Cette travailleuse du sexe fait partie des 250 requérants qui attaquent la France devant la Cour européenne des droits de l'Homme.
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00:00Moi, c'est Mia, je suis travailleuse du sexe depuis 5 ans parce que ce métier me convient.
00:05Aujourd'hui, je fais partie des 250 requérantes qui attaquent la France à la Cour européenne des droits de l'homme
00:10concernant la loi de pénalisation des clients de 2016.
00:14Cette loi ne fonctionne pas par rapport aux objectifs de ces défenseurs.
00:17Il n'y a pas moins de traite, il n'y a pas moins d'exploitation, il n'y a pas moins de violence et au contraire.
00:30Renforcer la lutte contre la traite et le proxénétisme, accompagner les personnes prostituées, sensibiliser toute la société, responsabiliser les clients.
00:45Par cette loi, il y a eu une inversion de la charge pénale dans le milieu du travail du sexe.
00:50Avant, les prostituées étaient passibles d'une amende pour le délit de racolage instauré sous Sarkozy.
00:59Là, il y avait pas mal de dérives aussi, c'est-à-dire que tout pouvait être du racolage.
01:04Si vous étiez assise sur un banc ou debout au bord de la route, habillée un peu sexy, paf, contravention.
01:12Maintenant, on a inversé la charge pénale, c'est-à-dire que les prostituées ne sont plus coupables, elles sont devenues victimes.
01:18On nie notre propre existence, vous voyez, par le côté absurde de cette loi.
01:24C'est-à-dire qu'on a le droit d'exercer, mais notre client n'a pas le droit de venir nous voir.
01:29Au niveau de la sécurité, on se recule là où il n'y a plus personne pour voir le client, mais il n'y a aussi plus personne pour nous aider.
01:57Ça nous amène encore plus dans la clandestinité. On voudrait, par cette loi, combattre la traite, combattre la violence.
02:04Mais en fait, ces violences sont augmentées, vu qu'on est dans la clandestinité.
02:10On se cache, on protège nos clients parce qu'on veut travailler et on veut gagner notre vie.
02:15A peu près 50% des clients ne viennent plus, donc on se retrouve avec les mauvais clients, ceux qui négocient les tarifs, négocient le préservatif.
02:25Ils sentent une sorte de rapport de force parce qu'ils sont pénalisables, donc ils en profitent.
02:32C'est vrai qu'il y a des côtés de ce métier qui sont vraiment horribles et sordides, je trouve.
02:37Mais ce vers quoi on tend, c'est sordide aussi.
02:41Actuellement, on a vraiment une hausse des violences et une hausse des agressions.
02:46Dans le 20h, on peut entendre une prostituée a été retrouvée découpée en morceaux dans le Rhône.
02:52Après, on change de sujet.
02:54Mais n'empêche que nous, dans la communauté, on a une augmentation des violences et ça nous met vraiment dans un état insécuritaire.
03:02On se demande qui sera la prochaine.
03:22Moi, j'ai des collègues qui font ça parce que ça leur convient.
03:25Il y en a d'autres qui font ça parce qu'elles aiment leur métier.
03:28Moi, j'en avais marre du sexe bénévole, en fait.
03:30J'en avais marre de toute cette gratuité.
03:34J'avais envie, je me rendais compte que j'adorais ça.
03:37Et un jour, j'ai eu envie vraiment d'en faire mon métier, parce que pourquoi pas ?
03:40Il y en a d'autres qui font ça, mais elles n'aiment pas.
03:43Elles voudraient arrêter.
03:44Et ces personnes-là, il faut les aider, bien sûr.
03:46Il faut les aider en leur proposant une reconversion, en leur proposant une allocation conséquente, on va dire.
03:54Parce que c'est vrai qu'on peut très bien gagner notre vie aussi.
03:57Pour arrêter, il y a aussi la patte du gain.
04:00On a très vite un engrenage qui fait qu'on a envie de continuer.
04:04Et ça, c'est vrai que c'est nous-mêmes au sein de notre communauté.
04:09On n'est pas forcément toutes d'accord.
04:16On voudrait la décriminalisation complète du travail sexuel, la dépénalisation et l'accès aux droits communs, comme tous les autres travailleurs français.
04:36Si on en parlait, si on pouvait exercer, on pourrait aussi être plus libre d'avouer, entre guillemets, ce qu'on fait.
04:47Avouer l'inavouable et dire, voilà, je vis de ça et ça me plaît ou non.
04:52D'ailleurs, on n'est pas obligé d'avoir un métier qui nous plaît.
04:56Il y a plein de gens qui font des métiers qui ne leur plaisent pas.