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Bande annonce "Karambolage"

https://tv-programme.com/karambolage-magazine/les-funerailles-de-victor-hugo-e1055954

Bande-annonce en partenariat avec notre fournisseur pour la promotion du programme

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Transcription
00:00Il dessine, il vit, il aime, sa femme, ses maîtresses, il chérit ses enfants et s'en occupe comme jamais un père ne le faisait à cette époque,
00:13mais il n'est pas replié sur la sphère familiale, loin s'en faut.
00:17Farouchement républicain, il s'oppose violemment à Napoléon, redevenu député puis sénateur après la chute de ces derniers.
00:24Il met son immense notoriété au service de son engagement politique et de sa lutte pour la démocratie.
00:32Il pourfend au Sénat la peine de mort, se bat pour la liberté de la presse, l'éducation pour tous,
00:39se fait l'avocat des pauvres, des femmes, entre autres pour leur accorder le droit de vote qu'elles n'obtiendront, imaginez un peu, qu'en 1944.
00:47Il défend la cause des prostituées, se bat pour l'amnistie des milliers de partisans emprisonnés Europe Unie, la République des États unifiés d'Europe.
00:58Victor Hugo, un précurseur, un homme libre, un génie.
01:03Ce sont cette empathie, cette humanité qui imprègne profondément son œuvre entière qui l'ont rendue si populaire,
01:09ou Notre-Dame de Paris pour n'en citer que les plus emblématiques.
01:12Il faut donc imaginer ce que représente Victor Hugo en cette fin du XIXe siècle pour les Français.
01:19Le vieil homme est un peu le sage, le père, il est adulé.
01:23Et notamment par les classes laborieuses.
01:25Déjà, le 27 février 1881, alors qu'il entre dans sa 80e année,
01:32600 000 pères de l'avenue des Laux dans laquelle il habite a été rebaptisé de son vivant, donc, avenue Victor Hugo.
01:39Aussi, quand, le 18 mai 1885, la famille de Victor Hugo officialise que le grand homme a été pris d'une congestion pulmonaire,
01:48c'est le pays tout entier qui est pris de congestion.
01:52La France vit au rythme du pouls et des bulletins de santé de l'écrivain.
01:57Tout ce que Paris compte comme personnalité se presse pour lui rendre hommage,
02:01non seulement les politiques, mais aussi les scientifiques, les artistes, les écrivains, les comédiens,
02:11tandis que les journalistes et la foule des anonymes font le siège de son domicile.
02:16Jusqu'au dernier moment, l'église, en proposant de l'assister dans ses derniers moments,
02:21mais le barrage des proches est sans appel,
02:24mais refusait les sacrements de l'église.
02:27Enfin, le 22 mai 1885, à 13h27, le cœur de Victor Hugo cesse de battre.
02:35Aussitôt, les journaux répandent la nouvelle à travers tout le pays.
02:39L'église réclame immédiatement une cérémonie grandiose,
02:43mais non, à son grand âme, le gouvernement déclenant républicain,
02:47Ces funérailles doivent être certes un moment de réconciliation,
02:51de communion du peuple français tout entier,
02:54mais elles doivent aussi consolider la République
02:57face au mouvement ultra-conservateur très présent en cette fin du XIXe siècle.
03:03Noir que la dépouille de Victor Hugo va être exposée dans un immense catafalque
03:08à partir du 31 mai au petit matin.
03:12Des centaines de milliers de personnes affluent de toutes parts.
03:15Beaucoup ne parviendront jamais jusqu'au cénotaphe,
03:19toutes les avenues étant bloquées par la foule
03:21ou les gardes républicains qui tentent tant bien que mal de maintenir l'ordre.
03:26Oui, maintenir l'ordre, c'est bien le problème.
03:29Car, tandis que les gardes républicains, munis de torches,
03:33encerclent l'arc de triomphe et en interdisent l'approche à l'arrivée de l'arrivée,
03:37on rit et plus encore, les filles de joie mènent le bal.
03:41« Une hilarité scandaleuse ! » s'exclame le journal conservateur Le Figaro.
03:46Des outrages abominés.
03:48Mais nous voilà au matin du 1er juin, au jour des funérailles.
03:52C'est au Panthéon que Victor Hugo va être inhumé.
03:55En effet, dès l'annonce de sa mort, le Conseil municipal de Paris saute sur l'occasion.
04:00Voilà plus d'un siècle que le sort de l'église Sainte-Geneviève
04:04est l'objet de conflits permanents entre l'église et l'État.
04:08Arraché à l'église durant la Révolution française
04:11pour en faire la sépulture des grands hommes de la nation,
04:15revenu à l'église au sein du XIXe siècle,
04:18le Conseil municipal de Paris tient sa revanche.
04:20Qui pourra s'opposer à ce que cette église devienne enfin le...
04:25C'est donc vers le Panthéon que va s'acheminer le cortège funéraire.
04:28Alors, on l'a dit, ces funérailles doivent jouer un rôle fédérateur pour la nation.
04:34Mais point trop n'en faut.
04:36En cette fin du XIXe siècle,
04:38marquée par l'industrialisation et la montée de la conscience ouvrière,
04:42le gouvernement craint plus que tout
04:44que les funérailles du héros des classes laborieuses
04:47ne dégénèrent en émeute, voire en révolution.
04:51Les funérailles du gouvernement optent, contre l'avis de la famille de Hugo, pour le lundi.
04:55Ainsi, ouvriers et employés ne pourront y participer.
04:59Ensuite, le parcours du cortège évitera soigneusement les quartiers populaires.
05:04Il est les drapeaux rouges des révolutionnaires
05:06et les drapeaux noirs des anarchistes.
05:09Le matin du 1er juin,
05:12la marche funèbre de Chopin retentit,
05:14précédant de longs discours prononcés sur la place de l'Étoile.
05:1921 coups de canons sont tirés depuis les Invalides.
05:21C'est le départ du cortège.
05:29Autant le catafalque est imposant et somptueux,
05:32autant le corbillard est modeste.
05:34Victor Hugo a expressément demandé que son corbillard soit celui des pauvres.
05:40Des centaines de photographies témoignent du cortège
05:43et de la marée humaine qui l'accompagne,
05:46car nous sommes en 1885 et ses funérailles font l'objet
05:50de l'un des premiers grands reportages photographiques.
05:54Un gouverneur militaire de Paris et son bataillon à cheval.
05:58Puis, onze chars débordant de fleurs et de couronnes.
06:02Vient alors le corbillard, la famille, les amis,
06:06et derrière, des milliers de personnes,
06:08réparties en une vingtaine de groupes,
06:10descendent les Champs-Elysées jusqu'à la place de la Concorde,
06:14traversent la Seine,
06:16remontent le boulevard Saint-Germain,
06:18puis le boulevard Saint-Michel,
06:20jusqu'à la rue Soufflot,
06:21accompagnés tout au long des fanfares,
06:24de tambours,
06:25on entonne la Marseillaise,
06:27le chant du départ,
06:28il y a la foule,
06:29l'immense foule,
06:31on ne sait pas trop.
06:32Un million,
06:33deux millions de personnes accompagnent Victor Hugo.
06:35Tout le long du parcours,
06:36les gens sont agglutinés,
06:38ils sont partout,
06:39sur les réverbères,
06:40sur des escabeaux,
06:41grimper aux arbres,
06:43sur les kiosques,
06:44les particuliers font des affaires,
06:45les places aux fenêtres se louent chères,
06:48celles au balcon vont jusqu'à se louer 150 francs,
06:51une somme énorme.
06:53C'est au compositeur Camille Saint-Sens
06:56qu'est confié la direction musicale au Panthéon,
06:59accompagné du seul cercle familial et amical.
07:02La façade et les marches du Panthéon
07:04resteront des jours durant,
07:06quasiment masqués par les couronnes
07:08et les gerbes de fleurs
07:09envoyés par tous les groupes
07:11de la société française
07:13et du monde entier.
07:15Jamais encore une telle foule
07:17n'avait accompagné des funérailles nationales.
07:20Et jamais plus,
07:21à la vie de l'extrême-gauche,
07:23auront osé critiquer
07:24qui la fête païenne,
07:26qui la récupération politique,
07:28la cérémonie républicaine
07:30se sera déroulée
07:31dans la ferveur populaire
07:33et sans émeute.
07:34Vous êtes étonnés
07:35par l'ampleur de cette ferveur populaire ?
07:37C'est que peut-être
07:38vous n'avez pas encore lu
07:39Les Misérables.
07:41Lisez,
07:42vous comprendrez.