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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Fugaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06Une semaine s'achève, politique qui s'était ouverte, on s'en souvient, par les manifestations contre l'islamophobie
00:11après l'assassinat atroce d'un jeune musulman dans une mosquée du Gard la semaine dernière.
00:16Cette semaine s'est achevée, hier avec un 1er mai agité.
00:20Vous souhaitez revenir sur la stratégie de l'homme qui était partout derrière ces événements, Jean-Luc Mélenchon.
00:24Oui Dimitri, je voudrais tenter d'ouvrir les yeux de ceux qui pensent que les provocations à répétition
00:29du chef des insoumis vont permettre à une gauche plus modérée de le dépasser.
00:34Cette vue paresseuse ne prend en compte ni l'histoire politique récente, ni l'imaginaire de la gauche
00:39et encore moins la personne de Mélenchon.
00:41Alors l'histoire récente d'abord à ceux qui brandissent le score de Raphaël Glucksmann aux dernières européennes
00:45comme la preuve du renouveau des sociodémocrates, il faut rappeler que la liste progressiste de Yannick Jadot
00:50avait fait en 2019 le double de celle de l'insoumise Manon Aubry, 13-5 pour Jadot, 6-3 pour Aubry.
00:57En 2022 à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon faisait avec près de 22% des voix,
01:02plus de 4 fois le score du même Yannick Jadot qui terminait sous les 5%.
01:06Souvenez-vous surtout Dimitri qu'au soir de la dissolution en juin dernier, il n'a pas fallu 48 heures
01:12pour que LFI dévore Raphaël Glucksmann et devienne la force motrice et organisatrice du nouveau front populaire.
01:19Nous étions 9 mois après les massacres du 7 octobre et surtout au terme d'une campagne européenne
01:23où la figure de Rima Hassan avait saturé l'espace. La gauche modérée, disait-on, ne pouvait pas rejoindre
01:28un parti de plus en plus ambigu sur l'antisémitisme. Et on connaît la suite.
01:32François Hollande, Olivier Faure et même Gabriel Attal ont promu le bulletin LFI.
01:37Il ne faut pas oublier qu'ils sont aussi responsables du chaos insoumis qu'ils dénoncent aujourd'hui.
01:42Alors ça c'est pour l'histoire récente, Vincent.
01:44Mais vous disiez aussi que l'imaginaire de la gauche allait faire les affaires de Jean-Luc Mélenchon.
01:48Oui, on l'a vu cette semaine avec la récupération décomplexée par LFI du drame de la mosquée de Grand Combe.
01:54Jean-Luc Mélenchon s'est emparé le premier de l'étendard de la lutte contre l'islamophobie
01:57et il a entraîné derrière lui toute la gauche, même indésirable.
02:01PS s'est rendu à la manifestation, les verts étaient à fond derrière les insoumis
02:05et l'on a vu les éditorialistes sociaux-démocrates et tout le commentariat centriste
02:09faire sienne la rhétorique de Mélenchon.
02:12Le fait que Jérôme Gage ait dû quitter lundi le cortège sous la menace en se faisant traiter de sioniste
02:17n'a finalement pas eu grand monde, événement qui s'est reproduit hier
02:20et que Marine Tondelier a refusé de commenter.
02:24Ce qui s'est passé cette semaine sur le plan médiatique
02:27est comparable à ce qui s'est passé électoralement au mois de juillet avec le Front Républicain,
02:32c'est-à-dire que c'est la France insoumise qui a donné le « là »
02:35et la gauche et une partie du centre ont repris en cœur son refrain.
02:40Pourquoi ?
02:40Parce que pour la gauche, il n'y a plus qu'un grand récit, c'est l'antiracisme.
02:45L'anticapitalisme, l'antifascisme subsistent, mais de façon secondaire,
02:49la matrice électorale et morale de la gauche, c'est l'antiracisme.
02:53Et aujourd'hui, par une manipulation aussi condamnable que redoutable,
02:56Jean-Luc Mélenchon veut faire de ce qu'il appelle l'islamophobie la première des menaces
03:00pour mettre derrière lui l'électorat musulman et les enfants de SOS Racisme.
03:04Vous disiez enfin, Vincent, que la personne même de Jean-Luc Mélenchon est à prendre en compte.
03:09Oui, parce que Mélenchon, c'est d'abord une éloquence efficace et vénéneuse
03:13avec laquelle Olivier Faure ou Nicolas Maillard-Rossignol,
03:15les deux prétendants à la direction du PS, ne peuvent pas rivaliser.
03:19C'est aussi une expérience, celle d'un triple candidat à la présidentielle
03:22qui connaît donc la chorégraphie de l'exercice.
03:24Vous savez, Mélenchon dit souvent,
03:26« La politique, ce n'est que de la dynamique, ça bouge parce que ça bouge. »
03:31Son idée est donc simple, Pierre Le Pelletier l'expose brillamment dans Le Figaro ce matin,
03:35consolider un socle de 10%,
03:37puis créer une dynamique quelques mois avant le scrutin pour arriver au second tour.
03:42Enivré de ses propres mots, soutenu par une minorité agissante et sans scrupules,
03:47Jean-Luc Mélenchon est déjà prêt.
03:49Dès aujourd'hui, la droite devrait s'en alarmer.
03:51La vraie menace pour la République, c'est lui.
03:53L'édito politique sur Europe 1.
03:55Merci Vincent Trémolet de Villers.

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