Dans l'épicerie Nous anti-gaspi, on trouve uniquement des aliments qui auraient dû finir à la poubelle. Avec le confinement et la fermeture des marchés, Vincent reçoit de plus en plus de produits.
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00:00Au tout début de l'épidémie, on s'est retrouvés avec énormément de restaurateurs
00:03qui nous ont contactés, spontanément.
00:05Ils nous ont appelés parce qu'ils avaient des produits qu'ils avaient stockés,
00:09qu'ils n'avaient pas prévus de fermer.
00:10Et ils nous ont proposé pour certains de leur racheter,
00:13pour d'autres même carrément de nous les donner.
00:15Pendant ce temps-là,
00:18dans l'épicerie Nous Antiques Gaspi,
00:19qui vend uniquement des aliments destinés à finir à la poubelle,
00:22avec la fermeture des restaurants et des marchés,
00:25Vincent reçoit de plus en plus de produits.
00:30Bonjour !
00:31Vous avez combien de palettes ?
00:33Il y en a 4.
00:344 palettes, ok.
00:35Super.
00:37Donc là, ça c'est des palettes
00:39d'un gros industriel
00:42de produits laitiers français connus,
00:45qui nous livre là 4 palettes.
00:48Donc c'est des quantités assez importantes.
00:50Et en fait, c'est que des produits
00:53qui arrivent en fin de date.
00:55Donc a fortiori pendant cette période de confinement,
00:59y compris pour les industriels,
01:00c'est très compliqué pour eux d'anticiper les volumes
01:02parce que les comportements d'achat ont changé.
01:04Et du coup, nous on absorbe tous les aléas
01:08de la distribution.
01:10Donc étonnamment,
01:12c'est un industriel qui est très connu,
01:13mais qui ne souhaite pas être cité.
01:15Parce que encore beaucoup d'industriels
01:18veulent faire croire qu'ils ne gaspillent rien.
01:20Or, tout le monde gaspille,
01:21que ce soit le petit producteur, le gros industriel,
01:24le distributeur, le consommateur final.
01:27Le gaspillage alimentaire,
01:28c'est à toutes les chaînes de la distribution.
01:31Le gaspillage alimentaire ne s'est pas arrêté
01:33avec le confinement de la population.
01:35Bien au contraire,
01:36on gaspille toujours, mais différemment.
01:38En fait, il y a beaucoup de produits
01:40qui sont gaspillés aujourd'hui,
01:41qui ne l'étaient pas avant.
01:43En particulier, tous les produits fragiles,
01:45notamment sur les frais légumes,
01:47qui ont des durées de vie beaucoup moins longues.
01:49Ici, par exemple, des radis.
01:51Ça, c'est un produit qui se garde quelques jours.
01:54Mais quand il est mis de côté
01:56chez le distributeur ou chez le producteur,
01:59et qu'ensuite, il met beaucoup de temps pour le vendre,
02:02forcément, il arrive dans les magasins
02:03déjà un petit peu fatigué.
02:05Et les clients rechignent à prendre ce type de produit
02:08parce que c'est des produits
02:09qu'il faut consommer rapidement.
02:11Et comme ils font une fois par semaine leur course,
02:13en général,
02:14ils privilégient plutôt des produits
02:16qui vont se garder longtemps.
02:17Ici, comme dans plusieurs magasins alimentaires en France,
02:19les portes ouvrent plus tôt,
02:20depuis le début du confinement,
02:21pour accueillir en priorité
02:23le personnel soignant,
02:24puis les personnes âgées.
02:26Je suis venu avant le moment de mon petit-déjeuner,
02:28vers 8h,
02:29parce que j'ai appris que le magasin
02:31faisait des ouvertures spéciales
02:33pour les professionnels de santé
02:35de 7h30 à 10h.
02:37Et pour les personnes de plus de 70 ans,
02:39paraît-il que j'ai plus de 70 ans,
02:42à partir de 8h,
02:44avant l'ouverture générale à 10h pour tout le monde.
02:47Donc ça permet de venir faire mes courses
02:49plus tôt, plus tranquille,
02:50avant mon petit-déjeuner.
02:52J'ai pris des légumes,
02:55des petits fromages,
02:57parce qu'ils sont excellents,
02:59des radis,
03:00les feuilles sont peut-être pas très belles,
03:01mais bien faits,
03:02après, bien nettoyés, ça sera bon.
03:05J'ai pris des fraises,
03:06parce que c'est les premières.
03:07J'aime pas trop les gariguettes,
03:08je préfère les barras des bois,
03:10mais par soutien à nos chers agriculteurs
03:13qui commencent à avoir des récoltes,
03:14j'ai pris les premières fraises.
03:22C'est une personne à l'hospitalier
03:24qui travaille à l'hôpital Cochin, à Paris.
03:26Ils sont énormément sous contrainte, sous pression,
03:28et on leur prépare aussi des petits paniers
03:30avec des fruits et légumes
03:32qui sont en date bien avancée.
03:35Ils sont contents,
03:36on fait des petits cadeaux,
03:37des petits gestes
03:38qui permettent de pouvoir les soutenir
03:40à notre façon.
03:41Si l'épicerie reçoit davantage de produits,
03:43le confinement a réduit la fréquentation du magasin.
03:46Pour ne pas jeter les aliments,
03:47un système de livraison de paniers à domicile
03:49a été mis en place.
03:52Ce sont des paniers dans lesquels on trouve un peu de tout.
03:55Il y a des œufs, du beurre,
03:58je vais aller chercher un peu de sucre,
04:01une petite brioche, du café,
04:04tous les produits de première nécessité
04:07qui conviennent un peu à tout le monde.
04:16Notre système de consommation fait de superlatifs,
04:19d'hypermarchés, d'hyperconsommations.
04:21C'est un modèle qui, selon moi, est terminé.
04:24Alors, ça va mettre du temps à se terminer,
04:25mais c'est un modèle qui doit changer.
04:27Il faut qu'on revienne sur une dimension plus petite,
04:30une dimension de proximité,
04:31aussi une dimension plus humaine
04:33et avec moins de choix de produits,
04:35mais des produits de qualité.