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MEDI1TV Afrique : L’enclave de la douleur de Lahsen Bougdal - 12/04/2025

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00:00C'est avec un énorme plaisir que l'on vous retrouve pour cette nouvelle escale culture au cœur de l'Afrique.
00:15Dans quelques instants, on s'offrira une petite immersion dans le monde de Delphine Diallo.
00:21Nous parlerons également cinéma avec les enfants rouges, le film coup de poing de Lotfi.
00:27Et à Achor, on reviendra dessus dans quelques instants.
00:30Mais pour l'heure, place à notre invité du jour.
00:38Et comme promis, place tout de suite à notre invité du jour, Lassane Boubdel, qui nous fait le plaisir d'être avec nous.
00:45Il est poète, essayiste, mais également docteur en littérature française. Bonjour.
00:53Bonjour, merci beaucoup pour l'invitation.
00:55Merci à vous d'être avec nous.
00:59Et comme je le disais à l'instant, vous êtes poète, mais également essayiste.
01:05Et qu'est-ce qui vous a, vous avez commencé par les essais, mais qu'est-ce qui vous a finalement poussé, emmené à la poésie ?
01:14Alors écoutez, c'est une question très intéressante, effectivement.
01:22Moi, je pense, alors d'abord pour tout ce qui est essais, cela fait partie de mon parcours académique.
01:32Et petit à petit, le cheminement vers la poésie s'est imposé de lui-même, étant donné, je pense vraiment que la poésie habite vraiment tous les genres littéraires à des degrés différents.
01:51Mais je pense que la poésie, pour moi, c'est vraiment l'écriture, le mode d'expression, en tout cas, dans lequel je me sens le plus à l'aise pour exprimer mes idées, mes émotions face au monde.
02:05Pas souvent très, très optimiste, réjouissant.
02:13Donc la poésie me paraît, en tout cas personnellement, le mode d'expression le plus adéquat.
02:19Le plus adéquat, d'ailleurs, on en parlera dans quelques instants, enclave de la douleur, mais également dans le tumulte du monde.
02:27Donc votre avant-dernier recueil de poésie.
02:32Et je pense que, voilà, c'est très différent entre écrire un essai et écrire de la poésie.
02:41Et voilà, ça m'intéresse beaucoup de savoir comment vous abordez ces deux genres.
02:48Alors, effectivement, d'un genre à l'autre, le mode d'approche n'est pas le même.
02:55Mais personnellement, j'ai constaté à travers mes travaux sur, par exemple, la peinture des femmes marocaines, sur les écrivains francophones,
03:09ou ma poésie, qui est essentiellement consacrée au désordre de notre monde.
03:17Je pense qu'il y a un lien entre les deux, à savoir la relation à l'autre.
03:23Et c'est vraiment le fil conducteur qui fait qu'il y a un lien entre les deux modes d'expression,
03:30même si cela peut paraître un peu différent.
03:35Un peu différent.
03:37Et voilà, on parle de poésie.
03:39Vous êtes d'ailleurs docteur en littérature française.
03:42Donc, voilà, il y a cet amour pour la langue française.
03:47Et quels sont les poètes qui vous viennent, les premiers poètes, les noms de poètes qui vous viennent en tête quand on parle de poésie ?
03:54Ceux qui vous ont le plus marqués ?
03:58Oui, effectivement, pour tout écrivain francophone, je pense, concernant la poésie,
04:07on est tous un peu marqués depuis nos études universitaires,
04:11bien évidemment par la poésie de Rimbaud, de Verlaine, de Victor Hugo,
04:16et de Mallarmé, bien évidemment, d'Aragon, de Paul-Huluiar et bien d'autres,
04:22mais aussi, me concernant en tout cas, par la poésie arabe pré-islamique,
04:28Al-Moutan Abbi, par plus récemment, plus proche de nous, la poésie de Mahmoud Darwish, bien évidemment,
04:38puisque l'enclave de la douleur parle de la question palestinienne.
04:43Donc, tous ces poètes nous ont bercés, nous ont marqués à des degrés différents
04:49et marquent, en tout cas, notre écriture, en tout cas, en ce qui me concerne.
04:55Et pour revenir, justement, à votre dernier recueil de poésie,
05:00l'enclave de la douleur, et d'ailleurs, j'allais prendre comme exemple Mahmoud Darwish,
05:05dont toute sa poésie a été jalonnée par la question de l'identité palestinienne,
05:14d'être palestinien dans le monde d'aujourd'hui, vous êtes franco-marocain.
05:22Qu'est-ce qui vous a poussé, voilà, à vouloir dédier un recueil de poésie
05:28à la cause palestinienne, à ce qui se passe aujourd'hui ?
05:35Alors, la cause palestinienne, c'est une cause, c'est une tragédie d'abord,
05:41et puis c'est une question qui nous a toujours préoccupés depuis la NACPA,
05:46depuis 1948, en tant qu'étudiant déjà, je me souviens que dans les universités marocaines,
05:54on était très mobilisés par rapport à cette question.
05:58Aujourd'hui, en tant que poète, j'ai bien évidemment été marqué,
06:04et je suis marqué par l'actualité, par ce qui se passe actuellement en Palestine,
06:09et les événements du 7 octobre sont arrivés pour donner une dimension
06:18beaucoup plus tragique à ce qui se passe là-bas.
06:21C'était déjà très difficile, mais après cet événement,
06:25il m'a semblé que la réponse et la réaction de l'État israélien
06:32était quelque chose de totalement disproportionné par rapport à ce qui s'est passé.
06:38Aujourd'hui, on parle à peu près de 50 000 morts,
06:43dont l'indifférence totale, dont le silence des différents États du monde,
06:50et je me souviens encore, ça fait un peu plus d'un an maintenant,
06:56que l'injonction qui nous a été faite était la retenue,
07:00le silence par rapport à ce qui se passait,
07:03et c'était tout simplement inacceptable pour nous tous en tant qu'êtres humains,
07:09mais encore plus pour quelqu'un qui écrit, qui est poète
07:14et qui pourrait justement se mettre du côté des victimes
07:19à plus forte raison quand il s'agit d'enfants,
07:24de personnes âgées et de sans voix en général.
07:28Donc je suis bouleversé personnellement par ce qui se passe actuellement à Gaza,
07:35dans le silence total, et on ne peut pas se taire sans rien dire par rapport à ça.
07:40Donc mes premiers poèmes sont un hommage pour le peuple palestinien,
07:47pour les victimes de Gaza en particulier,
07:50du sud du Liban également, dans lequel il y a beaucoup de morts.
07:55– Et ce que je voudrais savoir, M. Boukdal, c'est l'écriture de ce recueil,
08:03quand est-ce qu'elle a débuté ?
08:06– Alors l'écriture du recueil, elle a commencé vraiment quelques mois
08:11après les attaques israéliennes sur Gaza.
08:17C'est quand on nous a intimé l'ordre de ne pas manifester, par exemple à Paris,
08:22c'était dès le mois d'octobre, et donc c'était incompréhensible.
08:26Donc les premiers textes sont nés à ce moment-là.
08:30– L'enclave de la douleur, donc votre tout dernier recueil de poésie.
08:36Merci beaucoup, Lassane Boukdal, d'avoir été avec nous.
08:39Merci infiniment.
08:41– C'est moi qui vous remercie. Merci pour l'invitation.
08:43– Merci, merci, bonne journée.
08:45– Merci à vous, merci.
08:47– On continue cette escale culture avec un focus sur Delphine Diallo,
08:56une artiste visuelle et photographe franco-sénégalaise, fille de peintre.
09:00Elle baignera dans cette atmosphère artistique toute sa vie.
09:03Après des années d'études en communication, elle reviendra à la photographie.
09:07Elle consacrera dès lors sa pratique artistique à corriger
09:10le manque de représentation de la femme noire dans la société occidentale.
09:15Le but étant justement de mettre en avant le corps de la femme noire
09:18en tant qu'objet vu comme une conception patriarcale.
09:21Une figure opprimée, Delphine Diallo œuvre pour proposer une image
09:25de la femme, femme nouvelle, désinhibée.
09:27Une image nouvelle donc de la femme noire et de sa beauté.
09:30Comme elle le dit elle-même, je m'engage à déconstruire le monde patriarcal
09:34de la photographie et son obsession de la femme exotique,
09:38donc la femme noire en tant qu'objet.
09:41J'ai travaillé avec une collection privée à Manhattan
09:45d'un homme américain qui s'appelle Amia.
09:51Une collection de masques assez impressionnante.
09:53Et c'est lui qui m'a reposée en fait de faire cette série
09:56et de pouvoir interpréter les masques de ma manière.
10:00Il m'a raconté l'histoire de chaque masque
10:02et il me raconte c'est quoi leur rôle de rituel, de passage.
10:06Il y a des oeuvres, il y a des masques que j'ai choisis,
10:08d'autres que je n'ai pas choisis par rapport à l'histoire.
10:11Et c'est là que j'ai fait une réinterprétation de chaque masque.
10:16Delphine Diallo à travers ses photos, notamment ses portraits de femmes,
10:19mettant lumière à manque de représentation de la femme noire
10:21dans la société occidentale.
10:24Mettre en valeur une autre idée de la beauté, de la femme noire,
10:26déconstruire le monde patriarcal de la photographie
10:29et son obsession de la femme exotique noire est objet de tous les fantasmes.
10:32Delphine Diallo a fait de la photographie une sorte de discussion ouverte
10:36à des formes de représentation différentes
10:39tout en respectant des valeurs éthiques et morales
10:42envers le corps de la femme noire.
10:44Ce rite de passage, ça montre physiquement
10:46qu'on doit passer à un autre stade de conscience
10:49par rapport à nos âges.
10:52Dans mon travail, je n'ai fait passer à travers l'arme.
10:56Le rite du passage de la femme, de l'archétype de la femme derrière
10:59qui est en moi, ça veut dire que c'est une force
11:02où je m'exprime avec une certaine manière
11:06qui me correspond à mon identité
11:08et qui me correspond en tant que femme.
11:12Delphine Diallo voit les femmes non pas comme des modèles
11:14mais comme des protagonistes.
11:16Chez Delphine Diallo, il y a une idée de transmutation,
11:19l'idée de redonner une valeur,
11:20un corps qui a été perdu dans l'objectification.
11:24Elle prononce aussi l'explication spirituelle
11:26qui est très rarement mise en lumière.
11:28Delphine Diallo veut amener les femmes à discuter
11:30avec ces objets, à les choisir, à les sentir.
11:33Elle permet de redonner cette énergie perdue
11:35dans le monde occidental
11:36et valider en même temps le corps de la femme.
11:39J'ai une passion pour le portrait, le one-to-one, le one-to-one en face du sujet,
11:59d'avoir un vrai échange avec le sujet.
12:02Je lui donne un espace où elle peut s'exprimer.
12:05Donc, on va passer beaucoup plus de temps à discuter qu'à prendre la photo.
12:17Le rôle du support physique, c'est son émotion,
12:20c'est sa force, on va dire, quand j'ai vu vos prints.
12:26J'ai su ou j'ai deviné ce que donnait mon travail.
12:29Ça a une intensité physique beaucoup plus importante pour moi.
12:38Et tout de suite, nous parlons en cinéma avec les enfants rouges de Lotfé Ashour.
12:43Alors qu'ils font paître leurs troupeaux dans la montagne,
12:45deux adolescents sont attaqués par des djihadistes.
12:48Nizar, 16 ans, est tué, tandis qu'Acharaf, 14 ans, doit rapporter un message plutôt macabre à sa famille.
12:55Inspiré de faits réels, les enfants rouges, est une plongée plutôt onirique
12:59dans la psyché blessée d'un enfant et son incroyable capacité, résilience à surmonter.
13:04Eh bien, ce traumatisme, on regarde ensemble un extrait de la bande-annonce.
13:08C'est parti.
13:38I had to put him in a hand.
13:42He was not a man.
13:46He called me a lot of questions for him.
13:49And I don't like him.
13:51He said he said to me,
13:53he was the man.
13:58He said I didn't watch my brother.
14:00My father is not a fool.
14:02You can't remember him.
14:04We're all in a hundred thousand.
14:06Don't think the way you would understand it.
14:08I'll be all wet right now.
14:09You know what's going on?
14:10I'm thinking the way you're going to be.
14:12I'm going with you.
14:13I'm not afraid.
14:14I'm going to let you go.
14:15I'm not going to let you go.
14:17You're not going to let us go.
14:20I don't have to do our lives with you.
14:22We don't have to go anywhere in the bar.
14:36Les Enfants Rouges, de Lot Ferra Show, un film tunisien, un véritable voyage initiatique, corps du commun,
14:42où l'innocence est confrontée tout simplement à l'horreur.
14:45L'enfance au monde barbare des adultes, l'amitié à la mort,
14:49brièvement filmé avec ce qu'il faut de distance et de respect aussi pour les personnages que pour ceux qu'ils représentent.
14:55Et puis, il y a cet enfant, ce gamin, Agile Heli, le cœur d'un film qui bat rouge sans rouge,
15:01comme le courage et comme le sang s'emparant d'un fait réel qui a traumatisé la Tunisie une quinzaine de jours avant l'attentat du Bataclan en France.
15:09Lot Ferra Show réalise un travail de mémoire dans un exercice cinématographique délicat mais très bien maîtrisé.
15:15Avec ce film, nous vivons aux côtés des Tunisiens les 24 heures chrono qui ont suivi l'attentat dans une région reculée du pays.
15:23Il dépasse le choc pour ne garder finalement que l'émotion qu'il arrive avec beaucoup de délicatesse
15:28et de respect apporté à l'écran dans un véritable suspense tragique.
15:32Tu as ouvert la porte de l'enfer et tu nous as abandonnés par cette seule réplique.
15:36C'est la sidération tout simplement d'un pays tout entier que le cinéaste nous livre.
15:40Son procédé répétitif de dislocation de l'innocence, plus sacré, dévaleur et tout simplement tétanisant,
15:47nous fait vivre à travers la psyché du jeune, achappe la perte des repères
15:51et nous communiquent à travers la dignité du clan, le courage et la solidarité
15:55qui les sauvent tout simplement de leur propre détresse avant tout.
16:04Et avant de nous quitter, nous parlons des femmes, l'exposition Femmes au pluriel à Paris
16:10qui met en avant les artistes africaines et afro-descendantes.
16:13Et derrière tout ça, Pharrell Williams, le musicien, star américain et directeur artistique de Louis Vuitton
16:18qui célèbre les femmes artistes à la Galerie Emmanuel Pérentin dans la capitale française.
16:24Alors l'exposition de ce passionné d'art contemporain s'appelle Femmes.
16:28Elle réunit les œuvres de 39 créatrices africaines ou d'ascendance africaine
16:32des figures tutélaires comme l'afro-américaine Betty Essar au talent émergent comme l'ivoirienne.
16:39Johanna Choumalier, œuvre textile, toile vidéo, esthétique, pop.
16:44Cette exposition riche, poétique et engagée est bien ancrée dans le XXIe siècle.
16:48Qui sera dans la diversité ou ne le sera pas.
16:51En tout cas, l'exposition Femmes est à découvrir gratuitement jusqu'au 19 avril
16:55à la Galerie Pérentin dans le centre de Paris.
16:58On ne sait jamais si vous êtes de passage par la capitale française.
17:02On arrive à la fin de l'Afrique en culture.
17:04Merci d'avoir été avec nous et puis on se donne rendez-vous dès la semaine prochaine.
17:08Portez-vous bien.
17:08Sous-titrage Société Radio-Canada
17:16Sous-titrage Société Radio-Canada

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