Face à l'augmentation préoccupante de certains cancers chez les jeunes adultes, comment optimiser les chances de guérison ? Si l’intelligence artificielle transforme déjà la prévention et le traitement du cancer, son accès reste très inégal. Élargir l’accès à l’IA n'apparaît plus seulement comme une question de progrès technologique.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Élargir l'accès à l'intelligence artificielle pour la prévention et le traitement du cancer, c'est important, nous dit Thierry Collin notamment.
00:11Bonjour Thierry.
00:13Bonjour.
00:14Vous êtes vice-président de la recherche multimodale chez Sophia Genetics, où vous dirigez le développement d'études multimodales.
00:21Petit rappel sur Sophia Genetics, entreprise pionnière dans le domaine de la médecine de précision.
00:26Elle développe une plateforme d'IA qui intègre et analyse des données génomiques, cliniques, biologiques et également radiomiques.
00:35Expliquez-nous ce que c'est radiomique. On a peu l'habitude d'entendre ce terme.
00:40Radiomique, c'est essentiellement extraire de l'information de l'imagerie médicale qui va aller au-delà de ce qui est fait habituellement.
00:50Habituellement, essentiellement, on va aller mesurer le plus grand diamètre d'une tumeur.
00:53La radiomique, c'est un ensemble de techniques qui va permettre d'extraire une information plus contextuelle et plus complexe de ce que l'on voit sur un scanner ou une IRM,
01:03qui sont des modalités d'imagerie extrêmement riches et extrêmement complexes, sur lesquelles on peut voir beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses,
01:12non seulement sur la tumeur, mais sur son environnement et sur l'état général du patient.
01:16Alors là, notre sujet, ça ne va pas être de parler du futur et de s'intéresser à ce que demain l'IA changera dans la médecine de précision.
01:25On parle de véritables cas d'usage, déjà aujourd'hui, de la plateforme d'intelligence artificielle. Est-ce que vous pouvez nous donner quelques exemples ?
01:30Alors, on a des exemples sur la partie génomique, par exemple. On a analysé déjà 2 millions de profils génomiques en routine clinique,
01:39ce qui permet de vraiment spécifier la nature d'une maladie et de donner des traitements qui soient parfaitement adaptés au type de tumeur.
01:49Donc, chez Sophia, on fait ça de façon journalière. On fait à peu près entre 30 000 et 40 000 analyses génomiques par gelourd.
01:58On en a fait déjà 400 000 rien que pour la France. La plateforme est globale. On travaille dans 80 pays.
02:05Au niveau analyse plus IA multimodale, on a mis en place une collaboration avec le réseau français de cancers du Rhin.
02:14Et on a mis au point avec eux, justement, un algorithme qui va prédire la réponse au traitement, disons, la probabilité de rechute après une chirurgie pour un cancer du Rhin localisé.
02:26Donc, il y a un prédicteur qui est en ligne et qui est utilisé par les membres du réseau de façon journalière.
02:33Donc là, on est dedans. C'est-à-dire qu'il y a énormément de potentialité et de choses à faire.
02:39Mais dans la routine clinique, il y a déjà des outils qui sont utilisés pour affiner, finalement, le pronostic et le diagnostic et la prise en charge des patients en fonction de leur spécificité clinique et biologique.
02:56Et on voit déjà des transformations, justement, dans cette prise en charge des cancers où on n'est vraiment qu'au tout début ?
03:03Alors, on est au début. On n'est pas au tout début. On est au début. On voit déjà des transformations avec l'apparition un peu des immunothérapies et puis des thérapies ciblées.
03:14Ça fait déjà quelques années qu'on commence à avoir des diagnostics beaucoup plus précis sur certains cancers.
03:21Je pense au cancer du poumon, par exemple. Il y a certaines tumeurs qui ont une anomalie génomique particulière qui sont prises en charge complètement différemment avec des médicaments qui sont parfaitement adaptés aux génotypes de la tumeur.
03:37Et puis, pour d'autres, on va se rabattre sur l'immunothérapie. C'est des maladies que l'on connaît encore moins bien pour l'instant.
03:43Et donc là, on va jouer sur le système immunitaire du patient pour le conduire à la guérison ou au moins contrôler la tumeur le plus longtemps possible.
03:54Donc là, on voit en une dix dernières années, on a vu une espèce de révolution se mettre en place avec des maladies qui étaient incurables il y a dix ans et qui maintenant, on observe des guérisons.
04:06Donc c'est quelque chose de fantastique. Et ça passe par vraiment une spécification, une analyse individuelle du patient pour lui trouver le traitement qui est parfaitement adapté.
04:20Alors le chemin est encore très long. Il y a malheureusement encore énormément de cancers qui ne sont pas guéris ou qui sont même très mal contrôlés.
04:27Mais on voit que petit à petit, l'horizon s'éclaire. Et la tâche est immense pour les gens qui, comme moi, travaillent sur le sujet.
04:36Et il vous semble qu'il y a un enjeu aujourd'hui de démocratiser l'accès à cette médecine qui est vraiment basée sur la donnée ?
04:44Alors oui, je pense qu'il y a un enjeu parce que là, on arrive à un niveau de spécialisation au sein d'une même maladie qui n'est possible que dans les très grands centres experts
04:58où il va y avoir beaucoup, beaucoup de médecins qui vont être sur la même thématique.
05:04Et clairement, c'est quelque chose qui n'est pas envisageable même à l'échelle d'un territoire comme celui de la France.
05:10Et donc, il y a un enjeu d'être capable de démocratiser ces outils pour que tous les centres hospitaliers puissent bénéficier de ces avancées.
05:22Merci beaucoup Thierry Collin. Je rappelle que vous êtes vice-président de la recherche multimodale chez Sophia Genetics.
05:27Merci pour ces perspectives que vous nous offrez.
05:30On enchaîne, nous, Smartech, avec notre grand rendez-vous sur la cybersécurité.