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Raconter le quotidien des élèves et des profs d'un lycée de Saint-Denis, c'est ce qu'ont voulu faire Grand Corps Malade Officiel et Mehdi Idir dans leur nouveau film "La vie scolaire". Et voilà pourquoi c'est important pour eux.
Transcription
00:00Déjà qu'on est dans une ville de Caïra, dans un quartier de Caïra,
00:03et vous, votre idée, c'est de regrouper tous ces fonds ensemble.
00:06C'est ça votre projet pour nous ?
00:07Vous n'êtes pas présenté au casting, mais nous pour accompagner un pote ?
00:11C'est ça, mon ami qui est juste ici, qui s'appelle Arthur.
00:14Un jour, il reçoit le casting de la vie scolaire,
00:16et il me dit, s'il te plaît Liam, accompagne-moi, c'est à Saint-Denis,
00:18il faut prendre le train, c'est une heure, j'ai trop la faim d'aller tout seul.
00:20Je lui dis, vas-y, j'étais un galéré à cette époque, du coup je lui dis,
00:22vas-y, viens, on y va, on y va ensemble.
00:24J'arrive au local de Saint-Denis, et la directrice du casting, elle me tend le scénario,
00:28je lui dis, non, non, moi je ne suis pas là pour ça, je suis là pour mon pote,
00:30laissez-moi tranquille avec vos trucs de cinéma.
00:32Pour moi, c'était un milieu où il fallait être fils d'acteur, fils de réalisateur,
00:35ou vraiment connaître quelqu'un.
00:37Et du coup, la directrice du casting, elle a un peu assisté,
00:39elle a fini par me dire, aide ton pote en donnant les répliques.
00:42Je lui dis, si c'est pour aider mon pote, votre truc là, je vais le faire.
00:44Et voilà, deux, trois semaines après, Fabien et Médjie m'ont rappelé,
00:47on s'est revu plusieurs fois, jusqu'au jour où ils m'ont annoncé que je jouais Yanis.
00:51Yanis, tu cherches quoi, là ?
00:52Tu veux te faire exclure direct dès le début de l'année, c'est ça ?
00:54Mais je te préviens, moi je vais pas te lâcher.
00:56Là, t'es sur une mauvaise pente, et c'est trop dommage parce que moi je sais que tu vaux mieux que ça.
00:59Et si je valais pas mieux que ça ?
01:07C'est parce qu'on a bien aimé nos années collège et qu'on a bien rigolé,
01:10et qu'on voulait en faire un film drôle,
01:12et en même temps parce que l'éducation est un thème qui nous intéresse,
01:15qui nous interroge, et que l'éducation, notamment dans ces quartiers populaires,
01:19c'est un thème qu'on avait envie de traiter le plus sérieusement possible
01:25derrière toute la déconne de la Cour de récréation.
01:27C'est ce que dit le prof de maths à un moment dans le film,
01:29il dit à Samia, enseigner à Saint-Denis, c'est pas vraiment comme enseigner ailleurs.
01:32Et c'est vrai, il y a des particularités à enseigner dans ces quartiers-là.
01:35Ce qu'on voulait surtout mettre en avant, c'est que dans ces quartiers-là, malheureusement,
01:39le contexte est plus fort que la volonté des êtres humains.
01:45C'est-à-dire que là, quand on voit ce film,
01:47on n'a voulu ni taper sur les profs, ni sur les parents d'élèves, ni sur les élèves.
01:50On se rend compte que tout le monde a une bonne volonté,
01:52mais le système est fait de telle sorte que malheureusement,
01:54même avec la meilleure volonté du monde,
01:56il y a des enfants qui sont en décrochage scolaire,
01:58il y a des enfants qui sont dans une impasse,
02:00et c'est ce dont on voulait parler.
02:07C'était volonté parce que tout de suite, quand tu commences à écrire,
02:09tu t'imagines des lieux, et tout de suite, avec Fabien, on s'imaginait ce collège.
02:14On voulait un collège qui soit très proche d'une cité.
02:18Parce qu'on pense qu'à la fois le quartier influence le collège,
02:24le collège influence le quartier.
02:26Les frontières entre les deux sont poreuses,
02:28et ça, on voulait le mettre en avant.
02:30Et on voulait en plus intégrer des gens du quartier,
02:32donc de francs voisins, dans ce projet.
02:40Vous n'êtes pas trop stressé ?
02:42Non, ça va.
02:46Il y a des choses plus stressantes qu'aller faire une avant-première
02:49avec toute l'équipe du collège, les élèves, les gamins du quartier.
02:54Non, je ne suis pas stressé.
02:56Est-ce que c'est important pour vous de faire des avant-premières pour les collégiens ?
02:59Oui, bien sûr.
03:00Ça a été un vrai partenariat d'utiliser leur collège.
03:05Avec toute l'équipe de direction, ils nous ont mis dans des conditions super.
03:09Et puis après, il y a énormément de gamins du collège qui ont tourné dans le film.
03:13Et au moins une centaine de gamins qui ont été ou acteurs ou figurants dans le film.
03:18Donc c'est vraiment leur film.
03:20Et donc là, d'être là dans le gros cinéma à 100 mètres de chez eux,
03:24puisqu'on est juste de l'autre côté de la passerelle,
03:26et la cité francs voisins est juste derrière.
03:29C'était essentiel qu'ils voient le film dans ces conditions-là, avant tout le monde.
03:34Parfois, les ministères invitent des équipes de film à venir présenter un film dans les ministères.
03:38Est-ce que vous iriez ? Et si vous y alliez, qu'est-ce que vous auriez envie de leur dire ?
03:43Je pense qu'on irait, oui, on irait.
03:45Je pense qu'on viendrait avec des délégations de profs qui connaissent quand même mieux le terrain que nous.
03:49Nous, on a nos souvenirs.
03:50Et puis après, on a étudié le terrain.
03:52On est allé dans des bureaux de CPO.
03:53On a passé des journées dans le collège.
03:55Après, personne ne connaît mieux le terrain que ceux qui bossent toute l'année, tous les jours.
03:59Il y a évidemment des moyens bien plus importants à mettre.
04:02On sait qu'il y a des efforts de fait.
04:03C'est pour ça que c'est classé REP ou REP+.
04:05Mais on sait que les moyens sont vraiment très insuffisants.
04:09Voilà, donc les moyens, la formation et puis peut-être continuer à revaloriser le métier de professeur
04:15qui est souvent encore un petit peu, je trouve, dévalué.
04:18Le prof, c'est la classe quand même.
04:20À l'époque, dans les villages, je ne sais pas, c'était vraiment un métier très très noble.
04:26Ils enseignaient le savoir.
04:27Ils passaient le savoir aux gamins et tout.
04:29Aujourd'hui, on dit aux profs souvent qu'ils sont feignants, c'est vrai qu'ils sont mal payés, etc.
04:33Je pense que l'école, c'est l'avenir de tous nos enfants, de toute notre humanité.
04:39Il faudrait peut-être y mettre les moyens conséquents.

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