Les prisons ont à nouveau été la cible de violences dans la nuit de ce mardi à mercredi 16 avril dans les Bouches-du-Rhône et en Seine-et Marne. Des attaques condamnées par le président de la République et pour lesquelles le parquet national antiterroriste s'est saisi.
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00:00Nuit calme, c'est ce qu'on nous dit, plusieurs sources concordantes, pas de nouveaux incidents à signaler d'après les premières remontées, d'après le bilan de la nuit.
00:09Le procureur antiterroriste était à la radio il y a quelques minutes et lui a donné un premier bilan de ces trois nuits d'incidents en disant que 21 véhicules avaient été incendiés,
00:18une dizaine dégradés, 8 départements touchés dont un tiers des faits se passent dans les Bouches-du-Rhône, un autre tiers en Ile-de-France,
00:25deux domiciles attaqués, une enquête qui est en cours, qui est pilotée par les services de renseignement, la DGSI, la sous-direction antiterroriste
00:35et aussi les hommes de la PJ qui notamment reposent sur les analyses techniques, beaucoup sont en cours sur les véhicules incendiés, sur les tags retrouvés,
00:43il y a l'exploitation des vidéos qui ont été postées pour certaines sur ce fameux canal Telegram qui a été fermé d'ailleurs, le procureur l'a confirmé,
00:51fermé à la demande des autorités judiciaires et qui a expliqué que le groupe Telegram avait coopéré dans cette situation.
00:58Il y a ces vidéos qui ont été postées, il y a l'exploitation des vidéos surveillance à ce stade, toujours aucune interpellation ce matin.
01:05En fait les enquêteurs tentent d'identifier évidemment ceux qui ont commis les dégradations et ceux qui les ont pilotées, les commanditaires si l'on peut dire,
01:12pour tenter de comprendre qui se cache derrière ce groupe mystérieux des DPF.
01:15On va en reparler dans un instant, d'abord on va aller vers Pierre Barbin qui est donc devant la prison de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône,
01:21aux côtés de Nicolas Capron, Nicolas Capron c'est le responsable du service des agents pénitentiaires et il est délégué syndical à FO Justice.
01:28Dans quel état d'esprit sont les agents de la pénitentiaire ce matin Pierre ?
01:33On a vu d'abord beaucoup d'agents hier revenir au travail et nous confier venir, revenir ici dans ce centre de détention avec la boule au ventre.
01:42Nicolas vous travaillez ici dans ce centre de détention de Tarascon depuis 20 ans, est-ce qu'aujourd'hui vous avez peur après ce qui s'est passé ?
01:48Non j'ai pas peur, j'ai pas peur, on reste déterminé, on est à demi surpris de ce qui s'est passé, on s'y attendait, ça fait plusieurs années qu'on relate des failles de sécurité au sein de nos établissements.
02:01Je pense qu'il faut un vrai plan d'urgence maintenant pour l'administration pénitentiaire, ça devient indispensable, mais on reste déterminé.
02:08On n'avait pas peur mais est-ce qu'il y a de l'inquiétude parmi vos proches ?
02:11Bien sûr, il y a de l'inquiétude pour nous, pour nos familles et pour toutes les personnes qui travaillent ici.
02:16Moi je suis surveillant mais j'ai une pensée aussi pour les personnels administratifs, les personnels préfets, les gens qui font de l'entretien.
02:24Il y a beaucoup de personnes qui travaillent au sein des établissements et eux aussi ont été affectés par ça et on a de l'inquiétude bien sûr.
02:32Comment il faut se protéger aujourd'hui par rapport à ça ?
02:34Écoutez, il faut des moyens, je pense qu'il faut un vrai plan d'urgence pour ça, il faut les moyens humains, les moyens financiers et c'est maintenant.
02:41Ce n'est pas dans un an, dans six mois. Je pense que comme ça a pu être fait au niveau des hôpitaux, je pense qu'il faut vraiment, vraiment maintenant mettre les moyens sur la table.
02:50Il faut renforcer les périmètres de sécurisation, il faut, mais il faut vraiment le faire.
02:54– De qui ça peut venir ce qui s'est passé cette nuit, la nuit de la nuit précédente ?
02:57– Je ne sais pas. Honnêtement, il y a une enquête judiciaire qui est en cours et moi je fais pleinement confiance aux autorités compétentes
03:05pour traquer, trouver, déterminer les gens qui ont pu faire ça et ils seront jugés et condamnés et je fais confiance à ça.
03:14D'ailleurs, je voudrais ajouter, je voudrais remercier aussi le directeur interrégional de Marseille ainsi que ma chaise d'établissement.
03:20Dès le matin, de bonne heure, à 8h, ils étaient à nos côtés pour répondre à nos questions, nous soutenir et on a vraiment le soutien de notre hiérarchie.
03:29– Merci beaucoup Nicolas. Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que le centre de détention de Tarascon est visé puisqu'il y a deux ans, des tirs avaient touché la façade.
03:37– Merci Pierre.
03:38– Vincent Meunier, on entendait ce responsable dire qu'il était à demi surpris.
03:43– Et vous, votre livre s'appelle « Narcocratie », c'est un pouvoir parallèle qui s'exercerait du côté des narcos.
03:48Est-ce que c'est ce pouvoir qui s'exerce ces jours-ci ?
03:51– Écoutez, depuis une dizaine d'années, on assiste en Europe à la montée en puissance de groupes criminels de plus en plus structurés,
03:58de plus en plus organisés, qui n'hésitent pas, dans certains pays proches de chez nous, à défier l'État.
04:03Et c'est ce qui se passe aujourd'hui avec cette action, s'il s'avère que c'est bien les narcos trafiquants qui sont derrière cette série d'attaques.
04:12– Qu'est-ce qui est la marque des narcos trafiquants dans les attaques de dimanche, selon vous ?
04:16– En quoi est-ce qu'on peut les reconnaître ?
04:18– Si on prend le cas de Toulon, c'est vrai que c'est quand même les modes d'opération, c'est une action très déconcertante.
04:22– Toulon, c'est la prison, on le rappelle, dont la porte a été visée par 15 tirs à l'arme de guerre avant tout le soir.
04:26– L'usage d'armes de guerre, c'est quand même la marque de fabrique du narcotrafic.
04:31Il y a une voiture volée qui a été volée du côté de Vitrolles.
04:35Tous ces petits indices laissent penser qu'on a plutôt affaire à des narcos trafiquants.
04:40Après, c'est vrai qu'il y a d'autres choses qui sont très étonnantes,
04:43comme cet individu qui vient en trottinette sur le parking d'une prison pour incendier des véhicules.
04:48– Ça voudrait dire quoi ? Ça veut dire que ce seraient des petites mains ?
04:50– Effectivement, ça peut être des petites mains.
04:53On sait qu'aujourd'hui, le narcotrafic fonctionne comme une activité de service.
04:57Vous avez des têtes des réseaux qui lancent des appels d'offres sur des messageries
05:00et puis moyennant finances.
05:05– Mais on a l'impression d'une action coordonnée à l'échelle du territoire, du pays.
05:10Est-ce que les narcotrafiquants sont organisés à l'échelle nationale comme ça pour pouvoir…
05:14– En tout cas, ils peuvent s'organiser.
05:18Ils l'ont montré pour des opérations d'importation de drogue.
05:21Ils sont capables de nouer des alliances qui sont ponctuelles, mais solides, je veux dire.
05:26Enfin, en tout cas, ils sont capables de travailler ensemble.
05:28On a l'impression que dans le narcotrafic, tout le monde se fait la guerre.
05:31Ce n'est pas toujours le cas.
05:33En fait, ils sont capables de travailler ensemble.
05:36Par des messagers cryptés, ils sont capables d'entrer en communication entre eux.
05:42Il y a des groupes qui travaillent sur des régions différentes,
05:46mais qui travaillent ensemble.
05:48On a aussi la DZ Mafia, qui est un ancrage marseillais.
05:53On voit qu'elle s'étend, qu'elle cherche à s'étendre dans la région PACA,
05:58mais aussi dans d'autres régions.
06:00Donc, en fait, ils sont capables de travailler ensemble,
06:03de monter une opération comme ça,
06:06qui donne l'impression d'avoir été coordonnée ou à tout le moins concertée.
06:11– Mélanie Bertrand, il n'y a pas d'interpellation ce matin ?
06:13– Non, toujours pas d'interpellation.
06:15Les enquêteurs travaillent évidemment pour identifier
06:18ceux qui sont derrière ce groupe.
06:20Vous le disiez, la piste des narcotrafiquants et la piste privilégiée,
06:24c'est ce que disent nos sources,
06:26c'est ce que disait hier aussi le directeur de l'administration pénitentiaire
06:29qui était invité sur BFM TV,
06:31en expliquant pourquoi les autres pistes semblaient peu écartées.
06:34Mais ce matin, on note quand même la prudence
06:36du côté du parquet national antiterroriste
06:38qui a répété ce matin à la radio
06:40que ce serait une erreur de fermer toutes les pistes.
06:42Donc, on verra vers quel groupe l'enquête va s'orienter.
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