Bernard-Henri Lévy était l'invité de BFM Politique ce dimanche 20 avril. Il s'est notamment exprimé sur la trêve en Ukraine en ce week-end de Pâques, la situation à Gaza, la condamnation de Marine Le Pen ou encore la situation actuelle entre la France et l'Algérie.
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00:00Vous êtes bien sur BFM Politique, merci d'être avec nous pour un week-end pascal particulier
00:05parce qu'il y a une actualité internationale particulièrement forte.
00:09Le président russe hier a décrété une trêve de 24 heures dans la guerre avec l'Ukraine.
00:14Bonjour Bernard-Henri Lévy, merci d'être avec nous.
00:18Écrivain, essayiste, philosophe, votre dernier ouvrage d'ailleurs c'est Nuit Blanche aux éditions Grasset.
00:24On le disait, des actualités internationales extrêmement présentes.
00:27On va revenir avec vous bien sûr sur cette situation entre la Russie et l'Ukraine.
00:31Vous êtes souvent rendu sur place.
00:33À mes côtés, Amandine Attalaya pour vous interroger, éditorialiste BFM TV.
00:37Et Jules Pécnard de La Tribune, dimanche, notre partenaire.
00:41Bonjour Jules.
00:42Alors on le disait, Vladimir Poutine a proposé hier une trêve de 24 heures pour Pâques.
00:49Elle doit prendre fin la nuit prochaine.
00:51Est-ce que vous saluez cette initiative ? Comment vous l'analysez ?
00:55Non, je ne la salue pas.
00:57Je ne pense pas que ce soit une actualité forte et je pense que c'est une mascarade.
01:02Pourquoi une mascarade ?
01:03Quand on a bombardé il y a huit jours, le jour du dimanche des Rameaux, la ville de Soumy,
01:10à l'ouverture de la semaine de Pâques, lorsqu'on y a fait le carnage dont vous avez parfaitement rendu compte,
01:16on n'a pas le culot huit jours après de décréter une trêve de 30 heures.
01:22C'est absolument, c'est même extrêmement choquant.
01:27Le président Zelensky, lui, il a accepté une trêve de 30 jours, il y a déjà des semaines.
01:33Et une trêve inconditionnelle, sans condition, ça c'est un geste de paix.
01:38Poutine, c'est une blague.
01:39Pour vous, c'est une blague, une mascarade, vous dites ?
01:41C'est une mascarade, mascarade destinée probablement au public américain,
01:47destinée aux émissaires de Donald Trump, dont j'espère qu'ils ne se laisseront pas abuser par ça.
01:56Mais enfin, je vous dis ça parce que j'entends dire partout une actualité forte.
02:01Vous n'y croyez pas ?
02:03D'abord, je n'y crois pas, parce qu'elle ne l'est pas respectée.
02:06Hier soir, deux heures après l'annonce de cette trêve de 30 heures,
02:11j'avais au téléphone un copain, un ami à moi, qui est à Kersonne,
02:15et qui me racontait comment un quartier de Kersonne...
02:18Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
02:19...était bombardé, qu'il y avait un immeuble qui venait d'être détruit par un missile.
02:26Dans le quartier de Dniproporsky, qui est un des quartiers de Kersonne,
02:30libéré par les Ukrainiens, il y a maintenant deux ans.
02:33Donc, un, je n'y crois pas, parce que ça ne s'est pas réalisé,
02:38et vous savez, quand dans une armée en général, et comme celle-là en particulier,
02:44on décrète une trêve, c'est comme en 1918, la trêve, elle est respectée à l'instant même.
02:50On ne peut pas dire qu'il y a des soldats perdus qui ont continué à tirer à Kersonne,
02:53alors qu'ils n'ont pas tiré à Pocrofs.
02:55Donc, un, je n'y crois pas, deux, trente heures, c'est une blague,
02:59et trois, je vous le répète, quand on a offensé tous les chrétiens du monde
03:05et martyrisé des dizaines et des dizaines de corps assoumis
03:09en choisissant le dimanche des rameaux,
03:11quand les catholiques, quand les chrétiens de soumis préparaient Pâques,
03:16on n'a pas le culot de venir après,
03:18avec le patriarche Kirill, qui est un mafieux notoire,
03:25de venir prendre des airs contrits et des airs de bons samaritains,
03:29comme on l'a vu sur les images, en disant qu'on va célébrer la Pâque orthodoxe.
03:33Le président Zelensky, lui, a accepté cette trêve
03:35et il dit qu'il espère qu'elle dure plus de trente heures.
03:39Le président Zelensky, il a accepté la trêve que lui ont proposé les Américains
03:45à Jeddah il y a trente ou quarante jours.
03:49Il a accepté la trêve depuis longtemps.
03:51Le président Zelensky, ça fait trois ans qu'il accepte la trêve,
03:54trois ans et quelques semaines qu'il dit qu'il veut la paix,
03:58que son peuple veut la paix, qu'il n'est pas taillé pour la guerre,
04:03qu'il n'a pas été élu pour ça, qu'il n'est pas…
04:06Voilà, il a été, le président Zelensky, c'est un héros.
04:08Un héros, c'est quelqu'un qui a été plongé dans des conditions
04:12complètement inconcevables et qui s'est bien tenu
04:16et qui s'est conduit avec grandeur.
04:20Mais ce n'est pas un chef de guerre, ce n'est pas un homme de guerre.
04:23Il l'est aujourd'hui.
04:24Il conduit cette guerre de manière admirable.
04:25Il est de la trompe de Winston Churchill ou de Charles de Gaulle,
04:31avec la différence que lui n'a pas été formé pour faire la guerre.
04:37Et ça, c'est les hommes les plus…
04:38Vous savez, il y a un mot d'André Malraux que je trouve toujours si beau,
04:42qui dit que les hommes qu'il a le plus admirés en ce monde,
04:46ce sont les hommes qui ont fait la guerre,
04:48qui l'ont fait bien et qui l'ont gagné sans l'avoir aimé.
04:53Faire la guerre sans l'aimer, ça, c'est Volodymyr Zelensky.
04:55Amandine.
04:57Finalement, ces dernières semaines, enfin ces derniers mois, même peut-être,
05:00ont fini par se dire que Vladimir Poutine est le seul maître de ce jeu.
05:05Non ? Est-ce que ce n'est pas votre sentiment que ni Trump ni Zelensky
05:09n'ont aujourd'hui réellement les cartes en main ?
05:12Et est-ce qu'à vos yeux, Vladimir Poutine souhaite la fin de cette guerre
05:17à un horizon proche ou pas du tout ?
05:20Vladimir Poutine, je ne crois pas, hélas, qu'il souhaite la fin de cette guerre.
05:24S'il a un souhait, c'est la destruction de l'Ukraine.
05:27Ça, c'est son souhait numéro un.
05:29Mais destruction de l'Ukraine ?
05:30Quand est-ce qu'il s'arrêtera, en fait ?
05:33La destruction aussi grande que possible, en tout cas jusqu'à la mise sous tutelle.
05:39Ce que souhaite Vladimir Poutine, c'est que l'Ukraine, comme entité politique,
05:45comme nation, disparaisse du paysage, en tout cas de son paysage propre.
05:52Ce qu'il décide après, ce qu'il souhaite après, parler de ses souhaits,
05:56c'est de s'en prendre au Pays-Balte ou à la Pologne,
05:59sans parler de la Géorgie ou de la Moldavie.
06:01Donc, Poutine, il faut l'écouter.
06:04Il le dit, vous savez, il prend même l'avantage.
06:06Il y a des écoles là-dessus.
06:07Ceux qui pensent qu'une fois son désir d'Ukraine assouvi, il s'arrêtera là.
06:12Et puis, ceux qui pensent comme vous...
06:13Mais je ne crois pas qu'il...
06:14Mais sur quel fondement on peut être certain de ça ?
06:16Mais sur le seul fondement sérieux.
06:18Il y a un fondement sérieux.
06:19Et c'est l'avantage avec les dictateurs.
06:21C'est qu'ils disent ce qu'ils vont faire.
06:23Ils l'annoncent toujours.
06:24Hitler avait écrit Mein Kampf.
06:26Et Poutine, il fait des discours chaque année au club Valdaï,
06:30qui est un club près de Moscou,
06:31qui est une espèce de micro Davos un peu minable,
06:35mais où s'exprime Poutine chaque année
06:36avec les stratèges qui l'entourent
06:38et les intellectuels qui l'entourent.
06:39Vous arrêtez juste une seconde.
06:40Vous dites Poutine, c'est Hitler ou pas ?
06:43Je ne dis pas que Poutine, c'est Hitler,
06:46parce que Hitler, c'est comparable à rien.
06:48Mais Poutine, en revanche, est le nom aujourd'hui,
06:52avec l'islamisme radical,
06:54du pire pour l'Europe et pour le monde.
06:57Et d'ailleurs, je dis avec l'islamisme radical,
07:00et j'ajoute que les deux ne sont pas sans lien,
07:02parce que ça, on ne le dit pas suffisamment.
07:04J'avais donné il y a quelques mois une interview au Figaro,
07:06j'avais expliqué ça très clairement.
07:08Comment la vraie grande alliance,
07:10que hélas, trop peu de gens voient,
07:13c'est l'alliance entre le poutinisme
07:15et l'islamisme radical.
07:16Ça passe par des tas de canaux.
07:18Par exemple, l'Iran.
07:19Est-ce que vous savez qu'il y a trois semaines,
07:21il y a eu des manœuvres maritimes extrêmement sérieuses,
07:26conjointes, entre l'Iran des gardiens de la Révolution
07:29et la flotte russe ?
07:32Il y a un pacte d'acier aujourd'hui
07:34entre l'Iran et Poutine et la Russie.
07:39Une partie de l'armement, soutien absolu.
07:41L'un des sujets des conversations récentes
07:46entre Poutine et les émissaires de Trump,
07:49c'est Poutine prétendant
07:51qu'il était en train de leur arranger le deal avec l'Iran,
07:54qu'il était le bon interlocuteur,
07:56qu'il avait les clés de Téhéran.
07:58Donc, Hitler, je n'en sais rien,
08:00mais grand danger pour l'Europe,
08:02grand danger pour l'Occident,
08:04grand danger pour nos valeurs,
08:05ça, je le crois profondément.
08:07Alors, justement, les Américains.
08:08Sur la trêve, vous ne prenez pas au sérieux
08:10cette trêve décrétée par les Russes,
08:13mais étant donné que les Américains
08:16ont donné le sentiment
08:17qu'ils allaient peut-être quitter les négociations,
08:21en tout cas lâcher, comment dire,
08:23se retirer des négociations,
08:25est-ce que c'est un coup de bluff,
08:26d'après vous, qui a été réussi ?
08:28Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio,
08:30a déclaré qu'il fallait déterminer, je cite,
08:33dans les prochains jours,
08:34si la paix est faisable ou non,
08:35si cela n'est pas possible,
08:36nous devons passer à autre chose,
08:38car les USA ont d'autres priorités.
08:40Est-ce que vous estimez que les États-Unis
08:43ont bien joué leur jeu de ce point de vue ?
08:47– Comme disait le président Zelensky
08:50à Donald Trump dans cette scène
08:53très embarrassante du bureau ovale,
08:55ce n'est pas un jeu.
08:57Et vous savez, quand Trump lui dit
09:01« vous n'avez pas les cartes en main »,
09:03et Zelensky lui répond, avec ce sens
09:05de la répartie historique qu'il a toujours eue,
09:08« Monsieur le Président, je ne joue pas aux cartes,
09:11je défends mon peuple et je sauve les enfants d'Ukraine ».
09:13– Est-ce qu'ils ont fait un coup de bluff réussi de…
09:15– Mais je ne sais pas si c'est un coup…
09:17– Comment vous évaluez leur…
09:18– Non mais c'est vrai que l'Ukraine,
09:25j'y suis allé beaucoup,
09:29j'ai passé du temps avec les combattants ukrainiens,
09:32avec les familles des enfants déportés, etc.
09:34et je n'arrive pas à raisonner en ces termes-là.
09:38Bluff, jeu, un coup…
09:40Non mais je sais, ce n'est pas un reproche,
09:42non non, je sais, mais je n'arrive pas à entendre ça.
09:44Pour l'instant, moi ce que je sais,
09:45c'est qu'à l'heure où nous parlons,
09:46il y a des combats qui continuent
09:48et des enfants qui continuent d'être massacrés
09:50dans les immeubles de la région de l'Oblad de Donetsk.
09:52– Et quand Donald Trump dit « si ça n'avance pas,
09:54on va se retirer parce qu'on a d'autres priorités »,
09:56qu'est-ce que vous en pensez ?
09:57– Eh bien je dis que l'Amérique,
09:58telle que je l'ai aimée et telle que je continue de l'aimer,
10:02si Donald Trump fait ça,
10:04elle aura signé un arrêt, pas de mort,
10:07mais un arrêt de coma qui va durer quelques années.
10:12Parce que la grandeur de l'Amérique,
10:14c'est ça une grande puissance,
10:16c'est quoi ?
10:17Ce n'est pas seulement une puissance
10:18qui met des tarifs à droite et à gauche,
10:20une grande puissance,
10:21c'est une puissance qui veille
10:22à ce que l'ordre international soit respecté,
10:25à ce qu'on ne vive pas dans la jungle.
10:27– Vous étiez en Ukraine une dizaine de jours,
10:29concrètement sur le terrain,
10:30qu'est-ce que vous avez vu ?
10:31Quel est l'état d'esprit des soldats ukrainiens ?
10:34– Ce que j'ai vu, je l'ai vu filmé,
10:36et vous le verrez j'espère bientôt,
10:37c'est des soldats ukrainiens,
10:41qu'est-ce que vous voulez dire ?
10:42Je ne crois pas être trop excessif en le disant,
10:47admirable, admirable,
10:50c'est-à-dire plus que jamais décider à défendre
10:54leur pays et leur famille,
10:56plus que jamais convaincus qu'ils défendent
10:58les valeurs de l'Europe
10:58et qu'ils sont la barrière de l'Europe,
11:01plus que jamais convaincus qu'ils ont un rôle
11:06dans l'histoire de ce moment,
11:11et alors surtout, pas du tout démoralisés.
11:14Ça c'était à Soumy, où j'étais il y a dix jours,
11:17mais il y a quelques semaines avant,
11:19j'étais sur un autre front,
11:21qui est le front de Pokrovsk,
11:22et à Pokrovsk, ça c'est important
11:24parce que vous en avez beaucoup parlé ici,
11:25il y a une brigade qui s'appelle
11:26la brigade Anne de Kive,
11:28cette brigade franco-ukrainienne,
11:32d'accord,
11:33voulue par la France,
11:35armée, formée, à Paris, etc.
11:36Il y a eu toute une série d'histoires
11:38où toute cette brigade Anne de Kive,
11:39on disait qu'il y avait des désertions,
11:41qu'elle avait été vendue à la découpe,
11:43enfin, on a tout entendu.
11:45Moi, j'ai été « embedded »
11:48comme incorporé pendant quelques jours
11:50avec eux dans les rangs de la brigade de Kive,
11:51j'ai vu le contraire,
11:52j'ai vu une brigade magnifique
11:54qui est sur l'un des lieux
11:55les plus chauds du front,
11:58et qui fait la guerre sans l'aimer,
12:01comme je le disais,
12:02mais qui l'a fait bien, voilà.
12:04Et pas du tout cette atmosphère
12:06de démobilisation
12:07qu'on nous décrit trop souvent.
12:10Amandine.
12:11Puisque vous pensez
12:12que Vladimir Poutine
12:13ne s'arrêtera pas à l'Ukraine,
12:15est-ce que vous faites partie
12:15de ceux qui craignent
12:17ou qui pensent
12:18qu'une troisième guerre mondiale
12:19est possible
12:19et qu'une guerre sur le sol européen
12:22peut arriver au-delà même de l'Ukraine ?
12:24D'abord,
12:26je pense que la troisième guerre mondiale,
12:27elle a commencé déjà,
12:29on y est,
12:30c'est une guerre mondiale différente.
12:33Oui, mais l'histoire
12:35ne se répète jamais à l'identique.
12:37Non, bien sûr.
12:37Vous voyez ?
12:38La guerre mondiale,
12:38ça correspond à une…
12:40Il y a aujourd'hui quelque chose,
12:42si vous regardez l'Iran,
12:44si vous regardez la guerre commerciale
12:46avec la Chine,
12:47si vous regardez les velléités impériales
12:49de la Turquie,
12:50si vous voyez l'islamisme radical,
12:52si vous voyez le Hamas et le Hezbo,
12:53ce qui reste du Hamas,
12:54mais qui est sérieux,
12:55et le Hezbollah,
12:56si vous voyez l'islamisme mondial
12:57et si vous voyez Poutine
12:59qui donne la main à tout ça
13:00à travers Khadirov
13:01et à travers ses idéologues eurasiens,
13:03ça ressemble à une guerre mondiale.
13:04Après, sur le sol européen,
13:07réponse précise,
13:08si l'armée ukrainienne n'était pas là,
13:11si elle n'était pas là
13:12pour faire rempart,
13:14d'accord ?
13:15Là, je pense, oui,
13:16que les Pays-Baltes
13:16auraient du souci à se faire.
13:18Parce que les gens vous disent
13:19mais attendez, vous voyez bien,
13:20ils n'arrivent même pas à avancer,
13:22ce qui est vrai,
13:23l'armée russe,
13:24que vous décrivez
13:24comme tellement redoutable,
13:26elle n'arrive même pas à avancer
13:27de plus de 2 kilomètres.
13:29Mais pourquoi elle n'arrive pas à avancer ?
13:31Elle n'arrive pas à avancer
13:31parce qu'elle trouve en face d'elle
13:33la meilleure armée d'Europe,
13:36l'une des meilleures armées du monde,
13:38aujourd'hui,
13:38qu'est l'armée ukrainienne.
13:40Est-ce que le président Macron
13:41joue le rôle qu'il doit jouer ?
13:43On a vu que cette semaine à l'Elysée,
13:44il a réuni le secrétaire d'État américain,
13:45des responsables ukrainiens,
13:46des responsables européens.
13:47Est-ce qu'il est à la hauteur ?
13:49Pour l'instant, honnêtement,
13:50il fait de son mieux, oui.
13:51Je crois qu'il fait de son mieux
13:52et qu'il semble faire le job, absolument.
13:57On disait à un instant,
13:58vous évoquez évidemment
13:58cet international,
14:00si j'ose dire,
14:01parfois des populismes.
14:02Alors, on parle de Poutine,
14:03on parle de Trump,
14:04on va parler dans un instant aussi
14:06de Benjamin Netanyahou,
14:07ce monde que certains décrivent
14:09comme un monde de prédateurs.
14:11Comment est-ce que vous le voyez aujourd'hui ?
14:13Qu'est-ce qu'ils disent de notre époque,
14:14ces responsables politiques-là ?
14:16Est-ce que vous diriez
14:17que c'est un monde de prédateurs ?
14:18Oui, je crois que le mot,
14:19c'est un mot de Julen O'Darampoli
14:20dans son dernier livre,
14:23qui est un beau livre d'ailleurs,
14:24comme le précédent,
14:25le match du Kremlin.
14:26Et je pense que le mot est juste.
14:28Un monde de prédateurs,
14:29ça veut dire quoi ?
14:30Ça veut dire la loi du plus fort.
14:31Ça veut dire la loi de la jungle.
14:33Ça veut dire qu'on ne s'embarrasse plus
14:34ni du droit, ni de la loi internationale.
14:37Ça veut dire que les forts dévorent les faibles.
14:40Et oui, c'est ça aujourd'hui.
14:42C'est cette boîte de Pandore-là
14:44qu'a ouverte Vladimir Poutine.
14:47Mais est-ce que ça n'a pas toujours été ça ?
14:48Non, non.
14:49C'était le cas dans certaines parties du monde,
14:55dans les périphéries du monde.
14:56C'était déjà trop.
14:57Je me suis battu contre ça.
14:58J'ai fait des reportages
15:00sur les guerres oubliées du monde.
15:01Mais enfin, dans une grande partie du monde,
15:03ça n'était plus ça depuis 1945.
15:06Il y avait quelque chose
15:07qui s'appelait l'ordre international,
15:09un ordre issu de la Seconde Guerre mondiale.
15:11Alors, il y avait un gros problème
15:14qui était l'Europe de l'Est
15:15qui, elle, avait été capturée
15:17par l'Union soviétique.
15:18Mais ce gros problème-là,
15:19il avait été, entre guillemets,
15:21résolu en 1989
15:23quand les peuples d'Europe de l'Est
15:24ont décidé de se révolter
15:25et de reprendre leur liberté.
15:27Mais face à ces prédateurs,
15:28on fait quoi ?
15:29Face aux prédateurs, on s'arme.
15:31Face aux prédateurs, on résiste.
15:33Et face aux prédateurs,
15:34en tout cas, on ne se couche pas,
15:38comme nous y invitent,
15:40trop de leaders d'opinion,
15:45de dirigeants européens et français.
15:49Je pense à des tas de gens.
15:50Je pense à l'immense parti en France
15:53pro-Poutine
15:54qui dit qu'il ne faut pas exciter la bête,
15:58qu'il faut lui donner un peu
16:00pour ne pas qu'elle demande...
16:01– Qui est pro-Poutine en France ?
16:02– Qui est pro-Poutine ?
16:04Toute une partie de la...
16:07C'est peut-être le plus grand parti de France.
16:10Déjà l'extrême droite
16:11et déjà l'extrême gauche.
16:12L'extrême gauche,
16:13parti de Mélenchon.
16:15Et l'extrême droite,
16:15le Rassemblement national.
16:16Ceux-là, ils sont exactement
16:18sur la ligne que je vous décris.
16:20Les origines de cette guerre
16:21ne sont pas claires.
16:22On ne sait pas qui a attaqué qui.
16:24Est-ce qu'il n'y a pas
16:24des responsabilités de l'Ukraine ?
16:26Est-ce qu'elle n'a pas provoqué la Russie
16:28avec ce désir étrange
16:30de vouloir rejoindre l'Europe
16:31et d'aspirer à la démocratie ?
16:34Ça, c'est des éléments
16:35de langage poutinien.
16:36– Eh bien, on en parle dans un instant,
16:37justement.
16:37On va continuer d'évoquer avec vous
16:38ce monde de prédateurs
16:40et les conséquences,
16:41y compris qu'il peut y avoir
16:42sur la scène politique française.
16:44BFM Politique est de retour dans un instant.
16:45Nous sommes désormais entrés.
16:51On évoquait il y a quelques instants,
16:52bien sûr, cette trêve pascale
16:54entre la Russie et l'Ukraine,
16:56Vladimir Poutine, Donald Trump,
16:58mais également Benjamin Netanyahou
17:00qui marque l'actualité internationale
17:02ces dernières heures,
17:02puisque le Premier ministre israélien
17:04a opposé une fin de non-recevoir
17:06aux familles d'otages
17:07qui demandaient à mettre fin
17:08à la guerre à Gaza
17:09afin d'obtenir la libération
17:11des otages qui sont encore
17:12aux mains du Hamas
17:13et de leurs alliés.
17:14Est-ce que Benjamin Netanyahou
17:15a raison de dire
17:16« Non, je n'arrête pas la guerre ? »
17:19En tout cas,
17:20quel que soit le Premier ministre d'Israël,
17:23Netanyahou ou un autre,
17:24je ne pense pas qu'on puisse le mettre
17:26dans la famille des prédateurs.
17:27Ce n'est pas un prédateur.
17:29Écoutez, Israël est un minuscule pays
17:32qui a la taille
17:34de deux petits départements français,
17:36qui est environné
17:37par des pays hostiles,
17:40qui livraient
17:41et qui livrent encore
17:42une guerre
17:43sur sept fronts,
17:45qui se défend.
17:47Voilà,
17:47ce n'est pas ça un prédateur.
17:48On ne peut pas comparer ça.
17:50Quoi qu'on pense de Netanyahou,
17:52on ne peut pas le comparer
17:53à Vladimir Poutine
17:54ou à Erdogan
17:56ou à la Yotala Khamenei.
17:58Ça, j'en suis sûr.
17:59Est-ce qu'il a raison de dire
18:01« je ne mettrai pas fin à cette guerre »
18:02alors que les familles d'otages
18:03le demandent justement
18:04pour espérer récupérer leurs otages ?
18:06Les familles d'otages,
18:07écoutez,
18:08je crois que je connais
18:09un peu le sujet aussi.
18:10J'ai eu l'occasion
18:12et le très grand honneur
18:13de m'exprimer devant elles
18:15un samedi soir
18:17sur cette place des otages
18:20qui est tellement émouvante.
18:22Les familles d'otages,
18:23elles sont divisées.
18:24Il n'y a pas les familles d'otages
18:26qui demandent ceci ou cela.
18:27Certaines pensent, en effet.
18:28Et elles ont peut-être raison
18:31qu'il faut arrêter la guerre
18:32pour que les otages reviennent.
18:34Et d'autres pensent,
18:36parmi les familles d'otages,
18:38qu'il n'y a que la pression militaire
18:39qui peut faire revenir les otages.
18:40Et vous, vous pensez quoi ?
18:43Moi, je pense que le Hamas
18:46n'a aucune intention
18:48de rendre les otages.
18:51Je pense que le Hamas sait très bien
18:53que la guerre s'arrêterait instantanément,
18:56que les souffrances
18:57des populations civiles palestiniennes
18:59et les souffrances
19:00des populations israéliennes
19:02cesserait instantanément
19:03s'il rendait les otages.
19:04Or, ça fait un an et demi
19:07qu'il ne le fait pas.
19:09Voilà.
19:10Et il ne le fait pas
19:10parce qu'il...
19:13ses otages sont sa monnaie d'échange,
19:16sont son trésor de guerre
19:17et qu'il n'a pas l'intention
19:19de l'échanger contre quoi que ce soit.
19:21On apprenait ces derniers jours
19:24qu'il était en train de reconstituer
19:26une force relativement importante.
19:29Plusieurs brigades,
19:30probablement 20 000 combattants
19:32noyés dans les lieux
19:36les plus peuplés de Gaza
19:37avec l'intention de reprendre cette guerre
19:40par tous les moyens
19:41le plus rapidement possible.
19:42Je ne vois pas de signe
19:44de volonté de rendre les otages.
19:47Après, quelle est la bonne stratégie
19:48pour qu'il les rentre ?
19:49Vous voulez savoir ce que je pense ?
19:51La meilleure stratégie
19:52pour le retour des otages,
19:54ce serait que les États
19:55parrains du Hamas,
19:58c'est-à-dire le Qatar,
20:00et peut-être la Turquie,
20:02tapent sur la table,
20:03l'exigent,
20:04lui disent que c'est comme ça
20:05et que c'est fini,
20:06qu'on arrête la plaisanterie,
20:08qu'ils arrêtent de les soutenir,
20:10qu'ils arrêtent de les financer,
20:12qu'ils acceptent peut-être
20:12de les exfiltrer,
20:14de les accueillir
20:15ou diable les accepte,
20:17mais qu'ils doivent rendre les otages.
20:18Ça, c'est la bonne méthode.
20:20Mais apparemment,
20:20personne ne le fait.
20:21Le président Macron,
20:23dont vous approuviez
20:23la stratégie diplomatique
20:25sur le front ukrainien,
20:26a expliqué qu'il fallait
20:28reconnaître un État palestinien.
20:29Alors, on en parle
20:30depuis si longtemps,
20:31évidemment,
20:32mais est-ce que vous pensez
20:33que c'est la bonne stratégie ?
20:35N'est-ce pas la seule solution ?
20:36Certes, le Hamas
20:37s'est félicité de cette déclaration,
20:39mais au fond,
20:40n'est-ce pas la seule issue ?
20:43Non.
20:44Là, je pense que sur ce point,
20:45il se trompe.
20:45On en parle depuis si longtemps.
20:48Moi, j'en parle depuis 50 ans
20:50de l'État palestinien.
20:52Ça fait 50 ans que j'en parle.
20:54J'ai même été le parrain
20:55de ce qui est probablement
20:57le meilleur plan
20:58de partage de la Terre,
21:00qui était le plan de Genève,
21:02Bernard Kouchner
21:02et moi et quelques autres,
21:04qui était le plan
21:04de M. Abdel Rabot,
21:08côté palestinien,
21:09et de M. Béline,
21:10attendez, côté israélien.
21:11Je crois qu'il y a un moment
21:13dans ma vie
21:14où je n'ai pas envie
21:15de parler de deux États,
21:17un moment,
21:17c'est aujourd'hui.
21:18C'est celui-ci.
21:19Et c'est aujourd'hui.
21:19Pourquoi ?
21:20Parce qu'aujourd'hui,
21:21le deuxième État,
21:22l'État palestinien,
21:22il serait dirigé par qui ?
21:24Il serait dirigé par le Hamas.
21:26Il serait dirigé,
21:27si ce n'était pas le Hamas,
21:28par des crypto-Hamas
21:29qui diraient, voilà,
21:30ce qu'on n'avait pas réussi
21:31à avoir par les moyens de la paix.
21:33Donc Emmanuel Macron se leurre
21:34en disant cela ?
21:35C'est juste pour comprendre
21:35votre position là-dessus.
21:38En tout cas,
21:38il se trompe.
21:39C'est certain.
21:41Ce n'est pas le moment.
21:43Et un,
21:44parce que c'est une prime
21:45au terrorisme,
21:46c'est certain.
21:47Deux,
21:47parce que les auteurs
21:49du 7 octobre
21:50sortiraient
21:51de cette effroyable aventure
21:53avec le halo
21:55non seulement des martyrs,
21:57mais surtout des victorieux,
21:59ils seraient des héros.
22:00Est-ce qu'on veut ça ?
22:02Attendez.
22:02Est-ce qu'on veut
22:03que le Hamas
22:05soit à Abu Dhabi,
22:06en Arabie Saoudite,
22:08les héros du monde arabe,
22:09les nouveaux Saladins,
22:10ceux qui ont réussi
22:11à faire plier le grand
22:12et le petit Satan ?
22:13Tout cela,
22:13je pense,
22:13sous-tend une autre...
22:14Il y a une autre question
22:15qui sous-tend cela,
22:16c'est votre soutien.
22:17Est-ce que vous soutenez toujours
22:18l'action du gouvernement
22:20Netanyahou,
22:21qui est soutenu,
22:22il faut le rappeler,
22:22par l'extrême droite
22:24la plus dure
22:25de l'échiquier politique
22:26qui sera déjà ?
22:27Je n'ai jamais soutenu
22:28l'action du gouvernement
22:29Netanyahou.
22:29Je n'ai jamais soutenu
22:31l'action du gouvernement Netanyahou.
22:33Chaque fois que je le pouvais,
22:34quand j'étais en Israël,
22:35avant cette monstruosité
22:38du 7 octobre,
22:39et quand j'y étais un samedi,
22:40j'étais dans la rue
22:40pour protester contre l'action
22:42du gouvernement Netanyahou,
22:43c'est-à-dire la réforme judiciaire.
22:45Par contre,
22:46je soutiens la volonté
22:48de ramener les otages
22:49à la maison
22:50et je soutiens la volonté
22:51de réduire le Hamas
22:53et sa force militaire
22:54à néant.
22:55Et je soutiens
22:56la nécessité
22:58de libérer
22:59le peuple palestinien
23:01que ce soit à Gaza
23:02ou en Cisjordanie,
23:04de la férule terrible
23:08qu'exerce le Hamas,
23:09le djihad islamique
23:10et tous les groupes
23:11qui leur ressemblent.
23:12C'est ça ma position.
23:13Je me fous du gouvernement Netanyahou.
23:1450 000 morts quand même.
23:15Comment ?
23:1650 000 morts quand même à Gaza
23:17depuis le début des opérations.
23:19D'abord,
23:20vous ne connaissez pas les chiffres,
23:22on les connaît.
23:22Non,
23:23on les connaîtra un jour,
23:24on les connaîtra un jour.
23:26Et d'ailleurs,
23:27quoi qu'il en soit,
23:27que ce soit 50 000,
23:28évidemment que c'est trop,
23:31évidemment que c'est horrible,
23:32évidemment que
23:33ce n'est même pas la question
23:35de les comptabiliser,
23:37bien sûr.
23:38Mais qu'est-ce que je vous dise ?
23:40Il pourrait,
23:41je vous le répète,
23:42cette guerre s'arrêterait
23:44à la minute
23:45depuis un an et demi
23:47si le Hamas avait décidé
23:49de rendre les otages.
23:51Et si le Hamas avait décidé,
23:53comme l'a fait Yasser Arafat
23:55en 1982,
23:56lorsqu'il a été vaincu,
23:58si le Hamas avait décidé
23:59de prendre un bateau,
24:01Arafat s'était à Tripoli,
24:03au Liban,
24:05et d'aller se faire voir ailleurs.
24:07En Libye.
24:08Non, non, non,
24:08c'était le Tripoli,
24:09le port de Tripoli du Liban,
24:11où un bateau grec
24:13ou français affrété par la Grèce
24:15ou l'inverse
24:15l'avait exfiltré.
24:17Amandine Nathala,
24:18il y a une question pour vous.
24:19Vous deviez, en Israël,
24:21assister à une conférence
24:22sur l'antisémitisme
24:23et vous avez annulé votre venue
24:25lorsque vous avez appris
24:26que Jordan Bardella
24:27et Marion Maréchal
24:28seraient finalement présents.
24:31Le Rassemblement national
24:32se présente aujourd'hui
24:32comme le meilleur rempart
24:33contre l'antisémitisme.
24:35Est-ce qu'on ne peut pas,
24:36à minima,
24:36se satisfaire
24:37de cette évolution
24:38en apparence ?
24:40Se satisfaire, non.
24:45Dire que c'est mieux,
24:46bien sûr que c'est mieux.
24:48Que Jordan Bardella
24:50dise qu'il est le patron
24:52d'un parti
24:53qui n'est plus antisémite,
24:54je m'en réjouis.
24:55Après,
24:56est-ce qu'il faut le croire ?
24:57Est-ce qu'il faut croire
24:58qu'on raye l'antisémitisme
25:02d'un vieux parti par décret ?
25:05Est-ce qu'il faut croire
25:06que par décision
25:08du bureau politique ?
25:09Il peut y avoir une évolution,
25:10il peut y avoir un changement.
25:11Vous,
25:11il vous paraît faux,
25:14stratégique ?
25:14Je n'en sais rien.
25:15Je suis...
25:17J'ai l'âge que j'ai,
25:19j'ai vu beaucoup de choses,
25:21je connais l'histoire
25:22du peuple juif,
25:22donc je suis prudent.
25:24Voilà.
25:24Et je ne crois pas
25:25sur parole
25:26quelqu'un qui me dit
25:27voilà,
25:27on s'est réunis,
25:29on a décidé,
25:30on n'est plus antisémite.
25:31Je suis prudent,
25:32j'attends de voir,
25:34surtout quand j'apprends
25:35à chaque élection...
25:35Et alors à quel moment
25:36vous ne les croirez pas ?
25:38Surtout quand j'apprends
25:39à chaque élection locale
25:40ou nationale
25:40ou législative,
25:41etc.,
25:42qu'il y a des dizaines
25:44et des dizaines
25:45de candidats
25:46ou des dizaines en tout cas
25:47qui ont dû être invalidés
25:49et exfiltrés
25:50des listes du parti
25:51parce qu'ils étaient eux
25:52vraiment antisémites.
25:52Lors des législatives en effet.
25:54Attendez,
25:54quand j'écoute,
25:55je n'ai rien dit à l'époque
25:56parce que je respecte les morts,
25:57mais à la mort de Jean-Marie Le Pen,
25:59vous avez entendu quand même
26:00les hommages
26:01qui lui ont été rendus
26:02par ses anciens compagnons
26:04de combat
26:05ou par ses successeurs.
26:07Ils se sont conduits
26:08comme des fidèles.
26:09Donc j'ai des doutes.
26:11Et par ailleurs,
26:12je sais,
26:13parce que j'ai pensé
26:14à tout ça,
26:15ça ce n'est pas
26:15le reporter de guerre,
26:16c'est le philosophe
26:17entre guillemets,
26:18je sais qu'on peut
26:20avoir été antisémite
26:21et ne plus l'être.
26:22Évidemment,
26:24heureusement,
26:25mais il faut un travail
26:26pour ça.
26:27Il faut aller
26:30au plus profond de soi,
26:31il faut analyser,
26:32il faut se demander
26:33qu'est-ce qui a rendu ça possible,
26:34comment ça se désamorce.
26:36Il y a des gens
26:36qui ont fait ça,
26:37il y a des grands écrivains,
26:38admirables.
26:39Mais Marine Le Pen
26:39et Jordan Bardella,
26:40pour vous,
26:41c'est Jean-Marie Le Pen
26:42ou c'est différent ?
26:42Mais tout est toujours,
26:45bien sûr que c'est différent,
26:46mais je vous demande simplement,
26:49je serais vraiment content
26:50si avant de mourir,
26:51j'apprends que tel ou tel
26:53que vous citez
26:54a fait ce travail
26:55en profondeur sur soi.
26:57Eux disent qu'ils l'ont fait.
26:58Ils disent qu'ils l'ont fait,
26:59oui.
27:00Ils disent qu'aujourd'hui,
27:00ils sont un bouclier
27:01contre l'antisémitisme.
27:02Je n'ai pas besoin de bouclier.
27:04Je n'ai pas besoin de bouclier.
27:05Pour moi,
27:05les institutions de la République,
27:07pour moi,
27:07c'est un bouclier.
27:08Moi, aujourd'hui,
27:09si je suis menacé
27:11par des antisémites violents,
27:14mon bouclier,
27:15c'est la police nationale.
27:16Mon bouclier,
27:17c'est les institutions républicaines.
27:19C'est la préfecture de Paris.
27:21Ce n'est pas tel ou tel parti
27:22qui s'arroge le droit
27:24d'être mon bouclier.
27:25Qu'est-ce que c'est que cette blague ?
27:26Comment vous expliquez
27:27le rapprochement
27:27entre la famille Clarsfeld,
27:28par exemple,
27:29et le Rassemblement National
27:31ces dernières années ?
27:33Comment je l'explique ?
27:34Je ne sais pas.
27:35La famille Clarsfeld,
27:37je ne sais pas.
27:37Moi, je connais Serge Clarsfeld,
27:39en tout cas,
27:40qui est un homme admirable,
27:43qui m'a immensément enseigné,
27:46qui, voilà,
27:48et qui, lui,
27:49prend, en effet,
27:50je ne sais pas,
27:51il est peut-être
27:52plus optimiste que moi.
27:53C'est possible.
27:54Bernard-Henri Lévy,
27:54est-ce qu'à vos yeux,
27:55c'est un problème
27:56quand l'État, Marine Le Pen,
27:57ne puisse pas se présenter
27:58à la prochaine élection présidentielle
27:59alors qu'elle est la favorite
28:00des sondages ?
28:01Elle a recueilli
28:01près de 13 millions de voix
28:02lors de la précédente élection.
28:04Par exemple,
28:04Elisabeth Bindater dit
28:05chez nos confrères du Point
28:07qu'on ne peut pas être indifférent
28:08au destin de 11 millions de Français.
28:11J'ai l'impression
28:11qu'on lui a réservé
28:12un traitement particulier
28:13d'Elisabeth Bindater.
28:15Est-ce que vous partagez
28:15ce sentiment ?
28:16Quoi qu'il en soit,
28:19un, il faut que les idées
28:21du Front National s'expriment
28:23pendant la prochaine présidentielle.
28:26Deux, il faut que ces idées
28:27aient un candidat pour les porter.
28:30Et trois, j'ai une bonne
28:32ou une mauvaise nouvelle pour vous,
28:33il y aura un candidat.
28:34Que ce soit Marine Le Pen
28:35ou un autre,
28:36ou une autre,
28:37ou un autre,
28:37il y aura un candidat.
28:38On n'a pas privé
28:3911 millions de Français
28:40de leur politique.
28:41Ça ne vous choque pas
28:42cette décision de justice ?
28:43Ce qui m'a choqué,
28:45c'est l'exécution provisoire
28:47de l'inéligibilité.
28:48Ça, ça m'a surpris, mettons.
28:50Mais comme je ne suis pas
28:51un expert en question de justice,
28:55c'est vrai que ça m'a surpris.
28:56Ça vous a mis mal à l'aise
28:56comme le Premier ministre ?
28:58Ce n'est pas une question
28:59de mal à l'aise.
28:59Je vous dis que ça m'a surpris.
29:02Parce que, voilà, en effet,
29:04le droit, oui,
29:06des fautes graves
29:09ont été commises.
29:11Il est normal
29:11qu'elles soient sanctionnées.
29:12Mais après,
29:13quand il y a une sanction,
29:14il y a une procédure d'appel.
29:15S'il y a une procédure d'appel,
29:16l'usage est que la peine
29:18est suspensive.
29:19Pourquoi elle n'a pas été ?
29:20Je n'ai pas très bien compris.
29:21Mais surtout,
29:22mais surtout,
29:24dites-vous bien
29:25que les idées
29:26du Rassemblement national,
29:27elles seront portées
29:28et il y aura un candidat.
29:30L'histoire,
29:31la politique et l'histoire
29:33ont horreur du vide.
29:34Il n'y aura pas de vide.
29:35Alors, vous exerquiez tout à l'heure
29:36la France insoumise.
29:37Question aussi de Jules.
29:39On passe à gauche.
29:40La députée européenne,
29:42donc de la France insoumise,
29:43Rima Hassan,
29:44a été entendue
29:44cette semaine
29:45en audition libre
29:46par la police
29:47parce qu'elle est accusée
29:48d'apologie du terrorisme.
29:51Pour un tweet
29:51que je vais vous citer,
29:52il est assez désespérant
29:53et inquiétant
29:54de voir la France sombrer
29:55dans ce qui est désormais
29:56une complicité avérée
29:58du génocide en cours.
29:59Ça, c'est ce qu'elle a déclaré
30:00après son audition.
30:00C'est ce qu'elle a déclaré
30:01après son audition
30:02sur ce qui se déroule
30:04au Proche-Orient.
30:05Qu'en pensez-vous ?
30:06Est-ce que ça,
30:07c'est de vous estimer
30:08que cette euro-députée
30:10fait l'apologie du terrorisme ?
30:11Elle le fait constamment.
30:14Depuis son entrée en politique,
30:16son rôle sur la scène politique française
30:19et à l'intérieur du LFI,
30:21son rôle dans cette espèce
30:22de comédie tragique,
30:26d'ailleurs,
30:26orchestrée par Mélenchon,
30:28son rôle,
30:28c'est l'apologie du terrorisme.
30:30C'est vrai, bien sûr.
30:30Et quant à génocide,
30:33jusqu'à quand faudra-t-il répéter
30:35qu'un génocide,
30:37ce n'est pas ça ?
30:38Je veux dire,
30:39quiconque a un tout petit peu réfléchi
30:41sur l'histoire du XXe siècle
30:42et du XXIe siècle...
30:43Elle, pour le coup,
30:44a réfléchi.
30:44Elle s'est engagée sur le sujet.
30:46Je ne crois pas qu'elle a réfléchi.
30:48En tout cas,
30:48elle prétend avoir beaucoup réfléchi.
30:49Oui, d'accord.
30:50Mais on peut prétendre à réfléchir
30:51mais ne pas avoir réfléchi.
30:51Je ne crois pas qu'elle ait réfléchi
30:52à ce qui s'est passé au Rwanda,
30:55à ce qui s'est passé au Darfour.
30:57Je ne crois pas qu'elle a réfléchi
30:58au génocide arménien
31:00où il n'y avait pas de solution
31:02ou les enroutes
31:03où on allait vous chasser
31:04dans les déserts de Syrie
31:05et où il n'y avait aucune échappatoire.
31:08Je ne crois pas qu'elle ait réfléchi
31:09à la Shoah
31:10où le monde entier
31:12était devenu un piège
31:13pour le gibier juif pour chasser.
31:16Et je ne crois pas qu'elle a réfléchi
31:18au fait que ce n'est pas ça
31:19qui se passe dans la bande de Gaza.
31:21Si on élargit la focale,
31:22vous avez écrit que,
31:23d'après vous,
31:24Jean-Luc Mélenchon,
31:25vous vous êtes posé la question
31:26est-ce que c'est vous ou lui
31:27qui avait changé
31:28au cours de ces dernières décennies
31:29et vous arrivez à la conclusion
31:31que c'est lui qui avait changé ?
31:32En quoi est-ce qu'il a changé,
31:33d'après vous,
31:34Jean-Luc Mélenchon ?
31:35Je crois que la plupart des propos
31:37qu'il tient aujourd'hui,
31:38il ne les aurait pas tenus jadis
31:41quand il était...
31:42Comment vous l'a décrivé,
31:43alors, cette évolution ?
31:44Quand il était secrétaire d'État
31:45ou sous-secrétaire d'État
31:47de François Mitterrand...
31:48Non, de Lionel Jospin.
31:50...ou de Lionel Jospin
31:51ou quand il courtisait
31:52François Mitterrand
31:52dans l'espoir d'avoir un Marocain
31:54et qu'il voyait ses camarades
31:56lui passer devant,
31:57il ne tenait pas ce genre de propos.
31:58Et vous le qualifiez comment,
31:59aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon ?
32:00C'est un républicain laïc.
32:02Il n'est plus républicain,
32:04il n'est plus laïc
32:05et il tient des propos
32:08qui flirtent dangereusement
32:11avec la ligne rouge.
32:12Pourquoi il n'est plus républicain ?
32:13Pardon ?
32:14En quoi est-il sorti ?
32:15Pourquoi il n'est plus républicain ?
32:16Écoutez, un exemple,
32:18il y a quelques années déjà,
32:20rappelez-vous,
32:20on vient perquisitionner...
32:21la police républicaine
32:23vient perquisitionner
32:24dans les locaux de son parti
32:26et il brutalise le policier,
32:31il en vient quasiment aux mains
32:32et il dit
32:32la République, c'est moi.
32:34Ah non !
32:34Lui, il était député,
32:36il est une petite part de la République,
32:40mais la République,
32:40ce n'est pas lui.
32:41Ça suffit à en faire
32:42plus un républicain, ça ?
32:43Cette scène-là ?
32:44Cette scène-là ?
32:45Mélenchon,
32:46en blouson de cuir,
32:48se conduisant comme un voyou
32:49avec un fonctionnaire républicain
32:53alors qu'il est investi,
32:55en effet,
32:56de cette grande autorité
32:58qui est l'onction populaire,
33:00ben oui, en effet,
33:01ce jour-là,
33:02il n'était plus républicain.
33:03J'ai lu, vous aviez dit
33:03que c'était, je cite,
33:04un tribun populiste
33:05flirtant avec des idées fascisantes.
33:07Oui, oui.
33:09Vous le rediriez ?
33:10Je le rediriez,
33:11mais je le dis plus que jamais.
33:13Vous savez,
33:14quand on soutient,
33:15quand on a soutenu Chavez
33:17et qu'on soutient Maduro,
33:19quand on estime que
33:20Bachar Al-Assad,
33:22autrefois,
33:23au début de la guerre de Syrie,
33:24faisait le travail.
33:25Des idées fascisantes,
33:26Jean-Luc Mélenchon ?
33:27Mais qu'est-ce que c'est
33:28le fascisme aujourd'hui ?
33:29Les concepts se renouvellent.
33:31Le fascisme,
33:32ce n'est pas seulement
33:33des disciples d'Adolf Hitler
33:34avec des oriflames nazis.
33:36Le fascisme d'aujourd'hui,
33:38je crois que c'était
33:39jusqu'à sa chute
33:39Bachar Al-Assad,
33:40c'est-à-dire aussi
33:41certains de ses successeurs,
33:42par parenthèse,
33:44c'est Erdogan
33:45qui se conduit
33:46comme un vrai fasciste,
33:46c'est le Hamas
33:47qui est une vraie
33:50organisation fasciste
33:51qui est née d'ailleurs
33:52comme ça.
33:53Le Hamas,
33:54branche palestinienne
33:56des frères musulmans,
33:58sont les frères musulmans,
34:00c'est une organisation fasciste.
34:01Mais quand vous évoquez
34:01l'antisémitisme
34:02de la France insoumise,
34:03vous ne diriez pas
34:03que Jean-Luc Mélenchon
34:04est antisémite ?
34:05Écoutez,
34:06ils passent leur temps.
34:08Il n'y a pas une question politique
34:09posée à la France insoumise
34:13et à son grand leader maximo,
34:15Jean-Luc Mélenchon,
34:16à laquelle ils ne répondent
34:18en évoquant la question palestinienne
34:21et en insultant les Juifs.
34:24Un exemple,
34:25il y en aurait mille,
34:27j'ai parlé de ça 100 fois
34:29et honnêtement,
34:30ça me fatigue.
34:31Mais un exemple,
34:32après le 7 octobre,
34:34alors que l'armée israélienne
34:36n'a pas encore répliqué,
34:37alors que la société israélienne
34:39est sous le choc,
34:40elle ne comprend pas encore
34:41ce qui lui arrive,
34:42que tous les républicains de France
34:44sont sous le choc
34:46et qu'il y a une manifestation
34:47organisée dans les rues de Paris.
34:48D'accord ?
34:49Une manifestation
34:50contre l'ancienneté.
34:51Qu'est-ce qu'il dit, Mélenchon ?
34:53Il dit que les soutiens
34:54du génocide sont de sortie.
34:56Il insulte les Juifs,
34:58les amis des Juifs,
35:00qui décident de défiler
35:02dans les rues
35:02pour dire leur horreur
35:04du 7 octobre
35:05en disant
35:05qu'ils sont ceux-là,
35:06les partisans du génocide.
35:07Quand on entend votre colère,
35:11Bernard-Henri Lévy,
35:11il y a quand même
35:12une possibilité politique
35:13pour qu'à la prochaine
35:13élection présidentielle,
35:15au deuxième tour,
35:15il y ait Jean-Luc Mélenchon
35:17face à un candidat
35:18du Rassemblement national,
35:19Jordan Bardella
35:19ou Marine Le Pen.
35:20Vous votez pour qui ?
35:21Je ne crois pas.
35:22Je ne crois pas qu'il y aura ça.
35:23Mais s'il y a ça,
35:24vous votez pour qui ?
35:24Il n'y a pas si.
35:25Un, il n'y aura pas.
35:26Deux, je refuse d'envisager.
35:28Demain, il y a un deuxième tour,
35:29Mélenchon, Le Pen
35:30ou Mélenchon, Bardella.
35:31Bernard-Henri Lévy,
35:31vous faites quoi ?
35:37Un veau qu'on amène
35:38à l'abattoir.
35:38Je compte me battre
35:39jusqu'à l'échéance
35:40dont vous parlez
35:41avec mes petits moyens,
35:42avec les tribunes
35:43que vous m'offrirez
35:44pour que ça ne soit pas comme ça,
35:46pour qu'on n'ait pas,
35:47en effet, ce choix du diable.
35:49Je ferai tout ce qui est
35:50en mon pouvoir.
35:51C'est le choix du diable pour vous ?
35:53Le choix de Marine Le Pen
35:54contre Jean-Luc Mélenchon.
35:56Franchement,
35:57si la France du général de Gaulle,
35:58la France de Jacques Chirac
35:59en est là,
36:03c'est qu'en effet,
36:04nous sommes en enfer.
36:05Comment vous expliquez
36:06cette tentation
36:07des deux pôles extrêmes
36:08en France,
36:09cette montée
36:09ces dernières années
36:10des plus radicaux ?
36:11Pourquoi ?
36:11Mais c'est comme ça partout.
36:13C'est comme ça en Italie,
36:14c'est comme ça aux États-Unis,
36:16c'est comme ça en Hongrie.
36:18Parce que nous vivons
36:19aujourd'hui dans une...
36:21Je vous renvoie d'ailleurs
36:22au prochain numéro
36:23de la petite revue
36:25La règle du jeu
36:26qui sera en librairie bientôt,
36:27qui est un numéro
36:28sur les années 30.
36:30Et on décrit, je crois...
36:31Enfin, c'est pas moi qui ai écrit,
36:32c'est tout un groupe
36:33d'écrivains
36:33que nous avons rassemblés
36:34qui décrivent assez bien
36:35ce glissement progressif
36:37qui fait qu'on croit
36:39de moins en moins
36:39aux valeurs démocratiques,
36:41qu'on croit de moins en moins
36:42aux idées libérales.
36:43Vous avez le sentiment
36:44qu'on est dans une autre forme
36:45d'année 30 ?
36:46C'est-à-dire qu'on glisse
36:47vers des régimes
36:47fascisants,
36:49non démocratiques,
36:50idéaux...
36:50Je crois qu'on glisse
36:52de plus en plus
36:52comme avant 1914
36:55et comme dans les années 30,
36:57c'était les deux précédentes crises
36:59de la conscience libérale,
37:01on glisse de plus en plus
37:02vers une incrédulité,
37:04je dirais ça comme ça,
37:05une incrédulité
37:06à l'endroit
37:07du paradigme républicain
37:09et démocratique.
37:10Il y a plein de gens
37:11qui sont même pas contre,
37:12mais qui disent juste,
37:13c'est fini.
37:14Regardez,
37:14il y a une autre
37:15actuelle internationale
37:16qui est très présente
37:16dans notre quotidien,
37:17c'est cette tension
37:18entre la France et l'Algérie.
37:19Je vous propose, regardez,
37:20cette double image
37:21que vous allez voir
37:22s'afficher derrière moi,
37:23d'un côté Bruno Retailleau,
37:24de l'autre côté
37:25le président Tebboune.
37:26Qui a la bonne stratégie
37:27entre les deux ?
37:28Bruno Retailleau.
37:30Entre les deux ?
37:31Bruno Retailleau,
37:32sans hésiter un quart de seconde.
37:35Ce qui se passe en Algérie,
37:36honnêtement,
37:37c'est horrible.
37:41Moi, ça m'intéresse l'Algérie,
37:42il se trouve que j'y suis né,
37:44mes parents,
37:44mes parents sont nés,
37:47ils ont passé leur jeunesse,
37:48donc c'est un pays
37:48auquel je suis attaché.
37:50Cette espèce de régime autoritaire,
37:53le sort qui est réservé
37:55à Boilem sans salle,
37:57cette mise au cachot
37:58d'un homme de 80 ans,
38:00malade,
38:01parce qu'il a dit deux phrases,
38:03il a prononcé deux phrases
38:04qui ont déplu,
38:05deux phrases d'historien,
38:07tout ça est monstrueux,
38:09et la France n'a aucune raison
38:11de se coucher devant ce régime-là.
38:14elle doit là aussi assumer ses valeurs
38:17et des positions de fermeté.
38:19Là-dessus,
38:19Rotaillot a évidemment totalement raison,
38:22il y a des tas de sujets
38:22sur lesquels je ne serais pas d'accord
38:23avec lui,
38:24mais sa fermeté là-dessus,
38:25oui, bien sûr.
38:26Merci beaucoup Bernard-Henri Lévy.