Pendant ce temps-là en Corse, des victimes de violences sexuelles sortent du silence. C'est le mouvement "I was Corsica". Ce 5 juillet, elles étaient des centaines à manifester à Ajaccio.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00De l'heure, on vous croit ! Victime, on vous croit !
00:06Éduquez vos fils !
00:10Ce qui me fait heureux, c'est de me dire, ça y est, on a lancé la machine,
00:14et ça va changer, il va y avoir des choses qui vont changer.
00:16En Corse, on ne pourra plus dire,
00:19non, on met ça sous silence, c'est fini, on ne pourra plus le dire, ça y est, c'est fait,
00:22on a brisé le silence, on a ouvert la parole.
00:26Il y avait autant, presque autant d'hommes que de femmes.
00:28On a vu dans le cortège que quand on manifestait,
00:31on voit des papas avec leurs petites filles de 3 ans dans les bras en train de pleurer,
00:34et les petites filles qui applaudissaient et tout.
00:37C'est tellement émouvant de se dire, ça y est, ça nous touche, en fait, ça va changer.
00:40Là, on ne change pas !
00:45Pendant ce temps-là,
00:47ces manifestants défilent à Ajaccio contre les agressions sexuelles et les violences faites aux femmes.
00:52C'est le mouvement I was Corsica, une libération de la parole inédite en Corse.
00:57Je pense que c'est une question de génération, d'abord,
01:00parce qu'il y a eu les hashtags Balance ton pauvre, Me Too,
01:03et ça n'a pas trop pris d'ampleur chez nous.
01:05Et en fait, le I was, ça a vraiment touché une génération de jeunes
01:07qui ont eu entre 15 et 25 ans, à peu près.
01:11Et en fait, je pense que le fait qu'on soit descendus dans la rue une première fois à Bastia,
01:15alors qu'à Bastia, il ne se passe jamais rien,
01:17je pense que du coup, les gens se sont dit, OK, là, il se passe quelque chose,
01:21il faut qu'on en parle, il faut qu'on sache de quoi il revient, en fait.
01:27Et du coup, je pense que c'est pour ça que ça a vraiment pris une ampleur.
01:29Les gens ne s'y attendaient pas, c'était spontané.
01:32Et du coup, je pense qu'ils se sont dit, OK, là, il faut faire quelque chose.
01:37D'ailleurs, c'est ce que nous disaient les anciens,
01:40ceux qu'on a croisés, les femmes surtout qu'on a croisés lorsqu'on distribuait les flyers.
01:43Elles nous disaient, non, on l'a tellement subi et jamais on pensait que ça arriverait,
01:47jamais on pensait que vous alliez enfin le dire et enfin briser le silence.
01:52Et ça nous a tellement touchés parce qu'on sait que ça arrive partout.
01:55Les violeurs, les agresseurs, les violences, c'est partout.
01:58Et je ne vois pas pourquoi ici aussi, on n'en parlerait pas.
02:01Je ne vois pas pourquoi on aurait peur.
02:03C'est fini d'avoir peur.
02:04Maintenant, il faut dire les choses.
02:06Le mouvement I was Corsica est apparu début juin après la diffusion sur les réseaux sociaux
02:10de plusieurs témoignages de femmes qui dénonçaient leurs agressions
02:14et les silences sur ces sujets en Corse.
02:16C'est plus du machisme dans le sens où on protège trop les femmes,
02:19c'est-à-dire que les femmes, c'est des princesses, il faut faire attention à elles.
02:22On les protège, on leur ouvre la porte, on fait machin.
02:25C'est limite trop dans ce sens-là, mais ça ne cache pas l'intrafamiliale
02:30et ce qui se passe dans les villages, dans les lycées jeunes.
02:33Et ça ne change pas le fait que de toute façon, la société nous a construits comme ça
02:37et les Corses aussi pensent comme ça.
02:39Donc du coup, au final, on est toujours dans ce milieu patriarcal
02:44qui encore plus ici, qui nous oppresse.
02:47Et on s'est dit maintenant, il faut en parler, il faut arrêter.
02:49Je pense qu'il y a une partie qui ne changera pas parce que c'est trop tard,
02:52parce que c'est ancré, c'est comme ça, c'est dans la culture.
02:54Mais à l'inverse, il y en a qui ont déjà commencé à ouvrir les portes.
02:58Et du coup, c'est beau parce que c'est ça qu'on veut en fait.
03:02Et c'est cool de pouvoir éduquer les gens à tout ça.
03:04Et s'ils le comprennent, tant mieux.
03:06Maintenant, s'ils ne le comprennent pas, tant pis.
03:07Nous, on est dans notre truc et on va continuer à se battre.
03:10Pour sensibiliser sur les violences faites aux femmes,
03:13le mouvement collage féminicide s'est étendu ici, en langue corse.
03:18Alors là, en fait, c'est marqué « Ildés Justes »
03:20et non de « Ceux qui forcent les femmes »
03:22parce qu'en fait, en Corse, il n'y a pas de traduction pour le mot « violeur ».
03:25Et je pense que c'est important que nous, on colle en langue corse
03:29parce que la langue corse, c'est très précieux chez nous.
03:31On est très insulaire, très fiers de notre tribe et de notre patrimoine.
03:37Et du coup, c'est important de coller en Corse.
03:39Je pense que ça touche beaucoup plus.
03:40Et d'ailleurs, depuis qu'on colle en Corse,
03:42on a beaucoup plus de retours, beaucoup plus de réactions,
03:45même d'hommes de tous les bords politiques
03:48qui nous soutiennent du coup parce qu'on parle en Corse
03:51et qu'on parle en leur nom, en fait.