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  • 25/03/2025
REPLAY - Coronavirus : "Masques, le fiasco d'État" ? Edwy Plenel raconte l'enquête de Mediapart à Rémy Buisine.

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00:00:00Eh bien bonjour à toutes et bonjour à tous. On est en direct sur Brut avec Edwi Plenel, cofondateur à Mediapart.
00:00:05Bonjour à vous. Bonjour.
00:00:06On va parler de vos enquêtes, justement, en pleine période de crise sanitaire du coronavirus.
00:00:11Peut-être, avant de rentrer un peu dans les détails, il y a cette déclaration du président de la République hier
00:00:17qui a dit « l'État, à partir du 11 mai, en lien avec les maires, devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public ».
00:00:23Alors, c'est ce qui a été évoqué hier par le président de la République.
00:00:25On va donc parler de ces fameux masques qui sont un peu le sujet qui, on va dire, déchaîne les passions depuis quelques semaines
00:00:31et quelques mois maintenant. L'occasion peut-être de rentrer sur la première question, de se dire...
00:00:35Nous expliquez un peu votre enquête dans les grandes lignes. Et on rentrera dans les détails ensuite avec les questions des internautes.
00:00:41Un moment comme celui que nous vivons, qui est un moment sidérant, qui est un moment à la fois énigmatique et qui nous interpelle tous,
00:00:54c'est un moment où on a besoin d'une presse qui nous aide à comprendre. Il ne s'agit pas de révéler pour révéler.
00:01:02Il s'agit de donner du sens. Le savoir est une arme. L'ignorance nous désarme. Il y a quelque chose d'insupportable
00:01:11à être assigné à résidence, confiné chez nous, et en même temps d'être comme congédié, de ne pas pouvoir nous emmêler,
00:01:18de ne pas pouvoir donner notre avis, comme si on était infantilisé, comme si on attendait l'oracle.
00:01:26Et la messe présidentielle, de ce point de vue, a quelque chose d'archaïque. On a un homme qui parle tout seul et qui décide tout seul
00:01:35sans nous dire comment il a décidé et sans nous donner les moyens de savoir si ce qu'il a décidé est juste ou non.
00:01:43Alors du coup, Mediapart, on a fait comme on fait toujours. On a cherché des informations, des faits, des vérités qui nous permettent de comprendre,
00:01:55qui nous permettent d'être lucides, qui nous permettent d'agir et de ne pas être passifs. Et donc qu'est-ce que nous avons découvert ?
00:02:05Nous avons découvert, premièrement par une investigation menée par Yann Philippin, Antione Rouget, Marine Turquie,
00:02:15nous avons découvert qu'en janvier, quand l'alarme commence à être donnée par l'Organisation mondiale de la santé, il y a une alerte
00:02:24qui est faite au cœur de l'appareil d'État, de la Direction générale de la santé, du ministère de la santé, sur une pénurie de masques.
00:02:34Il y avait en France, jusqu'en 2012, des plans avec des procédures très précises en cas de pandémie. Avec le strass, avec la grippe H1N1 et d'autres,
00:02:47il y avait eu des alertes au début de notre millénaire pour dire qu'il va y avoir des pandémies. Les virus, vous savez, ont existé avant que l'homme existe.
00:02:56Et ils continueront à exister si notre espèce disparaît un jour. Donc la question n'est pas la fatalité du virus. La question, c'est comment nous, humains,
00:03:06nous nous organisons pour empêcher que l'émergence d'un virus se transforme en pandémie et crée une surmortalité et fait que nous avons des proches,
00:03:19des amis, des parents qui décèdent alors qu'ils n'auraient pas dû mourir. Et donc il y a eu des procédures qui étaient mises en place avec tout un plan.
00:03:31On a même interviewé certains de ses responsables. Et il s'est passé un événement sidérant sous le quinquennat de François Hollande.
00:03:41C'est comme si l'État avait tout oublié. Et les choix stratégiques, notamment les stocks stratégiques de masques qui étaient en place,
00:03:52pas seulement les masques chirurgicaux, mais les masques qui sont FFP2 et FFP3, qui sont des masques tout à fait nécessaires pour les personnels soignants,
00:04:06car un des drames que nous vivons aujourd'hui, c'est que ceux qui sont en charge de nous guérir contractent la maladie.
00:04:15Eux-mêmes, les soignants, il y a beaucoup de soignants qui ont été contaminés par le coronavirus, par le Covid-19, et certains même en sont décédés.
00:04:24Et donc je reviens. Nous découvrons qu'en janvier, il y a une alerte. Des gens disent « Catastrophe ! Ces stocks de masques stratégiques ont été liquidés
00:04:35sous la présidence précédente ». Et là, qu'est-ce que nous découvrons ? C'est qu'au lieu de dire la vérité, au lieu de dire aux Français en janvier
00:04:45« Écoutez, on a un problème. Il y a une pandémie qui arrive. Elle arrive de Chine, mais elle arrive et elle n'a pas de frontières. »
00:04:53Et je rappelle que le premier cas en Europe de coronavirus est en France. Il n'est pas en Italie. Eh bien du coup, on vous dit la vérité.
00:05:03Il y a eu des mauvaises décisions qui ont été prises. Nous ne sommes pas armés parce que le masque, c'est la première protection.
00:05:12C'est ce confinement personnel qui pourrait pu éviter qu'on soit confiné collectivement dans des appartements trop petits, les uns sur les autres,
00:05:21avec toutes les tensions que cela peut générer. C'est-à-dire que c'est un confinement dans la rue. Et on se protège et on protège les autres.
00:05:31Et je souligne que par ailleurs – et on y reviendra – l'existence des masques, et notamment des masques les plus sophistiqués,
00:05:38et d'autant plus nécessaires qu'on en a besoin pour pratiquer les tests. Parce que quand il y a les tests, le patient tousse.
00:05:47Le patient rejette le virus. Et donc si le soignant qui fait le test n'a pas ce masque hyper protecteur, il risque d'être contaminé.
00:05:57Donc la question des masques est une question décisive. On aurait pu s'attendre d'un pouvoir responsable qui le dise.
00:06:03Nous ne sommes pas comptables. C'était la présidence précédente. Nous découvrons cette pénurie. Eh bien nous lançons un appel à la mobilisation générale en janvier.
00:06:13Mobilisation générale des industries, mobilisation générale réquisition, vérité. Et nous disons que c'est cette bataille que nous allons mener.
00:06:23– Et vous, dans votre enquête, ce n'est pas ce que vous voyez à ce moment-là ?
00:06:25– Le choix inverse est fait. Il est décidé de cacher cette pénurie de masques, et donc de mentir.
00:06:35Et c'est là qu'on va jusqu'à ces mensonges énormes proférés par la porte-parole de l'Élysée, Sy Ben Diaye,
00:06:43qui ne parle que sur ordre, et qui dit que le masque ça ne sert à rien, au mépris de toutes les recommandations des soignants.
00:06:51Alors il mente pour cacher cela, et en se disant on va cacher ça pour reconstituer le stock de masques.
00:07:01Mais en mentant, il crée du désordre, parce qu'il ne dit pas la vérité.
00:07:06Et par ailleurs, il faut souligner que les acteurs, le directeur de la santé actuel,
00:07:11il était au cabinet de la ministre de la Santé, Marie-Jole Touraine,
00:07:15quand ces stocks stratégiques, à l'époque, ont été bazardés, non reconstitués, etc.
00:07:25– On parle de Jérôme Salomon.
00:07:26– Jérôme Salomon. De la même manière, tous les acteurs, quelque part,
00:07:32qui sont là au cœur de cet appareil d'État, étaient dans cette présidence précédente.
00:07:37Et ça explique peut-être le fait qu'il n'ait pas assumé cela.
00:07:41Alors on découvre ça. Deuxièmement, on découvre que des industries vont avoir des passe-droits.
00:07:51À un moment où on aurait besoin de tous les masques, et notamment des masques les plus sophistiqués,
00:07:57nous révélons dans cette enquête que l'industrie aéronautique, et notamment Airbus,
00:08:04qui sont fabriqués dans la région de Toulouse, où les ouvriers ont ces masques très sophistiqués,
00:08:10FFP2, parce qu'il y a des substances toxiques pour fabriquer les avions, eh bien, ils les gardent.
00:08:19Ils les gardent et ils continuent à les dépenser, car ces masques, il faut les renouveler,
00:08:24on ne peut pas les porter pendant une semaine, c'est quelques heures, et après, ils ne sont plus utiles.
00:08:29– C'est ce que dit le personnel de soignants, c'est environ 4 heures,
00:08:31c'est-à-dire que le personnel de soignants doit les utiliser au moins 30 jours.
00:08:34– C'est sidérant. C'est-à-dire qu'à un moment où l'industrie aérienne est au sol,
00:08:43où il n'y a plus toutes ces communications avec des passagers et où les frontières sont fermées,
00:08:50eh bien, rien n'aurait été plus urgent que de continuer à fabriquer des avions,
00:08:56au lieu de libérer ces stocks de masques et de les donner à ceux qui en avaient besoin,
00:09:03c'est-à-dire les soignants.
00:09:04– On a l'occasion d'y revenir en détail un peu après dans ce live,
00:09:07mais il y a notamment cette question, c'est-à-dire que l'industrie a été favorisée
00:09:11par rapport aux hôpitaux dans la distribution des masques au départ, c'est ça ?
00:09:13– Mais c'est une des clés de ce qui s'est passé et qui continue sans doute,
00:09:17l'obsession économique, l'obsession économique.
00:09:21Il y a quelque chose dans l'irresponsabilité de la gestion de tout ça depuis janvier,
00:09:25depuis janvier par le pouvoir, qui était la peur que l'économie tombe,
00:09:30la peur que l'économie tombe.
00:09:33À tel point, et ça a été trop peu remarqué, il y a une décision qui a été prise
00:09:39qui est assez sidérante, les pays de Schengen, les pays de l'espace Schengen,
00:09:47c'est-à-dire les pays européens qui s'occupent donc de la circulation entre les frontières.
00:09:55Le 1er février, le 1er février, 25 pays de l'espace Schengen européen
00:10:02suspendent les visas avec la Chine, sauf un, sauf un, la France.
00:10:1025 pays, le 1er février, disent on ne peut pas faire comme si de rien n'était
00:10:16parce que le foyer de la pandémie en Chine, c'est là où toutes les entreprises françaises
00:10:21ont beaucoup, beaucoup, beaucoup d'intérêts et d'ateliers et d'usines.
00:10:26Comment se fait-il qu'alors que tous les autres pays de l'espace Schengen
00:10:32décident de suspendre les visas avec la Chine, que la France ne prenne pas cette décision ?
00:10:37Comment est-ce possible ? Ce n'est pas pour le tourisme, ce n'est pas pour des voyageurs lambda,
00:10:43c'est la logique industrielle, c'est la logique, je dirais, LVMH, Bernard Arnault.
00:10:50Mon business mondial, il est aussi fait avec la Chine.
00:10:54C'est quand même sidérant. L'obsession économique que vous avez vue dans, y compris,
00:11:00toutes ces décisions contradictoires, ce fait qu'au moment où est décrété le confinement,
00:11:05on dit il faut quand même aller travailler. Je rappelle que dire ça, c'est aussi une injonction.
00:11:11Aujourd'hui, vous savez que près de 40% des gens qui sont ouvriers travaillent,
00:11:16se déplacent, prennent des risques. Il n'y a pas que les soignants.
00:11:20La décision annoncée hier par le président de la République, qui sidère tout le monde,
00:11:26il annonce tout seul, sans qu'on sache comment il a pris cette décision,
00:11:30le 11 mai, il y aura des confinements progressifs.
00:11:35Mais, dit-il, les écoles, les collèges et les lycées reprendront et pas les universités.
00:11:44Et il dit, par ailleurs, il y aura ce masque, mais on ne sait pas comment,
00:11:50parce que vous l'irez sur Mediapart, nous avons aussi révélé qu'à cause de l'erreur initiale,
00:11:56depuis, la France court derrière les masques. Les quatre fabricants français de masques
00:12:02ne pouvaient produire, au début de la crise, qu'au maximum 10 millions de masques par semaine.
00:12:08Mais c'est des milliards qu'il faudrait, puisque leur durée d'utilité.
00:12:15Et donc, la France, du coup, s'étant réveillée tard, court derrière dans la compétition mondiale
00:12:21pour obtenir ces masques. On ne peut pas croire, après ce mensonge initial,
00:12:25sur parole M. Macron, quand il dit, le 11 mai, vous aurez les masques.
00:12:29Je continue juste pour préciser ce que je voulais dire sur le 11 mai, qui est quand même sidérant.
00:12:35Et je souligne que tout d'un coup, tiens, le Conseil scientifique, on ne l'a pas entendu.
00:12:40Comment ? On rouvre les écoles, les collèges et les lycées, et pas les universités.
00:12:47Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Alors qu'on n'est pas sûr que la pandémie soit terminée.
00:12:53Le médecin français, Philippe Klein, qui était à Wuhan, en Chine, et qui était au cœur de la bataille,
00:13:01il a dit sur les réseaux sociaux, ce qu'on ferme en premier, c'est les écoles,
00:13:06et ce qu'on ouvre en dernier, c'est les écoles. C'est des clusters, les écoles.
00:13:10Et là, il y a aussi l'idée d'un confinement beaucoup plus strict que celui qu'on a en France.
00:13:13C'est des clusters, avec les enseignants, les élèves, on va demander à des élèves d'école primaire
00:13:19de ne pas se toucher, de ne pas se parler. C'est impensable.
00:13:24Quelle est l'explication logique ? L'explication logique, c'est d'aller travailler.
00:13:29C'est que les parents aillent travailler. Il y a un argument qui est dit et qui est vrai.
00:13:36L'inégalité sociale, plus l'école est fermée, plus cela pèse pour certains.
00:13:41Mais l'incohérence, encore une fois, de tout cela, et la non-transparence de tout cela,
00:13:47c'est d'annoncer cela, d'annoncer cela, de ne pas l'annoncer pour les universités.
00:13:54Pourquoi ? Parce que les étudiants, ils ne sont pas tous à vivre chez leurs parents,
00:13:58dans, encore une fois, cette logique économique, cette logique productiviste.
00:14:02Je rappelle que tout le week-end, nous avons eu des déclarations du MEDEF
00:14:06et relayées par certains des membres du gouvernement sur le thème « il faut se remettre au boulot ».
00:14:12Non, il faut d'abord protéger notre santé. Ce n'est pas le productivisme qui, dans ce moment-là,
00:14:19va être la clé essentielle. Nous arrivons à vivre, nous arrivons à nous nourrir,
00:14:24nous arrivons à fonctionner, il y a des solidarités, il y a des fraternités.
00:14:28Donc c'est une incohérence qui renvoie au mensonge initial.
00:14:33Le mensonge initial, justement, ce que vous évoquez dans vos articles qu'on peut lire en détail sur Mediapart,
00:14:39si on prend peut-être la chronologie, justement, des faits...
00:14:42Je l'ai sorti parce que je trouve que c'est très intéressant.
00:14:45Il y a un côté enquête d'investigation qui est le mensonge d'État sur les masques.
00:14:50Ça, c'est à partir de faits, de documents, de mails, et y compris, je le souligne, à l'époque,
00:14:57il est proposé des stratégies offensives d'achat de masques au niveau coordonné européen
00:15:03par certains des acteurs au cœur de l'appareil d'État.
00:15:08Et c'est balayé. On ne le fait pas.
00:15:11Si on prend les événements, cette pandémie, donc, elle commence...
00:15:15Les trois premiers cas en France, c'est le 24 janvier.
00:15:1824 janvier, les trois premiers cas en France, et je souligne, ce sont les premiers en Europe avant l'Italie.
00:15:24Et Yuan en Chine, donc...
00:15:26C'est en novembre. Ça commence en novembre.
00:15:28Mais le confinement sous sa forme la plus stricte commence dans cette période-là,
00:15:32c'est-à-dire mi-janvier, fin janvier, et de façon progressive...
00:15:35La Chine est un État autoritaire. Il y a eu une grande opacité.
00:15:39Il y a eu des lanceurs d'alerte, y compris qui ont été réprimés,
00:15:42qui aujourd'hui sont considérés comme des héros, qui pour certains sont morts du coronavirus.
00:15:48Et il a été souligné, y compris, nous l'avons documenté,
00:15:51combien l'OMS a eu aussi quelques temps de retard pendant ces deux premiers mois,
00:15:56je dirais de novembre à janvier, liés à de trop forts liens de la bureaucratie,
00:16:02pourrait-on dire, actuelle de l'OMS avec le pouvoir chinois.
00:16:05Mais en janvier, ce n'est plus le cas. Ce n'est plus le cas.
00:16:08L'OMS lance l'alerte. Elle lance l'alerte.
00:16:12Je voudrais vous souligner, le 24 janvier, trois premiers cas sont recensés en France.
00:16:17Que dit la ministre de la Santé à l'époque, Agnès Buzyn ?
00:16:20Le risque d'importation depuis Yuan est modéré.
00:16:24Il était modéré. Il est maintenant pratiquement nul,
00:16:28puisque la ville, vous le savez, est isolée.
00:16:31Les risques de propagation dans la population française sont très faibles.
00:16:36Déclaration de la ministre de la Santé, qui dit leur absence de prise de conscience publique.
00:16:42Mais nous savons par nos enquêtes qu'au même moment, au cœur de l'appareil d'État,
00:16:46au cœur de ceux qui travaillent là-dessus, il y en a qui disent mais non, il faut faire ce qui sera fait.
00:16:52L'Allemagne, pourquoi ça va mieux ? Ils ont pris la décision des masques.
00:16:56Ils ont pris la décision des tests. Pourquoi eux ne sont pas confinés comme nous ?
00:17:01Parce que l'État a réagi sans mentir et en prenant au sérieux l'alerte.
00:17:06Je continue. Deux jours plus tard, la ministre de la Santé, toujours elle, Agnès Buzyn,
00:17:11sur le stock de masques, et nous savons aujourd'hui que c'est un mensonge.
00:17:15Nous avons des dizaines de millions de masques en stock en cas d'épidémie.
00:17:19Ce sont des choses qui sont d'ores et déjà programmées.
00:17:22Si un jour, nous devions proposer à telle ou telle population ou personne à risque de porter des masques,
00:17:27les autorités sanitaires distribueraient ces masques aux personnes qui en auront besoin.
00:17:33Quatre jours plus tard, l'OMS déclare l'urgence de santé publique de portée internationale.
00:17:40Le 30 janvier. Que se passe-t-il le lendemain, Rémi Buzyn ?
00:17:45Le lendemain, le 31 janvier, état d'urgence sanitaire de portée internationale par l'OMS.
00:17:56Et nous sommes en France, dans un pays où on le voit, où tout se prend au sommet.
00:18:02L'Elysée, le château, le palais présidentiel, le président.
00:18:08Eh bien, la conseillère santé d'Emmanuel Macron, celle qui coordonne tout ça à l'Elysée,
00:18:17Marie Fontanel, le 31 janvier, n'a rien de mieux à faire que de quitter son poste sans successeur nommé.
00:18:28Combien de temps sans successeur, sans personne ?
00:18:30Pendant un mois.
00:18:31C'est-à-dire qu'entre fin janvier et fin février...
00:18:34Personne. Parce qu'au 1er mars, pendant un mois, pas de conseiller santé à l'Elysée.
00:18:40Et pourquoi part-elle, Mme Fontanel ?
00:18:43Pour aller s'installer à Strasbourg, où son époux, ancien socialiste,
00:18:53comme beaucoup des acteurs qui entourent le pouvoir actuel, est le candidat en marche aux élections municipales.
00:19:03Il aurait été utile que cette dame reste à l'Elysée.
00:19:06Vous savez quel était son rôle avant d'être nommée à l'Elysée, avant 2017 ?
00:19:12Elle avait été l'une des directrices de l'Agence régionale de santé du Grand Est,
00:19:21là où a commencé le foyer pandémique avec ce congrès, ce rassemblement religieux pentecôtiste.
00:19:35Grand Est, elle connaissait.
00:19:37Et son patron, vous vous rendez compte ?
00:19:40Le patron pourrait lui dire « attendez, tu ne peux pas partir pour convenance personnelle alors qu'il y a le feu au lac.
00:19:47Tu vas attendre, on verra. »
00:19:49Non, il la laisse partir.
00:19:51Pourquoi je vous souligne ça ?
00:19:53J'ai souligné l'aveuglement économique, l'obsession.
00:19:57On va mentir, il ne faut pas que l'économie tombe, le taux de croissance,
00:20:01tout ce que nous mettons en cause dans toute cette histoire.
00:20:04Notre santé vaut mieux que des profits quand même.
00:20:08Nos vies valent mieux que des profits.
00:20:10Il vaut mieux de la solidarité et de l'entraide que de la compétition et de la concurrence.
00:20:14C'est la leçon de cette crise.
00:20:16Mais l'autre aspect, c'est le cynisme politicien.
00:20:19Les municipales.
00:20:21Non seulement les municipales.
00:20:23Peut-être avant d'arriver aux municipales, pour suivre la chronologie.
00:20:27Dans la chronologie, on a notamment le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon,
00:20:33qui demande d'acquérir dès que possible 1,1 million de masques FFP2.
00:20:37Ça peut paraître dérisoire par rapport aux autres.
00:20:40C'est un document que nous avons révélé qui montre bien le mensonge.
00:20:44Contrairement à ce qui est dit, il n'y en avait pas.
00:20:48Et on voit comment, dans tous ces courriers qu'on a révélés,
00:20:52combien ce mensonge crée du désordre.
00:20:54C'est-à-dire qu'il désarme et accroît les lourdeurs, les lenteurs,
00:20:59les pesanteurs bureaucratiques au sein même de l'appareil d'État.
00:21:04Je continue la chronologie en effet.
00:21:06Vous savez que le jour où elle démissionne, ou elle quitte plutôt son poste de télévisé,
00:21:11le 31 janvier, c'est le jour où le comité d'urgence de l'OMS demande aux États
00:21:16de mettre en place, je cite,
00:21:18« des mesures fortes pour détecter la maladie à un stade précoce,
00:21:23isoler et traiter les cas, retracer les contacts
00:21:27et promouvoir des mesures de distanciation sociale proportionnelles aux risques ».
00:21:31En clair, une bonne politique, c'était mobilisation générale pour des masques
00:21:36et le virus ayant été séquencé, production générale de tests.
00:21:43Faire des tests. Rien de tout ça.
00:21:46C'est justement les pays qui s'en sortent mieux.
00:21:50Regardez l'Allemagne, c'est justement ce qu'ils ont fait.
00:21:54Nous publions dans notre chronologie la France et la Lanterne rouge en nombre de tests.
00:22:00En nombre de tests par rapport à ce que font d'autres pays.
00:22:04Qu'est-ce que c'est le test ?
00:22:05Ça permet de savoir si vous ou moi, on est un porteur sain de ce virus.
00:22:10Du coup, faire attention à ce que nous ne retrouvions pas
00:22:14et à nous isoler et à isoler les uns des autres
00:22:18et à faire attention à la propagation elle-même.
00:22:21Le lendemain, c'est le jour, le 1er février, où, je vous l'ai dit,
00:22:26les pays de l'espace Schengen suspendent leur visa avec la Chine,
00:22:29ce que ne fait pas la France.
00:22:31Je continue.
00:22:3214 février, décès en France.
00:22:37C'est un touriste chinois, le 1er décès.
00:22:39Après, ce ne sont pas des touristes, ce sont des travailleurs français
00:22:43qui meurent le 14 février.
00:22:46Des cas qui arrivent sur le territoire avant que le virus ne s'éclate sur le territoire.
00:22:49Il meurt à l'hôpital Bichat, je souligne.
00:22:51C'est aussi le 1er décès hors d'Asie et le 1er en Europe.
00:22:56Ça ne se passe pas en Italie, ça se passe d'abord en France.
00:23:0014 février, que se passe-t-il deux jours plus tard ?
00:23:04Vous vous en rappelez, Rémy Buzine ?
00:23:06Le 16 février, après une histoire de vidéos très discutable
00:23:11concernant M. Benjamin Griveaux,
00:23:14qui portait les couleurs d'En Marche pour la mairie de Paris,
00:23:17la ministre de la Santé elle-même,
00:23:20ce qui s'ajoute au cas de la conseillère de l'Élysée,
00:23:23tout d'un coup, en pleine crise, dit « Je veux être maire de Paris ».
00:23:28La ministre de la Santé, qui après fera savoir,
00:23:32dans une déclaration un peu bizarre,
00:23:36parce que faite au détour d'une sorte de portrait dans le monde,
00:23:40qu'en janvier, elle aurait dit au Premier ministre
00:23:44« Les municipales ne pourront pas se tenir ».
00:23:47C'est ce qu'elle dit au Monde.
00:23:49Et le 16 février...
00:23:51Elle est févrière le fait, pourquoi elle quitte en larmes à ce moment-là le ministère,
00:23:54parce qu'elle dit qu'elle sait ce vers quoi on va aller dans les semaines à venir.
00:23:57Attends, les municipales ne peuvent pas se tenir,
00:23:59elle sait que c'est très grave et elle va quand même s'occuper des municipales ?
00:24:04Je ne veux pas dire, mais c'est comme dans les fables de la fontaine,
00:24:09les rats quittent le navire.
00:24:11Vous savez, les animaux malades de la peste,
00:24:15c'est aussi une fable de la fontaine.
00:24:19Je continue ça.
00:24:21Son successeur, le 18 février, Olivier Véran,
00:24:26« La France est prête car nous avons un système de santé extrêmement solide ».
00:24:30Alors en l'occurrence, la suite va montrer quoi ?
00:24:33Et nous l'avons documenté sur Mediapart,
00:24:35que nous avons des soignants et des soignantes extrêmement solides,
00:24:39courageux, solidaires, inventifs,
00:24:44ayant ce sursaut.
00:24:46Les mêmes qui réclamaient des moyens pour l'hôpital.
00:24:50Les mêmes qui avaient traité avec Morgue.
00:24:53Je rappelle que la formule de M. Macron au début de son quinquennat,
00:24:57« Je n'ai pas d'argent magique, c'est à une aide-soignante qu'il le dit ».
00:25:01Et nous ne lui avions rappelé, il y a tout juste deux ans de cela,
00:25:05avec Jean-Jacques Bourdin, quand nous l'avions interviewé Mediapart et RMC.
00:25:11Je lui avais dit, mais l'argent magique, il est là dans les paradis fiscaux.
00:25:15Il avait balayé ça.
00:25:17Je lui avais rappelé qu'à l'époque, des gens étaient admis à l'hôpital
00:25:22sur des brancards, aux urgences, faute de lit dans les hôpitaux.
00:25:27Qu'est-ce qui va se passer ?
00:25:29Ce n'est pas notre système de santé qui va être solide.
00:25:31Je rappelle que beaucoup de ceux qui aujourd'hui sauvent des vies
00:25:34étaient en grève, manifestaient et se faisaient réprimer.
00:25:38Vous l'avez traité dans vos vidéos et dans vos reportages sur le terrain.
00:25:42Non, qu'est-ce qui se passe ?
00:25:43Il se passe que des gens réussissent à être au rendez-vous par la solidarité,
00:25:48malgré le manque de masques, le manque de tests, le manque de blouses,
00:25:52le manque de lits, le manque de moyens.
00:25:55Et c'est quand même ça qui s'est passé devant nous.
00:25:59Le 22 février, le directeur général de l'OMS dit
00:26:05« La fenêtre d'opportunité pour contenir l'épidémie se rétrécit. »
00:26:11Il dit « Attention ! »
00:26:14Les autres qui ont entendu, qui ont pensé masques, qui ont pensé tests,
00:26:18qui ont pensé un dispositif sans faire des tam-tams,
00:26:22sans faire la grande déclaration paternaliste du président,
00:26:25ils n'ont pas fait ça en Allemagne.
00:26:27Elle n'a pas fait ça, Mme Merkel.
00:26:29Le président allemand a dit « On n'est pas en guerre. »
00:26:32Non, il n'y a pas d'ennemis, il n'y a pas de nations qui se battent les unes contre les autres.
00:26:36Il y a une bataille à mener pour la vie, tous ensemble.
00:26:40C'est ça qu'il dit et qu'on aurait plutôt aimé entendre.
00:26:43Plutôt que des rodomontades.
00:26:46Il dit « La fenêtre d'opportunité se rétrécit. »
00:26:49Et le 26 février, le directeur général de la santé, donc 4 jours après, nous dit
00:26:54« Les tests ont été disponibles, les masques, nous avons débloqué les stocks stratégiques. »
00:26:58En clair, ce n'est pas un sujet, dit-il.
00:27:02Ce n'est pas un sujet.
00:27:04Encore une fois, nous l'avons documenté, c'est toujours un sujet.
00:27:07Et à ce moment-là, on en est où concrètement dans les commandes,
00:27:10dans la disposition des choses ?
00:27:13Ils n'arrivent pas à faire rentrer.
00:27:16Nous avons documenté qu'y compris beaucoup d'entrepreneurs,
00:27:20alors ils nous ont demandé de ne pas toujours donner leur identité
00:27:23parce qu'ils sont dans le business, ont proposé leur service.
00:27:27On dit « Moi, je suis en affaire avec la Chine, je peux vous apporter tant de masques,
00:27:31je peux faire ceci, je peux faire cela. »
00:27:34Et nous montrons, il y en a au moins 4-5 qui ont témoigné dans notre enquête,
00:27:37comment ils se sont fait blackbouler,
00:27:41comment on ne les a pas écoutés,
00:27:43comment la bureaucratie a cru qu'elle s'en sortait.
00:27:47Encore une fois, le désordre vient du fait de ne pas avoir dit la vérité.
00:27:53Je souligne quand même, il faut revenir sur la psychologie.
00:27:58Parce qu'il faut essayer de comprendre tout ça.
00:28:01Ce ne sont pas des gens qui veulent que l'on soit malade.
00:28:03Pourquoi ont-ils été aveugles, irresponsables à ce point ?
00:28:09Dans cette même semaine de février,
00:28:11il y a le premier Conseil des ministres officiellement consacré au Covid-19.
00:28:16Un samedi, le 29 février.
00:28:19Quelle décision en retient-on ?
00:28:21Le 49-3.
00:28:22Le 49-3 sur la réforme des retraites.
00:28:25Obsession économique, obsession de faire passer leur agenda idéologique.
00:28:30La réforme des retraites dont, tout récemment,
00:28:32le président du groupe parlementaire En Marche, Gilles Le Gendre,
00:28:35vient de dire qu'il faudra la laisser tomber.
00:28:38Ah bon ?
00:28:39C'était décisif et aujourd'hui, ça ne l'est plus.
00:28:42Ça prouve qu'ils allaient dans le mur.
00:28:45Obsession idéologique et obsession politicienne.
00:28:48Parce que l'obsession politicienne,
00:28:50la première déclaration du président qui nous dit
00:28:52« Je ferme les écoles, mais je vous dis, allez voter »,
00:28:56allez voter,
00:28:57plus de 20 millions de personnes vont se retrouver,
00:29:00entre 20 et 30 millions,
00:29:01à aller dans des lieux où il y a beaucoup de gens.
00:29:04Vous savez que beaucoup d'assesseurs et d'élus
00:29:07vont, y compris la poursuite de la campagne municipale,
00:29:10quand on prend symboliquement la mort de Patrick Deveggian,
00:29:13qui a fait beaucoup de meetings électoraux.
00:29:15La poursuite de la campagne électorale a mis en péril des gens.
00:29:19C'est totalement contradictoire de dire
00:29:21« Je ferme les écoles, mais je vous dis d'aller voter ».
00:29:23Comme est contradictoire, je vous confine,
00:29:25mais attention, allez travailler.
00:29:27Car nous avons révélé aussi que la ministre du Travail,
00:29:30Mme Pénicaud,
00:29:31dans des échanges que nous avons révélés,
00:29:34a dit « Challenger »,
00:29:37mais ça voulait dire presque un mode de chantage
00:29:39sur les entreprises du BTP qui arrêtaient les chantiers.
00:29:43Sur le thème « Vous n'aurez pas les aides si vous arrêtez les chantiers ».
00:29:46Nous l'avons révélé ça aussi,
00:29:48l'obsession idéologique.
00:29:50Le 2 mars, l'OMS demande des mesures précoces et agressives.
00:29:55S'il y a des mesures précoces et agressives,
00:29:57les pays peuvent arrêter la transmission.
00:30:00Le 2 mars.
00:30:034 mars, porte-parole du gouvernement sur France Inter.
00:30:07On ne fermera pas toutes les écoles en France.
00:30:10Si nous basculons dans le stade 3,
00:30:12à savoir une épidémie qui circule dans tout le territoire,
00:30:14on ne va pas arrêter la vie en France.
00:30:18On ne va pas arrêter la vie en France.
00:30:20Et le 6 mars,
00:30:22Pédagogie présidentielle,
00:30:24Emmanuel Macron et son épouse
00:30:26vont à Paris au théâtre.
00:30:29La vie continue.
00:30:30Il n'y a aucune raison,
00:30:32mis à part pour les populations fragilisées,
00:30:34de modifier nos habitudes de sortie.
00:30:39La pièce, pour l'ironie de cette histoire,
00:30:41s'intitule « Par le bout du nez ».
00:30:43Elle met en scène un psychiatre et un président de la République
00:30:46victimes de démangeaisons du nez
00:30:49juste avant son discours d'investiture.
00:30:52Je ne sais pas si c'est une allusion à Pinocchio,
00:30:55le nez qui s'allonge,
00:30:57mais on est dans une histoire qui est quand même sidérante.
00:31:00C'est vraiment...
00:31:02Nous, nous ne disons pas ça pour...
00:31:06Parce que là, quand on arrive au niveau du mois de mars,
00:31:08début mars, c'est le moment où, en Italie,
00:31:10on voit que la crise est en train d'avancer.
00:31:12C'est quelques jours avant qu'ils prennent la décision du confinement.
00:31:15Et en France, on commence à compter les premières dizaines de cas.
00:31:18Qu'est-ce que je veux vous dire, Rémi Buzi ?
00:31:20C'est que c'est une épreuve qui nous concerne tous,
00:31:23qui n'a pas d'étiquette partisane,
00:31:25qu'on soit de droite, de gauche, du centre.
00:31:27On est logés à tous à même enseigne.
00:31:29Et c'est un moment où, en effet, il faut être solidaire.
00:31:32Il faut faire front ensemble.
00:31:34Mais pour faire front ensemble, c'est comme dans un combat.
00:31:37Il faut avoir confiance dans les chefs
00:31:39ou ceux qui sont en tête et qui donnent des consignes.
00:31:42Et les consignes, elles sont crédibles si elles sont vraies.
00:31:45Il y a de la confiance s'il y a de la vérité.
00:31:48Vous, par exemple, quel écart vous avez vu,
00:31:50à un certain moment, entre telle déclaration...
00:31:52C'est tout ce que je viens de vous dire.
00:31:54Sur certains points, par exemple.
00:31:56Mais tout ce que je viens de vous dire...
00:31:58Et si, encore une fois, la déclaration d'hier...
00:32:00Mais même, je vais vous dire autre chose.
00:32:02Nous avons montré, par exemple,
00:32:04qu'il y a une haute autorité de la santé publique en France.
00:32:07Il y a des structures qui existent.
00:32:09Le président, afin de faire sa première déclaration,
00:32:12crée un conseil scientifique, un comité scientifique.
00:32:15Ce comité scientifique,
00:32:17autour du professeur Delflessy,
00:32:19des gens respectables,
00:32:21on ne sait pas comment il est créé.
00:32:23C'est le fait du prince, pourrait-on dire.
00:32:25Et les reliens entre le prince et différentes personnes.
00:32:28Comité scientifique, pour préciser,
00:32:30pour ceux qui nous regardent,
00:32:32c'est avec M. Delflessy,
00:32:34on peut retrouver des personnes de l'Institut Pasteur,
00:32:36on retrouve aussi Didier Raoult,
00:32:38sociologue, un épidémiologiste
00:32:40qui, au début, avait sous-estimé
00:32:42et avait dit que ce serait un peu comme la grippe.
00:32:44Des chefs de services de maladies infectieuses.
00:32:47Mais, qu'est-ce que je veux dire ?
00:32:49On est au cœur
00:32:51de ce présidentialisme
00:32:53nous désarme dans des moments comme ça.
00:32:56Le président est un chef de l'État.
00:32:59Dans l'État, il y a des administrations.
00:33:01Il y a un haut conseil à la santé publique.
00:33:04Je l'ai rappelé, il y avait un plan stratégique
00:33:06pour les pandémies.
00:33:08D'anciens responsables du ministère de la Défense
00:33:11ont rappelé qu'au ministère de la Défense,
00:33:13on connaît, comme pour des guerres sanitaires,
00:33:16on connaît un plan stratégique
00:33:18qu'on peut déclencher pour les pandémies.
00:33:20Et il s'est étonné, il s'appelle Louis Gauthier,
00:33:22ancien responsable du ministère de la Défense,
00:33:25que ça, ça n'ait pas été déclenché dès janvier.
00:33:28Il y a des structures, il y a des procédures,
00:33:31il y a des professionnels.
00:33:33Le président s'entoure de son comité ad hoc.
00:33:37On ne sait pas comment il est nommé.
00:33:39Quel que soit le caractère responsable de ces gens,
00:33:41on ne sait pas comment ils débattent.
00:33:43On ne sait pas comment ils décident.
00:33:45Leurs avis sont en ligne,
00:33:47mais ce ne sont pas des avis grand public.
00:33:49On ne sait pas quelle est la procédure
00:33:51qui a permis de produire leurs avis.
00:33:54On ne sait pas, d'ailleurs c'est très énigmatique,
00:33:56tout d'un coup le président annonce
00:33:58des décisions tout seul hier,
00:34:00sans que nous sachions
00:34:02quelle est la procédure de ces décisions.
00:34:04Et le comité scientifique, on ne l'a pas entendu.
00:34:07Je dis au même moment,
00:34:08si vous écoutez les déclarations
00:34:10le lendemain du ministre de l'Éducation
00:34:12ou du ministre de l'Intérieur,
00:34:14qui tout d'un coup devient un professionnel de la santé,
00:34:17vous voyez bien qu'ils ne sont pas dans les clous.
00:34:20Ils ne savent pas trop comment ils vont faire.
00:34:22Ils ne savent pas ce que veut dire
00:34:24cette proclamation sur les masques.
00:34:26Et je voudrais dire,
00:34:28quand vous dites des décalages sur les déclarations,
00:34:30il y a hier,
00:34:32de la même manière qu'à un moment,
00:34:34la porte-parole de l'Élysée avait dit
00:34:36les masques ça ne sert à rien.
00:34:38Je ne sais pas comment on met un masque.
00:34:40Il y a beaucoup de déclarations contradictoires
00:34:42entre des moments où c'est important
00:34:44et d'autres un peu moins.
00:34:46En clair, c'était stupide de dire ça.
00:34:48C'était stupide, c'était une stupidité.
00:34:50Mais hier, le Président balaye
00:34:53en disant que ça n'aurait aucun sens
00:34:55de tester tout le monde.
00:34:57Le test.
00:34:58Et il dit qu'il faudra tester que les gens
00:35:00qui ont des symptômes.
00:35:02C'est un nouveau mensonge.
00:35:04Pour masquer la pénurie de tests.
00:35:07Tous les épidémiologistes vous disent
00:35:10qu'il faut avoir une politique de test général.
00:35:13Parce qu'on sait que des épidémiologistes
00:35:15vont dire qu'on peut aussi avoir des cas
00:35:17qui sont asymptomatiques.
00:35:19Vous et moi, étant en très bonne santé,
00:35:21d'apparence...
00:35:23Et nous-mêmes, être des porteurs
00:35:25pour des gens qui, eux, sont en fragilité.
00:35:27Donc la question des masques
00:35:29et la question des tests sont des questions décisives.
00:35:31Quand le Président nous dit
00:35:33hier, il y a eu des erreurs.
00:35:35Nous devons nous réinventer.
00:35:37Et moi le premier.
00:35:39Mais se réinventer, c'est arrêter de bluffer.
00:35:42Et c'est surtout, si je peux me permettre,
00:35:44arrêter de penser qu'on est des enfants.
00:35:47Arrêter de nous infantiliser.
00:35:49Ce n'est plus possible.
00:35:51Je ne sais pas dans quel monde
00:35:53vit Emmanuel Macron.
00:35:55Peut-être celui de Bonaparte et de Napoléon.
00:35:57Mais ce n'est plus possible
00:35:59de se dire que dans ce monde
00:36:01où nous avons des défis si compliqués,
00:36:03une seule personne arrive
00:36:05avec toute une communication
00:36:07qui précède sur le Président Thomas Turge,
00:36:10sur la Présidente paternante,
00:36:12et que tout d'un coup,
00:36:14on va avoir la lumière.
00:36:16Une présidence démocratique,
00:36:18qu'est-ce qu'elle aurait dû faire ?
00:36:20Elle aurait dû se présenter avec d'autres.
00:36:22Avec quels sont les avis des scientifiques.
00:36:25Avec quels sont les gens
00:36:28qui sont en charge.
00:36:30Montrer que c'est une bataille d'équipe.
00:36:32Il n'y a pas quelqu'un
00:36:34qui tout seul va réfléchir
00:36:36et décider.
00:36:38Il y a un conseil scientifique sur lequel...
00:36:40C'est bien ce que je dis,
00:36:42mais ce conseil scientifique
00:36:44mord sur les plates-bandes
00:36:46du Haut Conseil de Santé Publique.
00:36:48Et je rappelle,
00:36:50de la Haute Autorité de Santé Publique,
00:36:52mais je rappelle en plus
00:36:54qu'il y a une leçon des pandémies.
00:36:56Et d'ailleurs, dans le club de Mediapart,
00:36:58il y a eu une lettre interpellant
00:37:00les scientifiques
00:37:02qui sont à la tête,
00:37:04puisqu'il y a eu un deuxième conseil,
00:37:06vous savez, le CAIR,
00:37:08qui a eu le prix Nobel
00:37:10pour ses découvertes
00:37:12sur le virus du VIH, sur le sida.
00:37:14Et le professeur Delfraissy
00:37:16est aussi quelqu'un qui a été
00:37:18un spécialiste de cette pandémie.
00:37:20Qu'est-ce que nous a appris dans nos sociétés
00:37:22la bataille
00:37:24sur le virus
00:37:26du VIH
00:37:28et sur cette pandémie
00:37:30par rapport
00:37:32à l'hécatombe qu'elle a provoquée ?
00:37:34Que nous devons
00:37:36justement
00:37:38ne pas être des enfants.
00:37:40Que nous ne devons pas
00:37:42nous laisser
00:37:44instrumentalisés par des gens
00:37:46qui décident à notre place.
00:37:48Les combattants du sida, symbolisés
00:37:50par l'organisation ACT UP,
00:37:52magnifiés par le film
00:37:54120 battements par minute,
00:37:56qui à l'époque ont été réprimés,
00:37:58qui à l'époque ont été calomniés,
00:38:00qui à l'époque ont été méprisés,
00:38:02avec derrière le préjugé homophobe,
00:38:04avec l'idée
00:38:06ça ne me concerne pas, ça concerne
00:38:08des populations à risque,
00:38:10le préjugé, y compris, on en a parlé,
00:38:12contre les travailleurs du sexe
00:38:14et les travailleuses du sexe, et tout cela.
00:38:16Et bien, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
00:38:18Ils ont dit, on prend notre destin en main.
00:38:20Parce qu'ils ont vu qu'ils étaient face
00:38:22à des politiques irresponsables,
00:38:24à une forme d'irresponsabilité politique
00:38:26par rapport à la pandémie,
00:38:28et aussi par rapport
00:38:30à une ignorance savante.
00:38:32L'idée que le savoir
00:38:34serait univoque,
00:38:36et qu'en matière de santé,
00:38:38il n'y aurait qu'une seule certitude.
00:38:40Vous le voyez dans le débat sur ce virus,
00:38:42il y a des polémiques, il y a des débats,
00:38:44il y a des pessimistes,
00:38:46il y a des plus optimistes, il y a des recherches en cours.
00:38:48Donc dans ce cas-là,
00:38:50nous les premiers concernés,
00:38:52la population, on doit être acteur.
00:38:54Et c'est ce qu'ils ont fait.
00:38:56Je souligne ça,
00:38:58ils ont dit « silence égal mort ».
00:39:00Ils ont dit, aussi bien en anglais
00:39:02qu'en français, « le savoir est une arme »,
00:39:04« knowledge is a weapon »,
00:39:06« nous avons le droit de savoir »,
00:39:08« nous ne ferons pas silence ».
00:39:10Je dis ça parce qu'on rejoint le travail
00:39:12de la presse dans un moment comme ça.
00:39:14Mais justement sur cette question du droit de savoir
00:39:16de la presse, on parle beaucoup de cette question
00:39:18des masques notamment,
00:39:20vous évoquez notamment dans votre enquête
00:39:22qu'il y a des entreprises françaises
00:39:24qui ne vont pas être prises en compte
00:39:26et qui auraient peut-être pu accélérer le processus.
00:39:28C'est ça, c'est ce qu'on a raconté.
00:39:30On a raconté, je vous le disais tout à l'heure,
00:39:32plusieurs témoignages d'entreprises,
00:39:34d'entrepreneurs qui ont
00:39:36proposé leur service.
00:39:38Et notre dernière enquête semble dire
00:39:40que l'État français a décidé
00:39:42de faire un choix monopolistique
00:39:44avec quatre grands groupes,
00:39:46quatre grands groupes
00:39:48non pas tous français et notamment chinois,
00:39:50qui auraient le monopole
00:39:52de cette livraison de masques.
00:39:54Et ce que nous disent ces entrepreneurs,
00:39:56c'est exactement ce qu'il ne fallait pas faire.
00:39:58Et vous évoquez notamment, pardon, excusez-moi,
00:40:00CGTex, qui est une entreprise française,
00:40:02qui est la seule entreprise française
00:40:04de la liste des quatre,
00:40:06qui a notamment une entreprise qui est basée
00:40:08de production à Yoann.
00:40:10Au cœur de la pandémie.
00:40:12Au cœur de la pandémie.
00:40:14Et les autres entreprises sont des conglomérats chinois.
00:40:16Et qu'est-ce que ça veut dire ?
00:40:18Ça veut dire qu'on se fait prendre en otage.
00:40:20En otage des tarifs, en otage des prix,
00:40:22en otage des livraisons.
00:40:24L'avion-cargo n'arrive pas au rythme qui était prévu.
00:40:26Et au lieu de faire,
00:40:28et c'est ce que disait un peu,
00:40:30si on prend l'image que je n'aime pas
00:40:32guerrière de M. Macron,
00:40:34c'est pas une histoire de bataillon.
00:40:36Vous savez,
00:40:38une armée régulière avec tous ces bataillons.
00:40:40Quand on voit tous ces soignants
00:40:42qui ont improvisé,
00:40:44qui ont inventé et tout, c'est une guérilla.
00:40:46Une bataille comme ça.
00:40:48Donc ça veut dire qu'on utilise toutes les entreprises,
00:40:50toutes les possibilités.
00:40:52Mais non, c'est toujours
00:40:54le verticalisme
00:40:56du présidentialisme
00:40:58est une faiblesse.
00:41:00Il nous désarme.
00:41:02Et il donne toujours des décisions
00:41:04autoritaires, univoques,
00:41:06limitées.
00:41:08Et on est au cœur, encore une fois,
00:41:10de ce que nous apprend cette épreuve.
00:41:12Peut-être avant d'évoquer
00:41:14ce qu'elle nous apprend, on en parlera peut-être
00:41:16dans les conclusions à la fin de ce live,
00:41:18mais sur la question des masques,
00:41:20il y a plusieurs extraits
00:41:22de réponses qui sont prises par rapport au live qu'on a pu faire
00:41:24avec Olivier Véran sur Brut, où on avait évoqué
00:41:26avec lui sur ce direct
00:41:28le fait qu'il y aurait 2 milliards de masques.
00:41:30Vous, vous évoquez dans votre article
00:41:32que c'est seulement
00:41:3417, que c'est depuis le
00:41:3621 mars, l'État consomme 40 millions de masques
00:41:38par semaine et qu'on en a seulement 17,5.
00:41:40C'est à peu près ça dans l'idée.
00:41:42Et ça veut dire que dans ce chiffre,
00:41:44il faudrait 2 ans pour acheminer
00:41:46les 2 milliards de masques si on reste à ce rythme-là.
00:41:48Donc en gros, dans ce que vous expliquez
00:41:50dans votre enquête, c'est par rapport aux déclarations
00:41:52qu'a pu faire Olivier Véran en Facebook live, ici même,
00:41:54sur Brut, de paraitre 2 milliards de masques
00:41:56et le rythme de livraison, on en est
00:41:58très très loin.
00:41:59Notre enquête a été en deux temps.
00:42:00Premièrement, le mensonge sur les masques
00:42:02et en deuxième temps, 15 jours après,
00:42:04une semaine plutôt après,
00:42:06comment, à cause de ce mensonge,
00:42:08il court derrière. La France
00:42:10s'est mise sur le marché trop tard.
00:42:12Et il court derrière
00:42:14dans des incohérences de décision.
00:42:16Vous savez,
00:42:18mais pour montrer comment
00:42:20ces incohérences... Vous avez même eu
00:42:22un ancien directeur
00:42:24général de la santé
00:42:26qui a raconté, William
00:42:28Dabb, comment il est à la retraite,
00:42:30comment il a proposé d'aller dans la réserve
00:42:32sanitaire, de se mettre au service comme
00:42:34médecin. Et la bureaucratie
00:42:36lui a dit, on n'a pas votre diplôme
00:42:38de médecin. Et donc
00:42:40il attendait toujours. Ce que
00:42:42je veux dire, c'est pour ça que
00:42:44je vous disais ça. Il faut essayer
00:42:46de comprendre d'où vient ce désordre
00:42:48qui est quand même très inquiétant.
00:42:50Comme un État qui est faible,
00:42:52comme un État
00:42:54qui est épuisé, comme un État
00:42:56qui est impuissant. Ce ne sont pas
00:42:58les personnes qui en sont responsables.
00:43:00Il y a plein de gens de bonne volonté derrière tout cela.
00:43:02C'est une culture
00:43:04étatique qui est
00:43:06épuisée parce que, depuis
00:43:08des décennies, elle continue
00:43:10à fonctionner dans ce régime
00:43:12de monarchie absolue
00:43:14où, pour reprendre une image
00:43:16peut-être d'un proverbe chinois, le poisson
00:43:18pourrit par la tête. On attend tout d'un
00:43:20seul. Et du
00:43:22coup, ce verticalisme se
00:43:24diffuse à l'ensemble
00:43:26du fonctionnement. Et du coup, ça désarme.
00:43:28Ça crée du désordre. Et c'est
00:43:30exactement l'explication de tout cela.
00:43:32Parce que là, concrètement, on en est où aujourd'hui ?
00:43:34Je veux dire, là, maintenant...
00:43:36Ça, on va continuer. Ça, je ne peux pas vous dire à la date
00:43:38d'aujourd'hui. Pas à la date d'aujourd'hui, mais en tout cas,
00:43:40au moment où s'est arrêtée votre enquête au niveau des publications...
00:43:42La France court...
00:43:44La France court derrière
00:43:46ces masques et ces tests.
00:43:48D'où le caractère flou,
00:43:50imprécis et contradictoire
00:43:52des déclarations du Président, derrière.
00:43:54Il y a... On n'a pas évoqué...
00:43:56En temps et en heure. Aujourd'hui, on rattrape.
00:43:58On dit qu'il faudrait... Mais prenez
00:44:00même des décisions qui sont demandées,
00:44:02y compris par les élus.
00:44:04On dit les masques, on dit les tests.
00:44:06Mais aussi, du coup, il faudrait
00:44:08que les gens puissent se retrouver...
00:44:10Vous savez, les hôtels.
00:44:12Les hôtels sont vides.
00:44:14On devrait pouvoir utiliser
00:44:16ces hôtels pour faire
00:44:18que des personnes qui ont le virus
00:44:20mais qui ne sont pas
00:44:22en mal d'être...
00:44:24en danger,
00:44:26qui ne sont pas en danger, qui ont de la fièvre
00:44:28mais qui ne sont pas en danger, qui n'ont pas besoin
00:44:30de respirateur, etc., mais qu'il faudrait
00:44:32isoler pour qu'elles ne retournent
00:44:34pas chez elles, pour qu'elles ne contaminent
00:44:36pas la famille, des amis,
00:44:38etc. On devrait réquisitionner
00:44:40des hôtels. On devrait réquisitionner
00:44:42des entreprises. On devrait
00:44:44réquisitionner des stocks de masques
00:44:46qui sont dans certaines industries.
00:44:48On devrait nous dire de manière transparente
00:44:50quels sont tous les
00:44:52laboratoires qui, actuellement, font des
00:44:54tests et les fabriquent. On devrait
00:44:56nous dire comment on peut être testé.
00:44:58On devrait nous dire tout cela.
00:45:00Mais tout ça ne peut pas venir d'un oracle
00:45:02présidentiel. Tout ça
00:45:04devrait venir, encore une fois,
00:45:06d'une culture où
00:45:08on dit la vérité.
00:45:10Mais concrètement, ça veut dire que quand on parle de toutes
00:45:12vos enquêtes,
00:45:14la conclusion serait de dire quoi ?
00:45:16Qu'on gère une crise sur une pénurie
00:45:18et pas sur des faits scientifiques ?
00:45:19C'est que, comme toutes les crises,
00:45:21les crises sont des révélateurs.
00:45:23Il y a plein de...
00:45:25Vous savez qu'il y a plein de débats intellectuels
00:45:27sur ce que cette pandémie
00:45:29nous dit de notre monde,
00:45:31de notre monde de consommation, de notre monde
00:45:33de vitesse, de notre monde de
00:45:35globalisation, de notre monde
00:45:37du tout marchand et du tout économique.
00:45:39Ce sont des débats importants.
00:45:41Mais on voit bien qu'il y a des
00:45:43différences dans
00:45:45certains États,
00:45:47dans la façon d'avoir su
00:45:49faire face au virus.
00:45:51Il n'y a pas eu de confinement généralisé
00:45:53en Corée du Sud,
00:45:55à Taïwan ou au Japon,
00:45:57ni en Allemagne.
00:45:59En Suède aussi, on pourrait parler de la Suède.
00:46:01Il y a des stratégies différentes
00:46:03d'un pays à l'autre.
00:46:05Ce que je veux dire,
00:46:07c'est qu'il faut qu'on comprenne pourquoi
00:46:09nous, Français,
00:46:11on se retrouve dans le mode de lutte
00:46:13contre cette pandémie qui est
00:46:15entre nous le plus archaïque,
00:46:17le plus moyenâgeux. Restez chez vous.
00:46:19Restez chez vous.
00:46:21Voilà ce qu'on nous dit. Restez chez vous.
00:46:23Et on nous dit cette phrase en même temps
00:46:25de manière hypocrite parce qu'il y a
00:46:27des gens
00:46:29qui travaillent,
00:46:31qui s'exposent.
00:46:33Mais on nous dit restez chez vous.
00:46:35Pourquoi c'est la seule chose qu'on nous dit ?
00:46:37Pourquoi est-ce que c'est la seule
00:46:39perspective qu'on nous donne ?
00:46:41Parce que le reste n'a pas été fait.
00:46:43C'est-à-dire qu'on fait porter
00:46:45sur
00:46:47nos comportements et avec
00:46:49des conséquences. Les soignants
00:46:51nous le disent. Deux mois de confinement,
00:46:53il y aura des conséquences.
00:46:55Il y aura des conséquences psychologiques,
00:46:57il y aura des conséquences en termes
00:46:59de santé, pas seulement pour le
00:47:01coronavirus, pour des personnes
00:47:03âgées, on le voit. Au début,
00:47:05on a soulevé ça
00:47:07et depuis le chiffre,
00:47:09on a demandé la publicité sur les
00:47:11morts dans les EHPAD.
00:47:13Et c'est peut-être important de le dire, je fais une petite parenthèse parce qu'il y a
00:47:15beaucoup de médecins et certains même que l'on parlait dans des
00:47:17Facebook Live sur Brut de dire que
00:47:19ils ont vu même des patients
00:47:21qui étaient là d'habitude pour d'autres pathologies
00:47:23qui avaient disparu et pourtant
00:47:25ils sont toujours là. Bien sûr, bien sûr.
00:47:27Et donc c'est vrai que c'est important, on peut peut-être donner
00:47:29ce conseil pour ceux qui nous regardent parce que c'est ce que certains
00:47:31médecins ont pu dire, il faut toujours consulter,
00:47:33il faut toujours aller prendre les devants.
00:47:35C'est des traitements
00:47:37qui sont importants. Bien sûr, et avec
00:47:39les inégalités sociales, vous savez qu'aujourd'hui
00:47:41le premier département concerné c'est
00:47:43la Seine-Saint-Denis. Donc il est
00:47:45concerné pourquoi ? Parce que c'est là
00:47:47où les inégalités sociales pèsent.
00:47:49Les difficultés
00:47:51sociales pèsent. Et donc
00:47:53vous voyez bien qu'il faut qu'on comprenne pourquoi
00:47:55au fond
00:47:57on ne nous propose qu'une réponse
00:47:59qui porte sur nous-mêmes
00:48:01et sur notre responsabilité.
00:48:03Alors ok, nous sommes
00:48:05observants, nous nous
00:48:07protégeons et nous protégeons les autres. Bien sûr.
00:48:09Nous ne le faisons pas parce que le
00:48:11président nous le demande. Nous le faisons parce
00:48:13que nous savons qu'il faut faire ça,
00:48:15qu'il faut faire les gestes barrières, etc.
00:48:17Ici même à Mediapart, nous avons pris
00:48:19les décisions du confinement et du
00:48:21travail avant qu'Emmanuel
00:48:23Macron l'annonce.
00:48:25Mais, mais, mais
00:48:27du coup, du coup
00:48:29il faut que nous comprenions
00:48:31ce qui s'est passé. Il faut que
00:48:33nous comprenions pourquoi on nous impose
00:48:35cela avec tous les dégâts que
00:48:37cela suppose. Et on ne va pas
00:48:39ajouter en prime le fait
00:48:41de ne plus être des citoyens,
00:48:43de ne plus avoir le droit de comprendre,
00:48:45de questionner, d'interpeller.
00:48:47Rendez-vous
00:48:49compte, le président,
00:48:51il a été interpellé sur le club de Mediapart
00:48:53par des abonnés.
00:48:55Pas de conférence de presse,
00:48:57pas de réponse à des questions.
00:48:59Parce que vous, justement, vous sollicitez,
00:49:01dans vos enquêtes, j'ai pu lire dans vos articles,
00:49:03la dernière enquête,
00:49:05la boîte noire, ce qu'on appelle la boîte noire,
00:49:07elle fait une longueur presque en papier,
00:49:09comme ça. Et ce que vous faites donc,
00:49:11c'est important d'expliquer le travail de journaliste d'investigation aussi,
00:49:13c'est-à-dire que vous, vous faites votre
00:49:15enquête, il y a des sources qui vous envoient,
00:49:17après vous vérifiez, vous contextualisez tout ça,
00:49:19mais en parallèle, vous allez, avec ces documents,
00:49:21chercher auprès des ministères,
00:49:23des cadres. Le contradictoire,
00:49:25c'est une règle essentielle,
00:49:27le contradictoire. Et nous disons,
00:49:29nous envoyons des questions, nous donnons
00:49:31des délais, nous retardons
00:49:33parfois la publication.
00:49:35Et en France, comme par hasard,
00:49:37comme par hasard,
00:49:39qui ne nous répond pas ?
00:49:41L'État.
00:49:43L'Élysée, le ministère,
00:49:45qui ne nous répond pas ?
00:49:47Le ministère de la Santé vous a répondu sur quelques éléments.
00:49:49Lesquels, par exemple ?
00:49:51Il a fait des réponses
00:49:53que nous, on a intégrées, d'ailleurs,
00:49:55à chaque fois, on met ça dans l'onglet prolongé,
00:49:57mais qui ne démentaient pas
00:49:59le caractère factuel de nos révélations.
00:50:01D'ailleurs, le président de la République
00:50:03les a reconnus hier, en disant, oui,
00:50:05il y a eu des retards.
00:50:07Par exemple, des questions qui sont restées sans réponse
00:50:09auprès du ministère de la Santé, et d'autres ?
00:50:11Par exemple, sur ces personnes
00:50:13qui ont proposé
00:50:15d'acheter des masques.
00:50:17On parle des personnes, pour contextualiser,
00:50:19c'est les entreprises françaises qui ont sollicité le ministère.
00:50:21Il y a eu une phrase un peu méprisante
00:50:23disant que c'était
00:50:25des personnes qui se poussaient du col,
00:50:27alors qu'en fait, notamment,
00:50:29ce sont des entreprises qui avaient toutes les habilitations
00:50:31auprès du ministère
00:50:33pour faire ce travail.
00:50:35Mais,
00:50:37comment dire, on a besoin.
00:50:39Là, je voudrais souligner aussi,
00:50:41il n'y a pas que la presse dans un moment comme ça.
00:50:43Il y a le Parlement.
00:50:45Et,
00:50:47le fait qu'on soit aussi dans ce système
00:50:49de la parole présidentielle d'en haut,
00:50:51si on appelle à l'Union
00:50:53face à une crise comme ça,
00:50:55et bien, ce n'est pas simplement
00:50:57je rencontre les chefs de groupe parlementaires
00:50:59et les partis d'opposition
00:51:01pour leur dire ce que j'ai décidé.
00:51:03Ça veut dire que le Parlement doit être actif.
00:51:05Cela a été rappelé par les historiens
00:51:07sur Mediapart.
00:51:09Pendant la guerre de 14-18,
00:51:11et c'est d'ailleurs comme ça que Clémenceau va finalement surgir,
00:51:13le Parlement avait le droit
00:51:15d'intervenir.
00:51:17Le Parlement auditionnait les généraux.
00:51:19Le Parlement les bousculait.
00:51:21Le Parlement mettait en cause
00:51:23leurs décisions.
00:51:25C'est-à-dire que le Parlement, il n'avait pas été mis en congé.
00:51:27Il n'avait pas été mis sous cloche.
00:51:29Et aujourd'hui, c'est ça
00:51:31qu'on devrait avoir. On devrait avoir
00:51:33déjà un travail d'enquête du Parlement.
00:51:35On devrait déjà avoir
00:51:37un rebondissement à partir
00:51:39de nos enquêtes. Il y a une commission d'enquête s'il y a une dizaine de jours
00:51:41sous la présence de Richard Ferrand.
00:51:43Qui essaye déjà.
00:51:45Mais pour moi, ce n'est pas suffisant.
00:51:47Vous voyez bien.
00:51:49Les infos, elles ne viennent pas par le Parlement
00:51:51actuellement. Elles viennent par nous.
00:51:53Elles viennent par notre travail.
00:51:55Je rappelle, si vous écrivez
00:51:57covid19
00:51:59at mediapart.fr,
00:52:01c'est notre adresse
00:52:03pour nous envoyer des informations,
00:52:05des documents,
00:52:07etc. Et depuis,
00:52:09c'est comme ça que nous avons travaillé.
00:52:11covid19 at mediapart.fr
00:52:13Donc,
00:52:15nous faisons
00:52:17ce travail d'alerte
00:52:19en lien avec la société.
00:52:21Grâce à la société.
00:52:23Grâce à sa vigilance.
00:52:25Qu'est-ce que
00:52:27vous concluez un peu de toutes ces enquêtes
00:52:29peut-être ? Parce que c'est vrai que c'est peut-être important
00:52:31de se dire ça. Le recul que vous pouvez peut-être en avoir
00:52:33aujourd'hui, même si le recul, il faudra le prendre
00:52:35peut-être dans quelques semaines, dans quelques mois,
00:52:37et peut-être d'ici là aussi, via d'autres révélations,
00:52:39que vous pourrez faire prochainement.
00:52:41On a parlé de l'impréparation
00:52:43notamment, mais moi,
00:52:45c'est ce que je lis
00:52:47sur toute cette chronologie où vous expliquez
00:52:49le temps très long
00:52:51de la mise en place pour commander des masques,
00:52:53pour utiliser
00:52:55tous les moyens
00:52:57possibles pour avoir un retour rapide
00:52:59de masques chirurgicaux, FFP2,
00:53:01de surblues, etc.
00:53:03Vous voyez bien que
00:53:05cette épidémie est une énigme.
00:53:07Elle pose
00:53:09plein de questions.
00:53:11Une énigme encore médicale,
00:53:13une énigme scientifique,
00:53:15une énigme sur notre monde
00:53:17globalisé.
00:53:19Vous savez qu'on est devant un truc
00:53:21quand même qui est sidérant.
00:53:23On est dans ce monde que l'on nous disait
00:53:25multilatéral, où il y a
00:53:27les Nations Unies, où il y a
00:53:29l'Organisation Mondiale de la Santé,
00:53:31où il y a l'Union Européenne.
00:53:33Et là, c'est comme si, en fait,
00:53:35c'est comme dans une maison, il y a un court-circuit
00:53:37et le disjoncteur fait sauter toute l'électricité.
00:53:39Et là, il y a un virus,
00:53:41l'élément
00:53:43de vie le plus
00:53:45ancestral. Encore une fois,
00:53:47les virus ont précédé
00:53:49l'apparition de l'espèce humaine et
00:53:51ils continueront d'exister le jour où notre espèce
00:53:53disparaîtra.
00:53:55Ça fait disjoncter ce monde.
00:53:57Ce monde,
00:53:59la moitié de l'humanité est
00:54:01immobilisée, est confinée,
00:54:03etc. Donc ça,
00:54:05c'est pas de la responsabilité du pouvoir
00:54:07français, c'est une interpellation
00:54:09globale et ça pose
00:54:11tous ces débats qui ont lieu déjà sur le monde
00:54:13d'après et on pourrait dire que pour le monde
00:54:15d'après, c'est le monde d'aujourd'hui.
00:54:17Ce monde d'après, justement, j'ai envie de solliciter le journaliste,
00:54:19mais aussi je sais que vous avez une parole très libre
00:54:21et on le voit depuis le début de ce direct. Qu'est-ce que vous
00:54:23vous attendez de ce monde d'après ?
00:54:25C'est un monde sur un autre modèle que celui
00:54:27que nous avons aujourd'hui.
00:54:29Il y a eu un très fort article
00:54:31de Romaric Godin sur
00:54:33cet économisme qui a
00:54:35imprégné nos sociétés, cette bulle
00:54:37économique, bulle du profit,
00:54:39bulle de la croissance,
00:54:41bulle de la production.
00:54:43Qu'est-ce qu'on redécouvre à l'occasion d'un moment
00:54:45comme ça ? Les solidarités les plus
00:54:47élémentaires, l'entraide
00:54:49et cette idée que
00:54:51l'important c'est d'abord de
00:54:53vivre correctement, dignement,
00:54:55ce n'est pas cette course.
00:54:57Mais d'abord sur nous-mêmes,
00:54:59ce qui s'invente, vous savez,
00:55:01quand vous voyez ce qui se fait
00:55:03dans les solidarités. Mais en fait,
00:55:05c'est le monde que
00:55:07toutes les luttes récentes appellent
00:55:09de leur vœu, que les gilets jaunes
00:55:11appelaient de leur vœu, que les soignants
00:55:13appelaient de leur vœu, que
00:55:15les gens qui ont
00:55:17fait cet appel avec Oxfam,
00:55:19avec Attac,
00:55:21que les jeunes mouvements sur l'écologie
00:55:23appelaient de leur vœu. Ces idées-là,
00:55:25elles sont dans la société.
00:55:27Elles ne sont pas au pouvoir. C'est ça le problème.
00:55:29Et l'autre élément
00:55:31quand même qui doit
00:55:33nous interpeller, regardez l'Europe.
00:55:35Et c'est terrible.
00:55:37On sait que les virus n'ont pas de frontières.
00:55:39On sait qu'ils attaquent
00:55:41toutes les humanités et donc
00:55:43les humanités sont solidaires.
00:55:45L'Union européenne, on nous a dit,
00:55:47ça doit être le lieu de la solidarité.
00:55:49L'Union européenne, elle arrive à se réunir pendant
00:55:51des heures quand il s'agit de mettre à genoux
00:55:53l'économie de la Grèce, parce qu'elle veut
00:55:55faire des choix économiques qui me déplaisent.
00:55:57Elle se réunit encore
00:55:59la semaine dernière, deux jours, pour faire
00:56:01un plan d'aide à l'économie, insuffisant,
00:56:03bien moins que ce qu'elle a fait pour
00:56:05les banques en 2008. Et elle n'a pas
00:56:07été capable de faire une réunion de crise
00:56:09sur cette pandémie, même si les
00:56:11questions sanitaires ne sont pas dans son portefeuille.
00:56:13Mais en l'occurrence,
00:56:15l'austérité qu'elle a imposée
00:56:17et qui a frappé les hôpitaux en Europe,
00:56:19ne s'en ressort. Donc l'Europe,
00:56:21elle aurait dû se bouger.
00:56:23C'est pas assez bouger,
00:56:25les accords économiques et tout, c'est insuffisant.
00:56:27Il nous faut une autre Europe qui fonctionne
00:56:29autrement. Comme déjà
00:56:31la crise grecque nous le montrait il y a
00:56:33cinq ans, juste au moment
00:56:35du déclenchement du confinement,
00:56:37on a révélé les audio
00:56:39de Yanis Varoufakis.
00:56:41Vous savez, ce ministre des Finances
00:56:43grecque qui avait enregistré
00:56:45ces réunions de l'Eurogroupe, cette boîte
00:56:47noire où sont prises des décisions
00:56:49sur nos économies, et c'était encore
00:56:51le cas la semaine dernière, mais vous savez
00:56:53qu'il n'y a pas de compte rendu ?
00:56:55Vous savez que ça dure parfois des heures et il n'y a pas
00:56:57de compte rendu ? Il n'y a jamais de compte rendu.
00:56:59C'est-à-dire que ce n'est pas transparent.
00:57:01Donc, quel monde nous faut-il ?
00:57:03Eh bien, je vais vous dire tout simplement,
00:57:05il nous faut un monde
00:57:07démocratique. Toujours
00:57:09plus de démocratie. Vous savez,
00:57:11d'Anton, pendant la révolution
00:57:13française, à un moment où elle est assaillie,
00:57:15il dit de l'audace,
00:57:17encore de l'audace,
00:57:19toujours de l'audace. Eh bien,
00:57:21aujourd'hui, nous devons dire de la démocratie,
00:57:23encore de la démocratie,
00:57:25toujours de la démocratie.
00:57:27Ça veut dire pas de pouvoir absolu,
00:57:29pas de présidence qui décide
00:57:31à notre place. Cela veut dire
00:57:33des contre-pouvoirs. Cela veut dire
00:57:35une démocratie vivante, avec une
00:57:37presse indépendante et libre.
00:57:39Cela veut dire tout ce qui
00:57:41fait... Vous savez, on parle
00:57:43de la nature aujourd'hui, car le virus, c'est
00:57:45la nature. Et on
00:57:47se dit, quand même,
00:57:49c'est une réflexion aussi sur
00:57:51la façon dont nous, on se croit
00:57:53très puissant, très puissant.
00:57:55Vous savez que les virus naissent aussi,
00:57:57ces nouveaux virus apparaissent
00:57:59de la transgression des barrières
00:58:01avec certaines espèces animales,
00:58:03dans ce contexte d'extension
00:58:05des villes, les marchés d'animaux
00:58:07vivants en Chine
00:58:09et ainsi de suite, d'animaux sauvages.
00:58:11Alors, pourquoi je vous dis ça ?
00:58:13Qu'est-ce que nous apprend la nature ?
00:58:17Si un de mes organes essentiels,
00:58:19ma tête, mon cœur,
00:58:21tombe,
00:58:23on me coupe la tête et mon cœur
00:58:25explose, je meurs.
00:58:27Une plante, vous lui
00:58:29coupez une branche,
00:58:31vous lui coupez une racine,
00:58:33elle ne meurt pas, elle repousse.
00:58:35Qu'est-ce que nous apprend la nature ?
00:58:37Qu'est-ce que nous apprend les plantes ?
00:58:39Il n'y a pas de centre.
00:58:41Le tout est dans la partie,
00:58:43et la partie est dans le tout, et inversement.
00:58:45Elles nous apprennent l'inverse de la verticalité.
00:58:47L'homme a trop conçu,
00:58:49et ça lui a réussi, parce que Dieu sait
00:58:51s'il a été une puissance,
00:58:53une puissance qui s'est imposée
00:58:55à la nature, mais il a vu le monde
00:58:57à sa façon. Le cerveau,
00:58:59tout en haut, et la verticalité.
00:59:01Que nous apprend la nature ?
00:59:03L'horizontalité.
00:59:05Le dialogue. Le tremblement.
00:59:07Le sentiment
00:59:09de la fragilité.
00:59:11Le sentiment de l'entraide.
00:59:13On appelle ça même
00:59:15la timidité des plantes.
00:59:17Dans les forêts tropicales,
00:59:19on voit un arbre pousser,
00:59:21et on voit que ses branches
00:59:23se débrouillent pour laisser un espace
00:59:25entre les branches d'un autre arbre.
00:59:27C'est-à-dire que
00:59:29les plantes, nous devons apprendre
00:59:31d'elles dans une écologie
00:59:33du politique.
00:59:35Je termine juste ce que je voulais vous dire.
00:59:37La leçon de cette épidémie,
00:59:39c'est qu'il nous faut sortir des logiques
00:59:41de puissance, de domination,
00:59:43de pouvoir, de verticalité,
00:59:45d'omniscience,
00:59:47d'une science qui, parfois, peut se tromper,
00:59:49d'omnipuissance
00:59:51de pouvoir politique
00:59:53qui, parfois, peuvent s'égarer.
00:59:55Une ou deux questions avant de conclure ce live.
00:59:57Justement, il y a beaucoup de personnes qui réagissent
00:59:59par rapport à l'Union Européenne. C'est vrai qu'on a pu voir, par exemple,
01:00:01en Italie, en Espagne,
01:00:03certains commentaires de personnes de se dire qu'on est abandonnés
01:00:05par l'Union Européenne. D'un autre côté,
01:00:07on a vu en France, parfois, des patients
01:00:09pris en charge par d'autres pays européens.
01:00:11Et puis, on a aussi, par exemple,
01:00:13Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, qui, la semaine dernière,
01:00:15disait « Excellent accord entre
01:00:17ministres des Finances européens sur la réponse économique
01:00:19au coronavirus. 500 milliards d'euros disponibles
01:00:21immédiatement. » Qu'est-ce qu'on peut faire
01:00:23un peu comme analyse de tout ça ? D'un côté,
01:00:25on peut avoir, d'un point de vue politique, de dire « Bon, on voit
01:00:27qu'il y a, par exemple, 500 milliards, on peut se dire
01:00:29que c'est peut-être très bien. Je ne sais pas, qu'est-ce que vous en pensez,
01:00:31vous ? » Et puis, d'un autre, peut-être la montée du nationalisme
01:00:33dans certains pays.
01:00:35Sur la réunion de l'Eurogroupe,
01:00:37justement, la semaine dernière,
01:00:39les chiffres annoncés sont dérisoires.
01:00:41Encore une fois, j'ai oublié les chiffres,
01:00:43je ne sais plus si c'est combien de milliards,
01:00:45mais les aides aux banques
01:00:47aux moments de la crise
01:00:49de 2008 étaient bien supérieures.
01:00:51Et des aides aux banques pour que tout
01:00:53reparte comme avant.
01:00:55Donc, c'est évidemment insuffisant.
01:00:57Alors, évidemment,
01:00:59vous avez raison, qu'est-ce qui est
01:01:01le risque de cette pandémie ?
01:01:03Ce n'est pas qu'il y a un monde d'après-nouveau,
01:01:05c'est qu'il y a un monde bien pire,
01:01:07et que tout reparte comme avant. De l'autoritarisme,
01:01:09car, vous savez,
01:01:11certains pouvoirs politiques,
01:01:13ils prennent goût à nous confiner.
01:01:15Regardez comment M. Orban
01:01:17a fait passer des textes
01:01:19d'exception, et y compris
01:01:21l'état d'exception sanitaire actuel
01:01:23rejoint l'état d'exception policier
01:01:25que l'on a vu dans notre pays
01:01:27ces dernières années. Le symbole
01:01:29de ce préfet de police qui dit
01:01:31si vous allez mourir du coronavirus,
01:01:33c'est parce que vous êtes un citoyen pas sage.
01:01:35Il avait dit exactement, ceux qui se trouvent
01:01:37en réanimation aujourd'hui sont ceux qui...
01:01:39Qui n'ont pas respecté.
01:01:41C'est indigne, mais ça dit bien ça.
01:01:43Ça dit bien, nous, nous avons le pouvoir
01:01:45face à un peuple
01:01:47qui est un peuple infantilisé,
01:01:49qui est un peuple que nous surveillons,
01:01:51qui est un peuple
01:01:53dont nous nous méfions.
01:01:55Et donc, il y a le risque
01:01:57de l'autoritarisme, il y a le risque
01:01:59du productivisme, tout repartir comme avant,
01:02:01la production a baissé,
01:02:03le PIB a baissé, donc
01:02:05il faut retrousser vos manches, donc du coup,
01:02:07ne revendiquez pas, ne faites pas grève,
01:02:09et encore plus de travail.
01:02:11Et vous avez vu que le patron du Medef
01:02:13a parlé de remettre en cause les congés,
01:02:15les RTT, et ainsi de suite,
01:02:17alors qu'au contraire, tout le monde souffre.
01:02:19Et ceux qui souffrent, c'est d'abord les plus démunis,
01:02:21et troisièmement,
01:02:23il y a le risque
01:02:25du nationalisme, il y a le risque
01:02:27du chacun pour soi, il y a
01:02:29le risque d'oublier, non seulement
01:02:31l'interdépendance
01:02:33des humanités, mais le fait
01:02:35que dans un moment actuel,
01:02:37où nous pensons à notre prochain,
01:02:39nous devons comprendre que le prochain
01:02:41c'est aussi lointain. Vous savez,
01:02:43l'infirmière qui restait auprès
01:02:45de Boris Johnson, et qui l'a sauvée
01:02:47dans l'hôpital,
01:02:49elle venait d'où ? D'Inde.
01:02:51Et il l'a dit dans sa déclaration.
01:02:53Et l'autre infirmière,
01:02:55de Nouvelle-Zélande. Vous savez
01:02:57qu'il y a des médecins qui ont proposé leur
01:02:59service, ici en France,
01:03:01qui ont une situation d'irrégularité
01:03:03parce que ce sont des migrants.
01:03:05Qu'a fait le Portugal ?
01:03:07Et que demande
01:03:09un nombre de parlementaires,
01:03:11je crois qu'ils sont presque 150,
01:03:13de tout groupe, y compris Dans Marche.
01:03:15C'est des régularisations, des sans-papiers.
01:03:17Le Portugal l'a fait.
01:03:19Le Portugal l'a fait.
01:03:21Ce qui se passe
01:03:23dans
01:03:25les centres de rétention,
01:03:27dans les centres de rétention,
01:03:29les Tindignes, des personnes qui sont
01:03:31en rétention parce que
01:03:33on considère qu'elles sont en séjour
01:03:35irrégulier, on les confine
01:03:37là, dans des clusters,
01:03:39mais on peut tout à fait, c'est pareil,
01:03:41la situation des prisons,
01:03:43la situation des prisons qui est
01:03:45trop oubliée. Et donc, dans ces
01:03:47moments-là, l'humanité,
01:03:49l'humanité dans un moment comme ça,
01:03:51l'humanisme, c'est de penser au plus
01:03:53fragile. Et le plus fragile,
01:03:55il est toujours, il y a
01:03:57toujours plus fragile que nous. C'est cette
01:03:59solidarité qui doit prévaloir.
01:04:01Et si, en revanche, ça fait renaître
01:04:03les égoïsmes, et notamment les
01:04:05égoïsmes nationaux, et bien les égoïsmes
01:04:07nationaux iront avec l'autoritarisme
01:04:09et ils iront
01:04:11avec, évidemment, des logiques
01:04:13au service d'intérêts sociaux
01:04:15minoritaires, d'intérêts économiques,
01:04:17du productivisme, encore une fois.
01:04:19Il y a des questions sociales qui se posent énormément. On l'a vu,
01:04:21bon, juste avant, ça peut paraître une éternité
01:04:23dans la période qu'on vit actuellement, où tout est à l'arrêt, au ralenti.
01:04:25Il y a quelques mois, il y avait
01:04:27la grève contre la réforme des retraites. On a eu
01:04:29le mouvement des gilets jaunes en novembre 2018.
01:04:31Comment vous voyez l'après d'un point de vue
01:04:33social ? Certaines personnes
01:04:35craignent ou espèrent, ça dépend où ils se positionnent,
01:04:37que ça bouge après, qu'il y ait
01:04:39peut-être des soulèvements ici et là.
01:04:41Nous avons une règle à Mediapart.
01:04:43Nous ne prédisons
01:04:45pas l'avenir.
01:04:47Un journaliste ne doit pas prédire l'avenir.
01:04:49Parce qu'il y a de l'inattendu,
01:04:51de l'improbable. Vous savez, qui aurait prédit
01:04:53il y a deux ans, quand on faisait cet
01:04:55entretien avec Emmanuel Macron,
01:04:57avec Jean-Jacques Bourdin,
01:04:59où notre première question, je lui dis, votre
01:05:01mouvement, vous n'auriez pas dû l'appeler En Marche,
01:05:03mais En Force, car
01:05:05vous passez en force. Et on a vu comment
01:05:07la suite l'a totalement
01:05:09prouvé. À l'époque,
01:05:11on ne pouvait pas penser que les
01:05:13gilets jaunes allaient surgir. Mais les gilets jaunes,
01:05:15ils sont surgis de cet En Force.
01:05:17Il y avait eu un espoir, et finalement,
01:05:19c'est dû En Force, la société s'est prise en charge.
01:05:21Et des gens se sont mis
01:05:23au carrefour pour se prendre en charge
01:05:25et inventer de nouvelles solidarités.
01:05:27Qui aurait prédit que ce monde
01:05:29dont nous disions qu'il allait dans le mur
01:05:31par trop d'inégalités,
01:05:33trop d'injustices, trop de spéculations,
01:05:35trop de richesses détournées,
01:05:37allait être mis à l'arrêt, l'an 0,
01:05:390-1, quelque part,
01:05:41par un virus, par une pandémie,
01:05:43et pas par une crise financière,
01:05:45et pas par une crise
01:05:47d'une autre nature. On ne l'aurait pas prédit.
01:05:49Donc il faut être disponible à l'événement.
01:05:51Je ne sais pas de quoi sera fait
01:05:53demain. Je sais juste une chose,
01:05:55c'est que si nous voulons
01:05:57éviter qu'il soit fait du pire,
01:05:59qu'il soit fait d'encore plus
01:06:01graves, d'encore plus
01:06:03de malheurs, d'inégalités,
01:06:05d'injustices, eh bien
01:06:07il faut nous en occuper
01:06:09nous-mêmes. Il ne faut pas
01:06:11déléguer, il ne faut pas déléguer
01:06:13et encore moins déléguer à
01:06:15un seul, dans cette vision
01:06:17archaïque, monarchique,
01:06:19césariste,
01:06:21impérial
01:06:23du pouvoir, eh bien non.
01:06:25Il faut se prendre en charge
01:06:27collectivement, il faut
01:06:29inventer collectivement
01:06:31cet avenir. De ce point de vue,
01:06:33nous, journalistes à Mediapart,
01:06:35nous sommes au service de,
01:06:37j'allais dire, ces causes communes
01:06:39d'une humanité
01:06:41où nous sommes tous égaux
01:06:43en droit. Pour conclure cela,
01:06:45il y a peut-être un point important à aborder,
01:06:47c'est celui du tracking évoqué.
01:06:49On parle notamment de cette idée d'une application,
01:06:51dans des termes qui restent encore à préciser
01:06:53et qui devraient notamment être débattus au Parlement,
01:06:55d'une application qui
01:06:57permettrait de savoir si on était en contact
01:06:59avec telle ou telle personne qui aurait été
01:07:01porteur du virus. On sait que ça pose
01:07:03aussi des questions sur les libertés individuelles,
01:07:05etc. Et je sais que c'est des sujets sur lesquels
01:07:07nous nous l'avons documenté et nous sommes
01:07:09évidemment très réservés.
01:07:11C'est quoi la nuance et qu'est-ce que
01:07:13vous documentez exactement ?
01:07:15On documente, parce que là, vraiment, il n'y a pas
01:07:17de scoop, on documente vraiment...
01:07:19Et d'ailleurs, dans ce moment-là,
01:07:21il y a beaucoup d'investigations en source
01:07:23ouverte. La chronologie que je vous ai faite,
01:07:25elle était en source ouverte. La disparition
01:07:27de la conseillère à l'Élysée,
01:07:29il se trouve que c'est Mediapart qui a mis
01:07:31ça en scène.
01:07:33Et c'est là où on voit qu'on a une presse
01:07:35qui, parfois, et des médias
01:07:37qui sont trop dans la communication et qui ne font
01:07:39pas assez ce travail de documentation.
01:07:41En l'occurrence,
01:07:43je veux dire, ce fichage...
01:07:45Juste la petite parenthèse, source ouverte,
01:07:47ça veut dire des informations qui sont publiées ?
01:07:49Il suffit de bien les mettre en scène, de bien
01:07:51recouper, de faire un puzzle.
01:07:53L'investigation, c'est parfois un puzzle.
01:07:55Et l'enquête, vous rajoutez des éléments qui, là, sont vos propres
01:07:57sources. Et le puzzle, c'est, vous savez,
01:07:59vous mettez des pièces bout à bout et tout d'un coup, ça fait une image.
01:08:01Et l'image fait sens.
01:08:03Mais, en l'occurrence,
01:08:05sur
01:08:07cette utilisation de la révolution
01:08:09digitale et numérique pour
01:08:11un fichage généralisé qui, d'ailleurs,
01:08:13est en grande part pratiqué par
01:08:15les GAFA, c'est la question
01:08:17de la protection des données personnelles,
01:08:19et évidemment que nous sommes réticents.
01:08:21Je crois qu'il faut défendre
01:08:23la part d'opacité de chaque individu.
01:08:25Ce n'est pas seulement défendre la vie privée.
01:08:27C'est défendre
01:08:29le fait que nous ne devons pas être
01:08:31totalement transparents pour l'État.
01:08:33C'est très dangereux, ça.
01:08:35Parce que, vous savez, quand on
01:08:37perd une liberté, quand l'État
01:08:39a réussi à vous enlever
01:08:41une liberté, eh bien,
01:08:43il faut des révolutions
01:08:45sacrément difficiles pour
01:08:47arriver à la reconquérir.
01:08:49L'État, c'est un
01:08:51enzyme gluton.
01:08:53Quand il peut
01:08:55nous enlever des libertés,
01:08:57il le fait. Et regardez
01:08:59ce qui s'est passé depuis dix ans. Regardez
01:09:01comment on a commencé à mettre en cause
01:09:03le droit de manifester, qui est un droit fondamental,
01:09:05le droit de se réunir,
01:09:07le droit de s'exprimer,
01:09:09le droit de
01:09:11s'exprimer au risque de dire des bêtises,
01:09:13mais l'important, c'est que
01:09:15voilà, on a des droits fondamentaux. Après,
01:09:17c'est la justice qui arbitre. Regardez
01:09:19comment des décisions ont été prises dans
01:09:21cette dernière période. Je pense notamment aux
01:09:23prisonniers. Une simple circulaire
01:09:25de la Garde des Sceaux a décidé
01:09:27que l'on pouvait faire passer
01:09:29la détention provisoire de trois mois
01:09:31à six mois, sans audience,
01:09:33sans juge,
01:09:35sans contradictoire,
01:09:37sans avocat. Des gens
01:09:39qui sont en détention provisoire, c'est-à-dire pas jugés.
01:09:41On ne sait pas s'ils vont peut-être
01:09:43être relaxés. Eh bien, hop,
01:09:45on décide de continuer
01:09:47à remplir les prisons, au lieu de dire
01:09:49l'inverse. Ça a
01:09:51bouleversé. Et les
01:09:53ordres des avocats ont protesté. Je ne sais pas
01:09:55d'ailleurs si cette mesure a été
01:09:57revue depuis, peut-être.
01:09:59Mais vous voyez bien comment
01:10:01il y a une façon de décider
01:10:03à notre place qui est, encore
01:10:05une fois, autoritaire,
01:10:07verticale,
01:10:09et qui est... Vous savez, il a
01:10:11essayé de dire autre chose hier, Emmanuel
01:10:13Macron, en nous parlant
01:10:15de manière subliminale du
01:10:17programme du Conseil National de la Résistance.
01:10:19Il a parlé des jours heureux. C'était
01:10:21le titre, en clandestinité,
01:10:23de ce manifeste du CNR
01:10:25entre communistes, gaullistes
01:10:27et toutes sortes d'autres résistants.
01:10:29Il nous a parlé de l'article
01:10:31premier de la Déclaration des Droits de l'Homme
01:10:33en disant, au fond,
01:10:35le premier mérite, c'est celui de son talent
01:10:37et pas celui de la richesse, de la fortune,
01:10:39etc. Il nous a
01:10:41dit qu'il allait devoir, lui le
01:10:43premier, se remettre en cause. Mais tout ça, ce ne sont
01:10:45que des mots. Ce ne sont que des mots.
01:10:47Et pour que nous retrouvions
01:10:49confiance, il faut d'abord dire
01:10:51toute la vérité sur les
01:10:53erreurs passées et il faut surtout
01:10:55changer de logiciel. On ne peut pas
01:10:57être suspendu à cette parole
01:10:59présidentielle qui décide tout seul,
01:11:01qui décide à notre place
01:11:03et qui décide sans qu'on sache
01:11:05comment il a décidé.
01:11:07Deux informations, justement, pour conclure ce live.
01:11:09Pour revenir sur les propos d'Emmanuel Macron hier,
01:11:11il faut savoir que Christophe Castaner, ce matin, a déclaré
01:11:13à son confrère de France Inter, ce qu'a annoncé le président,
01:11:15ce n'est pas le déconfinement le 11 mai,
01:11:17c'est le confinement jusqu'au 11 mai.
01:11:19C'est un objectif, pas une certitude.
01:11:21Et Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale,
01:11:23qui s'est exprimé chez son confrère de France 2
01:11:25ce matin, disait que la rentrée
01:11:27le 11 mai ne serait pas
01:11:29obligatoire et pas pour tout le monde
01:11:31en même temps. Donc ça, c'est important.
01:11:33Bien sûr, mais on est au cœur.
01:11:35Emmanuel Macron
01:11:37se croit au théâtre.
01:11:39Il a pris un costume, qui est le costume de président,
01:11:41et il prépare une intervention
01:11:43comme celle-ci, presque une demi-heure,
01:11:45comme une performance théâtrale.
01:11:47Et le théâtre,
01:11:49ce n'est pas la sincérité.
01:11:51Le théâtre,
01:11:53c'est un jeu. Mais ce n'est pas un jeu
01:11:55d'être président.
01:11:57Ce n'est pas ce narcissisme.
01:11:59Ce n'est pas
01:12:01cette façon
01:12:03d'endosser
01:12:05un rôle
01:12:07de composition.
01:12:09Ce n'est pas ça qu'on attend.
01:12:11Et,
01:12:13sincèrement,
01:12:15vraiment,
01:12:17vous savez, ceux et celles
01:12:19qui suivent Mediapart savent que nous,
01:12:21on a toujours refusé ce pouvoir personnel
01:12:23sous toute présidence.
01:12:25Et ceux qui ont fondé Mediapart
01:12:27savent depuis longtemps,
01:12:29depuis d'autres présidences,
01:12:31c'est un crève-cœur qui désarme
01:12:33la démocratie française.
01:12:35Mais là, on est encore une fois arrivés au bout.
01:12:37Et tout ce que nous décrivons
01:12:39nous montre encore une fois qu'on doit sortir de ça.
01:12:41On ne peut plus continuer dans ce système.
01:12:43Et si on continue dans ce système,
01:12:45on va donner la main
01:12:47à des versions encore pires de ce système.
01:12:49Je le redis, encore plus
01:12:51autoritaires, encore plus
01:12:53nationalistes, encore
01:12:55plus verticales,
01:12:57encore plus injustes.
01:12:59Et, vraiment,
01:13:01s'il y a quelque chose à faire
01:13:03dans ce moment où nous sommes
01:13:05confinés, mais où nous pouvons nous parler,
01:13:07communiquer,
01:13:09c'est dès maintenant,
01:13:11comme on le fait sur le terrain,
01:13:13dans les entraides
01:13:15entre
01:13:17travailleurs,
01:13:19entre soignants, entre habitants,
01:13:21etc.,
01:13:23c'est retrouver
01:13:25ce monde
01:13:27des solidarités
01:13:29qui est, encore une fois,
01:13:31la leçon la première de la nature.
01:13:33La nature, ce n'est pas la compétition,
01:13:35ce n'est pas cette version du
01:13:37darwinisme qui est une version
01:13:39idéologique tirée de
01:13:41la science de Darwin
01:13:43qui a été un des premiers naturalistes
01:13:45importants.
01:13:47Non, au contraire, la leçon
01:13:49de la nature, c'est l'entraide.
01:13:51C'est l'entraide, la leçon des plantes,
01:13:53de la nature qui est
01:13:55la plus ancienne,
01:13:57celle qui a précédé
01:13:59nos espèces animales
01:14:01et humaines, c'est l'entraide.
01:14:03On ne s'en sort que par l'entraide,
01:14:05on ne survit que
01:14:07par l'entraide, on ne progresse
01:14:09que par l'entraide
01:14:11et c'est vraiment ce que
01:14:13l'on doit retrouver.
01:14:15Merci en tout cas Edwin, merci d'avoir répondu à mes questions.
01:14:17On a parlé de beaucoup de choses, on a parlé justement de
01:14:19vos enquêtes qu'on peut retrouver sur le site de
01:14:21Mediapart, qui était en accès libre le
01:14:23week-end dernier, mais qu'on peut aussi s'abonner.
01:14:25Comme chaque année, on a fait une opération
01:14:27porte ouverte, mais je rappelle
01:14:29qu'on n'est pas derrière un mur payant, alors pourquoi
01:14:31on est sur l'abonnement ? Je le dis,
01:14:33nous on ne vit que du soutien
01:14:35de nos abonnés, il n'y a pas de publicité,
01:14:37on n'a pas de fil à la patte, comme on dit
01:14:39en rigolant, seuls nos lecteurs
01:14:41peuvent nous acheter, il n'y a pas
01:14:43de mécènes qui nous financent, on n'a
01:14:45même pas d'actionnaire, on ne touche pas
01:14:47de subvention, on refuse de toucher de
01:14:49subvention étatique, bref, on est
01:14:51totalement indépendant et ce n'est pas très cher,
01:14:53d'où
01:14:55Mediapart aujourd'hui est
01:14:57à un tarif qui est
01:14:59vraiment
01:15:01incomparable, vous avez 12 ans
01:15:03de Mediapart
01:15:05pour soit simplement 11 euros
01:15:07par mois, soit 5 euros
01:15:09s'il y a même un abonnement,
01:15:11si vous n'avez pas les moyens de payer
01:15:1311 euros par mois de 5 euros, je dis ça
01:15:15pas pour faire une page de publicité,
01:15:17mais pour expliquer pourquoi ce modèle,
01:15:19pour faire ce travail-là,
01:15:21ce travail indépendant.
01:15:23Et je redis,
01:15:25il n'y a pas un mur le payant, si vous êtes
01:15:27abonné à Mediapart, vous pouvez partager
01:15:29autant d'articles que vous voulez auprès
01:15:31d'autant d'amis que vous voulez, vous pouvez leur offrir
01:15:33des articles, vous pouvez
01:15:35parrainer vos amis pour qu'ils aient un
01:15:37accès libre à Mediapart,
01:15:39beaucoup de contenu de Mediapart,
01:15:41les résumés de nos articles, toutes les contributions
01:15:43de nos abonnés sont en accès libre,
01:15:45bref, Mediapart n'est pas
01:15:47enfermé dans une muraille, Mediapart
01:15:49est un journal participatif,
01:15:51est un journal au service, encore une fois,
01:15:53de la société, un journal que
01:15:55ses abonnés ont le droit de critiquer, de
01:15:57contester, de discuter,
01:15:59de bousculer, bref,
01:16:01on essaye d'appliquer
01:16:03dans notre travail ce que
01:16:05nous reprochons au pouvoir
01:16:07parfois de ne pas faire.
01:16:09On vous remercie en tout cas Edwi Penel
01:16:11et puis on remercie toutes les personnes qui ont suivi ce live,
01:16:13on vous a proposé un live comme on peut le faire depuis
01:16:15des années, mais aussi depuis le début
01:16:17de cette crise sanitaire, à la rencontre
01:16:19de médecins, de politiques, de journalistes aussi,
01:16:21comme c'est le cas avec Edwi Penel aujourd'hui, qui est cofondateur
01:16:23à Mediapart, pour parler de cette
01:16:25enquête qu'ils ont révélée ces derniers jours
01:16:27sur la gestion des masques. Pour ceux qui
01:16:29sont arrivés en cours de live, vous pourrez voir le replay.
01:16:31Ces interviews en live, on va continuer de vous les proposer,
01:16:33que ce soit les médecins, que ce soit ceux
01:16:35qui sont aussi à la gestion de cette crise,
01:16:37on parlait notamment de l'extrait du live
01:16:39qu'on avait pu faire avec Olivier Véran, le ministre de la Santé,
01:16:41on continuera d'essayer d'aller à la rencontre
01:16:43d'autres ministres, d'autres politiques, pour qu'ils
01:16:45puissent nous donner leur
01:16:47vision de cette crise, sur la sortie de crise,
01:16:49sur la suite aussi, parce qu'on est encore
01:16:51en plein dedans, et on le voit encore avec les bilans
01:16:53dramatico-quotidiens, les politiques aussi
01:16:55d'opposition, qu'on va aussi aller voir
01:16:57dans les prochains jours, dans les prochaines semaines,
01:16:59pour aller voir leur avis, leur avis sur ce qui se passe maintenant,
01:17:01mais aussi sur la suite.
01:17:03La suite, c'est aussi l'occasion,
01:17:05vous pouvez faire vos feedbacks, vos retours,
01:17:07vos idées, vos critiques, vos suggestions de direct,
01:17:09vous avez les messages privés de la page
01:17:11Facebook de Brut, vous avez mon
01:17:13profil en description de ce live,
01:17:15qui est juste au-dessus, vous pouvez envoyer vos messages,
01:17:17vos retours, pour pouvoir nous dire
01:17:19ce qui vous plaît, ce qui vous plaît pas, quelles questions
01:17:21on aurait pu poser, sur quelles thématiques vous souhaitez
01:17:23qu'on aborde dans les prochains jours, dans les prochaines heures,
01:17:25donc n'hésitez pas, en tout cas, vos retours sont
01:17:27extrêmement précieux pour nous,
01:17:29pour construire cette forme de journalisme interactive,
01:17:31comme celle qu'on a pu faire sur ce direct,
01:17:33en prenant en compte vos commentaires,
01:17:35en rebondissant dessus, comme j'ai essayé de le faire
01:17:37du mieux possible durant ce direct,
01:17:39et on essaiera de continuer à le faire
01:17:41dans les prochains jours. J'allume notamment
01:17:43Claude Fruchet,
01:17:45Paul, qui sont la programmation à Brut, et qui travaillent
01:17:47au quotidien, pour qu'on puisse avoir plein de personnes
01:17:49très différentes, qui puissent nous exposer
01:17:51les choses, on espère dans les prochaines heures, dans les prochains jours
01:17:53avoir un nouveau médecin, chef de service,
01:17:55qui puisse un peu nous faire un point sur la situation
01:17:57et sur les annonces du Président de la République,
01:17:59d'un point de vue médical, parce que c'est important
01:18:01de pouvoir en parler, le lendemain,
01:18:03les mesures qui ont été annoncées, quelle est
01:18:05la réaction d'un point de vue médical sur tout cela,
01:18:07et bien on essaiera, bien évidemment,
01:18:09d'en reparler dans les prochaines heures, et dans les prochains
01:18:11jours, en direct, et via les sujets
01:18:13préparés par la rédaction. Maïs Brut également,
01:18:15je vous en parle, on vous mettra le lien dans les commentaires,
01:18:17c'est la lettre d'information que vous pouvez recevoir
01:18:19tous les jours sur vos boîtes mail,
01:18:21vous renseignez juste votre mail, et tous les jours,
01:18:23en fin de journée, nous venons vers vous avec toutes nos publications
01:18:25sur le coronavirus, mais pas que,
01:18:27pour vous informer, pour vous donner tous les éléments
01:18:29sur cette crise sanitaire, et sur le reste
01:18:31de l'actualité, parce que le monde, même s'il s'est
01:18:33arrêté en partie, n'est pas arrêté totalement,
01:18:35et il se passe certaines choses, et on essaye aussi
01:18:37de vous en parler avec toute la rédaction qui vous
01:18:39prépare ces sujets. Donc un grand merci
01:18:41à vous, le replay de ce live, tout de suite,
01:18:43dès que j'appuie sur le bouton terminer, vous pourrez voir le replay,
01:18:45parce que pour beaucoup, vous arrivez en cours de live,
01:18:47et vous n'avez pas forcément, vous dites, ben voilà, j'ai loupé
01:18:49le reste, on n'a pas abordé tel ou tel sujet,
01:18:51beaucoup des sujets que vous évoquez maintenant,
01:18:53on les a abordés dans le live précédemment, donc le replay
01:18:55tout de suite, je pense qu'on mettra aussi le live
01:18:57sur Youtube, en archivage aussi,
01:18:59donc voilà, très très bonne journée à vous,
01:19:01prenez soin de vous et de vos proches, on ne le répétera
01:19:03jamais assez, surtout dans ces périodes-là,
01:19:05et puis encore, un grand merci à vous,
01:19:07Monsieur Plenel, pour ce direct, et d'avoir
01:19:09consacré du temps à Brut, pour revenir sur cette enquête
01:19:11qu'on a évoquée dans ce live, et que vous pouvez retrouver sur
01:19:13Mediapart.fr. Très bonne journée
01:19:15à tous et à toutes, et à très bientôt, ciao !

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