Michèle Laroque et Sabrina Ouazani partagent l’affiche du film Des jours meilleurs, au cinéma ce mercredi 23 avril. Le duo d’actrices s’est confié pour Femina.fr sur le tournage de cette comédie pleine d’espoir et son sujet encore trop tabou : l’alcoolisme au féminin.
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AmusantTranscription
00:00Vous savez qu'il y avait du vin à la cantine du primaire jusqu'en 63 ?
00:05Non mais on vient de là !
00:06Ouais, voilà, on porte cette histoire-là aussi,
00:08et donc effectivement c'est dans les mœurs, dans cette société, c'est normal de boire.
00:12Premier verre, moi c'était à 7 ans.
00:15On jouait à Capitaine Puff avec mon père.
00:17C'est un jour où tu bois, si tu veux, je t'apprends tout à l'heure.
00:19Ah ouais, je joue avec toi, moi.
00:21Je suis pas alcoolique, j'aime juste faire la fête, donc je sais pas ce que je fous là en fait.
00:24Moi je crois que j'ai un petit problème de sucre dans le sang.
00:26C'est plus que d'alcool, franchement.
00:30D'abord, le sujet m'a donné envie de sauter dans cette aventure,
00:36et aussi le fait d'interpréter une de ces femmes qui, je trouve, sont héroïques.
00:42Parce qu'avoir une addiction, avoir déjà envie de l'arrêter, c'est une décision exceptionnelle.
00:48Arriver à l'arrêter, c'est héroïque, parce que tout dans la société nous pousse à boire et à continuer.
00:54C'est très facile, même un enfant de 6 ans, on peut se débrouiller pour acheter de l'alcool.
00:57Complètement. Pour moi, c'est un des mots de notre société, l'alcool.
01:02Et le fait qu'effectivement, c'est vachement glorifié, mis en avant, on a vachement associé l'ivresse à la fête.
01:09Oui, ton personnage particulièrement.
01:10Oui, complètement. Et je trouve qu'il y a un côté un peu presque culpabilisant dans le fait de ne pas boire.
01:15Et je pense qu'il y a plein de choses à déconstruire aussi dans notre société de ce côté-là.
01:20Moi, j'ai plein de copains qui ne boivent pas du tout, du tout, mais en réaction à quelque chose.
01:29Et le passage est un petit peu difficile, parce que les autres insistent beaucoup, ils me disent tout le temps.
01:36Moi, je ne bois pas, je n'ai jamais bu, ou à part tremper mes lèvres, mais en fait, presque tremper mes lèvres, parce qu'on m'a fait culpabiliser.
01:44Et à force d'insister, il y a un moment où je me dis, bon, il faut que je prenne ce verre, je cède.
01:49Et puis, il va moins insister, moins me saouler.
01:51Si je prends le verre et si je fais semblant de boire cette petite coupe de champagne, il va passer à autre chose que le temps que je me justifie.
01:57Vas-y, alors, oh, t'es pas fun, oh, t'es chiante, oh, cette culpabilisation qui, à un moment, bah, oui, j'en ai marre de me justifier, de devoir répondre à pourquoi je n'accepte pas cette coupe ou ce verre d'alcool.
02:08Et c'est vrai que c'est chiant et c'est là qu'on se rend compte à quel point on est conditionné pour boire et on associe la fête.
02:15Et là, maintenant, il y a plein de boissons sans alcool qui sont sympas et ça aide un peu.
02:20Parce que tout d'un coup, il y a quelque chose de ludique et qui fait que l'autre dit, oui, bon, ben voilà, elle boit aussi quelque chose.
02:25Oui, c'est dingue, c'est psychologique.
02:27Est-ce que c'est parce qu'ils n'ont pas envie d'être seuls ?
02:29Oui, ça, c'est ça.
02:34On a eu la chance de pouvoir être accueillis dans un centre de...
02:40Anti-addiction.
02:40Anti-addiction, exactement, et de pouvoir rencontrer des femmes et des hommes, participer à des réunions, participer à un cours de sport, participer à des prises de parole qui nous ont vachement aidées, vachement nourries.
02:50J'ai l'impression qu'elles étaient toutes d'une générosité inouïe et qu'elles nous donnaient...
02:54Elles avaient envie aussi, j'ai l'impression que ça leur faisait plaisir.
02:57Complètement de participer.
02:58Oui, oui.
02:58Mais c'est vrai que moi, parfois, je n'osais pas poser toutes les questions que je voulais.
03:02Et c'est là qu'intervient Laurence Côté, qui est maintenant, comment on dit, patient coach, qui accompagne les alcooliques dans leur sevrage.
03:10Et donc, elle, effectivement, c'était sans tabou.
03:13Au contraire.
03:14Au contraire, vraiment.
03:15Elle voulait tout nous transmettre de ce qu'elle avait connu, vécu.
03:19C'était précieux, son témoignage et son accompagnement.
03:22Donc, oui, beaucoup de chance d'avoir Laurence Côté et d'avoir ces femmes à qui aussi on a pu poser nos questions.
03:28C'était beau de voir toutes ces énergies réunies pour un même but, c'est-à-dire faire ce film, pour faire passer ce message de lumière, d'espoir.
03:39Être pas là pour les strass et paillettes, pour être visible, pour je ne sais quoi, mais pour ce but commun, déjà, ça apporte une énergie sur le plateau qui est différente, même parfois, d'autres.
03:50Et puis, il y en avait qui avait, on le sentait, traverser des moments difficiles.
03:55Donc, c'était d'autant plus émouvant pour nous de jouer avec elle.
03:59On a passé à des très bons moments avec elle.