Le sujet du début de semaine, c'est la fameuse conférence sur les finances publiques : la procrastination a de l'avenir !
Regardez L'édito d'Etienne Gernelle du 14 avril 2025.
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00:00RTL Matin
00:02L'édito d'RTL Matin avec vous, Etienne Jernel, directeur du Point.
00:07Mario Vargasioza, prix Nobel de littérature, est mort, on l'a appris dans la nuit.
00:12Vous l'aviez rencontré, Etienne, et c'est peu dire qu'il vous avait beaucoup impressionné.
00:16Oui, c'est pas un monument qui vient de disparaître, c'est une montagne, un géant.
00:20Comme un siècle, on produit très peu, et croyez-moi, quand on a eu la chance de le rencontrer, on ne l'oublie pas.
00:24Alors, il y a son oeuvre himalayenne, il faudrait quelque chose au-dessus du prix Nobel pour distinguer cet écrivain-là.
00:30Des romans plus grands que l'histoire, des personnages plus charnels que la vie,
00:34pimentés par un érotisme qui ne l'a jamais lâché.
00:36Et puis, il est à la boulimie vitale de l'homme, ancien candidat, d'ailleurs à la présidence du Pérou en 1990,
00:43combattant surtout de la liberté.
00:44Et c'est en cela que Mario Vargasioza, qui vient de disparaître, c'est précisément l'écrivain qu'il faut lire en ce moment.
00:51Vous dites ça parce que les dictatures se portent bien ?
00:54Exactement, Vargasioza c'est l'écrivain des dictatures, celle du général Odria, par exemple,
00:58qu'il décrit dans son premier chef-d'oeuvre, Conversation à la Quai de Drale, en 1969,
01:02celle de Raphaël Trujillo, en République Dominicaine, dans La Fête au Bouc, qu'elle chef-d'oeuvre.
01:07Parlons aussi de son roman, Les Temps Sauvages, dans un Guatemala ultra-violent,
01:11soumis au putsch du colonel Carlos Castillo Armas, dit « face de hache ».
01:15La dictature, c'est son sujet intime.
01:18Je vous cite une phrase de La Fête au Bouc, qui décrit l'assassinat du dictateur Trujillo.
01:23« Le corps ensanglanté, en costume vert-olive, le visage éclaté, gisait sur le sol dans une mare de sang.
01:30La bête, morte. »
01:32Sauf que la bête de la dictature n'est pas morte, elle se réincarne, on le voit tous les jours dans l'actualité.
01:38Donc, avec Mario Vargas Llosa, on est entre littérature et politique.
01:42Oui, c'était un écrivain de la liberté, mais il est devenu aussi un intellectuel du libéralisme.
01:48Il raconte d'ailleurs cet itinéraire dans un essai lumineux qui s'appelle « L'appel de la tribu »,
01:53comment celui qui fut un temps tenté par Fidel Castro, fut ensuite séduit par Adam Smith, Raymond Aron,
01:58ou encore Jean-François Reuvel. En somme, c'est le roman d'un libéral.
02:02Ces dernières années, Vargas Llosa se disait pro-européen, soutien de l'Ukraine,
02:05et des libertés individuelles contre les empiétements des États.
02:09Et quel sera son héritage ?
02:12Son œuvre, bien sûr, et puis son exemple.
02:14« À quoi sert-il d'écrire ? » lui avait-on demandé au point il y a quelques années.
02:18Il avait répondu, je le cite, « à rappeler qu'aucun pays, aucun peuple n'est à l'abri d'une dictature ».
02:24Fin de citation.
02:25On pense évidemment à Boilem Sansa, l'écrivain emprisonné en Algérie parce que trop libre.
02:30Vargas Llosa n'est plus là, mais l'ombre de ce géant de la littérature ne va pas disparaître de si tôt.
02:35Merci Étienne Gernel, directeur du Point.
02:38Et à demain.
02:38Sous-titrage Société Radio-Canada