L'animateur Laurent Ruquier était l'invité de France Inter, mercredi 7 mai, à l'occasion de la parution du livre "Ruquier, Vies secrètes" de Marcela Iacub (éd. Harper Collins).
Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » L'interview de 9h20 avec Léa Salamé sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20
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00:00Léa, ce matin vous recevez quelqu'un que vous aimez beaucoup.
00:02Bonjour Laurent Ruquier.
00:03Bonjour Léa Salamé.
00:05Bienvenue sur France Inter.
00:06Merci.
00:07Ça m'émeut, je suis sincèrement émue de vous recevoir ici à Inter où vous avez travaillé pendant des années,
00:13que vous connaissez bien et pour parler d'un livre...
00:15Mais il y a longtemps hein !
00:16Oui il y a longtemps que vous en parlez d'ailleurs dans le livre.
00:19Il y a 25 ans que j'ai quitté cette maison déjà.
00:21Ce livre surprenant, intime, parfois tranchant, très tendre aussi,
00:25où on apprend plein de choses sur vous, où j'ai appris plein de choses sur vous,
00:30parce qu'il faut reconnaître que vous êtes sans doute l'un des animateurs les plus populaires,
00:34les plus célèbres de France, et en même temps l'un des plus secrets, l'un des plus discrets, l'un des plus insaisissables.
00:39Marcela Yacoub, écrivaine qui est votre amie, donne son regard sur vous
00:43et tente de lever les mystères Ruquier, on va en parler de ce livre.
00:48Mais d'abord je commence par mes questions rituelles Laurent Ruquier.
00:50Allons-y.
00:51Si vous étiez une actrice, une ville et un vice ?
00:55Alors une actrice, j'y réfléchis, Catherine Deneuve,
00:57parce que j'ai une admiration sans borne pour elle, pas seulement pour l'actrice,
01:02mais aussi avant tout pour l'actrice, parce que je trouve qu'elle est capable de passer
01:05d'un film d'auteur, Lars Van Trier, à par exemple une comédie vraiment drôle de François Ouzon ou autre.
01:13Vraiment c'est une actrice incroyable.
01:14Et pour ses idées aussi, elle est forte, elle est courageuse, elle défend ses amis.
01:17J'aime Catherine Deneuve pour tout ça et je n'ai jamais eu la chance de la croiser.
01:22Et dans ce métier on fait aussi ça pour ça, c'est encore un rêve de croiser Catherine Deneuve.
01:27Peut-être qu'elle vous écoute ce matin.
01:29Une ville ?
01:30Une ville Venise, j'en reviens, j'y étais ce week-end pour le pont, j'y vais à peu près.
01:33Vous étiez à Venise ?
01:34Oui, j'y vais à peu près.
01:35En solo.
01:38Vous savez tout, oui en solo absolument.
01:41Mais ce n'est pas la première fois que je vais à Venise en solo.
01:44J'ai l'habitude d'aller à une ou deux fois par an dans cette ville, c'est une de mes villes préférées.
01:49Si ce n'est ma ville préférée, j'aimerais même y être enterrée.
01:51Mais c'est impossible au cimetière Saint-Michel qui est un cimetière marin.
01:56Mais pour ça il faut des autorisations très compliquées.
01:58Vous les aurez sûrement.
01:59Un vice ?
02:00Un vice ?
02:01Ça c'est plus difficile.
02:02Mais j'ai envie de dire la luxure, c'est plus rigolo.
02:07Ce qui n'a pas de secret n'a pas de charme, écrivait Anatole France.
02:11« Requies, vie secrète », c'est le titre de ce livre aux éditions HarperCollins.
02:14Écrit donc par Marcella Yacoub, écrivaine franco-argentine, qui est un objet étonnant.
02:19Quelque chose entre une biographie très subjective et une psychanalyse ou une tentative de psychanalyse.
02:25Où Marcella Yacoub tente donc de percer vos mystères.
02:28On vous avait prévenu, vous l'écrivez dans la préface, qu'elle était dangereuse.
02:31« Méfie-toi, tu ne sais pas ce qu'elle peut écrire ».
02:33Mais vous avez accepté l'idée.
02:36Il faut dire qu'il y a dix ans, la première fois que vous l'avez rencontrée, vous lui avez dit un jour, en vous marrant, « t'écriras un livre sur moi ».
02:42Oui, parce qu'effectivement, elle est un peu comme Christine Angois, cette réputation aussi.
02:48Elle se sert de là où elle est, de qui elle rencontre pour écrire, Marcella.
02:54Et comme effectivement, je l'ai engagée il y a dix ans aux Grosses Têtes, je me suis dit un jour, elle écrira, pas forcément sur moi, mais peut-être sur les Grosses Têtes ou sur RTL.
03:02Enfin bon, peu importe. Et au fond, quand on a eu ensemble, je ne sais pas vraiment qui le premier a eu l'idée, mais quand on a eu ensemble l'idée de ce livre,
03:10oui, j'avais confiance parce que je sais qu'au fond, elle m'aime bien. Il y a une fidélité de l'un vis-à-vis de l'autre.
03:16Elle m'a porté chance dans cette nouvelle aventure radiophonique.
03:19Et donc oui, je me suis dit, allez, on va la laisser faire.
03:22Ce sera de toute façon original parce que c'est quelqu'un d'original.
03:25Et cette originale, c'est assez stupéfiant. Franchement, je ne m'attendais pas du tout à ça.
03:30On apprend plein de trucs sur vous et puis elle va chercher quoi.
03:33Elle va chercher et je me suis demandé s'il fallait au fond un regard extérieur pour un homme comme vous,
03:38pour que vous arriviez à vous déverrouiller, à vous décadenasser.
03:42Je ne vous avais jamais fait d'analyse.
03:44Et là, elle vous a soumis pendant trois mois à trois heures par semaine, toutes les semaines,
03:48où elle vous bombardait de questions, où elle allait chercher les trucs.
03:51Il fallait au fond quelqu'un d'extérieur. Vous ne l'auriez pas fait seul.
03:54De parler de vous. Vous aviez écrit radiographie, mais c'était sur votre carrière.
03:57Mais vraiment, Ruquier lui-même, ce qu'il ressent.
04:01Je ne serais pas allé chercher certaines choses qu'elle est allée chercher.
04:04Un jour, je la ferai. Mon autobiographie, je la ferai parce que j'ai envie de le faire.
04:10Puis j'ai encore des choses à raconter. Il y a plein de sujets que je n'ai pas abordés.
04:13Là, je n'ai fait que répondre aux questions qu'a choisies Marcella.
04:16Sur ma mère plus particulièrement, c'est vrai qu'elle s'est vraiment attardée sur le cas de ma mère, Raymond.
04:21Sur ce métier aussi, parfois, sur mon homosexualité.
04:25Mais il y a plein d'autres sujets que j'aurais pu aborder et que je ferai un jour.
04:29Mais pour ça, il faut du temps. Il faut faire moins de radio, moins de télé, moins de théâtre.
04:33C'est raté. Ce ne sera pas pour tout de suite.
04:35Vous avez appris des choses sur vous en lisant le livre ?
04:37Oui.
04:39Parce que le deal, c'était que vous n'avez pas demandé de relecture.
04:41C'est-à-dire qu'elle l'a publiée telle qu'elle.
04:42Vous n'avez pas validé ou enlevé des choses ou censuré rien.
04:45Non, elle m'a reconfié, en revanche, quelques passages où elle avait des doutes, on va dire, sur des choses factuelles.
04:51Pour être certaine, parce qu'elle prenait peu de notes, en fait, pour dire la vérité.
04:55C'est ça qui est étonnant.
04:56Je parlais beaucoup et elle prenait peu de notes.
04:59Donc, elle avait eu peur parfois de se tromper.
05:01Et donc, sur des choses factuelles, elle m'a demandé de relire.
05:04Mais sur l'ensemble du livre, non, je lui ai fait confiance.
05:06Qu'est-ce que vous avez appris sur vous que vous ne saviez pas ?
05:09Sur moi, je ne sais pas si j'ai appris beaucoup de choses.
05:11Il y a quelques souvenirs qu'elle m'a fait remonter, que j'avais oubliés.
05:15Elle parle, elle en fait tout un teasing à la fin du livre de ce moment où je suis dans la file d'attente des Grosses Têtes, Rue Bayard en tant que public.
05:22Elle est folle, cette histoire.
05:24Elle est triste, cette histoire.
05:25J'ai 18, 20 ans.
05:26Ce n'est pas la première fois que je viens voir Les Grosses Têtes, parce que j'étais fan de cette émission depuis l'âge de 14 ans.
05:32Elle est née, cette émission, en 77.
05:34Et moi, j'ai été fou de cette émission.
05:35Mais fou, à un point que j'enregistrais cette émission, que même j'ai fait des versions locales des Grosses Têtes dans les radios du Havre.
05:43Oui, que la radio vous a sauvée parce que vous vous ennuyez au Havre.
05:46Donc, j'allais de temps en temps, quand je pouvais, je montais à Paris, comme on disait, et j'allais voir l'émission.
05:51Et un jour, je suis dans la file d'attente, Rue Bayard, avec le public.
05:53Je fais partie du public.
05:55Et là, il y a deux chanteurs, je peux préciser, deux chanteurs qui sont chez Savy.
06:00C'est un petit restaurant-brasserie qui existe toujours.
06:03RTL n'existe plus, Rue Bayard.
06:04Mais le restaurant, lui, il est toujours là.
06:06Et qui était en face.
06:07Et ces deux chanteurs désignent le public.
06:09Et bon, ils étaient un peu alcoolisés déjà, à ce moment-là, on va dire.
06:13Et ils se moquent.
06:14Et ils se moquent.
06:15Violemment du public.
06:16Exactement.
06:16Ils nous traitent de cons.
06:18Regarde-moi ces cons-là.
06:19Qu'est-ce qu'ils font là ?
06:19Et à ce moment-là, vous êtes du côté du con.
06:22Vous êtes le public qui vient de Provence.
06:24Je me suis senti blessé.
06:26J'ai eu du mal à comprendre ça.
06:29Et j'avais enfoui ce souvenir-là, je dois dire.
06:32Je me suis revenu en parlant avec Marcel.
06:35Ce mépris social dont vous avez souffert.
06:38Et que vous avez toujours eu un rapport ambigu, au fond, à vos origines sociales.
06:47À la fois fière et parfois, vous le dites, vous avez pu avoir honte de ces origines sociales-là.
06:52Très tiraillée, même dans votre rapport au monde de la culture, au monde des médias, à France Inter.
06:58C'est quelque chose qui vous a travaillé.
07:00Oui, c'est d'ailleurs la raison, contrairement à Marcella, pour laquelle moi j'adore les livres d'Edouard Louis.
07:05Elle, elle déteste, mais moi je les aime beaucoup.
07:07Parce que c'est vrai que c'est lui, je ne sais pas s'il l'a inventé, mais en tout cas, il a popularisé cette formule « honte d'avoir honte ».
07:13Oui, moi j'ai eu honte d'avoir honte de mes parents.
07:16Mais ce n'est pas tant que j'avais honte de mes parents.
07:18C'est que j'avais envie de les protéger.
07:19Parce que justement, fort de se savoir qu'il pouvait y avoir un mépris de la part des élites vis-à-vis du peuple,
07:27j'étais gêné qu'on puisse se moquer d'eux.
07:30Ce n'est pas que j'avais honte d'eux, mais j'avais peur qu'on les montre du doigt, tout simplement.
07:36Et de toutes les manières, ce livre, il n'aurait pas pu sortir si vos parents étaient encore vivants.
07:39Ah non, ça je ne l'aurais jamais fait, évidemment.
07:40Vous auriez ?
07:41Ah, je n'avais aucune envie.
07:42D'autant plus que Marcella est plus sévère que moi je le serais avec ma mère.
07:46Avec Raymond.
07:47Et donc, je n'avais vraiment pas envie de faire du mal à ma maman.
07:52C'est joli.
07:53Le premier chapitre, justement, c'est sur votre maman.
07:55Il est particulièrement fort.
07:56Moi, il m'a vraiment donné les larmes aux yeux.
07:58Le chapitre s'appelle « Raymond ».
08:00« C'est votre mère », dont Marcella Yacoub fait un portrait sévère, dur.
08:04Elle parle d'une mère désastreuse qui ne désirait pas ses enfants,
08:07qui a eu beaucoup de mal à les aimer, qui a eu beaucoup de mal à vous aimer.
08:10Elle disait parfois, s'il y avait eu la pilule, celui-là, le dernier, là, Laurent, il ne serait pas là.
08:15Alors ça, c'est vrai.
08:16C'est une phrase que j'ai souvent entendue pendant toute mon enfance.
08:18Dès qu'il y avait des invités à la maison.
08:20Quand je dis des invités, on parle de la famille et oncle et tante qui venaient.
08:24« Ah ben, celui-là, s'il y avait la pilule, il ne serait pas là, celui-là. »
08:27Et c'est vrai.
08:28Elle disait ce qu'elle pensait et qui était la vérité.
08:31Elle avait 39 ou 40 ans à peu près, ma mère.
08:35J'ai 8 ou 13 ans de différence avec mes frères et soeurs aînés.
08:38Je suis un accident.
08:40Quelqu'un qui n'aurait pas dû être là.
08:41Mais évidemment, normalement, aujourd'hui en tout cas, à d'autres époques,
08:44on ne formule pas ce genre de phrases.
08:46On ne les dit pas.
08:47Vous dire pour autant que j'en ai souffert quand ma mère disait ça ?
08:50Pas du tout.
08:51C'est rétrospectivement que je sais que ce n'était pas bien qu'elle dise ça.
08:54Mais je ne peux pas dire que j'ai souffert de ça.
08:56Oui, mais vous reconnaissez qu'elle a eu du mal à vous aimer ?
08:59En tout cas, à montrer à ses enfants qu'elle les aimait ?
09:02Qu'elles font l'amour de sa vie ?
09:03C'est votre père ?
09:04Alors ça, c'est intéressant parce que ça, c'est quelque chose que moi,
09:06je n'avais pas forcément analysé non plus.
09:08C'est Marcel Ayacoub aussi qui dit « Mais enfin, tu ne te rends pas compte.
09:10Ta mère, il n'y a qu'une personne qu'elle aimait, c'est son mari. »
09:15Et ça, c'est vrai au fond.
09:16Quand Marcella a mis le doigt là-dessus,
09:18je dois dire que j'ai été obligé de dire « Oui, tu as raison, c'est vrai.
09:21C'était une femme qui aimait son mari plus que ses enfants. »
09:24Vous n'étiez pas désirée, vous le petit dernier qui arrive.
09:27Et puis peut-être que vous êtes là, elle aurait préféré une fille.
09:31Alors, assez dingue, elle vous achetait des manteaux de fille.
09:34Qui vous foutait la honte dans la...
09:35Elle a fait ça une fois.
09:37Dans une braderie du Havre qui s'appelait « Le petit vélo rouge ».
09:40Je m'en souviendrai toujours.
09:41Et le manteau était de la même couleur.
09:44Voilà.
09:45Et vous aviez les boules.
09:46J'avais les boules parce qu'il y avait de la fourrure
09:48au bout de chaque bras et en bas du manteau.
09:52Et je me souviens avoir pleuré,
09:53pleuré pour ne pas mettre ce manteau pour aller.
09:56J'étais en sixième à cette époque-là pour aller au collège.
09:59Je ne voulais pas.
10:00Je savais qu'on allait se moquer de moi avec ce manteau.
10:02Donc je pleurais, je pleurais.
10:03Elle n'a pas insisté tant que ça, vous voyez quand même.
10:05J'ai dû le porter une ou deux fois seulement.
10:08Elle vous inscrit aussi dans une école de filles ?
10:10Oui, alors ça c'est pareil.
10:11Ça aussi.
10:12Marcella a fait un petit raccourci.
10:13Ce n'est pas tout à fait.
10:14Elle m'a inscrit.
10:15Je me suis retrouvé dans une école de filles.
10:17Elle aurait pu se battre pour que je n'y sois pas.
10:19D'ailleurs, il n'y a pas longtemps,
10:20je suis allé avec Marcella Iacoubo à Havre.
10:22On a fait le voyage ensemble.
10:23Le livre était déjà écrit.
10:24Je voulais lui montrer les différents endroits.
10:26Et sur cette école maternelle,
10:27il y a toujours écrit d'un côté,
10:28il y a une entrée école des garçons
10:29et de l'autre école des filles.
10:31Et c'est vrai que moi,
10:32je rentrais du côté école des filles
10:33parce que j'étais dans cette école des filles
10:35avec trois ou quatre garçons seulement
10:37parce qu'il n'y avait plus assez de place
10:38pour les garçons de l'autre côté.
10:40Ma mère n'y est pour rien.
10:41Elle aurait pu en revanche se battre
10:42pour dire non,
10:43je veux qu'il soit avec les autres.
10:45Elle ne l'a pas fait
10:46mais parce qu'elle ne savait pas le faire.
10:48Pareil, je ne veux pas
10:49et je ne peux pas lui reprocher ça.
10:51Oui, c'est marrant
10:51parce que depuis que le livre est sorti,
10:53on sent que comme les mots sont durs
10:55sur votre mère,
10:56vous êtes là en essayant d'atténuer encore,
10:58alors même qu'elle est morte,
10:59vous pourriez dire
11:00que vous avez eu du mal vous aussi à l'aimer,
11:02que vous avez eu...
11:03Eh bien, vous voulez la protéger encore.
11:05Non, non, mais je ne vais pas dire
11:07que j'ai un feu l'amour pour ma mère.
11:10Je ne dirai pas le contraire.
11:12Mais je ne lui en veux pas.
11:14Je ne sais pas comment dire,
11:15elle a souffert elle aussi.
11:16Elle a eu son...
11:18J'aime bien employer cette expression,
11:20son petit bagage.
11:22Et on a tous notre petit bagage
11:24et il faut faire avec.
11:25Et elle, elle a été placée
11:26à l'âge de 14 ans
11:27dans des familles bourgeoises
11:28pour faire les ménages.
11:30J'ai des scènes que je n'ai pas racontées là,
11:32mais que je pourrais un jour raconter
11:33où ma mère, à la fin de sa vie,
11:34a eu une forme d'Alzheimer.
11:36Il y a des souvenirs
11:37qui lui revenaient.
11:39Et je voulais absolument
11:41qu'elle prenne une dame
11:42pour faire le ménage chez elle.
11:43Elle ne voulait pas,
11:44elle ne refusait pas.
11:45Mais ça devenait terrible à la maison
11:46parce que c'était vraiment
11:47devenu pas propre.
11:48Et à un moment donné,
11:49j'étais obligée de le faire.
11:50Et elle s'est mise à pleurer
11:52comme si je l'insultais
11:54parce que je lui disais
11:55qu'elle ne faisait pas bien le ménage.
11:57Et là, elle m'a parlé
11:58comme si elle parlait...
11:59Mais vraiment,
11:59je retrempe quand je vous dis ça
12:01parce que c'est vrai.
12:01Elle m'a parlé
12:02comme si elle parlait
12:03à ses anciens patrons,
12:04à ses patrons bourgeois,
12:05comme si elle avait été prise
12:06en défaut.
12:08Et donc, là,
12:09j'ai réalisé,
12:09mais elle avait 90 ans
12:11à ce moment-là,
12:12j'ai réalisé
12:13combien elle avait souffert
12:14quand elle était jeune
12:15à l'âge de 14 ou 15 ans.
12:16Il y a une chose
12:19qui vous marque aussi
12:20et qui va vous marquer,
12:21c'est qu'elle ne vous a jamais dit,
12:23alors qu'elle vous aimait,
12:24bon, ça, c'est une chose,
12:25mais que vous étiez beau.
12:26Et ça, c'est terrible.
12:28Peut-être parce que je ne l'étais pas.
12:29Non, mais ce qui est terrible,
12:30c'est qu'on lit le truc
12:30et qu'on se dit
12:31voilà exactement ce qu'il faut
12:32ne pas faire avec ses enfants,
12:34c'est-à-dire leur dire
12:35qu'ils sont beaux
12:36parce que sinon,
12:36ça vous marque à vie
12:37et que ça va terriblement
12:39vous complexer toute votre vie.
12:40Là aussi,
12:41c'est des pages très touchantes
12:42qu'on lit.
12:44En fait,
12:44elle ne vous disait pas
12:45que vous étiez beau
12:45et puis pire,
12:46elle disait
12:46ton père est beau,
12:47tes frères sont beaux
12:48et puis elle s'arrêtait là.
12:50Oui,
12:50mes frères,
12:52mais c'est vrai d'ailleurs
12:52que mon frère Richard,
12:54mon frère Rémi,
12:56il n'était pas très adroit
12:58non plus avec Alain,
12:59mon frère,
12:59c'est un de mes frères
13:00qui est décédé
13:01qui n'est plus là aujourd'hui,
13:02qui était surnommé
13:03le petit prince, lui.
13:04Et souvent,
13:05il disait
13:05lui, c'était le petit prince
13:06et il a perdu son titre
13:07quand Laurent est arrivé.
13:08Il disait des choses,
13:09mes parents,
13:10qu'on ne dit pas
13:11devant les enfants normalement.
13:13Mais ça vous a marqué
13:14et ça a marqué
13:14une espèce de complexe
13:15tout le temps.
13:16Mais il ne savait pas
13:17qui était Françoise Dolto,
13:19mes parents,
13:19la seule femme
13:20que ma mère écoutait
13:22à la radio l'après-midi,
13:23c'était sur RTL,
13:23Meunique Grégoire
13:24et ça parlait plutôt
13:25des choses de sexe
13:26et de la libération des femmes
13:27mais pas forcément
13:27de l'éducation des enfants.
13:29Mais la beauté,
13:29le rapport à la beauté,
13:31alors ça,
13:31elle a des théories sur vous,
13:33sur le fait que vous choisissiez
13:34des hommes très beaux
13:35pour essayer de...
13:36Il y a beaucoup de théories
13:37de Marcel et Yacoub.
13:38Elle a raison,
13:39je suis obsédé par la beauté
13:40des femmes et des hommes
13:41d'ailleurs.
13:42Et j'avoue que quand...
13:44Alors ça ne suffit pas
13:45un jour pour vivre
13:46avec un homme
13:47et les garçons
13:48avec qui j'ai été
13:49pendant plusieurs années
13:50car je suis du genre fidèle.
13:51Je reste quand même
13:51quelques années,
13:5215 ou 7 ans
13:53la plupart du temps
13:54ces dernières années.
13:56La beauté ne suffit pas.
13:57Je suis bien conscient de ça.
13:59Mais c'est la première condition
14:00pour moi.
14:02La beauté,
14:02vous en parliez
14:03avec Marie Laforêt
14:04qui est une actrice
14:04que vous adorez.
14:05Je pensais que vous alliez choisir
14:06Marie Laforêt
14:08dans les actrices.
14:09Non, parce que je la vois
14:10plus comme chanteuse.
14:11Voilà, de neuf donc.
14:13Mais Marie Laforêt,
14:14je voulais prendre
14:14un extrait de vous
14:15dans les années
14:16Rien à cirer
14:17ici sur Inter
14:18et regardez,
14:19écoutez,
14:20vous parlez
14:20de la beauté encore.
14:22Marie Laforêt pour la première fois
14:30un dimanche
14:31de Rien à cirer.
14:32Bonjour, mademoiselle Laforêt.
14:33Bonjour, bonjour tout le monde.
14:35Bonjour.
14:35Bonjour Marie.
14:36Comment vous faites
14:36pour être en forme comme ça ?
14:38Vous ne changez pas, Marie.
14:39Elle est encore plus belle.
14:40Oui, je trouve aussi.
14:42Vous n'êtes pas mal.
14:43Je ne sais pas comment ça se fait.
14:45Je ne sais pas.
14:46Je ne fais rien.
14:48Tous les matins,
14:49je me regarde
14:50et je me dis
14:50mon Dieu,
14:50mais comment on fait ?
14:52Je fais aussi belle.
14:55Moi, c'est pareil.
14:57Oui ?
14:57Ça me touche d'entendre ça
15:02parce que c'est vraiment
15:02la première fois
15:03que je la rencontre
15:04Marie Laforêt
15:05et on ne devient pas amie
15:07tout de suite.
15:07On deviendra amie
15:08quelques années plus tard
15:09grâce à la pièce de théâtre
15:10qu'elle joue,
15:11ma première pièce
15:12où elle remplace,
15:13ça paraît étonnant,
15:14Isabelle Mergaux.
15:17Marie Laforêt
15:17qui remplace Isabelle Mergaux.
15:19Il n'y avait que moi
15:19qui pouvais faire ça
15:20et il n'y avait que Marie Laforêt
15:22pour l'accepter aussi.
15:23Mais qu'est-ce qu'elle était belle
15:24et c'est devenu
15:24une amie tellement chère
15:26et c'est celle
15:27de toutes les femmes
15:28que j'ai pu connaître
15:29qui me manquent le plus
15:30encore aujourd'hui.
15:31Il n'y a pas une journée
15:31où je ne pense pas.
15:32Je suis même encore allé au cimetière
15:33il n'y a pas longtemps
15:34voir la tombe de Marie.
15:36C'est la femme
15:37qui me manque le plus.
15:38Et puis il y a autre chose
15:39qui revient aussi
15:39dans le bouquin
15:40et que j'entends beaucoup
15:42chez beaucoup d'animateurs télé.
15:43Drucker
15:44qui sortait son bouquin
15:45qui était à votre place.
15:46On est beaucoup d'animateurs
15:47en ce moment.
15:48À sortir des bouquins.
15:49Il y a Ardisson aussi.
15:49Il y a des librairies spéciales télé
15:50en ce moment.
15:51Non mais c'est cette phrase
15:53que vous répétez
15:54sous la plume de Marcella Yacoub
15:57« J'ai pas eu la carte ».
15:59Oui.
15:59Alors ça c'est intéressant.
16:01C'est quoi la carte Laurent Ruquier ?
16:02Ce qu'elle me dit.
16:03Parce qu'elle dit au fond
16:04et ça je n'y avais pas pensé
16:06et je crois qu'elle a raison.
16:07Elle me dit
16:08Marcella Yacoub
16:09et c'est l'analyse qu'elle fait
16:10mais tu n'as pas eu la carte
16:11c'est parce qu'en fait
16:12tu ne la veux pas la carte.
16:14Et ça j'ai trouvé ça intéressant
16:15parce que je n'avais pas
16:16formulé ça non plus.
16:18Je n'avais pas réfléchi à ça.
16:20Et elle a sûrement raison.
16:21Je n'ai pas voulu la carte.
16:23Je l'ai eu un peu la carte.
16:24Elle le dit
16:24au moment dont on n'est pas couché
16:26peut-être.
16:27Effectivement il y a une forme de pouvoir.
16:28Vous le connaissez vous aussi maintenant
16:29ce pouvoir-là
16:30du samedi soir.
16:31Une émission très regardée
16:32où on a le pouvoir
16:33de choisir des invités.
16:36Alors en plus à l'époque
16:36il y avait quand même
16:37des enjeux politiques.
16:38On recevait beaucoup de politiques.
16:39On avait l'impression
16:40de faire partie
16:41du mood du moment.
16:42et donc j'ai peut-être
16:45eu un peu plus
16:45le pouvoir
16:46et la carte
16:47à ce moment-là
16:47mais la carte
16:48on ne l'a pas.
16:50Moi je...
16:51Oui Marcella
16:52elle le dit
16:52elle dit
16:54que je pense
16:56moi
16:56que c'est à cause
16:57de mes origines sociales
16:58et c'est vrai
16:58que je pense ça.
16:59Et puis elle en fait
17:00une autre analyse
17:01qu'est-ce que c'est
17:02avoir la carte.
17:03Ce n'est pas facile
17:04d'avoir cette définition
17:05mais je pense moi
17:05au fond de moi
17:06que je ne l'ai jamais eue
17:07mais je crois qu'elle a raison
17:08que vous ne l'avez pas voulu.
17:09Je ne l'ai pas voulu.
17:10Parce que
17:10et c'est ça aussi
17:11une de ces théories
17:12votre plus grande histoire d'amour
17:13c'est le public
17:14et au fond
17:15plus que la carte
17:15plus que la reconnaissance
17:17d'une forme d'élite
17:17ce que vous vouliez
17:18c'était l'amour du public
17:19que vous avez eu
17:20que vous avez toujours
17:21le public je précise
17:23et ça il faudra lire le livre
17:24vous distinguez le public
17:25et les groupies
17:26c'est-à-dire ceux qui attendent
17:27et qui veulent juste des selfies
17:28ça vous n'aimez pas
17:30le côté fan.
17:31En fait
17:31pour moi fan
17:32pardon pour les fans
17:34de certaines vedettes
17:35qui m'écoutent
17:36mais on est parfois
17:37tout près de la bêtise
17:38mais d'ailleurs
17:39comme les militants
17:40pardon
17:40mais en fait
17:41moi je n'aime pas les groupes
17:42Vous aimez les bandes
17:44mais vous n'aimez pas les groupes
17:45Moi d'autourne toujours
17:45que j'aime les bandes
17:47effectivement au fond
17:48non je sais bien
17:48que plus on est nombreux
17:49à se ressembler
17:50plus on est bête
17:51et ce qui m'intéresse
17:53dans la vie
17:53moi c'est de rencontrer
17:54des gens différents
17:55de moi
17:56politiquement
17:57religieusement
17:59etc
18:00mais au fond
18:02oui
18:03j'aime bien
18:05le public
18:06si c'est le public
18:06qui me suit
18:07qui sait de quoi je parle
18:08qui peut me dire
18:08ah j'ai aimé cette émission
18:10parce que cela
18:10je suis allé voir votre pièce
18:11j'ai lu votre livre
18:12si c'est quelqu'un
18:13qui prend une photo avec moi
18:14et puis une fois
18:15après avoir pris la photo
18:16dit c'est quoi votre nom déjà
18:18bon je trouve
18:19je ne suis pas pour encourager
18:21cette bêtise là
18:21les impromptus
18:22vous répondez très rapidement
18:23sans trop réfléchir
18:25je ne suis pas de la génération woke
18:26donc j'ai parfois l'impression
18:27de devenir un vieux con réac
18:29vous avez dit ça dans Match
18:30vous vous avez de la marche
18:31quand même vieux con réac
18:32oui j'ai un peu de marche
18:33quand même
18:33parce que j'aime bien
18:35je suis une éponge
18:36j'aime bien réfléchir à tout
18:38et puis je dois dire
18:38qu'avec Hugo
18:39mon dernier compagnon
18:40j'ai été servi
18:41parce que lui
18:41il était très très woke
18:42donc ça m'a fait aussi réfléchir
18:44et revenir sur certaines idées
18:45bon le nouveau talk show
18:46ça arrive dans trois semaines
18:47sur T18
18:48c'est quoi ce nouveau talk show ?
18:50ce sera une émission culturelle
18:51hebdomadaire
18:52je vais faire ce que j'aime
18:54c'est-à-dire recevoir des artistes
18:56théâtre, cinéma
18:57auteurs
18:58évidemment littérature
19:00oui on va parler
19:02de l'actualité culturelle
19:03chaque semaine
19:03il va y avoir une nouvelle pièce de théâtre
19:05après le succès de la Joconde ?
19:06alors oui je suis très content
19:07je peux l'annoncer
19:08à la rentrée
19:09j'ai un beau casting
19:10un duo
19:11c'est une pièce que j'ai écrite
19:12en plus il y a déjà quelques années
19:14qui s'appelle
19:15l'expérience théâtrale
19:16et ce sera joué par
19:17François Berléand
19:18et Max Boublil
19:19ah ouais c'est bien
19:20l'argent fait-il le bonheur
19:21Laurent Ruquier ?
19:22l'argent ne fait pas le bonheur
19:23mais on le sait
19:25il y contribue un peu
19:26c'est quand même toujours mieux
19:26d'en avoir que de ne pas en avoir
19:28la télé ou la radio ?
19:29la radio
19:30la radio à la fin
19:31toujours
19:31quartier préféré à Paris ?
19:34quartier préféré à Paris
19:36à Montmartre
19:37parce que c'est là
19:38où je suis arrivé
19:38quand j'ai débarqué à Paris
19:40Instagram ou X ?
19:42Instagram
19:42vous savez pourquoi ?
19:44vous vous souvenez
19:45quand même
19:45on a beaucoup de souvenirs communs
19:47je vous ai dit
19:47souviens-toi
19:47vous aviez peur au début
19:49quand vous avez démarré
19:49à la télévision
19:50je vous disais
19:50on va te dire
19:52plein de mal
19:52de toi sur Twitter
19:54à l'époque ça s'appelait
19:54sur Twitter
19:55mais en revanche
19:56quand tu seras dans la rue
19:57on t'embrassera
19:57et on te félicitera
19:58mais j'oublie jamais
19:59les conseils que vous m'avez donnés
20:00mais c'est vrai
20:01c'est vous
20:02et je dis tout le temps
20:03c'est Ruquier qui m'a appris
20:04quand quelqu'un a un bad buzz
20:05ou un truc
20:05il m'a dit
20:06serre les dents
20:07pendant 48 heures
20:07ça passera
20:08et c'est uniquement
20:09sur une petite
20:10voilà
20:11c'est uniquement sur Twitter
20:12pour quelques personnes
20:13on tourne les pages très vite
20:14on tourne les pages très vite
20:16et Dieu dans tout ça
20:16pour terminer
20:17la question chancel
20:18ah bah et Dieu dans tout ça
20:20c'est drôle
20:20on m'a posé la question
20:21il n'y a pas longtemps
20:21qu'est-ce que tu lui dirais
20:22si tu étais devant Dieu
20:23je dirais
20:23ben rions encore un peu
20:25Laurent Ruquier
20:26enfin plutôt
20:27Marcel Ayacoub
20:28qui le regarde
20:29de Marcel Ayacoub
20:31sur Laurent Ruquier
20:31c'est vraiment très réussi
20:32ça s'appelle
20:33vie secrète
20:33c'est cher
20:34à Père Collins
20:34merci Laurent
20:36j'étais très heureuse
20:37de vous revoir
20:37c'était des retrouvalles
20:38j'étais ravi de vous revoir
20:39moi aussi
20:40mais j'attends votre promesse
20:41je veux aller au Liban
20:43avec vous
20:43souvenez-vous
20:44je me souviens des promesses
20:45surtout quand elles ne sont pas tenues
20:47on ira
20:48promis
20:49je vous embrasse
20:49et merci
20:50et merci