué celui de Rami Chahat, qui est un cas que nous suivons aussi de manière
04:05très vigilante avec plusieurs autres.
04:06C'est avec soulagement que j'ai d'abord entendu le président Macron porter le cas
04:12de mon mari au plus haut niveau.
04:14Après, aujourd'hui, ce que j'attends, moi, c'est de voir mon mari enfin libre.
04:20Aujourd'hui, les organisations internationales de défense des droits humains soulignent
04:26à quel point la situation dans le pays ne fait que se dégrader d'année en année,
04:31de mois en mois.
04:32Et malheureusement, j'ai peur que sans un changement dans les politiques qui sont menées
04:40aujourd'hui, dans les relations qui sont entretenues avec l'Egypte, on ne voit pas
04:46d'amélioration concrète sur le terrain, à part peut-être quelques libérations symboliques.
04:51Aujourd'hui, on a besoin de plus que ça.

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