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  • il y a 4 jours
Depuis 2019, Donald Trump n'a cessé d'exprimer son intérêt pour le Groenland. En réalité, ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis réclament ce territoire autonome du Danemark.

Aujourd’hui, la donne a-t-elle changé ? Donald Trump arrivera-t-il à offrir aux Américains un nouveau territoire ? "Le problème, c'est que les Groenlandais ne veulent pas devenir américains", explique Mikaa Mered, enseignant en géopolitique des Pôles et des Outre-mer à Sciences Po, et auteur des Mondes polaires (PUF, 2019).

Pour atteindre son objectif, Donald Trump devra aller jusqu'au bout. Alors... un deal ? Un achat pur et simple ? Une intervention armée ? L'Express analyse les différentes cartes dans la main du président américain.

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Transcription
00:00Ça, eh bien, c'est une carte du monde centrée sur le Groenland.
00:03En un coup d'œil, on voit bien que ce territoire autonome du Danemark est hautement stratégique.
00:09Et ça explique pourquoi Donald Trump veut en prendre possession.
00:16Ces derniers jours, la tension est encore montée d'un cran après la visite de J.D. Vence.
00:22Pour rappel, le vice-président américain n'avait reçu aucune invitation de la part du Danemark.
00:30Si on n'a pas fait un bon travail par les gens de Groenland, ça doit changer.
00:34Et parce que nous pensons que les gens de Groenland sont rationnels et bons,
00:37nous pensons qu'on va pouvoir finir un deal.
00:39Alors, un deal ? Un achat pur et simple ? Une intervention armée ?
00:44Dans cette vidéo, on analyse les différentes cartes dans la main de Donald Trump.
00:49Ce qu'il faut d'abord savoir, c'est que les États-Unis sont implantés militairement
00:53sur cette ancienne colonie du Danemark depuis le début des années 50.
00:57Grâce à un accord signé en 1951 avec les Danois,
01:02les Américains jouent un rôle important dans la défense du Groenland.
01:05Et pour ça, ils disposent de deux bases militaires.
01:08La base aérienne de P2F, créée en 1941,
01:12et qui a été beaucoup utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale.
01:15Et la base de Kemp Century, construite sous la banquise en 1959,
01:19est fermée huit ans plus tard à cause des mouvements de glace.
01:22Aujourd'hui, le Groenland est convoité pour sa géographie,
01:42ses ressources naturelles,
01:44et pour des raisons de sécurité nationale,
01:46si l'on en croit Donald Trump.
01:48En réalité, ce n'est pas la première fois que les États-Unis réclament le Groenland.
02:01En 1867, après avoir acheté l'Alaska à la Russie,
02:06le secrétaire d'État américain William Seward
02:08tente sa chance auprès des Danois, mais sans succès.
02:11En 1946, les États-Unis reviennent à la charge.
02:14Le président Truman propose cette fois un chèque de 100 millions de dollars,
02:19ce qui équivaut à 1,2 milliard aujourd'hui.
02:23Et encore une fois, le Danemark dit non merci.
02:25Et puis, en 2019, Donald Trump envisage aussi de sortir le chéquier,
02:29tout en promettant de ne pas ériger une Trump Tower à côté des Inuits.
02:33Mais les Danois ont alors opposé un refus plutôt glacial.
02:44Aujourd'hui, la donne a-t-elle changé ?
02:50Donald Trump peut-il offrir aux Américains un nouveau territoire ?
02:53Pour tenter d'y voir un peu plus clair,
02:55on a rencontré Mikko Mered, professeur de géopolitique des pôles.
02:59Pour Donald Trump, le Groenland est un objectif atteignable.
03:02Le seul sujet, c'est qu'effectivement,
03:03les Groenlandais ne veulent pas devenir Américains
03:04et que les Danois ne peuvent pas se permettre
03:06de laisser partir le Groenland comme ça non plus.
03:08Parce que sans le Groenland,
03:10les Danois perdent le fait que c'est un pays arctique.
03:13Donc, dans ce contexte-là,
03:14les Danois iront jusqu'au bout,
03:16les Groenlandais iront jusqu'au bout
03:17et Donald Trump lui-même devra également,
03:20s'il veut vraiment fixer cet objectif d'avoir le Groenland,
03:22aller jusqu'au bout.
03:23Si vous aimez les formats longs et explicatifs,
03:26vous allez adorer la chaîne de l'Express.
03:28Alors, n'hésitez pas à vous abonner
03:30pour ne rien rater de nos prochains contenus.
03:32La carte numéro 1, c'est celle de l'argent.
03:36Selon le Washington Post,
03:37la Maison-Blanche serait déjà en train d'évaluer la somme
03:40à débourser pour acheter l'île.
03:42Il y a plusieurs manières d'essayer d'évaluer
03:44combien pourrait coûter le Groenland à Donald Trump.
03:46Alors, il y a deux choses.
03:47La première chose, c'est
03:48est-ce que véritablement, aujourd'hui,
03:49le Groenland a des ressources qui sont valorisables ?
03:53Et donc, si on prend l'intégralité
03:55des différentes ressources,
03:56minières, pétrolières, gazières,
03:59halieutiques également,
04:01l'eau, le sable, etc.,
04:02combien ça peut nous faire ?
04:03Bon, le trésor du Groenland, en théorie,
04:06c'est un trésor minier, gazier, etc.,
04:08de plusieurs milliers de milliards de dollars.
04:11Donc, fondamentalement,
04:12est-ce que les États-Unis ont vocation
04:13à dépenser des milliers de milliards de dollars
04:16pour pré-acheter tout ça ?
04:17La réponse est évidemment non.
04:18Selon Mikoméred,
04:19il y aurait aussi une autre manière d'acheter l'île
04:22en attendant une meilleure fenêtre de tir.
04:25Et là, on va devoir vous parler d'un projet minier,
04:27celui de Kuanersuit.
04:29Après les élections législatives de 2021,
04:31les Groenlandais ont stoppé un projet d'extraction d'uranium
04:35souhaité par une entreprise australienne.
04:37Cette société a donc porté plainte contre le Groenland
04:40en raison de ce changement de position
04:42et demande aujourd'hui des dommages et intérêts
04:45de 11 milliards de dollars américains.
04:47Si le Groenland perdait en justice,
04:49il devrait payer l'équivalent de donc
04:51près de trois fois son PIB en rythme annuel,
04:54un argent que le Groenland n'a pas,
04:55un argent que le Danemark n'est peut-être pas non plus prêt
04:57à mettre sur la table.
04:59Et c'est peut-être là que les Etats-Unis
05:00pourraient acheter le Groenland.
05:02Seulement, les Danois ne semblent pas vraiment d'accord.
05:14Ce qui nous amène à la deuxième carte,
05:16celle de la séduction.
05:18Concrètement, le Groenland pourrait tout à fait
05:33obtenir son indépendance du Danemark,
05:35puis signer un pacte de libre association
05:37avec les Etats-Unis.
05:39Ce n'est pas le scénario le plus probable,
05:41à en croire les sondages,
05:43puisqu'en janvier,
05:4485% des Groenlandais
05:46rejetaient l'idée de faire partie des Etats-Unis.
05:49Donald Trump prend les Groenlandais pour des imbéciles.
05:51Plus Donald Trump, J.D. Vance
05:53et toutes leurs cliques sont en train
05:54de mettre la pression sur le Groenland,
05:56plus un mouvement MAGA émerge au Groenland,
05:58mais pas celui que Donald Trump attend.
06:00Le mouvement MAGA au Groenland,
06:01c'est « Make America Go Away ».
06:03Faites partir les Américains !
06:05Et le deuxième élément important,
06:23c'est que les Etats-Unis ne sont pas aujourd'hui
06:27les meilleurs garants des politiques sociales et éducatives.
06:31Ce qu'il faut bien comprendre,
06:32c'est que les Danois subventionnent le Groenland
06:34pour plus de 600 millions de dollars par an.
06:38L'enjeu pour les Etats-Unis est donc
06:39de proposer une meilleure offre aux Groenlandais
06:42pour financer leurs politiques sociales et éducatives.
06:45Très clairement, les Etats-Unis,
06:47vu la dérégulation,
06:49vu le positionnement de Donald Trump,
06:51et même des Américains en règle générale,
06:53ils ne donnent pas les premières garanties aux Groenlandais
06:55que ces politiques-là,
06:57qui sont extrêmement importantes pour les Groenlandais,
06:59seraient maintenues si jamais d'aventure.
07:00Ils s'associaient d'une manière ou d'une autre aux Américains.
07:03Enfin, la troisième et dernière carte,
07:05c'est celle de la force.
07:07Militairement, il ne serait pas difficile
07:10pour les Etats-Unis d'en prendre le contrôle
07:12puisqu'ils ont déjà des bases
07:13et de nombreuses troupes sur le territoire.
07:16Mais pour la première fois de l'histoire,
07:18un pays membre de l'OTAN
07:20attaquerait un autre pays de l'Alliance.
07:22Aujourd'hui, les Américains n'ont absolument pas besoin
07:25d'envahir le Groenland.
07:26Mais admettons, ils passent par la force.
07:29Premièrement, envahir le Groenland
07:30donnerait un blanc-seing à plein d'autres pays
07:33qui, eux aussi, cherchent à envahir leurs voisins.
07:36A commencer par la Russie avec l'Ukraine,
07:38à commencer par la Chine avec Taïwan,
07:40etc.
07:41Donc ça, c'est le premier élément.
07:42Le deuxième élément, c'est que les Groenlandais
07:44ont le pouvoir des images.
07:46C'est-à-dire que les Groenlandais,
07:48parce que ce sont une société unie aujourd'hui,
07:51ils sont capables de se mobiliser en masse,
07:54village après village,
07:56face à l'arrivée d'un envahisseur,
07:57quel qu'il soit.
07:58Et dans ce contexte-là,
07:59pour pouvoir prendre par la force le Groenland,
08:02il va falloir assumer des images absolument catastrophiques
08:05pour l'image des États-Unis dans le monde entier.
08:07A priori, ils n'y sont pas, aujourd'hui, favorables.
08:11Nous ne pensons pas que la force militaire
08:14sera nécessaire.
08:16Nous pensons que ça fait sens.
08:17Que ce soit l'argent, la séduction ou la force,
08:20Donald Trump a trois cartes en main
08:22pour réussir son bras de fer avec le Groenland
08:24et avec le gouvernement danois.
08:26Mais en réalité, il reste une hypothèse,
08:29celle du statu quo
08:30et de l'instrumentalisation de ce sujet
08:33à des fins partisanes.
08:35Donald Trump a parlé de l'Arctique dès 2017,
08:38puis du Groenland spécifiquement,
08:39en 2019,
08:41durant la campagne de 2020,
08:42et encore durant la campagne de 2024.
08:44Le Groenland est un sujet qui permet,
08:46vis-à-vis de la base de Donald Trump,
08:48des trumpistes,
08:49les plus complotistes en particulier,
08:50les plus vatanguère,
08:51les plus masculinistes,
08:52les plus carbo-fascistes même,
08:54tout simplement de se galvaniser
08:56autour d'un sujet
08:57qui est facile à comprendre,
08:58qui est facile à répéter
08:59et qui est facile à mettre en scène.
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