Il devait présenter son premier ballet à l'Opéra national de Paris devant une salle pleine. Mais à cause du confinement, c'est sur les réseaux sociaux que Mehdi Kerkouche va le dévoiler. Brut a assisté aux dernières répétitions.
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Art et designTranscription
00:00Il n'y a personne dans la salle, donc c'est un peu unique comme période et comme situation.
00:05Ouais, et du coup tu l'appréhendes, t'as un stress qui est différent ?
00:10Ouais, un petit peu là.
00:11Et puis ça fait très longtemps qu'on n'a pas dansé aussi.
00:14C'est une espèce d'urgence de donner ça avant qu'il y ait peut-être un autre confinement ou on ne sait pas.
00:20Mais oui, là c'est cette urgence d'aller en scène et de donner notre vie pour cette dernière 20 minutes.
00:30C'est parti !
00:40Allons-y dans le classique, on va retourner.
00:42L'annonce du confinement est arrivée, on était dans les derniers réglages techniques
01:02du spectacle.
01:03Donc cette captation sauve, cette représentation, cette avant-première en direct qui aura lieu
01:09sur les réseaux sociaux, sauve également.
01:12C'est un véritable crève-cœur en tant qu'artiste, autant en mon nom que pour les autres chorégraphes
01:17avec qui on en a discuté énormément.
01:19Nous on a fait ce travail chorégraphique pour le présenter à un public et pour recevoir,
01:25pour avoir un retour de ces gens, que ce soit dans la salle en tant qu'énergie, des applaudissements
01:30ou des réactions tout simplement.
01:33Donc là de malheureusement se dire que ça va être à froid, à distance, sans avoir
01:39cette saveur si particulière qu'on a quand on est dans une salle de spectacle, c'est
01:45simplement un vrai crève-cœur.
01:46Malgré tout, moi je suis très heureux et je me dis, puisque c'est comme ça que ça
01:51doit exister, ça va exister et on y va à fond.
01:53Axel, Calida et Andréa, et voilà les taquineuses, elles ont toutes un petit papier avec ce qu'on
02:02a travaillé.
02:03Moi j'ai eu envie de rajouter un petit clin d'œil personnel dans cette création.
02:07Je suis d'origine algérienne et ma grand-mère avait ses tatouages berbères sur les mains
02:13et sur le visage et je trouvais ça cool d'avoir ce petit clin d'œil bienveillant sur mon
02:18histoire et d'accompagner les danseurs sur le plateau.
02:20On descend d'un étage et on va à la coiffure.
02:29Coucou, bonjour, et voilà ! Bonjour amis de la coiffure, je suis suivie par des caméras.
02:36Bonjour les décapouilles !
02:48Ceci n'est absolument pas dans la pièce, mais pourquoi pas pour un prouver une prochaine fois.
02:53Ça m'a demandé un petit travail d'adaptation de savoir que finalement ce spectacle sera
03:06représenté en vidéo parce que je l'ai créé pour la scène, c'est-à-dire assis
03:13sur son fauteuil avec une visibilité très large de tout ce qui se passe sur le plateau,
03:17tant en termes de lumière qu'en termes de costumes, qu'en termes de maquillage, etc.
03:22C'est des choses auxquelles on ne pense pas quand on va voir un spectacle, mais nous,
03:24en tant que metteurs en scène ou chorégraphes, c'est les petits détails qui comptent qui font
03:27que la qualité du spectacle est au niveau de l'opéra de Paris.
03:30Donc du coup j'ai réajusté parce qu'une caméra, un petit plan serré va venir chercher le moindre
03:37détail sur le visage d'un danseur. On a travaillé du coup dans cette direction avec les maquilleurs
03:41et les coiffeurs de l'opéra. En termes de lumière également parce que les caméras n'attrapent pas
03:46la lumière de la même manière que l'œil tout simplement. Et en termes de chorégraphie,
03:52évidemment parce que de projeter son énergie en tant que danseur dans une salle pour que la
03:57personne au cinquième balcon la ressente et de projeter son énergie face à un écran qui est
04:02à deux mètres de nous, ce n'est pas la même manière et ce n'est pas le même travail. Donc
04:05très rapidement, comme j'ai eu la chance de venir de ce milieu-là, qui est de travailler
04:09à la télévision, travailler pour faire des clips, etc., ça m'a pas mal aidé à avoir ce
04:14langage avec les danseurs et on a travaillé dans cette direction.
04:22À toute la montée du mur.
04:29Pour la captation, les danseurs, on a 2h30 pour filmer le spectacle. Ma pièce dure 20 minutes,
04:36donc on va tourner, on va demander aux danseurs de le faire deux fois comme si on était exactement
04:39dans un vrai spectacle. L'objectif c'est que toutes ces caméras coordonnées par notre super
04:43réalisatrice arrivent à avoir les meilleurs moments du spectacle pour pouvoir faire un
04:47joli montage pour le spectateur. C'est une autre façon de communiquer avec les gens,
04:52ça ne remplace pas évidemment le spectacle vivant, mais comme on est dans un moment où on ne sait
04:57pas trop comment ça va se passer, on vit au jour le jour, on ne sait pas si demain, après-demain,
05:02dans un mois, dans deux mois, on pourra voir ce magnifique théâtre rempli de nouveaux,
05:06on se dit qu'on prend ce qu'il y a de bon à prendre et on propose une autre forme de danse
05:12dans un autre format. C'est se réinventer, c'est aussi imaginer des choses qu'on n'aurait pas
05:18imaginées dans un temps à peu près normal j'ai envie de dire.