Brigitte Bardot a reçu BFMTV, chez elle à Saint-Tropez. Acceptant d'apparaître à l'écran pour la première fois depuis plus de 10 ans, pour défendre l'abolition de la chasse à courre, elle a aussi égrainé quelques souvenirs de sa première vie, au cinéma.
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TVTranscription
00:00Bonjour Brigitte Bardot.
00:01Bonjour.
00:02Merci de nous recevoir chez vous. Je peux vous embrasser ?
00:05Oui.
00:05Ah bah ça me fait plaisir.
00:07Merci infiniment d'être sur BFM TV.
00:11A travers vous, j'embrasse tout le monde.
00:14Ça va leur faire plaisir, j'en suis certain.
00:16Merci de nous recevoir chez vous.
00:18On est à Saint-Tropez, ici dans votre maison qui s'appelle La Garigue.
00:22Ma ferme.
00:23C'est votre lieu de bonheur.
00:25Ma petite ferme, oui.
00:26On ne vous a pas vu, Brigitte, dans une télévision depuis 11 ans.
00:31Vous vous rendez compte ?
00:32Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous avez accepté, aujourd'hui, de nous recevoir ?
00:38Parce que je mène un combat qui mérite un peu de moi-même.
00:50Et le mieux de moi-même dans ces cas-là,
00:53je crois que c'est de me montrer.
00:58Parce que je ne me suis pas montré du tout depuis 11 ans.
01:04Et je pars en guerre.
01:09Je veux l'abolition de la chasse à cour.
01:14C'est une horreur, ce truc-là.
01:17C'est une horreur.
01:18Il faut absolument que le gouvernement français accepte de m'offrir,
01:29après 50 ans de demande sans réponse,
01:36de m'offrir au moins, au moins, cette victoire.
01:43L'abolition a jamais de la chasse à cour en France.
01:50On est le dernier pays d'Europe à pratiquer cette ignoble chose.
01:57Le dernier.
01:58Avec l'Irlande.
01:59Avec l'Irlande.
02:00Bon.
02:01On n'a pas le droit.
02:03Et c'est pour cette raison que vous décidez de vous remontrer.
02:08C'est parce que ce combat, c'est quoi ?
02:10C'est le dernier dans lequel vous voulez mettre une énergie folle ?
02:14Ou c'est un combat que vous pensez que vous pouvez gagner aujourd'hui ?
02:19Je pense que je peux le gagner.
02:22Et en fin de compte, c'est mon dernier combat.
02:25Parce qu'à 90 ans, je ne vais pas recommencer dans 5 ans ou dans 6 ans.
02:33Donc, c'est l'ultime combat, mais avec un résultat formidable.
02:42Là, la France peut prendre une décision qui la ferait un peu briller.
02:48Parce qu'elle est un peu pas très belle, la France, en ce moment.
02:56Alors, ça serait une très belle décision que pourrait prendre Macron au moment de son départ.
03:04Il partirait sur une belle chose, une belle leçon de vie.
03:14Et ça serait bien.
03:15On va en parler de la chasse à cour, mais avant, est-ce que vous montrez ?
03:20Ça vous coûte aujourd'hui ?
03:22Oui.
03:24Oui, parce que maintenant, je vis comme une fermière
03:28avec mes moutons, mes chèvres, mes cochons, ma jument, mon petit âne et ma ponette.
03:38Tous mes chiens, mes chats.
03:40Et je ne veux même pas qu'on me photographie.
03:49Alors, faire une télé, pour BFM, c'est pour moi extraordinaire.
03:56Pourtant, excusez-moi, je vous le dis, mais vous êtes magnifique, Brigitte.
04:00C'est gentil.
04:01Vous me disiez au mois de mars, je ne suis pas ramolo, vous êtes en pleine forme.
04:04Mais je suis en pleine forme, oui.
04:07J'ai beaucoup de chance.
04:09J'ai beaucoup de chance.
04:11C'est ce combat qui vous maintient aussi en pleine forme.
04:15On est ici à La Garigue, cette maison qui est aussi votre bureau.
04:19On l'a vu tout à l'heure, il est couvert de papier,
04:22de lettres auxquelles vous devez répondre,
04:24d'engagement, de réponses que vous devez donner à votre fondation.
04:28Vous consacrez à votre fondation toutes vos journées ou presque ?
04:31À toutes mes journées, je les donne à ma fondation
04:35en travaillant, en répondant aux courriers,
04:40en travaillant avec toutes les personnes formidables
04:45qui sont dans ma fondation
04:48et qui, grâce à elles, ont fait de ma fondation
04:52une fondation extraordinaire.
04:57Il n'y en a pas comme ça deux dans le monde.
04:59C'est unique, ma fondation.
05:03C'est vrai.
05:04Elle est comme moi.
05:06Vous refusiez de vous montrer par pudeur ou pas ?
05:10Parce que peut-être que vous êtes une fermière,
05:13mais c'est bien de voir des fermières aussi à l'écran.
05:16par discrétion.
05:25J'ai été très, très, très, très photographiée,
05:29filmée dans ma vie.
05:31Et maintenant,
05:35j'envie de la paix,
05:39du silence,
05:41de la nature,
05:45de ne pas être dépendante
05:50de certaines personnes
05:52qui veulent me photographier.
05:55Je refusse tout ça.
05:59Ça vous pesait,
06:01ces dernières années ?
06:03Bien, j'ai beaucoup refusé
06:06et je me suis mis plein de gens à dos
06:08qui étaient furieux
06:10parce que je n'acceptais pas.
06:12Enfin bon.
06:17Ce lundi 12 mai,
06:18vous allez donc envoyer
06:19une lettre ouverte.
06:21C'est le moyen que vous avez trouvé
06:22pour vous faire entendre.
06:24Elle est adressée au président de la République,
06:25au Premier ministre,
06:26aux parlementaires.
06:28Et vous leur demandez donc d'abolir
06:30une bonne fois pour toutes
06:30la chasse à cour.
06:31Alors, je rappelle ce que c'est.
06:32C'est un mode de chasse
06:33où l'on poursuit un animal sauvage
06:35avec une meute de chien.
06:38Vous demandez son interdiction aujourd'hui
06:39d'une manière formelle
06:41parce que quoi ?
06:42C'est aujourd'hui une pratique
06:43d'un autre temps
06:44qui est dépassé.
06:46C'est complètement obsolète.
06:49Ça fait partie des trucs royaux
06:52à l'époque des seigneurs
06:56et des grandes familles
07:00qui avaient les moyens,
07:05parce que ça coûte cher,
07:07qui avaient les moyens
07:08de s'offrir le luxe
07:11de passer leur journée
07:13en mondanité
07:17et en voyant
07:21la souffrance
07:24et la désespérance
07:26d'un animal
07:28qui est poursuivi
07:30jusqu'à la mort
07:32par une meute de chien affamé
07:35et par une meute de connard
07:37derrière
07:38qui s'en serve
07:40comme un spectacle.
07:43Vous dites que les animaux
07:44sont pourchassés,
07:45traqués pendant des heures.
07:46Très souvent,
07:47la terreur est telle
07:48que nombre d'animaux
07:49meurent d'une crise cardiaque
07:50pendant la traque.
07:52Cette pratique,
07:53elle est peut-être
07:54d'un autre temps,
07:56mais elle fait aussi partie
07:56d'une forme de tradition.
07:57En France,
07:58vous le rappeliez,
07:59ça vient de François 1er,
08:00l'époque de François 1er.
08:01Est-ce qu'on ne doit pas aussi
08:03vivre avec ces traditions,
08:05leur laisser une place
08:05ou en 2025,
08:08il y a des traditions
08:08qu'il faut balayer d'un revers ?
08:11Non, ce n'est même pas
08:12une tradition.
08:14C'est comme la corrida.
08:20C'est un spectacle malsain,
08:24écœurant, cruel.
08:28S'il y avait la tradition,
08:30la belle lurette
08:31qu'on aurait brûlée
08:32comme sorcière.
08:35Heureusement que
08:36certaines traditions
08:38n'existent plus.
08:41Vous avez eu l'impression
08:42d'être parfois une sorcière
08:43dans ce combat ?
08:45On m'a considéré, oui.
08:49Enfin, c'est fini, ça.
08:52Vous savez que les sorcières
08:53ont des pouvoirs magiques.
08:55Peut-être que ça va marcher
08:56cette fois.
08:57Cette fois, ça doit marcher.
08:59J'ai tous les Français
09:02derrière moi.
09:04On a fait un sondage
09:05et 72% des Français
09:11sont contre la chasse à cour.
09:14Oui, et le chiffre
09:14est même plus important
09:15chez les personnes
09:16de plus de 65 ans,
09:1779%, 76%
09:20chez les 18-24 ans.
09:21Pourquoi ça ne bouge pas
09:22alors si les Français
09:23sont d'accord avec vous,
09:25à votre avis ?
09:25Ça ne bouge pas
09:27parce qu'on a un gouvernement
09:31qui ne prend pas de décisions,
09:36qui n'ose pas faire avancer les choses
09:41et qui, jusqu'à présent,
09:47ne m'a pas soutenu.
09:50Et vous parlez de ce gouvernement,
09:52mais vous dites aussi
09:52que ça fait 50 ans
09:53qu'on ne vous écoute pas,
09:54c'est tous les gouvernements précédents.
09:55Oui, mais je parle aussi
09:56des gouvernements précédents.
09:58J'en parle.
09:59Vous dites dans cette lettre ouverte
10:00que c'est une pratique sauvage
10:02et inhumaine.
10:03Donc, pour vous,
10:03est-ce que ceux qui pratiquent encore
10:05la chasse à cour
10:05sont des personnes
10:07qui manquent d'humanité,
10:08tout simplement ?
10:09Et comment on peut avoir
10:11de l'humanité
10:12en assistant
10:14à une horreur pareille ?
10:17C'est impossible.
10:20Il y a aussi
10:21certaines formes de chasse
10:22qui sont importantes
10:24pour l'équilibre
10:24des forêts,
10:25notamment.
10:26Trop de serres
10:27se reproduisent,
10:28par exemple.
10:28Il faut un petit peu
10:29contrôler ça,
10:29même si ce n'est pas
10:30la question de la chasse à cour.
10:33Non.
10:33La nature,
10:35elle est très équilibrée.
10:37Les animaux aussi,
10:39beaucoup plus équilibrés
10:40que nous,
10:42qui sommes complètement
10:43devenus cingués.
10:45Vous dites
10:45je ne peux plus attendre.
10:47J'ai 90 ans,
10:48vous l'écrivez
10:48dans votre lettre.
10:50Vous voulez voir
10:50cette interdiction
10:52acter dans quel délai ?
10:53Dans les deux prochaines années
10:54avant la fin du quinquennat
10:56du président Macron ?
10:57Ah oui.
10:59Ah oui.
11:01Je crois que vous
11:02vous avez passé un coup de fil
11:04la semaine dernière
11:05à Yael Brune-Pivet,
11:07qui est la présidente
11:08de l'Assemblée nationale,
11:09proche d'Emmanuel Macron.
11:11Qu'est-ce qu'elle vous a dit ?
11:13Est-ce qu'elle vous a fait
11:13des promesses ?
11:14Est-ce qu'elle vous a écouté ?
11:15Elle a été fantastique.
11:19J'ai eu un rapport
11:20amical avec cette femme.
11:23Vraiment,
11:24j'ai senti
11:25son soutien.
11:29Et je l'admire
11:32pour la patience
11:34qu'elle a
11:34et la justesse
11:39de ses propos
11:41et surtout
11:43la façon
11:45dont elle remet
11:46en place
11:46la sauvagerie
11:49débordante
11:51de l'Assemblée nationale.
11:54C'est vrai que c'est souvent
11:55le bazar à l'Assemblée ?
11:56Ça vous déplaît ?
11:58Ça vous...
11:58Ça me choque.
12:01Beaucoup.
12:02L'abolition de la chasse à cour ?
12:04Vous aimeriez que ce soit
12:05votre héritage,
12:06ce qu'on retient de vous ?
12:08Oh non,
12:09il y a beaucoup de choses
12:09qu'il faudrait retenir de moi.
12:12Oh là !
12:13Ça nous prendrait du temps.
12:15Hein ?
12:15Ça nous prendrait du temps.
12:17Non mais,
12:18il y a une telle misère,
12:20une telle souffrance
12:22animale
12:22en France.
12:25Dans le sondage
12:25que votre fondation
12:26a commandé au mois de mars,
12:28il y avait ce chiffre.
12:2967% des Français
12:30pensent
12:30que les responsables politiques
12:32ne sont pas soucieux
12:33d'améliorer la condition animale.
12:34Ils s'en foutent.
12:35Ils n'écoutent pas les Français alors ?
12:37Non.
12:39Mais il n'y a qu'à voir.
12:41Dans quel état
12:42ils sont les Français ?
12:44Vous avez eu une idée géniale,
12:47Brigitte.
12:48Vous avez accompagné
12:49cette lettre ouverte
12:50d'un petit cadeau.
12:51Je l'ai avec moi.
12:51Vous leur envoyez
12:53aux responsables politiques
12:54un sonotone.
12:57Il y a même
12:57les piles offertes.
12:58C'est sympa.
12:58La fondation Brigitte Bardot
12:59vous offre le moyen
13:00d'entendre ces demandes.
13:02Voilà.
13:02Comme depuis 50 ans,
13:04ils n'ont rien entendu du tout
13:06ou ils ont fait semblant
13:08de ne pas entendre,
13:09là,
13:09ils sont obligés
13:11d'écouter,
13:12d'écouter
13:13ce que je dis.
13:16Et ce que je dis,
13:17je veux
13:18y arriver.
13:20Voilà.
13:21En tout cas,
13:22vous êtes la reine
13:22du marketing.
13:23C'est votre idée,
13:24je le précise.
13:25Vous l'avez eue
13:25il y a plusieurs mois.
13:26Elles vous viennent comment
13:27ces idées,
13:27Brigitte ?
13:28Je ne sais pas pourquoi.
13:30Je me suis dit
13:31c'est bizarre
13:32que depuis le temps
13:34que je demande
13:35quelque chose,
13:37il n'y a pas de réponse.
13:40Donc,
13:40ils ont un problème auditif.
13:42j'ai pensé.
13:46Et j'ai eu l'idée
13:47de ça.
13:50Ça m'a fait rire,
13:52moi,
13:53après j'en ai parlé
13:54à la fondation,
13:56ça les a fait rire
13:57et j'ai pensé
13:58que c'était une bonne idée
14:00de mettre les rieurs
14:02de mon côté
14:03et de tenter
14:07un coup
14:08de pub.
14:11Voilà.
14:13En tout cas,
14:13vous avez
14:13les bonnes idées
14:15qui font bouger
14:15les lignes.
14:16Vous dites
14:17qu'il faut rire aussi
14:18du côté des rieurs
14:19parce que quoi ?
14:20Vous avez l'impression
14:21d'avoir passé
14:22votre vie
14:22à râler ?
14:25Non,
14:25j'ai beaucoup ri.
14:27Non,
14:28j'étais une femme
14:28très vivante,
14:32j'aimais danser,
14:33chanter,
14:34rire.
14:36Non,
14:36non.
14:37Mais j'ai beaucoup
14:38râlé aussi.
14:39Oui,
14:40c'est vrai.
14:42Il faut râler
14:42en France.
14:44Ah ben,
14:44pour obtenir
14:45quelque chose,
14:46oui,
14:47il faut râler.
14:49Vous aviez rencontré
14:50Emmanuel Macron,
14:51c'était en juillet 2018,
14:53à l'Élysée.
14:54Vous étiez sorti
14:55plutôt satisfaite
14:56de ce rendez-vous.
14:57Il s'était même dit
14:58à l'époque
14:58qu'il était prêt
14:59à mettre fin
14:59à la consommation
15:00de la viande de cheval,
15:01par exemple,
15:02et ça n'a pas vraiment
15:03bougé après.
15:04Alors,
15:05la viande de cheval,
15:06ça c'est encore
15:07un truc que je vais
15:08soulever
15:10avant de me tirer
15:16pour de bon.
15:19C'est trop important.
15:21Est-ce que vous avez
15:22reparlé au président
15:23de la République
15:24depuis 2018 ?
15:25Non.
15:28Je n'ai rien
15:29à lui dire.
15:30Il vous a déçu ?
15:32Ah oui.
15:34Ah oui.
15:35Il n'y a pas que moi.
15:37On est un bataillon
15:38de déçus.
15:40Il y a deux ans,
15:41vous aviez pris
15:42la plume,
15:42vous lui aviez envoyé
15:43déjà une lettre ouverte,
15:45vous l'engueuliez un peu,
15:46c'est le mot
15:46que vous utilisiez,
15:48je vous engueule.
15:49Vous disiez même
15:50que le président
15:50de la République
15:51était un être maléfique.
15:52maléfique.
15:53Ce n'était pas
15:53un petit peu fort ?
15:55En tout cas,
15:57il n'est pas bénéfique.
15:59Or s'il n'est pas bénéfique,
16:01il est maléfique.
16:02Vous jouez avec les mots.
16:05Et c'est fait pour ça.
16:07Demain soir,
16:08le président de la République
16:09parle à la télévision.
16:10Est-ce que vous avez envie
16:13de lui passer un message
16:14aujourd'hui
16:15sur BFM TV ?
16:17Il n'est jamais trop tard
16:19pour bien faire.
16:22Il peut très bien
16:23maintenant
16:24prendre cette décision
16:26d'abolir la chasse à cour
16:29et de penser
16:31à abolir
16:34l'hypophagie.
16:37La consommation
16:38de viande de cheval.
16:38Voilà.
16:39Quand j'ai été le voir,
16:42je lui ai parlé
16:43de la viande de cheval.
16:45Il m'a dit
16:46« Brigitte,
16:47on mange encore
16:48du cheval
16:49en France ? »
16:51Je lui ai dit
16:52« Oui. »
16:54Il m'a dit
16:54« Non,
16:55ce n'est pas possible. »
16:56« Si. »
16:58Et bien,
16:58il n'a rien fait.
17:02Vous lui demandez
17:03avec le sourire
17:03aujourd'hui
17:04ou vous lui demandez
17:05avec une petite blague ?
17:07Je lui demande
17:08avec un sonotone
17:11avec un cadeau.
17:14Il y a les piles,
17:15je le rappelle.
17:17Quand vous ne serez plus là,
17:18qui va porter ce combat
17:19à votre avis ?
17:21Est-ce que votre fondation
17:22aura la force
17:23de vous survivre ?
17:25Elle est forte,
17:25elle est forte,
17:27ma fondation.
17:28Elle est comme moi.
17:29C'est vrai.
17:35Tout à l'heure,
17:35vous me disiez
17:36que vous ne vouliez
17:37plus vous montrer.
17:39Est-ce que
17:39le temps qui file
17:41quand on a 90 ans...
17:43Viens, ma belle.
17:45On laisse-la venir.
17:46Elle est trop belle.
17:48On a de la visite.
17:49Comment elle s'appelle ?
17:50Pas tout.
17:51Non, c'est...
17:52Lila.
17:54Eh bien, dis donc.
17:55Bonjour, Lila.
17:56Lila.
17:59C'est une patou.
18:01Un chien merveilleux.
18:03Je l'appelle
18:03mon caniche.
18:05C'est un peu plus grand.
18:07Non, mais elle se comporte
18:08comme un caniche.
18:09C'est vrai ?
18:11Vous l'avez récupérée où,
18:17patou ?
18:18Ce sont des gens
18:19qui ne pouvaient pas
18:20la garder.
18:22Vous avez eu jusqu'à
18:23combien d'animaux
18:24chez vous,
18:24à la Madrague
18:25et ici, à la Garigues,
18:26des centaines, non ?
18:27J'en ai eu beaucoup,
18:28beaucoup, là.
18:30J'en ai un peu moins
18:31parce que j'ai perdu
18:33beaucoup de chiens.
18:36Elle est magnifique.
18:39Je parlais du temps
18:39qui file.
18:40Vous me disiez tout à l'heure
18:41que j'ai eu 90 ans.
18:43C'était en septembre dernier.
18:45Vous vous dites
18:45que c'est peut-être
18:46mon dernier combat.
18:47Est-ce que ce temps
18:48qui file,
18:49c'est quelque chose
18:50auquel vous pensez ?
18:52Parfois ?
18:53Oui.
18:56Parce que je suis quelqu'un
18:58qui réfléchit beaucoup
19:01aux choses.
19:03J'aime bien
19:04méditer
19:06sur les choses,
19:10sur la vie des arbres.
19:13c'est très...
19:15Ça me passionne, ça.
19:18La beauté des feuilles
19:19des arbres.
19:21Si je lis
19:21les feuilles des arbres,
19:23on s'en fout.
19:24Personne regarde.
19:26Moi, je regarde.
19:28Et vous ne pensez jamais
19:29à votre première carrière ?
19:31Celle d'actrice ?
19:32Non.
19:33Ça, c'est une chose
19:33auxquelles vous ne pensez
19:34plus du tout ?
19:35Je n'y pense pas
19:37et je ne la réunis pas.
19:43Parce que c'est grâce à elle
19:44que maintenant,
19:48un peu partout dans le monde,
19:50je suis connu
19:51comme étant
19:52quelqu'un qui protège
19:55les animaux.
19:56C'est important.
19:58Est-ce que vous avez fait
19:59la fête pour vos 90 ans ?
20:01Ou c'était quelque chose
20:01de très calme,
20:03cette soirée ?
20:03Oh là là !
20:04J'étais très content
20:06de me coucher de bonheur.
20:08Vous n'avez même pas bu
20:09une petite coupette
20:10de champagne ?
20:13Même pas de champagne.
20:16C'est donc pas un cap
20:17pour vous, cet âge ?
20:18C'était pas un but ?
20:19Je vais vous dire.
20:22La vie me permet,
20:25le bon Dieu me permet
20:27de vivre encore
20:28en ce moment, voilà.
20:32C'est quand même
20:33unique, hein ?
20:34Bon.
20:37Et de faire quelque chose
20:39de ce bout de vie
20:41rajouté,
20:44je m'en sers.
20:46Voilà.
20:48Vous dites que
20:48vous êtes sur cette planète
20:50pour les animaux.
20:51Oui.
20:53Alors que vous avez fait rêver
20:54la moitié de la planète,
20:55au moins.
20:57Maintenant,
20:58je fais rêver
20:58les animaux.
21:00Vous faites sûrement rêver
21:01encore beaucoup de gens.
21:02ce n'est pas des cauchemars.
21:07Vous êtes retraité
21:08du cinéma
21:08depuis 1973,
21:10depuis donc 52 ans.
21:11Vous travaillez,
21:12on le disait tout à l'heure,
21:13quotidiennement
21:14à votre bureau
21:15qui est là.
21:16Vous vous réveillez
21:17d'abord à la Madrague,
21:18pas ici.
21:20Vous vous réveillez
21:20au calme.
21:21C'est ici
21:23qu'il y a le calme.
21:24Ah oui ?
21:24C'est le bazar
21:25à la Madrague ?
21:25Ah oui.
21:27C'est la tour Eiffel
21:29de Saint-Tropez,
21:31la Madrague.
21:33Et
21:33je passe
21:35mes après-midi
21:36ici
21:37en contact
21:38téléphonique
21:39avec
21:40ma fondation,
21:43avec
21:44des journalistes,
21:45avec des amis,
21:50parfois,
21:51encore.
21:52Ce qui me reste,
21:54ce qui est embêtant
21:55de vieillir,
21:56c'est qu'on n'a plus
21:57d'amis.
21:59Et ça vous fait souffrir ?
22:00Ils sont partis.
22:02Delon est parti,
22:03Belmondo est parti,
22:06Mylène de Bongeot
22:07est parti.
22:09On n'a plus d'amis.
22:12Et ça,
22:12c'est dur
22:13à vivre,
22:14le manque
22:15de ses contacts,
22:16de ses...
22:17C'est un manque, oui.
22:18On ne peut pas,
22:19à 90 ans,
22:20se refaire des amis
22:22de 50 ans
22:24ou de 40 ans.
22:27Et cette solitude,
22:28d'une certaine manière,
22:30elle vous sied bien aussi,
22:31je crois.
22:32Moi, j'aime bien
22:33avoir la paix.
22:37D'abord,
22:38je n'ai pas de portable,
22:40je n'ai pas d'ordinateur,
22:43je n'y comprends rien.
22:45Brigitte,
22:46vous aviez eu
22:46des petits soucis respiratoires
22:47il y a deux ans,
22:49ça avait été la canicule.
22:51Est-ce que je peux
22:51vous demander tout simplement,
22:52et je pense qu'il y a
22:53beaucoup de gens
22:53qui se posent cette question,
22:54comment ça va,
22:55Brigitte,
22:55aujourd'hui ?
22:56Il paraît que vous ne vous
23:05plaignez jamais.
23:06Ça ne sert à rien.
23:08Ça emmerde tout le monde
23:10et ça ne sert à rien.
23:14Mais ce n'est pas facile,
23:15parfois,
23:16de tout garder pour soi.
23:18Mais je garde.
23:19Je garde pour moi.
23:23Par pudeur ?
23:26Pas par pudeur,
23:28par...
23:30Ça emmerde tout le monde
23:31quand on vient vous dire
23:32gna gna gna gna.
23:34Moi, je préfère dire
23:35ah, là, là, là, là,
23:37olé, olé.
23:38Vous n'avez jamais
23:40baissé les bras ?
23:41Non.
23:43Je vois qu'il y a
23:44une télévision dans le salon
23:45où vous regardez
23:46les informations,
23:47où vous vous tenez
23:47informé du monde ?
23:49Oui, je regarde
23:50BFM, bien sûr.
23:52Faites bien.
23:54En premier,
23:55bon,
23:57et je regarde
23:58tous les trucs
24:01qui informent
24:07de ce qui se passe
24:07dans le monde.
24:09Ce qui fait que,
24:10étant ici,
24:12fermière,
24:14loin de tout,
24:16je connais tout ce qu'il y a
24:17et je trouve ça lamentable.
24:22Lamentable.
24:23Il n'y a rien
24:23dans notre époque,
24:25dans le monde qu'on traverse,
24:27qui vous réjouit ?
24:31Je trouve que
24:32le progrès,
24:35c'est bien.
24:37Mais trop de progrès
24:38tue le progrès.
24:42À force d'avoir
24:43des trucs
24:44qu'on progresse
24:45sur ceci,
24:46sur cela et tout,
24:48on oublie la nature.
24:51Les choses vraies,
24:52sauvages.
24:53je n'aime pas du tout
25:00l'époque
25:00qu'on vit actuellement.
25:03Pourquoi on est quoi ?
25:04Les humains,
25:05on est devenus
25:05trop égoïstes ?
25:07Non,
25:07il y a trop
25:08d'insécurité.
25:11Il y a trop
25:12de méchanceté.
25:13Il y a quelque chose
25:16qui me bouleverse,
25:19c'est la gentillesse.
25:21C'est tellement beau
25:23la gentillesse,
25:25ça ne coûte rien.
25:27Simplement,
25:28c'est une façon
25:29de donner
25:31qui est belle.
25:33C'est vrai
25:34que la bienveillance
25:35ne fait pas
25:36véritablement partie
25:37des jolies valeurs
25:39du monde actuel.
25:39Les meubles actuelles,
25:41non.
25:42Est-ce que,
25:43Brigitte,
25:44vous avez
25:44des cassettes,
25:45des DVD
25:46de vos films
25:47qui sont cachés
25:47quelque part dans la maison ?
25:48Est-ce que vous regardez
25:49de temps en temps
25:50encore un peu
25:51de cinéma ?
25:53Non.
25:54Plus du tout ?
25:56D'abord,
25:57il n'y a aucun film bien.
26:00C'est tous des merdouilles.
26:02Vous parlez du cinéma
26:02d'aujourd'hui ?
26:03Oui.
26:04C'est une horreur.
26:06C'est social,
26:08c'est moche.
26:09Ça ne fait pas rêver.
26:12Moi,
26:12j'aime rêver.
26:15Vous avez fait rêver,
26:16Brigitte.
26:17Oui,
26:17maintenant,
26:19j'aimerais bien rêver.
26:21L'an prochain,
26:22Brigitte Bardot
26:22et Dieu créa la femme
26:24fêtera ses 70 ans.
26:26Vous réalisez
26:27que sept décennies
26:29ont passé
26:29depuis que
26:30vous avez fait perdre
26:31la boule
26:33à tant de monde ?
26:34Je ne réalise pas,
26:36je ne pense pas.
26:39Je ne pense pas du tout.
26:41Par contre,
26:42c'est vrai que le temps
26:47file à une vitesse
26:49incroyable.
26:51Ce film,
26:52il a tout changé
26:53pour vous,
26:54pour la France,
26:55pour le monde aussi ?
26:58Oui,
27:00surtout pour moi.
27:01C'est un changement
27:12positif.
27:16Positif.
27:17Moi,
27:17j'aime bien
27:18les choses positives.
27:19Vous êtes devenue
27:22une super star mondiale,
27:25probablement la française
27:26la plus connue
27:26sur la planète.
27:29Vous êtes devenue
27:30aussi un symbole
27:31de l'émancipation
27:32des femmes,
27:34de la révolution sexuelle.
27:37Mais cette étiquette,
27:38elle a été un peu lourde
27:39à porter pour vous,
27:40non ?
27:40Vous n'en vouliez pas
27:41nécessairement ?
27:42La révolution sexuelle,
27:45non.
27:47Parce qu'avant moi,
27:49ça en est déjà passé
27:50des vertes et des pas mûres.
27:53Ils ne m'ont pas attendu.
27:56Et le féminisme,
28:03ce n'est pas mon truc.
28:05Moi, j'aime bien les mecs.
28:08Mais on peut aimer
28:09les mecs et être féministes.
28:11Non.
28:12Vous ne pensez pas.
28:13Regardez ce qui se passe
28:14actuellement
28:15avec Nicolas Bedos,
28:20avec Depardieu,
28:24avec des gens
28:25qui ont du talent,
28:27qui sont formidables,
28:29qui ont du talent.
28:31Il n'y en a pas 36
28:32qui ont du talent.
28:35Et ceux qui ont du talent,
28:37s'ils mettent la main
28:38aux fesses d'une fille,
28:39qui sont rejetés
28:42dans le cul
28:44de basse fosse.
28:46Mais le talent,
28:47ça n'excuse pas tout
28:48non plus, Brigitte.
28:51Ça n'excuse pas tout.
28:53Ça excuse déjà
28:54qu'on pourrait
28:56au moins
28:57les laisser
28:59continuer à vivre.
29:01ils ne peuvent plus vivre.
29:04Ils ne peuvent plus vivre.
29:07La justice doit travailler
29:09quand même.
29:09je crois qu'après ce qui leur est arrivé,
29:15ils ne vont pas trouver
29:16beaucoup de travail.
29:17ce symbole
29:20de la femme libre,
29:23vous n'en vouliez pas,
29:25mais malgré vous,
29:26vous l'êtes toujours.
29:27Est-ce que vous êtes consciente
29:28d'avoir aidé
29:29beaucoup de femmes
29:30à s'assumer,
29:32à vivre leur vie,
29:33à mettre un bikini ?
29:35Des choses qui paraissent
29:36simples,
29:36mais
29:37ça n'était pas rien
29:39à l'époque
29:39dans les années 50-60.
29:41Oui.
29:44Moi,
29:45je me suis assumée
29:47moi.
29:49Les autres,
29:51elles n'ont qu'à faire
29:52comme moi.
29:53Vous avez ouvert un chemin ?
29:55Je ne sais pas,
29:56j'avais besoin
29:56de liberté
29:57et cette liberté,
30:00elle est en moi.
30:02Elle est toujours
30:02en moi.
30:04Mais
30:04il faut savoir
30:08gagner
30:10les choses
30:11qu'on veut.
30:13Ça ne tombe pas
30:14tout requis
30:14dans le bec.
30:16Ça vous a coûté,
30:17donc ?
30:18Il y a eu des moments
30:19pas très faciles,
30:21oui.
30:23Justement,
30:24quand en 73,
30:25vous décidez d'arrêter
30:25de faire du cinéma,
30:27c'était un moment
30:27pas facile.
30:29C'était un choix.
30:30Assumé, oui.
30:31C'est un choix.
30:32C'est moi qui ai choisi.
30:34C'est ça,
30:34la liberté ?
30:35Oui.
30:36Mais vous arrêtez
30:37le cinéma
30:37parce que quoi ?
30:38Ce statut
30:39de superstar,
30:41d'icône,
30:41il est devenu
30:42trop lourd à porter.
30:43Vous n'êtes plus
30:44vous-même
30:45ou vous n'êtes même
30:45plus en possession
30:47de votre nom
30:48de bébé ?
30:50Je suis prisonnière
30:52de moi-même.
30:55C'est-à-dire que
30:56de toute ma vie,
30:59je n'ai pas pu aller
31:00dans un bistrot,
31:01boire un café,
31:02truc en terrasse
31:04où les gens me reconnaissaient,
31:07appelaient,
31:08viens voir,
31:09il y a Brigitte Bardot,
31:10viens faire signer le truc,
31:12viens faire...
31:12prisonnière de moi.
31:17C'est terrible ça.
31:19Je ne peux pas m'évader.
31:22Je ne peux pas m'évader
31:24de moi.
31:26Et le temps,
31:27le temps,
31:27ça a guéri tout ça
31:28ou pas ?
31:29Non.
31:31On ne rattrape pas
31:32des années
31:33de liberté volée ?
31:34Non.
31:36Est-ce que vous avez
31:37un film préféré
31:38dans votre filmographie,
31:39Brigitte Bardot ?
31:40Qui passe jamais.
31:45C'est l'occasion.
31:46Faites un appel.
31:47C'est lequel ?
31:48L'ours et la poupée.
31:50Parce que je le trouve
31:51rigolo, charmant,
31:54simple,
31:57pas star du tout.
31:59Au contraire...
32:01Vous aviez dit à l'époque,
32:03quand vous avez dit
32:04adieu au cinéma,
32:05j'ai décidé d'arrêter
32:06le cinéma
32:06avant qu'il ne me quitte.
32:08C'est vrai.
32:09Vous aviez peur
32:10aussi de vieillir
32:11à l'écran ?
32:12De ne peut-être plus
32:14assumer certaines choses ?
32:16Qu'on vous confie
32:17que des rôles
32:17de petite fille,
32:18vous disiez cela ?
32:19Moi, j'ai toujours
32:20voulu quitter
32:21avant qu'on me quitte.
32:23Ça, c'est un...
32:24Dans ma vie,
32:25c'est comme ça.
32:26Bon.
32:26En amour aussi ?
32:27En amour aussi.
32:30Et...
32:30Et le cinéma,
32:35je ne sentais pas bien.
32:38Je sentais partir
32:39en digue-digue.
32:42Et je sentais
32:43qu'il n'y avait plus
32:45de grandes histoires,
32:46de belles histoires,
32:47de jolis scénarios,
32:50de bons dialogues.
32:52Il n'y avait plus
32:52de metteur en scène
32:53non plus.
32:54Et...
32:57C'est comme ça
32:58que j'ai pris
32:59la décision
33:00d'arrêter.
33:03Et en plus,
33:06c'était pour sauver
33:08une chèvre.
33:10Sur un tournage,
33:11vous pouvez nous rappeler
33:12cette anecdote ?
33:14Cette chèvre
33:14devait finir
33:15en méchouis ?
33:16En méchouis.
33:17Et la dame
33:18qui accompagnait
33:19cette chèvre,
33:20un paysanne,
33:22me disait
33:22dépêchez-vous
33:23de finir
33:23votre film
33:24parce que dimanche,
33:27c'est la communion
33:29de mon petit-fils
33:30et on fait un méchouis
33:32avec la chèvre.
33:33Oulah !
33:35Et vous l'avez racheté ?
33:36Oh !
33:37Tout de suite !
33:39Vous êtes arrivé
33:39à l'hôtel
33:40avec la chèvre ?
33:42Un 4 étoiles
33:43ou un 6 étoiles.
33:45Ça fait un scandale.
33:48On vous a pris
33:49pour une folle ?
33:51Bon,
33:53j'étais folle.
33:55Vous pensez
33:56que vous avez été
33:57un peu folle
33:58dans cette vie ?
33:59J'ai fait des folies,
34:00oui.
34:01Heureusement.
34:03C'est beau,
34:04les folies.
34:04Ah oui.
34:06Heureusement,
34:06sinon,
34:07c'est trop emmerdant.
34:08Vous nous recevez
34:10à la Garrigue
34:11sur les hauteurs
34:12de Saint-Tropez.
34:13Pourquoi pas
34:13à la Madrague ?
34:14C'est trop intime
34:15cette maison
34:16que vous aviez achetée
34:17alors que vous étiez
34:18très jeune.
34:19C'est trop personnel ?
34:22Non.
34:23Elle est moins
34:27le reflet de moi
34:29maintenant.
34:31Celle-là,
34:32c'est le reflet
34:33de moi
34:34maintenant.
34:35La Madrague,
34:36c'était le reflet
34:37de moi
34:37quand je faisais
34:39des folies.
34:41Il y en a eu
34:42une folie
34:42que vous faisiez
34:43encore l'an dernier.
34:44C'était de partir
34:45de la Madrague
34:46le midi
34:46au volant
34:47de votre 4L.
34:49Vous avez
34:49encore cette 4L ?
34:51Elle est garée devant.
34:53Pourquoi vous aimiez
34:53là aussi
34:54cette liberté
34:54de prendre
34:56votre voiture
34:56avec votre chien
34:57E.T.?
34:58Oui.
34:59Parce que
35:00j'ai toujours aimé
35:03être libre
35:04de faire ce que je veux
35:06quand je veux.
35:07Or,
35:08avec ma voiture,
35:09je m'en allais,
35:10je partais,
35:11je revenais
35:11quand j'avais envie.
35:13Voilà.
35:14Maintenant,
35:14je suis trop vieille.
35:18Est-ce que c'est vrai
35:19qu'il y a toujours
35:19du monde,
35:20des fans,
35:20des admirateurs
35:21du monde entier
35:22qui vous attendent
35:22au portail
35:23de la Madrague ?
35:25Tous les jours ?
35:27Vous réalisez ?
35:28Même quand il pleut.
35:31Vous réalisez
35:32que vous êtes
35:32le dernier mythe français,
35:35Brigitte Bardot ?
35:36Vous y pensez parfois ?
35:40Je ne sais même pas
35:42ce que ça veut dire.
35:44Ça veut dire
35:45qu'en deux lettres,
35:46B, B,
35:47on sait qu'on parle
35:47de vous ?
35:49Ben oui.
35:49En tout cas,
35:56moi,
35:56ce que je voudrais,
35:58c'est qu'on abolisse
35:59la chasse à cour.
36:01Je voudrais
36:02qu'on ne tue plus
36:03les animaux,
36:05qu'on foute la paix
36:06aux loups.
36:08Là,
36:08les loups,
36:09je les adore,
36:10les loups.
36:12On veut décimer
36:14tous les loups
36:15de France.
36:15c'est horrible.
36:21Demain,
36:21Brigitte,
36:22à 75 km d'ici,
36:24le 78e Festival
36:26de Cannes
36:26va ouvrir ses portes.
36:28Vous qui aimez rêver,
36:29qui aimez l'évasion,
36:30est-ce que le Festival
36:31de Cannes
36:31vous fait encore rêver ?
36:32Il ne m'a jamais
36:34fait rêver.
36:35C'est un cauchemar.
36:38Pourquoi ?
36:39Trop de paillettes ?
36:40Trop de faux semblants ?
36:42Trop de mauvais films ?
36:44Trop de gens
36:46sans importance ?
36:48Il n'y a plus
36:49de magnifiques
36:52acteurs.
36:54Il n'y a plus
36:55de gens
36:55qui vous font rêver.
36:57Il n'y a plus...
36:58Il n'y a plus rien,
37:01quoi.
37:02Vous vous souvenez
37:03de votre premier
37:03Festival de Cannes ?
37:04C'était en 1953.
37:07Vous aviez 19 ans.
37:08Oui,
37:09j'étais jeune.
37:10Et cette photo
37:11magnifique
37:11où vous courez
37:12sur la plage
37:13en bikini,
37:14ça reste un beau souvenir.
37:17Ah oui,
37:18c'est un beau souvenir.
37:19C'est vrai.
37:21Il y a même
37:21Kirk Douglas,
37:22sur la plage
37:22avec vous.
37:24J'ai adoré
37:25Kirk Douglas
37:26et on est restés amis.
37:29On s'est écrits
37:30jusqu'à sa mort.
37:34Le film s'appelait
37:35Un acte d'amour,
37:35je crois.
37:36Oui,
37:37c'est ça.
37:38Cannes va vous rendre
37:39hommage,
37:40d'une certaine manière,
37:41dans Pile une semaine,
37:42lundi 19 mai,
37:43en projetant
37:43sur la plage
37:44de la Croisette
37:45un documentaire,
37:47événement,
37:47qui s'appelle
37:48simplement Bardo.
37:49Il est réalisé
37:50par Alain Berliner.
37:51Vous y avez participé,
37:52je crois,
37:52à ce documentaire ?
37:54Vaguement,
37:55oui.
37:56Ça vous touche
37:57qu'il y ait encore
37:58comme ça
37:58de beaux films,
37:59des documentaires
37:59sur vous ?
38:00Je ne l'ai pas vu.
38:02Je n'en sais rien,
38:03je ne l'ai pas vu.
38:06Et puis,
38:07bon,
38:07non,
38:08ça m'est égal,
38:09c'est gentil,
38:10mais bon,
38:13je préfère
38:14qu'on ne tue plus
38:15les loups.
38:16Donc,
38:17vous n'irez pas
38:18sur la plage
38:18voir le film
38:20le 19 mai,
38:21faire une dernière apparition ?
38:22Depuis le début
38:26de cette conversation,
38:27j'ai l'impression
38:28que vous n'avez
38:29aucun regret,
38:30Brigitte Bardot.
38:32Ni remords,
38:33ni regrets.
38:36Aucun.
38:38Est-ce que parfois,
38:38vous avez eu l'impression
38:39d'être mal comprise ?
38:41Ah oui.
38:45Ah oui.
38:47Pour terminer,
38:48j'aimerais parler
38:49un peu de musique,
38:50parce qu'autant le cinéma,
38:52vous l'avez un peu
38:53mis de côté,
38:54la musique
38:54et vos chansons,
38:56vous les avez toujours
38:57gardées au fond
38:57de votre cœur.
38:58L'an dernier encore,
38:59vous sélectionnez
39:00vos chansons préférées
39:01pour un très beau vinyle
39:02qui est sorti
39:03avec une superbe photo,
39:04le vinyle s'appelle
39:05Bébé.
39:06Ces chansons,
39:07vos chansons,
39:07c'est vos meilleures copines ?
39:10Ah oui.
39:11Alors,
39:12j'ai adoré chanter.
39:16C'était ma récréation.
39:18Je travaillais
39:19toute la journée
39:20un film,
39:21etc.
39:22Le soir,
39:23j'allais au studio
39:24et c'était un bonheur.
39:28On travaillait
39:29jusqu'à 3-4 heures
39:30du matin.
39:32J'étais ravi.
39:34Et cette guitare
39:35que vous trimballiez
39:36partout jusqu'au Brésil ?
39:37Ah oui,
39:37je trimballais ma guitare
39:39partout.
39:40Je jouais pas trop mal.
39:42Et vous chantiez très bien.
39:44J'en sais rien,
39:45mais j'aimais
39:46chanter.
39:49Et là aussi,
39:50vous aviez du caractère
39:51et de la liberté
39:51parce que
39:52vous aviez de grands paroliers,
39:53Jean-Max Rivière,
39:55un ami de la famille,
39:56Gilbert Bécaud,
39:57Guy Béard,
39:57Serge Gainsbourg,
39:58évidemment.
39:59Mais vous faisiez changer
40:00des petits mots
40:00si ça vous convenait pas.
40:02Oui,
40:03ça m'arrivait.
40:05Ça m'arrivait.
40:06Bien sûr.
40:09Mais il y a une chanson
40:09à laquelle vous avez pas touché,
40:10c'est Je t'aime moi non plus,
40:11je crois.
40:13Non,
40:13c'est difficile
40:16d'y toucher.
40:18Vous m'aviez dit un jour,
40:19c'était un cadeau
40:20infiniment précieux,
40:21cette chanson
40:22de Serge Gainsbourg.
40:23Magnifique.
40:29Vous avez chanté
40:30Je me donne à qui me plaît,
40:32vous avez chanté
40:32Moi je joue.
40:34Provoquer,
40:35ça vous a amusé
40:36dans votre vie ou pas ?
40:38Oui,
40:39j'aime bien provoquer.
40:42Oui.
40:44Vous préférez provoquer
40:45ou séduire ?
40:47L'aider.
40:50L'un,
40:51souvent,
40:52on va avec l'autre
40:53Il y a une grande
40:55plume américaine,
40:56la plus célèbre
40:57chroniqueuse mondaine,
40:58elle s'appelle
40:58Cindy Adams,
41:00elle a écrit
41:01en mars dans un billet
41:02La France n'a rien eu
41:03de grand
41:04depuis Brigitte Bardot.
41:06Elle a eu raison.
41:08C'est vrai.
41:10Ça vous amuse ?
41:10Je ne suis pas prétentieuse,
41:12mais
41:12je
41:15remifle
41:17ce qu'elle a voulu dire.
41:21Bon,
41:21il n'y a pas eu de grand
41:23personnage
41:25avec une grande
41:26personnalité
41:28depuis longtemps.
41:32Ça manque, ça.
41:35Ça manque beaucoup.
41:38Est-ce que
41:38avoir été la plus belle femme du monde,
41:42ça a été l'étiquette la plus sympathique
41:44que vous avez dû porter ?
41:45Vous savez,
41:50je n'ai pas vraiment porté.
41:53On me l'a collé dessus,
41:56mais bon,
41:58c'est pas trop grave, ça.
42:03C'est plutôt sympa.
42:04C'est plutôt sympa.
42:06Bon, maintenant,
42:07il ne faut pas décevoir.
42:08Est-ce que quand on a 90 ans,
42:12Brigitte,
42:12on pense à demain,
42:14on pense à la mort ?
42:16Vous m'aviez dit que vous y pensiez
42:17depuis toujours à la mort.
42:18Oui.
42:18Je pense depuis que
42:22je suis très gamine.
42:27Un jour,
42:28pendant la guerre,
42:29j'ai connu la guerre de 40,
42:31vous vous rendez compte ?
42:34Je suis un monument.
42:39Ça a plusieurs sens.
42:42Alors,
42:43pendant la guerre,
42:45papa et moi,
42:46on descendait les escaliers
42:48de la rue de la pompe
42:51où je vivais avec mes parents.
42:54Et je me suis arrêté
42:55au milieu de l'escalier
42:57et j'ai dit à papa,
43:00papa, pourquoi je vis ?
43:03Je devais avoir
43:04neuf ans.
43:09Et je me posais des questions
43:11pourquoi je vivais
43:13à neuf ans.
43:15Vous avez la réponse aujourd'hui ?
43:19Je pense que c'est
43:22pour les animaux.
43:25Si mourir ne vous fait pas peur,
43:28de quoi avez-vous eu peur
43:29dans cette vie, Brigitte ?
43:32de la guerre.
43:37J'ai eu très, très peur
43:39des bombardements,
43:40du bruit de la guerre,
43:47le bruit,
43:49affolant, affolant.
43:52Et que la guerre revive aujourd'hui,
43:54en Ukraine notamment,
43:55aux portes de l'Europe ?
43:56Ah oui.
43:57Ça vous fait peur ?
43:58Horrible.
44:01J'ai eu peur aussi
44:03en avion.
44:05Ça m'est arrivé d'avoir
44:06très, très peur en avion.
44:09Et ça m'est arrivé
44:10d'avoir peur
44:11de tout.
44:18Merci Brigitte Bardot.
44:20Merci de nous avoir reçus,
44:21d'avoir reçu
44:21BFM TV chez vous,
44:23d'avoir choisi
44:24notre micro
44:26pour nous exprimer
44:27ce dernier combat.
44:28J'ai envie de remercier
44:30Nicolas Béart,
44:30Gaëtan Malacquin,
44:32Marion Delpierre,
44:33Nicolas Planck
44:33et Fabien Namias
44:34qui étaient avec nous.
44:36Je remercie
44:37tout le monde.
44:40Tout le monde.
44:42Merci à vous tous.
44:44Vraiment,
44:45c'est adorable.
44:48Merci Brigitte Bardot.
44:49Merci de nous avoir reçus.
44:51Merci à vous.
44:52Le bijou de la fin.
44:54Avec bonheur.
44:54Merci,
44:59merci pour votre temps.
45:00C'était un bonheur.
45:02On va se taper
45:03un coup de champagne.
45:04Avec plaisir.