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00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:19Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Moulin est un charmant petit village tapis dans la verdure autour d'une très vieille église.
01:07En cette froide matinée de décembre, un long cortège de paysans silencieux se dirige lentement vers le cimetière.
01:15Pour accompagner à sa dernière demeure, Eugénie Moinet, dite « la génie », qui est morte, assassinée le 10 décembre dernier.
01:27À quoi songent-ils, ces rudes paysans, engravissant péniblement, tête baissée, le chemin montant qui mène de l'église au cimetière ?
01:37Sans doute pense-t-il à celui qui a tué et qui, probablement, se trouve parmi eux dans le cortège, guettant leur moindre réaction.
01:48Sans doute pense-t-il aussi à tous les crimes commis ces dernières années dans cette vallée heureuse,
01:56qui est devenue la vallée rouge à cause du sang répandu.
02:03Vont-ils à nouveau connaître l'effroi et l'angoisse des années tragiques quand ils se barricadaient à la nuit tombante ?
02:11Toutes ces questions, je les sens dans le regard qu'ils me jettent furtivement à l'entrée du cimetière où je suis venu, moi aussi, saluer la génie et observer tous ceux qui assistent à ces funérailles.
02:31Tout avait commencé le 10 décembre, très tôt le matin, vers 6h15.
02:35La génie s'en était allée, sa torche électrique à la main, par ce chemin boueux qui relie la maison d'habitation à l'étable.
02:45Elle venait de réveiller Blandine, sa petite fille, qui devait réviser ses leçons avant de partir pour le collège.
02:51Clément, le vieux mari de la génie, était encore au lit, ainsi que Marie-Ange, sa fille, et les trois autres petits-enfants,
02:59qui étaient en pension chez elle depuis le mois de septembre, pour des raisons de scolarité.
03:03Elle se dépêchait ce matin-là, la génie, parce qu'elle voulait se rendre à la foire de Clèfmont pour faire quelques achats.
03:13Il faut dire qu'elle se sentait bien seule, la génie, à 70 printemps, portant à bout de bras tous ceux qui vivaient sous son toit,
03:23s'occupant de l'exploitation de la ferme et trimant du matin au soir.
03:26À un moment, elle avait espéré que Claudine, sa plus jeune fille, se serait fixée à la ferme en se mariant avec un gars du village.
03:35Mais la Claudine était partie pour Paris, où elle était devenue fonctionnaire dans une administration,
03:43et elle n'avait pas du tout l'intention de revenir au pays.
03:46Le seul sur lequel la génie pouvait compter, malgré son fichu caractère, c'était Jean-Pierre, son gendre.
03:55Le mari de Sonia, la fille aînée.
03:58Ah, Jean-Pierre, il labourait les terres, il s'occupait des Smailles.
04:00Hier encore, il était là, aidant la vache à mettre bas.
04:05Trois meuglements ont salué l'entrée de la génie dans les tables.
04:09Elle en est toute réconfortée.
04:11Allègrement, elle gravit le raidillon glissant qui mène au grenier à fourrage.
04:18Elle a posé sa torche électrique et, à l'aide d'un crochet, elle tire le foin odorant qu'elle a rentré elle-même l'été dernier.
04:27Bobby, son chien, un affreux bâtard qui la suit partout, est parti à la poursuite d'un gibier.
04:36La génie a entendu du bruit.
04:38Intriguée, elle s'avance sur le pas de la porte.
04:43Qui c'est ?
04:45Oh, c'est...
04:46À partir de cet instant, il ne lui reste plus que quelques secondes à vivre.
04:56La gendarmerie a été prévenue de la disparition de la génie par Blandine, sa petite fille,
05:00qui, entre deux sanglots, a expliqué qu'elle n'a pas revu sa grand-mère depuis 6h20 ce matin.
05:06Quand elle est descendue pour prendre son petit déjeuner, la génie n'était pas là.
05:12Elle l'avait cherchée partout, en vain.
05:16Et elle n'était pas encore partie à la foire de Clèfmont puisque son sac et toutes ses affaires étaient encore là, dans sa chambre.
05:22Immédiatement, deux gendarmes de la brigade se rendent sur les lieux, fouillant soigneusement l'exploitation et ses environs.
05:31Et c'est dans la citerne, alimentant la ferme en eau potable, qu'ils retrouvent le corps de la malheureuse.
05:41Quelques minutes plus tard, accompagné du chef Beauvais, technicien des investigations criminelles et de deux de mes hommes,
05:51je me penche sur le cadavre de cette solide septuagénaire que l'on vient de retirer de la citerne.
05:57Autour du cou de la génie, il y a un horrible sillon violacé.
06:07Sans aucun doute, elle a été étranglée avant que son assassin ne jette son corps dans l'eau froide de la réserve d'eau.
06:17Le chef Beauvais se met immédiatement au travail.
06:22Il y a beaucoup d'empreintes aux abords de la grange et de la maison, des empreintes de pas apparemment fraîches.
06:31Mais malheureusement, il s'avère que la plupart d'entre elles appartiennent aux membres de la famille et surtout aux gendres de la génie.
06:38Jean-Pierre, qui la veille encore, travaillait à la ferme.
06:41Dans le grenier, sous le foin, on retrouve une chaussure de la vieille femme ainsi que le bonnet de laine dont elle se recouvrait la tête.
06:55Je commence par interroger tous les habitants de la ferme.
06:59Clément, le mari de la génie, ne met d'aucun secours.
07:04Il pleure, gémit, implore tous les seins du calendrier pour qu'on lui rende sa femme.
07:10Il est âgé de quatre-vingt-cinq ans, le Clément, et il est impotent.
07:16Et il ne me paraît pas vraiment suspect.
07:20Et comme témoin, il ne m'est hélas d'aucune aide.
07:25Il n'a rien vu, rien entendu.
07:27Il dormait.
07:30Dormir, c'est apparemment ce que le pauvre Clément fait le mieux.
07:34J'essaie d'interroger sa fille, Marie-Ange.
07:39Elle a l'apparence d'une jeune femme normale, mais je comprends très vite qu'elle est autiste
07:46et qu'elle non plus ne pourra pas me donner de renseignements.
07:51Pendant que j'essaie de lui parler, un homme, trapu d'une bonne quarantaine d'années,
07:56entre dans la grande pièce de la ferme où je rencontre chaque membre de la famille.
08:00« Bonjour, mon commandant, je suis Jean-Pierre Bourgaud, le genre de de la génie.
08:05Je viens d'apprendre qu'il y a eu un accident, l'apprendre un malheur.
08:09Qu'est-ce qui s'est passé, là ? »
08:11En deux mots, je le mets au courant de la situation.
08:15L'homme semble effondré.
08:18Un meurtre ?
08:20Mais comment c'est-il possible ?
08:22Ma belle-mère a été aimée de tout le monde, pensez donc.
08:25Ils dépendaient tous d'elle, ici.
08:26Moi, je l'aidais par-ci, par-là, mais c'est elle qui faisait tourner l'exploitation.
08:31Sans elle, je me demande ce que ça va devenir, tout ça.
08:35Monsieur Bourgaud, d'après vous, votre belle-mère avait-elle des ennemis ?
08:40Oh ben non !
08:41Mon commandant dans le pays, chacun l'aimait et la respectait,
08:43parce qu'à soixante-dix ans, elle abattait autant de travail que deux hommes en pleine force de l'âge.
08:50Monsieur Bourgaud, vous habitez la ferme ?
08:52Ah non ! Non, moi j'habite à quelques kilomètres d'ici avec ma femme.
08:54Je viens souvent donner un petit coup de main à ma belle-mère,
08:57parce qu'elle ne pouvait pas tout faire, n'est-ce pas ?
08:59Alors, je la déponnais, surtout pour les gros travaux, quoi.
09:04Monsieur Bourgaud, pouvez-vous me donner votre emploi du temps de ce matin ?
09:10Ah ben, bien sûr, mon commandant !
09:12Je me suis levé à six heures, comme d'habitude.
09:15J'ai travaillé à l'écurie jusqu'à huit heures.
09:18Oui, parce que chez moi, j'ai des chevaux.
09:21Et puis, je me suis dit que j'allais passer voir le veau qui était né hier.
09:25Voilà donc !
09:27Et j'apprends que la génie, la pauvre, elle est morte.
09:29C'est horrible, ça, mon commandant.
09:31C'est horrible.
09:32Qui sait qui a pu faire une chose pareille, quoi ?
09:35Monsieur Bourgaud, c'est une question que je vous pose à mon tour.
09:39À votre avis, qui a pu faire une chose pareille ?
09:43Ah ben, je vous l'ai dit, mon commandant, je ne vois pas, moi.
09:46Je ne vois pas venir ma femme.
09:47C'est tout ce que je peux faire pour l'instant, vous voyez.
09:52Jean-Pierre Bourgaud est à peine sorti que le gendarme Cholet entrait dans la pièce.
09:58Il venait me rendre compte de l'étrange comportement d'un certain Jean d'affût mâle,
10:03cultivateur de son état, qui traînait du côté de la citerne et qui était vraiment bizarre.
10:09Je notais son nom et je me promis de l'interroger rapidement.
10:12En attendant, je devais rencontrer la seule personne qui avait vu la génie avant sa mort
10:18et qui avait peut-être des choses intéressantes à m'apprendre.
10:23C'était Blandine.
10:25Blandine, la petite fille de la victime qui, ne voyant pas revenir sa grand-mère,
10:28s'était inquiétée et avait appelé les gendarmes.
10:31Blandine était une ravissante adolescente d'une quinzaine d'années,
10:37bouleversée par la mort de sa grand-mère,
10:40mais tout à fait capable de faire une déposition claire et précise sur les événements de la matinée.
10:48Sa grand-mère l'avait donc réveillée vers 6h15, 6h20,
10:50pour qu'elle puisse réviser ses leçons avant de descendre à la cuisine pour prendre son petit déjeuner.
10:55Blandine avait entendu sortir la génie et environ un quart d'heure après le départ de celle-ci,
11:01il y avait eu du bruit dans la cuisine.
11:04Un drôle de bruit.
11:06Mais sur le moment, Blandine n'y avait pas prêté attention,
11:09pensant que c'était sa grand-mère qui avait oublié quelque chose et qui était revenue.
11:14Mais tout à coup, il y avait eu des pas précipités dans la cuisine
11:17et la porte avait claqué violemment.
11:20La jeune fille s'était alors précipitée à la fenêtre de sa chambre,
11:23fenêtre qui donnait sur l'escalier d'accès à la maison.
11:26Mais dans l'obscurité, elle n'avait aperçu qu'une vague silhouette qui s'enfuyait.
11:34J'essayais en vain de faire dire à Blandine à qui ressemblait cette silhouette,
11:39mais avec la meilleure volonté du monde.
11:44La jeune fille était incapable de mettre un nom sur cette ombre fugitive.
11:49Était-ce l'assassin qui venait de sortir précipitamment de la cuisine,
11:53qui était-ce ?
11:56Et pourquoi avait-il tué la génie ?
12:00C'est ce que vous saurez dans quelques instants.
12:03Eugénie Moinet, dite la génie,
12:14une solide septuagénaire propriétaire d'une ferme près de Moulin,
12:18a été assassinée.
12:21On a retrouvé son corps dans la citerne d'eau potable.
12:25Les empreintes que mes gendarmes ont relevées
12:27appartiennent toutes aux membres de la famille,
12:30et surtout à Jean-Pierre.
12:32Le gendre qui vient régulièrement aider à la ferme pour les gros travaux,
12:36mais qui n'était pas là le matin du crime,
12:39puisqu'il habite à quelques kilomètres de là.
12:41Le seul témoin audible est Blandine,
12:47la petite fille de la génie,
12:49qui, depuis sa chambre, a entendu,
12:51quelques minutes après le départ de sa grand-mère,
12:54du bruit dans la cuisine et des pas précipités.
12:58En regardant par la fenêtre,
13:00elle n'a pu voir qu'une vague silhouette qui s'enfuyait.
13:05Deux jours après le drame,
13:07je reçois les résultats de l'autopsie.
13:09Le rapport du médecin légiste précise que la victime est morte
13:14des suites d'un choc émotionnel consécutif
13:17à une tentative de strangulation.
13:22Nous pouvons donc en déduire
13:23qu'il n'y a pas eu préméditation
13:25et que le criminel est vraisemblablement
13:29un familier de la victime.
13:32Il a dû y avoir une discussion
13:36entre la génie et son assassin,
13:38discussion au cours de laquelle
13:40l'homme a saisi les cordons du tablier
13:43et a tiré violemment.
13:45Et quand la génie s'est affaissée,
13:48il a pris peur et a cherché à dissimuler
13:50tous les indices possibles.
13:52Il a jeté le corps dans la citerne
13:54et il a caché la chaussure et le bonnet de laine
13:57sous le foin déjà engagé.
13:58Mais n'oublions pas que d'après les déclarations de Blandine,
14:05l'homme, à un certain moment, est venu dans la cuisine.
14:10Pourquoi ?
14:12Peut-être avec l'intention de voler ?
14:16Mais sous la porte de la Blandine, il voit de la lumière.
14:18Il a peur d'être reconnu, alors il s'enfuit sans rien emporter.
14:22Oui, c'est une hypothèse.
14:24Autre hypothèse, le criminel étrangle la génie,
14:30elle tombe, pris de panique,
14:32il veut tenter de la ranimer
14:33et pour cela cherche une bouteille d'alcool dans la cuisine.
14:37Apercevant de la lumière sous la porte de la Blandine,
14:39il se sauve et revient dans la grange.
14:42Voyant que la génie est morte,
14:44il essaie tant bien que mal de camoufler son crime
14:47en cachant le corps dans la citerne
14:49et la chaussure et le bonnet dans le foin.
14:51Le premier suspect sur ma liste,
14:56c'était, je l'avoue,
14:58Jean-Pierre Bourgaud,
14:59le gendre de la victime
15:00qui aurait pu assassiner sa belle-mère par intérêt
15:03et, pour cela,
15:05aurait prémédité son crime.
15:09Mais,
15:10à la suite de l'autopsie,
15:12je pense qu'il faut écarter cette hypothèse
15:14et rechercher le coupable ailleurs,
15:16parmi les familiers,
15:18les habitants de la ferme.
15:19Il me faut donc vérifier l'emploi du temps
15:22de toutes les personnes soupçonnables
15:24pour un quelconque motif.
15:27J'interroge donc Paul Beson,
15:31un vagabond qui se trouvait dans les environs
15:33le jour du meurtre.
15:36Nous sommes en plein mois de décembre.
15:38Il fait un froid glacial
15:40et, malgré cela,
15:43la fenêtre de mon bureau
15:44est grande ouverte
15:46tant le dénommé Beson
15:48empeste le vin.
15:50L'urine est tout un mélange
15:52d'odeurs peu sympathiques.
15:55L'interrogatoire est très rapide.
15:58Beson, avec sa faconde,
16:00balaie superbement
16:01tous les soupçons.
16:02« J'en rirais, mon commandant,
16:05s'il n'y avait pas eu mort d'homme
16:08ou plutôt de femme.
16:10Un meurtre comme il m'attend.
16:13Ha ! Et vous me suspectez !
16:16Sachez, mon commandant,
16:17que comme toute ivrogne
16:19qui se respecte,
16:20à sept heures du matin,
16:22j'adore, moi, mon commandant.
16:24Ou plutôt,
16:25je cuve,
16:27au moins jusqu'à midi.
16:28Et même si on me réveille,
16:30ce qui me met
16:31de fort méchantimeur,
16:33je suis incapable
16:34de tuer ne fût
16:35qu'une pisse.
16:36Pour la bonne raison
16:37que je tiens absolument
16:38pas debout.
16:40À bon intender,
16:41salut, mon commandant ! »
16:43Je n'insiste pas.
16:46Il est bien évident
16:47que Paul Beson
16:49est innocent.
16:50Je le renvoie immédiatement
16:52et je sors de mon bureau
16:54en laissant la fenêtre
16:55grande ouverte.
16:56Au moment où j'allais partir,
17:00on m'avertit
17:00que quelqu'un
17:01demandait à me voir.
17:04Dans le hall,
17:05il y avait Claudine,
17:07la plus jeune fille
17:08de la génie,
17:09celle qui vivait à Paris
17:10et que j'avais rencontrée
17:12une fois au début
17:13de l'enquête.
17:15Elle me dit
17:15qu'elle avait beaucoup réfléchi,
17:17essayant de rechercher
17:19qui aurait pu
17:20se quereller
17:21avec sa mère,
17:22qui aurait pu
17:23en vouloir
17:24à la famille.
17:24et elle
17:26s'était
17:26soudain
17:27souvenu
17:28que trois ans
17:29auparavant,
17:31elle avait reçu,
17:32alors qu'elle habitait
17:33encore à la ferme,
17:35elle avait reçu
17:36plusieurs lettres
17:37anonymes
17:38du style
17:38ordurier.
17:41À l'époque,
17:42la famille
17:42avait soupçonné
17:44un fermier du voisinage
17:45qui avait courtisé
17:46la jeune femme
17:47et qui avait été
17:49conduit.
17:51Claudine
17:51avait gardé
17:52ses lettres
17:52et aujourd'hui
17:54elles étaient
17:55là,
17:56étalées
17:57sur mon bureau.
17:59C'était
17:59peut-être
18:01une piste.
18:04Je convoquais
18:04donc le fermier
18:05en question,
18:07un certain
18:07Michel Hennequin
18:09et je l'interrogeais
18:11longuement.
18:13Ah,
18:14c'était
18:14une si vieille histoire.
18:16Il avait bien
18:17eu des vues
18:18sur la belle Claudine
18:19mais elle avait
18:20préféré devenir
18:21parisienne,
18:22des lettres
18:23anonymes.
18:24Ah non,
18:25il détestait
18:26écrire
18:26et puis ce style
18:27de littérature
18:27c'était pas du tout
18:28son genre.
18:29Mais il voulait
18:30bien qu'on compare
18:31son écriture
18:32avec celle
18:32du mystérieux
18:34correspondant.
18:35Comment ?
18:36Où se trouvait-il
18:37au moment du drame ?
18:38Dans son lit
18:39en raison
18:40d'une forte grippe.
18:43Cela fut
18:44confirmé
18:44par le médecin
18:45du village
18:45qui avait visité
18:47son patient
18:47la veille
18:48de la mort
18:48de la génie.
18:49Quant aux lettres,
18:50une simple
18:51comparaison
18:52d'écriture
18:52permit de conclure
18:53que Michel Hennequin
18:55n'en était pas
18:56l'auteur.
18:57Je le rayais
18:58donc
18:58de ma liste
18:59de suspects.
19:02Sur cette liste
19:03figurait
19:04ce cultivateur
19:05qui avait eu
19:05un comportement
19:07étrange
19:07lorsqu'on avait
19:09découvert
19:09le corps
19:09de la génie
19:10dans la citerne.
19:13Je le convoquais
19:13à son tour
19:14mais je ne le retins
19:15pas longtemps.
19:16le trouble
19:18normal
19:18qu'il avait
19:19montré
19:19était d'ordre
19:20purement émotionnel
19:21et le brave
19:22homme
19:22n'avait
19:23strictement
19:24rien à se reprocher.
19:25Même son écriture
19:26comparée
19:27à tout hasard
19:27à celle
19:28de l'auteur
19:28des lettres
19:29anonymes
19:29même son écriture
19:31l'innocentait
19:32entièrement.
19:35Ma liste
19:35de suspects
19:36était d'un
19:38vide
19:38désespérant.
19:41Maintenant.
19:41dans ce cas
19:44il fallait reprendre
19:45l'enquête
19:46à zéro
19:46et vaille
19:48que vaille
19:48c'est bien
19:48ce que je m'apprêtais
19:49à faire.
19:50Je devais
19:50à nouveau
19:51rencontrer
19:51les principaux témoins
19:53notamment
19:53Jean-Pierre Bourgaud
19:55le gendre
19:55de la génie
19:56mais auparavant
19:57j'allais faire
19:58le point
19:59de la situation
19:59avec mes hommes.
20:03Et si
20:03Jean-Pierre Bourgaud
20:04est-elle coupable ?
20:07Mon adjoint
20:07le major
20:08Morsan
20:08me rappelle
20:09que l'enquête
20:10menée sur le gendre
20:11de la victime
20:11n'a apporté
20:12aucun élément nouveau
20:13que si on le considère
20:14comme étant coupable
20:15il faut envisager
20:16la complicité
20:17de sa femme
20:17qui est aussi
20:18la fille
20:19de la génie
20:20à moins
20:20qu'elle ait été
20:21induite en erreur
20:22par un réveil
20:23retardé
20:25sciemment.
20:27Non mais
20:27n'oubliez pas
20:28major
20:28qu'une heure
20:29d'absence
20:30suffisait
20:31à Jean-Pierre Bourgaud
20:31pour faire le trajet
20:32à l'air tour
20:33de chez lui
20:33à la ferme
20:34et commettre
20:34son meurtre.
20:37Mon adjoint
20:38me fait remarquer
20:39que dans
20:40ces conditions
20:41pourquoi
20:42n'aurait-il pas
20:43par la même occasion
20:45écrit
20:45les lettres
20:46anonymes ?
20:49Et pourquoi pas
20:49en effet ?
20:51Dans ces lettres
20:52Jean-Pierre Bourgaud
20:54est lui-même
20:55vivement attaqué
20:55mais
20:56on ne sait jamais.
20:59Major
21:00« Soyez gentil
21:01faites-moi
21:01convoquer
21:02monsieur
21:02Bourgaud
21:03immédiatement. »
21:06C'est ainsi
21:06que
21:07quelques minutes
21:08plus tard
21:08Jean-Pierre Bourgaud
21:10était installé
21:11à un bureau
21:13un stylo
21:14à la main
21:14pendant que
21:15le gendarme
21:16Filleul
21:16lui dictait
21:17quelques paragraphes
21:18des lettres.
21:21Il n'était pas
21:22besoin d'être
21:22grand expert
21:23en graphologie
21:24pour se rendre
21:26compte
21:26que l'écriture
21:27était exactement
21:29la même.
21:31Ainsi
21:32Jean-Pierre Bourgaud
21:34était l'auteur
21:35des lettres
21:35anonymes
21:36ordurières
21:37adressées
21:37trois ans
21:38auparavant
21:39à sa jeune
21:39belle-sœur.
21:42Et qu'est-ce
21:42que ça prouve ça ?
21:43Que j'ai tué
21:44la génie ?
21:45Ah non, non, non.
21:46D'accord,
21:47j'ai perdu la tête
21:48il y a trois ans.
21:48J'ai écrit
21:49ces lettres
21:49à la Claudine
21:50qui à force
21:50de minauder
21:51excitait tout le village.
21:53Je ne suis qu'un homme
21:53après tout.
21:54Non mais croyez-moi,
21:55je vous en supplie,
21:56croyez-moi,
21:57j'ai pas tué
21:57ma belle-mère.
21:58Jamais j'aurais pu
21:59faire une chose pareille.
22:02Jean-Pierre Bourgaud
22:02avait des accents
22:04de sincérité
22:05qui me laissaient
22:06perplexe.
22:08Mais
22:08l'expérience
22:10de la dictée
22:11m'avait convaincu
22:12que nous nous trouvions
22:13en présence
22:13d'un esprit
22:14particulièrement
22:15pervers
22:16et dissimulateur.
22:19J'interrogeais
22:19Bourgaud
22:20sans relâche
22:20toute la soirée
22:21et toute la nuit
22:22et il s'acharnait
22:24à nous tenir tête.
22:25À cinq heures
22:27du matin,
22:29ce 22 décembre,
22:31Bourgaud
22:32clamait toujours
22:33son innocence.
22:35Le jour
22:36commence à pointer.
22:39La fatigue
22:39a creusé
22:40ses yeux,
22:41ses joues
22:41et moi
22:43je ne me sens pas
22:44vraiment au mieux
22:44de ma forme.
22:46La nuit
22:47a été
22:48très dure.
22:51Je m'approche
22:52de Jean-Pierre Bourgaud
22:53qui a la tête
22:54dans ses mains
22:55et je lui tends
22:56une tasse de café.
23:00Calmement,
23:02doucement,
23:04je lui parle.
23:06Je lui dis
23:07qu'au plus profond
23:09de moi,
23:10je sais
23:11que c'est lui
23:12qui a tué
23:13la génie
23:13et qu'au point
23:15où il en est,
23:17il devrait
23:17se confier à moi.
23:18que j'essaierai
23:21de comprendre.
23:25Jean-Pierre Bourgaud
23:26m'écoute,
23:28tête baissée,
23:31en silence.
23:34Brousquement,
23:35il se redresse.
23:37Son regard
23:37est devenu
23:38implorant
23:39et il me dit
23:42« Oui,
23:44c'est moi,
23:46j'ai fait
23:46une bain-grande
23:47bêtise »
23:49et il me raconte
23:50ce qui s'est passé.
23:52Ce matin-là,
23:53il est venu
23:54demander de l'argent
23:55à sa belle-mère
23:55qui a refusé
23:56de lui en donner.
23:58Il a eu beau
23:58lui expliquer
23:59qu'il lui manquait
24:00cinq mille francs
24:00pour faire face
24:01à une échéance
24:02le quinze janvier,
24:03elle est restée
24:04intraitable.
24:07Faut de colère,
24:07il a fait mine
24:08de l'étrangler
24:08avec les cordons
24:09de son tablier,
24:10mais c'était
24:11pour lui faire peur.
24:13Il n'avait pas
24:13l'intention
24:14de la tuer.
24:14Le fait
24:17d'être venu
24:18à la cuisine
24:19chercher une bouteille
24:20d'eau de vie
24:20pour tenter
24:21de ranimer
24:21sa belle-mère
24:22qu'il croyait
24:22simplement évanouie
24:23prouve
24:24que son crime
24:25n'était pas
24:26prémédité.
24:29Hélas,
24:30la génie
24:31était morte
24:32pour
24:34cinq mille francs.
24:35Le mystère
24:38de la vallée rouge
24:39était donc résolu.
24:41Il nous avait
24:41fallu dix jours
24:43pour démasquer
24:43le coupable.
24:45Les gens du pays
24:46allaient pouvoir
24:47reprendre leur vie
24:47tranquille
24:48et oublier
24:49de tirer leur verrou
24:50à la nuit tombante.
24:53Et dans deux jours,
24:55ce serait Noël.
24:58La naissance
24:59de celui
24:59qui avait dit
24:59« Souvenez-vous,
25:01aimez-vous
25:02les uns les autres
25:03et paix sur la terre
25:04aux hommes
25:04de bonne volonté. »
25:34en vous abonnant
25:35gratuitement
25:35sur votre plateforme
25:36d'écoute.

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