Retrouvez « Lisa Delmoitiez n'aurait pas fait comme ça… » dans La Bande Originale sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-lisa-delmoitiez
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AmusantTranscription
00:00On a une qui n'a pas du tout compris, mais pas du tout, c'est Lisa, dès le moitié !
00:02Tu voulais pas faire ça comme ça toi ?
00:07Non, vous savez, on me le reproche, mais moi, si je ne suis pas engagée dans un mouvement
00:11poétique, c'est avant tout pour m'occuper de mes enfants.
00:15Certes, j'ai pas l'enfant, pourtant je les aime déjà, imaginez ce que je suis prête
00:19à faire pour eux.
00:20Vous êtes marrant vous, mais ça se prépare la maternité, il faut arrêter de boire 3
00:23mois avant le début de la grossesse, arrêter de fumer 4 mois avant, et à un moment donné
00:27toute responsabilité qui impose de quitter son canapé, si j'en crois mon calendrier.
00:31Ouais, 33 ans avant, au moins.
00:34Mais votre personnage, Béraldice Béjot, dans Mexico 88, est engagée et 86, mais je voulais
00:41dire 8 pour rappeler d'où je viens.
00:45Elle est exceptionnelle !
00:47La récupération !
00:49Elle est engagée et maman, puisqu'on l'a dit, elle est militante révolutionnaire guatémaltèque,
00:53tout en ayant un fils, et pour m'être déjà occupée d'un petit garçon.
00:56C'est vrai qu'il n'y a rien qui te motive plus à rejoindre une lutte armée.
01:01Franchement, de base, je ne suis pas une combattante, mais vous connaissez le seul événement
01:04plus traumatisant qu'un face-à-face mitraillette contre mitraillette avec l'agente militaire,
01:09une après-midi devant la patte-patrouille.
01:12Après deux épisodes, j'avais rejoint le PKK, quoi.
01:15Je ne suis même pas kurde, j'avais juste confondu avec le KKK.
01:17En réalité, c'est un vrai dilemme pour une femme, à la fois mère et militante, s'occuper
01:23du monde ou s'occuper de ses enfants.
01:25À nouveau, dilemme vite résolu pour moi.
01:28Le monde est casse-couilles, certes, mais enfin, lui, au moins, il ne réclame pas de
01:30téter mes seins.
01:31Il faut le dire quand même, c'est un dilemme qui ne se pose qu'aux mères.
01:35Je l'ai dit, un père absent pour la bonne cause, c'est un héros, une mère absente
01:38pour la bonne cause, c'est une mère indigne.
01:39Tu ne peux jamais gagner.
01:40Sachant que même quand tu fais tout bien, t'es une mère indigne, oh, moi si j'étais
01:44mère, qu'est-ce que je ferais de la merde ?
01:46De toute façon, t'es là, t'es étouffante, t'es pas là, t'es absente, tu donnes le
01:50sein, t'es malaisante, tu donnes pas le sein, t'es pas aimante, c'est quoi, si je
01:53ne peux pas gagner ? Oh, comment je vais me faire un plaisir de perdre ?
01:55Oublie Montessori, je vais inventer l'éducation roue libre, littéralement, je ne lui apprendrai
02:00même pas à regarder avant de traverser mon mouflet, donc chaque voiture qui passe, c'est
02:04potentiellement une roue libre dans sa gueule.
02:06En réalité, votre personnage, Bérenie, c'est vrai que ce dilemme, en confiant son fils
02:10à sa mère, ce qui, soit étant passant, est une seconde raison de ne pas faire d'enfant.
02:13Non seulement tu dois les élever, ces morpions, mais après, eux, ils font des morpions qui
02:17ne veulent pas élever.
02:18C'est contagieux cette merde, c'est la maternité ou la gastro.
02:20Je te jure, ta fille qui se pointe chez toi avec son gosse, on dirait ton chat qui te ramène
02:24une souris.
02:25Merci pour le trophée, mais j'ai rien demandé moi.
02:26Mais très peu de femmes ont cette solution.
02:28On dit que c'est un dilemme, mais que ce soit révolutionnaire ou juste femme active,
02:32l'arnaque du 21ème sexe est d'avoir dit aux femmes que leur plus grand challenge sera
02:35de choisir entre le travail et la maternité.
02:37Si seulement, en réalité, tu tapes les deux.
02:39Le combat, c'est spécifique, mais plus globalement, on s'est battus pour avoir le droit de travailler,
02:44parce que ça va l'air chouette quand les mecs le faisaient dans les années 50.
02:46Ils buvaient du whisky en réunion dès 11h, en s'enfilant des clopes en moins de temps qu'il
02:50faut pour dire « cancer de la gorge ». Ils plottaient la secrétaire qu'ils appelaient tous « mon petit »,
02:55puis ils rentraient juste à temps pour foutre leurs pieds sous la table à 19h et se taper un gros
02:58gigot.
02:59Je parle pas de madame, je parle de la pièce sur le boucher.
03:01Nous, on s'est dit « trop bien, on a marre de passer la journée à cuire du gigot, on veut la même ».
03:04Résultat, maintenant, oui, on a le droit de travailler et de rejoindre l'élite armée,
03:07mais déjà, au taf, on peut plus ni boire, ni fumer, ni plotter le secrétaire.
03:10Et quand on rentre à 19h, il faut faire à bouffer, ma grosse, il ne va pas se cuire tout seul, ce gigot.
03:15J'admire beaucoup les femmes qui font les deux, les femmes comme votre personnage Bérénice,
03:20qui luttent entre leur engagement et leur rôle de mère.
03:22Mais moi, à choisir entre travailler et élever des enfants, je crois que je ne vais faire aucun des deux.
03:28Bravo !
03:30Elle a tellement raison !
03:32Lisa Delmoitier !