Dans une enquête publiée dans le journal Marianne, Ève Szeftel déplore un hôpital "qui ne peut pas accueillir toute la misère du monde". De son côté, le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration assure que la France "est un paradis médical".
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00:00Bien sûr, la question qui est posée pour la France, c'est pourquoi elle est le seul pays à avoir ce type de pression ?
00:07Pourquoi d'autres pays développés en termes de médecine n'ont pas ce type de pression ?
00:11Pourquoi ?
00:11Parce qu'elle a un cadre juridique qui est unique au monde.
00:14C'est-à-dire, c'est l'idée que même si le soin existe dans le pays d'origine,
00:20s'il n'est pas socialement accessible,
00:23en gros, si vous ne pouvez pas le payer,
00:25eh bien, vous pouvez obtenir ici un titre de séjour qui va vous mettre en situation régulière,
00:32en situation régulière comme vous et moi, comme n'importe quel cotisant,
00:35et donc, vous allez être pris en charge en soins.
00:38Même un Américain, vous citez dans votre rapport.
00:40Laurent, ce qui est gênant, je trouve, dans ce débat, si vous me permettez,
00:45c'est de laisser croire que ce serait à cause de ce système de titre de séjour pour soins
00:50que l'hôpital français serait en train de craquer et en immense souffrance.
00:53L'hôpital français est sous tension, c'est une vérité.
00:57Il est en extrême souffrance, c'est une absolue vérité.
00:59Et ça fait 25 ans que ça dure.
01:01Mais laisser croire que peut-être ce serait à cause de ce système-là que la situation était...
01:06Je termine. C'est absolument faux.
01:09Deuxièmement, ce qui est drôle, c'est de mettre ce sujet-là sur la table
01:12à un moment, et je parle sous le contrôle de Didier Leschi,
01:15à un moment où, justement, depuis que votre fils s'en occupe,
01:18le nombre de demandes a été plus que divisé par deux.
01:21C'est la vérité ou pas ?
01:22Oui, mais à chaque fois, on m'oppose cet argument.
01:24C'est parce qu'on est particulièrement rigoureux.
01:27C'est formidable.
01:28C'était un sujet de fraude absolue.
01:30Vous le dites, c'est un sujet de fraude absolue.
01:32C'était un sujet de fraude absolue jusqu'à ce que ça soit confié
01:35à l'Office français de l'immigration en 1er janvier 2017.
01:38Par exemple, on avait des personnes qui arguaient de telle ou telle pathologie.
01:43En réalité, on ne le vérifiait pas, ou très peu.
01:45Et donc, nous avons effectivement fait diminuer par deux le nombre de demandes.
01:50Et maintenant, il y a des critères.
01:52Arrêtez-moi si je me trompe.
01:53Il y a des critères.
01:54Il faut faire la preuve.
01:54Non, il y a toujours eu des critères.
01:56La question, c'est qu'ils n'étaient pas appliqués.
01:57Exactement.
01:57Le Parlement nous a demandé des rapports annuels, ce qui n'existait pas avant.
02:02Donc, nous en avons fait un objet de débat public.
02:04Et c'est heureux que Marianne le reprend.
02:06Parce que, par moment, je suis un peu malheureux.
02:08Tous les ans, je fournis un rapport au Parlement.
02:10Et il n'est arrêté.
02:11Je n'ai jamais discuté.
02:12Alors que la loi m'oblige de faire un rapport avec le Parlement.
02:14Et il faut de temps en temps que des journalistes...
02:16Est-ce que vous m'autorisez juste une critique ?
02:18Et je ne sais pas si cette critique, d'ailleurs, je dois vous l'adresser à vous
02:21ou directement au gouvernement et au ministère de la Santé.
02:24Quand j'ai lu le dossier de Marianne, ça saute aux yeux.
02:26Il y a un manque.
02:28Ça coûte combien ?
02:29Ce chiffre-là n'est jamais donné.
02:32Alors, je ne sais pas si vous, vous êtes capables de le donner.
02:35Ce que je constate, c'est ou pour des raisons financières.
02:38Pas de pilotage, amateurisme.
02:39Ou pour des raisons politiques.
02:41Surtout qu'on ne le dise pas pour qu'on ne puisse pas en débattre.
02:43Ce chiffre n'existe pas.
02:45Chaque année, dans le budget de la Sécu, le budget de la ME est connu.
02:48C'est aux alentours d'un milliard, un milliard deux cents millions d'euros.
02:51Le budget des titres de séjour pour soins, personne n'est capable.
02:54Du coup, qu'est-ce qu'il se passe ?
02:56Il se passe qu'on peut développer n'importe quel fantasme.
02:59C'est précisément, exactement la raison pour laquelle je voulais qu'on tire ce fil ce matin.
03:03Et qu'on ne soit pas dans le fantasme, mais qu'on soit dans l'information précise.
03:06Même vous, je crois que vous n'êtes pas capable de dire comment ça coûte.
03:09Si je puis me permettre, il y a un rapport parlementaire qui chiffrait la chose aux alentours d'un milliard pour le titre de séjour pour soins.
03:15Un milliard ?
03:16Ça mérite d'être vérifié.
03:17Ah, un milliard.
03:18Oui, parce que ce chiffre-là n'est basé sur rien.
03:20Qui s'ajoute donc, pardon, mais ça s'ajoute aux milliards de l'AME ?
03:24Bien sûr, oui, ça n'a aucun rapport.
03:25Milliard deux de l'AME ?
03:27Mais justement, ça mérite un débat public et d'être vérifié.
03:30Il y a plusieurs choses.
03:31Pourquoi ça mérite un débat public ?
03:33Comment on y arrive à ce chiffre ?
03:34Ça mérite un débat public de savoir quelle est l'ampleur de la solidarité que nous accordons à des non-contributeurs et des non-cotisants.
03:44Et au moment où, par exemple, on dit qu'on va faire 46 milliards d'économies parce que c'est nécessaire pour le budget de l'État en 2026.
03:51La question de savoir si, par exemple, des ressortissants de pays du G20 qui ont une médecine importante, comparable à la nôtre, ont le droit de venir ou pas se faire soigner.
04:00C'est un débat public.
04:02Ça mérite quoi alors ?
04:03Mais ça mérite juste que dans ce dispositif qui existe, on applique correctement les conditions.
04:10C'est que moi, ce que je trouve scandaleux, c'est que les gens qui contrôlent et qui donnent leur autorisation ne soient pas capables de discerner que quelqu'un qui vient du Canada ou des Etats-Unis...
04:17Mais ils ont-ils le droit ? Mais en ont-ils le droit ? Ce n'est pas une question de discernement.
04:20Ont-ils le droit de refuser ? Non, je ne crois pas. Je ne crois pas, Manu. Je ne crois pas.
04:24C'est toute la question.
04:25Non, non, mais la question, elle mérite d'être posée.
04:27Mais il faut y répondre.
04:28Manu, il ne suffit pas de la poser.
04:30Ça n'est jamais si facile que de dire qu'il y a une loi, c'est oui, c'est non, etc.
04:35Franchement, je trouve que si vous voulez...
04:37Moi, je suis d'accord avec Laurent sur le fond, c'est-à-dire qu'on pose ce problème comme si c'était une question...
04:42Alors moi, je ne suis pas d'accord, Manu, parce que je trouve qu'on a énormément parlé de l'AME.
04:45Vous n'avez même pas ce que je vais dire, Apolline. Ne me dites pas que vous n'êtes pas d'accord.
04:49Moi, je vous dis que c'est une histoire de gouttes d'eau qui fait déborder un bras.
04:52Et que quand on veut traiter un sujet, on ne s'intéresse pas à la goutte d'eau, on s'intéresse aux problèmes vivants.
04:57C'est précisément...
04:58C'est précisément...