"Il n'y a pas besoin de payer des livreurs comme des merdes pour monter une entreprise qui est viable."
Pendant ce temps-là à Bordeaux, ces anciens livreurs Deliveroo et Uber Eats ont monté leur coopérative.
Pendant ce temps-là à Bordeaux, ces anciens livreurs Deliveroo et Uber Eats ont monté leur coopérative.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Avant, j'attendais qu'un patron quasi imaginaire, mais ultra présent, m'envoie une livraison de tacos pour gagner 4 euros.
00:06Et aujourd'hui, je suis coopérateur d'une entreprise qui porte les valeurs qu'on a créées avec mes collègues.
00:14C'est pas la même.
00:16Il y a trois ans, Arthur était livreur pour des livroux à Bordeaux.
00:19Il faisait partie des premiers coursiers de la plateforme à se syndiquer.
00:24Et pendant ce temps-là, excédé par ses conditions de travail,
00:28il a décidé de monter, avec d'autres coursiers, une coopérative de livreurs à vélo, les Coursiers Bordelais.
00:35Qu'est-ce qui te différencie des coursiers à vélo traditionnels ?
00:40Je suis salarié.
00:43Et de manière un peu paradoxale, maintenant je suis vraiment indépendant.
00:47Donc en gros, nous, on travaille pour nous.
00:49C'est une coopérative qu'on a montée avec des collègues qui travaillaient à Deliveroo, Uber, etc.
00:56Et on a monté cette coopérative, ce qui fait que maintenant, c'est vraiment notre entreprise.
01:00C'est une alternative.
01:01En gros, vraiment, on est là pour dire qu'il n'y a pas besoin de payer des livreurs comme des merdes
01:06en contournant le droit du travail pour monter une entreprise qui est viable.
01:10On est une alternative, mais on comprend bien que ce n'est pas nous qui allons détruire l'uberisation.
01:15Mais montrer que c'est possible de le faire autrement, c'est assez important.
01:19Ils ont créé leur entreprise en 2018.
01:21Aujourd'hui, ils sont cinq, bientôt six.
01:23On est tous en CDU, oui.
01:25Ils assurent tout type de livraison, du médical à l'alimentaire.
01:28Comme toute coopérative, l'entreprise appartient à ses salariés.
01:31Ils ont donc tous le même statut et se partagent les différentes tâches de gestion de l'entreprise.
01:36On a réussi à dégager du temps pour qu'il y ait un poste, normalement,
01:39quelqu'un qui est derrière l'ordinateur et qui va faire toutes les tâches administratives.
01:42Mais ça, en fait, on le fait tourner toutes les semaines.
01:45Donc au lieu de faire ça entre deux courses quand j'ai le temps, je fais ça une semaine sur cinq.
01:48Les coursiers bordelais se payent un peu plus que le SMIC.
01:51Ils sont en CDI, ont une mutuelle et des congés payés.
01:54Quand ils étaient auto-entrepreneurs pour Deliveroo ou Uber Eats,
01:57ils n'avaient rien de tout ça.
01:59Là, on est dans notre local.
02:02Ce n'est pas encore un bureau, mais c'est notre local, quoi.
02:07Salut !
02:08Salut !
02:10C'est là où il y a la plupart de nos vélo-cargos.
02:13On stocke des trucs, quoi, qu'on livre en ville après.
02:17Pour Clément, le cadet des coursiers bordelais, le changement est drastique.
02:21J'arrive à recommencer à vivre.
02:22Plus aucun stress, comme il disait tout à l'heure, par rapport au timing de faire les courses.
02:28J'ai un salaire fixe.
02:29Je sais que pareil, si demain je me fais mal, je continuerai à toucher quelque chose.
02:35Donc plus cette pression-là de se dire, si je tombe, je n'aurai plus rien.
02:39Psychologiquement, je n'ai plus aucun souci à me faire.
02:43C'était le travail d'Uber Eats.
02:46C'est plus une souffrance psychologique.
02:48C'est pour ça aussi que j'ai cherché à quitter au plus vite les plateformes,
02:52parce que je n'y arrivais plus.
02:54Après le Covid, j'ai été à deux blocs craqués.
02:56Et aujourd'hui, vraiment, je suis heureux.
03:00Pour moi, le travail, c'est très important dans la vie.
03:04Si je n'étais pas heureux, je n'arriverais pas dans ce cas-là.
03:08Comme plusieurs coopératives en Europe, les coursiers bordelais ont adhéré à CoopCycle.
03:13C'est une association française qui aide des livreurs à créer leur coopérative
03:16et leur met à disposition une application de gestion de livraison.
03:20C'est un peu compliqué d'aller sur le créneau des plateformes comme Deliveroo ou Uber,
03:25puisqu'ils ont rendu le marché un peu débile.
03:26Mais on est en train de le faire, via la plateforme CoopCycle justement.
03:31On est en train d'incorporer de plus en plus de restaurateurs
03:34qui sont soit de base contre le projet Deliveroo ou Uber
03:38et qui n'ont jamais pris les tablettes pour passer les commandes via eux,
03:42soit des gens qui en sont dégoûtés.
03:45Les plateformes prennent entre 25 et 35 % de ce que les restaurateurs font avec leurs mains.
03:51Et vous pourriez offrir un autre modèle que celui-là ?
03:55Nous, on considère que notre travail de livraison,
03:58il est le même, peu importe le prix de ce qu'on transporte.
04:02On est rentable, oui.
04:04La société, les coursiers bordelais, on est rentable.
04:08On a tous pris un coup comme tout le monde pendant le confinement.
04:13Mais au final, on s'en est relevé sans faire de prêts.