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00:0011h-13h, Pascal Praud sur Europe 1
00:04Les drapeaux seront mis en berne sur les bâtiments publics samedi, jour des obsèques du pape François.
00:08La suite du décès du pape François, le gouvernement a décidé que les drapeaux devront être mis en berne sur les bâtiments publics le jour de ces obsèques solennels.
00:16Le président Emmanuel Macron se rendra sur place, tout comme le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau,
00:21ce qui déplaît à certains élus de gauche, comme Alexis Corbière.
00:24Nous n'avons pas marqué une forme de laïcité à géométrie variable.
00:27Il a écrit sur le réseau social X, en République laïque,
00:31les drapeaux n'ont pas été mis en berne lors de la disparition d'une autorité religieuse.
00:36Tous les citoyens sont égaux, croyants ou non, et aucun culte ne doit être traité différemment des autres.
00:42C'est un principe laïque fondamental.
00:44Un message du sénateur communiste Pierre Ouzoulias,
00:47je n'ai rien dit sur les hommages rendus à un monarque de droit divin, il parle du pape homophobe.
00:53Très étonnant, c'est insultant d'abord, et puis disons-le, c'est assez bête.
00:57De dire du pape qu'il est homophobe, c'est à la fois bête et évidemment faux.
01:03En anti-IVG, il faut lui expliquer ce qu'est la doctrine de l'Église,
01:09est justificateur des attentats contre Charlie Hebdo.
01:12Je ne crois pas non plus que le pape François ait justifié les attentats contre Charlie Hebdo,
01:18mais je ne resterai pas muet devant ces drapeaux en berne.
01:21Cette décision est honteuse pour notre république laïque, honteuse.
01:25Et qui écrit cela ? Je le répète, c'est un sénateur communiste, Pierre Ouzoulias.
01:30Et ça montre d'une certaine manière le débat aujourd'hui tel qu'il est en France.
01:35Sans respect après la mort du pape François, comment peut-on dire des bêtises et des ignominies de cette sorte ?
01:42Mais la France et l'Église, ces 2000 ans d'histoire commune, aurait-il fallu un deuil national ou pas pour le pape ?
01:48Écoutez Alexis Corbière, député hier soir sur France Info.
01:53Je suis en total désaccord.
01:54Nous n'avons pas à marquer une forme de laïcité à géométrie variable,
01:57c'est-à-dire que quand une autorité religieuse meurt, on met des drapeaux en berne,
02:00mais on ne va pas le faire pour d'autres cultes.
02:02De la même façon, je n'approuve pas le fait que le chef de l'État participe à ce qui va être une cérémonie religieuse.
02:07Et nous avons à être neutre vis-à-vis du culte.
02:10Si demain, le Dalai Lama s'éteint, évidemment que les drapeaux français ne seront pas en berne.
02:13De la même façon, vis-à-vis d'une autorité musulmane, vis-à-vis d'une autorité juive, nous ne ferons pas la même chose.
02:18On ne fera pas la même chose parce que l'histoire n'est pas la même.
02:21Et il est pourtant professeur d'histoire, M. Corbière.
02:23C'est étonnant qu'il ne comprenne pas ça.
02:26La religion catholique est chez elle, sur le sol de France.
02:30C'est ainsi.
02:32Elle est là depuis 2000 ans.
02:33Ça ne veut pas dire que les autres religions ne doivent pas exister, loin de là.
02:37Elles ont aussi une place aujourd'hui.
02:40Simplement, elles n'ont pas la même histoire, les mêmes mœurs, les mêmes traditions.
02:44Vous ne pouvez pas comparer une religion, quand je dis chez elle,
02:47c'est qu'elle est née ici, sur le sol de France.
02:50Elle est née dans l'Occident, elle est née dans l'Europe.
02:53La religion musulmane est importée.
02:55Elle est importée.
02:57Elle est venue avec une immigration massive.
02:59Et elle a évidemment droit de cité.
03:02Mais on ne peut pas comparer, dans l'histoire de France,
03:05il suffit d'aller dans n'importe quel village de France pour voir un calvaire.
03:10Forcément, ces religions ne peuvent pas être mises en parallèle.
03:16David Lissnard, président de l'Association des maires de France,
03:19il était un invité d'Océanier à Macbrook ce matin sur CNews et sur Europe 1.
03:23Que dit-il sur ce sujet ?
03:24Je pense que le fait de mettre les drapeaux en berne le jour des obsèques,
03:27avec la présence du président de la République aux obsèques,
03:29ne pose aucun problème pour la laïcité.
03:32En revanche, certains appelaient à un deuil national,
03:35ça aurait posé problème, vous voyez.
03:36Pour vous, un jour de deuil national, c'est un problème ?
03:39Oui, parce que ce n'est pas une figure de la nation.
03:43C'est une figure d'attachement de la nation et de la civilisation européenne.
03:46Mais le deuil national leur envoie d'autres critères.
03:49En revanche, mettre les drapeaux en berne,
03:51comme on peut les mettre lorsqu'il y a un drame dans le monde,
03:53me paraît sans aucune difficulté.
03:56En Espagne, il y a trois jours de deuil national,
04:00les Espagnols ne se posent pas ces questions
04:03et n'ont pas ce même rapport à la laïcité,
04:05qui est un rapport très particulier que nous avons depuis plus d'un siècle aujourd'hui.
04:10Sophie Prima, elle est porte-parole du gouvernement,
04:12elle était ce matin sur TF1.
04:13Je crois que nous ne manifestons pas une préférence pour un culte.
04:18Le pape était d'abord un chef d'État, le chef d'État du Vatican.
04:22Il avait une place dans la politique et la diplomatie internationale qui n'étaient pas neutres.
04:27Son action en Ukraine, par exemple, a été très reconnue.
04:30Son action pour demander, parcourir le monde à la recherche de la paix,
04:34professer la paix, chercher les voies de Concorde,
04:37était tout à fait imminent, tout à fait partie prenante de sa personnalité.
04:42Michel Barnier, ancien Premier ministre,
04:46il était lui ce matin sur France 2.
04:48Aurait-il pris la même décision des drapeaux en Berne que celle prise par François Bayrou ?
04:54Oui, je l'aurais fait.
04:55Je trouve très franchement que dans un moment comme celui-là,
04:57il n'y a pas de place pour ce genre de polémique.
04:59On reste laïque, attaché à la laïcité, mais on doit partager.
05:03Moi, je partage comme toute la communauté des catholiques du monde,
05:05de l'émotion, le respect que l'on doit à cet homme,
05:08qui était un homme de bien.
05:10Jean-Paul II a été venu en 1980 au Bourget,
05:13pour être certains s'en souviennent,
05:15et il avait rappelé ce qui est une vérité de la France
05:19et de son rapport à l'Église.
05:21Écoutez Jean-Paul II.
05:23Permettez-moi de vous interroger.
05:25France, fille aînée de l'Église,
05:30es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?
05:35Évidemment, quand il posait la question,
05:38il trouvait sans doute que la France s'était détournée de son histoire,
05:42mais c'est ainsi.
05:44En Occident, la déchristianisation s'est opérée
05:47à partir de la Deuxième Guerre mondiale,
05:49après la Deuxième Guerre mondiale,
05:51et que c'est un des phénomènes les plus marquants de la France.
05:54Et des personnes d'une génération comme la mienne
05:59se souviennent qu'ils ont vu leurs grands-parents,
06:02qui étaient évidemment bien plus marqués par la religion catholique
06:06que ne le sont aujourd'hui les générations.
06:09Nous sommes avec Vincent.
06:10Bonjour Vincent.
06:12Oui, bonjour Pascal.
06:13Et vous vouliez peut-être...
06:14Vous habitez en Auvergne ?
06:15Oui.
06:16Et vous êtes catholique peut-être ?
06:19Oui, catholique.
06:21Peu pratiquant, mais catholique.
06:22Bon, et vous vouliez intervenir sur le sujet
06:24des drapeaux mis en berne samedi.
06:26Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne chose ou pas ?
06:28Ah oui, c'est une bonne chose.
06:30Moi, ça ne me pose pas de problème.
06:31On l'avait déjà fait pour Jean-Paul II.
06:34Donc, il n'y a pas de raison de ne pas faire perdurer,
06:37on va dire, cette récente tradition.
06:40Mais, bon, ce sont les racines chrétiennes de la France
06:44que l'on célèbre d'une certaine façon
06:47en mettant en berne les drapeaux aussi.
06:49Et puis, on a un lien particulier,
06:51donc avec le catholicisme, avec le Vatican.
06:54Donc, la mise en berne des drapeaux n'est pas un scandale.
06:58En revanche, je suis davantage scandalisé
06:59par les indignations des uns et des autres
07:02ou par la mise en berne des drapeaux
07:04ou par la présence du président de la République
07:07aux obsèques de François.
07:09Vous êtes...
07:10J'ai pas saisi.
07:12Vous n'êtes pas scandalisé
07:13qu'Emmanuel Macron soit présent à Rome ?
07:16Ah non, non, pas du tout.
07:17Vous êtes scandalisé que ceux...
07:18Je trouve ça très bien, je suis scandalisé
07:21par les indignations, par exemple, de M. Corbière.
07:25Oui, mais la difficulté de l'espace médiatique,
07:29c'est que c'est une manière de faire parler de soi.
07:31Et nous, on tombe dans le piège et on en parle.
07:32Donc, M. Corbière, d'une certaine manière,
07:34il a réussi à se mettre en avant sur un sujet.
07:37Je ne veux pas dire qu'il ne divise personne,
07:39mais je pense que le plus grand nombre,
07:40d'abord, où ça lui est égal,
07:42si Emmanuel Macron est présent ou non à Rome,
07:45et autrement, approuve sans doute la présence.
07:48C'est un chef d'État, d'abord.
07:51Le pape, au-delà de l'aspect religieux,
07:54c'est le chef d'État du Vatican,
07:55et c'est vrai que c'est un hommage,
07:57un respect qu'il donne à ce chef d'État.
08:01Je ne pense pas que ça divise le pays,
08:03mais pour M. Corbière, c'est une manière...
08:06Vous savez, M. Corbière, aujourd'hui,
08:07il n'a pas beaucoup, souvent, l'occasion d'exister.
08:10Avec Jean-Luc Mélenchon, il a été mis un peu de côté.
08:14Donc, c'est une manière de faire un petit peu parler de soi,
08:17ça, je ne dis pas que c'est tout à fait ça qui l'a motivé,
08:20mais en tout cas, je n'écarte pas cette hypothèse, Vincent.
08:24Oui, et puis, M. Corbière, je suis étonné,
08:27il a une indignation à géométrie variable,
08:29parce que, par exemple,
08:30quand M. le ministre des Affaires étrangères,
08:32Jean-Noël Barraud,
08:33est allé rompre le jeûne du ramadan à la Grande Mosquée de Paris,
08:36il n'a pas fait une intervention similaire, M. Corbière.
08:39C'est pas faux.
08:40En laïcisme exterbé, en républicainisme exterbé,
08:43là, on ne l'a pas entendu.
08:44Oui, vous avez complètement raison.
08:45C'est très intelligent ce que vous dites, Vincent, effectivement.
08:49Et je prends cette opposition,
08:52je prends cette remarque,
08:53et il est possible même que je la retienne.
08:56Il est 11h41,
08:57nous marquons une pause, à tout de suite.
08:58Vous écoutez Pascal Praud et vous jusqu'à 13h sur Europe 1,
09:00suite à la mort du pape François,
09:02les drapeaux seront mis en berne sur les bâtiments publics,
09:04samedi en France, jour des obsèques.
09:06Le député Alexis Corbière parle d'une forme de laïcité à géométrie variable.
09:10Êtes-vous d'accord ?
09:10Est-ce que ces propos vous choquent ?
09:12On vous attend au 01 80 20 39 21.
09:16A tout de suite sur Europe 1.
09:18Europe 1, Pascal Praud.
09:20De 11h à 13h avec vous sur Europe 1.
09:22Il est 11h46.
09:24Je voulais vous lire ce que François Mitterrand avait dit
09:27en 1988.
09:29C'était le 31 mars 1988.
09:31C'était l'émission Question à domicile.
09:33Il était avec Anne Sinclair et on était à trois semaines
09:36du premier tour de l'élection présidentielle de 1988.
09:39Il sera réélu très largement d'ailleurs face à Jacques Chirac.
09:42Anne Sinclair lui dit
09:43nous sommes arrivés au terme de l'émission
09:45et le président de la République en chaîne dit
09:47je voudrais juste dire un mot.
09:48À l'heure où nous parlons,
09:49des millions de Français sont sur les routes
09:52ou sont arrivés chez eux en vacances.
09:53Ce sont les vacances de Pâques.
09:55Les familles sont unies pour ces vacances,
09:57sont contentes de se retrouver avec les enfants,
10:00les amis aussi.
10:01On change d'air, on respire mieux, on est content.
10:03Et Pâques, cela a une signification symbolique
10:06depuis des milliers d'années.
10:08C'est passé de la religion juive,
10:12cela y est resté,
10:13à la religion chrétienne.
10:15Et nous sommes de cette culture-là, dit-il.
10:17Et nous sommes de cette culture-là.
10:20Alors je leur dis joyeux Pâques,
10:22vous tous les Français.
10:23Je ne choisis pas joyeux Pâques
10:25à chacun d'entre vous.
10:27Vous voterez comme vous voudrez,
10:29le 8 mai.
10:30Mais soyez aussi heureux qu'il est possible
10:32pour vivre ensemble les fêtes de Pâques.
10:34Au revoir, conclut-il.
10:36Et c'est tout François Mitterrand.
10:37Évidemment, la qualité d'abord du texte,
10:40la qualité de ce qui est dit.
10:42Et puis également, François Mitterrand,
10:44il l'avait souvent dit d'ailleurs,
10:45il était un homme de gauche,
10:46mais il venait d'une culture de droite,
10:48et notamment d'une culture chrétienne,
10:51très profonde.
10:52Il avait grandi à Jarnac,
10:53mais il avait été au lycée,
10:56au collège à Angoulême,
10:58qui était un collège privé,
11:00un collège d'éducation libre.
11:02Et puis à Paris, il était allé à ce qu'on appelle le 104,
11:05qui était le regroupement d'élèves catholiques
11:09qui venaient à Paris faire des études supérieures.
11:12Nous sommes donc avec Vincent,
11:14avec qui nous allons peut-être nous dire au revoir.
11:18Vincent, qu'est-ce que vous avez prévu de faire ?
11:19Est-ce que samedi, par exemple,
11:20vous allez regarder les obsèques ?
11:23Oui, bien sûr.
11:24C'est un événement historique.
11:26Et puis, je serai devant ma télé, évidemment.
11:29Je ne peux pas aller à Rome,
11:30mais je serai devant ma télé, oui.
11:33Et comment vous vivez cette séquence ?
11:36Tout à l'heure, on avait un prêtre, Nicolas,
11:37qui disait, en miroir,
11:39c'est un peu ce qu'ont vécu les Anglais
11:42avec la reine Elisabeth.
11:45Je ne sais pas si on peut vraiment dire ça.
11:47Le lien entre les Britanniques et leur reine,
11:51c'était près d'un demi-siècle de règne.
11:55Là, en plus, on avait une relation,
11:56nous, peuple de France,
11:57assez particulière avec François.
11:59Mais, bon, il n'empêche,
12:01ce moment-là, c'est vraiment la résurgence
12:04à la fois de notre foi,
12:05de nos racines.
12:07Donc, c'est vrai que la mort de cet homme,
12:09la mort du pape,
12:10ça nous fait penser d'où l'on vient, en fait.
12:14Eh bien, merci beaucoup, Vincent.
12:16Il est 11h48.
12:17Nous allons être avec le père Pierre Amard.
12:2011h-13h sur Europe 1.
12:23Pascal Praud.
12:24Bonjour, monsieur l'abbé.
12:26Bonjour, Pascal Praud.
12:27Bonjour.
12:27Et merci d'être avec nous.
12:28Dès que vous intervenez à l'antenne,
12:30je vois votre énergie,
12:31votre voix qui est là,
12:33votre souris.
12:33Je vous dis bonjour de Lourdes
12:35et je dis bonjour à tous vos auditeurs.
12:37Mais oui, mais quand vous dites bonjour de Lourdes
12:39ou quand vous dites bonjour de Paris,
12:40il y a toujours la même énergie,
12:41si vous me permettez.
12:43Alors, décidément, Pascal,
12:45les Français sont champions du monde
12:47des polémiques à deux balles
12:48avec cette histoire des drapeaux en berne.
12:49Mais ça choque qui entre nous ?
12:51Vraiment, je ne comprends pas, moi.
12:53En fait, ça ne choque personne,
12:54pour tout vous dire.
12:55C'est l'espace médiatique
12:57et avec ses travers et ses perversités
12:59dans lesquelles parfois nous sommes complices,
13:01pour tout vous dire.
13:02Parce que c'est une personne,
13:03M. Corbière,
13:04qui ne représente sans doute pas grand monde,
13:06qui a du mal aujourd'hui à faire parler de lui
13:07parce que la France Insoumise,
13:09j'ai l'impression,
13:10elle l'a mis un peu de côté
13:11et qui cherche une manière d'occuper le terrain.
13:14Et nous, journalistes,
13:15comme on est gentils garçons,
13:17on rapporte sa parole.
13:19Mais je crois qu'au fond,
13:20il n'y a pas ou très peu de Français.
13:22Il y en aura toujours à la marge.
13:24Il y aura toujours des militants professionnels
13:26qui seront offusqués de cela.
13:29Mais évidemment,
13:31ce que vous appelez les polémiques à deux sous
13:34ne concerne pas le grand public, M. Labbé.
13:39J'espère.
13:40Et je vous dis vraiment,
13:41depuis Lourdes, là où je suis avec 2000 pèlerins,
13:43je vois notamment beaucoup de jeunes
13:44qui sont heureux de se rassembler,
13:47de célébrer leur foi,
13:48de célébrer aussi l'histoire de France.
13:50Et j'ai constaté pour vous trois choses.
13:52Je suis heureux de partager avec vous.
13:53La première, c'est qu'ils sont en quête
13:54de sens de leur vie.
13:57Et la foi peut leur en donner.
13:58Ensuite, ils sont en quête d'une communauté,
14:00l'Église.
14:00L'Église comme communauté,
14:02comme famille de croyants.
14:03Et puis enfin,
14:03il y a un dernier point
14:04qui je pense aussi va devoir vous parler.
14:05c'est qu'ils sont en quête d'un héritage.
14:07Ils sont en quête d'une histoire.
14:09Ils ne sont pas nés de nulle part.
14:10Ils ne viennent pas de nulle part.
14:12Et cette France qui nous rassemble,
14:14qui est un pays, une patrie,
14:16c'est une communauté de destin.
14:17Et cette France, elle a une histoire.
14:19Et c'est évidemment la culture judéo-chrétienne.
14:21Et j'ai beaucoup aimé ce que vous disiez
14:22de Mitterrand au début.
14:24C'est tout à fait ça.
14:25C'est notre liquide amniotique.
14:27C'est notre ADN, la foi chrétienne.
14:29On ne demande pas à M. Corbière
14:30d'aller à la messe,
14:31ni de donner à la quête.
14:32On lui demande juste de dire
14:33voilà, écoutez, la France,
14:34elle est comme ça.
14:35C'est sa couleur, en fait.
14:37Vous êtes parti, je crois,
14:38en début de semaine.
14:39Et je vous avais dit
14:40que vous nous racontiez
14:41ce que vous vivez.
14:42Alors, je crois que vous êtes
14:43à peu près 2000.
14:45C'est bien ça ?
14:45Alors, on est 2000, en fait,
14:47pèlerins de mon diocèse,
14:49un diocèse de Versailles,
14:49dans les Yvelines.
14:50Mais il y a ici, à Lourdes,
14:51des gens de tous les pays.
14:53On a eu une messe internationale.
14:54Mais avec ces 2000, moi,
14:54ça m'intéresse.
14:55Comment s'organise la journée ?
14:57Est-ce que le soir,
14:57vous parlez ensemble ?
14:58Est-ce qu'il y a un dîner ensemble ?
14:59Qu'est-ce que vous faites
15:00dans la journée ?
15:01C'est très, très beau.
15:01D'abord, il y a des malades.
15:02Il y a des malades.
15:03On est à peu près 200 malades
15:04avec tout le personnel
15:05qu'il y a autour
15:06pour les entourer,
15:07les accompagner,
15:07les soigner.
15:09Et puis les entourer.
15:11Parce que vous pensez bien
15:12qu'une personne en brancard
15:13ou en fauteuil roulant,
15:14tout de suite,
15:14ça demande une logistique
15:16assez incroyable.
15:16Et vous êtes hébergé
15:17dans un hôtel ?
15:19Exactement.
15:19Alors, les personnes valides
15:20sont dans les hôtels.
15:22Lourdes est là.
15:22La deuxième cité hôtelière
15:24après Paris.
15:24Ce n'est pas pour rien.
15:25C'est parce qu'on y accueille
15:26des pèlerins du monde entier.
15:27Et puis les personnes fragiles,
15:29malades, vulnérables
15:30sont dans des accueils.
15:32Ça ressemble un peu à l'hôpital,
15:33mais c'est un hôpital chrétien.
15:35Il y a une petite chapelle.
15:37Il y a des religieuses.
15:38Il y a des prêtres.
15:39Il y a des infirmiers,
15:40des infirmières.
15:40On fait la prière le matin.
15:41Il y a beaucoup de joie.
15:42Et une personne âgée me disait,
15:44elle est en EHPAD toute l'année.
15:45Elle me disait combien
15:46ces cinq jours à Lourdes
15:47lui donnent un tremplin,
15:49lui sont un boost,
15:50si vous voulez,
15:50pour son année dans son EHPAD.
15:52Pour elle,
15:53c'est cinq jours de force
15:54et de consolation.
15:55Il y a des échanges de paroles,
15:56évidemment.
15:57Oui, énormément de partages,
15:59de rencontres.
16:00Et à la fin,
16:01c'est très beau
16:01ce que vous suggérez, Pascal.
16:03C'est qu'on ne sait plus trop
16:05qui aide qui,
16:06en fait, à vrai dire.
16:06Les personnes malades
16:07reçoivent une telle force,
16:09une telle joie à Lourdes
16:10qu'elles nous la communiquent.
16:11Et à la fin,
16:11on ne sait plus trop
16:12qui aide qui,
16:13si c'est la personne valide,
16:14si c'est la personne malade.
16:15On ressort tous
16:16de ces célébrations,
16:17de ces rencontres,
16:18de ces promenades dans Lourdes,
16:19de ce chemin de croix,
16:20de la messe,
16:21de la prière à la grotte.
16:22Évidemment,
16:22le fait de déposer un cierge,
16:24ça aussi,
16:25c'est très fort.
16:26Ça fait partie aussi
16:26de la culture chrétienne
16:27de déposer un cierge
16:28dans une église.
16:29Devant la grotte,
16:30évidemment,
16:30déposer un cierge,
16:31ça prend un sens
16:32très fort
16:32et très symbolique.
16:34À chaque fois
16:34que j'entends
16:35cette expression
16:35« déposer un cierge »,
16:38je ne peux que penser
16:39à ma grand-mère
16:40qui,
16:42chaque jour
16:42que Dieu a fait,
16:44a déposé un cierge
16:45à l'église
16:46Sainte-Croix de Nantes
16:47quand son fils
16:48était en Algérie.
16:50Et mon père
16:51m'a raconté cela
16:52tellement de fois.
16:54À l'époque,
16:55on partait en Algérie,
16:56on restait 24 mois,
16:5725 mois,
16:5726 mois.
16:58Et les dangers
16:59que ça supposait ?
17:00Et évidemment,
17:01il n'y avait pas
17:01de permission.
17:02On ne revenait pas.
17:04Et chaque jour,
17:05elle est allée
17:06déposer un cierge.
17:08Et mon père,
17:08qui était très moqueur
17:09et avec sa mère
17:11et parfois avec la religion,
17:12disait
17:13« Je soupçonne
17:14que parfois
17:14elle ne payait pas
17:15le cierge. »
17:17C'est pas grave ça.
17:17C'est pas grave.
17:18Évidemment que
17:19quand on met un cierge,
17:21l'usage
17:22est de laisser
17:23une pièce
17:24dans l'église.
17:26C'est vrai.
17:27Et d'ailleurs,
17:27le prix, Pascal,
17:28est indicatif.
17:29On met toujours
17:29un petit cierge.
17:30Le prix est indicatif.
17:31On met la pièce
17:32qu'on veut.
17:32Exactement.
17:33Et c'est pas obligé.
17:33Mais l'expression,
17:35d'ailleurs,
17:35déposer un cierge,
17:36est passé dans le langage
17:37courant
17:38et je trouve que
17:39c'est un très joli geste.
17:41Comme est une très belle
17:42prière,
17:43je disais,
17:44la prière,
17:45la litanie des saints
17:46qui est une prière
17:47incroyablement simple
17:49qu'on a entendue
17:50tout à l'heure
17:50mais dégrenée
17:51tous ces noms
17:53et d'implorer
17:54ces saints
17:56qu'ils s'occupent
17:56de nous,
17:57je trouve que
17:57c'est une très belle prière.
17:58Mais ce que je retiens,
17:59Pascal,
18:00c'est que votre papa
18:00est rentré sain et sauf
18:01de la guerre d'Algérie.
18:02C'est sûr que ça.
18:03Et il a vécu
18:04jusqu'au mois
18:05d'octobre dernier
18:07et effectivement,
18:09il a eu,
18:09je pense,
18:10une belle vie.
18:11Donc,
18:11ça valait la peine.
18:12Dans ces 2000 personnes
18:14qui sont avec vous,
18:14il y a des jeunes,
18:15il y a des vieux,
18:16il y a des malades,
18:17vous avez dit,
18:18il y a des bien portants.
18:19Est-ce que je peux dire,
18:20il y a des intellectuels,
18:21il y a peut-être des gens
18:21qui le sont moins,
18:22il y a toutes les professions,
18:24il y a une sorte de mélange
18:25de la vie sociale
18:26et tout le monde se mélange.
18:28Exactement.
18:28Il y a des piliers d'église,
18:29il y a des gens
18:30qui vont à la messe
18:30tous les dimanches,
18:31des gens qui n'y vont pas,
18:32il y a des gens
18:32qui ne sont jamais allés à Lourdes,
18:33il y a des gens
18:34qui y vont tous les ans.
18:36Ça ressemble,
18:36j'ai envie de dire,
18:37à une petite France.
18:38Et puis,
18:38vous savez,
18:38moi,
18:38je suis dans les Yvelines.
18:39On dit que c'est Versailles,
18:40les Yvelines.
18:41C'est vrai,
18:41mais les Yvelines,
18:42c'est aussi Trappes,
18:43c'est aussi Coignères,
18:44c'est aussi Sartrouville,
18:45c'est aussi Mante-la-Jolie,
18:46c'est aussi les Mureaux.
18:47Donc,
18:47je vous laisse imaginer
18:48cette délégation diocésaine
18:50des Yvelines
18:51qui est très mixte
18:52à la fois socialement,
18:53dans les cultures,
18:54les histoires personnelles.
18:55C'est très riche,
18:56ça permet des rencontres.
18:57Et moi,
18:58prêtre à Versailles,
18:58ça me fait rencontrer
18:59des gens un peu différents,
19:00ça ne me fait pas trop de mal.
19:01Mais pardonnez-moi,
19:02mais ça a aussi un coût,
19:03forcément,
19:04de rester huit jours
19:05comme ça à l'hôtel.
19:07Peut-être que les uns
19:08et les autres
19:08n'ont pas forcément
19:09les moyens
19:09d'assurer ce financement.
19:12C'est vrai,
19:13on a créé une caisse
19:13de solidarité,
19:14disons que pour aller vite
19:16que les paroissiens de Versailles
19:18payent pour les paroissiens
19:19de Trappes,
19:19si vous voyez ce que je veux dire.
19:20Et ce n'est pas plus mal,
19:21ce n'est pas plus mal.
19:22Merci à ceux qui peuvent
19:23d'aider ceux qui le peuvent moins.
19:24On a une petite caisse
19:25de solidarité
19:26qui marche bien
19:26et je me souviens même
19:28d'une femme récemment
19:29qui m'a dit
19:29qu'elle était venue
19:30en fait,
19:30on a tout payé.
19:31Et tant mieux,
19:32on ne va pas le faire
19:32pour tout le monde,
19:33mais tant mieux pour elle
19:34et je suis sûr
19:34qu'elle saura être reconnaissante
19:38dans sa prière
19:38pour tous ceux
19:39qui ont permis son voyage
19:40et son pèlerinage à Lourdes.
19:41Le Père Pierre Amard
19:42est avec nous,
19:42c'est vrai que c'est
19:43une semaine particulière,
19:44d'habitude on ne parle pas forcément...
19:45Très chargé, très tonique,
19:45je ne vous cache pas.
19:46Mais oui,
19:47mais on est tous
19:48dans un certain climat,
19:49je pense qu'on a tous
19:50besoin d'abord d'aspiration,
19:52on a tous une aspiration
19:53à transcendance,
19:53parfois à échapper
19:55à notre quotidien,
19:56à nos vies
19:57qui sont ancrées,
19:59bien sûr,
20:00dans des choses
20:00très profanes,
20:02très matérielles
20:03et nous sommes tous comme ça,
20:05mais on a tous parfois
20:06une volonté
20:07j'allais dire
20:08de s'élever.
20:09Je ne sais pas
20:09si c'est tout à fait
20:10le bon terme,
20:11mais en tout cas
20:11un besoin
20:13de spiritualité,
20:14de transcendance
20:15et ce qui fait
20:16que je vous envie
20:17d'une certaine manière
20:19d'être à l'écart
20:21comme cela
20:22de la société
20:23pendant huit jours
20:23et d'être
20:24dans une autre disposition
20:26d'esprit,
20:27M. Labbé.
20:28Merci de votre appel,
20:29c'est vrai qu'on n'est pas
20:30juste sur terre
20:30pour manger,
20:31boire, dormir,
20:32il y a d'autres choses
20:32plus intéressantes,
20:33aimer, partager,
20:34servir.
20:35Bon, on va partir,
20:36tiens, on va vous...
20:37On va vous rejoindre.
20:39Trina !
20:39Vous écoutez Pascal Praud
20:40de 11h à 13h
20:41sur Europe 1.