Télématin reçoit l'acteur Melvil Poupaud à l'occasion de la sortie du dernier film du scénariste et réalisateur Dominique Baumard, "Les règles de l'art".
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00:00Et il est en train de s'installer, justement, accueilli par Nathalie Saint-Cricq, notamment.
00:04Bonjour, Melville Poupot.
00:05Bonjour, bonjour.
00:06Soyez le bienvenu.
00:07Merci d'être avec nous.
00:08Vous avez mis la cravate pour venir nous voir ?
00:10Plus c'est tôt, plus je m'habille.
00:11Ah, c'est ça.
00:12Bon, d'accord.
00:13Heureusement qu'on fait une matinale, quoi.
00:14Chique à toute heure, ouais.
00:14Voilà, c'est ça.
00:15Soyez le bienvenu.
00:16Vous serez à l'affiche mercredi prochain du film de Dominique Beaumart.
00:20Ça s'appelle « Les règles de l'art ».
00:22Alors, c'est marrant parce qu'on a plus l'habitude, on le voit d'ailleurs sur cette affiche,
00:24il y a de l'art et on sent aussi la comédie.
00:27On a plus l'habitude de vous voir dans un registre de cinéma d'auteur, plutôt que
00:32dans ce genre de choses.
00:33Ça reste un film d'auteur parce que c'est Dominique Beaumart qui est aussi scénariste
00:35et que c'est un cinéphile qui a participé à beaucoup de scénarios très bien.
00:39Mais le jeu de la comédie, c'est un…
00:42J'ai été séduit par le personnage, par cette histoire qui est donc une histoire vraie,
00:47comme il y a l'HP en 2010, et puis aussi par mes partenaires de jeu,
00:49Sofiane Zermani, Julia Piaton, Steve Tiencheux.
00:52Et je me suis dit, c'est le bon endroit pour moi pour faire de la comédie,
00:54tout en restant fidèle à ce que j'aime, c'est de savoir les films d'auteur.
00:57Vous aviez envie de comédie ?
00:59C'était quelque chose comme ça qui trottait dans le coin de votre tête depuis longtemps ?
01:01Oui, de plus en plus.
01:02En fait, j'ai fait une série pour Canal+, il y a quelques années,
01:04qui s'appelait OVNI, et qui avait déjà un pied dans la comédie.
01:07Ça se passait dans le milieu des chercheurs,
01:09mais qui sont branchés sur les OVNI, les phénomènes du faux, quoi,
01:14des OVNI, des extraterrestres.
01:16Et donc, je me suis dit, tiens, c'est quand même amusant.
01:18Je sentais dans mon corps des aptitudes, et je voyais des gens rigoler sur le plateau.
01:21Puis après, quand ça a été diffusé, tout le monde disait genre « Ah, c'est bien,
01:24t'as été bon dans la comédie. »
01:25Ça m'a encouragé, disons.
01:26Et là, il y avait un petit step en plus, presque du burlesque.
01:29C'est vrai qu'en temps avec Sofiane, on fait un duo comique,
01:31un peu un espèce de buddy movie.
01:33Entre la chef, disons, moi je fais un peu l'idiot, le pigeon,
01:36et lui il fait le mec assez voyou, manipulateur, et on s'est amusé.
01:42C'est vrai que votre personnage est irrésistible, mais l'histoire, surtout.
01:46Histoire, vous le disiez, inspirée de faits réels.
01:48C'est donc en mai 2010, à peine 17 minutes seulement
01:51pour voler 5 tableaux de maître au Musée d'art moderne de Paris.
01:54Et coup de bol pour le voleur, ce jour-là, le système de sécurité est en panne.
01:58Est-ce que vous aviez entendu cette histoire complètement dingue dans l'actualité
02:01avant de voir le scénario dans vos mains ?
02:03Non, absolument pas.
02:04Je n'en avais pas entendu parler.
02:06Et ce qui est drôle, c'est qu'en fait, tout part d'un article de Vanity Fair
02:09où le journaliste avait fait une enquête, il avait rencontré le voleur,
02:12celui qui a passé 15 minutes à voler des tableaux sans que personne ne le voit,
02:17sans que rien ne sonne.
02:18C'était une espèce de mini-miracle, mais un mini-miracle qui s'est transformé en cauchemar
02:21parce que ceux qui ont eu les tableaux en main n'ont pas été capables de les refourguer
02:24parce qu'ils n'avaient pas un réseau suffisant,
02:26parce qu'il faut quand même être capable de les revendre, ces tableaux-là.
02:30C'était à la fois le casse du siècle et à la fois le fiasco du siècle,
02:33c'est ce que le film raconte.
02:35Voilà, le côté un peu pied-niquelé aussi.
02:37Alors là, ça, c'était la réalité.
02:38On va regarder la bande-annonce, c'est pas les règles de l'art, ça se rend mercredi prochain.
03:08Ces mecs, ça m'a fasciné.
03:15Il rentre comme ça, je suis sûr qu'il ne savait même pas qu'il rentrait dans le musée d'art moderne, je te jure.
03:19100 millions d'euros.
03:21Je ne sais pas si c'est l'interdit ou quoi, mais...
03:23C'est ouf !
03:26C'est ouf !
03:29Et c'est vrai que votre personnage, au fond, c'est un vrai gentil, mais qui se fait avoir comme un pigeon.
03:33Absolument, c'est un type qui n'a rien demandé à personne, qui a une petite vie rangée, peut-être un peu ennuyeuse,
03:37et qui, au contact de ce margoulin, disons, se sent pousser des ailes et se voit comme un grand gangster, alors qu'il n'a vraiment pas les épaules.
03:45Et alors, comment vous avez construit ce personnage, justement ?
03:48Un peu naïf !
03:50Écoutez, moi, j'aime bien, en général, m'inspirer d'autres acteurs.
03:52Là, j'ai regardé un peu vers la comédie des années 60 italiennes, genre Marcello Mastroianni, qui est une référence pour moi.
03:59Et puis, tous ces films où on voit des pauvres gens, en fait, se retrouver embrigadés, et puis leur naïveté, ou des fois, un peu leur bêtise, les font plonger.
04:07Là, c'est vraiment l'occasion pour moi de faire un personnage qui est à la fois ridicule, pathétique, mais aussi très attachant,
04:12parce qu'on sent qu'il a un côté enfantin.
04:14C'est ce que j'ai aimé développer dans ce personnage, c'est que c'est comme dans une cour de récréation,
04:18quand on tombe face au caïd de la bande, et qu'il vous prend sous son aile, et qu'on se dit, genre, nous aussi, on fait partie de la bande,
04:22mais qu'on est trop petit et trop naïf pour vraiment assumer toutes les bêtises qu'on vous propose.
04:26Et l'art, c'est prégnant, évidemment, c'est central, d'ailleurs, dans ce film.
04:31C'est quelque chose qui vous intéresse, aussi ?
04:33Ça m'intéresse. Alors, je ne suis pas un grand amateur de tableau, j'étais plus branché art contemporain à une époque,
04:37mais ce qui est beau dans le film, c'est que c'est à la fois un film de gangster, une comédie, une espèce de, on appelle ça bromance,
04:43mais une vraie rencontre amicale entre ces deux personnages.
04:45Exactement. Et aussi une petite réflexion sur l'art, à savoir qui possède les tableaux, où est-ce que ça va, combien ça coûte,
04:51parce que le tableau, à force de ne pas réussir à le revendre, il change de prix tout le temps,
04:54donc à la fin, il est capable de me le refourguer à 50 000 balles.
04:57Votre voisine, elle est passionnée par l'art, c'est si bien à dire, oh, attention, attention, ça ne rigole pas.
05:02Vous voulez tester vos connaissances en la matière ?
05:04Oui, et je dirais si c'est bon ou pas bon.
05:06Ah, j'adore, j'adore ce truc-là.
05:09Le commissaire priseur de télématique pas.
05:11Non, non, non, non, je vais essayer d'être raisonnable.
05:13Alors, première question.
05:15Quel autre art pratiquait Modigliani ?
05:18Le hip-hop, la sculpture, la broderie ?
05:20Alors, on peut jouer, hein ?
05:22Oui, vous pouvez tous jouer, bien sûr.
05:23Adrien, la sculpture, c'est bon, vous avez gagné.
05:27Oui, c'est vrai que Modigliani, c'est une question un petit peu facile.
05:30C'est vrai que Modigliani, il a quand même été sculpteur uniquement entre 1911 et 1913.
05:37Il ne peignait pas à cette période-là.
05:38Et en fait, vous voyez, ces têtes de femmes, là, toutes allongées, c'est exactement son style.
05:43Alors, deuxième question.
05:44Quel est le tableau le plus reproduit au monde ?
05:47Bon, belle vie.
05:48Les non-féas de Monet, la jocombe de Véronneur de Vinci,
05:52ou le bonhomme noir au feutre, le bonhomme au feutre noir, dessiné par moi.
05:57Le plus reproduit, c'est pas le plus célèbre.
06:00Moi, je dirais les non-féas.
06:01Non, qu'est-ce que vous en pensez ?
06:03Melville ?
06:04Moi, je dirais le bonhomme au feutre noir.
06:06On l'a tous fait.
06:070 plus 0, il a la tête à Toto.
06:08Oui, c'est ça.
06:09Exactement, c'est là où on voit qu'en fait, j'ai bien fait de ne pas faire peintre.
06:14Voilà, exactement.
06:14Jocombe ou Monet ?
06:16La jocombe.
06:17D'accord.
06:18Parce que reproduire les non-féas, ce n'est pas si facile que ça.
06:20Non, c'est pas si facile.
06:20Et là, je compte non plus.
06:22Et en fait, il y a quand même plus de 110 reproductions avérées, bien faites, on va dire, pas pourri,
06:30genre bonhomme noir.
06:32Moi aussi, j'ai essayé, ça ne ressemble pas à ça.
06:33Voilà, ça ne ressemble pas du tout à ça.
06:35Bon, troisième question.
06:38À quel prix a été vendu ce tableau de Léonard de Vinci, Salvatore Mundi ?
06:42Il est considéré comme le plus cher au monde.
06:46Alors ?
06:47450,3 millions de dollars.
06:50500, c'est un peu plus dur là, j'adore.
06:52Oui, le niveau moins.
06:55Oui, c'est très difficile.
06:56552,2 millions de dollars ou 10 000 dollars ?
07:00Ah ben, 10 000 dollars, j'achète.
07:01Mais non.
07:02Si c'est le plus cher, si c'est le plus cher, 552 millions, ce n'est pas choquant.
07:07Emma ?
07:07Je ne sais pas, il y a un loup, 10 000.
07:08Il y a un loup ?
07:09Ben non.
07:10Ah, non, ça ne va pas être possible, ça.
07:12Melville, vous diriez quoi ?
07:13552.
07:14Oui, au top.
07:15On pense pareil, Melville et moi.
07:16Personne n'a gagné.
07:19Eh ben, c'est 450,3 millions de dollars.
07:21Vous étiez pas loin, vous.
07:23Oui, oui.
07:23Vous étiez dans la réflexion.
07:25Sauf que, en fait, pourquoi 10 000 dollars ?
07:28Parce qu'il a été acheté en premier lieu dans une vente, dans une brocante, par un Américain.
07:34Ça, c'était un bon affaire, dis donc.
07:35D'une bouchée de pain, j'ai mis 10 000 dollars, mais je crois que c'est même moins que ça, quoi.
07:39C'est dingue.
07:40Ce serait une affaire en plus.
07:41Alors, question assez facile à suivre, donc vous aurez...
07:44Oui, vous trichez pas, s'il vous plaît.
07:45Quel fruit a fait l'objet d'une œuvre controversée ?
07:49On en a beaucoup parlé.
07:51La banane, la pomme ou le citron ?
07:53Ah ben, la scooby-dou-bidou.
07:55Oui, la banane, évidemment.
07:58Oui, exactement.
08:00Maurizio Cattelan, 6,2 millions d'euros.
08:04Alors, qu'est-ce qu'on en pense ?
08:06Il a été acheté et mangé, d'ailleurs, par son acquéreur.
08:09Ah oui, ça fait cher.
08:10Vous l'aime bien ? Et pourquoi, alors, par rapport à l'art contemporain ?
08:13Je trouve qu'il y a aussi de l'humour, il y a aussi une espèce de pied de nez au milieu de l'art
08:17qui peut devenir complètement fou et acheter des bananes à ce qu'il y a.
08:19Est-ce que vous auriez, vous, si vous aviez autant d'argent, acheté une banane, 6 millions d'euros ?
08:24Oui.
08:25Et voilà.
08:26Merci pour cette intervention.
08:29Même d'autres fruits.
08:32On va revenir à vous, parce qu'on cite souvent la ville des pirates, en fait, de Raoul Ruiz, comme votre premier film.
08:37Et vous avez commencé, vous aviez 10 ans, vous ?
08:39Oui.
08:39Devant les caméras de votre grand-père ?
08:41Ah oui, oui.
08:42Enfin, Raoul Ruiz, c'était pas mon grand-père, mais...
08:44Oui, bah oui, non, mais on est d'accord, mais à 10 ans...
08:46En fait, mon grand-père a toujours adoré les caméras, et quand on était petit, il avait une super 8.
08:51Et donc, il nous filmait pendant les vacances, il écrivait des petits scénarios avec mon frère,
08:54on s'amusait à jouer des personnages.
08:55Et déjà, vous interprétiez des personnages, vous mettez dans la peau d'acteurs ?
08:58Ah, c'était le cow-boy, le gangster, et tout ça, mais on adorait ça.
09:02Et surtout, à l'époque, le temps de développer la pellicule, il faisait un peu du montage,
09:06et l'été d'après, on revenait dans sa maison de campagne, il nous projetait le film avec mon frère, on était...
09:10C'est génial !
09:10Il paraît que votre grand-père vous a donné une autre passion, c'est le tennis.
09:14Vous auriez pu le tennis, Mme ?
09:15Non.
09:16Ok.
09:18Non, non, je suis pas du tout sportif, et puis le tennis, j'ai adoré ça quand j'étais petit,
09:22il était arbitre à Roland-Garros, donc je l'accompagnais sur les cours de tennis, mais ça s'est vite arrêté.
09:28Bon, on est dans les souvenirs, on va y rester, justement, dans les souvenirs, dans un instant.
09:32Vous restez avec nous, Melville Poupo, vous pouvez dénouer votre cravate un peu ?
09:35Non, c'est chiant.
09:35Non, j'ai fait tout ce que j'ai pu.
09:38Je n'ai pas dormi de la nuit, vous n'avez pas l'habitude d'avoir des invités chiques.
09:41Et on se retrouve dans un instant, évidemment, sur l'antenne de France 2.