En politique, tandis que les hommes s’habillent en costume, pour les femmes, c’est compliqué… Pour Brut, Sophie Lemahieu explique pourquoi.
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00:00Chez les hommes politiques, c'est très simple,
00:02vous portez un costume-cravate,
00:04quoiqu'aujourd'hui la question de la cravate est un peu plus compliquée.
00:06Pour une femme politique, ce n'est pas le cas,
00:08pour plusieurs raisons aujourd'hui.
00:10On a un vaste choix pour se vêtir,
00:13mais pas une tenue spécifique qui est considérée
00:16comme la tenue digne et élégante.
00:20Ce qui se passe aussi, c'est que les hommes en France
00:22sont en politique depuis bien plus longtemps que les femmes,
00:24donc il y a un vrai habitus qui s'est créé,
00:27il y a une coutume du vêtement.
00:28Pour les femmes qui arrivent plus tard en politique,
00:32tout est à créer.
00:33Il y avait donc beaucoup de femmes à la tête de partie
00:36en lice pour les élections,
00:39et finalement presque toutes avec la même manière de s'habiller
00:43pour éviter les commentaires.
00:45On adopte le tailleur pantalon qui nous évite tout risque,
00:48en tout cas on adopte la veste qui donne cette image sérieuse.
00:52On a des stratégies inverses sur le fait de vraiment
00:55se rendre tout à fait visible et reconnaissable,
00:58c'est ce que faisait Roselyne Bachelot
01:00quand elle était ministre dans les années 2000.
01:02Elle n'avait aucune hésitation à porter des tailleurs de couleurs
01:05et de couleurs très fortes à un moment où ses collègues femmes
01:09ne le faisaient pas.
01:10Il y a le fait tout simplement de, effectivement,
01:14alors pas forcément dans une question de sobriété,
01:16mais de s'habiller à peu près toujours de la même manière,
01:20de créer une certaine cohérence.
01:21Ça va permettre justement qu'on puisse s'habituer à une manière d'être,
01:26qu'on a une image et qu'on y soit familiarisé.
01:29Et à partir de là, il n'y a plus de commentaires à faire.
01:31Angela Merkel, elle fait le choix de tailleur souvent assez identique,
01:34mais en variant les couleurs,
01:36et qui l'a rendu tout à fait inattaquable sur son vêtement,
01:39dans ses fonctions.
01:40Il y a cette question de féminité qui serait trop exacerbée
01:44au goût d'une certaine mesure qui devrait exister en politique
01:49et qui n'a pas de raison d'être.
01:50Marlene Schiappa, elle a été vraiment très, très critiquée
01:53pour ses vêtements quand elle était au gouvernement,
01:56et notamment effectivement pour cette question de trop grande féminité,
02:00à un moment où pourtant les choses avaient déjà évolué en France
02:03et où on était passé au-delà du tailleur pantalon,
02:06où la robe, la jupe avaient pu commencer à reprendre leur place,
02:10depuis Cécile Duflo en 2012, globalement.
02:15Monsieur le Président,
02:16Allez, écoutez !
02:18Mesdames et messieurs les députés, mais surtout messieurs, visiblement.
02:22Il y a quelque chose de plus global et sociétal
02:24sur le fait qu'on va beaucoup plus porter attention
02:28à l'apparence féminine globalement dans nos sociétés.
02:31C'est vrai à toutes les échelles et donc c'est aussi vrai en politique.
02:34Dans un univers politique français qui est quand même très blanc,
02:39évidemment, quand en plus on a d'autres origines,
02:44on est souvent soumis à un certain racisme
02:49qui peut se ressentir dans les commentaires
02:50et justement prendre la forme de commentaires sur l'apparence vestimentaire.
03:01Le gros paradoxe de ce livre, c'est de se dire qu'on continue,
03:05que finalement, ça n'alimente pas,
03:08mais que ça fait qu'on parle effectivement de ces vêtements des femmes politiques.
03:11Mais comme c'est encore un souci,
03:14je trouve que c'est important justement de pouvoir aborder le sujet,
03:16d'avoir une perspective historique
03:19pour comprendre d'où on part, où on en est
03:22et comment on peut encore faire évoluer les choses.
03:24Il y a encore vraiment une pression
03:26dans les tenues vestimentaires des femmes politiques aujourd'hui.
03:29Il y a eu une vraie évolution ces dernières années,
03:32sans aucun doute, en France.
03:35Néanmoins, on constate que ça reste une question
03:38que les femmes politiques se posent,
03:39qui prouve bien qu'il y a une pression.
03:40Sinon, il n'y aurait même pas de questions à se poser.