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L'École 18.06 propose une émission baptisée "Indépendances" où Cyril BERTSCHY, spécialiste des questions d'intelligence économique, reçoit régulièrement des acteurs de l'économie, de la diplomatie, de la politique, des technologies et de l'entrepreneuriat. Ensemble, près d'une heure, ils vont aborder des sujets liés aux indépendances de la France, à ses Souverainetés.

L'objectif de ces épisodes est académique : il s'agit d'éveiller les esprits critiques à des sujets parfois méconnus, de donner à des experts la possibilité d'aborder des sujets pointus, et finalement de créer des débats !



Quentin ADAM est un entrepreneur et dirigeant français, principalement connu pour être le fondateur et CEO de Clever Cloud, une entreprise spécialisée dans l'automatisation informatique. Clever Cloud propose une plateforme en tant que service (PaaS) permettant d'exécuter des applications en Java, Scala, Ruby, Node.js, PHP, Python ou Go, avec des fonctionnalités d'auto-scaling et d'auto-healing.
En plus de ses activités entrepreneuriales, Quentin ADAM est le président de l'association Open Internet Project, une organisation qui promeut un internet ouvert et compétitif.
Pour Indépendances, Quentin ADAM revient sur les origines de son engagement dans la tech française et son combat en faveur de la Souveraineté numérique française.

#tech #souverainete #france #independance #ecole1806 #informatique #clevercloud

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'Indépendance produit par l'école 1806.
00:05Chaque semaine, j'ai le plaisir de débattre, d'échanger, de poser des questions à des personnalités du monde politique, économique ou sociétal.
00:13Deux objectifs dans cette émission.
00:14Apporter du contenu pédagogique et académique aux étudiants et aux professeurs,
00:18mais aussi et surtout partager la vision, les concepts et les idées de nos invités.
00:22Vous pouvez retrouver l'intégralité de nos épisodes sur YouTube et Dailymotion,
00:26en podcast sur Deezer, Spotify ou Apple Podcast.
00:31Et surtout, suivez-nous sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et TikTok.
00:35Aujourd'hui, nous avons la chance d'accueillir un entrepreneur du numérique français,
00:39engagé dans la souveraineté et depuis plus de 15 ans.
00:50Bonjour Quentin Adam.
00:51Bonjour Cyril.
00:52Bienvenue dans Indépendance.
00:53Merci beaucoup de me recevoir.
00:54C'est un plaisir personnel de vous recevoir.
00:56Vous êtes le fondateur et le CEO de Clever Cloud.
00:59Bien évidemment, on ira dans les détails de ce que fait Clever Cloud.
01:03Et pour nos téléspectateurs qui ne sont pas avertis, il va falloir peut-être expliquer ce qu'est le cloud.
01:08Mais avant d'aller dans tout ça et de parler de souveraineté numérique, j'ai une question qui me brûle les lèvres.
01:13Aujourd'hui, on vit dans une guerre commerciale provoquée par Donald Trump.
01:16Vous êtes chef d'entreprise, vous êtes impliqué dans la souveraineté numérique française depuis plus de 15 ans,
01:21parce que vous avez créé Clever Cloud en 2010.
01:23Et je vais vous poser une question très très simple.
01:26Chez Indépendance, on est des optimistes convaincus.
01:30Et dans ce climat plutôt sombre, on se pose tous la question du lendemain.
01:36Vous, en tant que chef d'entreprise, en tant que militant de la souveraineté engagée,
01:41comment est-ce que vous pouvez programmer le travail à faire pour tirer des fruits positifs
01:45de tout ce qui se passe et de tout ce qu'on vit aujourd'hui ?
01:48Je pense que la première réponse, c'est qu'un bon entrepreneur, ce n'est pas quelqu'un qui a un plan,
01:53c'est quelqu'un qui s'adapte à la situation.
01:56Et donc, toute situation qui perturbe met en jeu ta capacité à réagir à l'instant présent
02:03et à s'adapter dans le bon sens.
02:05Un bon entrepreneur, en fait, c'est quelqu'un qui va rapidement se reconfigurer par rapport à la situation.
02:10Aujourd'hui, la situation, quelle est-elle ?
02:13En fait, la guerre commerciale, elle n'est pas déclenchée par Donald Trump.
02:17On vit dans une guerre commerciale depuis plus de 25 ans où les États-Unis nous massacrent dans le secteur digital.
02:23Et Barack Obama était certes très sympathique et tout le monde avait envie que ce soit notre président.
02:28La réalité, c'est qu'il est président des États-Unis.
02:31Et que ce soit Barack Obama ou Joe Biden, ils nous ont explosés d'un point de vue commercial.
02:37La vie avec Donald Trump est presque plus simple.
02:39Au moins, les choses sont très claires.
02:41On est en guerre, les choses sont lancées.
02:44Et donc, ça donne une opportunité qui est de dévoiler la réalité
02:48et de se mettre réellement en construction de là où on est.
02:51Donc, moi, comment est-ce que je vois le monde ?
02:53Comme quelque chose avec des opportunités qui n'étaient pas disponibles hier,
02:58qui sont de se dire qu'on va enfin pouvoir mettre l'Europe au diapason de la réalité de ce qu'on vit.
03:02Et peut-être qu'entendre parler de souveraineté du matin au soir sur la bouche de tout le monde
03:06depuis que Donald Trump est président vous aide en tant que chef d'entreprise ?
03:09En tant que chef d'entreprise, ça nous aide parce que pendant longtemps,
03:11on a considéré que le digital était le marché des États-Unis.
03:15Et donc, ce n'est pas compliqué.
03:17Le digital, c'est 19 000 milliards de marchés dans le monde, 81% fait par les États-Unis.
03:24La France, dans tous les bins, est à à peu près 0,4% du marché mondial.
03:30Donc, quand on se prétend être 7e puissance du monde, je dois admettre que c'est quand même un problème.
03:36Aujourd'hui, quand on se pose la question, je pense que ce que ça génère
03:42va être une capacité à repenser notre modèle économique dans le digital.
03:47Et donc, je pense qu'au global, on va avoir quelque chose de positif.
03:49On aura l'occasion d'y revenir.
03:50Maintenant, je vous propose de prendre la machine à remonter dans le temps
03:53et de revenir à la fin de vos études.
03:55Vous avez décidé d'être entrepreneur immédiatement. Pourquoi ?
03:58J'ai même créé ma première boîte. J'étais en première année.
04:02Donc, ça a tout de suite été quelque chose.
04:05Pourquoi être entrepreneur ?
04:07Je pense parce que la première chose, c'est que j'étais un peu désespéré
04:12par le management qui m'était proposé, les modèles qui m'étaient proposés dans le digital français.
04:18Donc, excusez-moi, je vous interromps.
04:21Vous avez imaginé immédiatement une entreprise dans le digital,
04:25pas dans un secteur traditionnel.
04:28Oui, quelque chose. En fait, j'étais passionné par le digital.
04:31D'accord.
04:31Donc, j'étais dans une école d'ingé orientée tech.
04:34Et il y avait quelque chose qui est prodigieux dans la tech,
04:38c'est que ton cycle de feedback est très court.
04:41J'ai également fait de l'industrie.
04:42Ton cycle de feedback, ça longe, même s'il a beaucoup réduit ces dernières années
04:44grâce à beaucoup de technologies intéressantes.
04:47Mais ton cycle de feedback est très court.
04:49Et c'était clair que c'était là qu'il y avait énormément de choses à construire.
04:53Donc, tout de suite, je me suis dit, qu'est-ce qu'on peut construire ?
04:57Qu'est-ce qu'on peut faire comme produit ?
04:58Et j'étais très surpris parce qu'en France, tout le monde s'imaginait faire du service
05:01et peu de gens s'imaginaient être éditeurs et faire du produit.
05:04Et je pense que c'est un des points qui m'a convaincu,
05:06c'est que moi, j'avais envie de donner mon logiciel
05:09et de le mettre dans les mains de beaucoup de gens.
05:10Donc, c'était du logiciel.
05:11Est-ce que vous aviez immédiatement une idée d'inscrire votre entreprise dans la souveraineté
05:16ou est-ce que c'est venu dans le parcours de l'entrepreneur ?
05:19Pour être franc, c'est venu dans le parcours de l'entrepreneur.
05:22La première boîte que j'ai montée faisait des jeux vidéo.
05:24On a arrêté pour plein de raisons, je ne l'ai pas nécessairement évoquées ici,
05:27mais globalement, le marché du jeu vidéo changeait.
05:30Moi, j'étais venu faire des œuvres d'art
05:31et maintenant, on me demandait d'intégrer le business model du jeu à l'intérieur du jeu.
05:35Ça m'intéressait beaucoup moins.
05:37Par contre, on avait commencé à automatiser les serveurs.
05:39Et donc, avec quelques amis, on s'est lancé avec cette idée-là
05:43qui était comment on rend le développeur efficace.
05:45La rationalité du truc était de dire
05:48le modèle du futur, c'est d'avoir du digital.
05:54On va créer des machines-outils de la prestation intellectuelle.
05:57Et pour que ces machines-outils soient adaptées au marché,
05:59parce que le marché va très vite,
06:01il faut être capable d'avoir des itérations extrêmement rapides sur les logiciels.
06:04Et donc, il faut réduire le temps
06:06entre le moment où le développeur va itérer
06:09et le moment où ça va être mis en production.
06:11Or, si on regarde comment fonctionne une entreprise IT,
06:15beaucoup de cas, on a les développeurs, les projets,
06:18et de l'autre côté, l'IT, le maintien en condition opérationnelle.
06:21Ces gens-là veulent que ça change.
06:23Ces gens-là ont besoin de stabilité.
06:24Les chances pour que ces gens-là s'entendent sont extrêmement réduites.
06:27C'est-à-dire que, par design,
06:29ces gens-là sont nécessairement antagonistes.
06:32Et donc, de là, il y a deux visions.
06:33Une vision servicielle.
06:36Les boîtes de services, de formation,
06:38vont avoir une idée, globalement,
06:40qui est de dire, on va mettre tout le monde dans la même pièce,
06:41faire du combat boîte-consultant,
06:43on va appeler ça le DevOps, c'est génial.
06:44Les gens vont apprendre à bosser ensemble.
06:46Le DevOps, peut-être, pour les profanes ?
06:48L'idée, c'est de dire, on va faire des équipes mix
06:50entre développeurs et Ops,
06:52donc les gens qui gèrent les serveurs.
06:54D'accord.
06:54Et du coup, ils vont bien s'entendre.
06:56La réalité concrète de ce genre de choses,
06:59c'est qu'en fait,
07:01tout ça est du combat boîte-consultant,
07:03avec plus un turnover très faible,
07:05enfin énorme,
07:06donc un temps de gens qui ne sont pas là longtemps.
07:09Mais c'est génial quand tu es consultant,
07:10parce que du coup, tu peux continuer à vendre la formation
07:12tous les quatre mois.
07:13Moi, ma vision était plus de dire,
07:15quel est le deux métiers qu'on peut automatiser ?
07:19Le développement, il y a une grosse panne de créativité,
07:21c'est compliqué à automatiser.
07:22Par contre, l'administration des systèmes,
07:25c'était quelque chose qu'on pouvait fortement automatiser.
07:28Donc, on automatise l'ensemble du traitement,
07:31et donc du coup, on raccourcit les cercles de développement,
07:34on colle plus au marché,
07:35et on augmente la rentabilité de la structure qui va.
07:37Et là, on arrive en 2010.
07:40Et donc ça, c'était 2010,
07:41donc je crée cette boîte avec cet état d'esprit-là.
07:43Alors, avant d'aller dans le détail de l'entreprise,
07:45vous avez dit, j'ai créé cette entreprise en étant ingénieur.
07:48Oui.
07:49Je crois avoir lu ici et là que c'était un sujet
07:51qui vous tient particulièrement à cœur
07:53sur le fondateur, on va dire, généraliste, commercial,
07:57et le fondateur ingénieur,
07:59et peut-être le binôme,
08:00quelle est votre position sur ce sujet-là ?
08:01Est-ce qu'il y a des améliorations possibles,
08:04des conseils à donner aux étudiants qui nous écoutent
08:06ou aux jeunes start-upers ?
08:08En fait, je pense qu'on vit dans un monde
08:10où aujourd'hui, en France,
08:12on ne donne pas la main assez forte à des ingénieurs.
08:14On va vous présenter un Steve Jobs
08:16comme étant un génie du marketing,
08:19on va vous présenter Elon Musk
08:20comme étant un personnage public,
08:22mais la réalité, ce n'est pas ça.
08:24C'est que vous preniez Steve Jobs,
08:26Eric Schmidt, Larry Page,
08:28Sergey Brin, Paul Allen,
08:29Bill Gates, Elon Musk, Mark Zuckerberg,
08:34enfin la totalité des fondateurs de tech
08:36sont en fait des ingénieurs.
08:38Pourquoi ?
08:39Parce qu'ils ont cette capacité-là
08:41à comprendre de quoi ça parle
08:43et prendre des décisions rapides,
08:45qui sont des décisions osées
08:46d'un point de vue scientifique et technologique,
08:48qu'un gouvernement commercial
08:51ne va pas être capable de prendre.
08:53Une gouvernance commerciale
08:54va avoir besoin de se baquer
08:55et donc ne va pas faire le saut de la foi
08:59de quelqu'un qui comprend exactement
09:00de quoi ça parle.
09:01Et là, je peux donner
09:02un certain nombre d'exemples.
09:04Pourquoi ça m'interpelle ?
09:05Parce que quand on a 100% d'un côté,
09:07et je peux donner des exemples,
09:09à chaque fois, on va dire Eric Schmidt,
09:10c'est le gentil commercial
09:11qui est venu aider les deux jeunes
09:12chez Google.
09:13Eric Schmidt, il a un doctorat de Berkeley
09:14en computer science
09:16et il a écrit un truc
09:16qui s'appelle Lex,
09:17qui est dans la quasi-totalité
09:19des systèmes informatiques
09:21qu'on connaît aujourd'hui.
09:23Donc c'est vraiment un bon ingénieur
09:24et un bon commercial.
09:26Encore une fois,
09:27c'est un problème de double compétence.
09:28Mais la compétence a changé, en fait.
09:32Le monde, elle est importante.
09:33Pourquoi elle est importante ?
09:34Parce que des fois,
09:35on a besoin de prendre des réactions.
09:37Je peux donner très rapidement
09:38des anecdotes, si tu veux,
09:40sur le sujet.
09:41Si tu prends Mark Zuckerberg,
09:42quand Facebook faisait déjà
09:44entre 1 000 et 3 000 personnes,
09:45c'était gros déjà.
09:46La boîte, en fait,
09:47elle avait un sujet,
09:48c'est que tu avais un coût IT
09:50de l'entreprise
09:51par utilisateur qui était là,
09:53donc fort,
09:54et en dessous,
09:55tu avais le revenu par utilisateur.
09:56Donc, en clair,
09:57plus il y a d'utilisateurs,
09:58plus il y a un problème.
10:00Parce que la façon dont Facebook
10:01avait été développée
10:02faisait que...
10:04C'était extrêmement énergivore
10:06comme façon de fonctionner.
10:07Mais Zuckerberg avait l'air
10:08très détendu.
10:09Parce qu'en fait,
10:10là-bas, au fond,
10:11il y avait une équipe
10:12de 8 personnes
10:12qui étaient en train
10:14de réécrire un truc
10:14qui allait permettre
10:15de gérer ça.
10:16Et quand ce truc-là
10:16a été mis en production
10:1718 mois après
10:18le lancement de ce truc-là,
10:20overnight,
10:20les deux chiffres se sont inversés
10:21et Facebook est devenu rentable.
10:23Pourquoi ça, c'est important ?
10:25Parce que pour prendre une décision
10:26de j'ai 8 mecs sur 2 000
10:28qui sont en train
10:29d'écrire un compilateur
10:30dont personne n'a entendu parler
10:32dans un sous-langage
10:32dont personne n'a entendu parler,
10:34il faut savoir exactement
10:36de quoi tu parles.
10:37Et en fait,
10:38ce genre de réflexe,
10:41de foi, de gestion,
10:42c'est la même chose
10:43pour Steve Jobs
10:44inventant l'iPhone.
10:45J'ai énormément d'exemples
10:46pour prouver qu'à un moment,
10:47il faut comprendre
10:48de quoi on parle.
10:49Or, aujourd'hui,
10:50si on prend la French Tech,
10:51on a un peu moins de 15%
10:53des cofondateurs,
10:53je ne parle pas même des dirigeants,
10:55qui sont des techniques.
10:56Et donc,
10:57on fait des très belles innovations
10:58commerciales,
10:58c'est pour ça qu'on parle
10:59beaucoup de commerce.
11:00Moins de 15%
11:00des cofondateurs
11:02de la French Tech
11:03sont techniques.
11:04Voilà.
11:05Et donc,
11:06tu te retrouves avec des boîtes
11:07qui sont des belles innovations
11:08commerciales,
11:09mais on a du mal
11:10à faire des révolutions
11:11techniques.
11:12Et en fait,
11:13que ce soit Google,
11:14que ce soit Facebook,
11:16que ce soit Apple,
11:17que ce soit Microsoft,
11:18ce sont des révolutions techniques.
11:19et Tesla en est l'exemple.
11:22L'exemple criant,
11:23c'est Musk,
11:23qui à chaque fois,
11:24va dans un endroit
11:25où on dit,
11:26ça fait longtemps
11:27que personne ne fouille trop
11:28dans ce truc-là.
11:29Si on pousse tous les potards
11:30à fond
11:31et qu'on met beaucoup de pognon,
11:32on va peut-être y arriver.
11:33C'est ce qu'il a fait
11:33sur SpaceX.
11:35Et après,
11:36il te monte
11:36un opérateur télécom mondial
11:38avec des satellites.
11:39Parce qu'il va
11:40dans des cas techniques
11:41où en fait,
11:42en relisant
11:43à la lumière
11:44de la croissance
11:45technologique
11:46du marché,
11:47il se dit
11:47en fait,
11:48on peut réappliquer
11:48des technologies ici
11:50qui n'étaient pas
11:51applicables avant.
11:52Et ça,
11:52c'est un vrai phénomène industriel
11:53si on y réfléchit bien.
11:54Pour rester sur la tech française,
11:56quand on échangeait
11:57tout à l'heure
11:58quand vous êtes arrivés,
11:59on a parlé rapidement
12:00d'Internet
12:01et vous m'avez dit
12:02mais Internet,
12:03ça a été inventé en France.
12:05Oui.
12:05Est-ce que vous pouvez
12:06le partager
12:06avec nos téléspectateurs ?
12:08Tout à fait.
12:09En fait,
12:10en France,
12:11on a eu un grand,
12:12on a eu un président
12:13assez visionnaire
12:14qui a fait les voies
12:16de chemin de fer,
12:17le TGV
12:19et les centrales nucléaires
12:20mais qui a également
12:21lancé le plan calcul.
12:23Le plan calcul
12:24qui était quelque chose
12:25de brillant,
12:26c'est également
12:26sous l'influence
12:27persissante
12:29de ce que le plan calcul
12:30allait donner
12:30en résultat
12:31qu'on a eu la CNIL
12:32qui est cette vision
12:33magnifique de dire
12:34que la vie privée existe
12:35et que l'identité
12:36en fait est fractale
12:37qui est une des notions
12:39qui est vachement importante
12:40qui est de comprendre
12:41que l'identité
12:42en fait,
12:42elle dépend du contexte
12:43pour les gens.
12:44Et c'est pour ça
12:45qu'on a une des meilleures lois
12:46sur l'identité en France
12:47qui est quelque chose
12:48de très différent
12:49de ce qui se passe
12:49aux Etats-Unis.
12:50Qui trouve ses racines
12:50à ce moment-là.
12:51En fait,
12:52dans les années 70,
12:53sous l'impulsion de Pompidou,
12:54on a changé énormément,
12:56on a beaucoup modernisé.
12:58On dit souvent
12:58les centrales du général,
12:59la réalité c'est que c'est
13:00plutôt Pompidou
13:01qui a financé les centrales
13:02et la CNIL
13:03qui est également
13:04venue de Pompidou
13:05était une réponse
13:06au plan calcul.
13:06Pourquoi ?
13:07Parce qu'on allait faire
13:08un fichier
13:08dans lequel on centralisait
13:09l'identité.
13:10Or,
13:11on s'est dit
13:11mais c'est aberrant
13:12parce que l'identité
13:13ce n'est pas quelque chose
13:15d'unitaire.
13:16Je m'explique.
13:17Pour mon marchand
13:18de fruits et légumes,
13:19je suis un gentil bobo
13:20qui lui lâche
13:21entre 50 et 100 balles
13:22par semaine
13:22en achetant
13:23des légumes bio.
13:26Pour le représentant
13:28en lobbying d'Amazon,
13:30je suis un énorme connard.
13:31Et pour ma mère,
13:32je serai pour toujours
13:33son fils chéri.
13:34Et en fait,
13:34ces trois identités
13:35sont vraies.
13:36Pourquoi est-ce qu'elles
13:37devraient cohabiter
13:38en un seul nom ?
13:39Et c'est pour ça
13:39qu'en France,
13:40on a un numéro de sécu
13:41qui est différent
13:41de son numéro fiscal
13:43et qui est également
13:44différent de son permis
13:46de conduire.
13:46Je n'avais pas pensé
13:47à cette question,
13:48mais c'est une vraie question,
13:48effectivement.
13:49Mais oui,
13:49parce qu'en fait,
13:50ce n'est pas qu'on n'est pas
13:51capable de mettre tout le monde
13:52dans la même base de données.
13:53Ça va,
13:53les ingénieurs français
13:54sont évidemment intelligents
13:55pour faire ça.
13:56On ne le fait pas
13:57parce qu'on ne veut pas
13:58que le malade
13:59soit le même
14:00que le résident fiscal
14:00et soit le même
14:01que le conducteur.
14:02Parce qu'on pense
14:03que ce ne serait pas
14:03une bonne idée
14:04que d'avoir un seul fichier
14:06dans lequel on centralise tout.
14:07Ce qui, par ailleurs,
14:08avait une légère idée,
14:09c'est qu'un des prestataires
14:11d'une période sombre
14:14de l'Allemagne
14:14s'appelait IBM
14:15et a fait un très bon
14:16logiciel de gestion
14:17très concentrateur.
14:18Et l'idée,
14:18c'est qu'en France,
14:19on s'est toujours dit
14:19que si on concentre
14:21l'identité des gens,
14:22peut-être que ça donnera
14:24nécessairement lieu
14:24à une dérive totalitaire.
14:26Point qui est très important
14:27quand on regarde aujourd'hui
14:28la dérive des GAFAM.
14:29Donc, c'est très important
14:31de se rendre compte
14:31qu'en fait,
14:32c'est à ce moment-là
14:33qu'on a compris l'identité.
14:34Et le plan calcul
14:35a donné énormément de recherches.
14:37Et c'était à quelle période,
14:38à peu près ?
14:39Ça, c'est la fin des années 70.
14:40D'accord.
14:41On a des gens
14:41qui se posent la question
14:42de comment mettre
14:43les systèmes de calcul
14:44en relation dans le réseau.
14:46Et ils inventent un truc.
14:47Donc, c'est un truc
14:48qui s'appelait
14:48le projet Cyclade.
14:49Et une bande d'ingénieurs
14:50brillantissimes
14:51invente le datagram.
14:55Et le datagram,
14:56c'est une façon
14:56de formuler du réseau
14:58qui, en fait,
14:59a donné TCPIP,
15:01enfin, Ethernet, TCPIP
15:02et donc, en fait, Internet.
15:05Et ce qui s'est passé,
15:06donc, c'est les équipes
15:07de Louis Pouzin
15:07qui ont fait ça.
15:08Si vous voulez toute l'histoire,
15:09je vous renvoie
15:10à un documentaire magnifique
15:11qui était
15:12« Ces Français
15:12qui ont presque inventé Internet »
15:14qui, comme d'habitude,
15:15en France,
15:15les sujets d'importance,
15:16on les diffuse
15:17avec force et conviction.
15:18Donc, ce truc a été diffusé
15:20sur France 3 Bourgogne
15:21en troisième partie de soirée.
15:22Mais c'était un train
15:23qui est arrivé à l'heure,
15:24celui-là.
15:24Donc, on en parle très peu.
15:25C'est ça.
15:27Ben oui.
15:27Pourquoi est-ce qu'on en parle peu ?
15:29Parce que le plan calcul
15:30et ce que faisait Louis Pouzin
15:32dans le projet Cyclades
15:33a été perçu
15:33par une énorme menace,
15:35par une énorme institution
15:36qui a disparu depuis
15:37qui s'appelait les PTT.
15:39Oui, effectivement.
15:40Depuis, c'est devenu
15:40France Télécom Orange.
15:42Vous savez,
15:42les gens qui s'allient
15:43avec Google,
15:44Microsoft en permanence.
15:45Il y a des institutions
15:46comme ça,
15:47dans leur ADN,
15:48il y a la capacité
15:49à détruire
15:49tout ce qu'on fait de bien
15:50en France.
15:51Eh ben, voilà.
15:52Les héritiers,
15:53les gens qui ont détruit
15:53le travail de Louis Pouzin
15:55qui, du coup,
15:56l'a mis en open source
15:56et ça a été récupéré
15:58par les Américains
15:58quand on fait Arpanet
15:59et donc Internet.
16:00Mais la réalité,
16:01c'est qu'Internet,
16:02c'est français.
16:03Encore un morceau
16:03de souveraineté nationale
16:05qui est parti aux États-Unis.
16:06Alors, dans tout ça ?
16:06Parce qu'on n'a pas écouté
16:07nos ingénieurs
16:08et qu'on ne leur a pas
16:08fait confiance.
16:10Et Louis Pouzin existe toujours.
16:11Il a 80 ballets.
16:12C'est un mec brillantissime.
16:14Mais on n'écoute pas
16:15ce que disent garçons
16:16encore aujourd'hui
16:17alors qu'il est toujours
16:18capable d'expliquer
16:20où va le monde.
16:21On aura certainement
16:22l'occasion d'échanger
16:22avec Louis Pouzin maintenant.
16:23Revenons à vous.
16:242010, la conquête,
16:27Clever Cloud,
16:28vous fondez cette entreprise
16:29avec quelle vision ?
16:30En fait, la vision que j'avais,
16:31c'était de dire
16:31le cloud va transformer
16:34la façon dont on fait
16:35de l'hébergement
16:35qui était un truc très...
16:37Bon, on rague des bécanes,
16:38on les met dans des data centers.
16:40En fait, c'est de l'immobilier
16:41de service
16:41au même titre qu'un hôtel
16:42ou qu'un restaurant
16:43de grande chaîne.
16:45McDonald's, Starbucks
16:46qui sont en fait
16:46des boîtes d'immobilier.
16:47Je ne sais pas si vous connaissez
16:48le truc financier autour de ça
16:50mais c'est des boîtes d'immobilier
16:51plus que des boîtes de bouffe.
16:52Ce business-là
16:53va devoir se combiner
16:55avec du service
16:56pour fournir un niveau
16:57de service unifié
16:58à l'utilisateur
16:59et aux clients
17:00qui vont donc aller chercher
17:01de l'infrastructure,
17:02du platform as a service,
17:03les 1000 niveaux de service
17:06du cloud computing.
17:07Et moi, mon idée
17:08était de dire
17:09on va nous fournir
17:10les couches de logiciel
17:11au-dessus de ça,
17:12devenir client
17:12des couches inférieures
17:14et du coup,
17:16s'intermédier
17:16pour permettre à l'utilisateur
17:17d'être beaucoup plus rapide.
17:19Ma vision était de dire
17:20que très rapidement,
17:22en fait,
17:23on allait créer
17:23de l'énergie informatique.
17:25C'est-à-dire,
17:25pour ça,
17:25quand j'ai lancé la boîte,
17:26on avait créé un truc
17:27qui était les drops
17:28parce que des drops
17:28font des clouds
17:29et donc,
17:30on voulait faire
17:31le kilowatt
17:31de l'énergie informatique
17:33et j'expliquais
17:34que les DSI
17:35allaient devenir
17:35des traders en énergie.
17:36Je pensais en fait,
17:39assez naïvement
17:40que les différentes couches
17:43du cloud
17:44allaient être des couches
17:45qui allaient tous
17:47trouver leur partie
17:48et que le marché
17:49allait se déréguler
17:50en étant des gens
17:52qui font de l'infra
17:53puis des gens
17:54qui font du soft
17:54et qu'en fait,
17:55il y allait avoir
17:55des places de marché
17:56et de la dérégulation.
17:58Sauf qu'en fait,
17:58ce qui s'est passé,
17:59c'est que le marché
17:59s'est concentré
18:00à la vitesse de la lumière
18:01autour d'Amazon,
18:03de Google
18:03et de Microsoft
18:04qui en fait,
18:05ont agrégé
18:05et absorbé
18:06toutes les boîtes
18:07et ont en fait,
18:08étouffé le marché.
18:09C'est-à-dire que c'est un marché
18:10qui est dans une croissance
18:11magnifique
18:12mais qui est dans un état
18:14d'oligopole maximum
18:16qui en fait,
18:17brise la loi de la concurrence.
18:19Et pour vous,
18:19ça a été un défi ?
18:20J'imagine,
18:20c'est géant américain
18:21dans les premières années ?
18:23Ça a toujours été un défi
18:25et c'est ça
18:26qui a éveillé
18:27ma compréhension
18:28de la souveraineté.
18:29C'est-à-dire que
18:30moi,
18:31j'étais un jeune ingénieur,
18:32j'ai cru,
18:32je vais le dire,
18:33naïvement,
18:34j'ai cru au don
18:35de billetville de Google.
18:36Des boîtes
18:37créées par des ingénieurs
18:38qui allaient changer le monde.
18:40Je n'ai pas vu le moment
18:41où en fait,
18:41les financiers allaient prendre le pas
18:42et qu'en fait,
18:43le profit allait devenir
18:44la seule raison d'être
18:45d'une boîte comme Google
18:46qui aujourd'hui
18:46dispute à Amazon,
18:49Microsoft
18:49et Facebook
18:51le rôle des villes corp
18:52à Elon Musk.
18:53Parce qu'en fait,
18:54on est face à des boîtes
18:55qui sont énormément intéressées
18:57que par le profit
18:58et qui ont des comportements
18:59extrêmement discutables
19:00sur le marché,
19:00que ce soit en termes
19:01de respect du droit,
19:02mais que ce soit également
19:03en termes d'impact sociétal.
19:05Ce sont des boîtes
19:06qui en fait,
19:07enferment l'innovation
19:08parce qu'elles protègent
19:09leur prédation
19:10et leur capacité
19:12quasi féodale d'existence.
19:14Et donc,
19:14dès le début,
19:15ça a été un défi.
19:16Mais moi,
19:16au début,
19:16je pensais qu'en France,
19:18on allait faire un truc,
19:19c'est dire,
19:19on a quelques mecs jeunes,
19:21sympas,
19:22déjà connus dans l'open source,
19:23que moi,
19:23je donnais déjà des conférences
19:24planète entière
19:26à moins de 20 ans
19:27sur ce qu'on faisait
19:28en open source.
19:28On reviendra sur l'open source
19:29sur votre parcours.
19:31Et moi,
19:31je pensais qu'on allait nous aider,
19:32en fait,
19:33qu'on allait se dire,
19:34mais c'est génial,
19:35on a des jeunes connus
19:37dans le monde entier
19:37qui font déjà des trucs cools,
19:39mais on va leur filer
19:39un coup de main.
19:40Et c'est là,
19:41c'est là que je n'avais pas compris
19:42la puissance du lobby
19:43et la puissance
19:45du soft power
19:47dans lequel on avait été enfermés
19:49et qui faisait qu'en fait,
19:50mais jamais de la vie,
19:51on filerait un coup de main
19:53à des provinciaux
19:54qui n'existent pas,
19:57qui n'ont pas les bons noms,
19:58qui ne sont pas américains,
19:59mais qui sont ces Français
20:00qui veulent faire
20:01un produit concurrent
20:02à la technologie américaine ?
20:05Et ça,
20:06ça a été un choc
20:07qui a été très difficile
20:09de comprendre
20:09pourquoi,
20:10en fait,
20:10on n'avait pas d'aide.
20:11Et encore aujourd'hui,
20:13j'ai plus d'aide
20:14de gouvernements étrangers
20:15sur ce qu'on essaye
20:17de développer chez eux.
20:18C'est-à-dire que
20:19les gouvernements étrangers
20:20investissent plus
20:20dans Clever Cloud
20:21que le gouvernement français,
20:22directement ou indirectement ?
20:23Bien sûr.
20:24Bien sûr.
20:25Et c'est aujourd'hui,
20:28quand on parle
20:29de l'ascenseur social français
20:30qui est bloqué,
20:31il est bloqué
20:32pour effectivement
20:33la vision du
20:36on ne crée pas
20:37de cadre issu des banlieues
20:38parce que c'est compliqué
20:39d'arriver dans
20:40les hautes études et tout.
20:41Mais c'est vrai aussi
20:42en entrepreneur.
20:43Ton nom n'est personne,
20:45c'est incroyable.
20:45Je me souviens encore
20:46de l'époque
20:46où The Family existait,
20:48où j'ai un de mes associés
20:49qui m'a dit
20:50« Mais en fait,
20:51tout le monde a un nom
20:52à particule
20:52et je viens de Versailles ici. »
20:54C'est où le fameux
20:56« Everyone can be an entrepreneur »
20:57qu'on nous avait promis ?
20:58Même si on a des amis,
20:59on a de très bons amis
21:00à Versailles aussi.
21:01Je ne veux pas me fâcher
21:01avec les Versailles.
21:02Je ne me fâche avec personne.
21:05Je dis juste
21:05que notre capacité
21:06à accepter l'innovation
21:09et la nouveauté
21:09est faible.
21:10Et en fait,
21:11qu'est-ce qui se passe ?
21:13En fait,
21:13en France,
21:14les grosses institutions
21:15et les grosses boîtes
21:16détestent bosser
21:16avec les petites
21:17et donc mettent toujours
21:19le deal
21:20dans une grosse boîte.
21:21Qu'est-ce qui se produit
21:22quand on fait ça ?
21:23Par exemple,
21:24tu appelles Clever Cloud,
21:26tu as un deal
21:27et en fait,
21:28on te dit
21:28tu vas bosser
21:29avec tel ministère.
21:30Mais ce n'est pas toi
21:31qui vas prendre le deal.
21:32Tu vas donner le deal
21:33à Orange Business Service
21:35qui va donner le deal
21:38à Soprasteria
21:39qui va donner le deal
21:40à Capgemini
21:41et en fait,
21:41à la fin,
21:42c'est toi qui fais le boulot.
21:43Par contre,
21:43la marge
21:44que tu aurais pu faire
21:44sur ce deal-là,
21:46elle a été absorbée
21:46par tous les intermédiaires.
21:49Ça a deux grandes conséquences.
21:50Premièrement,
21:50tu bouffes la marge
21:51des petites boîtes
21:52ce qui les empêche
21:53de se développer.
21:53et d'investir,
21:54d'investir dans la R&D,
21:56dans les ressources humaines.
21:58Les conséquences
21:58de ce modèle-là
22:00sont multiples.
22:01La première,
22:02c'est sur les petites boîtes innovantes.
22:04Je vais te montrer
22:04un graphique rapide
22:05que j'ai souvent sur moi
22:07parce que je le trouve important.
22:08Ça,
22:09c'est les valorisations
22:10et les tailles
22:11des entrées en bourse
22:12européennes et US
22:13de ces 30 dernières années.
22:16Je le montre
22:16à la caméra.
22:17Comme tu le vois,
22:18en fait,
22:18on n'a pas d'introduction en bourse
22:19et on n'a pas de valorisation.
22:20C'est un graphique qui parle.
22:21Parce qu'en fait,
22:22on bouffe
22:22la taille
22:23de nos petites boîtes.
22:24En fait,
22:25comme elles n'ont pas de marge
22:25pour se développer,
22:26puisqu'elles sacrifient
22:27leurs marges
22:28aux boîtes
22:30de plus grosse taille
22:31qu'on a au-dessus,
22:33elles ont du mal
22:34à se développer.
22:35Et ce n'est pas,
22:35tout le monde dit toujours
22:36que c'est un problème
22:36de fonds d'investissement,
22:37etc.
22:37Non,
22:38ce n'est pas vrai.
22:38Le fait qu'on leur bouffe
22:39leurs marges,
22:40c'est ça.
22:40On a un deuxième problème
22:42en faisant ça.
22:43Le deuxième problème
22:44qu'on a,
22:44c'est qu'on rend
22:45de grosses entreprises
22:46feignantes.
22:48Elles ont une rente.
22:49Elles n'ont pas besoin
22:50de se remettre en cause.
22:52En 2005,
22:54Orange et Deutsche Telekom,
22:55c'était la même boîte en taille.
22:57Aujourd'hui,
22:57il faut trois oranges
22:58pour faire un Deutsche Telekom.
23:00Parce qu'Orange est feignant.
23:03Fondamentalement feignant.
23:04Et pire,
23:05si tu vas Orange à Rennes,
23:07il y a un énorme centre de R&D
23:08qui est la R&D d'Orange.
23:10Vous voulez savoir
23:10ce qui se passe là-dedans ?
23:11C'est génial.
23:12Des multitudes de choses
23:13ont été créées là-dedans.
23:15Netflix,
23:16bien avant l'heure,
23:17du peer-to-peer,
23:19des capacités d'appeler
23:20ses grands-parents
23:21avec sa Livebox,
23:22des tonnes de technologies,
23:23des technologies aussi
23:24beaucoup plus low-level
23:24mais incroyables.
23:26Et à chaque fois,
23:27c'est des produits splendides
23:27qui sont créés,
23:28qui sont envoyés là-haut
23:29par des techniciens
23:30qui ont vraiment
23:31beaucoup bossé dessus.
23:32Et ils n'en entendent
23:33plus jamais parler.
23:34Parce que personne en haut
23:35n'a envie de prendre le risque
23:36de lancer ça.
23:37Qu'est-ce qu'on s'en fout ?
23:38On a une rente.
23:40Les gens deviennent dépressifs.
23:41Il faut savoir
23:41que je connais quelqu'un
23:42qui est connu à Rennes
23:44pour en faire baisser
23:45le taux de suicide
23:46au centre de recherche d'Orange
23:47en faisant poser
23:49des barreaux aux fenêtres
23:49à partir du premier étage.
23:51Enfin,
23:51on parle
23:52de structure de management
23:54qui détruit
23:55la capacité de créativité
23:57et d'intelligence
23:57de ses salariés.
23:59Parce que,
24:00encore une fois,
24:01on n'a pas ça.
24:02Aux États-Unis,
24:02ils ont quelque chose
24:03d'extrêmement pertinent.
24:05C'est pour ça que
24:05ça s'appelle
24:06le Small Business Act.
24:07C'est-à-dire que
24:07toute structure grosse,
24:09grosse entreprise,
24:10institution,
24:11est obligée
24:12d'avoir une part
24:13de ses achats
24:15faite dans les petites
24:17entreprises locales.
24:18Pourquoi ?
24:19Parce que
24:20le cycle de vie économique,
24:22il est schlumpéterien.
24:23Les boîtes grossissent,
24:24stagnent,
24:25meurent.
24:26en France,
24:27on a des boîtes
24:28qui sont grosses
24:29qu'on va mettre
24:30sous perf
24:30pour éviter
24:31qu'elles crèvent.
24:33Et en fait,
24:33on les met sous perf
24:34en prenant
24:35l'argent
24:36de nos petites
24:37entreprises intelligentes.
24:38Alors vous,
24:39maintenant,
24:39on est en 2025,
24:40il s'est passé 15 ans,
24:42à 10 ans,
24:43quels sont les deux,
24:44trois plus gros défis
24:45de Clever Cloud ?
24:46Quelle est votre vision
24:47dans ce contexte
24:48et sur cet échiquier
24:49économique et politique
24:50complexe ?
24:52Alors,
24:52Clever,
24:52d'abord,
24:53c'est une boîte
24:53qui est très intéressante
24:54parce qu'on n'a pour finir
24:54jamais vraiment
24:55levée de fonds.
24:57Donc vous êtes sur
24:57capitaux propres
24:58depuis le début ?
24:59Quasiment.
25:00J'ai pris
25:01quelques centaines
25:02de milliers d'euros
25:03à Xavier Niel
25:03en 2011.
25:04On retrouve là
25:05le militant.
25:07Pourquoi ?
25:08Parce que je n'ai jamais
25:08voulu signer.
25:09En fait,
25:09il y a beaucoup
25:10de levées de fonds.
25:11En fait,
25:11quand tu signes
25:12ta levée de fonds,
25:12tu signes un mandat de vente.
25:15Or,
25:15moi,
25:15j'ai toujours pensé
25:16que ce qu'on était
25:17en train de faire
25:18était un marché
25:19qui serait énorme.
25:19Et c'est vrai.
25:20Le Cloud,
25:21c'est entre 20 et 30%
25:23de croissance par an
25:24de 2018 à 2030.
25:29Donc c'est énorme.
25:29Et c'est un océan bleu.
25:30Donc quand on te dit
25:31la bataille du Cloud
25:32est perdue aujourd'hui,
25:33mais tu as juste envie
25:33d'aller mettre des claques
25:34aux gens en disant
25:34non, c'est un océan bleu.
25:36Tu veux perdre une guerre
25:36et une bataille,
25:37c'est sûr.
25:37Tu ne mets pas d'armée
25:38sur le terrain.
25:39Ça, tu es certain de perdre.
25:40Mais ça, encore une fois,
25:41c'est un endoctrinement
25:42de gens qui te disent
25:43oui, mais tu comprends,
25:44on a investi des trilliards.
25:46Et c'est un manque
25:46total de compréhension
25:47de comment fonctionne
25:48la technologie
25:49et The Law of Accelerating Return
25:51de Rickardsville,
25:51la loi du retour
25:52accéléré du progrès
25:53dont on peut parler
25:54juste après, si tu veux.
25:55Donc pourquoi
25:56et quels sont nos défis ?
25:57Donc d'abord,
25:58on est une boîte
25:58qui est un éditeur,
26:00c'est-à-dire qu'on a arrêté
26:02le service il y a déjà
26:03des années.
26:03100% français,
26:05capitaux.
26:05100% français, c'est nous.
26:06Quasiment 100%.
26:07Et on ne vend que notre produit,
26:10que ce soit de service
26:11ou de logiciel,
26:12on ne vend que notre produit.
26:13Et donc en fait,
26:13on est une boîte
26:14d'édition logicielle.
26:14Vous les vendez à qui ?
26:16Grosse boîte, éditeurs,
26:18armés,
26:20le gouvernement
26:21dans un peu plus de 100 pays.
26:23Et donc on va avoir
26:24des très grands groupes
26:25comme des tout petits groupes.
26:26On va avoir
26:27Maïf, Partouche,
26:29Airbus,
26:30le gouvernement français
26:31comme clients connus en France.
26:33Et puis on va avoir
26:34des toutes petites structures
26:35également qui nous achètent
26:36notre produit.
26:37Et le plus gros défi,
26:38c'est lequel alors ?
26:38Notre plus gros défi,
26:39ça a été de croître
26:40100 capitaux externes.
26:42Aujourd'hui,
26:43on a à peu près 100,
26:43parce qu'un éditeur
26:45de 100 personnes
26:46en France,
26:46ce n'est pas si courant que ça.
26:47Encore une fois,
26:48la puissance du secteur service
26:49est terrible en France
26:51qui nous empêche
26:51de créer une économie d'assets
26:52face à une économie de flux.
26:54Et vraiment,
26:55c'est quelque chose.
26:56Mon enjeu pour le futur,
26:59c'est de réussir
26:59à continuer à croître
27:00en gardant une indépendance,
27:02c'est-à-dire ne pas avoir
27:02une vision short-term
27:03où en fait,
27:04on vend la boîte à 5 ans
27:05à un fonds américain.
27:07Donc ce que je veux,
27:07c'est continuer à croître
27:09dans un système.
27:09Aujourd'hui,
27:09vous n'êtes pas en vente ?
27:11On n'est pas en vente.
27:12Pour calmer les ardeurs
27:12de ceux qui nous écouteraient ?
27:14En fait,
27:14moi, je suis d'accord
27:15pour faire un adossement
27:16industriel à des gens
27:17qui auraient la même vision
27:18que moi.
27:19Mais je ne suis pas en vente.
27:21Moi, ça va.
27:22Tous les mois,
27:22on me la propose.
27:23Le rachat à plus de 100 millions
27:24par des Américains.
27:26Tous les mois.
27:26Parce que je les emmerde.
27:27Donc ils sont prêts
27:28à mettre un peu d'argent
27:29pour me larguer.
27:30Mais je n'ai pas envie.
27:32En fait,
27:32un, je n'ai pas envie
27:33de devenir Américain.
27:34Parce que d'abord,
27:35pour ceux qui n'ont jamais
27:35été dans la Silicon Valley,
27:36ce n'est pas un endroit
27:37si drôle que ça.
27:38Moi, j'y ai été plein de fois
27:39et ce n'est pas si drôle
27:40que ça comme endroit.
27:40Je n'ai pas envie d'y vivre.
27:42Mais ensuite,
27:42ce n'est pas intéressant
27:43dans le sens où
27:44je n'ai pas envie
27:45de créer des clones.
27:47Aujourd'hui,
27:47il y a énormément
27:48de possibilités
27:49de création de valeur
27:52qui soit en respectant
27:54la culture européenne.
27:56Et en fait,
27:56l'indépendance culturelle
27:57crée aussi d'autres produits.
27:59Ce qu'on a fait
28:00avec la GDPR
28:01permet ce que j'appelle
28:02le privacy as a business model.
28:03Donc le RGPD ?
28:04Oui, le RGPD.
28:05La confidentialité des données ?
28:07Le règlement
28:08sur la confidentialité des données
28:09permet d'ouvrir énormément
28:12le marché
28:13à des choses
28:14qui n'étaient pas faites avant.
28:15Et donc ça,
28:16c'est quelque chose
28:16de très important à voir.
28:18C'est qu'en fait,
28:18on a une opportunité monstrueuse
28:20dans le marché
28:21de créer des choses différentes.
28:23Donc mon premier enjeu,
28:24c'est réussir
28:26à prendre le tournant d'IA
28:27avec les nouveaux produits
28:28qu'on a lancés
28:28avec CleverIA et compagnie
28:29qui sont monstrueux.
28:31Donc vous partez,
28:32vous vous diversifiez
28:33d'une certaine manière,
28:33vous ajoutez une nouvelle spécialité
28:36autour de l'intelligence artificielle
28:37en France.
28:39En France,
28:40on reste s'ouvre.
28:40Et en ayant quelque chose
28:41d'industriel.
28:42C'est-à-dire qu'on voit bien
28:43que les États-Unis,
28:44aujourd'hui,
28:44ils prennent l'intelligence artificielle
28:46à coup de milliards.
28:47Et ils y vont comme des bourrins.
28:48Ce que font les Chinois
28:49est beaucoup plus intéressant.
28:50On reviendra aussi
28:50sur ces sujets-là.
28:51Et donc,
28:52notre premier enjeu,
28:53c'est comment
28:54on réussit
28:55cette diversification.
28:57Le deuxième enjeu,
28:58c'est comment on réussit
28:59l'ouverture
29:01dans d'autres pays.
29:02Aujourd'hui,
29:02on a une façon
29:03de faire du business
29:04à l'étranger
29:05qui est complètement différente
29:06de d'autres.
29:07On crée des structures
29:08avec des gens sur place
29:09pour leur permettre
29:10de créer des clouds s'ouvrent.
29:12En fait,
29:12le marché européen,
29:13tout le monde a l'impression
29:14que le marché,
29:15il a été bouffé
29:15par les États-Unis partout.
29:17Ce n'est pas vrai.
29:18Le marché,
29:18il est essentiellement bouffé
29:19en Europe de l'Ouest,
29:21mais il y a des tas
29:21d'endroits dans lesquels
29:22les États-Unis
29:23ne sont pas du tout majoritaires.
29:25En Afrique,
29:26en Asie centrale,
29:27même au Middle East,
29:28leur situation
29:29est très discutable.
29:30Dans le Sud-Est asiatique,
29:32ils ne sont pas du tout majoritaires.
29:33Le Japon se méfie
29:35complètement de ce qu'ils font.
29:36Et je ne parle pas
29:37d'endroits évidents
29:38comme l'Iran, la Russie
29:39ou les clouds américains,
29:41très peu pour nous.
29:41Donc, en fait,
29:42ils ne sont pas majoritaires
29:43dans ces marchés-là.
29:45Et donc, par exemple,
29:46en Côte d'Ivoire,
29:47on a ouvert avec
29:48Ange Kaku Diagou
29:50de New Digital Africa,
29:53une filiale
29:54qui permet de créer
29:55un cloud souverain
29:57pour toute l'Afrique de l'Ouest
29:58et qui leur permet
30:00d'utiliser nos technologies.
30:01À ce moment-là,
30:02on a une approche
30:02qui est assez différente.
30:03On ne récupère pas l'argent.
30:05On ne le fait pas sortir.
30:06On va recréer sur place
30:09un écosystème de R&D
30:10qui n'existe pas.
30:12Parce que nous,
30:13on est des gens
30:13qui voient à long terme.
30:15Je vais vous faire l'équation.
30:16Elle est très rapide
30:16parce que tout le monde me dit
30:17« Oui, mais ce n'est pas vrai.
30:19Il faut que tu rapatries l'argent, etc. »
30:20Non, pas du tout.
30:21Donc, vous investissez en Afrique
30:23avec de la croissance en Afrique.
30:26Exactement.
30:27Pourquoi c'est important ?
30:28Les États-Unis,
30:29c'est une moyenne d'âge
30:29à 48 ans.
30:31L'Europe à 50.
30:32L'Afrique,
30:33c'est une moyenne d'âge
30:34à 19 ans.
30:35Il est où le futur ?
30:36Ce sera le continent
30:37le plus peuplé en 2030.
30:39Et en fait,
30:40des gens intelligents,
30:41il y en a à peu près partout.
30:42Je suis globalement réparti
30:43dans l'humanité.
30:44Et pour faire un développeur,
30:46en vrai,
30:47il vous faut essentiellement
30:48un laptop et Internet,
30:49ce qui est à peu près
30:50uniformément réparti.
30:52Et donc,
30:52en fait,
30:54les gens pertinents
30:55à trouver,
30:55ils sont là aussi.
30:56Et donc,
30:57quand on crée quelque chose
30:58sur place,
30:58ça veut dire qu'on peut créer
30:59des boîtes
31:00réellement multiculturelles.
31:03En plus,
31:03la Côte d'Ivoire,
31:04c'est un endroit
31:05dans lequel la France
31:06existe encore
31:07de façon positive.
31:08Et donc,
31:09il faut réussir
31:09à recréer des graniens.
31:10Par contre,
31:11aller là-bas
31:12et se comporter
31:13de façon dégueulasse
31:15en pompant le pognon
31:17n'importe comment,
31:17ça,
31:18ça ne marche plus.
31:19Ça,
31:19c'est un business
31:20qui ne se fait plus.
31:21Par contre,
31:21créer des vrais liens
31:22avec des gens
31:23qui parlent notre langue,
31:24avec qui on a
31:25une histoire commune
31:26et qui ont envie
31:26de travailler avec nous,
31:27ça,
31:27c'est possible.
31:28Et donc,
31:29il y a des gens pertinents
31:30avec des cerveaux
31:31extrêmement bien faits.
31:32Et donc,
31:33créer des positions
31:34de valeur sur place
31:36monstrueuses,
31:37c'est possible
31:38avec quelque chose
31:39de très gros
31:39qui est possible à faire.
31:41Ce qu'on est en train
31:41de faire au Kazakhstan,
31:42le Kazakhstan,
31:42c'est un pays
31:43absolument incroyable.
31:44Le Kazakhstan,
31:45c'est un pays
31:45où au nord et à l'ouest,
31:46vous avez la Russie,
31:47à l'est,
31:48vous avez la Chine
31:48et au sud,
31:49vous avez des pays
31:50plus ou moins
31:52d'influence turque
31:54et kazakh.
31:55Le Kazakhstan,
31:55faisons quand même
31:5680% du revenu.
31:56Donc,
31:56vous investissez au Kazakhstan
31:57également ?
31:5960% des achats
32:01d'uranium
32:03de la France,
32:04ce qui fait tourner
32:04nos bombes
32:05et nos centrales nucléaires,
32:06c'est le Kazakhstan.
32:07Mais le Kazakhstan,
32:08ils ont besoin d'amis.
32:10Le Kazakhstan,
32:11encore une fois,
32:11ils sont hyper enclavés,
32:13c'est la neuvième superficie
32:15en termes de pays du monde,
32:17mais ils sont hyper intéressants.
32:19C'est une des meilleures
32:19écoles mathématiques.
32:21Quand vous prenez
32:21le fondateur de Yandex,
32:24en fait,
32:24il est kazakh,
32:25il n'est pas russe.
32:26Et il sort de l'école
32:27mathématique kazakh.
32:28La deuxième équipe
32:29de texte ou vidéo
32:30en IA,
32:31elle est kazakh.
32:32C'est des gens
32:33vraiment brillants.
32:34Donc,
32:34il y a des cerveaux pertinents.
32:35Et donc,
32:35on essaye sur place
32:37de créer,
32:37pareil,
32:38ce lien souverain
32:39qui va permettre
32:40de créer
32:41des structures pertinentes
32:42et d'échanger du logiciel
32:43entre ces différentes structures-là.
32:45Le Maroc également,
32:46où on vient de signer
32:47un grand business.
32:49Et donc,
32:49nous,
32:49ce qu'on essaye de faire,
32:50c'est dire,
32:50on a du logiciel français
32:51qu'on va partager en souveraineté
32:53avec un certain nombre
32:54de pays pertinents.
32:55Donc,
32:55ça,
32:55c'est notre deuxième enjeu.
32:57C'est comment,
32:57cette nouvelle façon
32:58de faire du business
32:59en respectant la souveraineté
33:01de chaque pays
33:02dans une dépendance digitale
33:04où les États-Unis
33:05ou les Chinois
33:06essayent de nous mettre
33:07en coupe réglée digitale
33:08et se comportent
33:09comme des colons digitaux.
33:11Ce n'est pas moi qui le dit.
33:11C'est le rapport sénatorial
33:12de la sénatrice
33:13Morin de Sailly
33:14qui dit qu'on est
33:14une colonie digitale
33:15des États-Unis.
33:17C'est une nouvelle façon
33:18de faire du business
33:19qui, à mon avis,
33:20est pertinente
33:20pour énormément de gens.
33:21Donc,
33:21c'est mon deuxième enjeu.
33:23Et mon troisième enjeu,
33:25c'est de réussir
33:26à faire comprendre
33:26que l'enjeu
33:28de faire de la souveraineté digitale,
33:30ce n'est pas de faire du MeToo.
33:31Ce n'est pas de faire
33:32la même boîte
33:34qu'Amazon.
33:34On n'est pas Amazon.
33:36On n'a pas
33:36les quadrillards de dollars.
33:38Par contre,
33:38on peut créer
33:39de nouveaux produits
33:39plus intelligents
33:40et plus intéressants
33:41que ce qui est fait.
33:43C'est ce qu'a fait DeepSync en Chine.
33:45Le truc,
33:45c'est que quand DeepSync
33:46se crée en Chine...
33:46Alors, DeepSync,
33:47peut-être pour ceux
33:47qui ne connaissent pas,
33:48en deux minutes,
33:49parce que j'ai encore
33:50beaucoup de questions.
33:50Donc, DeepSync en deux minutes,
33:52c'est le Spoutnik moment
33:54de l'IA américaine
33:56qui découvre
33:57qu'en fait,
33:57des Chinois sont capables
33:58de faire
33:59avec une fraction du prix
34:00ce que eux font déjà,
34:03voire mieux.
34:04Et DeepSync,
34:05c'est un modèle
34:05d'intelligence artificielle
34:07qui, par ailleurs,
34:08est open source.
34:09Enfin, open weight,
34:10c'est un peu compliqué
34:11dans l'intelligence artificielle
34:12la façon de...
34:14Mais bon,
34:14on ne va pas aller trop
34:15dans les modèles techniques.
34:17Mais DeepSync,
34:19c'est un modèle
34:19qui est très intéressant.
34:21Et quand il est sorti,
34:23Nvidia et OpenAI
34:24ont perdu des milliards
34:26de valorisations
34:27dans la journée
34:27parce qu'ils avaient fait
34:28la même chose.
34:29La seule différence,
34:30c'est que quand DeepSync
34:30sort quelque chose en Chine,
34:33le gouvernement est derrière.
34:35Quand nous,
34:35on sort quelque chose ici,
34:36on nous dit,
34:37ouais, mais vous êtes sûr
34:38que ce n'est pas mieux
34:39que Google ?
34:40Ben, je ne sais pas,
34:40testez !
34:42Et ça, c'est un vrai truc
34:43qui est psychologique.
34:45Pourquoi cette psychologie-là,
34:46elle est là ?
34:47Je dirais que c'est lié
34:48à plusieurs facteurs.
34:50Le premier,
34:51c'est est-ce que tu sais
34:51qu'elle a été
34:52la seule contrepartie
34:54du plan Marshall
34:55en France ?
34:56J'en ai une idée,
34:57mais je pense que tu vas
34:58l'expliquer beaucoup mieux
34:59que moi.
35:00Le plan Marshall
35:00qui donc finançait la France
35:02après la Seconde Guerre mondiale,
35:05de la part des États-Unis,
35:06c'était l'ouverture
35:07du marché des salles de cinéma
35:08au film américain.
35:10Vous voyez cette fameuse expression
35:11qui est technologie américaine ?
35:13On nous l'a implantée.
35:14En fait, on nous a implanté
35:15l'idée que les Américains
35:17faisaient la technologie,
35:17nous, on n'en était pas capables.
35:19C'est du soft power.
35:20C'est radicalement du soft power
35:22à l'américaine extrêmement simple.
35:24On dit souvent que la France
35:24est passée d'un pays de production
35:26à un pays de consommation.
35:28Ça s'inscrit dans ce que
35:28vous venez de dire.
35:29Exactement.
35:30En fait, pour coloniser un pays,
35:32tu n'as pas besoin
35:32de mettre un gouvernement
35:34à sa tête.
35:35Tu peux juste récupérer
35:36la totalité de sa consommation.
35:38Et après, avoir du soft power.
35:40La deuxième chose,
35:41c'est qu'on n'a pas compris
35:42quelque chose en 2003.
35:44En 2003,
35:46tous les Français
35:47ont une certaine fierté
35:48de se souvenir de Dominique de Villepin
35:49qui dit à nos alliés américains
35:51« Non, on ne vous suivra pas en Irak ».
35:55Et très beau discours
35:56à l'Assemblée générale des Nations unies.
35:58Et c'était magnifique.
35:59Et nous, on s'en souvient
36:00comme étant nous, la France,
36:02qui donnons un conseil
36:02à notre partenaire américain.
36:04En 2003,
36:05quand nous, on dit ça,
36:06on ne se rend pas compte
36:08qu'en fait,
36:08on rentre en guerre avec eux.
36:10L'année suivante,
36:11le groupe Bilderberg,
36:12la French American Foundation,
36:15tous les organismes
36:17d'acculturation économique américain
36:19ont fait entre x5 et x8
36:21sur leur budget en France.
36:23La totalité de nos fonctionnaires
36:25aujourd'hui
36:25sont passés
36:26par ces organismes-là.
36:28Tous les Emmanuel Macron,
36:30même les Jacques Chirac,
36:31etc.,
36:32sont des gens qui sont passés
36:33par la French American Foundation,
36:35ce qu'on appelle
36:35l'effaf entre nous.
36:37C'est-à-dire des gens
36:37qui ont été acculturés
36:38à l'idée
36:39de se dire
36:40que les États-Unis
36:41sont nos alliés
36:41et qu'on ne fera jamais mieux.
36:43Et d'ailleurs,
36:43les boucles internes
36:44de Cédrico et compagnie
36:46quand il était encore
36:47conseiller d'Emmanuel Macron
36:49puis ministre
36:50sous Emmanuel Macron,
36:51te disent,
36:51oui,
36:52mais on ne se battra jamais
36:54contre Microsoft.
36:55Parce qu'on leur a implanté
36:56cette idée-là.
36:57On ne s'est pas rendu compte
36:58qu'on était en guerre contre eux
36:59et qu'ensuite,
37:00ils ont méthodiquement
37:02fait perdre,
37:03via les renseignements
37:04de la NSA,
37:05tous les contrats français.
37:07Puis ensuite,
37:07ils se sont attaqués
37:08à nos boîtes.
37:08Alstom,
37:09Airbus,
37:10la BNP,
37:11toutes ces affaires-là
37:12où je pense qu'un jour,
37:13tu auras Frédéric Perucci
37:14qui viendra ici
37:15et il en parlera mieux que moi,
37:16de comment le Department of Justice
37:18américaine
37:19a utilisé,
37:20a « weaponisé »
37:21comme on dit
37:22en mauvais français,
37:23mais a créé
37:24sous forme d'armes
37:25le droit américain
37:27pour en faire une arme
37:28d'impérialisme américain.
37:31Et ça,
37:31c'est la première idée.
37:32La deuxième idée,
37:34c'est qu'on n'a pas compris
37:34un deuxième truc
37:35qui est
37:36« the law of accelerating return ».
37:38Ça dit quoi ?
37:39Ça dit que tout progrès technologique
37:41est exponentiel.
37:42En fait,
37:43quand tu découvres une technologie,
37:44tu rapproches
37:45le progrès technologique
37:46suivant d'autant.
37:47Et donc,
37:48en fait,
37:48tout progrès technologique
37:49est exponentiel.
37:50Quand on découvre
37:50les rayons X,
37:51on envoie des fusées
37:53et donc on a le GPS.
37:55Pourquoi ?
37:55Parce que pour envoyer des fusées,
37:57il faut que tu radiographies
37:58tes soudures
37:58pour vérifier
37:59qu'elles ne sont pas fracturées,
38:00pour faire de la haute pression
38:01et donc tu peux faire des fusées
38:02et donc tu feras du GPS.
38:03Mais tout ça,
38:04en fait,
38:04se compresse.
38:06Faire de la 3D
38:08quand on sort Tron,
38:10le premier film
38:10au début des années 80,
38:11il te fallait 150 gus
38:13pour animer quelques minutes
38:14de trucs dégueulasses
38:15dont vous voyez tous les pixels.
38:17Aujourd'hui,
38:18le moindre studio
38:19de jeux vidéo
38:19de 7 personnes indés
38:20achète une Nissan
38:22Unreal Engine
38:22et te fait une 3D
38:24photo réaliste
38:24magnifique.
38:26Pourquoi ?
38:26Parce que le progrès technologique,
38:28il se compresse.
38:29Donc,
38:29refaire ce qu'a fait
38:30Microsoft ou Google,
38:31en fait,
38:31ce n'est pas cher.
38:33Alors,
38:33ce n'est pas cher,
38:33il faut quand même
38:34quelques millions,
38:35mais ça ne coûte pas
38:35des milliards.
38:36Et puis après,
38:37tu as les calculs
38:39à l'Amazon
38:39du cloud,
38:40on a investi
38:41tant de trilliards dedans.
38:41Les mecs,
38:42ils mettent le coût
38:42du passage
38:43des câbles sous-marins
38:44dedans.
38:45Alors oui,
38:45moi aussi,
38:46je te mets le coût
38:47de l'usine Intel
38:48de production
38:49de semi-conducteurs,
38:50on a investi des trilliards
38:51dans un consortium
38:53pour faire le cloud
38:53de Clever Cloud.
38:54Ça n'a aucun sens.
38:55Par contre,
38:56ils serinent
38:56ce vocabulaire
38:59et cette idée-là
39:00ne laissant pas
39:01les gens comprendre
39:02qu'en fait,
39:03rattraper l'avance
39:04technologique
39:05n'est pas cher.
39:07En fait,
39:07ce n'est pas cher,
39:08ce n'est pas compliqué
39:09à faire,
39:09il suffit de se donner
39:10les moyens.
39:10Il faut quand même
39:11quelques millions
39:12et je sais que
39:13vous cherchez
39:14des partenaires.
39:15Et avec ce parcours
39:16et les journées
39:17qui sont certainement
39:18très longues,
39:19vous êtes aussi investi
39:20dans l'école 1806.
39:21Donc on rappelle,
39:22cette émission
39:23indépendance
39:24est produite
39:24par l'école 1806.
39:26Un,
39:27comment on trouve le temps ?
39:28Deux,
39:28pourquoi ?
39:29Alors,
39:29on a un début de réponse
39:30suite à tout ce qu'on s'est dit
39:31à l'instant
39:32puisque le slogan
39:33de l'école 1806
39:35c'est la liberté
39:35par la souveraineté.
39:37Donc on a un début de réponse.
39:38Et comment vous trouvez du temps
39:39et qu'est-ce que vous voulez
39:41insuffler dans cette école ?
39:43Alors,
39:43je pense que tout entrepreneur
39:44a pour travail
39:45de trouver du temps
39:46pour les sujets importants.
39:48Or,
39:49la capacité,
39:50notamment via Microsoft
39:51et Google,
39:52des technologies américaines
39:53de se répandre
39:54via les étudiants
39:55est forte.
39:55C'est du soft power.
39:57C'est-à-dire qu'en fait,
39:57tu leur donnes au début
39:58et puis après,
39:59ils ont été formés
40:00à tes technologies
40:01donc ils les imposent.
40:02Et ça,
40:03c'est vraiment un truc
40:03qui est important,
40:04c'est de comprendre
40:04que le droit de la concurrence
40:06a systématiquement été bafoué.
40:08en fait,
40:09par ces entreprises-là.
40:11Et c'est pour ça
40:11que Varouf Lakis,
40:12aujourd'hui,
40:12parle de tech-féodalisme.
40:14Il y a quelques temps
40:15dans une table ronde,
40:16j'ai choqué tout le monde
40:16en disant que le capitalisme
40:17était mort
40:18parce qu'en fait,
40:19le capitalisme libéral
40:21qu'on nous a vendu
40:21dans les années 80-90
40:23avec l'OMC
40:25et les règles
40:26du commerce mondial
40:27en fait sont mortes.
40:28D'ailleurs,
40:28l'OMC aujourd'hui
40:29est un zombie sans tête
40:30et voir Donald Trump
40:32passer son temps
40:32à jouer avec les tarifs
40:34avec aucun sens
40:35du commerce.
40:36Donc aujourd'hui,
40:36vous dites que
40:37le capitalisme libéral
40:39est mort.
40:40Il n'est plus
40:40le modèle dominant
40:41en France
40:41dans le monde.
40:42C'est plus le modèle.
40:43Et c'est très drôle
40:44parce qu'aujourd'hui,
40:44c'est la Chine
40:45qui va se plaindre
40:46à l'OMC
40:46des comportements
40:47des États-Unis.
40:47Donc ça,
40:47c'est quand même
40:48extrêmement drôle
40:49à faire.
40:51Et en fait,
40:51tu te retrouves
40:51la Chine a même dit
40:52que le protectionnisme,
40:54c'était il y a quelques jours,
40:55n'était pas une bonne idée.
40:57Ce qui est très drôle.
40:58On pourrait y passer
40:58une émission,
40:59on va revenir
40:59sur l'école du 06
41:00et votre investissement.
41:01Mais donc du coup,
41:02qu'est-ce qui se passe ?
41:03En fait,
41:04c'est féodal.
41:04Et d'ailleurs,
41:05on le voit,
41:06on a le féodalisme,
41:07Elon Musk a une opinion politique,
41:08tous ses employés
41:09doivent suivre
41:10et il impose
41:11et même il gouverne.
41:12Enfin,
41:13le tech-féodalisme
41:14est extraordinaire.
41:16Ce qui se passe,
41:17c'est qu'une école,
41:18c'est l'endroit
41:18où on crée
41:19les cerveaux de demain.
41:20Donc les compétences
41:21et les cerveaux de demain.
41:22Et ce que 18-0-6 fait,
41:24c'est très intéressant.
41:25Elle ne forme pas
41:26juste des techniciens.
41:27Les techniciens
41:28sont formés
41:28du coup à des technologies françaises
41:30donc deviennent
41:30de facto
41:32des ambassadeurs
41:33de ces technologies-là
41:34en France
41:35mais à l'international.
41:37Parce que je rappelle
41:37que le but de 18-0-6
41:38c'est d'ouvrir
41:39à l'international.
41:40Donc en fait,
41:40c'est probablement
41:41la chose la plus incroyable
41:42qu'on ait
41:43pour se développer.
41:44Alors évidemment,
41:45il faut parier
41:45sur le long terme
41:46mais pour se développer
41:47à l'international,
41:48c'est un outil
41:49qui est absolument formidable.
41:51Mais en plus,
41:5218-0-6
41:53intègre une notion
41:54économique et politique.
41:56C'est-à-dire qu'au lieu
41:57de vendre
41:58des techniciens
42:00qui vont être
42:01les jeux du destin
42:04dans un monde
42:05multiple et complexe
42:07et on s'en fout,
42:09on va avoir
42:10des techniciens
42:11qui ont une conscience
42:13politique aiguë
42:15de ce qu'ils sont
42:16en train de faire.
42:16parce qu'en fait,
42:17on est en train
42:18de changer le monde.
42:19On est dans la révolution
42:20industrielle
42:21de la prestation
42:22intellectuelle.
42:23C'est-à-dire que là
42:24où avant,
42:24pour faire une tâche
42:25intellectuelle,
42:26on avait 50 bonhommes,
42:27on ne va en avoir
42:28qu'un ou deux aujourd'hui
42:29parce que l'informatique
42:31puis l'intelligence
42:32artificielle générationnelle
42:33générative
42:35va nous permettre
42:36des choses
42:37formidables.
42:38et donc,
42:39cette compression
42:40du temps
42:40va générer
42:43énormément de valeurs.
42:44Et ça,
42:44la question,
42:45c'est où est-ce
42:45qu'on met l'investissement,
42:46pourquoi et dans quel sens.
42:48Et je pense que
42:491806,
42:50en fait,
42:50c'est une pièce maîtresse
42:52importante
42:53dans un dispositif
42:54où aujourd'hui,
42:54toutes les écoles
42:55d'ingénieurs
42:55sont complètement insérées
42:57par ces technologies-là.
42:58Moi,
42:58je n'ai jamais fini
42:59mon école d'ingénieurs,
43:00mais les labos
43:01et les cours,
43:02c'était Microsoft,
43:03Cisco,
43:04Google,
43:04c'était clairement,
43:05en plus,
43:05c'était labellisé comme ça.
43:07Le réseau,
43:08on n'apprenait pas
43:09à faire du réseau,
43:10on apprenait
43:11à utiliser Cisco.
43:13Et d'ailleurs,
43:14dans notre formation,
43:15on nous faisait passer
43:16les certifications
43:17professionnalisantes
43:18de Cisco.
43:19Et on était des Cisco
43:20Certified Professional.
43:22C'est-à-dire qu'on était
43:23vraiment marqués
43:24à la culotte
43:24par ces technologies-là,
43:26ce qui, en fait,
43:26empêche le déploiement
43:27de d'autres technologies.
43:28Et je pense que ça,
43:29c'est très important à voir.
43:30C'est ce que propose
43:311806 comme modèle.
43:33C'est un modèle
43:33où, en fait,
43:34on va former
43:34des technologies,
43:35des techniciens
43:37conscients d'où ils sont.
43:38Pourquoi ?
43:39Dans quel sens ?
43:40Stratège.
43:41Et en fait,
43:42le fer de lance
43:43de ce qui pourrait être
43:44la technologie souveraine
43:46européenne
43:46au futur.
43:47Vous êtes également
43:48président
43:48d'Open Internet Project.
43:50Est-ce que vous allez
43:50emmener tous ces bataillons
43:51d'étudiants
43:52qui auront suivi
43:53le cycle science politique
43:54ou le cycle numérique
43:55avec vous
43:55en deux minutes
43:56sur l'Open Internet Project ?
43:58Parce que je sais
43:58que c'est quelque chose
43:59qui vous tient à cœur.
44:00Vous en êtes le président.
44:01Pourquoi Open Internet Project
44:03et quelle est la vision
44:04pour le futur
44:05d'Open Internet Project ?
44:06Je pense que
44:07Open Internet Project
44:08a été créé
44:09par des entreprises
44:10qui sont toutes mortes.
44:11C'est-à-dire qu'en fait,
44:12Open Internet Project
44:13a été construit
44:15en réponse à Google
44:16et notamment Google Shopping
44:17qui était un abus total
44:19de droits de la concurrence.
44:21Et les gens
44:22qui ont créé
44:22Open Internet Project
44:23la majorité sont mortes.
44:24Les Xity
44:25qui existaient
44:26dans le monde
44:26d'analytics
44:27ou Google Analytics
44:28a balayé
44:28tous ses concurrents
44:29par des mouvements inacceptables,
44:32les comparateurs
44:32le guide.com,
44:34quel coût, etc.
44:35qui se sont fait massacrer
44:36parce que non-respect
44:38du droit de la concurrence.
44:39Je tiens quand même
44:40à rappeler
44:40que sur Open Internet Project,
44:43en fait,
44:43quand vous voyez Google
44:44se prendre des amendes,
44:46notamment sur Google Shopping
44:47à 3,4 milliards
44:49à la Commission européenne,
44:50en fait,
44:51c'est nous
44:51qui portons plainte.
44:52C'est nous
44:52les instigateurs
44:53de ces amendes-là.
44:54Open Internet Project.
44:55Exactement.
44:56C'est-à-dire que nous,
44:57notre boulot,
44:57c'est de dire
44:58qu'il faut faire respecter
44:59le droit de la concurrence
45:00parce que le droit
45:01de la concurrence
45:01est vertueux
45:02pour le consommateur
45:04et le citoyen.
45:06Mais je trouve
45:06que c'est d'autant
45:07plus important aujourd'hui.
45:08En fait,
45:08si on regarde bien,
45:09les États-Unis
45:10et Donald Trump,
45:11dans ce qu'il est en train
45:12de nous proposer
45:12comme capitalisme d'État,
45:15au même titre
45:15que les Chinois
45:16nous proposent
45:16un capitalisme d'État,
45:17en fait,
45:19en fait,
45:19est en guerre
45:19contre le libéralisme.
45:21Contre le libéralisme
45:22intellectuel,
45:23mais également commercial.
45:24Parce qu'en fait,
45:25le droit de la concurrence,
45:25ils se sont assis dessus.
45:26On a à peu près
45:28chez Open Internet Project,
45:29beaucoup contre Google.
45:30Encore, maintenant.
45:31Oui, ou gagné.
45:33On n'a jamais perdu un procès.
45:34C'est-à-dire que Google
45:35est un délinquant
45:35multirécidiviste
45:36du droit de la concurrence.
45:38Et à chaque fois,
45:39il se fait condamner
45:39à des amendes,
45:40fait appel,
45:41négocier avec la commission.
45:42Enfin, c'est un sketch.
45:43Il ne paye jamais.
45:44On a affaire
45:45à des délinquants
45:46de grand chemin
45:47qui font,
45:48mais n'importe quoi
45:49et qui nient
45:51le libéralisme économique
45:53qui, en fait,
45:54garantit aux consommateurs
45:55la meilleure qualité.
45:56En fait,
45:57on peut penser
45:58que le capitalisme
45:59est une bonne chose,
45:59une mauvaise chose,
46:00etc.,
46:01mais le libéralisme
46:01et le capitalisme
46:02ne sont pas la même chose.
46:03Il n'y a qu'une seule chose
46:04qui est vraie,
46:05c'est que le monopole,
46:10en fait,
46:10ça n'a jamais été bon
46:11pour le consommateur.
46:12L'innovation vient de notre capacité
46:14à générer le fait
46:17que quelqu'un puisse se dire
46:18à un moment
46:18pour régler ce problème-là,
46:19j'ai une meilleure idée
46:20et qu'il puisse lancer
46:21quelque chose
46:22dans une autre organisation
46:24parce que toute organisation
46:25finit par vieillir,
46:26mourir
46:26et n'avoir plus
46:27qu'une seule raison d'être
46:28existée de par elle-même.
46:30Et on le voit en permanence
46:31et c'est un grand truc.
46:32En France,
46:33on ne sait pas
46:34tuer nos vieilles organisations.
46:36Qu'on parle
46:36de nos organisations syndicales,
46:38de nos vieilles entreprises
46:39non rentables,
46:41de notre comité machin
46:44qui existait
46:45pour gérer la prime charbon
46:46alors qu'il n'y a plus
46:47un seul train
46:47ou de charbon.
46:48On ne sait pas,
46:49des fois,
46:50dire le monde évolue
46:51et change.
46:52Et donc,
46:52on va se mettre
46:53à faire des choses
46:53qui n'ont pas de sens.
46:54Mais ça,
46:55c'est quelque chose
46:55d'important à comprendre.
46:56Il faut donner
46:58au libéralisme économique.
46:59Et là,
47:00l'Europe a un enjeu monstrueux.
47:03Justement,
47:03je voulais vous emmener
47:04sur l'Europe
47:04avant de revenir
47:05sur la France.
47:06Quels sont les enjeux
47:07pour l'Europe ?
47:08L'Europe peut devenir
47:09la championne du libéralisme.
47:11L'Europe peut redevenir
47:13l'Europe des Lumières.
47:15Donc,
47:15on va se déposséder
47:16de la France des Lumières.
47:17On la lègue à l'Europe.
47:18On emmène l'Europe avec nous.
47:19L'Europe est capable
47:20d'apporter quelque chose.
47:21C'est que sur notre continent,
47:22on a vécu
47:23deux guerres mondiales.
47:25Et je ne parle pas
47:25du nombre de guerres
47:26qu'on a eues avant
47:27entre nous.
47:28On a eu des penseurs.
47:29On a vécu
47:30plusieurs révolutions
47:31culturelles,
47:33artistiques.
47:33Nous, on a la profondeur
47:36de vieux pays.
47:36On a les handicaps
47:37de vieux pays
47:38où des fois,
47:39c'est insupportable
47:40de faire progresser
47:40ces pays.
47:41Mais on a une profondeur
47:43culturelle.
47:44Et le logiciel,
47:45ce n'est quoi sinon
47:46que de la culture
47:47mise sous forme
47:48de code et automatisée.
47:50Et donc, en fait,
47:51ce que nous,
47:51on doit faire aujourd'hui,
47:52c'est devenir
47:53les champions du libéralisme
47:54parce que le libéralisme
47:55culturel, économique
47:57est fondamental.
47:58Je ne vous parle pas
47:59de l'économie libérale.
48:00Je ne vous parle pas
48:01de Jean-Marc Messier.
48:02Vous parlez de libéralisme
48:03philosophique.
48:03Je parle de libéralisme
48:05philosophique qui dit
48:06que chaque humain
48:07a sa place
48:08dans notre monde.
48:10Que, en fait,
48:10le travailleur
48:11du Middle West américain,
48:13tout comme le travailleur
48:15chinois de l'usine
48:16du monde,
48:16tel qu'il a été
48:17conceptualisé
48:19par les gens
48:19qui nous ont
48:19déindustrialisés
48:20et la bande de traîtres
48:21qui ont détruit
48:23l'économie industrielle
48:25de la France,
48:25n'est pas l'esclave
48:28de puissants
48:28seigneurs féodaux
48:29tels qu'on nous le présente
48:31avec Jeff Bezos
48:32qui t'envoie
48:33huit femmes dans l'espace
48:34pour te dire
48:35que le féminisme
48:35c'est important.
48:36Mais on parle
48:37des soft power,
48:37là on est dans
48:39le soft power.
48:39Mais ils savent faire.
48:40On doit quand même
48:40reconnaître cela
48:42aux Américains.
48:43Ah non,
48:43mais les mecs
48:44sont excellents.
48:45Regarde d'ailleurs
48:46l'engueulade
48:46en ce moment
48:47entre les Chinois
48:47et les Américains
48:48sur est-ce qu'on
48:49laissera passer
48:50les films Marvel
48:51ou pas
48:51sur le territoire chinois.
48:52Bien sûr.
48:53Et c'est ça en fait
48:54l'enjeu.
48:55Notre enjeu
48:55en tant qu'Europe
48:56elle est de redevenir
48:58cette puissance culturelle
49:00du libéralisme
49:02qui dit qu'en fait
49:02l'homme
49:04naît
49:05et demeure
49:06libre
49:06et égaux
49:07en droit.
49:08Et aujourd'hui
49:09les GAFAM
49:10menacent
49:11ce droit-là.
49:12Les Chinois
49:12menacent
49:13ce droit-là.
49:15Et ce qu'on est capable
49:15de faire en Europe
49:16c'est une alliance.
49:17L'alliance avec les Japonais.
49:19Je rappelle
49:19que les Japonais
49:20ont fait un droit
49:21littéralement équivalent
49:22à la GDPR.
49:24L'alliance avec
49:24les pays africains
49:25Smart Africa
49:27qui est le rassemblement
49:28digital
49:29d'un bon nombre
49:30de pays africains
49:31qui est doté
49:31d'énormément
49:32de fonds
49:34et de moyens
49:34est capable
49:35de créer
49:35des choses
49:36incroyables
49:36pour garantir
49:38la liberté
49:38des données
49:39du peuple
49:40de ce continent
49:41qui sera le plus
49:41nombreux en 2030.
49:43De faire l'alliance
49:43avec l'Asie centrale.
49:45La plus grande peur
49:45des Kazakhs
49:46aujourd'hui
49:46c'est de devenir
49:47les nouveaux nazis
49:49vis-à-vis de la Russie
49:50et de se faire envahir
49:51du jour au lendemain.
49:52En fait
49:53on a
49:53une potentialité
49:55et une opportunité
49:56monstrueuse
49:57d'expliquer
49:58que la force du monde
50:00où Donald Trump
50:00essaye de nous entraîner
50:01et qui est de dire
50:03les Américains
50:04et l'Occident
50:05ira se battre
50:05contre les Chinois
50:06et ça fera beaucoup
50:07d'argent pour les Etats-Unis
50:08et les Chinois répondront
50:10et ce sera énorme.
50:11Nous on est capable
50:12de dire
50:12mais non.
50:13En fait
50:13le libéralisme
50:14permet à chacun
50:15d'avoir le droit
50:16d'exister.
50:18Et ça c'est quelque chose
50:18d'important.
50:19Moi souvent je parle
50:20de culture
50:20et on me dit
50:21mais c'est quoi
50:21tu veux une culture
50:22isolationniste ?
50:23Absolument pas.
50:24Je ne suis pas isolationniste.
50:25Par contre je pense
50:25que la richesse culturelle
50:26elle est importante.
50:28Je pense que quand on utilise
50:29tous le même logiciel américain
50:30en fait
50:30on perd en richesse culturelle.
50:32Pas en richesse culturelle
50:33et on doit garder la nôtre.
50:35On doit s'acclimater
50:36à tous
50:37et avoir une pluralité
50:39qui elle
50:39sera bénéfique
50:40pour tout le monde.
50:41On arrive à la fin
50:42de cette émission passionnante.
50:43Oui je suis très chiant.
50:45Une fois que vous m'avez lancé
50:46c'est très compliqué
50:47de m'arrêter.
50:47Non non c'est passionnant.
50:49Merci pour ce partage.
50:51Il me reste une dernière question.
50:53Dans cette Europe des Lumières
50:54et conquérante
50:56comme je vous l'ai dit
50:57au début de l'émission
50:58dans cette émission
51:01on est très optimiste.
51:02Et effectivement
51:03on a abordé
51:03beaucoup de sujets
51:04qui peuvent être préoccupants
51:06et cette touche finale
51:08à laquelle on adhère
51:09est extrêmement optimiste
51:10et merci pour ça.
51:11Quelle est la place de la France
51:13dans cette Europe optimiste
51:14et si vous aviez
51:16un crayon
51:17trois bullet points
51:18trois points
51:19quelles seraient
51:20de une à trois idées
51:21que vous mettriez en place
51:22tout de suite
51:23en France
51:24pour prendre non seulement
51:25le pas dans cette Europe positive
51:27mais le leadership
51:28dans cette Europe positive.
51:31Je pense que la première chose
51:32dans la place de la France
51:33c'est que dans le couple franco-allemand
51:35suite aux échecs monstrueux
51:36des Allemands
51:37que ce soit en écologie
51:37avec les centrales à charbon
51:38ou que ce soit dans leur politique
51:40de vendre des voitures
51:41aux Etats-Unis
51:41et une alliance forcenée
51:42avec les Etats-Unis
51:43on peut rééquilibrer
51:45la puissance du couple franco-allemand
51:46et je pense que ce qui est
51:47en train de se passer
51:47avec la fin de la chose
51:49c'est le nouveau chancelier
51:50qui est beaucoup plus intéressant
51:51dans son approche
51:52on peut créer une Europe puissance
51:54Oui et donner un tracé
51:55à l'Allemagne également
51:56un vieillissement de la population
51:57remise en cause
51:58du système industriel
51:59donc c'est un moment propice
52:00on n'est plus sur cette Allemagne
52:01ultra conquérante
52:02et la France qui se pose des questions
52:03on est peut-être revenu
52:04à un moment
52:05où on est en équilibre
52:06Et le couple franco-allemand
52:07peut redevenir le moteur de l'Europe
52:08parce que rééquilibré
52:10Donc ça c'est la première chose
52:11Voilà c'était la place
52:13de la France dans l'Europe
52:14c'est la France
52:15on est quand même
52:15des beaux parleurs
52:16et bien soyons des beaux parleurs
52:19et traçons une ambition
52:21et c'est des fois
52:21ce que je ne sens pas assez
52:22c'est on va être les premiers
52:24et on va investir
52:26pour être les premiers
52:27et on va prendre des risques
52:28pour être les premiers
52:28et l'Europe est capable
52:29d'être la première
52:30parce que c'est la fameuse blague
52:33sur l'Ukraine
52:34où le Premier ministre polonais
52:36a dit
52:36enfin je voudrais quand même
52:38rappeler que l'Europe
52:39de 500 millions d'habitants
52:40demande aux Etats-Unis
52:41de 300 millions d'habitants
52:42de nous défendre
52:44contre la Russie
52:45de 140 millions d'habitants
52:46Est-ce qu'on ne serait pas
52:47un peu stupide dans nos chiffres ?
52:49Et c'est ça en fait l'histoire
52:50l'Europe c'est de la richesse
52:52de la profondeur culturelle
52:53et en fait
52:55500 millions d'habitants riches
52:56Donc la France reprend le lit
52:58sur ce couple franco-allemand
52:59retourne le jeu
53:00Rééquilibre
53:01Rééquilibre l'investi
53:02Le couple franco-allemand
53:03est donc capable d'être
53:04beau parleur
53:05et porteur d'ambition
53:06Donc ça c'est la première chose
53:07dans cette chose-là
53:08Et qu'est-ce qu'il faut faire
53:09immédiatement ?
53:10La première chose
53:11qu'il faut faire immédiatement
53:12c'est investir
53:13Investir dans nos pépites
53:15Pas les grosses boîtes d'Etat
53:17qui sont là
53:18Investir dans nos pépites
53:19Et pour ça il faut un
53:21créer des projets de recherche
53:23public-privé incroyables
53:24Pour ça tu peux aller chercher
53:26quelqu'un qui s'appelle
53:27André Locresuc-Pietri
53:29qui dirige Jedi
53:30qui a la volonté de faire la DARPA
53:32à l'européenne
53:33Je connais André
53:34Il est effectivement passionnant
53:35Et surtout
53:36comprendre que
53:37il faut qu'on crée
53:39une pluralité de façons
53:41d'investir
53:41Et ça pour moi
53:42c'est quelque chose
53:43qu'on a fait mal
53:44en France
53:46C'est cette incapacité
53:47à dire
53:48on finance la recherche
53:50d'une façon
53:50Non, il faut mettre pluralité
53:52Et l'invité André
53:54est intéressant
53:54pour comprendre
53:55quels autres types
53:56de modèles de financement
53:57peuvent être intéressants
53:57Parce qu'en fait
53:58il faut créer de la pluralité
53:59dans nos modèles
54:00et des partenariats
54:01de la recherche
54:02et du privé
54:03qui permettent de créer
54:04des technologies
54:04et des produits incroyables
54:05André nous regarde certainement
54:07mais il ne sait pas encore
54:07qu'il était sur la liste
54:08Bon maintenant c'est chose faite
54:09Donc après l'Allemagne
54:10et l'investissement
54:11un troisième
54:12un troisième axe majeur
54:13Alors l'Allemagne
54:14c'était la place
54:15Le premier c'est l'investissement
54:17Le deuxième c'est
54:18le Small Business Act
54:20et le Buy European Act
54:21On peut le mettre en place
54:22dès maintenant en France
54:23C'est pas compliqué
54:24A chaque fois qu'on achète un truc
54:25on met un bout de français
54:26Est-ce qu'on en est loin de ça ?
54:28Bah dans les faits
54:29Est-ce que c'est quelque chose
54:30à mettre sur la table
54:30où il y a des personnes
54:32comme vous
54:33qui réfléchissent
54:34qui font de l'influence
54:35pour essayer d'avoir
54:36le décideur public
54:37à ses côtés
54:38On influe
54:39mais aujourd'hui
54:40on n'y est pas encore
54:41On n'est pas encore dans la dynamique
54:42Et c'est pas encore fait
54:43Et je pense qu'on peut y arriver
54:46Mais il faut mettre
54:47une pression monumentale
54:48Et il faut que tout le monde
54:48appelle son député
54:49en disant
54:49Mais il faut y aller là
54:51Buy European Act
54:52et Small Business Act
54:53Il faut qu'on achète
54:55aux petites structures innovantes
54:57Il faut qu'on fasse croître
54:59nos pépites
54:59Ça c'est très important
55:00Sinon on est mort
55:02Et le troisième point
55:03Il faut arrêter
55:05de se persuader
55:06qu'on est des nazes
55:07Donc regarder des films français
55:09C'est même les mauvaises comédies françaises
55:11Arrêter de croire
55:13qu'on n'est pas capable
55:14Ça c'est quelque chose
55:16qu'on nous a implanté
55:17dans la tête
55:17Merci Quentin Adam
55:19Chez Indépendance
55:20et à l'école 1806
55:21On est optimiste
55:22et on sait
55:23que la France est forte
55:24On y apporte
55:25notre modeste contribution
55:26C'est la fin de cet épisode
55:28Merci à tous
55:29N'oubliez pas de nous suivre
55:30sur les réseaux sociaux
55:31TikTok
55:31Facebook
55:33et Instagram
55:34Merci à l'équipe technique
55:35d'avoir rendu cette émission possible
55:37et à la semaine prochaine

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