#DIRECT - Covid-19, Couvre-feu : Philippe Juvin, chef de service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou répond à Rémy Buisine et à vos questions.
Catégorie
🛠️
Style de vieTranscription
00:00Bonsoir Philippe Juvin, on est donc en direct sur Brut pour faire un point sur l'épidémie de Covid-19,
00:06la situation dans les hôpitaux, les dernières annonces du Président de la République.
00:09Je vais poser des questions mais je compte aussi sur vous dans les commentaires pour réagir, poser vos questions
00:13et également partager ce direct autour de vous qu'on sera encore plus nombreux à réagir,
00:17à commenter également les décisions qui ont été annoncées hier par le Président de la République,
00:20pour ou contre le couvre-feu, trouvez-vous ces décisions justes ou non.
00:23N'hésitez pas à réagir dans les commentaires, on fera également réagir Philippe Juvin sur ces annonces.
00:28Alors Philippe Juvin, justement cette première question, on parle beaucoup justement de la dynamique de l'épidémie,
00:33on en est où dans les hôpitaux ? Est-ce qu'on voit vraiment une augmentation des hospitalisations, des cas en réanimation ?
00:38Dites-nous un peu comment ça se passe.
00:39Oui, le sujet c'est qu'on a une augmentation du nombre de patients qui viennent aux urgences et qu'il faut garder à l'hôpital.
00:44En fait on n'a pas beaucoup plus de gens qui viennent aux urgences, mais on a plus de gens qui viennent aux urgences pour être hospitalisés.
00:50La plupart des gens, comme vous le savez, quand ils viennent aux urgences en temps normal repartent chez eux là,
00:54on en a beaucoup moins qui repartent chez eux, donc il faut leur trouver des lits d'hospitalisation.
00:58Et c'est là où le système coince.
01:00Aujourd'hui, nous avons presque deux fois plus qu'habituellement de patients qu'on doit garder parce qu'ils sont dans un état clinique qui n'est pas satisfaisant.
01:09Et c'est là où il y a un entonnoir, l'hôpital n'a pas suffisamment de lits d'hospitalisation classique, mais aussi de réanimation.
01:15Et en réa, alors en Ile-de-France, on est aux alentours de 40% des lits qui sont occupés.
01:21Alors vous allez me dire, 40% ça va, il en reste 60.
01:24En fait, non, ça ne va pas parce que 40% c'est presque le maximum que l'on peut faire pour le COVID.
01:30Quand je dis 40%, c'est 40% avec le COVID.
01:32Parce que les 60 autres pourcents des lits sont occupés par d'autres malades qui ont autre chose,
01:38qui doivent être opérés de chirurgie très lourde, qui ont des infections graves, des péritonites, des infections du poumon,
01:47qui n'ont pas le COVID, mais qui doivent quand même aller en réa.
01:49Et ceux-là, il faut leur garder des lits.
01:51Et le COVID ne peut pas faire, comme au mois de mars, occuper 100% de la place en réa.
01:56C'est ça le sujet qu'il faut bien comprendre en fait.
01:58On a autant de lits de réa, 5000, avant la crise, que nous en avions au mois de mars.
02:04Mais ces 5000, on ne peut pas 100% les consacrer au COVID, à la différence du mois de mars.
02:09Donc en fait, notre niveau de saturation est plus bas.
02:11Et la dynamique sur les derniers jours, elle est comment dans les hôpitaux parisiens ?
02:16En fait, ça continue à monter doucement.
02:18Ça n'a strictement rien à voir si on se compare au mois de mars,
02:21où on avait eu tout d'un coup un pic qui montait à toute vitesse, qui montait au ciel,
02:25du nombre de patients hospitalisés.
02:27Là, on n'est pas du tout dans cette dynamique.
02:29On est sur une dynamique beaucoup plus lente, mais qui est importante,
02:32et qui est là, qui est réelle tous les jours, et c'est un peu plus.
02:35Et ce qu'il faut comprendre, c'est que nos patients qui arrivent en réanimation,
02:39ils ne restent pas trois jours en réanimation.
02:41L'expérience du mois de mars nous a montré qu'on a des patients qui peuvent rester
02:4410, 15 jours, 20 jours, même plus, 25 ou 28 jours.
02:49On a des patients qui restent très longtemps.
02:51Donc quand vous avez un patient COVID qui entre en réa,
02:53il occupe le lit de réanimation pour longtemps.
02:55Et donc, le risque, c'est le bouchon.
02:57C'est pour ça que le président a pris cette décision.
02:59C'est que, en fait, une des difficultés de la gestion de la crise,
03:04c'est que si là, je m'infecte aujourd'hui, je rencontre quelqu'un qui m'infecte,
03:08j'attrape le COVID, et que finalement, je fais une forme grave,
03:11la forme grave, je la ferai dans 15 jours, 3 semaines.
03:14Et donc, la décision qu'Emmanuel Macron prend aujourd'hui sur les lits de réanimation,
03:19ce n'est pas pour nous soulager aujourd'hui, c'est pour faire en sorte
03:22que dans 3 semaines, il y ait moins de patients qui arrivent.
03:24C'est ça qu'il faut comprendre, c'est le délai.
03:26C'est un peu comme un pétrolier.
03:27Si on veut arrêter, on ne peut pas lui dire stop, tu t'arrêtes au feu rouge.
03:31Le pétrolier, il a besoin de kilomètres et de kilomètres pour s'arrêter.
03:34C'est exactement ce qui nous arrive avec les lits de réa et le COVID.
03:37Là, en termes d'occupation, votre hôpital, vous en êtes où exactement ?
03:40Sur les lits de réa, environ 40 %.
03:42Et dans mon service des urgences, où j'ai des lits d'hospitalisation
03:45pour garder les gens 24 heures avant de les dispatcher dans des services,
03:49hier, on était à 200 % d'occupation.
03:53200 % d'occupation ?
03:54J'ai 13 lits d'hospitalisation, j'avais 26 patients.
03:57Et donc, on voit bien qu'on est vraiment en difficulté sur les lits d'hospitalisation.
04:03Encore une fois, quand vous arrivez aux urgences,
04:05il n'y a pas du monde partout dans les couloirs, etc.
04:08Ce n'est pas comme ça, parce qu'on a un nombre normal de patients.
04:11Non, le vrai sujet, c'est que ceux qui arrivent,
04:13pour le coup, ils restent pour une grande partie alors qu'habituellement, ils rentrent chez eux.
04:17Dans un service d'urgence normal, ce qu'il faut comprendre,
04:20c'est que partout en France, toute l'année, en dehors de la crise,
04:2380 % des gens qui arrivent dans un service d'urgence retournent chez eux.
04:2720 % simplement restent à l'hôpital, 15 à 20 %.
04:31Là, on est plutôt sur 25, 30 % des patients qui arrivent à l'hôpital,
04:37aux urgences, qu'on garde pour être hospitalisés.
04:39Donc, vous voyez, on a un quasi double nom. C'est ça le sujet.
04:41Là, par exemple, aujourd'hui, vous avez des capacités pour encore écœurer des gens ce soir ?
04:44Par exemple, dans l'hôpital, qui est un très gros hôpital,
04:46l'hôpital de l'Europe 1 et de Georges Pompidou, c'est l'hôpital le plus récent de Paris.
04:50Vous voyez, c'est un très bel outil.
04:52Dans le service, au début de la garde, il est 19h30,
04:57alors que nous avons 13 lits pour passer la nuit,
05:00j'ai déjà la moitié qui sont pleins,
05:02donc les médecins qui sont de garde n'ont que 7 lits disponibles.
05:05Et si on regarde dans tout l'hôpital,
05:07voir s'il y a de la place pour mettre les patients dans les lits d'hospitalisation,
05:10s'ils arrivent, ils vont arriver,
05:12on n'a que 2 lits disponibles dans tout cet hôpital,
05:14qui est un hôpital immense.
05:162 lits de disponibles, 2 lits de vide, si vous voulez.
05:18Il faut bien comprendre qu'on a une vraie capacité à hospitaliser les gens,
05:23c'est ça le vrai sujet.
05:25Et pourquoi le président prend des mesures contraignantes ?
05:28C'est parce qu'il comprend que si ça continue à monter comme ça,
05:32et qu'on ne fait rien pour freiner la vague,
05:34il y a un moment où on ne pourra plus vous hospitaliser,
05:37vous risquez d'arriver à l'hôpital,
05:39votre état n'est pas satisfaisant, il faut que je vous garde,
05:41je n'ai pas de place pour vous mettre nulle part.
05:43C'est ça le danger qu'il faut éviter.
05:45Et justement, quand on compare la situation par rapport au mois de mars,
05:47est-ce qu'on a des capacités de prise en charge des patients
05:50pour éviter des hospitalisations si longues,
05:52ou est-ce que c'est finalement la même situation qu'à l'époque,
05:54c'est-à-dire le même profil de patient, assez âgé,
05:56avec des comorbidités, des maladies,
05:58est-ce qu'on en est dans le même type de situation,
06:01c'est-à-dire le même profil de patient,
06:03et en même temps, des durées d'hospitalisation aussi longues qu'à l'époque,
06:06et du coup, ce risque justement d'arriver plus importante que les sorties ?
06:09Les patients les plus graves sont quasiment les mêmes,
06:11c'est-à-dire des gens plutôt âgés, ça c'est sûr,
06:13avec des comorbidités.
06:15En revanche, ce qui est frappant, c'est que nous avons une proportion importante,
06:19je ne voudrais pas vous dire une bêtise,
06:21mais je crois que c'est la moitié de nos patients
06:23actuellement hospitalisés dans l'hôpital,
06:25qui sont des gens qui ont moins de 65 ans.
06:27Donc on a une catégorie de gens jeunes...
06:30Plus jeunes que la première fois ?
06:32En fait, il faudra le juger après.
06:36Ce qui est flagrant, ce sont des gens qui ne vont pas aller en réanimation,
06:39mais qui sont toutefois très fatigués,
06:42incapables de rentrer à leur domicile,
06:44parce que quand vous êtes en particulier seul à votre domicile,
06:47si vous êtes crevé à tel point que vous ne pouvez pas vous lever de votre lit,
06:50comment vous faites pour manger, pour vous laver,
06:52pour faire vos courses, ça c'est impossible.
06:54Donc on garde des patients de ce genre,
06:56parce qu'on ne peut pas faire autrement.
06:58Ils ne nous inquiètent pas trop au plan du pronostic vital,
07:01mais on voit bien qu'ils ont besoin d'être hospitalisés.
07:04Et ça, c'est un vrai sujet.
07:06En fait, les sujets jeunes...
07:08Il y a un papier, une publication des Anglais,
07:10qui doit avoir 10 ou 15 jours,
07:12en tout cas je l'ai lue il y a 10 ou 15 jours, elle est peut-être plus ancienne,
07:14qui montre que chez les jeunes, pour le coup les plus jeunes,
07:17il y a des séquelles assez importantes,
07:20et le chiffre, c'était 10% des sujets jeunes qui ont fait le Covid,
07:24vont avoir une fatigue immense qui va durer des mois et des mois.
07:28Et quand je dis une grande fatigue,
07:30c'est une fatigue à vous empêcher de travailler,
07:32vous empêcher d'étudier, etc.
07:35Donc c'est une pathologie qui tue les personnes très âgées,
07:39très fragiles,
07:41mais c'est une pathologie qui...
07:43Comment dirais-je ?
07:45Qui handicap considérablement les gens plus jeunes.
07:48Le recul qu'on peut avoir aujourd'hui,
07:50à peu près 6 à 7 mois après les premiers cas,
07:52même un peu plus maintenant,
07:54c'est qu'on arrive à voir que sur des cas les plus jeunes,
07:56il n'y a pas de risque de mortalité,
07:58mais le risque d'avoir des séquelles qui peuvent encore être présentes aujourd'hui.
08:00Alors, il faut moduler ça.
08:02Sur un pourcentage faible.
08:04Il y a des patients jeunes malheureusement qui décèdent,
08:06mais c'est vrai qu'en proportion,
08:08quand on les compare aux autres populations,
08:10c'est très petit, c'est très faible.
08:12Voilà.
08:14Mais ce qui est certain, c'est qu'il y a des jeunes
08:16qui vont être handicapés pendant de longs mois.
08:18On ne sait pas d'ailleurs combien de temps ça dure.
08:20Je n'évoque même pas la perte du goût et de l'odorat,
08:22qui persistent d'une manière très désagréable
08:24pendant un certain nombre de semaines,
08:26parfois deux mois.
08:28Certains vont avoir des séquelles respiratoires,
08:30c'est-à-dire qu'ils vont être essoufflés,
08:32et l'essoufflement va durer.
08:34Et puis d'autres, comme je vous le dis,
08:36vont avoir une fatigue tellement importante
08:38qu'ils seront handicapés
08:40dans tous leurs actes de la vie quotidienne.
08:42C'est une sorte de...
08:44Je ne sais pas si vous avez déjà eu la grippe.
08:46Oui, il y a longtemps.
08:48La grippe, ça fatigue énormément quand on a la grippe.
08:50Là, c'est un peu la même chose,
08:52mais pas pendant 7 jours,
08:54pendant plusieurs mois.
08:56C'est un des risques de cette maladie.
08:58C'est pas une grippette,
09:00comme certains ont dit il y a quelques mois,
09:02un peu bêtement.
09:04C'est une maladie potentiellement grave,
09:06y compris chez les jeunes.
09:08Il y a un point qui est intéressant.
09:10C'est vrai qu'on a beaucoup parlé du déconfinement
09:12et des étapes qu'il y a eu après.
09:14On se rend compte aujourd'hui de la réurgence du virus
09:16en France, mais aussi en Europe,
09:18où les chiffres sont assez particuliers,
09:20en forte hausse ces derniers jours.
09:22Est-ce que le déconfinement,
09:24on l'a fait comme il fallait ?
09:26Est-ce qu'on l'a raté pour vous ?
09:28J'ai une théorie qui est tout à fait contestable.
09:30Il y a certaines personnes qui pensent que je me trompe.
09:32Je pense qu'on a mal déconfiné
09:34parce qu'on n'a pas accompagné le déconfinement
09:36d'un certain nombre de mesures,
09:38par exemple les mesures de testing.
09:40Je ne sais pas si vous avez essayé de vous faire tester,
09:42mais c'est très compliqué de se faire tester.
09:44Surtout, c'est encore plus compliqué de récupérer le résultat.
09:46J'ai un jeune de 28 ans qui est venu me voir
09:48qui m'a dit « ça y est, je suis positif ».
09:50Il avait fait le test 15 jours avant.
09:52Quand il est venu me voir, il était déjà guéri.
09:54Ça ne sert à rien de faire ces tests.
09:56C'est vrai qu'on n'a pas eu de stratégie de test.
09:58En tout cas, ça a été un peu chaotique, même très chaotique.
10:00Il n'y a pas eu de stratégie d'isolement.
10:02À une époque, on disait, on en avait parlé en mars-avril,
10:04si on est positif, sans trop de signes
10:06ou même sans aucun signe,
10:08il faut vous isoler quelques jours
10:10pour ne pas infecter votre famille.
10:12Plutôt que de vous renvoyer dans votre famille
10:14où vous allez infecter papa, maman, votre soeur
10:16et votre petit frère,
10:18on va vous enfermer pendant 7 jours
10:20dans un hôtel où vous serez nourri gratuit
10:22et logé nourri.
10:24Pendant ce temps-là,
10:26les jours passeront et quand vous vous sortirez,
10:28vous ne serez plus contagieux.
10:30Ça, on ne l'a pas fait.
10:32On n'a pas eu cette politique d'isolement.
10:34Je pense que c'est une erreur.
10:36Le tracing,
10:38on a tous entendu
10:40des discussions sur StopCovid.
10:44Il y a beaucoup de gens
10:46qui ne l'ont pas téléchargé,
10:48y compris des gens importants dans la société.
10:50C'est vrai que ça, ça a été un échec.
10:52Je crois qu'en Allemagne,
10:54on compte 12 ou 15 millions
10:56de gens qui l'ont téléchargé.
10:58Chez nous, c'est deux.
11:00C'est vraiment un échec.
11:02On a eu un échec de la stratégie de dépistage,
11:04qui n'a pas bien fonctionné.
11:06Je pense qu'on a eu aussi un échec
11:08sur nos capacités d'hospitalisation.
11:10Vous comprenez bien que là, ce soir,
11:12quand je vous parle,
11:14nous n'avons pas suffisamment de lits
11:16pour hospitaliser les gens.
11:18Nous aurions dû prévoir cela
11:20d'abord en construisant des lits supplémentaires.
11:22Il y a des gens qui ont fait ça.
11:24En Chine, on a vu ces fameux hôpitaux en un mois.
11:26Mais en Grande-Bretagne,
11:28on a construit des hôpitaux éphémères.
11:30On aurait dû le faire.
11:32On n'a pas le personnel comme ça.
11:34Je n'ai toujours pas compris pourquoi,
11:36dès le mois de mars,
11:38les ministres de la Santé européenne
11:40ne se sont pas réunis
11:42en disant qu'ils allaient au moins
11:44faire la liste de tout le personnel
11:46qui saurait prendre en charge
11:48des Covid en réanimation ou ailleurs.
11:50Éventuellement,
11:52on se serait prêté le personnel.
11:54On m'aurait dit que quand ça allait mieux en France,
11:56il faut aller passer trois semaines
11:58au Danemark ou au Portugal
12:00pour donner un coup de main.
12:02Je l'aurais fait.
12:04Et ça, malheureusement,
12:06ça n'a pas été fait.
12:08Je trouve qu'on a été très léger
12:10sur le renforcement de nos capacités d'hospitalisation.
12:12D'ailleurs, il n'y a pas de secret.
12:14Si on doit confiner ou faire du couvre-feu
12:16ou interdire les bars,
12:18c'est parce qu'on a peur de ne pas pouvoir
12:20accueillir tout le monde à l'hôpital.
12:22Il faut bien comprendre qu'il y a une relation directe
12:24entre le nombre de lits
12:26que vous avez dans les hôpitaux en France
12:28et l'intensité du confinement.
12:30Plus vous avez de lits, moins vous confinez.
12:32Moins vous avez de lits, plus vous devez confiner
12:34ou être dur sur les mesures contraignantes.
12:36Et donc,
12:38plutôt qu'être dur sur les mesures contraignantes,
12:40si on avait augmenté nos capacités d'hospitalisation,
12:42nous pourrions nous payer le luxe
12:44de moins confiner,
12:46d'être moins durs, du couvre-feu, etc.
12:48Je ne dis pas que c'est facile.
12:50C'est vrai qu'on a Olivier Véran qui, d'un côté, répond
12:52qu'on ne fend pas une infirmière et un médecin anesthésiste
12:54en quelques mois.
12:56Mais d'un côté, qu'est-ce qu'on aurait pu faire
12:58pour avoir plus de lits aujourd'hui ?
13:00Parce que c'est le constat que vous faites aujourd'hui,
13:02de dire qu'on a à peu près 5000 lits de réanimation en France,
13:04alors on a réussi à pousser à 7000,
13:06parce qu'on a eu une pointe aux alentours du 10 avril 2012.
13:08Même 12 000 !
13:10C'est vrai qu'on a augmenté le nombre de lits de réanimation
13:12de 5000 à 12 000.
13:14Mais attention, il ne faut pas se raconter d'histoire.
13:16Ça, ça a été fait au détriment.
13:18Ces lits, on ne les a pas eus en plus.
13:20On a pris des lits d'hospitalisation classiques
13:22et on en a fait des lits de réanimation.
13:24Les lits d'hospitalisation n'étaient plus disponibles
13:26pour d'autres pathologies.
13:28Il y a des tas de gens,
13:30probablement des centaines de milliers de gens
13:32qui n'ont pas été traités.
13:34Et ça, il ne faut pas que ça recommence.
13:36Donc ça, c'était une solution qu'il fallait faire
13:38et ils ont eu raison à l'époque,
13:40mais qui n'est pas une bonne solution.
13:42Le prix pour lutter contre Covid,
13:44ça ne peut pas être d'abandonner les malades
13:46qui ont des maladies du cœur, du cancer, des diabètes.
13:48Ça, ce n'est pas possible.
13:50On l'a fait une fois, parce qu'on ne pouvait pas
13:52avoir un réanimateur comme ça, c'est évident.
13:54Mais c'est pour ça qu'il faut
13:56penser différemment.
13:58Quand il y a des situations de crise,
14:00comme ça,
14:02si vous continuez à réfléchir à périmètre constant,
14:04vous ne pouvez pas y arriver.
14:06Il faut penser différemment.
14:08Il faut avoir de l'imagination.
14:10Moi, je crois que les décideurs, les hommes politiques,
14:12ça sert à ça, ça sert à avoir des idées
14:14que les autres n'ont pas eues.
14:16Ça aurait été quoi, les pistes ?
14:18D'abord, je vous l'ai dit, faisons le point sur tout ce qui existe
14:20dans le monde européen. Est-ce qu'on ne peut pas s'aider ?
14:22On a une réserve sanitaire française qui a été très utile,
14:24d'ailleurs, au mois de mars.
14:26Faisons une réserve sanitaire européenne.
14:28Élargissons le cadre. Allons demander des coups de main
14:30à nos collègues. Ça, on ne l'a pas fait.
14:32Il aurait fallu le faire. On peut encore le faire.
14:34Il faut vraiment le faire, c'est du boulot.
14:36En tout cas, c'est dommage que depuis le mois d'avril,
14:38parce que c'est complexe à faire, on n'est pas commencé.
14:40Deuxièmement,
14:42là aussi, je pense qu'il aurait fallu
14:44être agile. On aurait pu tout à fait
14:46dire,
14:48écoutez, c'est la guerre, donc on va
14:50faire des formations expresses en trois semaines
14:52où on va prendre,
14:54je ne sais pas, des aides-soignants.
14:56On va leur apprendre une ou deux ou trois
14:58éléments importants pour
15:00aider les infirmiers. On va
15:02upgrader les aides-soignants
15:04en sorte d'auxiliaires d'infirmiers.
15:06On va upgrader des infirmières
15:08en sorte
15:10d'auxiliaires de médecins juniors.
15:12Bref, on aurait upgradé
15:14toute la filière santé.
15:16On aurait pu,
15:18d'une manière, certes imparfaite,
15:20mais au moins répondre à un besoin.
15:22Vous savez, quand c'est la guerre, la vraie guerre,
15:24qu'est-ce qu'on fait ? On prend les gens dans la rue
15:26qui sont aussi soldats que vous et moi, c'est-à-dire pas du tout,
15:28et puis, en trois semaines,
15:30on les forme à faire la guerre.
15:32Ce sont des combattants beaucoup moins aguerris
15:34et de qualité
15:36que des troupes professionnelles, bien entendu.
15:38Mais c'est comme ça qu'on fait quand même pendant la guerre,
15:40parce qu'il faut du monde. C'est pareil.
15:42Là, on aurait dû former du monde.
15:44On aurait pu aussi prendre des gens qui n'ont aucune expérience,
15:48ou des secouristes,
15:50ou des gens qui ont travaillé à la Croix-Rouge,
15:52qui sont de bonne volonté, et puis les former
15:54rapidement pour qu'ils puissent
15:56nous donner un coup de main sur des tâches
15:58qui sont des tâches non spécialisées.
16:00Par exemple, donner à manger aux patients, les laver.
16:02Vous voyez, ce que je reproche,
16:04moi, c'est qu'on a l'impression
16:06que les gens ont leurs deux pieds dans le même sabot
16:08et veulent continuer à réfléchir
16:10dans un périmètre. Quel périmètre habituel ?
16:12Ben non, dans une situation extraordinaire,
16:14on réfléchit
16:16extraordinairement différemment.
16:18Est-ce qu'on a dû déprogrammer des opérations ?
16:20Bien sûr.
16:22Il y a même un travail
16:24qui a été publié, là aussi,
16:26par des Britanniques,
16:28qui montre la chose suivante,
16:30qui a étudié le nombre
16:32de nouveaux cas de cancer,
16:34de nouveaux cas de diabète, de nouveaux cas de maladie
16:36du cœur, et du nouveau cas
16:38de dépression,
16:40qui étaient diagnostiqués tous les ans
16:42en 2016, 2017, 2018,
16:442019, en mars,
16:46avril, mai. Vous voyez, on regardait.
16:48Et on s'apercevait, en fait, d'une année sur l'autre, c'était le même nombre
16:50de cas. Voilà, on avait X cas
16:52de nouveaux cancers, X cas de nouvelles
16:54maladies cardiovasculaires en 2016, 2017,
16:562018, 2019. Et quand ils ont refait
16:58le calcul en 2020, ils se sont
17:00aperçus que c'était la moitié.
17:02En gros, on a diagnostiqué deux fois moins
17:04de cancers,
17:06de maladies du cœur, de diabète et de dépression
17:08en 2020, pendant les trois mois du confinement.
17:10Pourquoi ? La moitié dans la nature.
17:12C'est pas que les gens étaient moins malades,
17:14c'est que les gens étaient dans la nature.
17:16Ces gens-là, pardon,
17:18c'est des gens qu'on a perdus de vue,
17:20qu'il faut soigner, qu'il faut donc aller
17:22rechercher, d'ailleurs. Ça, c'est un vrai sujet.
17:24En Ile-de-France,
17:26Ile-de-France, c'est-à-dire Paris, région
17:28parisienne, il y a un travail qui a été fait
17:30dans cet hôpital, qui a montré que
17:32la fréquence de la mort
17:34subite, la mort subite, c'est quoi ? C'est
17:36quand vous vous promenez dans la rue,
17:38vous écroulez, vous faites un arrêt cardiaque.
17:40À quoi c'est dû ? Maladie cardiaque, emboli
17:42pulmonaire, etc. Et la fréquence de la mort
17:44subite a doublé, plus 100%,
17:46en mars-avril,
17:48à Paris, région parisienne. Pourquoi ?
17:50Tout simplement parce qu'un certain nombre de gens
17:52qui avaient une des douleurs thoraciques...
17:54Et c'était pas le Covid ? Non,
17:56hors Covid, c'est ça qui est...
17:58Des douleurs thoraciques, des angines de poitrine, des choses comme ça,
18:00ne sont pas allés se faire soigner parce que le système était
18:02désorganisé, leur médecin
18:04n'était pas... Deux fois plus de morts.
18:06Donc, il faut bien comprendre
18:08qu'une épidémie de Covid, ça donne
18:10des morts du Covid, ça veut dire des morts
18:12qui ne sont pas du Covid. Mais justement, est-ce que
18:14le risque, c'est pas d'avoir plus de morts
18:16de personnes non-Covid, liées
18:18justement à tout ce qui se passe en ce moment,
18:20ce qui s'est passé lors de la première vague,
18:22où on a dû justement déprogrammer pas mal
18:24d'hospitalisations, ce que vous dites justement,
18:26toutes les maladies, la moitié des maladies qu'on n'a pas pu
18:28détecter de personnes qui sont aujourd'hui
18:30peut-être gravement malades sans le savoir,
18:32et les opérations qu'on est en train de
18:34déprogrammer tout doucement aujourd'hui.
18:36Vous avez tout à fait résumé la question. Alors, est-ce que...
18:38Oui, ça, bien sûr. Et donc, tout le sujet
18:40aujourd'hui, dans notre deuxième vague,
18:42c'est que nous apprenons
18:44non pas de nos erreurs, parce qu'on ne pouvait pas faire autrement.
18:46Au mois de mars, on était submergé par la vague qui nous tombait dessus.
18:48Mais il faut que
18:50là, au mois d'octobre,
18:52on apprenne de ses erreurs
18:54et qu'on ne déprogramme pas
18:56les patients. C'est-à-dire qu'il faut
18:58qu'on dise aux gens, continuez à venir
19:00consulter votre médecin. L'avantage,
19:02c'est que le médecin de ville continue à travailler, ce qui était
19:04moins le cas au mois de mars, où beaucoup avaient été
19:06confinés. Continuez à voir votre médecin,
19:08continuez à vous faire suivre,
19:10continuez à consulter,
19:12et puis nous, on va essayer de déprogrammer le moins possible.
19:14Maintenant, je ne me fais pas de délusion.
19:16Si je n'ai pas de lit, moi,
19:18si demain matin, je me retrouve encore avec
19:20200% d'occupation
19:22de mes lits aux urgences,
19:24il y a bien un moment où il va falloir que je demande des lits dans l'hôpital.
19:26Et il n'y a pas 10
19:28manières d'ouvrir des lits. Il faut ouvrir
19:30des lits en demandant à des gens qui étaient prévus
19:32d'être hospitalisés pour, par exemple, une intervention
19:34prévue depuis 3 mois,
19:36de ne pas venir.
19:38On annule. Ça s'appelle de la déprogrammation.
19:40Et donc,
19:42le sujet, il est là.
19:44Comment on doit vivre un peu
19:46les événements aujourd'hui ?
19:48Un chiffre qui vient de tomber, qui est confirmé, c'est justement
19:5030 600 cas en 24 heures,
19:521207 hospitalisations sur l'ensemble de la France,
19:54et un peu plus de 200 personnes qui sont entrées
19:56en réanimation.
19:58C'est des chiffres en hausse
20:00par rapport à ce qu'on peut voir.
20:02On sait que la semaine dernière, on tournait aux alentours de
20:04700-750 hospitalisations.
20:06Donc, on voit une augmentation.
20:08Comment, nous, on doit l'interpréter ? Parce que c'est vrai,
20:10moi, je le vois aujourd'hui. Les commentaires,
20:12c'est vrai qu'à l'époque, il y avait cet effet un peu de sidération.
20:14On s'est tous arrêtés de vivre. On a eu peur.
20:16On voyait ces images aussi qui venaient de Chine, de personnes même
20:18qui s'écroulaient dans la rue. Aujourd'hui,
20:20quelques mois plus tard, on voit une société qui est beaucoup plus divisée.
20:22Certains qui disent
20:24qu'il faut aller plus loin. Certains disent qu'il faut confiner.
20:26Il faut qu'on arrête tout. Même l'économie,
20:28confinement à 100%. D'autres qui disent
20:30que ce sont des mesures liberticides.
20:32On empêche les gens de circuler librement.
20:34Finalement, il n'y a pas tant de morts que ça.
20:36On entend aussi comme commentaire
20:38en disant que le cancer
20:40et d'autres maladies font plus de morts
20:42que le Covid. Qu'est-ce qu'on peut
20:44répondre aujourd'hui à ça, vous, en tant que professionnel
20:46de santé, à cette défiance
20:48qui va parfois être plus importante aujourd'hui
20:50qu'elle ne l'était hier ?
20:52C'est une question vraiment fondamentale.
20:54Vous posez la question de la confiance. Comment on fait confiance au système ?
20:56Écoutez, moi,
20:58depuis le mois de mars, j'ai pris très
21:00nombreuses fois la parole chez vous,
21:02chez Brut, mais en bien d'autres endroits.
21:04J'ai toujours dit
21:06la vérité. Je n'ai jamais
21:08trahi la confiance. Si j'ai pu
21:10me tromper une fois, peut-être, ou deux,
21:12même pas, je m'en suis
21:14excusé ensuite. J'ai toujours dit la vérité.
21:16Donc, croyez-moi,
21:18je n'ai aucun intérêt
21:20à ne pas dire la vérité.
21:22Aujourd'hui, on est dans une difficulté. Pourquoi ?
21:24Parce que nos capacités
21:26d'hospitalisation sont trop petites.
21:28Et à partir de là, elles se remplissent très vite.
21:30Et
21:32je ne veux pas me retrouver, comme
21:34c'est un peu le cas de temps en temps le matin,
21:36mais on arrive à se débrouiller encore,
21:38je ne veux pas me retrouver dans trois ou quatre semaines
21:40avec une situation où, si vous
21:42arrivez dans mon hôpital, je ne pourrais pas vous soigner.
21:44Enfin, je ne pourrais pas vous... Je vous soignerais, mais je ne pourrais pas
21:46vous hospitaliser. Je ne saurais pas où vous mettre.
21:48C'est ça, le vrai sujet.
21:50Bien sûr, les gens se disent
21:52« Ah ben oui, mais ce n'est pas le pic.
21:54Ce n'est pas le pic du mois de mars. » C'est vrai, ce n'est pas
21:56le pic du mois de mars. Et c'est d'ailleurs
21:58beaucoup plus pervers, d'ailleurs. Parce que
22:00les gens, effectivement, se disent « Mais au fond,
22:02les urgences ne sont pas submergées.
22:04Regardez, il n'y a pas de
22:06file d'attente. » C'est vrai, il n'y a pas ça. Mais
22:08il y a une file d'attente invisible,
22:10c'est celle des gens qui cherchent un lit d'hospitalisation.
22:12Ça, c'est un vrai sujet.
22:14Et vous me
22:16faites l'amitié de m'interviewer sur Brut régulièrement.
22:18Reprenez toutes mes interviews
22:20sur Brut. Je ne vous ai jamais menti.
22:22Je vous ai toujours dit les choses.
22:24Je pense même, c'est un péché d'orgueil
22:26que je ne me suis pas trompé dans tout ce que je vous
22:28ai expliqué depuis maintenant six mois qu'on se voit.
22:30Faites-moi confiance. Je vous dis les choses.
22:32Je suis un... Vous savez que
22:34je suis médecin et que je suis également
22:36chef de la politique. Je suis maire de ma commune.
22:38Les Républicains, donc je suis dans l'opposition.
22:40Moi, qui suis un homme de l'opposition, je
22:42dis que le président de la République,
22:44qui est mon adversaire politique, a eu raison
22:46de dire ce qu'il a dit hier. Je le soutiens.
22:48Je l'applaudis. Il a eu raison.
22:50C'est courageux parce que c'est très impopulaire,
22:52évidemment. Qui
22:54souhaite dire aux gens, il faut fermer les bars, les restaurants,
22:56les concerts, les théâtres, etc.
22:58Moi-même, il y a quelques
23:00semaines, mais à l'époque, on avait
23:02des marges de manœuvre. Je disais, il faut
23:04que les restaurants restent ouverts. Je disais,
23:06il faut rouvrir les théâtres dans la commune dont je suis
23:08maire, à la Garenne, j'ai rouvert le théâtre.
23:10On a des pièces de théâtre. On a des spectacles.
23:12Mais là, ça, c'était
23:14il y a 4 semaines. Il y a 4 semaines, on avait
23:16des marges de manœuvre. On les a plus, les marges de manœuvre.
23:18On a plus de marges de manœuvre. Donc, on peut...
23:20Il ne faut pas prendre le risque.
23:22La prochaine fois que vous viendrez me voir dans 4 semaines,
23:24je vous dis que c'est la cata parce qu'on
23:26ne sait vraiment plus où mettre les gens.
23:28C'est vrai qu'en parallèle, parfois, on met ces images où on voit
23:30d'un côté des restaurants où on peut...
23:32Alors, c'est vrai qu'on n'a pas de masque quand on mange, bien sûr,
23:34mais on peut tenir des distanciations physiques
23:36et sociales d'un mètre. Il y a du gel hydroalcoolique.
23:38Les serveurs ont des masques,
23:40etc. On se dépasse dans le restaurant avec des masques.
23:42Et il y a ces images qu'on a vues aussi parfois des transports
23:44en commun où on se dit, est-ce qu'on ne fait pas le détriment
23:46de la vie sociale
23:48en laissant des choses qui,
23:50sur le plan économique, peuvent paraître aberrantes aux yeux de certains
23:52quand on a vu, par exemple, il y a quelques semaines,
23:54les cas du métro de la ligne 13
23:56bondés de monde où, certes, on a des masques,
23:58mais on est les uns sur les autres. On touche les mêmes bars,
24:00les mêmes sièges, qui ne sont pas désinfectés, d'ailleurs,
24:02à chaque passage, loin de là.
24:04Ça aussi, ça fait réagir dans l'opinion publique.
24:06Vous, en tant que médecin, est-ce que vous y voyez une incohérence
24:08là-dessus ?
24:10D'abord,
24:12toutes les mesures que prennent les autorités
24:14en matière de distanciation sont des mesures imparfaites.
24:16Par définition, vous avez raison.
24:18Quand on va dans un transport en commun,
24:20on touche la barre pour se tenir
24:22qui a peut-être été jugée par quelqu'un d'autre.
24:24On comprend ça, vous avez raison.
24:26Sauf que, premièrement,
24:28c'est quoi l'alternative ? C'est de dire on ne prend plus les transports
24:30en commun ? Donc on arrête d'aller travailler ?
24:32Donc tout s'arrête ? Mais
24:34ça, ça conduit aussi à des catastrophes, y compris
24:36sanitaires. Et puis on va avoir des millions de gens
24:38qui vont perdre leur emploi, ce qui est aussi
24:40une catastrophe. Donc,
24:42je pense que le Président, quand il prend cette mesure,
24:44il fait la balance entre des avantages,
24:46essayer de sauvegarder
24:48nos lits d'hospitalisation qui sont trop rares,
24:50c'est d'ailleurs pour ça qu'il aurait fallu les augmenter depuis longtemps,
24:52et sauvegarder
24:54un peu d'activités économiques,
24:56culturelles, etc.
24:58Avec un bémol,
25:00toutefois, sur les transports, je veux que ça soit dit,
25:02il y a
25:04très peu de clusters qui ont été identifiés
25:06comme étant nés dans les transports en commun. Pourquoi ?
25:08Probablement parce qu'en fait,
25:10d'abord, les gens ont un masque, bien entendu,
25:12mais les gens ne parlent pas.
25:14Moi, je prends le tram,
25:16et dans le tram, les gens ne parlent pas entre eux.
25:18On a notre téléphone,
25:20ou on a notre bouquin,
25:22où on regarde en l'air, où on dort, mais on ne parle pas.
25:24Et donc, c'est vraiment la parole qui
25:26accélère le phénomène
25:28de contagion.
25:30Voilà, je pense qu'il n'y a pas de mesure.
25:32Est-ce qu'il aurait fallu remettre des attestations ?
25:34C'est-à-dire que, par exemple, certains pensent qu'il aurait fallu être
25:36plus drastique, notamment sur le télétravail ?
25:38Mais il y a des gens qui ne peuvent pas.
25:40Il y a des tas de métiers
25:42qui ne peuvent pas télétravailler.
25:44Regardez-moi ce que je peux télétravailler.
25:46Vous, est-ce que vous pouvez télétravailler ?
25:48Vous ne pouvez pas.
25:50Et souvent, d'ailleurs, ceux qui ne peuvent pas travailler
25:52sont des emplois qui sont les moins qualifiés,
25:54les plus modestes.
25:56Donc, il faut bien comprendre que le télétravail,
25:58c'est un truc qui est quand même
26:00réservé à une catégorie de la population.
26:02Il y a toute une partie de la population qui ne peut pas
26:04se permettre de télétravailler.
26:06Et puis, pardon, mais le télétravail,
26:08c'est aussi difficile.
26:10Parfois, quand vous êtes
26:12avec vos deux gosses
26:14dans votre deux-pièce et puis que ça hurle, etc.,
26:16c'est compliqué, le télétravail.
26:18Il faut le faire. Je ne sais pas qu'il ne faut pas le faire, mais
26:20il n'y a pas une baguette magique
26:22avec une solution idéale. Tiens, je sors de la carte
26:24télétravail et j'ai réglé le problème. Non.
26:26En fait, toutes les mesures sont imparfaites
26:28et c'est leur ensemble qui constitue
26:30une cote
26:32probablement mal taillée, mais la moins
26:34mal taillée possible. Donc, je pense qu'il a eu
26:36raison de faire ça. Et encore une fois,
26:38vous avez devant vous le type, enfin l'homme
26:40qui a défendu les restaurants et les salles
26:42de spectacle il y a trois semaines. Mais à un moment,
26:44on avait des marges de manœuvre. On n'a plus de marge de manœuvre.
26:46Une question peut-être conseille pour ceux qui nous regardent
26:48aujourd'hui. Il y a les vacances scolaires qui arrivent.
26:50C'est vrai qu'on est beaucoup... Là, on voit
26:52que le virus circule beaucoup chez les plus
26:54jeunes, notamment à tranche 20-29 ans.
26:56Ben voilà, on a envie d'aller voir nos parents,
26:58nos grands-parents. Mais pour beaucoup, il y a
27:00cette crainte, justement. Alors, il y en a certains qui se faisaient
27:02tester préventivement avant d'aller les voir, mais
27:04la durée pour avoir les résultats
27:06fait que parfois, on les aurait
27:08peut-être même après les vacances.
27:10Quel conseil on peut donner aujourd'hui
27:12à ceux qui nous regardent pour réussir à passer
27:14des vacances sereines aux plus proches
27:16de leur famille, des personnes âgées,
27:18des personnes fragiles, tout en prenant le moindre risque possible ?
27:20Je pense que des règles assez simples, de bon sens.
27:22D'abord, quand vous avez des symptômes,
27:24si vous avez de la fièvre, vous toussez, ben vous n'y allez pas.
27:26Même si vous n'êtes pas fait tester,
27:28ne prenez pas le risque. Deuxièmement,
27:30si vous n'avez pas de symptômes, faites-vous tester préventivement.
27:32Alors, c'est vrai, vous avez raison.
27:34C'est parfois la croix et la bannière pour se faire
27:36tester et pour récupérer le résultat.
27:38Il faut le faire suffisamment tôt, à l'avance.
27:40Et le président hier a dit
27:42qu'il allait améliorer la politique de test.
27:44Donc, moi, je le crois.
27:46Il faut lui faire confiance.
27:48C'est du bon sens.
27:50Et puis, quand vous voyez, vous rencontrez
27:52votre vieille grand-mère ou vos vieux grands-pères,
27:54vous faites attention.
27:56Vous gardez un masque.
27:58Vous aérez la pièce
28:00dans laquelle vous avez été.
28:02Ce sont des situations
28:04qui sont incroyables.
28:06On nous aurait dit ça il y a un an.
28:08On nous aurait pris pour des dingues.
28:10Mais c'est la situation actuelle.
28:12C'est très imparfait.
28:14La réaction est très importante.
28:16C'est vrai qu'on parle beaucoup des milieux clos.
28:18Quand on est en plein air, il y a des risques,
28:20mais en lieu clos,
28:22quand on est dans les mêmes pièces,
28:24le masque, on va le faire tomber pour manger.
28:26On laisse un mètre entre chaque personne.
28:28On ne touche pas les uns les autres.
28:30On ouvre la fenêtre quand on peut.
28:32Il fait un peu froid maintenant.
28:34Donc, il faut aérer.
28:36Pour manger, il faut bien retirer son masque.
28:38Plus vous allez parler fort,
28:40plus vous allez projeter
28:42des particules.
28:44Donc, il faut prendre tout ça en compte.
28:46Je ne vous dis pas qu'il faut déjeuner en chuchotant.
28:48Je suis en train de vous dire.
28:50Mais encore une fois,
28:52c'est une cote mal taillée.
28:54Si vous toussez et que vous avez de la fièvre,
28:56vous ne déjeunez pas avec vos grands-parents.
28:58C'est aussi simple que ça.
29:00– On va prendre quelques questions des internautes
29:02avant de conclure ce live.
29:04Je vous invite à réagir, à poser vos questions
29:06dans les commentaires.
29:08Je le dis par avance,
29:10on ne pourra pas toutes les prendre,
29:12sinon on finirait demain
29:14et on dépasserait même l'heure du couvre-feu
29:16dans 8 autres métropoles, tout a été précisé.
29:18Il y a des attestations qu'il faudra télécharger
29:20pour pouvoir sortir.
29:22Vous pourrez sortir notamment
29:24si vous avez un train, un avion qui correspond aux heures.
29:26– Et son chien, pour faire sortir le chien aussi.
29:28– Et vous pouvez sortir le chien.
29:30Les animaux de compagnie, vous pouvez les faire sortir.
29:32Le footing par contre, c'est plus autorisé
29:34comme avant pendant le confinement.
29:36Si vous voulez courir, c'est avant 21h.
29:38– Ou avec son chien.
29:40– Mais je crois que c'est dans un périmètre assez restreint.
29:42Il faut vraiment être avec le chien.
29:44– Vous allez voir, il y a des tas de gens
29:46qui vont sortir leur chat en laisse.
29:48– Ça fait même penser à une photo qu'on voyait sur Twitter
29:50avec plein de gens en train de courir de nuit
29:52qui faisait un peu référence à cette scène
29:54qu'on voyait dans Paris
29:56où on n'avait jamais vu autant de joggers.
29:58– Oui, c'est génial.
30:00– C'était assez impressionnant à l'époque.
30:02– Il faudra écrire l'histoire
30:04parce que c'est vrai qu'il y a eu des tas de modifications
30:06des pratiques.
30:08D'abord, vous parliez du télétravail.
30:10Tout le monde connaissait le principe
30:12et il y a peu de gens qui l'avaient utilisé.
30:14Et maintenant, ça paraît logique.
30:16On a même des gens qui disent, mais à quoi ça sert qu'on se vende
30:18à le télétravail ?
30:20La société a été bouleversée par cette affaire.
30:22– Alors, il y a la question des écoles.
30:24C'est vrai qu'il revient par rapport aux clusters.
30:26Je ferai une toute petite précision.
30:28Tous les jours, Santé publique France publie les clusters détectés.
30:30Néanmoins, ça ne représente qu'une infime partie des cas.
30:32C'est à peu près 5-6% des cas
30:34sur l'ensemble du territoire.
30:36Et il y en a une grande partie, on ne connaît pas leur provenance.
30:38Et donc, quand on lit ces chiffres,
30:40on voit beaucoup de clusters qui viennent des écoles.
30:42La question, elle est là, justement,
30:44c'est de se dire qu'on voit beaucoup de cas chez les jeunes.
30:46Alors, il y a des mesures qui ont été prises au niveau des facs,
30:48mais est-ce que, pour vous, en tant que professionnel de santé,
30:50il aurait fallu fermer les écoles, tout simplement ?
30:52Parce que c'est vrai que c'est une mesure que certains réclament
30:54en disant, mais fermons les écoles,
30:56on va réussir à éviter la circulation du virus.
30:58Là, avec les vacances, le virus aura beaucoup circulé.
31:00Les gens vont arriver peut-être chez les grands-parents
31:02et vont contaminer le reste de la famille.
31:04– Non, moi, je ne crois pas du tout.
31:06D'abord, les mesures qu'on prend, vous avez bien compris,
31:08c'est toujours une balance entre un avantage
31:10et un désavantage.
31:12Et donc, c'est vrai que si vous fermez l'école,
31:14vous cassez, il n'y a plus de contamination, par définition.
31:16Mais en revanche, vous avez des élèves
31:18qui n'ont plus cours pendant des semaines
31:20et des mois, comme on l'a vu.
31:22Et ça, on va le payer cher.
31:24Et puis, je passe,
31:26il ne faudrait pas en passer,
31:28parce que ce ne sont pas des détails,
31:30tous les enfants qui trouvent des refuges à l'école,
31:32qui, sinon, sont en difficulté,
31:34il y a des familles violentes,
31:36ça a déjà été montré.
31:38Donc, je pense que c'est très important d'aller à l'école.
31:40C'est très important que les écoles fonctionnent.
31:42C'est très important que l'université fonctionne.
31:44Il ne faut pas que tout ça s'arrête.
31:46En fait, il faut que nous arrivions à vivre
31:48le plus normalement possible.
31:50Et moi, j'ai toujours dit, depuis toujours,
31:52mais ça a toujours été entendu,
31:54que si nous avions eu toujours des masques,
31:56toujours des tests faciles,
31:58c'est-à-dire, je fais un test et j'ai le résultat
32:0010 minutes plus tard, un quart d'heure plus tard,
32:02et des lits de réanimation et d'hospitalisation,
32:04qui vont être pleins, il faut que je confine,
32:06si on avait ces trois choses-là,
32:08déjà, je ne vous parle même pas de l'isolement,
32:10on pourrait quasiment vivre normalement.
32:12Donc, les écoles, non,
32:14il faut aller à l'école, c'est très important.
32:16Je pense que le coût de ne pas aller à l'école,
32:18pour la société et pour les individus eux-mêmes,
32:20est bien supérieur
32:22au bénéfice que l'on pourrait tirer
32:24de la fermeture de l'école.
32:26La question, justement, c'est aussi de se dire que,
32:28même si on avait tout ça, il y a quand même aussi
32:30une certaine dangerosité du virus,
32:32oui, c'est vrai, vous avez raison,
32:34mais vous comprenez qu'aujourd'hui,
32:36ce n'est même pas cette question qu'on se pose.
32:38La question qu'on se pose, c'est, je ne suis même pas sûr
32:40de pouvoir vous accueillir à l'hôpital,
32:42c'est pour ça qu'on confine.
32:44Donc, déjà, on aurait de quoi soigner tout le monde,
32:46ce serait génial.
32:48La question sur les déplacements régionaux,
32:50c'est vrai que c'était une des mesures du post-confinement,
32:52on disait aux gens de ne pas se dépasser de 100 km,
32:54certains ont été surpris d'entendre par exemple
32:56un ministre évoquer le fait,
32:58vous pouvez réserver vos vacances dans la Toussaint,
33:00on peut laisser les gens circuler librement ?
33:02Je pense qu'il faut, compte tenu du fait que c'est très dur,
33:04il y a des gens malades,
33:06des gens qui passent en réanimation,
33:08il y a des gens qui meurent,
33:10il y a des gens qui vont perdre leur boulot,
33:12il y a des gens qui n'arrivent plus à voir leur famille,
33:14et puis là, maintenant,
33:16on a le confinement du soir,
33:18honnêtement,
33:20il faut essayer,
33:22partout où on peut,
33:24d'essayer de vivre le moins anormalement possible,
33:26et je trouve que les vacances, c'est très bien.
33:28D'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui sont rincés,
33:30qui sont en burn-out,
33:32qui n'en peuvent plus, donc il faut qu'ils se reposent.
33:34Une question dans les commentaires qui réagit peut-être à ce qu'on évoquait
33:36il y a quelques instants, c'est bien de limiter à 6 en privé,
33:38mais les écoles avec des classes de 30,
33:40on fait comment, c'est ça ?
33:42Il y a quelqu'un qui pointe une sorte de contradiction.
33:44Mais en fait, il a raison celui qui pointe ça.
33:46En fait, nos mesures collectives sont,
33:48je ne vais pas dire toutes pleines de contradictions,
33:50mais toutes,
33:52elles sont des cotes mal taillées
33:54entre des avantages et des inconvénients,
33:56les moins mal taillées possibles, ces cotes.
33:58Et si vous fermez l'école,
34:00qu'est-ce qui se passe ?
34:02Vous avez des théories entières d'enfants
34:04qui sont laissés à l'abandon.
34:06Ça, ce n'est pas possible.
34:08Il vaut mieux prendre le petit risque qu'il y ait des infections,
34:10sachant que les enfants font très peu de formes graves,
34:12mais ne pas sacrifier une génération entière.
34:16C'est ça le sujet.
34:18Balance entre chaque fois un bénéfice et un risque.
34:20La question,
34:22notamment par rapport au vaccin qui est revenu,
34:24est-ce qu'on en a encore pour très longtemps ?
34:26Le Président de la République disait qu'on en a jusqu'à l'été 2021.
34:28Est-ce que pour vous, c'est un constat que vous avez,
34:30de se dire qu'on est dans une projection
34:32d'avoir ces restrictions,
34:34pas forcément celles du couvre-feu,
34:36mais de vivre avec certaines restrictions jusque-là ?
34:38D'abord, même si on a le vaccin
34:40au courant 2021,
34:42ne faites pas d'illusions.
34:44Le vaccin, tout le monde va en vouloir dans le monde.
34:46Il va falloir vacciner ensuite tout le monde.
34:48Il va y avoir toute une logistique.
34:50Ça ne va pas se faire comme ça.
34:52Il y a des candidats vaccins.
34:54Notre chance, c'est qu'il y en a
34:56vraiment beaucoup, beaucoup.
34:58Sur le lot, il y en a peut-être un qui va sortir.
35:00Mais aujourd'hui, on n'a aucun candidat vaccin
35:02qui a fait ses preuves d'efficacité et d'inocuité.
35:04Il faut un vaccin que ce soit efficace
35:06et que ce soit sûr.
35:08Aujourd'hui, on n'est pas encore arrivés à cette étape.
35:10Il faut du temps.
35:12Un vaccin, ça ne se fabrique pas
35:14comme une friandise,
35:16un bonbon au sucre.
35:18C'est un truc très sérieux.
35:20Ça va prendre du temps.
35:22Et ceux qui pensent qu'on pouvait,
35:24ou qui disaient à une époque,
35:26gens qui croyaient qu'on aurait un vaccin
35:28au mois de décembre,
35:30c'est techniquement pas possible.
35:32En tout cas, pas avec les techniques
35:34que nous avons actuellement.
35:36Les process de sûreté,
35:38c'est ça le sujet.
35:40Certains nous le promettent pour le premier trimestre 2021.
35:42Tant mieux.
35:44Moi, tant que je n'ai pas vu le vaccin,
35:46je considère qu'on ne l'a pas.
35:48Le vaccin du Sida, ça fait 40 ans qu'on y travaille.
35:50Ça fait 40 ans qu'on n'a pas.
35:54J'espère qu'on aura quelque chose avant
35:56pour le coronavirus.
35:58Je pense qu'on a de bonnes chances de l'espérer
36:00dès l'année prochaine,
36:02mais rien n'est certain.
36:04En attendant, le président a fort bien dit,
36:06l'été prochain, c'est tout à fait probable,
36:08voire plus.
36:10Que ça continue plus long que ça.
36:12Si on n'a pas de vaccin,
36:14qu'est-ce qui peut faire
36:16que l'épidémie s'arrête ?
36:18Le vaccin, on verra si on l'a ou pas.
36:20Une immunité collective,
36:22c'est-à-dire que toute la population a été infectée une fois,
36:24a développé les anticorps et protégé, c'est fini.
36:26Aujourd'hui, les chiffres de santé publique de France
36:28d'il y a deux semaines, ils disaient
36:305 à 8% de la population française est immunisée.
36:32Je veux dire, on en est loin
36:34des 60 ou 80% nécessaires.
36:36Et même s'ils se trompent d'un facteur 2,
36:38admettons qu'on soit 10 à 15 ou 20% immunisés,
36:40ce que je pense qu'on n'est pas encore,
36:42on est encore très loin.
36:44Troisièmement, un phénomène qu'on n'a pas expliqué,
36:46qu'on ne connaît pas. Vous savez, c'est un nouveau virus.
36:48Tout peut arriver.
36:50Il peut y avoir une mutation du virus qui fasse
36:52qu'il devienne moins agressif.
36:54Il peut y avoir
36:56mille choses. Le virus contre la grippe.
36:58Chaque année, il disparaît.
37:00Il y a un moment où l'épidémie de grippe s'arrête.
37:02C'est pas que toute la population a été infectée
37:04ou que tout le monde a été vacciné, pas du tout.
37:06C'est que son histoire naturelle fait qu'il disparaît.
37:08Moi, je ne suis pas devin.
37:10Peut-être que ce qu'aura le virus, il nous réserve des surprises.
37:12Oui, c'est le même. Là, de ce qu'on voit, pour l'instant...
37:14Le virus actuel, est-ce que c'est le même que le mois de mars ?
37:16Oui, c'est le même. Alors, il y a des gens qui disent
37:18« Oui, il a muté » et pas. En fait, en réalité,
37:20les virus, ça mute en permanence. Vous comprenez ?
37:22Ça mute en permanence.
37:24Ça mute, mais ça ne signifie pas
37:26qu'en mutant, il devient plus méchant ou moins méchant.
37:28Il peut être plus méchant en mutant,
37:30il peut être moins méchant en mutant, mais il peut aussi
37:32ne pas avoir d'effet, cette mutation,
37:34sur son agressivité.
37:36Aujourd'hui, on a globalement le même.
37:38Même s'il y a eu des mutations,
37:40elles n'ont pas changé fondamentalement
37:42le caractère...
37:44Des profils qui arrivent chez vous, de la contagiosité...
37:46C'est les mêmes malades.
37:48Question qui revient souvent aussi, à l'instant, Emmanuel,
37:50qui nous parlait... Alors, c'est vrai que pendant la crise du Covid,
37:52sur la première vague, il y a eu un hôpital
37:54militaire qui a même été mis en place à Mulhouse.
37:56Est-ce que ça pourrait être une idée de faire la même chose en Ile-de-France
37:58quand on voit les chiffres de ces derniers jours, ou est-ce que finalement,
38:00pour l'instant, c'est gérable ? Oui, ça peut être un truc.
38:02Simplement, souvenez-vous, quand même,
38:04l'hôpital militaire, je crois, c'était quoi, 30 lits, je crois ?
38:06Oui, une trentaine de lits.
38:08Là, on parle
38:10de nos besoins si jamais on était...
38:12Je vous rappelle que
38:14les besoins, on était à 5 000 lits au mois de mars,
38:16on est monté à 12 000. Donc les besoins,
38:18ce n'est pas 30 lits de plus.
38:20Quand on a été au pic, j'espère qu'on ne sera pas
38:22à ce pic-là, bien entendu, et les mesures
38:24qu'on a prises sont faites pour qu'on n'y arrive pas,
38:26mais si nous connaissions la même
38:28catastrophe sanitaire qu'au mois de mars,
38:30il ne faudrait pas passer de 500 à...
38:32Par exemple, de 5000
38:34à 5030 avec les 30 lits militaires.
38:36Il faudrait passer de 5000 à 12 000
38:38de nouveau. Donc ça peut être bien,
38:40ça peut aider ponctuellement.
38:42Les militaires sont des gens de grande qualité,
38:44les médecins militaires, mais ça ne peut pas
38:46être la solution. L'état du personnel soignant
38:48qui a évoqué régulièrement dans les commentaires aussi ?
38:50Il est très fatigué. Il est crevé, très fatigué.
38:52Il y en a qui n'ont pas pu prendre leurs vacances.
38:54J'en ai quelques-uns qui sont en burn-out
38:56aussi. On a eu
38:58quelques démissions,
39:00des gens qui sont fatigués, qui disent, moi, je n'y arrive plus.
39:02Ils arrêtent.
39:04Donc non, ce n'est pas ce qu'il y a de plus simple.
39:06Peut-on attraper le Covid deux fois, nous dit Fabienne ?
39:08Il y a
39:10des papiers qui montrent qu'il y a des gens qui l'ont
39:12attrapé deux fois. Ça semble être
39:14une position assez minoritaire,
39:16mais d'après les papiers
39:18qui sont publiés, il semble que ça
39:20soit possible. On ne sait pas
39:22très bien comment ça marche,
39:24mais ça ne me paraît pas impossible. L'humilité collective,
39:26on n'a pas encore de certitude ?
39:28Si, vous pouvez imaginer que
39:30si vous avez 80% de la population
39:32qui est immunisée parce qu'ils ont
39:34rencontré le virus, qu'ils ont développé une
39:36immunité solide, robuste,
39:38par définition, quand toute la population
39:40a été infectée, ça y est, c'est fini.
39:42Sauf que, un, on est loin
39:44d'être à 80% de la population,
39:46je vous l'ai dit tout à l'heure, et deux,
39:48on ne sait pas combien de temps
39:50l'immunité solide
39:52dure. Il y a un papier
39:54publié par des Islandais,
39:56qui ont travaillé sur toute une population,
39:58eux, les Islandais, c'est vraiment les champions du monde du test,
40:00je crois que
40:02ils ont montré que les anticorps,
40:04c'est-à-dire des trucs qu'on sécrète pour
40:06s'immuniser, étaient présents
40:084 mois après l'infection.
40:10Je suis infecté, 4 mois plus tard,
40:12j'ai toujours les anticorps. Je ne dis pas que
40:145, 6 ou 7 mois plus tard, je les ai plus, parce qu'on n'a
40:16pas assez de recul. En tout cas, eux, ils ont fait
40:18la mesure à 4 mois, ils y sont toujours.
40:20Là où c'est un peu plus compliqué, mais je ne rentre pas dans le détail,
40:22c'est qu'il y a plusieurs types d'immunités,
40:24et l'immunité donnée par les anticorps,
40:26c'est une certaine immunité, mais il y a une immunité
40:28donnée par des cellules, on ne rentre pas dans le détail,
40:30qui, elle aussi, est très robuste, et on ne sait pas
40:32combien de temps elle dure.
40:33Cette dernière question, justement, assez ouverte,
40:35mais je pense que c'est aussi l'idée pour laisser libre cours
40:37à s'exprimer. Moi, justement,
40:39je rebondis sur l'ensemble des commentaires,
40:41il y a eu beaucoup de questions, je remercie toutes les personnes
40:43qui ont posé des questions sur ce live,
40:45mais on voit justement qu'il y a, d'un côté,
40:47parfois énormément d'inquiétude, de l'autre, des gens
40:49qui disent qu'on en fait trop.
40:51Quel état d'esprit chacun doit avoir pour les prochaines
40:53semaines, pour les prochains mois, nous, en tant que citoyens,
40:55dans notre vie sociale, dans notre vie professionnelle ?
40:57Et puis, peut-être une question plus personnelle pour vous,
40:59en tant que médecin,
41:01vous êtes présent, là, au quotidien,
41:03c'est quoi vos craintes,
41:05c'est quoi vos espérances pour les prochaines semaines,
41:07pour les prochains mois, sur quoi vous voulez peut-être
41:09aussi alerter ? Voilà, on va rentrer
41:11dans une période où il y a ce couvre-feu qui part
41:13pour, normalement, six semaines,
41:15on nous dit, justement, au moins jusqu'à l'été
41:172021. Voilà, une question assez
41:19ouverte, d'un point de vue général, autant pour vous que pour nous,
41:21comment on peut vivre un peu les choses,
41:23parce que c'est vrai qu'on voit aujourd'hui que
41:25la société est assez divisée sur comment percevoir
41:27les choses, entre ceux qui disent qu'on en fait trop, d'autres pas assez,
41:29et puis vous, qui êtes présent au quotidien à l'hôpital.
41:31C'est une question immense. En fait, c'est la question
41:33de l'adhésion qu'on a
41:35à des mesures qui sont des mesures contraignantes.
41:37C'est très compliqué. Je pense que
41:39le gouvernement a vraiment une carte
41:41à jouer qui est celle de retisser
41:43un lien de confiance. Si on ne
41:45retisse pas un lien de confiance,
41:47on va vers des déconvenus.
41:49Moi, je retiens du discours du président
41:51hier qui nous a dit qu'il allait mettre en place
41:53trois choses, qu'il allait améliorer
41:55les tests, avec des tests
41:57nouveaux, qu'il allait mettre enfin
41:59une politique d'isolement
42:01en œuvre, des hôtels
42:03peut-être, des choses comme ça, et
42:05trois, qu'il allait pouvoir tracer efficacement.
42:07Je pense que les Français
42:09ont entendu ces engagements
42:11et ces engagements
42:13sont un peu la condition pour que nous
42:15revivions tranquillement et facilement.
42:17Si à ça vous ajoutez,
42:19il y a 100 milliards
42:21qui vont être mis par le plan de relance pour relancer
42:23l'économie. Moi, je n'imagine
42:25pas qu'on ne puisse pas
42:27utiliser une partie significative de ces 100 milliards
42:29à augmenter nos capacités
42:31pour soigner les gens.
42:33En fait, le système de soins, c'est
42:35l'assurance-vie de la nation.
42:37On paye une armée alors que ce n'est pas la guerre.
42:39C'est normal, pour nous défendre, au cas où.
42:41On se paye des casernes de pompiers
42:43alors qu'il n'y a pas d'incendie.
42:45Si il y a un incendie, ce n'est pas le moment où...
42:47C'est trop tard pour construire la caserne de pompiers. Là, c'est pareil.
42:49Il faut qu'on se paye
42:51un système de santé très robuste.
42:53Et si on a tout ça, peu à peu,
42:55on va pouvoir baisser la garde
42:57et vivre plus normalement.
42:59Moi, c'est ça que j'attends en tant que soignant.
43:01C'est cette vision que la santé, c'est l'assurance-vie
43:03du pays, de la nation, de la République.
43:05C'est fondamental.
43:07Si on n'a pas ça,
43:09ça va être compliqué.
43:11Ça va être compliqué.
43:13Vous avez des craintes sur les prochains jours ?
43:15Les craintes, c'est de voir la vague continuer à monter.
43:17Tranquillement, mais certainement.
43:19Et qu'un jour,
43:21je puisse me dire
43:23qu'on n'y arrive plus parce qu'on n'a plus de lit.
43:25C'est pour ça que c'est un peu dommage.
43:27C'est un peu le sentiment qu'on a
43:29peut-être loupé un truc depuis 8 mois
43:31où on aurait dû se préoccuper de cette deuxième vague.
43:33Vous m'aviez d'ailleurs posé la question,
43:35je me souviens, c'est en avril, je crois, ou en juin.
43:37Vous m'avez dit, est-ce qu'il y aura une deuxième vague ?
43:39Et je vous avais répondu...
43:41Est-ce qu'il y aura une deuxième vague ?
43:43Mais ce qui est important, c'est de faire comme si elle allait arriver,
43:45de se préparer comme si elle allait arriver.
43:47Je vous avais dit ça en mai.
43:49Et on ne s'est pas préparé.
43:51Je trouve qu'on ne s'est pas suffisamment bien préparé.
43:53C'est pas trop tard, on peut toujours faire mieux.
43:55Donc voilà, faisons mieux.
43:57Merci en tout cas, Philippe Juvin.
43:59Je rappelle juste les chiffres du jour.
44:01Un peu plus de 1200 hospitalisations en 24 heures sur l'ensemble du territoire.
44:03Ce qui porte à un peu moins de 10 000 personnes hospitalisées.
44:05Un chiffre en hausse.
44:07Assez fortement.
44:09200, 300 personnes en plus
44:11qui sont présentes à l'hôpital chaque jour
44:13entre les entrées et sorties.
44:15Et parmi ces 1207 personnes
44:17qui sont entrées à l'hôpital, un peu plus de 210
44:19qui sont entrées dans des services de réanimation.
44:21C'est sur l'ensemble du territoire français.
44:23Les chiffres en réanimation tournent autour de 1750.
44:25Et les cas du Covid-19,
44:27la France est le premier pays européen à détecter
44:2930 000 cas en 24 heures.
44:31Ce sont les chiffres qui ont été donnés
44:33par le directeur général de la Santé il y a quelques heures maintenant.
44:35À mettre toujours en nuance,
44:37c'est vrai qu'on parle de chiffres records
44:39mais en mars et avril, on n'avait pas de tests
44:41pour savoir si on avait autant de cas.
44:43Donc potentiellement, on en avait beaucoup plus.
44:45On ne les testait pas.
44:47Donc c'est vrai que tout ça est facialement...
44:49Attention aux comparaisons.
44:51Mais toutefois, le vrai sujet,
44:53c'est l'occupation des lits d'hôpitaux
44:55et des lits de réanimation.
44:57Et là, on est ric-rac.
44:59On est parti à l'os.
45:01Et on n'en a pas beaucoup plus aujourd'hui.
45:03C'est là-dessus qu'il faut que vous nous aidiez.
45:05On vous remercie encore, Philippe Juvin.
45:07Je remercie encore toutes les personnes qui ont posé des questions.
45:09On n'a pas pu toutes les prendre mais on a essayé
45:11de répondre à nombreuses d'entre elles.
45:13Et d'ailleurs, certains qui posent des questions maintenant.
45:15J'imagine que vous êtes arrivés en cours des lives parce qu'on les a abordées
45:17même parfois dans la première partie via mes propres questions.
45:19Le replay, dans quelques instants, je vais appuyer sur le bouton Terminé
45:21et dans moins de 30 secondes, vous aurez le replay
45:23où vous pourrez revoir toute l'intégralité de ce live
45:25avec mes questions mais aussi les vôtres.
45:27Et puis, on continuera de porter vos questions
45:29pour d'autres lives. On se reverra probablement dans quelques semaines
45:31aussi en espérant des bonnes nouvelles.
45:33Et puis, je vous laisse aussi vous inscrire à la newsletter de Brut,
45:35MyBrut. Vous avez le lien qui vient de vous être mis dans les commentaires.
45:37Je remercie Gislain et Pierre, les community managers
45:39de Brut et Baptiste également qui sont présents
45:41sur ce live. C'est notre newsletter.
45:43C'est juste un mail que vous recevez par jour avec nos publications,
45:45des interviews, bref, tout ce qu'on fait sur Brut au quotidien.
45:47Voilà, vous avez le lien.
45:49C'est gratuit. Vous mettez vos tarifs de semaine et tous les jours,
45:51vous avez notre lettre d'information.
45:53On revient également sur l'épidémie de COVID-19
45:55avec certains sujets mais tout ce qui fait Brut
45:57au quotidien sur l'écologie,
45:59le social et la politique
46:01notamment, enfin bref, tout ce qui fait l'actualité
46:03au quotidien. On se retrouve très vite sur Brut.
46:05Merci encore d'avoir suivi ce live. Le replay tout de suite
46:07et encore merci à vous Philippe Juvin et à très bientôt.