Alors que les 133 cardinaux électeurs vont se retrouver en conclave à partir de ce mercredi 7 mai pour désigner le successeur du pape François, quels défis attendent le prochain souverain pontife ? Les explications de notre correspondant à Rome Francesco Maselli.
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00:00On a 133 cardinaux qui vont participer au conclave, c'est beaucoup, c'est le plus participé de l'histoire.
00:12Ces divisions sont actées, sont publiques, on les lit notamment dans les entretiens qu'ils donnent les cardinaux.
00:21Mais aussi dans les homélies, parce qu'avant le conclave, il y a toute une série de rencontres,
00:26certains sont privés, sont à huis clos, sont les congrégations générales où ils participent tous les cardinaux.
00:31Mais aussi il y a les homélies qui sont publiques, qui sont des maîtres.
00:34Et là, beaucoup de cardinaux font campagne, effectivement sont des manifestes, sont des programmes électoraux.
00:39Et par exemple, j'en cite un qui nous fait comprendre comment ils sont divisés,
00:44le cardinal Baldassar Reveyn, c'est un cardinal jeune, plutôt proche de François.
00:48Il n'est pas le temps de compromis, il n'est pas le temps des tactiques, il n'est pas le temps des équilibristes.
00:53La navigation de l'Église doit être large.
00:56Donc ça veut dire, avec le langage qu'on connaît, un peu particulier de l'Église,
01:00qu'effectivement il y a des divisions, et donc ce n'est pas le temps des compromis, il faut un choix fort.
01:05On peut citer des points de division, par exemple au niveau théologique.
01:08On sait que la déclaration Filucha Supplicans, qui a ouvert les portes à la bénédiction à tous,
01:13par exemple aussi aux couples homosexuels ou aux couples non mariés,
01:17a déclenché en réaction des milieux plus conservateurs de l'Église,
01:21et notamment des parts du monde qui sont un peu plus conservateurs, par exemple l'Afrique.
01:24Les cardinaux africains sont très hostiles à cette idée.
01:27Il y a aussi une différence au niveau de mission de l'Église.
01:30Beaucoup souhaitent une orientation de l'Église plus sociale, plus proche des problèmes des gens.
01:36Il y a d'autres qui disent, mais ça, ce n'est pas le boulot de l'Église.
01:39Il faut en effet se concentrer sur la dimension sacrée qu'on a un peu perdu.
01:44Et enfin, il y a la question de l'évangélisation.
01:46Est-ce qu'on continue à élargir la base des catholiques,
01:51et donc parler au périphérique du monde,
01:53ou on se concentre sur la lutte à la déchristianisation de l'Europe, le cœur de l'Église ?
01:58Tout ça nous fait comprendre que, effectivement, les cardinaux ont beaucoup à discuter.
02:04On a 133 cardinaux qui vont participer au conclave.
02:08C'est beaucoup.
02:09C'est le plus participé de l'histoire.
02:11Il faut 89 voix pour être élu pape, donc deux tiers du collège.
02:16C'est beaucoup.
02:16C'est très difficile pour ça, de prévoir une personnalité.
02:19Ce qui est intéressant, peut-être, c'est de dire qu'on raconte beaucoup la division entre progressiste et conservateur.
02:25Mais en réalité, probablement, le choix, ça se fera entre un profil charismatique,
02:31comme François ou comme Jean-Paul II, capable de fédérer l'Église par lui-même,
02:35par son charisme, par sa capacité aussi d'utiliser les médias.
02:39Ou un pape institutionnel, donc un pape moins charismatique, mais aussi moins clivant,
02:43et donc capable d'utiliser sa capacité politique pour tenir ensemble l'Église
02:48et utiliser la collégialité, donc partager les choix pour éviter les tensions qui existent à l'intérieur de l'Église.
02:54Le prochain potif devra rélever un défi fondamental, c'est un peu l'héritage de François.
03:03Il a transformé l'Église dans une véritable institution mondiale.
03:08Il a déplacé le centre de gravité de l'Église hors d'Occident.
03:12Il a été le premier pape post-occidental ou non-occidental.
03:15Il a réussi, en quelque sorte, à faire de l'Église une institution mondiale,
03:19et donc plus crédible aussi à niveau diplomatique et à niveau d'incarnation d'une institution qui parle à tout le monde.
03:25Mais ça, ça veut dire aussi une institution plus fragmentée.
03:28Parce que si vous êtes une institution mondiale dans un monde qui est de plus en plus complexe,
03:33c'est difficile de tenir ensemble des différentes sensibilités,
03:35des différentes âmes qui ont une voie sur le chemin de l'Église.
03:39Ensuite, je pense que ce sera intéressant de voir l'attitude du prochain pontif vis-à-vis de l'Asie et en particulier de la Chine.
03:48On sait qu'il y a eu un accord signé par François avec le régime communiste pour la nomination des évêques en Chine.
03:54C'est un accord, là aussi, qui a un bilan controversé.
03:58Et enfin, la dernière chose, ce sera évidemment les finances.
04:01Le bilan de l'Église est en rouge.
04:02L'Église a perdu 70 millions d'euros en 2022 et l'arrivée à perdre en 2024 un peu moins.
04:09Comme les États européens, le Vatican aussi aura besoin de se serrer la ceinture, probablement.